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Economie Haïtienne
P i e r r e C l a v e n s J E A N M A R I E
F a b r i c e G h i s l e r D U G A S
M y r i a m e D O R F E U I L L E
4 / 2 3 / 2 0 1 1
Tourisme en Haïti
Quelles devraient être les stratégies à adopter pour
relancer le tourisme en Haïti compte tenu du fait de
l’opportunité de reconstruction du pays après le séisme,
élément pouvant être considéré comme une nouvelle
donne en Haïti ?
Professeur : Frédérick-Gérald CHERY
NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries
statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005
INTRODUCTION
Depuis quelques décennies, le tourisme a pris une place prépondérante, et est en
constante progression, dans l’économie mondiale et particulièrement régionale (Caraïbes). Il se
positionne au troisième millénaire comme le plus grand secteur du commerce international.
Grâce aux effets positifs produits en matière de création d’emplois, de production nationale et de
recettes fiscales, le tourisme est de plus en plus considéré comme une alternative importante
pour de nombreux pays en développement, de sortir du bourbier des marchés internationaux des
produits de base. Et Haïti, pays le plus pauvre de la zone Amérique n’échappe pas à cette
contagion d’idées sur les perspectives économiques que peut offrir le tourisme. C’est dans cette
optique qu’il nous a été demandé de proposer une stratégie de développement du tourisme en
Haïti tout en considérant la dynamique actuelle de reconstruction économique du pays suite au
tremblement de terre du 12 janvier 2010. Notre travail s’articulera de la manière suivante : tout
d’abord une étude globale du marché du tourisme qui précèdera une analyse approfondie du
positionnement d’Haïti vis-à-vis de cette branche du commerce international dans une
perspective de croissance économique et de réduction de la pauvreté et finalement définir la
stratégie à adopter permettant le développement du tourisme tout en tenant compte de ce
positionnement.
Etude du Marché du Tourisme
L’étude du marché de l’industrie touristique se fera en termes de provenances et
destinations des flux de visiteurs, du montant des taxes perçues et des revenus générés..., et ce à
plusieurs échelles : au niveau mondial tout d’abord, puis au niveau de la Région Amériques-
Caraïbes et finalement pour Haïti.
➢ Echelle mondiale
Depuis le début du XXIème siècle, le tourisme international affiche chaque année des
résultats record. L’année 2000, il avoisinait le seuil des 700 millions d’arrivées, alors que ce chiffre
n’était que de 25 millions en 1950 et de 285 millions en 1980. Le tourisme international concerne
désormais 14% de la population mondiale (Statistiques 2007) et avec des définitions plus
rigoureuses, s’attachant notamment aux motifs des déplacements annoncés (loisirs, détente et
vacances) (OMT), on peut raisonnablement considérer que 7 à 8 % de la population mondiale
participe effectivement au tourisme international. La croissance du tourisme qui n’a cessé de
s’affirmer tout au long du dernier demi‐siècle, peut être décomposée en trois temps. Ce sont tout
d’abord les premières décennies, de 1950 à 1980, caractérisées par une période de pleine
croissance qui soutint une démocratisation progressive du tourisme dans les économies les plus
développées. Puis les décennies 1980 et 1990, période durant laquelle le flux des touristes
internationaux sur le plan mondial a connu une croissance annuelle de 4.6% tandis que les
revenus générés ont connu une croissance de 9.1% l’an. Cependant un choc majeur a été
enregistré durant cette période : la Guerre du Golfe entre 1991 et 1993 avec comme résultat la
récession qui toucha la majorité des pays industrialisés. Durant la période 2001‐2006, en dépit
des évènements dramatiques et des crises socio-économiques enregistrées au cours de cette
même période (attentats du 11 septembre 2001, la crise économique mondiale et la flambée des
prix du pétrole), les taux enregistrés atteignent 10% en 2004 et 5% en 2006. A noter que pour la
seule année 2005, 808 millions de personnes se sont rendus dans un pays étranger. Les arrivées
de touristes internationaux au niveau mondial, pour du tourisme d’affaires, de loisirs ou autre,
ont, d’après les estimations, diminué de 4 % en 2009 pour se chiffrer à 880 millions. Cela
représente une légère amélioration par rapport à l’estimation précédente, à la suite de la reprise
de 2 % enregistrée au cours du dernier trimestre 2009.
Par ailleurs, toujours en 2009, le tourisme international a généré des recettes d’exportations de
l’ordre de 852 milliards de dollars américains.
➢ Echelle régionale (Caraïbes et Amériques)
Dans la région des Amériques, entre 1997 et 2006, on distingue trois grandes périodes :
une période de croissance entre 1997 et 2000 puis une période de décroissance entre 2000 et
2003 pour déboucher ensuite sur une période de récupération et de croissance. À partir de 2001,
la région entra dans un processus de diminution dans le rythme de croissance présentant des
variations annuelles négatives durant la période 2001‐2003.
Source : Fondation pour le développement du tourisme alternatif en Haïti.
La région des Amériques a connu au cours de l’année 2004, un taux de croissance annuel
supérieur par rapport à la moyenne mondiale. Plus de 125 millions de touristes ont visité la
région. On peut noter que les résultats de la région sont grandement influencés par la situation
dans la sous-région de l’Amérique du Nord laquelle a accusé un taux de décroissance entre 2001
et 2003 une période de récupération à partir de 2004 avec 86 millions de touristes pour atteindre
les 91 millions de visiteurs en 2006.
Région /
Année 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Monde 688 709 697 766 808 842
Amériques 122 117 113 126 133 136
Amérique du
Nord
86 83 77 86 89 91
Caraïbes 17 16 17 18 19 19
Amérique
Centrale
4 5 5 6 6 7
Amérique du
Sud
15 13 14 16 19 19
NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries
statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005
Toutefois, les Caraïbes représentent la région la plus touristique de la Planète d’après un
rapport publié par le Conseil National des Voyages et du Tourisme. Ce rapport révèle qu’en 2014,
les secteurs Voyages et Tourisme pourraient générer dans la région jusqu’à 81,9 milliards de
dollars de retombées économiques directes et indirectes. Le poids économique des Voyages et du
Tourisme représente aujourd’hui 14,8% du PIB des pays de la région, et la prévision pour 2014
indique que ce ratio atteindra 16,5%, soit une croissance de plus de 2 points de pourcentage sur
les dix ans à venir. Les secteurs des voyages et du tourisme dans la Caraïbe représentent
actuellement 15,5% des emplois, soit 2,4 millions d’emplois directs et indirects. Les prévisions
tablent sur un poids équivalant à 17,1% en 2014. Un exemple de l’importance économique du
tourisme dans la zone, des territoires comme les Iles vierges britanniques ou encore Antigua
Barbuda sont dépendants à plus de 75% de l’industrie du tourisme. D’après le même rapport,
seulement quatre (4) destinations sont dépendantes à moins de 10% du tourisme. Ce sont la
Martinique, Curaçao, Porto‐Rico et Haïti. La dépendance des autres destinations est comprise
entre 25 et 75%. On comprend alors que l’essor du tourisme de masse ne concerne pas tous les
territoires de la Caraïbe. L’activité est dominée par quelques destinations phares au premier rang
desquelles Porto Rico (plus de 3,5 millions de touristes internationaux en 2000), la République
Dominicaine (3 millions en 2000), la Jamaïque (1,3 millions en 2000) et Cuba (1,8 million en 2000
contre 0,34 en 1990), sans oublier les régions littorales mexicaines de Cancun et Cozumel (plus
de 4,5 millions). Certains Etats se distinguent par des croissances soutenues comme Cuba et la
République Dominicaine avec respectivement 18% et 11% de croissance annuelle entre 1995 et
2000.
La dernière décennie du 20e siècle marque bien l’avènement d’un tourisme de masse. Des
réseaux privilégiés se précisent entre certaines îles et des métropoles nord‐américaines et
européennes. La diffusion du tourisme dans la région des Caraïbes s’accompagne d’un partage
territorial entre des destinations accessibles aux classes moyennes, soutenues par des vols
charters et contrôlées par des grands voyagistes (comme la République Dominicaine, Porto Rico,
Cuba, Aruba) et des lieux haut de gamme, réservés et préservés (comme Saint‐Kitts, Saint‐
Barthélemy, certaines îles des Bahamas, des Grenadines ainsi que les archipels côtiers du Belize).
