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Asyl
J'avais récemment été embauché pour un poste de gardien de prison, à
Verrückt, en Allemagne. Le temps était glacial, la camionnette
amochée avec laquelle je me rendais là-bas avait dû faire plusieurs
arrêts à cause de la glace et du chemin étroit. Lorsque j'arrivais devant
cet énorme bâtiment, les grandes portes métalliques s'ouvrirent et un
gardien antipathique m’emmena dans la cellule où je passais la nuit,
car il se faisait tard et je ne tenais presque plus sur mes jambes.
La cellule était occupée par un autre gardien du nom de Richtofen, il
ne parlait pas la même langue que moi, mais on s'était rapidement
compris, il était fort sympathique, celui-là, grand et plutôt musclé. Je
compris aussi que c'était un ancien soldat. Il était arrivé quelques
heures auparavant. Le matin nous nous réveillâmes et un agent de
sécurité nous montra l'endroit où l'on avait besoin de nous. C'était
dans un grand bâtiment juste à côté de celui où je m'étais endormi, je
ne l'avais pas vu en arrivant ici. Nous entrâmes et un spectacle
horrible me laissa sans voix: c'était un long couloir où plusieurs
cellules se faisaient face.
J'entendais des cris, des personnes qui pleuraient, mais je ne
comprenais rien. Je pouvais lire sur les murs : « MIR HELFEN » ou
encore « ICH WERDE STERBEN ? » je ne pouvais pas comprendre
le sens de ces mots. Je compris alors qu'il ne s'agissait pas d'une prison
mais d'un asile. Des personnes dont les habits étaient arrachés
secouaient les barreaux de leurs cellules et répétaient sans cesse des
mots incompréhensibles pour moi. Après ces quelques minutes le chef
des gardes nous convoqua, Richtofen et moi pour nous expliquer notre
tâche. La journée se passa à comprendre notre nouveau métier.
Cependant, l'asile était dans la montagne et l'obscurité tombait vite.
Nous retrouvâmes très tôt notre cellule pour la nuit .
Pour oublier mes affreuses pensées, je bus un peu de liqueur et
m'endormis d'un coup sec. Au milieu de la nuit un courant d'air me
réveilla je sortis de ma cellule et j'entendis un bruit. C'était une voix,
celle d'un homme. Ma tête tournait... d'autres cris, un chien qui
aboyait, et une petite fille qui pleurait... des mots revenaient dans ma
tête, c'était les mots que j'avais vus dans l'autre bâtiment, encore des
cris, des pleurs et puis plus rien. Je tombais sur le dos et m'endormis.
C'était le premier jour.
A mon réveil, je pris quelques bouts de pain rassis, et je retournais
dans l'autre bâtiment. Encore des rires, des pleurs, des cris. Je me
bouchais les oreilles, fermais les yeux quelque temps pour ne plus
penser à cette horreur. Quand j'ouvris les yeux, un fou était à l'autre
bout du couloir, il était debout la tête ravagée, les habits déchirés, les
yeux noir comme du charbon. Il me regardait mais ne disait rien. Dans
l'immense couloir un silence de mort flottait, plus un bruit. Le seul
être que je voyais à présent était ce fou, mais quand je clignais des
yeux il disparaissait.
La cacophonie reprit et j'eus une et folle et soudaine envie de partir.
Mais il avait neigé, les routes étaient dangereuses, même à pied. Il me
fallait ce travail qui était bien payé. La nuit arrivait et je devais aller
me coucher. Je repris un coup de liqueur et m'endormis. Je fus encore
réveillé par un courant d'air glacial, encore plus glacial que la dernière
fois, et j'entendis les bruits apocalyptiques des personnes de l'autre
bâtiment. Je me levais, sortit de ma cellule, regardais autour de moi.
Vers la droite : personne. Vers la gauche: le fou! Il était debout, et se
mit à courir vers moi à toute vitesse ! Il me heurta et me fit tomber.
C'était le deuxième jour.
Le gardien antipathique me réveilla. Je me dirigeais vers la cafétéria
mais c'était un dédale, un vrai labyrinthe, j'étais perdu. C'était un
couloir blanc, où la lumière vous brûlait les yeux. J'étais arrivé par
hasard dans la salle où l'on menait des expériences sur les résidents de
l'autre bâtiment. Jusqu’à ce jour inconnu pour moi.
Des taches de sang coulaient sur les murs, des cris forts retentissaient,
avec une phrase que j'entendais se répéter : MIR HELFEN ! Une
personne à la mine patibulaire me ramena à la cafétéria. Je me rendis à
abominable construction, je bus quelques gorgés de café et franchi
l’énorme porte métallique. J'entrais, pas un bruit, toutes les cellules
étaient ouvertes, je poussais un terrible hurlement et tombais.
