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U   N I V E R S I T É          P   A R I S   1     P   A N T H É O N      - S   O R B O N N E




                                                           MASTER PROFESSIONNEL / R.H. – R.S.E. M2

                               SPECIALITE PROFESSIONNELLE : R.H. ET RESPONSABILITE SOCIALE ENTREPRISE

                                                                                        SEMINAIRE DE LECTURE

                               « LES DECENNIES AVEUGLES »




                                                  PHILIPPE ASKENAZY
                                         LES DECENNIES AVEUGLES
                                       EMPLOI ET CROISSANCE 1970 - 2010


                                                 EDITEUR : SEUIL
                                                   JANVIER 2011

                                         FICHE DE LECTURE REDIGEE PAR :
                                                 DIDIER LE PICAUT
                                                       CS 2010



                       INSTITUT D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES DE PARIS




UE 83 FdL – JA, Octobre 2011                           1
1. Présentation de l’éditeur et de la collection (0.5 p maxi). Quelle est la politique éditoriale ? Quels sont les
        axes principaux de cette politique ? Interrogations nécessaires pour replacer la publication de l’ouvrage dans
        son contexte. S’agit-il d’un compte-rendu de recherche, d’un essai, d’une étude de consultant, … ?

Le Seuil, appartenant à La Martinière depuis 12 janvier 2004, maison d’édition de taille modeste mais exigeante
quant au choix des manuscrits et de ses auteurs a su respecter le projet éditorial fondateur défini comme suit : « Le
seuil, c'est tout l'émoi du départ et de l'arrivée. C'est aussi le seuil tout neuf que nous refaisons à la porte de
l'Église pour permettre à beaucoup d'entrer, dont le pied tâtonnait autour1 ».

Un projet politique d’éditeur destiné à ouvrir, à éclairer et à comprendre de nouveaux champs de la connaissance
des domaines de l’économie industrielle, de l’étude des organisations et de la sociologie du travail2, a succédé à
cette « vision spiritualiste du monde ». Ce projet est basé sur un décryptage des transformations imposées à nos
sociétés par le mode économique capitaliste. Après une histoire chahutée en termes de gouvernance d’entreprise,
notamment lors du passage de Laure Adler en qualité de responsable du secteur littéraire, cette maison souhaite
aujourd’hui, avoir une production resserrée de qualité afin de positionner chaque parution avec son vrai public3. Le
Seuil a notamment publié les œuvres de Jacques Lacan, Roland Barthes, Philippe Sollers (première période) ou plus
tard Edgar Morin, Maurice Genevoix ou Pierre Bourdieu.

« Les décennies aveugles - croissance et emploi 1970 à 2010 », travail d’archéologie de 40 ans de politique de
l’emploi française des différents gouvernements écrit sous la forme d’un droit d’inventaire est parfaitement aligné
avec les axes de politique éditoriale de cet éditeur.

     2. Présentation de l’auteur (0.5 p maxi). ‘D’ou parle-t-il’? Quel est son parcours ? Que fait-il ? A-t-il déjà publié
        et quoi ?

Philippe Askenazy est directeur de recherche au CNRS. Economètre de formation initiale, il axe ses recherches sur les
questions du marché du travail, des politiques de l'emploi, de l’articulation travail et social, le tout filtré avec le
prisme de l'analyse économique.

Né le 22 octobre 1971, il est diplômé de l’Ecole normale supérieure (ENS rue d'Ulm) et de l’Ecole des hautes études
en sciences sociales (EHESS). Il est agrégé de mathématiques et Docteur en économie politique.

Aujourd'hui, Philippe Askenasy est économiste chercheur. Il encadre de nombreux travaux sur les sciences sociales
et économiques notamment sur la refondation de modèles de théorie économique capables d’analyser les
mécanismes économiques réels et de proposer des voies de résolution aux crises industrielles pour mieux créer les
conditions d’une croissance durable catalyseur d'emploi sur le long terme.

Ses principaux ouvrages sont : Le partage de la valeur ajoutée, Paris, La Découverte, (11). En direction avec Daniel
Cohen, "16 nouvelles questions d'économie contemporaines", Albin Michel (10). Les Désordres du travail (04), la
Croissance moderne : organisations innovantes du travail, Economica (02).

Il a reçu les Prix et Distinctions suivantes : Prix de l'Association française de sc. écono. (1999), Gaëtan Pirou de la
Chancellerie des universités de Paris (00), Ugo Papi-Gaston Leduc de l'Académie des sc. morales et politiques (01), du
livre d'économie du Sénat (04), médaille de bronze du CNRS (04), Médaille Villermé de l'Académie des sc. morales et
politiques (08).

Articles : il est chroniqueur depuis janvier (08), au sein de la rubrique Economie Expertises, journal Le Monde
Economie.

Engagements : il est signataire du Manifeste des économistes atterrés4 (10). Il s’insurge contre la soumission des
Etats aux diktats des marchés financiers qui leurs imposent des cures d’austérité pour réduire leur endettement
public. Diktat ne reposant sur aucun résultat d’analyse scientifique. Il a participé au Think Tank La République des
idées et à la rédaction du rapport du CEPREMAP intitulé « les soldes de la loi Raffarin : le contrôle du commerce
alimentaire ».


1
  Extrait de (lettre de l'abbé Plaquevent), du 28 décembre 1934.
2
  Human and social sciences in society, International Conference, 14 mai 2008 - ABSTRACTS : Hervé SERRY - Les Editions du Seuil. 70 ans d’histoire (Seuil, 2008).
3
  http://www.sne.fr/ : colloque « Le livre de jeunesse aujourd‛hui », 2008, Françoise Mateu, directrice éditoriale chez seuil jeunesse.
4
  Pour plus de détails, se rendre en annexe de ce présent document.
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3. Isoler la (ou les) question (s) de l’auteur (1,5p maxi). Distinguer question(s) explicite(s) et/ou question(s)
       implicite(s). S’interroger sur la pertinence de la (ou les) question(s).

«… Un taux de chômage structurellement élevé en France depuis 40 ans, est-il un mal typiquement français ? Faut-
il changer les français pour changer l’économie de la France ? La solution, il faut changer de régime parlementaire,
il faut opter pour une monarchie constitutionnelle afin de redonner la confiance aux français et ainsi résoudre tous
les problèmes économiques de la France… »

La question - réponse centrale formulée par l’auteur sous la forme de pirouette par l’absurde - traduit bien le projet
de recherche scientifique initial visé, d’un travail iconoclaste de fouille archéologique de 40 ans d’histoire de
politiques économiques en France, pour en dégager une relecture de la politique d’emploi appliquée au
fonctionnement du marché du travail français. L’auteur cherche à comprendre pourquoi depuis le 1er choc pétrolier
(1971), tous bords politiques confondus, les gouvernants successifs aidés des meilleurs experts économistes, se sont
trouvés dans l’incapacité à résoudre la source d’angoisse principale des français, c'est-à-dire d’un taux de chômage
récurrent élevé.

La grille de lecture historique fournie par Philippe Askenasy questionne un bilan sévère des politiques d’emploi
menées depuis 40 ans en France dont les mesures mises en œuvre, sur le marché du travail, ont été parfaitement
inefficaces à créer les conditions d’emploi durable, et n’ont eu de cesse de générer des effets pervers de long terme,
d’élever des barrières à l’emploi stigmatisant des catégories de personnes (immigrés, jeunes, femmes et seniors).

Ce droit d’inventaire exercé par l’auteur réfute le discours qui réduit la politique économique pertinente de l’Etat
français comme une adaptation à la mondialisation et son corollaire d’une incapacité des travailleurs français à
s’adapter à la réalité d’un marché du travail toujours plus mondialisé. Selon l’auteur, il faut interroger le diagnostic
que la France ne souffre d’aucun mal, le travailleur français ne souffre d’aucune sous productivité ou rigidité à
s’adapter à de nouvelles réalités d’un marché international du travail et ainsi pouvoir en dégager des réponses
lisibles. Les causes profondes de mauvaise performance de la France en matière d’emploi sont ailleurs. Il faut
interroger les sources d’information historiques et dégager des faits. Il faut revisiter la pertinence des choix de
politique économique et d’emploi en mobilisant les outils d’analyse aussi bien macroéconomiques que
microéconomiques. Il faut mener un travail d’investigation pluridisciplinaire en replaçant le comportement des
agents économiques dans le paramétrage historique des conditions de marché de l’espace-temps étudié.

Pour ce faire, décennie après décennie, l’auteur passe en revue, pas à pas toutes les questions suivantes :
  - Enième crise du capitalisme post fordisme : pourquoi en sommes-nous toujours là ?
  - Comment analyser le sentiment de défiance des français dans leurs institutions ?
  - Pour quelles raisons les gouvernements successifs ont-ils toujours pris les mauvaises mesures ?
  - Quel a été le poids des experts économiques, des finances et du monde du travail dans ces choix ?
  - Pourquoi les modèles de la théorie économique n’ont pas su trouver le chemin de croissance vertueuse ?
  - Quelles ont été les décisions des entreprises ? et quelles ont été les conséquences pour les salariés ?
  - Des erreurs observées du passé, que doit-on changer pour mieux faire fonctionner le marché du travail ?
  - Peut-on proposer des nouvelles pistes de réflexion pour sortir de cette crise de l’emploi ?

Même si Philippe Askenasy ne cache pas sa proximité avec les politiques de relance keynésienne, dans son exercice
d’analyse comparée, il va s’attacher avec la rigueur de la démarche scientifique à décortiquer les modèles de théorie
économique sous-jacents (monétariste, keynésien, appariement, flexsécurité). A partir de résultats scientifiques
robustes, en précisant les écoles de pensées des experts mobilisés et en détaillant de façon précise la posture
politique des gouvernants en responsabilité, il va démontrer que l’absence de cadre d’analyse économique
pertinent couplé à l’obsession rapide du plein emploi va enkyster les gouvernements à toujours rechercher le
modèle économique miraculeux sans jamais s’interroger sur les conditions d’obtenir des facteurs de croissance
durable.

La perspective historique de cette nouvelle grille d’analyse prend toute sa pertinence, au moment où ces mêmes
gouvernants entrent dans la bataille pour la présidentielle 2012… au moment où l’économie capitaliste connait une
nouvelle mue qui risque de modifier le marché du travail en profondeur.



UE 83 FdL – JA, Octobre 2011                         3
4. Synthétiser la problématique de l’auteur (2-3p). Quelle est la justification du sujet ? S’assurer de la qualité
           de la littérature mobilisée. Vérifier la cohérence interne et externe. Isoler, si nécessaire, le cadre théorique
           retenu et/ou l’école de pensée de l’auteur. Isoler les hypothèses et discuter de leur pertinence. Discuter de la
           posture épistémologique retenue.

                            40 ANNEES D’ERREUR DE DIAGNOSTIC, STIGMATISATION ET PRECARISATION
«… Contre le chômage de masse, on a tout essayé5 ! » Et «… surtout n’importe quand et n’importe comment6 ! »

Cet effet de miroir qui renvoie dos à dos ces deux citations, renvoie face à face les contradictions respectives d’un
homme d’état français et d’un économiste dans leur champ de responsabilité respective au regard d’un bilan
critique de 40 années de politiques emploi menées en France, c'est-à-dire dans notre incapacité à lutter de manière
efficace et durable contre le chômage de masse.

1ère partie de la démonstration : tirer un bilan des erreurs du passé.

Le point de départ de cette analyse est de réfuter la contre vérité que l’économie Française, et en particulier les
composantes internes de son marché de l’emploi, souffriraient d’un mal « Gaulois » en comparaison des autres
démocraties occidentales. Néanmoins, notre économie nationale, souffre par addition, d’un empilement de
politiques publiques en matière d’emploi qui crée une situation singulière. A chaque décennie étudiée, l’échec des
politiques de l’emploi françaises résulte d’une série d’erreurs dans la compréhension du fonctionnement réel des
mécanismes de l’économie, et en particulier par l’incapacité des gouvernants publics de l’époque (aidés des experts
du moment) à produire un cadre d’analyse pertinent permettant de prendre la mesure des processus de
transformation du capitalisme, et cela à partir de la révolution industrielle postfordiste. Pire encore, ces dispositifs
mal employés par des « apprentis sorciers » ont produit des effets pervers qui ont déréglé en profondeur et de
façon durable le fonctionnement du marché du travail. (P. 14 & 42)

Le premier chapitre décrit la mise en route d’un processus continu et permanent de transformation du capitalisme
conditionnant 40 ans de piteuses en matière de politique d’emploi française. Il décortique comment l’Etat Français
n’a pas vu et pas pris en compte la révolution des TIC (1970-1973) en tant que facteur de transformation majeure
des organisations et du monde du travail.

Les Chapitres 2 à 6, vont permettre à l’auteur de passer en revue la performance de l’ensemble de dispositifs publics
d’aide à l’emploi déployés, afin d’en mesurer le rendement coût / résultat et d’en étudier les effets pervers induits
qui seront source d’inégalités pour des catégories de personnes stigmatisées. A chaque époque, une catégorie de
travailleurs se trouve au centre des dispositifs d’emploi. De façon récurrente, chaque gouvernement dans son
obsession du plein emploi et dans sa promesse politique de résoudre le problème de chômage, va manipuler le
marché du travail pour cette catégorie ciblée (immigré, jeune, femme et senior). Au final cette catégorie se trouvera
précarisée par le jeu des entreprises (effet d’aubaine fiscalo-social*) qui n’auront de cesse d’avoir un comportement
low-cost dans l’utilisation du facteur travail, c'est-à-dire animées par la même obsession d’alléger le coût et de
flexibiliser le facteur travail. Ce comportement invariant des gouvernants français sur la période 1970 à 2010, fil
conducteur de la politique d’emploi menée, traduit, selon l’auteur, l’incapacité des décideurs publics français à
appréhender à chaque phase un cadre d’analyse économique. Condition sine qua non pour mettre en œuvre un
plan stratégique industrielle d’horizon 10 ans et permettant de faire le pari d’une véritable politique d’emploi long
terme, quitte la première année de chaque quinquennat à dégrader temporairement la situation de l’emploi.

L’auteur présente bien le passage7 qui s’opère entre un plan de relance macroéconomique d’un gouvernement
piloté par le temps court du quinquennat et l’absence d’étude d’impact de ce dernier dans sa transmission au réel
auprès des acteurs de la microéconomie qui vont modifier durablement leur comportement.

Dans le cas du marché de l’emploi, ce comportement d’hystérèse d’achat thésaurisé du facteur travail va faire
perdre de vue à l’entreprise, dans le cadre d’une économie ouverte et mondialisée, l’importance d’un
investissement en R&D, pour alimenter « le pipe de l’innovation » et développer à long terme des compétences à
forte expertise. C'est-à-dire la mise en œuvre d’une GPEC moyen terme support au développement de l’entreprise.
(* P. 78)

5
    Citation du Président François Mitterrand, 1993.
6
    Citation de l’auteur, Philippe Askenazy, 2011.
7
    Travaux des prix Nobels d’économie 2011, Thomas J. Sargent et Christopher A. Sims, recherche empirique sur la cause et l'effet en macroéconomie.
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In fine, ces entreprises ne réaliseront plus d’investissement productif sur le territoire national (cas de la majorité des
Groupes du CAC40 aujourd’hui) pourvoyeur d’emploi, et cela se solde en résultat final par une perte de leadership
de l’économie française au sein de la compétition mondiale.

        ZOOM : 1976 – 1977, Raymond Barre et la politique emploi des jeunes, les pactes pour emploi
        1976, R. Barre ne comprenait pas la juxtaposition des phénomènes inflation et chômage ?

                      1ère séquence erreur de diagnostic, stigmatisation et précarisation analysée par P. Askenasy

        Analyse : notre économie présente un taux chômage jeune => on a un problème jeune !
        Cause : les jeunes refusent d’aller sur les métiers manuels avec un diplôme initial court
        Mesures : subvention pour les entreprises qui embauchent des jeunes sur cdd ou stage pour des postes manuels
        Résultats : en septembre 1977, les jeunes primo-accédant au marché du travail se font recruter uniquement sur
        ces contrats aidés (et baisse du niveau de salaire significative entre 1977 et 1976).
        Bilan : jusqu’à 1976, les jeunes étaient recrutés par le contrat droit commun cdi, à partir du plan Barre en 1977, sur
        la période 1977 – 2010, un taux de chômage élevé, une accumulation de dispositifs emploi jeune sous forme de
        contrat aidé sans créer réellement emploi permettant l’insertion de long terme.
        Erreur : le gouvernement R. Barre n’a pas su décrypter la transition économique vers l’économie de la
        connaissance induite par l’introduction des TIC, et le besoin de former des généralistes avec des formations
        initiales de haut niveau primo-accédant au marché du travail. Il a voulu régler un taux chômage élevé d’une
        catégorie en manipulant le marché du travail par l’introduction d’une mesure aidée.



2ème partie de la démonstration : il faut changer de paradigme économique pour relancer l’emploi8.

Dans le déroulé linéaire et chronologique de sa démonstration, cette partie arrive naturellement au dernier chapitre
de l’ouvrage. Afin de tirer les enseignements des erreurs de 40 ans de sous-performance en matière de politique
emploi, l’auteur re-questionne l’articulation politique vs. économique, c'est-à-dire l’interaction entre les gouvernants
et experts économiques pour en dégager trois hypothèses à tester :

H1 : croissance et emploi vs. capacité à rénover, à innover ?
H2 : rénovation des politiques économiques et d’emploi vs. rénover la méthode, sortir du cadre ?
H3 : croissance économique durable vs. spécialisation sectorielle de l’économie française ?

L’auteur va plus loin dans sa démarche d’hypothèses de travail à tester, puisqu’il propose dans « un acte militant
d’ingénierie politique » à ses pairs de créer une rupture intellectuelle en abandonnant la doxa de 40 années de
mesures d’incitations financières ou fiscales teintées de clientélisme électoral pour bâtir une nouvelle orthodoxie
économique permettant d’identifier les facteurs de croissance durable, de créer et d’insérer à long terme dans
l’emploi.