La demande du marché touristique caribéen inclut:
• Les États‐Unis d’Amérique qui restent le fournisseur le plus important de touristes dans
la région. Sa part d’arrivées de touristes totales de la Caraïbe se situe entre 50 à 53 % durant les
5 dernières années. En 2002, la barre de l’échelle a marqué 53.1 % uniquement pour les arrivées
des Etats‐Unis. Ceci est dû au déclin des arrivées de l’Europe et de la crise économique américaine
en 2002.
• Le pourcentage de touristes européens dans les arrivées de touristes est tombé de
24.7% en 2001 à 23.7% en 2002.
• Le Canada a connu une certaine hausse, avec un pourcentage de 6.7% du nombre total
des touristes de la Caraïbe en 2002, par rapport à 6.4% en 2001.
• La part des touristes des pays Antillais est de 6.8% en 2002 contre 6.2% en 2001.
• Les arrivées du reste du Monde ont baissé, passant de 10.7% en 2001 à 9.8% pour
l’année 2002.
La capacité d’accueil totale dans la région Caraïbe (y compris Cancun et Cozumel) est de
261.000 chambres pour l’année 2002 soit une légère diminution de 0.3% par rapport à l’année
de 2001. Les 15 pays de la CARICOM : Antigua et Barbuda, Dominique, Grenade, Montserrat, St
Kitts et Nevis, Ste Lucie, St Vincent et les Grenadines, Bahamas, Barbados, Belize, Guyane,
Jamaïque, Trinidad et Tobago, Haïti et Suriname ont connu une baisse de 1.5% par rapport à
l’année 2001, ils accusent ensemble un total de 72.059 chambres.
➢ Echelle nationale (Haïti)
L’histoire du tourisme en Haïti comprend quatre grandes périodes :
La première qui s’étend entre 1940 et 1950 correspond à l’âge d’or du tourisme dans le
pays. A cette époque, le pays bénéficia d’une relative rente de situation sur la route des paquebots
de croisière sillonnant la Caraïbe depuis les Bahamas jusqu’aux petites Antilles avec des escales
limitées le plus souvent à quelques points stratégiques comme la Havane, San Juan de Porto Rico,
Kingston, Port‐au-Prince. A l’époque, plus de 50,000 touristes étaient attendus par an dans le pays
et plus principalement au cours des périodes carnavalesques.
La deuxième période comprise entre les années 1957 et 1970 et marquée par la dictature
des Duvalier qui entraîna la diminution des fréquentations par les touristes qui sont horrifiés par
les récits des massacres et les témoignages sur les prisons.
La troisième période débuta vers la fin des années 70 et caractérisée par la relative
ouverture démocratique du régime des Duvalier. Le nombre de croisiéristes qui ont visité le pays
à cette époque peut être estimé à 200,000 dont plus de 40% viennent des États‐Unis d’Amérique
et du Canada.
La quatrième période qui commence après le départ des Duvalier en 1986 est dominée
par des crises politiques et environnementales et la hausse de la criminalité. Comme
conséquence, l’industrie touristiques du pays connait des problèmes de tous ordres : les touristes
se font rares (143,000 en 1999 et les coûts de fonctionnement des infrastructures touristiques
sont très élevés.
En termes de typologie des touristes visitant le pays, nous distinguons :
Les croisiéristes : Le site Labadie dans le département du Nord représente la plus grande
destination de ces derniers. Etabli depuis 1985 au terme d’un contrat de location avec l’Etat
Haïtien pour 20 ans renouvelable et reconduit en 2003, le site Labadie d’une superficie d’environ
105 hectares de terres. Depuis 1995, et jusqu’en 2001, le nombre de croisiéristes n’a cessé
d’augmenter. En effet, de 225.396 croisiéristes en 1985, ce chiffre a atteint le record de 357.442
en 2001, soit une hausse moyenne de 9,75% par an environ. Il est retombé à 342.088 en 2002,
accusant ainsi une baisse de 4,2%. Le site de Labadie où débarquent les croisiéristes reçoit deux
(2) bateaux additionnels par mois depuis le mois de janvier 2003, L’activité de croisières en Haïti
NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries
statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005
durant l’année 2003 a subi une croissance de 22.7% soit un total de 419.793 croisiéristes, contre
une baisse des touristes de séjour de 2.9%.
Le tableau suivant donne le nombre de croisiéristes pour la période 2005-2009 :
Années 2005 2006 2007 2008 2009
Nombres 368,021 449,921 482,077 499,741 439,055
Source : 4ème bulletin statistique du ministère du tourisme, Juin 2010.
Les touristes de séjour avec une durée de séjour estimée entre 15 à 30 jours. Ils sont âgés
entre 0 à 65 ans. Entre octobre à décembre 2007, le nombre de visiteurs par catégorie est estimée
à : 22,995 pour les visiteurs étrangers et 25,497 pour les haïtiens naturalisés. Les touristes de
séjours peuvent avoir comme motif de voyage soit le loisir, soit les affaires ou encore des motifs
non spécifiés. Le tableau suivant donne le nombre de touristes de séjour via Port-au-Prince pour
la période 1985-2009 :
Année
Nombre de
touristes
1985 229,655
1986 181,661
1987 241,481
1988 324,655
1989 341,288
1990 335,757
1991 239,276
1992 89,526
1993 76,663
1994 70,260
1995 370,765
1996 400,520
1997 387,164
1998 393,058
1999 386,687
2000 445,008
2001 499,074
2002 482,200
2003 555,824
2004 96,439
2005 112,267
2006 107,783
2007 386,060
2008 781,635
2009 862,051
Sources : 4ème bulletin statistique du Ministère du tourisme Juin 2010 et Fondation pour le développement du
tourisme alternatif en Haïti.
Le graphe ci-après réalisé à partir des données du tableau précédent montre schématiquement l’évolution
sur la période post Duvalier 1985-2009, du nombre de touristes de séjour transitant par Port-au-Prince et
on constate que la tendance sur les 25 années est à la hausse hormis les périodes d’incertitude politique
des années 1991-1994 et 2004-2006. A noter aussi l’accélération à partir de 2007 qui voit un triplement
du nombre d’arrivées de touristes en deux ans.
Graphe sur le nombre de touristes de séjour pour les 25 dernières années.
Tableau touristes / motifs de voyage pour l’année 2008 :
Motifs Loisirs Affaires Non spécifiés Autres
Nombres 106,479 19,620 109,454 22,517
Source : 4ème bulletin statistique du ministère du tourisme, Juin 2010.
Par ailleurs, il est à noter que les conditions économiques difficiles et le coût élevé du transport
aérien, en particulier après les évènements du 11 septembre 2001, ont contribué à la baisse du
tourisme international de séjour et favorisé du même coup la relance du tourisme intérieur. Ainsi,
il a été noté un retour en force des publicités des établissements touristiques spécialisés dans le
tourisme intérieur. Des tours de courte durée ont été organisés par des agences de voyages et des
tours opérateurs dans le Nord, les Nippes, la Grande Anse. Il a été également enregistré un taux
NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries
statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005
d’occupation élevé des sites balnéaires et des sites de montagne au moment des vacances d’été.
De nombreux festivals musicaux ainsi que des foires ont également été organisés.
Recettes sur le tourisme
L'activité touristique constitue pour bon nombre de pays une industrie majeure
susceptible de générer la croissance économique et de contribuer à la réduction durable de la
pauvreté. Avec des arrivées de touristes internationaux chiffrées à 922 millions et des recettes de
944 milliards de dollars en 2008 (cf. : Le Nouvelliste 10 Décembre 2010), le tourisme constitue
donc une source considérable de revenus et d'emplois décents, et un important moteur de
développement économique et social.
Le 4ème bulletin statistique fournit les taxes perçues par l’Etat haïtien sur les touristes.
Ce document présente les montants prélevés pour la période allant de 2007 à mai 2010. Le
tableau qui suit présente les montants selon les taxes collectées sur les croisiéristes et touristes
de séjour.