Quand je repris connaissance, j'étais dans ma cellule et Richtofen était
près de moi, il faisait bientôt nuit et je dus m'endormir en prenant un
peu d'alcool. Au milieu de la nuit, un cri retentissait et me réveilla, les
cris dans ma tête se firent de plus en plus fort, je décidais de sortir de
mon dortoir de fortune, Richtofen dormait. En regardant par la fenêtre
je m’aperçus que la porte métallique du bâtiment était ouverte. Je
courus vers Richtofen pour le réveiller mais il n'était plus là.
L'absence de mon vaillant coéquipier était incompréhensible.
Un rire démoniaque se fit entendre. Et avant de comprendre l'horrible
vérité, je reçu un coup énorme à l’arrière du crâne. C'était le troisième
jour.
Je me réveillais, une fois encore, dans ma cellule. Cela faisait quatre
jours que j’étais dans cet asile, et en l'espace d'un instant, je décidais
de m’échapper.
Quitter tout cela, partir, m'enfuir, ne plus jamais voir ces fous! Avant
que les gardes ne viennent vérifier notre travail dans le bâtiment
démoniaque, je me mis à courir en passant par la grande porte
métallique, de toutes mes forces, vers la forêt. La nuit tombait vite et
la forêt paraissait immense, interminable. J'y passais toute la nuit.
Pendant des heures les bruits de la folie résonnèrent dans ma tête. Je
faisais tout pour les arrêter, mais c'était plus fort que moi. La fièvre
m'emporta dans un délire qui me fit tourner dans tous les sens. Je me
tapais la tête pour arrêter cette cacophonie, mais en vain. Ma tête
frappa contre quelque chose de dur, une branche, du moins je l'espère.
Je me réveillais en sursaut, et sautai hors dans mon lit. Il fallait me
dépêcher, j'avais récemment été embauché pour un poste de gardien
de prison, à Verrückt, en Allemagne. Le temps était glacial, la
camionnette amochée avec laquelle je me rendais là-bas avait dû faire
plusieurs arrêts à cause de la glace et du chemin étroit. J'avais déjà vu
cette route, mais je ne pus me rappeler et l'oubliai.
Lorsque j'arrivais devant cet énorme bâtiment, les grandes portes
métalliques s'ouvrirent et un gardien antipathique se présenta. Nous
entrâmes et un spectacle horrible me laissa sans voix: c'était un long
couloir où plusieurs cellules se faisaient face. J'entendais des cris, des
personnes qui pleuraient, mais je ne comprenais rien. Je pouvais lire
sur les murs : « MIR HELFEN » ou encore « ICH WERDE
STERBEN ? » je ne pouvais pas comprendre le sens de ces mots. Je
compris alors qu'il ne s'agissait pas d'une prison mais d'un asile.

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  • 1. Asyl J'avais récemment été embauché pour un poste de gardien de prison, à Verrückt, en Allemagne. Le temps était glacial, la camionnette amochée avec laquelle je me rendais là-bas avait dû faire plusieurs arrêts à cause de la glace et du chemin étroit. Lorsque j'arrivais devant cet énorme bâtiment, les grandes portes métalliques s'ouvrirent et un gardien antipathique m’emmena dans la cellule où je passais la nuit, car il se faisait tard et je ne tenais presque plus sur mes jambes. La cellule était occupée par un autre gardien du nom de Richtofen, il ne parlait pas la même langue que moi, mais on s'était rapidement compris, il était fort sympathique, celui-là, grand et plutôt musclé. Je compris aussi que c'était un ancien soldat. Il était arrivé quelques heures auparavant. Le matin nous nous réveillâmes et un agent de sécurité nous montra l'endroit où l'on avait besoin de nous. C'était dans un grand bâtiment juste à côté de celui où je m'étais endormi, je ne l'avais pas vu en arrivant ici. Nous entrâmes et un spectacle horrible me laissa sans voix: c'était un long couloir où plusieurs cellules se faisaient face. J'entendais des cris, des personnes qui pleuraient, mais je ne comprenais rien. Je pouvais lire sur les murs : « MIR HELFEN » ou encore « ICH WERDE STERBEN ? » je ne pouvais pas comprendre
  • 2. le sens de ces mots. Je compris alors qu'il ne s'agissait pas d'une prison mais d'un asile. Des personnes dont les habits étaient arrachés secouaient les barreaux de leurs cellules et répétaient sans cesse des mots incompréhensibles pour moi. Après ces quelques minutes le chef des gardes nous convoqua, Richtofen et moi pour nous expliquer notre tâche. La journée se passa à comprendre notre nouveau métier. Cependant, l'asile était dans la montagne et l'obscurité tombait vite. Nous retrouvâmes très tôt notre cellule pour la nuit . Pour oublier mes affreuses pensées, je bus un peu de liqueur et m'endormis d'un coup sec. Au milieu de la nuit un courant d'air me réveilla je sortis de ma cellule et j'entendis un bruit. C'était une voix, celle d'un homme. Ma tête tournait... d'autres cris, un chien qui aboyait, et une petite fille qui pleurait... des mots revenaient dans ma tête, c'était les mots que j'avais vus dans l'autre bâtiment, encore des cris, des pleurs et puis plus rien. Je tombais sur le dos et m'endormis. C'était le premier jour. A mon réveil, je pris quelques bouts de pain rassis, et je retournais dans l'autre bâtiment. Encore des rires, des pleurs, des cris. Je me bouchais les oreilles, fermais les yeux quelque temps pour ne plus penser à cette horreur. Quand j'ouvris les yeux, un fou était à l'autre bout du couloir, il était debout la tête ravagée, les habits déchirés, les yeux noir comme du charbon. Il me regardait mais ne disait rien. Dans l'immense couloir un silence de mort flottait, plus un bruit. Le seul être que je voyais à présent était ce fou, mais quand je clignais des yeux il disparaissait. La cacophonie reprit et j'eus une et folle et soudaine envie de partir. Mais il avait neigé, les routes étaient dangereuses, même à pied. Il me fallait ce travail qui était bien payé. La nuit arrivait et je devais aller me coucher. Je repris un coup de liqueur et m'endormis. Je fus encore réveillé par un courant d'air glacial, encore plus glacial que la dernière fois, et j'entendis les bruits apocalyptiques des personnes de l'autre bâtiment. Je me levais, sortit de ma cellule, regardais autour de moi. Vers la droite : personne. Vers la gauche: le fou! Il était debout, et se mit à courir vers moi à toute vitesse ! Il me heurta et me fit tomber. C'était le deuxième jour.