Philippe Askenasy propose la thèse suivante : la fabrique Colberto-Gaulliste !
En économie ouverte, avec une financiarisation des flux et une parfaite fluidité des facteurs travail et capital, la
France doit fixer un cap stratégique, capable de dégager un « trend » de croissance économique durable. Cette
politique de croissance économique devra relancer une politique d’investissement en R & D dans les secteurs à
forte accumulation de capital humain de haut niveau, permettant une série d’innovation de rupture, gage de
production localisée en France de biens et services à forte valeur ajoutée. Dans une logique d’économie industrielle
colberto-gaulliste, l’auteur conditionne la réalisation de ces investissements à une spécialisation sectorielle de
l’économie vers des secteurs où la France « posséderait » un avantage concurrentiel et où la production
rencontrerait un débouché marché basé sur un besoin universel.

P. Askenasy, force de proposition, a ciblé : les secteurs de la santé* et de l’éducation de haut niveau (qualifié de
tourisme universitaire par l’auteur).

(* P. 292 - 303)

8
    Cf. Ressources humaines pour sortie de crise, Bernard Gazier, Presses de Sciences Po, 2010.
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Une posture épistémologique iconoclaste : c’est sans doute l’aspect le plus intéressant de l’ouvrage.
Afin de dérouler sa démonstration, l’auteur retient un processus d’étude analytique et chronologique. Si d’un
premier abord, pour le lecteur, cela parait monotone, c’est l’accumulation de faits pour construire une tendance
lourde qui donne toute la force à la thèse de P. Askenasy.

Ce travail d’analyse multidimensionnelle des données (en croisant étude longitudinale et transversale) permet à
l’auteur d’identifier pourquoi et comment certaines fausses bonnes idées ou propositions, telles que la TVA sociale
ou le salaire spécial jeune trainent par mimétisme esthétique dans l’esprit des gouvernants.

Il prouve aussi les contradictions de certains hommes politiques comme JP. Raffarin, Premier Ministre, qui d’un côté
bataille contre l’extension de surface commerciale créatrice d’emploi par clientélisme patronal auprès du syndicat
des enseignes françaises des Grandes Surfaces Alimentaires, de l’autre par clientélisme électoral plaide en faveur du
temps partiel…. des boutiques de ces mêmes surfaces dont le développement est stoppé.

Plus grave, selon P. Askenasy, le poids de certains économistes, par exemple avec Edmond Malinvaud9, qui par leur
croyance aveugle dans leur modèle, ont répété époque après époque les mêmes erreurs de diagnostic économique
et enkyster les gouvernements français sur de mauvais chemins de développement. Les experts tardent toujours à
prendre conscience qu’une transformation économique s’opère et d’en auditer les causes afin d’en tirer les
conséquences en termes de politique d’emploi. Ed. Malinvaud a émis trois modèles de prévision erronée, en 1974 en
tant que Directeur de la Prévision Economique, en 1981 en tant que Directeur de l’Insee et avec le gouvernement
Fillon I en préconisant une massification des allègements de charge sur bas salaire.

Ce travail d’archéologie, de 40 années de politique française d’emploi, valide la thèse de l’auteur d’une
accumulation de micro-réformes mises en place sans réelle compréhension, par les experts et les gouvernants, des
processus de transformations opérant du « jeu de mécano géant » de l’économie mondialisée.




9
    Diplômé de l’École Polytechnique, ENSAE et INSEE. Il est associé à la théorie de l’école de la régulation.
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5. S’interroger sur le terrain d’analyse choisi par l’auteur (1p). Quels sont les données collectées et les
        instruments de traitement retenus. Quelle est la pertinence ces choix ?

En mobilisant la posture scientifique de l’archéologue, P. Askenasy va mener une chronostratigraphie10 de 40 années
d’empilement de politiques publiques et de mesures emploi destinées à endiguer un taux de chômage structurel
élevé. Pour chaque décennie étudiée, avec un découpage de gouvernement à gouvernement, l’auteur isole les
mesures d’emploi. Il mène une description interne et précise la visée opérationnelle de chaque mesure, puis vérifie
ex-post la mise en place de la mesure, si les résultats empiriques obtenus sont conformes aux résultats théoriques
attendus. Cette analyse transverse permet à l’auteur, de livrer un audit de premier niveau sur le type d’erreur dont
a souffert la mesure, pouvant donner au lecteur un début d’analyse causale quant au taux d’échec empirique (ou de
réussite, plus rare) de la mesure emploi étudiée.

Un point remarquable sur la collecte des données : afin de mener son travail d’investigation, P. Askenasy, est allé
rechercher les documents historiques de référence pour chaque mesure étudiée, y compris les études non
diffusées à l’époque « car non politiquement correcte » mais aujourd’hui déclassifiées par les autorités (i.e. les
études d’impacts d’évaluation économique des contrats aidés jeunes – R. Barre – plan jeunes 1976 - 1977).
Pour compléter ce protocole d’enquête, dans un souci de vérifier la validité de ces résultats descriptifs (produits en
étude transversale), à l’aide d’un plan de recherche d’analyse de données multidimensionnelles, l’auteur va réaliser
une sorte « régression sur série longue de données11 », c'est-à-dire sur les 40 années qui composent le terrain
d’étude.

Le croisement de ces deux axes de recherche, transversale et longitudinale, permet à l’auteur de cartographier une
série d’erreurs, et de tester leur effet à long terme (et combinatoire entre elles) en terme de dérèglement du
marché du travail. De plus, lors de ce double processus d’étude, P. Askenasy va passer au tamis de la critique
scientifique économique, l’ensemble des modèles économiques manipulés par les experts de l’époque et vérifier les
fondements des théories économiques utilisées par ces derniers pour justifier l’emploi de ces modèles.

Par ordre d’apparition, il pointe fausses idées, « légendes urbaines », manipulations de modèle théorique…
(cf. analyse de la typologie paragraphe 6.)

     -    La crise économique de 1974 en France est due au choc pétrolier 1973,
     -    La supériorité de la macroéconomie sur la microéconomie, triomphalisme Ed. Malinvaud,
     -    Le mythe du meilleur économiste de France, R. Barre, le chômage est un phénomène conjoncturel…,
     -    La surreprésentation du paradigme de l’école de la régulation française dans les choix économiques,
     -    L’incapacité des politiques à savoir utiliser les études économiques, 1967, le rapport Ortoli,
     -    Le mythe du modèle économique idéal étranger qu’il faut copier à son propre marché,
     -    L’hystérèse du taux de chômage : modèle d’analyse du marché travail insider-outsider inutilisé…,
     -    Retour de la microéconomie pour lire le marché du travail - salaire d’efficience, Shapiro & Stiglitz,
     -    Taux de chômage structurel : incompréhension du modèle WS-PS, relance par le déficit…,
     -    La doxa du rapport Mattéoli : exonération de charges sur les bas salaires,
     -    Traité de Lisbonne : aucun résultat ne légitime la soumission des états au diktat des marchés financiers,
     -    Raffarin et De Villepin : contrat unique et le modèle d’appariement O &D de travail,
     -    Du 11 sept 2011 à Lehman brothers, le pouvoir magique de la grande modération. Il existe des outils
          macroéconomiques pour corriger les crises, on peut laisser aller à la dérive les marchés financiers,
     -    Les effets de mode qui aveuglent les gouvernants, la flexsécruité multi-solution des pays scandinaves,
     -    Le benchmarking politique… il faut corriger les résultats des modèles économétriques pour bien comparer,
     -    L’approche culturaliste* (Yann Algan et Pierre Cahuc), travaux non matures et recommandations hâtives,

Durée de l’enquête terrain : P. Askenasy a pris 3 années pour réaliser son terrain d’enquête fouillé.

(* définition : relatif au culturalisme, doctrine sociologique qui met l'accent sur l'influence des phénomènes culturels
sur la société et sur l'individu)



10
   Méthode scientifique au cœur de l’archéologie dont but est de classer les différentes séquences et époques des dépôts de roches en fonction de la région
géologique, et finalement d’établir un registre géologique complet de le Terre.
11
   Référence à son cursus initial d’économètre (mathématique décisionnelle appliquée au mécano économique).
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6. Rappeler explicitement les principaux résultats obtenus par l’auteur au terme de son travail (2-3p) et
           boucler avec l’ensemble du processus d’analyse critique : le travail proposé débouche-t-il sur un (des)
           réponse(s) ? Les réponses sont-elles cohérentes avec le protocole d’études et quels rapports entretiennent-
           elles avec l’état de la connaissance ?

Mondialisation et emploi : les effets sur les politiques d’emploi du « village Gaulois France »

Depuis le début des années 70, l’économie de marché ouverte a connu un processus continu de transformation du
capitalisme. Durant cette longue période étudiée 1970 – 2010, il y a eu différentes transitions d’un mode
économique à un autre, où le moteur de la création de richesse a lui-même muté, ce que l’auteur appelle la théorie
de la contingence historique.

Dans ce nouvel ordre économique mondialisé et tout au long de cette période, la France a été incapable des
maintenir une croissance durable et incapable de saisir les opportunités des reconfigurations.

Chômage de masse et croissance essoufflée ont épuisé le monde du travail. Les travailleurs français ont été
incapables de reconquérir un rapport de force équilibré au profit du couple gouvernants-patronats qui se sont
organisés durant ces décennies pour créer les conditions du maintien de ce statut quo.

Au final, les travailleurs français ont accumulé des situations d’usure car la situation du travail dans l’entreprise est
liée à la situation de l’emploi, elle-même intimement liée à la politique d’emploi des différents gouvernements.

Ce bilan final enkysté de sous performance du couple (croissance, chômage)12, trouve son origine, dans l’absence
de cadre d’analyse pertinent et mobilisé par les gouvernants, de chaque époque, qui n’ont pas réussi à saisir et à
analyser les conséquences issus du processus de transformation du capitalisme. Le fil conducteur qui maille cette
accumulation de 40 années d’erreur, a été motivé par l’obsession de tous les gouvernements successifs de prendre
des mesures d’emploi visant le retour court terme au plein emploi.

De son terrain d’enquête, P. Askenasy construit une typologie organisée selon 3 grands types d’erreurs et dont le
plus petit dénominateur commun est la mauvaise anticipation des conséquences de long terme des choix de
politiques (économie et d’emploi) que les gouvernants prendront.

Type 1 : les erreurs fondamentales de diagnostic
   - Absence de détection du processus de transformation du capitalisme (syndrome Ortoli13),
   - Absence d’investissement en éducation, en R&D et une démocratisation scolaire tardive,
   - Prise en compte tardive de l’économie de la connaissance (15 années après les USA*),

Type 2 : les erreurs d’enfermement politique
   - Les politiques d’emploi catégorielles (immigrés, jeunes, femmes et seniors),
   - Le piège du temps politique court qui rend impossible toute action d’insertion durable dans l’emploi,
   - L’accumulation de dispositifs hétéroclites qui se neutralisent et dont le coût interdit de faire autre chose,

Type 3 : les erreurs politiques
   - Le temps partiel contraint des femmes et des travailleurs pauvres (problème social difficile à déconstruire),
   - La doxa du modèle vertueux et le comportement mimétique (effet de mode),
   - Le clientélisme électoral et les activeurs de fausse bonne idée (TVA sociale),

L’ensemble des résultats opérationnels de l’enquête terrain mis à jour par l’auteur est synthétisé dans le tableau
synoptique de la page suivante.

(* P. 180)




12
     En décembre 2010, la France métropolitaine comptait 4.18 millions de demandeurs d’emploi, c'est-à-dire 9,1% de la population active (privé + public).
13
     Voir le rapport Ortoli - page 50.
UE 83 FdL – JA, Octobre 2011                                              8
Bilan des politiques économique et d’emploi : 1970 - 2010
                                                    politique économique                                                                                                   politique d'emploi
                                          stimuler la croissance économique                                                                                 alléger et flexibiliser le coût du travail
                                        modèle                           outil              résultat                  modèle                      outil            cible                        résultat                           effets pervers
          1970 - 1986                transitions, révolutions industrielles, productivité                                                      refonte organisation et intensification du travail, inégalités salariales

      74-76 : chirac       relance macroéconomique            flexsécurité                   échec                                                                                                                         immigrés stigmatisés

                                                                                                                                                                                                                           précarisation, stigmatisation -
      76-81 : barre        gestion déficit public             stabilité monétaire            échec            contrats aidés            PACTES                    jeunes    échec
                                                                                                                                                                                                                           désordre LT
                                                                                                                                                                                                                           effet aubaine employeur -
      81-84 : mauroy       relance macro (keynes.)            transfert sociaux              échec            éviction 50 ans           Préretraites Etat        seniors 84 : 700 000 sorties de l'emploi
                                                                                                                                                                                                                           réduire main d'œuvre
                                                                                                                                                                                                                           précarisation, stigmatisation -
      84-86 : fabius       rigueur + taxation                 lutter inflation               échec            contrats aidés            TUC                       jeunes    heure travaillée payée en-dessous smic
                                                                                                                                                                                                                           désordre LT
          1986 - 1993                            modèle pensée néolibérale                                                                        modèle WS-PS : allégement des cotisation sociales bas salaires
                                                                                                                                                                                                                           affaiblissement LT cdi droit
      86-88 : chirac       réduire place état ( Thatcher)     actionnariat                   échec            salaire efficience        Intérim                             flexibiliser le contrat travail
                                                                                                                                                                                                                           commun
                                                                                                                                                                                                                           précarisation, stigmatisation -
      88-91 : rocard       immobilisme économique             CSG (protec. Sociale)          échec            contrats aidés            CES (+ RMI)               jeunes    échec
                                                                                                                                                                                                                           désordre LT
      91-92 : cresson      immobilisme économique                                            échec
                                                              copier le miracle Polder                                                                                  substitution tps plein en tps partiel+       tps travail subi femmes -
      92-93 : bérégo.      acceptation hypo libérale                                    échec                 temps partiel             allegt CS (30%)          femmes
                                                              (Pays-Bas)                                                                                                création marché (L) secondaire               impact majeur
          1993 - 2002          déclin technologique de la France et choix emploi non qualifié                                          allégement des cotisations sociales bas salaires et réduction du temps de travail
                           relance macro +                                                                                                                              échec + exo. charge basse qualification      précarisation, stigmatisation -
                                                              lâcher le déficit bud.                          contrats aidés          CIP                      jeunes
                           désinvestissement en R&D                                                                                                                     Ct(L)                                        désordre LT
      93 - 95 : balladur                                                                échec
                                                                                                                                                                                                                     précarisation, stigmatisation -
                                                                                                              réforme retraite                                seniors baisse pension et hausse cotisation
                                                                                                                                                                                                                     désordre LT
                                                                                                                                                                                                                     baisse structurelle coût heure
      95 - 97 : juppé      clientélisme électoral             loi urbanisme GSA              échec                                                                      massifier allègement de charge Ct(L)
                                                                                                                                                                                                                     travaillée
                                                                                                                                                                                                                     précarisation, stigmatisation -
                           myopie (autoroute info.)           Ed. Malinvaud                  échec            contrats aidés          Emplois Jeunes           jeunes échec + polit. allégement de charges Ct(L)
                                                                                                                                                                                                                     désordre LT
      97 - 02 : jospin
                                                                                                                                                                                                                     affaiblissement pouvoir négo
                                                                                                              réduction tps travail   Loi 35 H (forcée)                 flexibilisation des rémunérations
                                                                                                                                                                                                                     salarié - LT
           2002-2007                      la grande modération macroéconomique                                                               appariement, multiplication désordonnée dispositif et détricoter 35H
                                                             diktat traité Lisbonne (+                                                                                                                               substitution h. supp - création
                           clientélisme électoral                                                             détricoter 35H          extension H. supp                 allegt charge fillon + reduct. CS
                                                             miracle Irlandais)                                                                                                                                      emploi / LT
      02 - 05 : raffarin                                                                     échec
                                                                                                                                                                                                                     accélérer sortie senior pour
                                                                                                              réforme retraite        surcote / décote        seniors développement retraite maison
                                                                                                                                                                                                                     employeur / LT
                                                                                                                                                                                                                     précarisation, stigmatisation -
                           croissance zéro                                                   échec            contrats aidés          CPE                      jeunes échec
                                                                                                                                                                                                                     désordre LT
      05 - 07 : villepin
                                                                                                                                                                                                                     affaiblissement pouvoir négo
                                                                                                              modèle appariement      Plan Cohésion Social              échec : accumulation outils hétéroclites
                                                                                                                                                                                                                     salarié - LT
           2007- 2010              volontarisme et redistribution vers les entreprises                                              multiplication désordonnée dispositif et allégement des cotisations sociales bas salaires
                                                            idéologie : travailler (+)                                                                                                                               tps plein homme et tps partiel
                           myopie crise financière                                                            en finir avec 35 H      TEPA                    femmes exo IR et CS des heures supplémentaires
                                                                                              Evaluation ??




                                                            pour gagner (+)                                                                                                                                          femme - (++) LT
                                                                                                                                                                                                                     effet aubaine employeur -
      07 - 11 : fillon                                                                                        intervention            multiplier outils                 accumulation outils hétéroclites
                                                                                                                                                                                                                     baisse Ct(L)
                                                                                                                                                                                                                     affaiblissement pouvoir négo
                           diktat notation AAA et BCE         réforme à marche forcée                         réforme retraite        privé & public          seniors baisse pension et hausse cotisation
                                                                                                                                                                                                                     salarié - LT


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Au terme du terrain d’enquête, P. Askenasy tire des enseignements pour l’avenir.