2007 2008 2009 2010
Croisiéristes 2,892, 462 2,998, 446 2,634, 330 7,500, 000
Touristes de
séjour
23,358, 642 14,273, 810 21,417, 032 21,200, 000
Taxes totales 26,253, 111 17,274, 264 24,053, 3 71 28,702, 010
Source : 4ème bulletin statistique du ministère du tourisme, Juin 2010.
Tourisme et séisme, situation du secteur après le 12 janvier
Durant l’année 2009, plus précisément dans son second semestre, les acteurs impliqués
dans le tourisme en Haïti pouvaient s’enorgueillir des opportunités multiples qui s’offraient pour
le développement du secteur. En effet, la réactualisation du Plan de Développement Touristique
(PDT), la construction et l’inauguration du quai de Labadie qui a permis d’accueillir le plus grand
paquebot de croisière au cours du mois de décembre (Ocean of the Seas), la concrétisation des
travaux de mise en fonction du circuit de visite « Labadie – Baie de l’Acul – Citadelle »,
l’aménagement de la plage de Port-Salut, la construction de l’aérogare de Jacmel sont parmi les
diverses actions entreprises pour redynamiser le secteur. Au cours de cette même année les
arrivées de touristes internationaux en Haïti se sont chiffrées à 422,996, en progression de 50%
par rapport aux données de 2008(Cf. 4ème Bulletin Statistique). Le nombre de croisiéristes à
Labadie a par contre décru de 12%. Ceci étant, les recettes totales en 2009 sont globalement
évaluées à USD 25 millions ou 1 milliard de Gourdes environ, et pour une contribution estimée à
plus de 3% au Produit Intérieur Brut (PIB). Selon le quatrième bulletin statistique du Ministère
du Tourisme, la situation touristique dans la région de l’Ouest, particulièrement affectée
par le séisme se présentait comme suit : 47 établissements d’hébergement, 64 restaurants,
62 Agences de voyage/Transport, 17 Galeries d’art, 20 Boutiques de souvenirs, 7 Musées.
Le parc hôtelier haïtien quant à lui disposait d’environ 1,500 chambres de standard
international.
Après le séisme du 12 janvier la situation du secteur en termes de dommages subis dans
le Département de l’Ouest est résumée dans le tableau qui suit :
Localité/Communes Total
chambres
Détruites Disponibles Occupées
Kenscoff 56 0 55 1
Pétion-Ville 470 261 96 113
Port-au-Prince 392 230 28 134
Delmas 366 209 91 66
Tabarre 89 64 0 25
Carrefour 248 84 72 92
Total Aire
Métropolitaine
1621 848 342 431
Source : 4ème bulletin statistique du ministère du tourisme, Juin 2010.
Sur le plan financier, l’Association Touristique d’Haïti a fait état d’une perte évaluée entre
60 et 80 millions de dollars américains (cf. : 4ème Bulletin Statistique du Ministère du Tourisme)
pour le secteur hôtelier et celui de la restauration. Les pertes d’emplois sont de l’ordre de 1,500
pour l’hôtellerie. Les pertes au niveau du fonctionnement sont évaluées à plus de USD 5 millions
par mois, avec des incidences réelles sur les prélèvements obligatoires (impôts et cotisations
sociales) régulièrement effectués par l’Etat.
L’EXISTENCE ‘‘D’UN SECTEUR TOURISME’’ EN HAÏTI ?
La politique touristique de ces deux dernières décennies en Haïti a été inspirée par
l'élaboration de deux Plans de développement touristique, et desquels découlent plusieurs plans
d'actions. En fait, un Plan Directeur du Tourisme (PDT), élaboré avec l'assistance du Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a été adopté en 1996. Il n'a pas été mis en
œuvre suivant le calendrier voulu, ce qui fait que certaines de ses recommandations ont perdu de
leur pertinence. La révision du PDT en 2006 projette une vision future et moderne du tourisme.
Tout le monde est unanime à soutenir que différents secteurs d'activités peuvent bénéficier des
retombées du tourisme à partir de ses effets d'entraînement et multiplicateurs sur l'ensemble de
l'économie. Mais fort souvent, on oublie que le tourisme peut être considéré plus qu’un simple
secteur de l’activité économique mais une vision du développement économique tel qu’illustre la
brillante formule de Joseph Pierre Lamothe, « Tout pour et par le tourisme ». En Haïti, lorsqu’on
parle de tourisme la première image qui vient en tête ce sont les étrangers qui viennent visiter le
NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries
statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005
pays, ce qui est vrai et c’est d’ailleurs la finalité d’une telle activité. Un étranger qui visite un pays
ou même un national qui visite une autre contrée de son pays, est avant tout une personne à la
recherche d’un bien-être autre que celui se trouvant dans son pays ou sa région d’origine. De ce
fait, le « tourisme » prend naissance dans les différents services qui seront consommés par la
personne en question. Les monuments historiques et culturels, la cuisine, les hôtels, l’artisanat,
les vêtements, l’art en général ou tout autre élément pouvant mettre en valeur la culture du pays
ou la région dans son intégralité.
La conception commune du tourisme est de ce fait un peu erronée pour la simple et bonne
raison que rien n’est vraiment fait pour soutenir les secteurs censés travailler au profit du
tourisme (ceux en amont). Il n’est jamais question des plans de développement agricole du
Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) ou
encore des plans de réhabilitation de routes du Ministère des Travaux Publics et des
Télécommunications (MTPTC), des plans de formation en hôtellerie etc... On semble oublier le
caractère transversal que doit revêtir un Ministère du Tourisme qui se doit de se positionner et
d’influencer les autres entités étatiques. A ce stade on ne peut pas parler de tourisme pour Haïti,
le tourisme étant l’harmonisation de plusieurs secteurs, les uns aussi différents qu’importants
vis-à-vis des autres, et lesquels malheureusement sont au plus mal. La situation du tourisme en
Haïti serait analogique à un secteur des télécommunications qui essaierait de fournir des services
de communication en l’absence d’industrie de production et de commercialisation de téléphones
portables.
On peut comprendre alors pourquoi dans la situation générale dans laquelle se trouve le
pays, il serait utopique et incohérent de parler de croissance économique et de réduction de la
pauvreté pour Haïti soutenue par le tourisme, comme il est communément admis depuis un
certain temps. Comment un secteur très dépendant d’autres secteurs ou filières, qui eux aussi
sont très mal en point, puisse assurer la croissance économique et par ricochet la réduction de la
pauvreté. Pour étayer ce point de vue, on s’appuie sur une étude réalisée par Louis DUPONT de
l’université de Washington : « Cointégration et causalité entre développement touristique,
croissance économique et réduction de la pauvreté : cas de Haïti, Études caribéennes [En
ligne], 13-14 | Décembre 2009, mis en ligne le 07 juillet 2010 ». Cet article s’est attaché à
analyser les relations de causalité entre développement touristique, croissance économique, et
réduction de la pauvreté en Haïti. Au terme de cet étude quatre questions ont été posées à cet
effet afin d’identifier les relations directionnelles et /ou bidirectionnelles entre les trois variables.
Les résultats ont montré que les trois variables sont cointégrées, c’est-à-dire elles évoluent
ensemble et affichent par conséquent une relation de long terme au moins dans une direction. La
relation entre croissance économique et développement touristique est unidirectionnelle.
Autrement dit, la croissance économique cause le développement touristique et non
l’inverse. La relation entre la réduction de la pauvreté et le développement touristique est
unidirectionnelle et non l’inverse. En effet, une réduction du niveau de pauvreté qui
découlerait de la croissance économique se traduirait par du développement touristique.
Le travail de Mr. Dupont plaide en faveur d’une nouvelle façon pour un pays pauvre de concevoir
son programme de développement touristique en tant que levier de croissance et de réduction
de pauvreté. Il faut tout d’abord se donner les moyens de développer et/ou structurer certains
secteurs et filières clés qu’on peut qualifier de « secteurs en amont » tels : agriculture,
infrastructures (transport, énergie, télécommunications), sécurité, santé, artisanat, gastronomie
etc… Les conclusions de l’article nous permettent d’élucider le fait qu’on ne pourra parler de
secteur de tourisme en Haïti générateur de richesses si un effort n’est pas entrepris pour
structurer, organiser et planifier des secteurs et filières de l’économie devant conduire à
l’instauration d’un secteur touristique durable jouant pleinement son rôle de multiplicateur et
d’entrainement.
