1. P
articipant du 2e MIC
Boostcamp, le projet Be-
litex (Belgium-Luxem-
bourg IT EXchange) de
la société luxembourgeoise Ryho
Technology, vise la mise en
oeuvre d’une plate-forme virtuel-
le pour services IT orientée B2B.
Objectif: mettre en relation, sans
intermédiaires du type ‘body-
shoppers’, candidats et sociétés
cherchant des informaticiens pour
une période déterminée.
“Nous nous positionnons com-
me pur opérateur, déclare Hadi
Diallo, CEO de la société. Les
deux parties traitent en direct et
s’arrangent entre elles. Nous
sommes un simple modérateur.
Nous nous contentons de prendre
une commission sur la valeur de
l’accord.” A savoir: 3,5% sur les
prestations totales facturées par
le prestataire. Base de calcul: le
prix publié dans le RFP et les ‘ti-
mesheets’. “Du 3,5% comparé aux
20% de marge que prennent ha-
bituellement les bodyshoppers
joue clairement à l’avantage du
fournisseur qui pourra éventuel-
lement augmenter ses propres
prix, estime Hadi Diallo. Le mar-
ché belge, c’est 14.000 contrats
d’externalisation, dont 1.500 sont
‘captés’ par des agences anglaises.
Nous estimons que notre point
d’équilibre sera atteint si nous en-
grangeons 270 contrats par an
d’une valeur moyenne de 2.500
EUR”. Volume d’affaires potentiel
estimé: 1.000 à 1.500 contrats par
an.
Côté qualité et fiabilité du ser-
vice, Hadi Diallo affirme que “la
plate-forme garantit un minimum
de choses au sujet du CV du pres-
tataire. Nous sommes dans le bu-
siness depuis 15 ans, nous avons
donc le moyen de vérifier d’em-
blée certaines affirmations et de
repérer rapidement les fausses
compétences.”
Belitex visera “les mêmes
clients que les bodyshoppers, c.-
à-d. les banques, les assurances,
etc., mais sans concurrencer les
Delaware ou Getronics puisqu’ils
pourraient nous fournir des RFP.”
Côté offre, Belitex vise les “petits
fournisseurs, PME et indépen-
dants qui n’ont généralement pas
accès à l’appel d’offre du client fi-
nal, ‘capté’ par les intermédiaires.”
Ayant finalisé sa phase de test
bêta, la plate-forme se met au-
jourd’hui en place, toujours en
quête de ses premiers clients et
d’un apport de fonds de 250.000
EUR, devant compléter les fonds
propres de départ.
Marketplace.
Une mauvaise idée?
Belitex n’a pas réellement d’équi-
valent sur le marché belge. En
France, HiTechPros.com a déjà fait
ses armes. Cette plate-forme de
CV a, dans un premier temps, pro-
posé un outil de gestion adminis-
trative à ses clients. Aujourd’hui,
elle se repositionne plus en amont,
en “bourse de services” voulant ali-
menter elle-même ses clients en
candidats et CV.
Yvon Fischer, responsable du
département Sourcing de Getro-
nics, ne croit pas dans une telle for-
mule pour le marché belge. “Je vois
davantage ce genre de plate-forme
agir de manière neutre et simple-
ment accueillir l’expression des
besoins des entreprises et de la
disponibilité des candidats.” Alain
Zegers, sales team leader chez Sys-
temat Expert, n’y croit pas non plus.
“Le CV n’est pas déterminant. Ce
qui prime, ce sont les interviews,
le travail en amont pour trouver
quelqu’un qui sera à l’aise dans
l’équipe du client.”
Pour du ‘staffing’ brut de projets
de déploiement, l’idée de “bourse”
est sans doute intéressante, esti-
me-t-il. “De quoi fournir très rapi-
dement x personnes faisant la
même chose.” Mais dès l’instant
où il s’agit de réaliser la meilleure
synergie entre l’offre et la deman-
de, avec un souci d’intégration op-
timale dans une équipe en place,
une culture d’entreprise ou une
problématique business, une cer-
taine dose de services et d’inter-
vention personnalisée de la part
du pourvoyeur demeure néces-
saire, déclarent de concert Yvon
Fischer et Alain Zegers. “Un client
de petite ou moyenne envergure
n’a ni le temps de faire un choix
entre 4, 5 voire 20 CV, ni les
moyens de payer un profil RH pour
le faire. Surtout pour des besoins
changeants: 5 à 6 profils de tel type
pendant 6 mois, puis un autre pen-
dant 2 mois, etc.”, affirme Jean-
Pierre André, country sales ma-
nager chez Systemat. “Le plus
difficile est de gagner la confiance
du client. Il doit sentir que son bo-
dyshopper le connaît, sait ce qui
est important et ce qui lui convient.”
Pour Yvon Fischer, le body-
shopper doit “nourrir le contact
avec les personnes répertoriées
dans sa base de données Déléga-
tion de personnel, être visible, prou-
ver qu’il soigne ses effectifs. En or-
ganisant des événements qui sont
autant de lieux de rencontre et d’en-
semencement d’un esprit d’équi-
pe. En publiant une newsletter qui
parle de ce qui se passe chez ses
46 DATA NEWS N° 19 • 29/10/2010
CAREERS
Bodyshopping:
commodityouvaleurajoutée?
Un projet de “marketplace” de profils IT veut tenter l’aventure sur le marché
belge. Le bodyshopping peut-il se satisfaire de ce genre de plate-forme
virtuelle ou bien valeur ajoutée et différenciation sont-elles, plus que jamais,
nécessaires? # Brigitte Doucet
HADI DIALLO (/Belitex):
“Nous sommes un
simple modérateur.
Nous nous contentons
de prendre une
commission sur la
valeur de l’accord.”