En matière de politique d’emploi, les gouvernants doivent avoir une vision globale et déployer une politique de long
terme basée sur des résultats économiques scientifiques. Il faut sortir des équations et renoncer à découper en
petits morceaux les politiques économiques discutées entre l’Insee et Bercy. Il faut définitivement renoncer aux
paradigmes historiques, confortables par paresse intellectuelle, d’énoncer que la cause première du chômage vient
d’un coût trop élevé du facteur travail et que seules les politiques de gestion de stock d’emploi sont actionnables sur
le marché français du travail.

Sur le critère de l’efficacité des mesures d’emploi étudiées, malgré un certain traitement social du chômage en
développant une forme d’employabilité des demandeurs d’emploi14, l’auteur n’a pas été identifié de mécanisme de
correction à long terme et durable des difficultés d’insertion dans l’emploi rencontrées par les catégories
stigmatisées lors de leurs entrées sur le marché du travail. P. Askenasy conclut que lors d’observation de politique
emploi de précarisation auprès d’une catégorie stigmatisée, il est très difficile d’inverser le comportement des
entreprises d’utiliser ce mode de fonctionnement auprès de cette catégorie. La durée moyenne de 5 années a été
observée comme nécessaire pour corriger ce type d’effet pervers.

Sur le critère du rendement des mesures d’allégement fiscalo-social dont les entreprises se sont rendues
dépendantes15 au fil du temps, ces mesures créent de l’emploi mais sont financièrement ruineuses pour les finances
publiques. Les économies générées par l’arrêt de ces emplois subventionnés permettraient de financer une véritable
politique de recherche publique fondamentale en France, et in fine de produire des innovations et de vrais emplois
associés.

Eléments de langage contre l’obsession d’abaisser le coût et de flexibiliser le facteur travail : sous la forme d’une
leçon inaugurale, P. Askenasy alerte économistes et gouvernants sur l’erreur fondamentale et enkystée de croire
qu’une relance économique associée à une lutte efficace contre le chômage puisse se faire en tordant le
fonctionnement du marché du travail notamment en cherchant par tous les moyens à abaisser le coût du travail, à
développer les emplois non qualifiés et au final à flexibiliser le marché du travail.

Il met en garde quant aux limites d’exploitation des modèles d’appariement16 (et ceux de la flexsécurité), dont les
dernières applications* en France, ayant eu pour objectif d’introduire un coin dans le contrat de droit commun C.D.I.
n’auront aucun effet d’action contre les causes profondes du chômage. Pour l’auteur : « la flexibilité du marché du
travail est atteinte partout sans avoir tenu sa promesse d’amélioration des opportunités d’emploi* ».
(* Contrat Nouvelle Embauche, fusion ANPE et Assedic dans Pôle Emploi et la rupture conventionnelle du contrat de travail)

En contrepoint, P. Askenasy plaide pour une planification décennale de l’Etat Stratège qui viserait la mise en place de
véritables filières technico-industrielles d’inspiration Colberto-Gaulliste. Pour réussir ce projet industriel de
« l’entreprise France », il préconise une spécialisation sectorielle de l’économie vers les secteurs de la santé et de
l’économie de la formation (i.e. le tourisme universitaire) où la France posséderait un avantage concurrentiel et
répondant une demande mondialisée de besoins universels.

De ce postulat, il développe les thèmes qui lui sont chers et qui seraient les variables d’action au service de ce
scénario « d’un trend durable de croissance », c'est-à-dire : effort d’investissement dans la recherche publique,
programme d’éducatif visant l’excellence des formations généralistes, arrêt du démantèlement des services publics
les plus performants**, véritable politiquement d’emploi visant le développement du capital humain et à la
reconstruction du collectif de travail au sein de l’entreprise.

En filigrane de ce faisceau de réponses inférées, l’auteur laisse le lecteur appréhender la problématique de « justice
sociale » et propose de revisiter l’enseignement majeur de la Crise de 1929 aux USA. C'est à dire, non pas la gestion
d’un Krach boursier mais la gestion d’une montée spectaculaire des inégalités de patrimoine. A long terme devenant
une situation intenable, l’Etat Fédéral a été obligé d’intervenir via une politique volontariste de transferts sociaux.

N’est-ce pas là le seul objectif d’une politique active d’emploi réussie ?
Donner une respiration à l’économie, donner une respiration à l’entreprise et donner une respiration au salarié.

(* P. 277 - ** P. 245)

14
     Page 146, pour approfondir ce point, cf. Que sais-je ? Christine Ehrel sur Les politiques de l’emploi, Puf, 2009.
15
     L’enfermement dans le piège de l’effet d’aubaine.
16
     Dale Mortensen et Christopher Pissarides étudient les raisons pour lesquelles le lien entre Offre et Demande (L) ne se fait pas de façon optimale.
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7. Et si le lecteur reprenait la question de l’auteur (1p) ? Quelles seraient les modifications qu’il pourrait
           apporter à l’ouvrage dans sa conception, dans son organisation, dans ses références, dans son terrain,

Concernant la forme de l’ouvrage et la démonstration associée, j’aurais préféré que l’auteur facilite la lecture en
n’ayant pas recours à « un inventaire à la Prévert » de l’ensemble des outillages emploi mobilisés, oubliant dans
certains cas d’analyser en profondeur les mécanismes pour eux-mêmes. Un outil du type analyse comparée avec
l’utilisation de critères pertinents aurait permis de dégager une lisibilité synthétique et systémique de 40 années
étudiées.

En revanche, sans tomber dans le biais méthodologique, il aurait été plus astucieux de la part de P. Askenasy, dans la
présentation des résultats qui corroborent sa thèse, de ne pas mélanger et de ne pas mettre au même niveau les
erreurs de prévisions macroéconomiques, les erreurs de diagnostic, la mauvaise utilisation des modèles employés
et la mobilisation dévoyée de théories économiques pour justifier une décision politique. Une hiérarchie à deux
positions aurait pu renforcer la démonstration. Au « sein d’un échelon basique », serait regroupé tout ce qui entre
dans le registre de l’erreur d’analyse et de diagnostic, dans un degré supérieur qualifié de plus impactant pour le
marché de l’emploi, serait regroupé tout ce qui relève de l’ingénierie sociale et financière utilisable par les décideurs
publics.

Dans la partie de sa démonstration concentrée sur les préconisations et moyens d’actions à mettre en œuvre pour
rendre performante l’action du gouvernant pour le projet France, je trouve que P. Askenasy reste trop dans la
description ethnographique (du type publi-reportage promotionnel) de ce qu’il faudrait faire sans justifier les
fondements méthodologiques de cette possible politique française de croissance. L’argumentation proposée par
l’auteur reste trop généraliste, elle n’apporte pas d’utilité sociale17 à la compréhension des problèmes à résoudre
dans le débat relancé de croissance et emploi. En quelque sorte, le lecteur a l’impression que l’économiste P.
Askenasy tombe dans les mêmes erreurs de ses pairs économistes qu’il dénonce. P. Askenasy « dit quelque chose sur
les thèmes à la mode croissance et emploi », non pas pour résoudre la situation mais pour justifier qu’il appartient à
une école de pensée économique. Ecole de pensée économique non explicitement déclinée, car à la fin de l’ouvrage,
le lecteur ne sait toujours pas à quelle école rattacher Philippe Askenasy…

Egalement, je m’étonne de l’opérationnalité de la spécialisation sectorielle proposée pour un projet stratégique
dont l’objectif moyen terme est de mettre en place une véritable filière industrielle. Ces deux choix sont facilement
réfutables.

Pour le domaine de la santé, nonobstant une balance commerciale française excédentaire sur le marché européen
des soins, l’accumulation des désorganisations engendrées par l’application de la loi des 35 Heures à l’hôpital public
puis du projet actuel « loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires » ne
permet pas de conclure à l’existence d’un avantage concurrentiel, car nul ne sait aujourd’hui quel sera le niveau de
performance de notre système de soins à l’horizon 2020.

Pour le tourisme universitaire, au regard des réformes en cours des pôles de recherche et d'enseignement supérieur
(PRES*) et autonomie des Universités, certains économistes de l’éducation affirment que ce tourisme pourrait
rapidement se transformer en scénario low-cost18.

Dans les deux cas, exprimés en termes de politique industrielle, on peut opposer à l’auteur que son modèle de
développement conduit le territoire national à devenir le parc d’attraction au service de l’économie mondialisée.

La Fabrique de l’industrie française : faut-il se résoudre au déclin de l’industrie française, absolument non !
Voulant peser sur le débat présidentiel 2012, en tant que spécialiste du marché du travail, Philippe Askenasy a bien
détaillé l’erreur historique des gouvernants associés au patronat français de se focaliser sur le coût du travail en
recourant à la massification de l’allègement de charge sur les bas salaires et basses qualifications.

(* P. 203)



17
     «… L’économie est une science et doit répondre à la demande sociale … » - Economics: an Introductory Analysis, Paul Samuelson (US) - 1948.
18
     Rapport OCDE – Regards sur l’éducation – Ed. 2011 => http://www.latribune.fr/static/pdf/rapport_OCDE_13092011.pdf.
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Par contre, il aurait dû investiguer plus loin dans son analyse, élargir son champ d’investigation19 exclusivement
centré sur le marché du travail et notamment étudier comment cette politique horizontale fiscalo-sociale a profité
au secteur des services au détriment du secteur industriel, c'est-à-dire comment une politique horizontale s’est
substituée à une politique verticale de filière industrielle amont – aval. Hors, cette situation singulière de
capitalisme à la française n’est pas homogène au sein des pays occidentaux20. Certains champions de la zone des
pays économiquement avancés ont lancé à la fin des années 90, le « made in here » pour redéployer, en amont, leur
filière industrielle vers des secteurs à fort investissement capitalistique et à fort investissement en formation dans le
capital humain.

On peut citer l’Allemagne pour le secteur automobile et les USA pour l’efficience énergétique et les matériaux
avancés. Pour ces pays, «il s’agit de créer un nouveau modèle productif afin de retrouver un avantage
concurrentiel par rapport aux pays émergents»21.

D’où cela vient-il ? Sans recourir à l’argument des coûts unitaires salariaux structurellement bas pour l’Allemagne*
depuis 10 ans, comment peut-on expliquer la performance industrielle allemande dans le secteur automobile face
aux constructeurs français dans les pays émergents ?

Raison 1 : face à la mondialisation, la politique commerciale allemande est pilotée par le patronat allemand (en y
associant les puissants syndicats salariés), et non par la Chancelière Angela Merkel. Le secteur automobile est
considéré stratégique et tous les opérateurs industriels du secteur automobile (constructeurs et sous-traitants) sont
au service du projet Allemagne et avancent en rangs serrés.

Raison 2 : « être productifs et chers ! » Les patrons automobiles allemands ont fait le bon choix de positionnement
marché, de véhicule haut gamme, à forte innovation technologique et apportant des services de valeur aux
consommateurs finaux. Du point de vue de l’organisation de la production, ce sont les ouvriers allemands qui
finalisent le « fine tuning » d’ensembles de pièces produits par des sous-traitants à bas coût situés dans les pays de
l’ancien bloc soviétique.

Selon les patrons allemands, ce travail de bon choix du couple (position concurrentiel, marché) a permis de
construire une stratégie industrielle vertueuse qui valorise la compétence humaine à forte valeur ajoutée
opérationnelle et rend pérenne à long terme une production localisée sur le territoire allemand.

«… en aucun cas, pour des choix aussi stratégiques, nous aurions laissé faire le gouvernement22 … »

Certains patrons français semblent avoir retenu la leçon et ne souhaitent pas l’intervention de l’Etat Stratège en
matière de choix de politique industrielle, et en particulier pour le secteur des industries de pointes. Notons, le
lancement d’un Think Tank « la Fabrique de l’industrie23 » présidé par Louis Gallois, dont la mission sera «…
d’apporter des réponses aux grandes enjeux de l’industrie… »

En conclusion, au moment où l’économie capitaliste connait une nouvelle mue qui risque de modifier le marché du
travail en profondeur, afin d’éviter « les actes chirurgicaux » néo-libéraux préconisés par le F.M.I., l’économie
française doit réinventer son avenir industriel. Investir dans la science, préparer les industries que nous maitriserons
réellement dans 20 ans et organiser le prochain système éducatif capable de produire le capital humain qualifié et
nécessaire pour réaliser ce « nouveau grand plan industriel pour la France ». Il est urgent pour notre économie, telle
une oligarchie pétrolière, de sortir de l’exploitation de la rente du TGV, de l’Airbus et du Téléphone issus des
investissements réalisés à la fin des Trente glorieuses. Ne laissons plus les Chinois nous qualifier de romantiques, ne
laissons pas les chinois réinventer le 21ème siècle à notre place.

Les décennies aveugles, emploi et croissance 1970 – 2010, la perspective historique d’un ouvrage qui compte pour
qui veut prendre le temps de le lire pour en tirer des enseignements !

(* Pour ce point, cf. http://www.coe-rexecode.fr/public/Espace-Presse/Coe-Rexecode-dans-les-medias/Le-rapport-
Competitivite-France-Allemagne-dans-les-medias)



19                                                                                                                                             e
   Cf. les matrices d’analyse stratégique et scénarii d’actions identifiés dans les stratégies des RH, Bernard Gazier, La découverte, Repères, 4 éd., 2010.
20
   Au sens des travaux Esping Andersen sur la diversité des capitalismes, Les trois mondes de l’Etat-providence, PUF, 2003.
21
   Jean-Hervé Lorenzi, le monde économie, Mardi 11 octobre 2011.
22
   Le président du directoire de Volkswagen, Martin Winterkorn, reuters, 14 février 2009.
23
   Patronat, l’industrie lance son think tank, les échos, page 6, le mardi 11 octobre 2011.
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ANNEXES



Sommaire, in extenso                      page 11


Résumé de l’ouvrage                       page 13




UE 83 FdL – JA, Octobre 2011   13
TABLE DES MATIERES

                       introduction                        7


 Ch1. Une révolution industrielle américaine              17      Ch4. 1986-1993 : du libéralisme dur au libéralisme
                                                                                                                           121
                                                                  soft
 1970                                                     17
                                                                  L'eurosclérose et l'hystérèse                            122
 Les TIC : une Generale Purpose Technology                22
                                                                  Une agitation libérale                                   126
 Une chute transitoire de la productivité                 23
                                                                  …sans objectif industriel                                130
 Inflation et désinflation                                26
                                                                  L'immobilisme économique rocardien                       132
 Changements organisationnels et précarisation            28
                                                                  Le RMI                                                   135
 Désyndicalisation                                        31
                                                                  L'"enrichissement" de la croissance en emplois           137
 Mouvements capitalistiques,
                                                                  "On a tout essayé"                                       144
 Financiarisation et mondialisation                       34
 Montée des inégalités et érosion du travail
                                                                  Ch5. 1993-2002 : de "nouvelles" politiques efficaces ?   145
 Face au capital                                          38
                                                                  Les experts pour une nouvelle politique de l'emploi      146
 Un schéma politique commun                               41
                                                                  Balladur et Juppé: libéralisme,
 Royaume-Uni : le choix de l'industrie financière         42
                                                                  "expertocracie" et clientélisme                          150
 Le rapport Ortolli de 1967                               50
                                                                  La gauche plurielle: ruptures et continuité
                                                                  face à la nouvelle économie                              165
 Ch2. 1974-1981 : les politiques déformatrices            55
                                                                  Des records de créations d'emplois
 Des déséquilibres naissants…                             56
                                                                  grâce aux allègements Juppé et aux 35 heures             176
 … et des connaissances limitées                          57
                                                                  Un déclin technologique amorcé                           180
 Les débuts hésitants de la présidence Giscard            59
  - Stop and go                                           59
                                                                  Ch6. 2002-2007 : la décomposition                        189
  - L'indépendance énergétique                            63
                                                                  La "grande modération"                                   190
  - La politique d'immigration : un choix structurant     64
                                                                  Chassé-croisé politique en Europe                        191
 La politique délétère de Raymond Barre                   68
                                                                  La stratégie européenne                                  195
  - Une austérité isolée et une explosion
                                                                  Le détricotage des 35 heures                             196
  Des prélévements obligatoires                           70
                                                                  Continuités                                              201
  - La stigmatisation des jeunes                          75
                                                                  La réforme Fillon des retraites                          204
  - La précarisation de l'emploi des jeunes               77
                                                                  Le délitement de la politique de l'emploi                206
  - Le recours au CDD facilité
                                                                  Les échecs du CNE et du CPE                              209
  et des industries sous perfusion                        86
 Le bestiaire des mesures pour l'emploi                   88
                                                                  Ch7. 2007-2010 : l'avalanche                             213
                                                                  Crise du capitalisme, crise des idées                    214
 Ch3. 1981-1986 : de la rupture aux abandons              93
                                                                  L'optimisme initial                                      219
 Règle et discrétion                                      94
                                                                  Entre idéologie et pragmatisme,
 La relance de 1981-1982:
                                                                  une politique machiste et risquée                        221
 un environnement international inattendu                 98
                                                                  La fonction publique sabrée                              226
 Nationalisations et déficit public                      101
                                                                  Des mesures d'urgence                                    227
 La France isolée                                        102
                                                                  Des réformes au long cours                               230
 1982-1986: de la rigueur
                                                                  Une réforme des retraites inégaliatire                   232
 à la désinflation compétitive                           104
                                                                  De coûteuses mesures fiscales
 Travail, emploi, industrie:
                                                                  à l'efficacité douteuse                                  236
 des politiques entre ambitions et conservatismes        108
                                                                  La recherche prioritaire ?                               238
 Le tournant libéral de la gauche socialiste             110
                                                                  Un Crédit d'impôt recherche généreux                     240
 La relance de l'éducation                               111
                                                                  La France fracturée                                      245
 L'abandon des 35 heures                                 113
 Réduire la main d'œuvre                                 116
 Un bilan décevant mais de nouveaux droits               118