Pour le moment l’agriculture désuète et échantillonnée d’Haïti, la limitation du nombre
d’hôtels respectant les normes internationales, l’absence d’infrastructures de base,
d’établissements et de professionnels qualifiés en soins de santé, les carences en termes
d’aménagement de lieu de loisirs… autant de services consommés par les potentiels touristes et
qui devront attirer l’attention dans la mise en place d’un Plan Directeur de Tourisme qui se veut
être durable et servir avec efficience le développement économique du pays. C’est pourquoi il
serait impératif que non seulement les autorités en charge mais aussi toute l’élite politique et
économique du pays, de saisir l’opportunité offerte par le séisme en termes de reconstruction et
de redéfinition économique et ainsi aménager un plan viable devant conduire à la concrétisation
de cette vision de développement du pays s’appuyant sur le tourisme.
STRATEGIES DE RELANCE DU TOURISME
Comme nous venons de voir précédemment, le développement du tourisme doit être la
résultante d’un ensemble d’équations de politiques publiques sérieuses et ciblées. Aussi si on veut
que le tourisme devienne, à l’instar de nos voisins caribéens un secteur économique générateur
de richesses et d’emplois, il faut qu’à la base, dès le départ, avec les paysans, les hommes d’affaires,
les universités, les associations patronales et syndicales, les associations de femmes, les médias
nationaux et communautaires, les politiciens d’horizons divers, la diaspora…autrement dit avec
tous les haïtiens et haïtiennes, il se dégage un consensus sur cette orientation à donner à
l’économie haïtienne qui devra dorénavant être tournée vers l’industrie du tourisme. On pourrait
alors se donner pour objectif, sur une génération (25-30ans), de faire passer le poids de
l’industrie touristique dans le PIB haïtien de 3% actuellement à 25%, et ainsi arriver à hauteur de
nombreux pays de la région. Sans un accord national préalable entre toutes les forces vives et les
secteurs représentatifs de la nation sur cette vision commune du développement, il sera très
difficile de mettre en place les conditions permissives pour le développement du secteur.
Passé cette étape de consensus national sur l’orientation économique à long terme d’Haïti
qui inclut inévitablement une certaine stabilité politique et sachant que c’est un pays aux
ressources limitées, il s’avère indispensable de mettre en place une stratégie répondant à cette
dernière logique qui puisse tenir compte à la fois des faiblesses séculaires et des diverses
potentialités d’Haïti. Le modèle de développement économique à pôles de croissance de
l’économiste français François Perroux, en dépit de ses failles, peut être appliqué dans le
processus de développement touristique en Haïti. L’idée serait d’abord d’identifier toutes les
NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries
statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005
régions du pays susceptibles d’attirer les visiteurs et d’y concentrer les efforts de mise en valeur
qui conduira alors à une croissance économique régionale assez élevée et permettre ainsi de
réduire les barrières à l’entrée pour l’industrie touristique. Celle-ci par son développement
génèrera des richesses dont l’effet induit s’observera dans toutes les zones du pays connectées à
cette région-pôle et l’augmentation des rentrées de l’Etat qui s’ensuivra, permettra dans une
logique de redistribution des richesses, à l’investissement d’une partie dans des régions moins
touchées par l’effet du pôle. Les choix des régions-pôle de croissance doivent se baser au prime
abord sur des critères économiques et d’aménagement du territoire préalablement définis
lesquels doivent être impérativement liés à la spécificité touristique caribéenne : les belles plages,
la mer turquoise, les facilites de construction d’hôtels et de « resorts », les fruits et mets exotiques
mais aussi au point de vue de la spécificité haïtienne : la culture vaudou, l’histoire coloniale
d’Haïti, sa musique et son art. Tout ceci devra permettre un développement économique et social
harmonieux, décentralisé, planifié et durable.
Identification de pôles de croissance
Elle constitue la première étape de la stratégie. Comme mentionné plus haut, il est de l’intérêt du
pays de se focaliser au prime abord sur les régions susceptibles d’attirer les touristes étrangers
et que l’on peut mettre en valeur considérant les ressources limitées du pays. Tenant compte de
la spécificité caribéenne et haïtienne du tourisme, on peut citer plusieurs régions du pays parmi
lesquelles :
▪ Le Triangle Labadee- Ville du Cap-Haïtien- Ville de Milot
▪ Côte des Arcadins
▪ Centre-ville de Port-au-Prince
▪ Jacmel
▪ Saut D’eau (Ville Bonheur)
▪ Port-salut
▪ Lac Azuéi
▪ Pestel
▪ Iles adjacentes (Cayemites, Ile à Vache, Ile de la Tortue, Ile de la Gonâve)
▪ Marchand/Dessalines
▪ Kenskoff/Furcy
▪ Petite Rivière de l’Artibonite
Il est important dans l’identification de ces sites de préciser le niveau de services de base dans
ces régions (infrastructures, transport, santé, eau courante et potable, sécurité, électricité,
communication…) sans oublier l’indice d’approvisionnement (et de production) de ces zones en
termes de produits tropicaux et du terroir haïtien…et dans une moindre mesure les potentialités
retrouvées en termes de loisirs.
1ère Phase : Investissements Publics
L’identification des capacités et besoins des régions appelées à devenir des pôles de
croissance se révèle impérative pour amorcer la première phase de la stratégie qui se traduit par
une implication forte de l’Etat en termes d’investissements publics pour développer les capacités
de ces régions et combler les manques identifiés. Ceci pour permettre de poser les conditions
susceptibles d’attirer les investissements privés dans ces zones touristiques.
Le touriste doit pouvoir se déplacer…Il s’avère primordial de pouvoir développer des
infrastructures de transport notamment dans la zone en question choisie. Mais sans oublier de
continuer le maillage routier qui doit tenir compte des interrelations existant entre les différentes
régions touristiques mais aussi de l’approvisionnement de celles-ci en produits et services du
terroir haïtien. On peut citer en exemple des liaisons suivantes : Cap Haïtien-Milot ; Port-au-Prince
---Cote des Arcadins ; Cayes-Port Salut ; Port-au-Prince –Lac Azuéï
Il faut dans un autre registre procéder à l’agrandissement et la modernisation des
aéroports internationaux de Port-au-Prince et de Cap Haïtien, ouvrir un autre aéroport
international dans la zone de la Presqu’ile du Sud, (entre Saint-Louis du Sud et Cayes..) tout en
pensant aux diverses aérodromes régionaux à rénover : Jérémie, Jacmel, Hinche, Port de Paix,
Ouanaminthe.
Haïti étant situé sur la route des Croisières des paquebots luxueux qui scrutent la Mer des
Antilles, l’aménagement d’installations portuaires répondant aux standards internationaux
comme point d’arrivée sur nos magnifiques plages s’impose : Labadee, Port-au-Prince, Jacmel,
Jérémie pour ne citer que ceux-là. Il s’avère important également de penser à la mise en valeur de
nos ilots adjacents tels que les Cayemites, Ile à Vache, Ile de la Tortue ou encore la Gonâve, ile
presqu’aussi grande que la Martinique et qu’il est serait dans l’intérêt du pays de transformer en
un département et qui peut constituer un pôle de croissance.
Pour accepter de faire le déplacement jusqu’à Haïti, le touriste doit avoir accès aux
services de base vitaux autrement dit à des commodités devant lui permettre de passer des
séjours agréables. A commencer par les soins de santé qui doivent se développer de manière
intégrée en Haïti avec en premier lieu la formation d’un personnel qualifié (médecins, infirmières,
auxiliaires, thérapeutes diverses…), la construction de grands centres hospitaliers dits
« d’Hôpitaux de Région » à travers les 10 (bientôt 11 départements en y incluant la Gonâve..) ainsi
que les centres de santé/dispensaires dans chaque commune du pays (on fera en sorte de
prioriser les zones considérées à fort potentiel touristique). Sans oublier la mise en place au
niveau national d’une sécurité sociale en partenariat avec le privé. Le touriste qui vient visiter le
pays doit pouvoir se fier aux soins de santé dispensés dans le pays.