  • 3. Le gardien antipathique me réveilla. Je me dirigeais vers la cafétéria mais c'était un dédale, un vrai labyrinthe, j'étais perdu. C'était un couloir blanc, où la lumière vous brûlait les yeux. J'étais arrivé par hasard dans la salle où l'on menait des expériences sur les résidents de l'autre bâtiment. Jusqu’à ce jour inconnu pour moi. Des taches de sang coulaient sur les murs, des cris forts retentissaient, avec une phrase que j'entendais se répéter : MIR HELFEN ! Une personne à la mine patibulaire me ramena à la cafétéria. Je me rendis à abominable construction, je bus quelques gorgés de café et franchi l’énorme porte métallique. J'entrais, pas un bruit, toutes les cellules étaient ouvertes, je poussais un terrible hurlement et tombais. Quand je repris connaissance, j'étais dans ma cellule et Richtofen était près de moi, il faisait bientôt nuit et je dus m'endormir en prenant un peu d'alcool. Au milieu de la nuit, un cri retentissait et me réveilla, les cris dans ma tête se firent de plus en plus fort, je décidais de sortir de mon dortoir de fortune, Richtofen dormait. En regardant par la fenêtre je m’aperçus que la porte métallique du bâtiment était ouverte. Je courus vers Richtofen pour le réveiller mais il n'était plus là. L'absence de mon vaillant coéquipier était incompréhensible. Un rire démoniaque se fit entendre. Et avant de comprendre l'horrible vérité, je reçu un coup énorme à l’arrière du crâne. C'était le troisième jour. Je me réveillais, une fois encore, dans ma cellule. Cela faisait quatre jours que j’étais dans cet asile, et en l'espace d'un instant, je décidais de m’échapper. Quitter tout cela, partir, m'enfuir, ne plus jamais voir ces fous! Avant que les gardes ne viennent vérifier notre travail dans le bâtiment démoniaque, je me mis à courir en passant par la grande porte métallique, de toutes mes forces, vers la forêt. La nuit tombait vite et la forêt paraissait immense, interminable. J'y passais toute la nuit. Pendant des heures les bruits de la folie résonnèrent dans ma tête. Je
  • 4. faisais tout pour les arrêter, mais c'était plus fort que moi. La fièvre m'emporta dans un délire qui me fit tourner dans tous les sens. Je me tapais la tête pour arrêter cette cacophonie, mais en vain. Ma tête frappa contre quelque chose de dur, une branche, du moins je l'espère. Je me réveillais en sursaut, et sautai hors dans mon lit. Il fallait me dépêcher, j'avais récemment été embauché pour un poste de gardien de prison, à Verrückt, en Allemagne. Le temps était glacial, la camionnette amochée avec laquelle je me rendais là-bas avait dû faire plusieurs arrêts à cause de la glace et du chemin étroit. J'avais déjà vu cette route, mais je ne pus me rappeler et l'oubliai. Lorsque j'arrivais devant cet énorme bâtiment, les grandes portes métalliques s'ouvrirent et un gardien antipathique se présenta. Nous entrâmes et un spectacle horrible me laissa sans voix: c'était un long couloir où plusieurs cellules se faisaient face. J'entendais des cris, des personnes qui pleuraient, mais je ne comprenais rien. Je pouvais lire sur les murs : « MIR HELFEN » ou encore « ICH WERDE STERBEN ? » je ne pouvais pas comprendre le sens de ces mots. Je compris alors qu'il ne s'agissait pas d'une prison mais d'un asile.