UE 83 FdL – JA, Octobre 2011                               14
Ch8. 2011-2020 : nouveaux paradigmes              247
 Rétablir la monarchie !                           249
 Que faire ?                                       255
 L'emploi dans les grandes économies européennes   260
 Chômage des jeunes: un mal français ?             264
 L'emploi des séniors "sinistré"                   273
 La politique de l'emploi coincée                  276
 Pour la croissance de la décennie 2011-2020:
 une économie des besoins                          279
 Besoins éducatifs ou solution verte ?             282
 L'industrie de la formation supérieure
 et l'innovation                                   290
 Les besoins de santé                              294


                        Conclusion                 305
                     Remerciements                 309




UE 83 FdL – JA, Octobre 2011                         15
Résumé
TABLE DES MATIERES                                               P                                                    RESUME / DEMARCHE / IDEES CLEFS
                                                                     le taux de chômage élevé en France est un mal français, le mal des travailleurs français sous-productifs? FAUX! le diagnostic
introduction                                                    7    emploi trop rapide des gouvernants français depuis 40 ans trouve son origine dans l’absence de compréhension des
                                                                     transformations du capitalisme et dans l’absence de vision stratégique industrielle moyen terme.
Ch1.     Une révolution industrielle américaine                 17   la transformation du facteur travail s’explique par une financiarisation et une mondialisation de l’économie (1965)
         1970                                                   17   baisse des taux de productivité au sein de l’industrie US, datation du passage du fordisme à new economy (1970)
         Les TIC : une Generale Purpose Technology              22   grâce aux TIC : prédominance du modèle productif US qui fixe les standards d’organisation, du travail et du social
                                                                                                                                                              er
         Une chute transitoire de la productivité               23   à LT, indicateur de productivité totale des facteurs augmente aux USA, datation du 1 choc transitoire de productivité
         Inflation et désinflation                              26   les politiques économiques sont à l’unisson : stabiliser l’inflation due à un cycle technologique trop rapide
         Changements organisationnels et précarisation          28   segmentation et précarisation du marché de l’emploi, justification de l’articulation marché interne – externe du travail
         Désyndicalisation                                      31   ses changements organisationnels empêchent le collectif de travail et émiettent le poids syndical
         Mouvements capitalistiques,                                 la montée des TIC enclenche un processus de privatisation du capital des secteurs traditionnels
                                                                         ère
         Financiarisation et mondialisation                     34   la 1      révolution numérique (chipset) induit une accélération et une mondialisation de l’investissement capitalistique
         Montée des inégalités et érosion du travail                 conséquences : effondrement des salaires bas, explosion des salaires de la finance, explosion des inégalités salariales
         Face au capital                                        38   Salariés : peur du déclassement et effort d’éducation vs. Employeurs : exigence accrue en termes de polyvalence salarié
         Un schéma politique commun                             41   casser l’inflation, lutter contre le chômage de masse, accélérer la transition économique par spécialisation sectorielle
         Royaume-Uni : le choix de l'industrie financière       42   stratégie industrielle Thatcher : socle technique et fiscal pour développer l’industrie financière : naissance de la City (80)
         Le rapport Ortolli de 1967                             50   en dépit d’un projet de flexsécurité, les gouvernants se sont enferrés à résoudre les chocs macroéconomiques (pétrole)
Ch2.     1974-1981 : les politiques déformatrices               55   gouvernement après gouvernement : cadre d’analyse et d’action de politique emploi inadapté aux mutations écono.
                                                                                                                                                                    er
         Des déséquilibres naissants…                           56   arrivée des baby-boomers : obsession d’une gestion de stock d’emploi, les seniors, par le 1 dispositif de préretraite
         … et des connaissances limitées                        57   arbitrage macroéconomique inflation vs chômage difficile à tenir : baisse tx productivité vs hausse chômage, inflation
         Les débuts hésitants de la présidence Giscard          59   triomphalisme de l’expert économique Ed. Malinvaud : logique de planification éco. et grands équilibres macroéco.
          - Stop and go                                         59   application d’instruments macroéconomiques pour une série des chocs conjoncturels : inflation, crise, chômage…
          - L'indépendance énergétique                          63   obsession de l’indépendance énergétique vis-à-vis du monde arabe : polytechniciens et filière industrielle nucléaire
          - La politique d'immigration : un choix structurant   64   le gouvernement Chirac : stigmatise l’immigration nord-africaine comme solution pour résorber le chômage français
         La politique délétère de Raymond Barre                 68   R. Barre, meilleur économiste de France impose à marche forcée : une économie bridée et une stabilité monétaire
          - Une austérité isolée et une explosion                    2 priorités des priorités : limiter l’inflation et réduire le déficit public
          Des prélévements obligatoires                         70   comment : systématiser les prélèvements obligatoires auprès des entreprises et particuliers (se traduira par un échec)
          - La stigmatisation des jeunes                        75   tx chômage élevé des jeunes, la solution miracle : il faut obliger les jeunes à se tourner vers les métiers manuels
          - La précarisation de l'emploi des jeunes             77   comment : subventionner auprès des entreprises les contrats aidés, cdd et stages pour flécher les emplois jeunes (77)
          - Le recours au CDD facilité                               introduction de la massification des exonérations de charges fiscales - sociales : effet d’aubaine pour les employeurs
          et des industries sous perfusion                      86   loi 3 jan 79 : usage cdd pour des emplois permanents, sans limitation dans la durée et de renouvellement
         Le bestiaire des mesures pour l'emploi                 88   accumulation de mesures pour contrer le chômage permanent : précarisation & transfert charges sociales privé - public

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Ch3.    1981-1986 : de la rupture aux abandons               93    gérer l’héritage Giscard-Barre : rétablissement des comptes publics et flexibilisation du marché du travail
        Règle et discrétion                                  94    invariant du gouvernement Mitterrand : incapacité à lire et à comprendre le mécano économique mondial
        La relance de 1981-1982:                                   engager une relance massive par augmentation des minimas sociaux et réduction du temps de travail
        un environnement international inattendu             98    nouveau paradigme monétaire de la FED (US) : modifier les anticipations des agents économiques
        Nationalisations et déficit public                   101 36 banques + 5 groupes industriels nationalisés – transferts sociaux financés par taxes sociales et fiscales
        La France isolée                                     102 Mauroy : échec de la politique de relance éco. par le déficit public face à la restriction monétaire de la FED
        1982-1986: de la rigueur                                   Fabius : lutte contre l’inflation, baisse des dépenses publiques et taxation des hauts revenus
        à la désinflation compétitive                        104 Fabius : désindexation salaire et inflation, basculer les cotisations sociales vers TVA (ie TVA antidélocalisation)
        Travail, emploi, industrie:                                résultats : inflation maîtrisée, déficits publics, faible croissance et faible création d’emplois
        des politiques entre ambitions et conservatismes     108 loi Auroux (82) - transformation des relations sociales vs. enkystement des jeunes dans la précarisation
        Le tournant libéral de la gauche socialiste          110 ouverture du marché bancaire, désintermédiation et internationalisation des capitaux – CAC40
        La relance de l'éducation                            111 80% d’une classe d’âge avec Bac, chômage des jeunes par contrat aidé TUC et le travail payé en-dessous du smic
        L'abandon des 35 heures                              113 réduction temps travail contre hausse de la productivité horaire – blocage négociation 35H jusqu’à 1997
        Réduire la main d'œuvre                              116 généralisation des préretraites publiques : effet aubaine employeur pour réduire la main d’œuvre : 700KConvent. (84)
        Un bilan décevant mais de nouveaux droits            118 en terme de création d’emploi : bilan gauche = bilan droite, mais Lois Auroux redonne du poids au salarié
Ch4.    1986-1993 : du libéralisme dur au libéralisme soft   121 consensus national, gauche et droite convertis au miracle UK « il faut copier le modèle du tout marché »
        L'eurosclérose et l'hystérèse                        122 retour de la théorie microéconomique : Shapiro & Stiglitz - salaire d’efficience, Lindbeck & Snower – insider vs. outsider
        Une agitation libérale                               126 Chirac : singer le modèle libéral Thatcher UK, réduire le tout Etat et transformer la relation d’emploi (intérim)
        …sans objectif industriel                            130 frénésie libérale, mais absence de projet d’investissement pour une filière industrielle LT créatrice d’emplois
        L'immobilisme économique rocardien                   132 absence de projet éco, privatisations gelées et exonérations de charges contrats aidés jeunes confortés
        Le RMI                                               135 massification des entrées dans le dispositif RMI mais sans réel parcours d’insertion professionnelle à l’emploi
        L'"enrichissement" de la croissance en emplois       137 favoriser le temps partiel des emplois féminins pour les employeurs du secteur commerce (alimentaire)
        "On a tout essayé"                                   144 bilan période Mitterrand : défaitisme économique, stigmatisation et précarisation des emplois jeune / femme




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Ch5.    1993-2002 : de "nouvelles" politiques efficaces ?          145 bilan 30 ans politique d’emploi : baisse coût et temps travail, avec stigmatisation de catégories de population
        Les experts pour une nouvelle politique de l'emploi        146 face à la mondialisation, les stratégistes de l’OCDE préconisent une baisse salaires et une flexibilité temps travail
        Balladur et Juppé: libéralisme,                                  relance de l’emploi français par une gestion du stock d’emploi et une baisse du coût du travail
        "expertocracie" et clientélisme                            150 doxa du rapport Mattéoli : exonération de charges sur les bas salaires, baisse prix smic, contrat unifié
        La gauche plurielle: ruptures et continuité                      lobbying des enseignes GSA française et Raffarin : loi urbanisme commercial… frein création d’emploi
        face à la nouvelle économie                                165 la France 97 : 10 ans de retard technologique face aux autoroutes de l’information Clinton & Gore
        Des records de créations d'emplois                               Jospin : privatisation entreprises publiques et gonflement bulle internet sans voir la réalité éco. sous-jacente
        grâce aux allègements Juppé et aux 35 heures               176 exonérations charges et effet aubaine 35H : barrière à l’entrée renforcée pour primo-accédant marché du travail
        Un déclin technologique amorcé                             180 investissements R&D des USA, secteurs TIC & Biotechnologies versus sous-investissement Etat français
Ch6.    2002-2007 : la décomposition                               189 2002-07 Chirac : sclérose de l’analyse du marché du travail et prolifération désordonnée de dispositifs
        La "grande modération"                                     190 du 11 sept à Lehman Brothers : existence d’outils macroéconomiques qui régulent les crises systémiques
        Chassé-croisé politique en Europe                          191 UK : relance emploi public, Allemagne : flexibilisation marché travail, France : réduction coût travail
        La stratégie européenne                                    195 traité de Lisbonne : découplage des politiques emplois des Etats des mécanismes de l’économie réelle
        Le détricotage des 35 heures                               196 rapprochement Droite et Medef : revenir à 39H/sem et massification des allégements de charges Fillon
        Continuités                                                201 Droite & Gauche : réduction du coût du travail et précarisation des bas salaires sans création d’emplois
        La réforme Fillon des retraites 2003                       204 résultats : fin des préretraites Etats mais + 100 000 préretraites maison (ent.) : taux emploi senior inchangé
        Le délitement de la politique de l'emploi                  206 Raffarin & Villepin : accumulation hétéroclite de recettes emploi > effet aubaine pour les employeurs
        Les échecs du CNE et du CPE                                209 obsession de fluidifier l’appariement employeur et salarié : le contrat unique doit rapprocher O & D de travail
Ch7.    2007-2010 : l'avalanche                                    213 depuis 2007, l’économie mondiale tourne à plein régime sauf pour la France…
        Crise du capitalisme, crise des idées                      214 système financier mondial sauvé par les pouvoirs publics : crise des outils d’analyse économique pertinents !
                                                                                                                                  e
        L'optimisme initial                                        219 Fillon I & II : ministère du travail le plus instable de la 5 République, politique de l’emploi partisane (Pr.)
        Entre idéologie et pragmatisme,                                  travailler plus pour gagner plus : effet délétère loi TEPA pour les salariés, effet d’aubaine pour les employeurs
        une politique machiste et risquée                          221 accroissement inégalités outsiders / insiders et inégalités de genre au détriment du tx d’emploi des femmes
        La fonction publique sabrée                                226 RGPP : dégradation du service public rendu liée à la règle du non remplacement d’1 sur 2 fonctionnaires
        Des mesures d'urgence                                      227 accumulation de mesures impuissantes face à la crise : prime à la casse, RSA, apprentissage, alternance…
        Des réformes au long cours                                 230 empilement de mesures LT non applicable à CT : Rapport Attali, Loi du 20 août 08 – représentation syndicale…
        Une réforme des retraites inégaliatire                     232 pour tenir la notation AAA, Fillon & Sarkozy réalisent la réforme des retraites la plus dure en Europe
        De coûteuses mesures fiscales                                    alignement de la baisse TVA restauration, sur TVA Bâtiment contre hypothétique création d’emplois…
        à l'efficacité douteuse                                    236 … et baisse de l’addition client dans l’hôtellerie : résultat - Coût = 100 KE / an / création d’emploi
        La recherche prioritaire ?                                 238 restructuration de la recherche fondamentale publique … au profit d’une recherche appliquée privée
        Un Crédit d'impôt recherche généreux                       240 les entreprises bénéficiaires (pharma) par ingénierie financière du CIR réalisent les plus gros profits CAC40
        La France fracturée                                        245 accumulation d’effets pervers de mesures emploi : précarisation des salariés pauvres et chômage de masse


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Ch8.    2011-2020 : nouveaux paradigmes                           247 hybridations des formes de crise : industrielle, financières et inégalités de redistribution de la valeur ajoutée
        Rétablir la monarchie !                                   249 traiter défiance de la société française par l’établissement d’une monarchie constitutionnelle nordique
        Que faire ?                                               255 l’analyse des modélisations économétriques ne valide pas la supériorité de la flexsécurité scandinave
        L'emploi dans les grandes économies européennes           260 en terme de résultats politique emploi (biais corrigés) : Lombardie (Italie) > Suède (étalon flexsécurité)
        Chômage des jeunes: un mal français ?                     264 tx enkysté du chômage jeune s’explique par 40 ans cumulés du modèle emploi de modération salariale
        L'emploi des séniors "sinistré" (France)                  273 tx emploi des seniors (+) faible d’Europe résulte de 40 ans de politique emploi d’éviction des seniors au travail
        La politique de l'emploi coincée                          276 fin des obsessions Plein Emploi et Education quantitativiste pour une stratégie industrielle LT avec fort (I) R&D
        Pour la croissance de la décennie 2011-2020:                    arrêter de financer les niches fiscalo-sociales pour inverser l’utilisation low-cost du travail par les employeurs
        une économie des besoins                                  279 le plan stratégique de politique emploi doit répondre aux besoins réels de l’économie de compétences à forte v.a.
        Besoins éducatifs ou solution verte ?                     282 une croissance LT, l’Etat doit se spécialiser sectoriellement là où la France possède un avantage concurrentiel…
        L'industrie de la formation supérieure (secteur 1)              … mettre en place une économie de l’éducation supérieure associée à un tourisme universitaire de masse (label)
        et l'innovation                                           290 relancer le « pipe » de l’innovation par des investissements massifs dans la recherche fondamentale labos publics
        Les besoins de santé (secteur 2)                          294   Faire du système médical français performant, l’hôpital de l’Europe : investir dans l’hôpital public – centre rech.
                                                                      décennie après décennie, par son jeu d’apprenti sorcier à la poursuite du modèle économique vertueux-résilient, le village
Conclusion                                                        305 gaulois France est incapable de saisir les opportunités de reconfiguration du capitalisme mondial. Que faire ? : construire un
                                                                      projet de croissance LT sur la base de besoins universels identifiés et reposant sur des avantages concurrentiels.
Remerciements                                                     309 Pour plus de détails, se rendre page 309 de l’ouvrage




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Les critiques déjà publiées

De par ses engagements publics, d’obédience keynésienne et ses critiques sévères des politiques économiques
étudiées décennie après décennie, il était raisonnable de penser que P. Askenasy aurait été la proie d’un flot de
critiques portant sur l’ensemble des éléments de la thèse proposée, c’est à a dire : la méthode de recherche, le
protocole d’étude déroulé, le terrain d’enquête et l’analyse des résultats produits. Il n’en est rien !

Suite à un travail de recherche et d’analyse des contenus en profondeur, l’auteur se voit opposer quelques critiques
publiées comme réponses formelles au contenu de son ouvrage, elles sont détaillées ci-après. Ces critiques
s’inscrivent plus dans le registre de l’essai documentaire voir de l’expression d’une posture politique, mais aucune
ne réfute la robustesse et la validité des résultats produits.

Auteur : Christophe Bys – journaliste Usine Nouvelle
Source : http://blog.usinenouvelle.com/lecture/lecture/lutte-contre-le-chomage-mode-demploi/
Date : 19 janv 2011
Contenu : «… Juste un regret : outre cette partie historique, parfois fastidieuse à lire, car présentée
chronologiquement, gouvernement par gouvernement, le livre se termine par deux chapitres qui échappent à cette
logique et on aurait bien aimé que l'auteur les fît "un petit peu plus long". Quand il décrypte les raisons pour
lesquelles il n'y a pas de miracle anglais en matière d'emploi des jeunes, pas plus que de modèle allemand, Askenazy
passionne car il montre clairement, comment la comparaison de deux chiffres peut être une source d'erreurs
d'analyse. De même l'ultime chapître consacré à la nécessité d'une politique industrielle en faveur de la santé aurait
gagné à être développé, étayé…».

Auteur : Jean Bastien – consultant auprès des comités d'entreprise
Source : http://www.nonfiction.fr/article-4261-p1-viser_lemploi_a_dix_ans.htm
Date : 15 février 2011
Contenu : «… Disons d’emblée que, trop peu systématique, la démonstration de Philippe Askenazy ne nous paraît pas
totalement convaincante, en premier lieu parce qu’il omet de nous dire ce qu’il faudrait garder, selon lui, des
politiques de l’emploi ou, ce qui revient au même, quelles conséquences précises il conviendrait de tirer de ses
analyses les concernant pour les prochaines années, en attendant de toucher les bénéfices de la stratégie industrielle
qu’il préconise. Par ailleurs, chercher à améliorer le fonctionnement du marché de l’emploi pour réduire le chômage
est-il réellement devenu une chose vaine ? D’autres références théoriques que les modèles les plus usités, comme les
marchés transitionnels au premier chef, ne gardent-ils pas quelque intérêt? Il reste qu’il s’agit d’un livre tout à fait
intéressant à la fois par l’ampleur de la période couverte et les questions qu’il soulève...».