Autre besoin primaire devant pouvoir être satisfait, celui de l’eau potable. A travers la
Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement (DINEPA), l’Etat devra travailler à la
mise en place d’un système fiable d’assainissement et d’eau potable sur tout le territoire national
en privilégiant les zones densément peuplées d’une part et d’autre part celles identifiées comme
à fort potentiel touristique. Par rapport aux producteurs privés d’eau embouteillée, la mise en
place d’une règlementation stricte du secteur parachevée par une certification nationale
rigoureuse s’avère nécessaire pour un meilleur contrôle de l’eau sur toute l’étendue du territoire
et qui devra sans nul doute bénéficier aux touristes car pour des raisons de commodités (et de
précaution sanitaire..), ils préfèrent largement utiliser l’eau vendue en bouteille.
Dans le même registre de travail en amont, l’Etat doit s’assurer du développement continu
des télécommunications en incitant les compagnies opérant dans le secteur non seulement à
couvrir tout le pays mais aussi à offrir de plus en plus des services de qualité aux consommateurs.
NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries
statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005
La couverture nationale du réseau téléphonique, l’internet à haut débit, le câble sont autant
d’outils de communication et d’information modernes qui doivent permettre l’ouverture du pays
au Monde et maintenir l’éventuel touriste en connexion avec son pays d’origine.
L’électricité est indispensable au développement et au fonctionnement du pays. Il faut
l’électricité pour les machines des industries, pour les entreprises de services, pour les besoins
domestiques, pour l’éclairage des rues….etc. Les zones à potentialité touristiques doivent recevoir
une attention plus soutenue dans un premier temps en termes d’alimentation régulière en
courant électrique. L’aménagement hydro-électrique de Péligre et d’un second dans la zone de
Mirebalais dans le Département du centre jointe à de petits aménagements locaux et régionaux
(par exemple Saut-Mathurine aux Cayes..) la mise en place d’une raffinerie de pétrole, la mise en
valeur de l’énergie éolienne dans certaines zones du pays, l’aménagement de stations thermiques
à travers différents départements du pays sans oublier les études de production de bio-carburant
à travers la culture et la transformation du jatropha haïtien, sont autant de possibilités
d’augmentation de production du courant électrique.
Le problème de sécurité physique des personnes est un aspect important devant être pris
en compte par une lutte systématique contre le banditisme et les fauteurs de trouble en tout
genre, mais il est aussi question d’assurer que les normes de sécurité établies dans le transport
routier, portuaire ou aéroportuaire soient standardisées et respectées par tous, de même que la
sécurité du point de vue de la prévention et de la gestion des risques et des désastres (service de
pompier équipés et entrainés, respect des normes de construction parasismique et
anticyclonique pour les bâtiments, un service fonctionnel de gestion des risques et des
désastres….) Toute cette panoplie de services liés au domaine de la sécurité doit pouvoir rassurer
le touriste qui vient qu’il peut être à son aise dans un pays ayant une structure organisée et
intégrée devant tendre vers son bien-être.
Se spécialiser dans le tourisme, caribéen de surcroit, requiert l’offre de certains services
et produits standards notamment en termes de nourriture et de boissons. Il est important de
développer une agriculture, une production nationale tournée vers le besoin du tourisme. Ces
produits doivent pouvoir se trouver en quantité abondante permettant tant aux natifs qu’aux
touristes de jouir de cette production. L’approche par filières peut être considérée comme un
moyen pour un développement agro-industriel effectif du pays avec une partie de celle-ci qui
s’oriente vers la production pour le flot de touristes qui vont se déverser sur le pays. On pense
notamment à la filière agrumes (oranges, mangues, mandarines, citrons, chadèques, cerise, fruit
de la passion (grenadia), papaye, avocat…) ; à la filière élevage (production locale de lait et de
viandes –porc, cabri, bœuf, moutons, poulets et pintades…) ; à la filière pêche sans oublier la
filière maraîchage (légumes). L’agro-industrie s’attacherait à la commercialisation du fruit et/ou
à transformation en jus ou en poudre sans oublier de faire connaître les spécialités locales en
termes de « jus-collé » faites avec de l’arbre véritable ou de manioc… D’un autre côté, la mise en
place d’abattoirs modernes et le respect des normes sanitaires et d’emballage devront contribuer
au développement de l’industrie des produits de l’élevage. Le renforcement des exploitations
agricoles en encourageant la mise en commun des parcelles pour les rendre plus rentables ainsi
que la mise en place d’exploitations plus grandes exigées pour certaines cultures qui doivent être
précédées d’une réforme agraire d’envergure et de la résolution du problème de cadastre.
Parallèlement à ces investissements importants consentis, l’Etat doit chercher la
valorisation, la protection ainsi que la restauration des sites ou lieux de patrimoine haïtien. Il
s’avère important de les identifier et d’en tenir compte dans les études et les exécutions des
différents projets de développement (agro-industriel, infrastructurel, services de base……)
L’Etat doit permettre aussi que les formations soient standardisées dans les Ecoles
Professionnelles et Universités afin d’avoir un personnel formé aux normes internationales
incluant le domaine du tourisme en général, d’hôtellerie, de cuisine haïtienne et internationale,
de gestion et de langues étrangères.
L’Etat ne doit pas non plus négliger l’éducation de la population sur l’intérêt à développer
le tourisme et lui faire prendre conscience qu’elle a une part active à jouer dans ce développement
et ce quotidiennement, notamment en termes de maintien de la propreté des rues, de l’accueil
chaleureux réservé aux différents visiteurs et d’entretenir une propension naturelle élevée à
aider les touristes dans leur quête d’informations sur le pays. L’Etat peut même dans une certaine
mesure ouvrir une Ecole de « Guides pour touristes » avec des spécialités régionales (Le Nord, Le
Sud et l’Ouest…)
2ème Phase : Investissements Privés
La seconde phase est celle de la mise en place des infrastructures touristiques proprement
dites. Celles-ci seront aménagées ou pourront être exploitées (en référence à celles déjà existantes)
de manière rentable quand les conditions préalables sont réunies c’est-à-dire en termes de
services (ou la majorité) des services dits publics sont effectivement mis en place. Il est du devoir
de l’Etat haïtien d’encourager l’initiative privée tant nationale qu’internationale en mettant des
principes et des bases solides pour l’exploitation des zones potentiellement touristiques. En
accord avec le Secteur Privé haïtien et étranger intéressé à faire des affaires dans le pays, une
stratégie de marketing national et international du « Produit –Haïti » doit être élaboré et
promouvoir les avantages et les services touristiques du pays. Cette stratégie a 3 volets. Tout
d’abord celui qui consiste à vendre le « Produit Haïti » aux haïtiens eux-mêmes vivant sur le sol
national via le tourisme local, ensuite aux haïtiens de la Diaspora pour qu’ils puissent revenir
visiter leur pays et finalement le dernier volet qui va privilégier les étrangers tout en tenant
compte de sa grande diversité (approches francophones-anglophones ; approches américaines -
européennes ; approche latino-américaine etc.) Ce marketing se spécialisera dans la vente de la
musique, de l’histoire, de la culture haïtienne... des plages ensoleillées, des vertes montagnes, des
paysages de rêve mais surtout un peuple accueillant et chaleureux, unique dans la Caraïbe.