Auteur : Nathalie Janson – professeur d’économie à l’Ecole supérieure de commerce de Rouen
Source : http://www.trop-libre.fr/le-marche-aux-livres/une-tragedie-francaise
Date : 23 avril 2011
Contenu : «… Au chapitre des solutions, le lecteur restera en revanche sur sa faim. L’auteur propose d’abord que
l’Etat pousse indirectement les entreprises du secteur privé à revenir sur la précarisation de leurs salariés. Le
mécanisme serait le suivant : l’Etat recruterait massivement sur un marché du travail tendu ; il offrirait aux
fonctionnaires des conditions de travail optimales ; soumises à cette concurrence vertueuse, les entreprises seraient
contraintes d’aligner les conditions de travail vers le haut, pour réussir à attirer la main d’œuvre dont elles auraient
besoin. Mais que dire de la croissance de la dette publique dans un tel cas de figure ? Elle serait colossale, pour des
effets aléatoires… ».




UE 83 FdL – JA, Octobre 2011                          20
Liste des gouvernements de la 5ème république


                                                                                                                             Président
                                                                                                            Législature
                Nom                        Dates du mandat                              Parti                                (dates du
                                                                                                             (élection)
                                                                                                                             mandat)




 Michel Debré                  • 8 janvier 1959      14 avril 1962      Union pour la nouvelle République

                                                                                                             re
                                                                                                             I (1958)




                               1 14 avril 1962       28 novembre 1962


                                                                                                                          Charles de Gaulle
                               2 28 novembre 1962 8 janvier 1966
                                                                        Union pour la nouvelle
                                                                        République, puis                      e
 Georges Pompidou                                                                                            II (1962)
                                                                        Union pour la défense de la
                                                      er                République
                               3 8 janvier 1966      1 avril 1967
                                                                                                                            (1959–1969)


                                                                                                              e
                               4 5 avril 1967        10 juillet 1968                                        III (1967)




 Maurice Couve de                                                       Union pour la défense de la
                               • 10 juillet 1968     16 juin 1969
 Murville                                                               République




                                                                                                              e
                                                                                                            IV (1968)
                                                                                                                              Georges
                                                                                                                             Pompidou
                                                                        Union pour la défense de la
 Jacques Chaban-                                                        République, puis
                               • 20 juin 1969        5 juillet 1972
 Delmas                                                                 Union des démocrates pour la
                                                                        République

                                                                                                                            (1969–1974)




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Fiche lecture les décennies aveugles emploi et croissance_ philippe askenazy

  • 1. U N I V E R S I T É P A R I S 1 P A N T H É O N - S O R B O N N E MASTER PROFESSIONNEL / R.H. – R.S.E. M2 SPECIALITE PROFESSIONNELLE : R.H. ET RESPONSABILITE SOCIALE ENTREPRISE SEMINAIRE DE LECTURE « LES DECENNIES AVEUGLES » PHILIPPE ASKENAZY LES DECENNIES AVEUGLES EMPLOI ET CROISSANCE 1970 - 2010 EDITEUR : SEUIL JANVIER 2011 FICHE DE LECTURE REDIGEE PAR : DIDIER LE PICAUT CS 2010 INSTITUT D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES DE PARIS UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 1
  • 2. 1. Présentation de l’éditeur et de la collection (0.5 p maxi). Quelle est la politique éditoriale ? Quels sont les axes principaux de cette politique ? Interrogations nécessaires pour replacer la publication de l’ouvrage dans son contexte. S’agit-il d’un compte-rendu de recherche, d’un essai, d’une étude de consultant, … ? Le Seuil, appartenant à La Martinière depuis 12 janvier 2004, maison d’édition de taille modeste mais exigeante quant au choix des manuscrits et de ses auteurs a su respecter le projet éditorial fondateur défini comme suit : « Le seuil, c'est tout l'émoi du départ et de l'arrivée. C'est aussi le seuil tout neuf que nous refaisons à la porte de l'Église pour permettre à beaucoup d'entrer, dont le pied tâtonnait autour1 ». Un projet politique d’éditeur destiné à ouvrir, à éclairer et à comprendre de nouveaux champs de la connaissance des domaines de l’économie industrielle, de l’étude des organisations et de la sociologie du travail2, a succédé à cette « vision spiritualiste du monde ». Ce projet est basé sur un décryptage des transformations imposées à nos sociétés par le mode économique capitaliste. Après une histoire chahutée en termes de gouvernance d’entreprise, notamment lors du passage de Laure Adler en qualité de responsable du secteur littéraire, cette maison souhaite aujourd’hui, avoir une production resserrée de qualité afin de positionner chaque parution avec son vrai public3. Le Seuil a notamment publié les œuvres de Jacques Lacan, Roland Barthes, Philippe Sollers (première période) ou plus tard Edgar Morin, Maurice Genevoix ou Pierre Bourdieu. « Les décennies aveugles - croissance et emploi 1970 à 2010 », travail d’archéologie de 40 ans de politique de l’emploi française des différents gouvernements écrit sous la forme d’un droit d’inventaire est parfaitement aligné avec les axes de politique éditoriale de cet éditeur. 2. Présentation de l’auteur (0.5 p maxi). ‘D’ou parle-t-il’? Quel est son parcours ? Que fait-il ? A-t-il déjà publié et quoi ? Philippe Askenazy est directeur de recherche au CNRS. Economètre de formation initiale, il axe ses recherches sur les questions du marché du travail, des politiques de l'emploi, de l’articulation travail et social, le tout filtré avec le prisme de l'analyse économique. Né le 22 octobre 1971, il est diplômé de l’Ecole normale supérieure (ENS rue d'Ulm) et de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est agrégé de mathématiques et Docteur en économie politique. Aujourd'hui, Philippe Askenasy est économiste chercheur. Il encadre de nombreux travaux sur les sciences sociales et économiques notamment sur la refondation de modèles de théorie économique capables d’analyser les mécanismes économiques réels et de proposer des voies de résolution aux crises industrielles pour mieux créer les conditions d’une croissance durable catalyseur d'emploi sur le long terme. Ses principaux ouvrages sont : Le partage de la valeur ajoutée, Paris, La Découverte, (11). En direction avec Daniel Cohen, "16 nouvelles questions d'économie contemporaines", Albin Michel (10). Les Désordres du travail (04), la Croissance moderne : organisations innovantes du travail, Economica (02). Il a reçu les Prix et Distinctions suivantes : Prix de l'Association française de sc. écono. (1999), Gaëtan Pirou de la Chancellerie des universités de Paris (00), Ugo Papi-Gaston Leduc de l'Académie des sc. morales et politiques (01), du livre d'économie du Sénat (04), médaille de bronze du CNRS (04), Médaille Villermé de l'Académie des sc. morales et politiques (08). Articles : il est chroniqueur depuis janvier (08), au sein de la rubrique Economie Expertises, journal Le Monde Economie. Engagements : il est signataire du Manifeste des économistes atterrés4 (10). Il s’insurge contre la soumission des Etats aux diktats des marchés financiers qui leurs imposent des cures d’austérité pour réduire leur endettement public. Diktat ne reposant sur aucun résultat d’analyse scientifique. Il a participé au Think Tank La République des idées et à la rédaction du rapport du CEPREMAP intitulé « les soldes de la loi Raffarin : le contrôle du commerce alimentaire ». 1 Extrait de (lettre de l'abbé Plaquevent), du 28 décembre 1934. 2 Human and social sciences in society, International Conference, 14 mai 2008 - ABSTRACTS : Hervé SERRY - Les Editions du Seuil. 70 ans d’histoire (Seuil, 2008). 3 http://www.sne.fr/ : colloque « Le livre de jeunesse aujourd‛hui », 2008, Françoise Mateu, directrice éditoriale chez seuil jeunesse. 4 Pour plus de détails, se rendre en annexe de ce présent document. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 2
  • 3. 3. Isoler la (ou les) question (s) de l’auteur (1,5p maxi). Distinguer question(s) explicite(s) et/ou question(s) implicite(s). S’interroger sur la pertinence de la (ou les) question(s). «… Un taux de chômage structurellement élevé en France depuis 40 ans, est-il un mal typiquement français ? Faut- il changer les français pour changer l’économie de la France ? La solution, il faut changer de régime parlementaire, il faut opter pour une monarchie constitutionnelle afin de redonner la confiance aux français et ainsi résoudre tous les problèmes économiques de la France… » La question - réponse centrale formulée par l’auteur sous la forme de pirouette par l’absurde - traduit bien le projet de recherche scientifique initial visé, d’un travail iconoclaste de fouille archéologique de 40 ans d’histoire de politiques économiques en France, pour en dégager une relecture de la politique d’emploi appliquée au fonctionnement du marché du travail français. L’auteur cherche à comprendre pourquoi depuis le 1er choc pétrolier (1971), tous bords politiques confondus, les gouvernants successifs aidés des meilleurs experts économistes, se sont trouvés dans l’incapacité à résoudre la source d’angoisse principale des français, c'est-à-dire d’un taux de chômage récurrent élevé. La grille de lecture historique fournie par Philippe Askenasy questionne un bilan sévère des politiques d’emploi menées depuis 40 ans en France dont les mesures mises en œuvre, sur le marché du travail, ont été parfaitement inefficaces à créer les conditions d’emploi durable, et n’ont eu de cesse de générer des effets pervers de long terme, d’élever des barrières à l’emploi stigmatisant des catégories de personnes (immigrés, jeunes, femmes et seniors). Ce droit d’inventaire exercé par l’auteur réfute le discours qui réduit la politique économique pertinente de l’Etat français comme une adaptation à la mondialisation et son corollaire d’une incapacité des travailleurs français à s’adapter à la réalité d’un marché du travail toujours plus mondialisé. Selon l’auteur, il faut interroger le diagnostic que la France ne souffre d’aucun mal, le travailleur français ne souffre d’aucune sous productivité ou rigidité à s’adapter à de nouvelles réalités d’un marché international du travail et ainsi pouvoir en dégager des réponses lisibles. Les causes profondes de mauvaise performance de la France en matière d’emploi sont ailleurs. Il faut interroger les sources d’information historiques et dégager des faits. Il faut revisiter la pertinence des choix de politique économique et d’emploi en mobilisant les outils d’analyse aussi bien macroéconomiques que microéconomiques. Il faut mener un travail d’investigation pluridisciplinaire en replaçant le comportement des agents économiques dans le paramétrage historique des conditions de marché de l’espace-temps étudié. Pour ce faire, décennie après décennie, l’auteur passe en revue, pas à pas toutes les questions suivantes : - Enième crise du capitalisme post fordisme : pourquoi en sommes-nous toujours là ? - Comment analyser le sentiment de défiance des français dans leurs institutions ? - Pour quelles raisons les gouvernements successifs ont-ils toujours pris les mauvaises mesures ? - Quel a été le poids des experts économiques, des finances et du monde du travail dans ces choix ? - Pourquoi les modèles de la théorie économique n’ont pas su trouver le chemin de croissance vertueuse ? - Quelles ont été les décisions des entreprises ? et quelles ont été les conséquences pour les salariés ? - Des erreurs observées du passé, que doit-on changer pour mieux faire fonctionner le marché du travail ? - Peut-on proposer des nouvelles pistes de réflexion pour sortir de cette crise de l’emploi ? Même si Philippe Askenasy ne cache pas sa proximité avec les politiques de relance keynésienne, dans son exercice d’analyse comparée, il va s’attacher avec la rigueur de la démarche scientifique à décortiquer les modèles de théorie économique sous-jacents (monétariste, keynésien, appariement, flexsécurité). A partir de résultats scientifiques robustes, en précisant les écoles de pensées des experts mobilisés et en détaillant de façon précise la posture politique des gouvernants en responsabilité, il va démontrer que l’absence de cadre d’analyse économique pertinent couplé à l’obsession rapide du plein emploi va enkyster les gouvernements à toujours rechercher le modèle économique miraculeux sans jamais s’interroger sur les conditions d’obtenir des facteurs de croissance durable. La perspective historique de cette nouvelle grille d’analyse prend toute sa pertinence, au moment où ces mêmes gouvernants entrent dans la bataille pour la présidentielle 2012… au moment où l’économie capitaliste connait une nouvelle mue qui risque de modifier le marché du travail en profondeur. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 3
  • 4. 4. Synthétiser la problématique de l’auteur (2-3p). Quelle est la justification du sujet ? S’assurer de la qualité de la littérature mobilisée. Vérifier la cohérence interne et externe. Isoler, si nécessaire, le cadre théorique retenu et/ou l’école de pensée de l’auteur. Isoler les hypothèses et discuter de leur pertinence. Discuter de la posture épistémologique retenue. 40 ANNEES D’ERREUR DE DIAGNOSTIC, STIGMATISATION ET PRECARISATION «… Contre le chômage de masse, on a tout essayé5 ! » Et «… surtout n’importe quand et n’importe comment6 ! » Cet effet de miroir qui renvoie dos à dos ces deux citations, renvoie face à face les contradictions respectives d’un homme d’état français et d’un économiste dans leur champ de responsabilité respective au regard d’un bilan critique de 40 années de politiques emploi menées en France, c'est-à-dire dans notre incapacité à lutter de manière efficace et durable contre le chômage de masse. 1ère partie de la démonstration : tirer un bilan des erreurs du passé. Le point de départ de cette analyse est de réfuter la contre vérité que l’économie Française, et en particulier les composantes internes de son marché de l’emploi, souffriraient d’un mal « Gaulois » en comparaison des autres démocraties occidentales. Néanmoins, notre économie nationale, souffre par addition, d’un empilement de politiques publiques en matière d’emploi qui crée une situation singulière. A chaque décennie étudiée, l’échec des politiques de l’emploi françaises résulte d’une série d’erreurs dans la compréhension du fonctionnement réel des mécanismes de l’économie, et en particulier par l’incapacité des gouvernants publics de l’époque (aidés des experts du moment) à produire un cadre d’analyse pertinent permettant de prendre la mesure des processus de transformation du capitalisme, et cela à partir de la révolution industrielle postfordiste. Pire encore, ces dispositifs mal employés par des « apprentis sorciers » ont produit des effets pervers qui ont déréglé en profondeur et de façon durable le fonctionnement du marché du travail. (P. 14 & 42) Le premier chapitre décrit la mise en route d’un processus continu et permanent de transformation du capitalisme conditionnant 40 ans de piteuses en matière de politique d’emploi française. Il décortique comment l’Etat Français n’a pas vu et pas pris en compte la révolution des TIC (1970-1973) en tant que facteur de transformation majeure des organisations et du monde du travail. Les Chapitres 2 à 6, vont permettre à l’auteur de passer en revue la performance de l’ensemble de dispositifs publics d’aide à l’emploi déployés, afin d’en mesurer le rendement coût / résultat et d’en étudier les effets pervers induits qui seront source d’inégalités pour des catégories de personnes stigmatisées. A chaque époque, une catégorie de travailleurs se trouve au centre des dispositifs d’emploi. De façon récurrente, chaque gouvernement dans son obsession du plein emploi et dans sa promesse politique de résoudre le problème de chômage, va manipuler le marché du travail pour cette catégorie ciblée (immigré, jeune, femme et senior). Au final cette catégorie se trouvera précarisée par le jeu des entreprises (effet d’aubaine fiscalo-social*) qui n’auront de cesse d’avoir un comportement low-cost dans l’utilisation du facteur travail, c'est-à-dire animées par la même obsession d’alléger le coût et de flexibiliser le facteur travail. Ce comportement invariant des gouvernants français sur la période 1970 à 2010, fil conducteur de la politique d’emploi menée, traduit, selon l’auteur, l’incapacité des décideurs publics français à appréhender à chaque phase un cadre d’analyse économique. Condition sine qua non pour mettre en œuvre un plan stratégique industrielle d’horizon 10 ans et permettant de faire le pari d’une véritable politique d’emploi long terme, quitte la première année de chaque quinquennat à dégrader temporairement la situation de l’emploi. L’auteur présente bien le passage7 qui s’opère entre un plan de relance macroéconomique d’un gouvernement piloté par le temps court du quinquennat et l’absence d’étude d’impact de ce dernier dans sa transmission au réel auprès des acteurs de la microéconomie qui vont modifier durablement leur comportement. Dans le cas du marché de l’emploi, ce comportement d’hystérèse d’achat thésaurisé du facteur travail va faire perdre de vue à l’entreprise, dans le cadre d’une économie ouverte et mondialisée, l’importance d’un investissement en R&D, pour alimenter « le pipe de l’innovation » et développer à long terme des compétences à forte expertise. C'est-à-dire la mise en œuvre d’une GPEC moyen terme support au développement de l’entreprise. (* P. 78) 5 Citation du Président François Mitterrand, 1993. 6 Citation de l’auteur, Philippe Askenazy, 2011. 7 Travaux des prix Nobels d’économie 2011, Thomas J. Sargent et Christopher A. Sims, recherche empirique sur la cause et l'effet en macroéconomie. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 4
  • 5. In fine, ces entreprises ne réaliseront plus d’investissement productif sur le territoire national (cas de la majorité des Groupes du CAC40 aujourd’hui) pourvoyeur d’emploi, et cela se solde en résultat final par une perte de leadership de l’économie française au sein de la compétition mondiale. ZOOM : 1976 – 1977, Raymond Barre et la politique emploi des jeunes, les pactes pour emploi 1976, R. Barre ne comprenait pas la juxtaposition des phénomènes inflation et chômage ? 1ère séquence erreur de diagnostic, stigmatisation et précarisation analysée par P. Askenasy Analyse : notre économie présente un taux chômage jeune => on a un problème jeune ! Cause : les jeunes refusent d’aller sur les métiers manuels avec un diplôme initial court Mesures : subvention pour les entreprises qui embauchent des jeunes sur cdd ou stage pour des postes manuels Résultats : en septembre 1977, les jeunes primo-accédant au marché du travail se font recruter uniquement sur ces contrats aidés (et baisse du niveau de salaire significative entre 1977 et 1976). Bilan : jusqu’à 1976, les jeunes étaient recrutés par le contrat droit commun cdi, à partir du plan Barre en 1977, sur la période 1977 – 2010, un taux de chômage élevé, une accumulation de dispositifs emploi jeune sous forme de contrat aidé sans créer réellement emploi permettant l’insertion de long terme. Erreur : le gouvernement R. Barre n’a pas su décrypter la transition économique vers l’économie de la connaissance induite par l’introduction des TIC, et le besoin de former des généralistes avec des formations initiales de haut niveau primo-accédant au marché du travail. Il a voulu régler un taux chômage élevé d’une catégorie en manipulant le marché du travail par l’introduction d’une mesure aidée. 2ème partie de la démonstration : il faut changer de paradigme économique pour relancer l’emploi8. Dans le déroulé linéaire et chronologique de sa démonstration, cette partie arrive naturellement au dernier chapitre de l’ouvrage. Afin de tirer les enseignements des erreurs de 40 ans de sous-performance en matière de politique emploi, l’auteur re-questionne l’articulation politique vs. économique, c'est-à-dire l’interaction entre les gouvernants et experts économiques pour en dégager trois hypothèses à tester : H1 : croissance et emploi vs. capacité à rénover, à innover ? H2 : rénovation des politiques économiques et d’emploi vs. rénover la méthode, sortir du cadre ? H3 : croissance économique durable vs. spécialisation sectorielle de l’économie française ? L’auteur va plus loin dans sa démarche d’hypothèses de travail à tester, puisqu’il propose dans « un acte militant d’ingénierie politique » à ses pairs de créer une rupture intellectuelle en abandonnant la doxa de 40 années de mesures d’incitations financières ou fiscales teintées de clientélisme électoral pour bâtir une nouvelle orthodoxie économique permettant d’identifier les facteurs de croissance durable, de créer et d’insérer à long terme dans l’emploi. Philippe Askenasy propose la thèse suivante : la fabrique Colberto-Gaulliste ! En économie ouverte, avec une financiarisation des flux et une parfaite fluidité des facteurs travail et capital, la France doit fixer un cap stratégique, capable de dégager un « trend » de croissance économique durable. Cette politique de croissance économique devra relancer une politique d’investissement en R & D dans les secteurs à forte accumulation de capital humain de haut niveau, permettant une série d’innovation de rupture, gage de production localisée en France de biens et services à forte valeur ajoutée. Dans une logique d’économie industrielle colberto-gaulliste, l’auteur conditionne la réalisation de ces investissements à une spécialisation sectorielle de l’économie vers des secteurs où la France « posséderait » un avantage concurrentiel et où la production rencontrerait un débouché marché basé sur un besoin universel. P. Askenasy, force de proposition, a ciblé : les secteurs de la santé* et de l’éducation de haut niveau (qualifié de tourisme universitaire par l’auteur). (* P. 292 - 303) 8 Cf. Ressources humaines pour sortie de crise, Bernard Gazier, Presses de Sciences Po, 2010. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 5
  • 6. Une posture épistémologique iconoclaste : c’est sans doute l’aspect le plus intéressant de l’ouvrage. Afin de dérouler sa démonstration, l’auteur retient un processus d’étude analytique et chronologique. Si d’un premier abord, pour le lecteur, cela parait monotone, c’est l’accumulation de faits pour construire une tendance lourde qui donne toute la force à la thèse de P. Askenasy. Ce travail d’analyse multidimensionnelle des données (en croisant étude longitudinale et transversale) permet à l’auteur d’identifier pourquoi et comment certaines fausses bonnes idées ou propositions, telles que la TVA sociale ou le salaire spécial jeune trainent par mimétisme esthétique dans l’esprit des gouvernants. Il prouve aussi les contradictions de certains hommes politiques comme JP. Raffarin, Premier Ministre, qui d’un côté bataille contre l’extension de surface commerciale créatrice d’emploi par clientélisme patronal auprès du syndicat des enseignes françaises des Grandes Surfaces Alimentaires, de l’autre par clientélisme électoral plaide en faveur du temps partiel…. des boutiques de ces mêmes surfaces dont le développement est stoppé. Plus grave, selon P. Askenasy, le poids de certains économistes, par exemple avec Edmond Malinvaud9, qui par leur croyance aveugle dans leur modèle, ont répété époque après époque les mêmes erreurs de diagnostic économique et enkyster les gouvernements français sur de mauvais chemins de développement. Les experts tardent toujours à prendre conscience qu’une transformation économique s’opère et d’en auditer les causes afin d’en tirer les conséquences en termes de politique d’emploi. Ed. Malinvaud a émis trois modèles de prévision erronée, en 1974 en tant que Directeur de la Prévision Economique, en 1981 en tant que Directeur de l’Insee et avec le gouvernement Fillon I en préconisant une massification des allègements de charge sur bas salaire. Ce travail d’archéologie, de 40 années de politique française d’emploi, valide la thèse de l’auteur d’une accumulation de micro-réformes mises en place sans réelle compréhension, par les experts et les gouvernants, des processus de transformations opérant du « jeu de mécano géant » de l’économie mondialisée. 9 Diplômé de l’École Polytechnique, ENSAE et INSEE. Il est associé à la théorie de l’école de la régulation. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 6