Avec notamment des investissements du Privé, les industries de loisirs fleuriront dans les
zones prévues à cet effet. Des resorts, des plages aménagées, des hôtels pour toutes les bourses,
des night-clubs pour danser la musique haïtienne et étrangère, des restaurants pour savourer
outre la gastronomie internationale, les spécificités culinaires haïtiennes, des musées et des
galeries d’art pour exposer et vendre particulièrement la peinture, la sculpture, le travail du fer
et du bois des artisans haïtiens, des salles de cinéma, de théâtre et de spectacle, des centres de
lecture et audiovisuels…
CONSIDÉRATIONS FINALES
NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries
statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005
Avec une bonne stratégie, Haïti peut faire du tourisme un vecteur de développement
économique et de réduction de la pauvreté à l’instar de ses voisins caribéens… Mais pour mettre
en place ce secteur, il s’avère nécessaire de faire un effort préalable de mise en valeur du pays en
termes de production agricole, d’infrastructures de transport, de services primaires (eau potable,
télécommunications, santé…) qui doivent précéder les investissements dans les infrastructures
touristiques via une politique d’identification de pôles de croissance régionaux à potentiel
touristique à travers le pays. L’affluence de capitaux privés pour le développement des facilités
touristiques dans ces pôles aménagés dans un premier temps avec les fonds publics, vont faire en
sorte que plus de touristes viennent visiter le pays. Plus de touristes signifie plus de revenus dans
l’économie, et donc croissance économique. Ceci se traduit par une augmentation des revenus de
l’Etat. Avec des investissements dans les infrastructures sociales (université, assurance sociale,
soins de santé…) consentis par l’Etat avec le surplus obtenu, il y aura un meilleur environnement
pour attirer plus de touristes qui vont arriver en plus grand nombre et donc avec plus de devises
et qui aura comme heureuse incidence l’augmentation des revenus dans l’économie et ainsi de
suite. Il se crée alors un cercle vertueux dont le vecteur principal est le tourisme et qui contribue
à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté.
Référence bibliographique
- Bulletin statistique du ministère du tourisme, Volume I, II, III, IV.
- « Cointégration et causalité entre développement touristique, croissance
économique et réduction de la pauvreté : cas de Haïti, Études caribéennes [En
ligne], 13-14 | Décembre 2009, mis en ligne le 07 juillet 2010 ».
- « Développement touristique, aménagement du partenariat avec le privé » . Table
ronde organisée à l’occasion du congrès des maires de France, Novembre 2004.
- « Faire valoir le tourisme dans l’économie locale de la région caraïbe, principe de
bonnes pratiques », Pro-poor Tourism Partnership et l’organisation du tourisme
des caraïbes.
- Fondation pour le développement du tourisme alternatif, plan stratégique 2009-
2013.
- « Pour un tourisme durable dans la grande caraïbe, Etudes caribéennes [En
ligne] », Olivier Dehoorne, Fabiola Nicolas et Pascal Saffache.

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Tourisme en haiti

  • 1. Economie Haïtienne P i e r r e C l a v e n s J E A N M A R I E F a b r i c e G h i s l e r D U G A S M y r i a m e D O R F E U I L L E 4 / 2 3 / 2 0 1 1 Tourisme en Haïti Quelles devraient être les stratégies à adopter pour relancer le tourisme en Haïti compte tenu du fait de l’opportunité de reconstruction du pays après le séisme, élément pouvant être considéré comme une nouvelle donne en Haïti ? Professeur : Frédérick-Gérald CHERY
  • 2. NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005 INTRODUCTION Depuis quelques décennies, le tourisme a pris une place prépondérante, et est en constante progression, dans l’économie mondiale et particulièrement régionale (Caraïbes). Il se positionne au troisième millénaire comme le plus grand secteur du commerce international. Grâce aux effets positifs produits en matière de création d’emplois, de production nationale et de recettes fiscales, le tourisme est de plus en plus considéré comme une alternative importante pour de nombreux pays en développement, de sortir du bourbier des marchés internationaux des produits de base. Et Haïti, pays le plus pauvre de la zone Amérique n’échappe pas à cette contagion d’idées sur les perspectives économiques que peut offrir le tourisme. C’est dans cette optique qu’il nous a été demandé de proposer une stratégie de développement du tourisme en Haïti tout en considérant la dynamique actuelle de reconstruction économique du pays suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010. Notre travail s’articulera de la manière suivante : tout d’abord une étude globale du marché du tourisme qui précèdera une analyse approfondie du positionnement d’Haïti vis-à-vis de cette branche du commerce international dans une perspective de croissance économique et de réduction de la pauvreté et finalement définir la stratégie à adopter permettant le développement du tourisme tout en tenant compte de ce positionnement. Etude du Marché du Tourisme L’étude du marché de l’industrie touristique se fera en termes de provenances et destinations des flux de visiteurs, du montant des taxes perçues et des revenus générés..., et ce à plusieurs échelles : au niveau mondial tout d’abord, puis au niveau de la Région Amériques- Caraïbes et finalement pour Haïti. ➢ Echelle mondiale Depuis le début du XXIème siècle, le tourisme international affiche chaque année des résultats record. L’année 2000, il avoisinait le seuil des 700 millions d’arrivées, alors que ce chiffre n’était que de 25 millions en 1950 et de 285 millions en 1980. Le tourisme international concerne désormais 14% de la population mondiale (Statistiques 2007) et avec des définitions plus rigoureuses, s’attachant notamment aux motifs des déplacements annoncés (loisirs, détente et vacances) (OMT), on peut raisonnablement considérer que 7 à 8 % de la population mondiale participe effectivement au tourisme international. La croissance du tourisme qui n’a cessé de s’affirmer tout au long du dernier demi‐siècle, peut être décomposée en trois temps. Ce sont tout d’abord les premières décennies, de 1950 à 1980, caractérisées par une période de pleine croissance qui soutint une démocratisation progressive du tourisme dans les économies les plus développées. Puis les décennies 1980 et 1990, période durant laquelle le flux des touristes internationaux sur le plan mondial a connu une croissance annuelle de 4.6% tandis que les revenus générés ont connu une croissance de 9.1% l’an. Cependant un choc majeur a été enregistré durant cette période : la Guerre du Golfe entre 1991 et 1993 avec comme résultat la récession qui toucha la majorité des pays industrialisés. Durant la période 2001‐2006, en dépit des évènements dramatiques et des crises socio-économiques enregistrées au cours de cette
  • 3. même période (attentats du 11 septembre 2001, la crise économique mondiale et la flambée des prix du pétrole), les taux enregistrés atteignent 10% en 2004 et 5% en 2006. A noter que pour la seule année 2005, 808 millions de personnes se sont rendus dans un pays étranger. Les arrivées de touristes internationaux au niveau mondial, pour du tourisme d’affaires, de loisirs ou autre, ont, d’après les estimations, diminué de 4 % en 2009 pour se chiffrer à 880 millions. Cela représente une légère amélioration par rapport à l’estimation précédente, à la suite de la reprise de 2 % enregistrée au cours du dernier trimestre 2009. Par ailleurs, toujours en 2009, le tourisme international a généré des recettes d’exportations de l’ordre de 852 milliards de dollars américains. ➢ Echelle régionale (Caraïbes et Amériques) Dans la région des Amériques, entre 1997 et 2006, on distingue trois grandes périodes : une période de croissance entre 1997 et 2000 puis une période de décroissance entre 2000 et 2003 pour déboucher ensuite sur une période de récupération et de croissance. À partir de 2001, la région entra dans un processus de diminution dans le rythme de croissance présentant des variations annuelles négatives durant la période 2001‐2003. Source : Fondation pour le développement du tourisme alternatif en Haïti. La région des Amériques a connu au cours de l’année 2004, un taux de croissance annuel supérieur par rapport à la moyenne mondiale. Plus de 125 millions de touristes ont visité la région. On peut noter que les résultats de la région sont grandement influencés par la situation dans la sous-région de l’Amérique du Nord laquelle a accusé un taux de décroissance entre 2001 et 2003 une période de récupération à partir de 2004 avec 86 millions de touristes pour atteindre les 91 millions de visiteurs en 2006. Région / Année 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Monde 688 709 697 766 808 842 Amériques 122 117 113 126 133 136 Amérique du Nord 86 83 77 86 89 91 Caraïbes 17 16 17 18 19 19 Amérique Centrale 4 5 5 6 6 7 Amérique du Sud 15 13 14 16 19 19