  • 7. 5. S’interroger sur le terrain d’analyse choisi par l’auteur (1p). Quels sont les données collectées et les instruments de traitement retenus. Quelle est la pertinence ces choix ? En mobilisant la posture scientifique de l’archéologue, P. Askenasy va mener une chronostratigraphie10 de 40 années d’empilement de politiques publiques et de mesures emploi destinées à endiguer un taux de chômage structurel élevé. Pour chaque décennie étudiée, avec un découpage de gouvernement à gouvernement, l’auteur isole les mesures d’emploi. Il mène une description interne et précise la visée opérationnelle de chaque mesure, puis vérifie ex-post la mise en place de la mesure, si les résultats empiriques obtenus sont conformes aux résultats théoriques attendus. Cette analyse transverse permet à l’auteur, de livrer un audit de premier niveau sur le type d’erreur dont a souffert la mesure, pouvant donner au lecteur un début d’analyse causale quant au taux d’échec empirique (ou de réussite, plus rare) de la mesure emploi étudiée. Un point remarquable sur la collecte des données : afin de mener son travail d’investigation, P. Askenasy, est allé rechercher les documents historiques de référence pour chaque mesure étudiée, y compris les études non diffusées à l’époque « car non politiquement correcte » mais aujourd’hui déclassifiées par les autorités (i.e. les études d’impacts d’évaluation économique des contrats aidés jeunes – R. Barre – plan jeunes 1976 - 1977). Pour compléter ce protocole d’enquête, dans un souci de vérifier la validité de ces résultats descriptifs (produits en étude transversale), à l’aide d’un plan de recherche d’analyse de données multidimensionnelles, l’auteur va réaliser une sorte « régression sur série longue de données11 », c'est-à-dire sur les 40 années qui composent le terrain d’étude. Le croisement de ces deux axes de recherche, transversale et longitudinale, permet à l’auteur de cartographier une série d’erreurs, et de tester leur effet à long terme (et combinatoire entre elles) en terme de dérèglement du marché du travail. De plus, lors de ce double processus d’étude, P. Askenasy va passer au tamis de la critique scientifique économique, l’ensemble des modèles économiques manipulés par les experts de l’époque et vérifier les fondements des théories économiques utilisées par ces derniers pour justifier l’emploi de ces modèles. Par ordre d’apparition, il pointe fausses idées, « légendes urbaines », manipulations de modèle théorique… (cf. analyse de la typologie paragraphe 6.) - La crise économique de 1974 en France est due au choc pétrolier 1973, - La supériorité de la macroéconomie sur la microéconomie, triomphalisme Ed. Malinvaud, - Le mythe du meilleur économiste de France, R. Barre, le chômage est un phénomène conjoncturel…, - La surreprésentation du paradigme de l’école de la régulation française dans les choix économiques, - L’incapacité des politiques à savoir utiliser les études économiques, 1967, le rapport Ortoli, - Le mythe du modèle économique idéal étranger qu’il faut copier à son propre marché, - L’hystérèse du taux de chômage : modèle d’analyse du marché travail insider-outsider inutilisé…, - Retour de la microéconomie pour lire le marché du travail - salaire d’efficience, Shapiro & Stiglitz, - Taux de chômage structurel : incompréhension du modèle WS-PS, relance par le déficit…, - La doxa du rapport Mattéoli : exonération de charges sur les bas salaires, - Traité de Lisbonne : aucun résultat ne légitime la soumission des états au diktat des marchés financiers, - Raffarin et De Villepin : contrat unique et le modèle d’appariement O &D de travail, - Du 11 sept 2011 à Lehman brothers, le pouvoir magique de la grande modération. Il existe des outils macroéconomiques pour corriger les crises, on peut laisser aller à la dérive les marchés financiers, - Les effets de mode qui aveuglent les gouvernants, la flexsécruité multi-solution des pays scandinaves, - Le benchmarking politique… il faut corriger les résultats des modèles économétriques pour bien comparer, - L’approche culturaliste* (Yann Algan et Pierre Cahuc), travaux non matures et recommandations hâtives, Durée de l’enquête terrain : P. Askenasy a pris 3 années pour réaliser son terrain d’enquête fouillé. (* définition : relatif au culturalisme, doctrine sociologique qui met l'accent sur l'influence des phénomènes culturels sur la société et sur l'individu) 10 Méthode scientifique au cœur de l’archéologie dont but est de classer les différentes séquences et époques des dépôts de roches en fonction de la région géologique, et finalement d’établir un registre géologique complet de le Terre. 11 Référence à son cursus initial d’économètre (mathématique décisionnelle appliquée au mécano économique). UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 7
  • 8. 6. Rappeler explicitement les principaux résultats obtenus par l’auteur au terme de son travail (2-3p) et boucler avec l’ensemble du processus d’analyse critique : le travail proposé débouche-t-il sur un (des) réponse(s) ? Les réponses sont-elles cohérentes avec le protocole d’études et quels rapports entretiennent- elles avec l’état de la connaissance ? Mondialisation et emploi : les effets sur les politiques d’emploi du « village Gaulois France » Depuis le début des années 70, l’économie de marché ouverte a connu un processus continu de transformation du capitalisme. Durant cette longue période étudiée 1970 – 2010, il y a eu différentes transitions d’un mode économique à un autre, où le moteur de la création de richesse a lui-même muté, ce que l’auteur appelle la théorie de la contingence historique. Dans ce nouvel ordre économique mondialisé et tout au long de cette période, la France a été incapable des maintenir une croissance durable et incapable de saisir les opportunités des reconfigurations. Chômage de masse et croissance essoufflée ont épuisé le monde du travail. Les travailleurs français ont été incapables de reconquérir un rapport de force équilibré au profit du couple gouvernants-patronats qui se sont organisés durant ces décennies pour créer les conditions du maintien de ce statut quo. Au final, les travailleurs français ont accumulé des situations d’usure car la situation du travail dans l’entreprise est liée à la situation de l’emploi, elle-même intimement liée à la politique d’emploi des différents gouvernements. Ce bilan final enkysté de sous performance du couple (croissance, chômage)12, trouve son origine, dans l’absence de cadre d’analyse pertinent et mobilisé par les gouvernants, de chaque époque, qui n’ont pas réussi à saisir et à analyser les conséquences issus du processus de transformation du capitalisme. Le fil conducteur qui maille cette accumulation de 40 années d’erreur, a été motivé par l’obsession de tous les gouvernements successifs de prendre des mesures d’emploi visant le retour court terme au plein emploi. De son terrain d’enquête, P. Askenasy construit une typologie organisée selon 3 grands types d’erreurs et dont le plus petit dénominateur commun est la mauvaise anticipation des conséquences de long terme des choix de politiques (économie et d’emploi) que les gouvernants prendront. Type 1 : les erreurs fondamentales de diagnostic - Absence de détection du processus de transformation du capitalisme (syndrome Ortoli13), - Absence d’investissement en éducation, en R&D et une démocratisation scolaire tardive, - Prise en compte tardive de l’économie de la connaissance (15 années après les USA*), Type 2 : les erreurs d’enfermement politique - Les politiques d’emploi catégorielles (immigrés, jeunes, femmes et seniors), - Le piège du temps politique court qui rend impossible toute action d’insertion durable dans l’emploi, - L’accumulation de dispositifs hétéroclites qui se neutralisent et dont le coût interdit de faire autre chose, Type 3 : les erreurs politiques - Le temps partiel contraint des femmes et des travailleurs pauvres (problème social difficile à déconstruire), - La doxa du modèle vertueux et le comportement mimétique (effet de mode), - Le clientélisme électoral et les activeurs de fausse bonne idée (TVA sociale), L’ensemble des résultats opérationnels de l’enquête terrain mis à jour par l’auteur est synthétisé dans le tableau synoptique de la page suivante. (* P. 180) 12 En décembre 2010, la France métropolitaine comptait 4.18 millions de demandeurs d’emploi, c'est-à-dire 9,1% de la population active (privé + public). 13 Voir le rapport Ortoli - page 50. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 8
  • 9. Bilan des politiques économique et d’emploi : 1970 - 2010 politique économique politique d'emploi stimuler la croissance économique alléger et flexibiliser le coût du travail modèle outil résultat modèle outil cible résultat effets pervers 1970 - 1986 transitions, révolutions industrielles, productivité refonte organisation et intensification du travail, inégalités salariales 74-76 : chirac relance macroéconomique flexsécurité échec immigrés stigmatisés précarisation, stigmatisation - 76-81 : barre gestion déficit public stabilité monétaire échec contrats aidés PACTES jeunes échec désordre LT effet aubaine employeur - 81-84 : mauroy relance macro (keynes.) transfert sociaux échec éviction 50 ans Préretraites Etat seniors 84 : 700 000 sorties de l'emploi réduire main d'œuvre précarisation, stigmatisation - 84-86 : fabius rigueur + taxation lutter inflation échec contrats aidés TUC jeunes heure travaillée payée en-dessous smic désordre LT 1986 - 1993 modèle pensée néolibérale modèle WS-PS : allégement des cotisation sociales bas salaires affaiblissement LT cdi droit 86-88 : chirac réduire place état ( Thatcher) actionnariat échec salaire efficience Intérim flexibiliser le contrat travail commun précarisation, stigmatisation - 88-91 : rocard immobilisme économique CSG (protec. Sociale) échec contrats aidés CES (+ RMI) jeunes échec désordre LT 91-92 : cresson immobilisme économique échec copier le miracle Polder substitution tps plein en tps partiel+ tps travail subi femmes - 92-93 : bérégo. acceptation hypo libérale échec temps partiel allegt CS (30%) femmes (Pays-Bas) création marché (L) secondaire impact majeur 1993 - 2002 déclin technologique de la France et choix emploi non qualifié allégement des cotisations sociales bas salaires et réduction du temps de travail relance macro + échec + exo. charge basse qualification précarisation, stigmatisation - lâcher le déficit bud. contrats aidés CIP jeunes désinvestissement en R&D Ct(L) désordre LT 93 - 95 : balladur échec précarisation, stigmatisation - réforme retraite seniors baisse pension et hausse cotisation désordre LT baisse structurelle coût heure 95 - 97 : juppé clientélisme électoral loi urbanisme GSA échec massifier allègement de charge Ct(L) travaillée précarisation, stigmatisation - myopie (autoroute info.) Ed. Malinvaud échec contrats aidés Emplois Jeunes jeunes échec + polit. allégement de charges Ct(L) désordre LT 97 - 02 : jospin affaiblissement pouvoir négo réduction tps travail Loi 35 H (forcée) flexibilisation des rémunérations salarié - LT 2002-2007 la grande modération macroéconomique appariement, multiplication désordonnée dispositif et détricoter 35H diktat traité Lisbonne (+ substitution h. supp - création clientélisme électoral détricoter 35H extension H. supp allegt charge fillon + reduct. CS miracle Irlandais) emploi / LT 02 - 05 : raffarin échec accélérer sortie senior pour réforme retraite surcote / décote seniors développement retraite maison employeur / LT précarisation, stigmatisation - croissance zéro échec contrats aidés CPE jeunes échec désordre LT 05 - 07 : villepin affaiblissement pouvoir négo modèle appariement Plan Cohésion Social échec : accumulation outils hétéroclites salarié - LT 2007- 2010 volontarisme et redistribution vers les entreprises multiplication désordonnée dispositif et allégement des cotisations sociales bas salaires idéologie : travailler (+) tps plein homme et tps partiel myopie crise financière en finir avec 35 H TEPA femmes exo IR et CS des heures supplémentaires Evaluation ?? pour gagner (+) femme - (++) LT effet aubaine employeur - 07 - 11 : fillon intervention multiplier outils accumulation outils hétéroclites baisse Ct(L) affaiblissement pouvoir négo diktat notation AAA et BCE réforme à marche forcée réforme retraite privé & public seniors baisse pension et hausse cotisation salarié - LT UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 9
  • 10. Au terme du terrain d’enquête, P. Askenasy tire des enseignements pour l’avenir. En matière de politique d’emploi, les gouvernants doivent avoir une vision globale et déployer une politique de long terme basée sur des résultats économiques scientifiques. Il faut sortir des équations et renoncer à découper en petits morceaux les politiques économiques discutées entre l’Insee et Bercy. Il faut définitivement renoncer aux paradigmes historiques, confortables par paresse intellectuelle, d’énoncer que la cause première du chômage vient d’un coût trop élevé du facteur travail et que seules les politiques de gestion de stock d’emploi sont actionnables sur le marché français du travail. Sur le critère de l’efficacité des mesures d’emploi étudiées, malgré un certain traitement social du chômage en développant une forme d’employabilité des demandeurs d’emploi14, l’auteur n’a pas été identifié de mécanisme de correction à long terme et durable des difficultés d’insertion dans l’emploi rencontrées par les catégories stigmatisées lors de leurs entrées sur le marché du travail. P. Askenasy conclut que lors d’observation de politique emploi de précarisation auprès d’une catégorie stigmatisée, il est très difficile d’inverser le comportement des entreprises d’utiliser ce mode de fonctionnement auprès de cette catégorie. La durée moyenne de 5 années a été observée comme nécessaire pour corriger ce type d’effet pervers. Sur le critère du rendement des mesures d’allégement fiscalo-social dont les entreprises se sont rendues dépendantes15 au fil du temps, ces mesures créent de l’emploi mais sont financièrement ruineuses pour les finances publiques. Les économies générées par l’arrêt de ces emplois subventionnés permettraient de financer une véritable politique de recherche publique fondamentale en France, et in fine de produire des innovations et de vrais emplois associés. Eléments de langage contre l’obsession d’abaisser le coût et de flexibiliser le facteur travail : sous la forme d’une leçon inaugurale, P. Askenasy alerte économistes et gouvernants sur l’erreur fondamentale et enkystée de croire qu’une relance économique associée à une lutte efficace contre le chômage puisse se faire en tordant le fonctionnement du marché du travail notamment en cherchant par tous les moyens à abaisser le coût du travail, à développer les emplois non qualifiés et au final à flexibiliser le marché du travail. Il met en garde quant aux limites d’exploitation des modèles d’appariement16 (et ceux de la flexsécurité), dont les dernières applications* en France, ayant eu pour objectif d’introduire un coin dans le contrat de droit commun C.D.I. n’auront aucun effet d’action contre les causes profondes du chômage. Pour l’auteur : « la flexibilité du marché du travail est atteinte partout sans avoir tenu sa promesse d’amélioration des opportunités d’emploi* ». (* Contrat Nouvelle Embauche, fusion ANPE et Assedic dans Pôle Emploi et la rupture conventionnelle du contrat de travail) En contrepoint, P. Askenasy plaide pour une planification décennale de l’Etat Stratège qui viserait la mise en place de véritables filières technico-industrielles d’inspiration Colberto-Gaulliste. Pour réussir ce projet industriel de « l’entreprise France », il préconise une spécialisation sectorielle de l’économie vers les secteurs de la santé et de l’économie de la formation (i.e. le tourisme universitaire) où la France posséderait un avantage concurrentiel et répondant une demande mondialisée de besoins universels. De ce postulat, il développe les thèmes qui lui sont chers et qui seraient les variables d’action au service de ce scénario « d’un trend durable de croissance », c'est-à-dire : effort d’investissement dans la recherche publique, programme d’éducatif visant l’excellence des formations généralistes, arrêt du démantèlement des services publics les plus performants**, véritable politiquement d’emploi visant le développement du capital humain et à la reconstruction du collectif de travail au sein de l’entreprise. En filigrane de ce faisceau de réponses inférées, l’auteur laisse le lecteur appréhender la problématique de « justice sociale » et propose de revisiter l’enseignement majeur de la Crise de 1929 aux USA. C'est à dire, non pas la gestion d’un Krach boursier mais la gestion d’une montée spectaculaire des inégalités de patrimoine. A long terme devenant une situation intenable, l’Etat Fédéral a été obligé d’intervenir via une politique volontariste de transferts sociaux. N’est-ce pas là le seul objectif d’une politique active d’emploi réussie ? Donner une respiration à l’économie, donner une respiration à l’entreprise et donner une respiration au salarié. (* P. 277 - ** P. 245) 14 Page 146, pour approfondir ce point, cf. Que sais-je ? Christine Ehrel sur Les politiques de l’emploi, Puf, 2009. 15 L’enfermement dans le piège de l’effet d’aubaine. 16 Dale Mortensen et Christopher Pissarides étudient les raisons pour lesquelles le lien entre Offre et Demande (L) ne se fait pas de façon optimale. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 10
  • 11. 7. Et si le lecteur reprenait la question de l’auteur (1p) ? Quelles seraient les modifications qu’il pourrait apporter à l’ouvrage dans sa conception, dans son organisation, dans ses références, dans son terrain, Concernant la forme de l’ouvrage et la démonstration associée, j’aurais préféré que l’auteur facilite la lecture en n’ayant pas recours à « un inventaire à la Prévert » de l’ensemble des outillages emploi mobilisés, oubliant dans certains cas d’analyser en profondeur les mécanismes pour eux-mêmes. Un outil du type analyse comparée avec l’utilisation de critères pertinents aurait permis de dégager une lisibilité synthétique et systémique de 40 années étudiées. En revanche, sans tomber dans le biais méthodologique, il aurait été plus astucieux de la part de P. Askenasy, dans la présentation des résultats qui corroborent sa thèse, de ne pas mélanger et de ne pas mettre au même niveau les erreurs de prévisions macroéconomiques, les erreurs de diagnostic, la mauvaise utilisation des modèles employés et la mobilisation dévoyée de théories économiques pour justifier une décision politique. Une hiérarchie à deux positions aurait pu renforcer la démonstration. Au « sein d’un échelon basique », serait regroupé tout ce qui entre dans le registre de l’erreur d’analyse et de diagnostic, dans un degré supérieur qualifié de plus impactant pour le marché de l’emploi, serait regroupé tout ce qui relève de l’ingénierie sociale et financière utilisable par les décideurs publics. Dans la partie de sa démonstration concentrée sur les préconisations et moyens d’actions à mettre en œuvre pour rendre performante l’action du gouvernant pour le projet France, je trouve que P. Askenasy reste trop dans la description ethnographique (du type publi-reportage promotionnel) de ce qu’il faudrait faire sans justifier les fondements méthodologiques de cette possible politique française de croissance. L’argumentation proposée par l’auteur reste trop généraliste, elle n’apporte pas d’utilité sociale17 à la compréhension des problèmes à résoudre dans le débat relancé de croissance et emploi. En quelque sorte, le lecteur a l’impression que l’économiste P. Askenasy tombe dans les mêmes erreurs de ses pairs économistes qu’il dénonce. P. Askenasy « dit quelque chose sur les thèmes à la mode croissance et emploi », non pas pour résoudre la situation mais pour justifier qu’il appartient à une école de pensée économique. Ecole de pensée économique non explicitement déclinée, car à la fin de l’ouvrage, le lecteur ne sait toujours pas à quelle école rattacher Philippe Askenasy… Egalement, je m’étonne de l’opérationnalité de la spécialisation sectorielle proposée pour un projet stratégique dont l’objectif moyen terme est de mettre en place une véritable filière industrielle. Ces deux choix sont facilement réfutables. Pour le domaine de la santé, nonobstant une balance commerciale française excédentaire sur le marché européen des soins, l’accumulation des désorganisations engendrées par l’application de la loi des 35 Heures à l’hôpital public puis du projet actuel « loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires » ne permet pas de conclure à l’existence d’un avantage concurrentiel, car nul ne sait aujourd’hui quel sera le niveau de performance de notre système de soins à l’horizon 2020. Pour le tourisme universitaire, au regard des réformes en cours des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES*) et autonomie des Universités, certains économistes de l’éducation affirment que ce tourisme pourrait rapidement se transformer en scénario low-cost18. Dans les deux cas, exprimés en termes de politique industrielle, on peut opposer à l’auteur que son modèle de développement conduit le territoire national à devenir le parc d’attraction au service de l’économie mondialisée. La Fabrique de l’industrie française : faut-il se résoudre au déclin de l’industrie française, absolument non ! Voulant peser sur le débat présidentiel 2012, en tant que spécialiste du marché du travail, Philippe Askenasy a bien détaillé l’erreur historique des gouvernants associés au patronat français de se focaliser sur le coût du travail en recourant à la massification de l’allègement de charge sur les bas salaires et basses qualifications. (* P. 203) 17 «… L’économie est une science et doit répondre à la demande sociale … » - Economics: an Introductory Analysis, Paul Samuelson (US) - 1948. 18 Rapport OCDE – Regards sur l’éducation – Ed. 2011 => http://www.latribune.fr/static/pdf/rapport_OCDE_13092011.pdf. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 11
  • 12. Par contre, il aurait dû investiguer plus loin dans son analyse, élargir son champ d’investigation19 exclusivement centré sur le marché du travail et notamment étudier comment cette politique horizontale fiscalo-sociale a profité au secteur des services au détriment du secteur industriel, c'est-à-dire comment une politique horizontale s’est substituée à une politique verticale de filière industrielle amont – aval. Hors, cette situation singulière de capitalisme à la française n’est pas homogène au sein des pays occidentaux20. Certains champions de la zone des pays économiquement avancés ont lancé à la fin des années 90, le « made in here » pour redéployer, en amont, leur filière industrielle vers des secteurs à fort investissement capitalistique et à fort investissement en formation dans le capital humain. On peut citer l’Allemagne pour le secteur automobile et les USA pour l’efficience énergétique et les matériaux avancés. Pour ces pays, «il s’agit de créer un nouveau modèle productif afin de retrouver un avantage concurrentiel par rapport aux pays émergents»21. D’où cela vient-il ? Sans recourir à l’argument des coûts unitaires salariaux structurellement bas pour l’Allemagne* depuis 10 ans, comment peut-on expliquer la performance industrielle allemande dans le secteur automobile face aux constructeurs français dans les pays émergents ? Raison 1 : face à la mondialisation, la politique commerciale allemande est pilotée par le patronat allemand (en y associant les puissants syndicats salariés), et non par la Chancelière Angela Merkel. Le secteur automobile est considéré stratégique et tous les opérateurs industriels du secteur automobile (constructeurs et sous-traitants) sont au service du projet Allemagne et avancent en rangs serrés. Raison 2 : « être productifs et chers ! » Les patrons automobiles allemands ont fait le bon choix de positionnement marché, de véhicule haut gamme, à forte innovation technologique et apportant des services de valeur aux consommateurs finaux. Du point de vue de l’organisation de la production, ce sont les ouvriers allemands qui finalisent le « fine tuning » d’ensembles de pièces produits par des sous-traitants à bas coût situés dans les pays de l’ancien bloc soviétique. Selon les patrons allemands, ce travail de bon choix du couple (position concurrentiel, marché) a permis de construire une stratégie industrielle vertueuse qui valorise la compétence humaine à forte valeur ajoutée opérationnelle et rend pérenne à long terme une production localisée sur le territoire allemand. «… en aucun cas, pour des choix aussi stratégiques, nous aurions laissé faire le gouvernement22 … » Certains patrons français semblent avoir retenu la leçon et ne souhaitent pas l’intervention de l’Etat Stratège en matière de choix de politique industrielle, et en particulier pour le secteur des industries de pointes. Notons, le lancement d’un Think Tank « la Fabrique de l’industrie23 » présidé par Louis Gallois, dont la mission sera «… d’apporter des réponses aux grandes enjeux de l’industrie… » En conclusion, au moment où l’économie capitaliste connait une nouvelle mue qui risque de modifier le marché du travail en profondeur, afin d’éviter « les actes chirurgicaux » néo-libéraux préconisés par le F.M.I., l’économie française doit réinventer son avenir industriel. Investir dans la science, préparer les industries que nous maitriserons réellement dans 20 ans et organiser le prochain système éducatif capable de produire le capital humain qualifié et nécessaire pour réaliser ce « nouveau grand plan industriel pour la France ». Il est urgent pour notre économie, telle une oligarchie pétrolière, de sortir de l’exploitation de la rente du TGV, de l’Airbus et du Téléphone issus des investissements réalisés à la fin des Trente glorieuses. Ne laissons plus les Chinois nous qualifier de romantiques, ne laissons pas les chinois réinventer le 21ème siècle à notre place. Les décennies aveugles, emploi et croissance 1970 – 2010, la perspective historique d’un ouvrage qui compte pour qui veut prendre le temps de le lire pour en tirer des enseignements ! (* Pour ce point, cf. http://www.coe-rexecode.fr/public/Espace-Presse/Coe-Rexecode-dans-les-medias/Le-rapport- Competitivite-France-Allemagne-dans-les-medias) 19 e Cf. les matrices d’analyse stratégique et scénarii d’actions identifiés dans les stratégies des RH, Bernard Gazier, La découverte, Repères, 4 éd., 2010. 20 Au sens des travaux Esping Andersen sur la diversité des capitalismes, Les trois mondes de l’Etat-providence, PUF, 2003. 21 Jean-Hervé Lorenzi, le monde économie, Mardi 11 octobre 2011. 22 Le président du directoire de Volkswagen, Martin Winterkorn, reuters, 14 février 2009. 23 Patronat, l’industrie lance son think tank, les échos, page 6, le mardi 11 octobre 2011. UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 12
  • 13. ANNEXES Sommaire, in extenso page 11 Résumé de l’ouvrage page 13 UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 13
  • 14. TABLE DES MATIERES introduction 7 Ch1. Une révolution industrielle américaine 17 Ch4. 1986-1993 : du libéralisme dur au libéralisme 121 soft 1970 17 L'eurosclérose et l'hystérèse 122 Les TIC : une Generale Purpose Technology 22 Une agitation libérale 126 Une chute transitoire de la productivité 23 …sans objectif industriel 130 Inflation et désinflation 26 L'immobilisme économique rocardien 132 Changements organisationnels et précarisation 28 Le RMI 135 Désyndicalisation 31 L'"enrichissement" de la croissance en emplois 137 Mouvements capitalistiques, "On a tout essayé" 144 Financiarisation et mondialisation 34 Montée des inégalités et érosion du travail Ch5. 1993-2002 : de "nouvelles" politiques efficaces ? 145 Face au capital 38 Les experts pour une nouvelle politique de l'emploi 146 Un schéma politique commun 41 Balladur et Juppé: libéralisme, Royaume-Uni : le choix de l'industrie financière 42 "expertocracie" et clientélisme 150 Le rapport Ortolli de 1967 50 La gauche plurielle: ruptures et continuité face à la nouvelle économie 165 Ch2. 1974-1981 : les politiques déformatrices 55 Des records de créations d'emplois Des déséquilibres naissants… 56 grâce aux allègements Juppé et aux 35 heures 176 … et des connaissances limitées 57 Un déclin technologique amorcé 180 Les débuts hésitants de la présidence Giscard 59 - Stop and go 59 Ch6. 2002-2007 : la décomposition 189 - L'indépendance énergétique 63 La "grande modération" 190 - La politique d'immigration : un choix structurant 64 Chassé-croisé politique en Europe 191 La politique délétère de Raymond Barre 68 La stratégie européenne 195 - Une austérité isolée et une explosion Le détricotage des 35 heures 196 Des prélévements obligatoires 70 Continuités 201 - La stigmatisation des jeunes 75 La réforme Fillon des retraites 204 - La précarisation de l'emploi des jeunes 77 Le délitement de la politique de l'emploi 206 - Le recours au CDD facilité Les échecs du CNE et du CPE 209 et des industries sous perfusion 86 Le bestiaire des mesures pour l'emploi 88 Ch7. 2007-2010 : l'avalanche 213 Crise du capitalisme, crise des idées 214 Ch3. 1981-1986 : de la rupture aux abandons 93 L'optimisme initial 219 Règle et discrétion 94 Entre idéologie et pragmatisme, La relance de 1981-1982: une politique machiste et risquée 221 un environnement international inattendu 98 La fonction publique sabrée 226 Nationalisations et déficit public 101 Des mesures d'urgence 227 La France isolée 102 Des réformes au long cours 230 1982-1986: de la rigueur Une réforme des retraites inégaliatire 232 à la désinflation compétitive 104 De coûteuses mesures fiscales Travail, emploi, industrie: à l'efficacité douteuse 236 des politiques entre ambitions et conservatismes 108 La recherche prioritaire ? 238 Le tournant libéral de la gauche socialiste 110 Un Crédit d'impôt recherche généreux 240 La relance de l'éducation 111 La France fracturée 245 L'abandon des 35 heures 113 Réduire la main d'œuvre 116 Un bilan décevant mais de nouveaux droits 118 UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 14
  • 15. Ch8. 2011-2020 : nouveaux paradigmes 247 Rétablir la monarchie ! 249 Que faire ? 255 L'emploi dans les grandes économies européennes 260 Chômage des jeunes: un mal français ? 264 L'emploi des séniors "sinistré" 273 La politique de l'emploi coincée 276 Pour la croissance de la décennie 2011-2020: une économie des besoins 279 Besoins éducatifs ou solution verte ? 282 L'industrie de la formation supérieure et l'innovation 290 Les besoins de santé 294 Conclusion 305 Remerciements 309 UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 15
  • 16. Résumé TABLE DES MATIERES P RESUME / DEMARCHE / IDEES CLEFS le taux de chômage élevé en France est un mal français, le mal des travailleurs français sous-productifs? FAUX! le diagnostic introduction 7 emploi trop rapide des gouvernants français depuis 40 ans trouve son origine dans l’absence de compréhension des transformations du capitalisme et dans l’absence de vision stratégique industrielle moyen terme. Ch1. Une révolution industrielle américaine 17 la transformation du facteur travail s’explique par une financiarisation et une mondialisation de l’économie (1965) 1970 17 baisse des taux de productivité au sein de l’industrie US, datation du passage du fordisme à new economy (1970) Les TIC : une Generale Purpose Technology 22 grâce aux TIC : prédominance du modèle productif US qui fixe les standards d’organisation, du travail et du social er Une chute transitoire de la productivité 23 à LT, indicateur de productivité totale des facteurs augmente aux USA, datation du 1 choc transitoire de productivité Inflation et désinflation 26 les politiques économiques sont à l’unisson : stabiliser l’inflation due à un cycle technologique trop rapide Changements organisationnels et précarisation 28 segmentation et précarisation du marché de l’emploi, justification de l’articulation marché interne – externe du travail Désyndicalisation 31 ses changements organisationnels empêchent le collectif de travail et émiettent le poids syndical Mouvements capitalistiques, la montée des TIC enclenche un processus de privatisation du capital des secteurs traditionnels ère Financiarisation et mondialisation 34 la 1 révolution numérique (chipset) induit une accélération et une mondialisation de l’investissement capitalistique Montée des inégalités et érosion du travail conséquences : effondrement des salaires bas, explosion des salaires de la finance, explosion des inégalités salariales Face au capital 38 Salariés : peur du déclassement et effort d’éducation vs. Employeurs : exigence accrue en termes de polyvalence salarié Un schéma politique commun 41 casser l’inflation, lutter contre le chômage de masse, accélérer la transition économique par spécialisation sectorielle Royaume-Uni : le choix de l'industrie financière 42 stratégie industrielle Thatcher : socle technique et fiscal pour développer l’industrie financière : naissance de la City (80) Le rapport Ortolli de 1967 50 en dépit d’un projet de flexsécurité, les gouvernants se sont enferrés à résoudre les chocs macroéconomiques (pétrole) Ch2. 1974-1981 : les politiques déformatrices 55 gouvernement après gouvernement : cadre d’analyse et d’action de politique emploi inadapté aux mutations écono. er Des déséquilibres naissants… 56 arrivée des baby-boomers : obsession d’une gestion de stock d’emploi, les seniors, par le 1 dispositif de préretraite … et des connaissances limitées 57 arbitrage macroéconomique inflation vs chômage difficile à tenir : baisse tx productivité vs hausse chômage, inflation Les débuts hésitants de la présidence Giscard 59 triomphalisme de l’expert économique Ed. Malinvaud : logique de planification éco. et grands équilibres macroéco. - Stop and go 59 application d’instruments macroéconomiques pour une série des chocs conjoncturels : inflation, crise, chômage… - L'indépendance énergétique 63 obsession de l’indépendance énergétique vis-à-vis du monde arabe : polytechniciens et filière industrielle nucléaire - La politique d'immigration : un choix structurant 64 le gouvernement Chirac : stigmatise l’immigration nord-africaine comme solution pour résorber le chômage français La politique délétère de Raymond Barre 68 R. Barre, meilleur économiste de France impose à marche forcée : une économie bridée et une stabilité monétaire - Une austérité isolée et une explosion 2 priorités des priorités : limiter l’inflation et réduire le déficit public Des prélévements obligatoires 70 comment : systématiser les prélèvements obligatoires auprès des entreprises et particuliers (se traduira par un échec) - La stigmatisation des jeunes 75 tx chômage élevé des jeunes, la solution miracle : il faut obliger les jeunes à se tourner vers les métiers manuels - La précarisation de l'emploi des jeunes 77 comment : subventionner auprès des entreprises les contrats aidés, cdd et stages pour flécher les emplois jeunes (77) - Le recours au CDD facilité introduction de la massification des exonérations de charges fiscales - sociales : effet d’aubaine pour les employeurs et des industries sous perfusion 86 loi 3 jan 79 : usage cdd pour des emplois permanents, sans limitation dans la durée et de renouvellement Le bestiaire des mesures pour l'emploi 88 accumulation de mesures pour contrer le chômage permanent : précarisation & transfert charges sociales privé - public UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 16
  • 17. Ch3. 1981-1986 : de la rupture aux abandons 93 gérer l’héritage Giscard-Barre : rétablissement des comptes publics et flexibilisation du marché du travail Règle et discrétion 94 invariant du gouvernement Mitterrand : incapacité à lire et à comprendre le mécano économique mondial La relance de 1981-1982: engager une relance massive par augmentation des minimas sociaux et réduction du temps de travail un environnement international inattendu 98 nouveau paradigme monétaire de la FED (US) : modifier les anticipations des agents économiques Nationalisations et déficit public 101 36 banques + 5 groupes industriels nationalisés – transferts sociaux financés par taxes sociales et fiscales La France isolée 102 Mauroy : échec de la politique de relance éco. par le déficit public face à la restriction monétaire de la FED 1982-1986: de la rigueur Fabius : lutte contre l’inflation, baisse des dépenses publiques et taxation des hauts revenus à la désinflation compétitive 104 Fabius : désindexation salaire et inflation, basculer les cotisations sociales vers TVA (ie TVA antidélocalisation) Travail, emploi, industrie: résultats : inflation maîtrisée, déficits publics, faible croissance et faible création d’emplois des politiques entre ambitions et conservatismes 108 loi Auroux (82) - transformation des relations sociales vs. enkystement des jeunes dans la précarisation Le tournant libéral de la gauche socialiste 110 ouverture du marché bancaire, désintermédiation et internationalisation des capitaux – CAC40 La relance de l'éducation 111 80% d’une classe d’âge avec Bac, chômage des jeunes par contrat aidé TUC et le travail payé en-dessous du smic L'abandon des 35 heures 113 réduction temps travail contre hausse de la productivité horaire – blocage négociation 35H jusqu’à 1997 Réduire la main d'œuvre 116 généralisation des préretraites publiques : effet aubaine employeur pour réduire la main d’œuvre : 700KConvent. (84) Un bilan décevant mais de nouveaux droits 118 en terme de création d’emploi : bilan gauche = bilan droite, mais Lois Auroux redonne du poids au salarié Ch4. 1986-1993 : du libéralisme dur au libéralisme soft 121 consensus national, gauche et droite convertis au miracle UK « il faut copier le modèle du tout marché » L'eurosclérose et l'hystérèse 122 retour de la théorie microéconomique : Shapiro & Stiglitz - salaire d’efficience, Lindbeck & Snower – insider vs. outsider Une agitation libérale 126 Chirac : singer le modèle libéral Thatcher UK, réduire le tout Etat et transformer la relation d’emploi (intérim) …sans objectif industriel 130 frénésie libérale, mais absence de projet d’investissement pour une filière industrielle LT créatrice d’emplois L'immobilisme économique rocardien 132 absence de projet éco, privatisations gelées et exonérations de charges contrats aidés jeunes confortés Le RMI 135 massification des entrées dans le dispositif RMI mais sans réel parcours d’insertion professionnelle à l’emploi L'"enrichissement" de la croissance en emplois 137 favoriser le temps partiel des emplois féminins pour les employeurs du secteur commerce (alimentaire) "On a tout essayé" 144 bilan période Mitterrand : défaitisme économique, stigmatisation et précarisation des emplois jeune / femme UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 17
  • 18. Ch5. 1993-2002 : de "nouvelles" politiques efficaces ? 145 bilan 30 ans politique d’emploi : baisse coût et temps travail, avec stigmatisation de catégories de population Les experts pour une nouvelle politique de l'emploi 146 face à la mondialisation, les stratégistes de l’OCDE préconisent une baisse salaires et une flexibilité temps travail Balladur et Juppé: libéralisme, relance de l’emploi français par une gestion du stock d’emploi et une baisse du coût du travail "expertocracie" et clientélisme 150 doxa du rapport Mattéoli : exonération de charges sur les bas salaires, baisse prix smic, contrat unifié La gauche plurielle: ruptures et continuité lobbying des enseignes GSA française et Raffarin : loi urbanisme commercial… frein création d’emploi face à la nouvelle économie 165 la France 97 : 10 ans de retard technologique face aux autoroutes de l’information Clinton & Gore Des records de créations d'emplois Jospin : privatisation entreprises publiques et gonflement bulle internet sans voir la réalité éco. sous-jacente grâce aux allègements Juppé et aux 35 heures 176 exonérations charges et effet aubaine 35H : barrière à l’entrée renforcée pour primo-accédant marché du travail Un déclin technologique amorcé 180 investissements R&D des USA, secteurs TIC & Biotechnologies versus sous-investissement Etat français Ch6. 2002-2007 : la décomposition 189 2002-07 Chirac : sclérose de l’analyse du marché du travail et prolifération désordonnée de dispositifs La "grande modération" 190 du 11 sept à Lehman Brothers : existence d’outils macroéconomiques qui régulent les crises systémiques Chassé-croisé politique en Europe 191 UK : relance emploi public, Allemagne : flexibilisation marché travail, France : réduction coût travail La stratégie européenne 195 traité de Lisbonne : découplage des politiques emplois des Etats des mécanismes de l’économie réelle Le détricotage des 35 heures 196 rapprochement Droite et Medef : revenir à 39H/sem et massification des allégements de charges Fillon Continuités 201 Droite & Gauche : réduction du coût du travail et précarisation des bas salaires sans création d’emplois La réforme Fillon des retraites 2003 204 résultats : fin des préretraites Etats mais + 100 000 préretraites maison (ent.) : taux emploi senior inchangé Le délitement de la politique de l'emploi 206 Raffarin & Villepin : accumulation hétéroclite de recettes emploi > effet aubaine pour les employeurs Les échecs du CNE et du CPE 209 obsession de fluidifier l’appariement employeur et salarié : le contrat unique doit rapprocher O & D de travail Ch7. 2007-2010 : l'avalanche 213 depuis 2007, l’économie mondiale tourne à plein régime sauf pour la France… Crise du capitalisme, crise des idées 214 système financier mondial sauvé par les pouvoirs publics : crise des outils d’analyse économique pertinents ! e L'optimisme initial 219 Fillon I & II : ministère du travail le plus instable de la 5 République, politique de l’emploi partisane (Pr.) Entre idéologie et pragmatisme, travailler plus pour gagner plus : effet délétère loi TEPA pour les salariés, effet d’aubaine pour les employeurs une politique machiste et risquée 221 accroissement inégalités outsiders / insiders et inégalités de genre au détriment du tx d’emploi des femmes La fonction publique sabrée 226 RGPP : dégradation du service public rendu liée à la règle du non remplacement d’1 sur 2 fonctionnaires Des mesures d'urgence 227 accumulation de mesures impuissantes face à la crise : prime à la casse, RSA, apprentissage, alternance… Des réformes au long cours 230 empilement de mesures LT non applicable à CT : Rapport Attali, Loi du 20 août 08 – représentation syndicale… Une réforme des retraites inégaliatire 232 pour tenir la notation AAA, Fillon & Sarkozy réalisent la réforme des retraites la plus dure en Europe De coûteuses mesures fiscales alignement de la baisse TVA restauration, sur TVA Bâtiment contre hypothétique création d’emplois… à l'efficacité douteuse 236 … et baisse de l’addition client dans l’hôtellerie : résultat - Coût = 100 KE / an / création d’emploi La recherche prioritaire ? 238 restructuration de la recherche fondamentale publique … au profit d’une recherche appliquée privée Un Crédit d'impôt recherche généreux 240 les entreprises bénéficiaires (pharma) par ingénierie financière du CIR réalisent les plus gros profits CAC40 La France fracturée 245 accumulation d’effets pervers de mesures emploi : précarisation des salariés pauvres et chômage de masse UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 18
  • 19. Ch8. 2011-2020 : nouveaux paradigmes 247 hybridations des formes de crise : industrielle, financières et inégalités de redistribution de la valeur ajoutée Rétablir la monarchie ! 249 traiter défiance de la société française par l’établissement d’une monarchie constitutionnelle nordique Que faire ? 255 l’analyse des modélisations économétriques ne valide pas la supériorité de la flexsécurité scandinave L'emploi dans les grandes économies européennes 260 en terme de résultats politique emploi (biais corrigés) : Lombardie (Italie) > Suède (étalon flexsécurité) Chômage des jeunes: un mal français ? 264 tx enkysté du chômage jeune s’explique par 40 ans cumulés du modèle emploi de modération salariale L'emploi des séniors "sinistré" (France) 273 tx emploi des seniors (+) faible d’Europe résulte de 40 ans de politique emploi d’éviction des seniors au travail La politique de l'emploi coincée 276 fin des obsessions Plein Emploi et Education quantitativiste pour une stratégie industrielle LT avec fort (I) R&D Pour la croissance de la décennie 2011-2020: arrêter de financer les niches fiscalo-sociales pour inverser l’utilisation low-cost du travail par les employeurs une économie des besoins 279 le plan stratégique de politique emploi doit répondre aux besoins réels de l’économie de compétences à forte v.a. Besoins éducatifs ou solution verte ? 282 une croissance LT, l’Etat doit se spécialiser sectoriellement là où la France possède un avantage concurrentiel… L'industrie de la formation supérieure (secteur 1) … mettre en place une économie de l’éducation supérieure associée à un tourisme universitaire de masse (label) et l'innovation 290 relancer le « pipe » de l’innovation par des investissements massifs dans la recherche fondamentale labos publics Les besoins de santé (secteur 2) 294 Faire du système médical français performant, l’hôpital de l’Europe : investir dans l’hôpital public – centre rech. décennie après décennie, par son jeu d’apprenti sorcier à la poursuite du modèle économique vertueux-résilient, le village Conclusion 305 gaulois France est incapable de saisir les opportunités de reconfiguration du capitalisme mondial. Que faire ? : construire un projet de croissance LT sur la base de besoins universels identifiés et reposant sur des avantages concurrentiels. Remerciements 309 Pour plus de détails, se rendre page 309 de l’ouvrage UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 19
  • 20. Les critiques déjà publiées De par ses engagements publics, d’obédience keynésienne et ses critiques sévères des politiques économiques étudiées décennie après décennie, il était raisonnable de penser que P. Askenasy aurait été la proie d’un flot de critiques portant sur l’ensemble des éléments de la thèse proposée, c’est à a dire : la méthode de recherche, le protocole d’étude déroulé, le terrain d’enquête et l’analyse des résultats produits. Il n’en est rien ! Suite à un travail de recherche et d’analyse des contenus en profondeur, l’auteur se voit opposer quelques critiques publiées comme réponses formelles au contenu de son ouvrage, elles sont détaillées ci-après. Ces critiques s’inscrivent plus dans le registre de l’essai documentaire voir de l’expression d’une posture politique, mais aucune ne réfute la robustesse et la validité des résultats produits. Auteur : Christophe Bys – journaliste Usine Nouvelle Source : http://blog.usinenouvelle.com/lecture/lecture/lutte-contre-le-chomage-mode-demploi/ Date : 19 janv 2011 Contenu : «… Juste un regret : outre cette partie historique, parfois fastidieuse à lire, car présentée chronologiquement, gouvernement par gouvernement, le livre se termine par deux chapitres qui échappent à cette logique et on aurait bien aimé que l'auteur les fît "un petit peu plus long". Quand il décrypte les raisons pour lesquelles il n'y a pas de miracle anglais en matière d'emploi des jeunes, pas plus que de modèle allemand, Askenazy passionne car il montre clairement, comment la comparaison de deux chiffres peut être une source d'erreurs d'analyse. De même l'ultime chapître consacré à la nécessité d'une politique industrielle en faveur de la santé aurait gagné à être développé, étayé…». Auteur : Jean Bastien – consultant auprès des comités d'entreprise Source : http://www.nonfiction.fr/article-4261-p1-viser_lemploi_a_dix_ans.htm Date : 15 février 2011 Contenu : «… Disons d’emblée que, trop peu systématique, la démonstration de Philippe Askenazy ne nous paraît pas totalement convaincante, en premier lieu parce qu’il omet de nous dire ce qu’il faudrait garder, selon lui, des politiques de l’emploi ou, ce qui revient au même, quelles conséquences précises il conviendrait de tirer de ses analyses les concernant pour les prochaines années, en attendant de toucher les bénéfices de la stratégie industrielle qu’il préconise. Par ailleurs, chercher à améliorer le fonctionnement du marché de l’emploi pour réduire le chômage est-il réellement devenu une chose vaine ? D’autres références théoriques que les modèles les plus usités, comme les marchés transitionnels au premier chef, ne gardent-ils pas quelque intérêt? Il reste qu’il s’agit d’un livre tout à fait intéressant à la fois par l’ampleur de la période couverte et les questions qu’il soulève...». Auteur : Nathalie Janson – professeur d’économie à l’Ecole supérieure de commerce de Rouen Source : http://www.trop-libre.fr/le-marche-aux-livres/une-tragedie-francaise Date : 23 avril 2011 Contenu : «… Au chapitre des solutions, le lecteur restera en revanche sur sa faim. L’auteur propose d’abord que l’Etat pousse indirectement les entreprises du secteur privé à revenir sur la précarisation de leurs salariés. Le mécanisme serait le suivant : l’Etat recruterait massivement sur un marché du travail tendu ; il offrirait aux fonctionnaires des conditions de travail optimales ; soumises à cette concurrence vertueuse, les entreprises seraient contraintes d’aligner les conditions de travail vers le haut, pour réussir à attirer la main d’œuvre dont elles auraient besoin. Mais que dire de la croissance de la dette publique dans un tel cas de figure ? Elle serait colossale, pour des effets aléatoires… ». UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 20
  • 21. Liste des gouvernements de la 5ème république Président Législature Nom Dates du mandat Parti (dates du (élection) mandat) Michel Debré • 8 janvier 1959 14 avril 1962 Union pour la nouvelle République re I (1958) 1 14 avril 1962 28 novembre 1962 Charles de Gaulle 2 28 novembre 1962 8 janvier 1966 Union pour la nouvelle République, puis e Georges Pompidou II (1962) Union pour la défense de la er République 3 8 janvier 1966 1 avril 1967 (1959–1969) e 4 5 avril 1967 10 juillet 1968 III (1967) Maurice Couve de Union pour la défense de la • 10 juillet 1968 16 juin 1969 Murville République e IV (1968) Georges Pompidou Union pour la défense de la Jacques Chaban- République, puis • 20 juin 1969 5 juillet 1972 Delmas Union des démocrates pour la République (1969–1974) UE 83 FdL – JA, Octobre 2011 21