  • 4. NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005 Toutefois, les Caraïbes représentent la région la plus touristique de la Planète d’après un rapport publié par le Conseil National des Voyages et du Tourisme. Ce rapport révèle qu’en 2014, les secteurs Voyages et Tourisme pourraient générer dans la région jusqu’à 81,9 milliards de dollars de retombées économiques directes et indirectes. Le poids économique des Voyages et du Tourisme représente aujourd’hui 14,8% du PIB des pays de la région, et la prévision pour 2014 indique que ce ratio atteindra 16,5%, soit une croissance de plus de 2 points de pourcentage sur les dix ans à venir. Les secteurs des voyages et du tourisme dans la Caraïbe représentent actuellement 15,5% des emplois, soit 2,4 millions d’emplois directs et indirects. Les prévisions tablent sur un poids équivalant à 17,1% en 2014. Un exemple de l’importance économique du tourisme dans la zone, des territoires comme les Iles vierges britanniques ou encore Antigua Barbuda sont dépendants à plus de 75% de l’industrie du tourisme. D’après le même rapport, seulement quatre (4) destinations sont dépendantes à moins de 10% du tourisme. Ce sont la Martinique, Curaçao, Porto‐Rico et Haïti. La dépendance des autres destinations est comprise entre 25 et 75%. On comprend alors que l’essor du tourisme de masse ne concerne pas tous les territoires de la Caraïbe. L’activité est dominée par quelques destinations phares au premier rang desquelles Porto Rico (plus de 3,5 millions de touristes internationaux en 2000), la République Dominicaine (3 millions en 2000), la Jamaïque (1,3 millions en 2000) et Cuba (1,8 million en 2000 contre 0,34 en 1990), sans oublier les régions littorales mexicaines de Cancun et Cozumel (plus de 4,5 millions). Certains Etats se distinguent par des croissances soutenues comme Cuba et la République Dominicaine avec respectivement 18% et 11% de croissance annuelle entre 1995 et 2000. La dernière décennie du 20e siècle marque bien l’avènement d’un tourisme de masse. Des réseaux privilégiés se précisent entre certaines îles et des métropoles nord‐américaines et européennes. La diffusion du tourisme dans la région des Caraïbes s’accompagne d’un partage territorial entre des destinations accessibles aux classes moyennes, soutenues par des vols charters et contrôlées par des grands voyagistes (comme la République Dominicaine, Porto Rico, Cuba, Aruba) et des lieux haut de gamme, réservés et préservés (comme Saint‐Kitts, Saint‐ Barthélemy, certaines îles des Bahamas, des Grenadines ainsi que les archipels côtiers du Belize). La demande du marché touristique caribéen inclut: • Les États‐Unis d’Amérique qui restent le fournisseur le plus important de touristes dans la région. Sa part d’arrivées de touristes totales de la Caraïbe se situe entre 50 à 53 % durant les 5 dernières années. En 2002, la barre de l’échelle a marqué 53.1 % uniquement pour les arrivées des Etats‐Unis. Ceci est dû au déclin des arrivées de l’Europe et de la crise économique américaine en 2002. • Le pourcentage de touristes européens dans les arrivées de touristes est tombé de 24.7% en 2001 à 23.7% en 2002. • Le Canada a connu une certaine hausse, avec un pourcentage de 6.7% du nombre total des touristes de la Caraïbe en 2002, par rapport à 6.4% en 2001. • La part des touristes des pays Antillais est de 6.8% en 2002 contre 6.2% en 2001.
  • 5. • Les arrivées du reste du Monde ont baissé, passant de 10.7% en 2001 à 9.8% pour l’année 2002. La capacité d’accueil totale dans la région Caraïbe (y compris Cancun et Cozumel) est de 261.000 chambres pour l’année 2002 soit une légère diminution de 0.3% par rapport à l’année de 2001. Les 15 pays de la CARICOM : Antigua et Barbuda, Dominique, Grenade, Montserrat, St Kitts et Nevis, Ste Lucie, St Vincent et les Grenadines, Bahamas, Barbados, Belize, Guyane, Jamaïque, Trinidad et Tobago, Haïti et Suriname ont connu une baisse de 1.5% par rapport à l’année 2001, ils accusent ensemble un total de 72.059 chambres. ➢ Echelle nationale (Haïti) L’histoire du tourisme en Haïti comprend quatre grandes périodes : La première qui s’étend entre 1940 et 1950 correspond à l’âge d’or du tourisme dans le pays. A cette époque, le pays bénéficia d’une relative rente de situation sur la route des paquebots de croisière sillonnant la Caraïbe depuis les Bahamas jusqu’aux petites Antilles avec des escales limitées le plus souvent à quelques points stratégiques comme la Havane, San Juan de Porto Rico, Kingston, Port‐au-Prince. A l’époque, plus de 50,000 touristes étaient attendus par an dans le pays et plus principalement au cours des périodes carnavalesques. La deuxième période comprise entre les années 1957 et 1970 et marquée par la dictature des Duvalier qui entraîna la diminution des fréquentations par les touristes qui sont horrifiés par les récits des massacres et les témoignages sur les prisons. La troisième période débuta vers la fin des années 70 et caractérisée par la relative ouverture démocratique du régime des Duvalier. Le nombre de croisiéristes qui ont visité le pays à cette époque peut être estimé à 200,000 dont plus de 40% viennent des États‐Unis d’Amérique et du Canada. La quatrième période qui commence après le départ des Duvalier en 1986 est dominée par des crises politiques et environnementales et la hausse de la criminalité. Comme conséquence, l’industrie touristiques du pays connait des problèmes de tous ordres : les touristes se font rares (143,000 en 1999 et les coûts de fonctionnement des infrastructures touristiques sont très élevés. En termes de typologie des touristes visitant le pays, nous distinguons : Les croisiéristes : Le site Labadie dans le département du Nord représente la plus grande destination de ces derniers. Etabli depuis 1985 au terme d’un contrat de location avec l’Etat Haïtien pour 20 ans renouvelable et reconduit en 2003, le site Labadie d’une superficie d’environ 105 hectares de terres. Depuis 1995, et jusqu’en 2001, le nombre de croisiéristes n’a cessé d’augmenter. En effet, de 225.396 croisiéristes en 1985, ce chiffre a atteint le record de 357.442 en 2001, soit une hausse moyenne de 9,75% par an environ. Il est retombé à 342.088 en 2002, accusant ainsi une baisse de 4,2%. Le site de Labadie où débarquent les croisiéristes reçoit deux (2) bateaux additionnels par mois depuis le mois de janvier 2003, L’activité de croisières en Haïti
  • 6. NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005 durant l’année 2003 a subi une croissance de 22.7% soit un total de 419.793 croisiéristes, contre une baisse des touristes de séjour de 2.9%. Le tableau suivant donne le nombre de croisiéristes pour la période 2005-2009 : Années 2005 2006 2007 2008 2009 Nombres 368,021 449,921 482,077 499,741 439,055 Source : 4ème bulletin statistique du ministère du tourisme, Juin 2010. Les touristes de séjour avec une durée de séjour estimée entre 15 à 30 jours. Ils sont âgés entre 0 à 65 ans. Entre octobre à décembre 2007, le nombre de visiteurs par catégorie est estimée à : 22,995 pour les visiteurs étrangers et 25,497 pour les haïtiens naturalisés. Les touristes de séjours peuvent avoir comme motif de voyage soit le loisir, soit les affaires ou encore des motifs non spécifiés. Le tableau suivant donne le nombre de touristes de séjour via Port-au-Prince pour la période 1985-2009 : Année Nombre de touristes 1985 229,655 1986 181,661 1987 241,481 1988 324,655 1989 341,288 1990 335,757 1991 239,276 1992 89,526 1993 76,663 1994 70,260 1995 370,765 1996 400,520 1997 387,164 1998 393,058 1999 386,687 2000 445,008 2001 499,074 2002 482,200 2003 555,824 2004 96,439 2005 112,267 2006 107,783 2007 386,060 2008 781,635
  • 7. 2009 862,051 Sources : 4ème bulletin statistique du Ministère du tourisme Juin 2010 et Fondation pour le développement du tourisme alternatif en Haïti. Le graphe ci-après réalisé à partir des données du tableau précédent montre schématiquement l’évolution sur la période post Duvalier 1985-2009, du nombre de touristes de séjour transitant par Port-au-Prince et on constate que la tendance sur les 25 années est à la hausse hormis les périodes d’incertitude politique des années 1991-1994 et 2004-2006. A noter aussi l’accélération à partir de 2007 qui voit un triplement du nombre d’arrivées de touristes en deux ans. Graphe sur le nombre de touristes de séjour pour les 25 dernières années. Tableau touristes / motifs de voyage pour l’année 2008 : Motifs Loisirs Affaires Non spécifiés Autres Nombres 106,479 19,620 109,454 22,517 Source : 4ème bulletin statistique du ministère du tourisme, Juin 2010. Par ailleurs, il est à noter que les conditions économiques difficiles et le coût élevé du transport aérien, en particulier après les évènements du 11 septembre 2001, ont contribué à la baisse du tourisme international de séjour et favorisé du même coup la relance du tourisme intérieur. Ainsi, il a été noté un retour en force des publicités des établissements touristiques spécialisés dans le tourisme intérieur. Des tours de courte durée ont été organisés par des agences de voyages et des tours opérateurs dans le Nord, les Nippes, la Grande Anse. Il a été également enregistré un taux
  • 8. NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005 d’occupation élevé des sites balnéaires et des sites de montagne au moment des vacances d’été. De nombreux festivals musicaux ainsi que des foires ont également été organisés. Recettes sur le tourisme L'activité touristique constitue pour bon nombre de pays une industrie majeure susceptible de générer la croissance économique et de contribuer à la réduction durable de la pauvreté. Avec des arrivées de touristes internationaux chiffrées à 922 millions et des recettes de 944 milliards de dollars en 2008 (cf. : Le Nouvelliste 10 Décembre 2010), le tourisme constitue donc une source considérable de revenus et d'emplois décents, et un important moteur de développement économique et social. Le 4ème bulletin statistique fournit les taxes perçues par l’Etat haïtien sur les touristes. Ce document présente les montants prélevés pour la période allant de 2007 à mai 2010. Le tableau qui suit présente les montants selon les taxes collectées sur les croisiéristes et touristes de séjour. 2007 2008 2009 2010 Croisiéristes 2,892, 462 2,998, 446 2,634, 330 7,500, 000 Touristes de séjour 23,358, 642 14,273, 810 21,417, 032 21,200, 000 Taxes totales 26,253, 111 17,274, 264 24,053, 3 71 28,702, 010 Source : 4ème bulletin statistique du ministère du tourisme, Juin 2010. Tourisme et séisme, situation du secteur après le 12 janvier Durant l’année 2009, plus précisément dans son second semestre, les acteurs impliqués dans le tourisme en Haïti pouvaient s’enorgueillir des opportunités multiples qui s’offraient pour le développement du secteur. En effet, la réactualisation du Plan de Développement Touristique (PDT), la construction et l’inauguration du quai de Labadie qui a permis d’accueillir le plus grand paquebot de croisière au cours du mois de décembre (Ocean of the Seas), la concrétisation des travaux de mise en fonction du circuit de visite « Labadie – Baie de l’Acul – Citadelle », l’aménagement de la plage de Port-Salut, la construction de l’aérogare de Jacmel sont parmi les diverses actions entreprises pour redynamiser le secteur. Au cours de cette même année les arrivées de touristes internationaux en Haïti se sont chiffrées à 422,996, en progression de 50% par rapport aux données de 2008(Cf. 4ème Bulletin Statistique). Le nombre de croisiéristes à Labadie a par contre décru de 12%. Ceci étant, les recettes totales en 2009 sont globalement évaluées à USD 25 millions ou 1 milliard de Gourdes environ, et pour une contribution estimée à plus de 3% au Produit Intérieur Brut (PIB). Selon le quatrième bulletin statistique du Ministère du Tourisme, la situation touristique dans la région de l’Ouest, particulièrement affectée par le séisme se présentait comme suit : 47 établissements d’hébergement, 64 restaurants, 62 Agences de voyage/Transport, 17 Galeries d’art, 20 Boutiques de souvenirs, 7 Musées.
  • 9. Le parc hôtelier haïtien quant à lui disposait d’environ 1,500 chambres de standard international. Après le séisme du 12 janvier la situation du secteur en termes de dommages subis dans le Département de l’Ouest est résumée dans le tableau qui suit : Localité/Communes Total chambres Détruites Disponibles Occupées Kenscoff 56 0 55 1 Pétion-Ville 470 261 96 113 Port-au-Prince 392 230 28 134 Delmas 366 209 91 66 Tabarre 89 64 0 25 Carrefour 248 84 72 92 Total Aire Métropolitaine 1621 848 342 431 Source : 4ème bulletin statistique du ministère du tourisme, Juin 2010. Sur le plan financier, l’Association Touristique d’Haïti a fait état d’une perte évaluée entre 60 et 80 millions de dollars américains (cf. : 4ème Bulletin Statistique du Ministère du Tourisme) pour le secteur hôtelier et celui de la restauration. Les pertes d’emplois sont de l’ordre de 1,500 pour l’hôtellerie. Les pertes au niveau du fonctionnement sont évaluées à plus de USD 5 millions par mois, avec des incidences réelles sur les prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) régulièrement effectués par l’Etat. L’EXISTENCE ‘‘D’UN SECTEUR TOURISME’’ EN HAÏTI ? La politique touristique de ces deux dernières décennies en Haïti a été inspirée par l'élaboration de deux Plans de développement touristique, et desquels découlent plusieurs plans d'actions. En fait, un Plan Directeur du Tourisme (PDT), élaboré avec l'assistance du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), a été adopté en 1996. Il n'a pas été mis en œuvre suivant le calendrier voulu, ce qui fait que certaines de ses recommandations ont perdu de leur pertinence. La révision du PDT en 2006 projette une vision future et moderne du tourisme. Tout le monde est unanime à soutenir que différents secteurs d'activités peuvent bénéficier des retombées du tourisme à partir de ses effets d'entraînement et multiplicateurs sur l'ensemble de l'économie. Mais fort souvent, on oublie que le tourisme peut être considéré plus qu’un simple secteur de l’activité économique mais une vision du développement économique tel qu’illustre la brillante formule de Joseph Pierre Lamothe, « Tout pour et par le tourisme ». En Haïti, lorsqu’on parle de tourisme la première image qui vient en tête ce sont les étrangers qui viennent visiter le
  • 10. NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005 pays, ce qui est vrai et c’est d’ailleurs la finalité d’une telle activité. Un étranger qui visite un pays ou même un national qui visite une autre contrée de son pays, est avant tout une personne à la recherche d’un bien-être autre que celui se trouvant dans son pays ou sa région d’origine. De ce fait, le « tourisme » prend naissance dans les différents services qui seront consommés par la personne en question. Les monuments historiques et culturels, la cuisine, les hôtels, l’artisanat, les vêtements, l’art en général ou tout autre élément pouvant mettre en valeur la culture du pays ou la région dans son intégralité. La conception commune du tourisme est de ce fait un peu erronée pour la simple et bonne raison que rien n’est vraiment fait pour soutenir les secteurs censés travailler au profit du tourisme (ceux en amont). Il n’est jamais question des plans de développement agricole du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) ou encore des plans de réhabilitation de routes du Ministère des Travaux Publics et des Télécommunications (MTPTC), des plans de formation en hôtellerie etc... On semble oublier le caractère transversal que doit revêtir un Ministère du Tourisme qui se doit de se positionner et d’influencer les autres entités étatiques. A ce stade on ne peut pas parler de tourisme pour Haïti, le tourisme étant l’harmonisation de plusieurs secteurs, les uns aussi différents qu’importants vis-à-vis des autres, et lesquels malheureusement sont au plus mal. La situation du tourisme en Haïti serait analogique à un secteur des télécommunications qui essaierait de fournir des services de communication en l’absence d’industrie de production et de commercialisation de téléphones portables. On peut comprendre alors pourquoi dans la situation générale dans laquelle se trouve le pays, il serait utopique et incohérent de parler de croissance économique et de réduction de la pauvreté pour Haïti soutenue par le tourisme, comme il est communément admis depuis un certain temps. Comment un secteur très dépendant d’autres secteurs ou filières, qui eux aussi sont très mal en point, puisse assurer la croissance économique et par ricochet la réduction de la pauvreté. Pour étayer ce point de vue, on s’appuie sur une étude réalisée par Louis DUPONT de l’université de Washington : « Cointégration et causalité entre développement touristique, croissance économique et réduction de la pauvreté : cas de Haïti, Études caribéennes [En ligne], 13-14 | Décembre 2009, mis en ligne le 07 juillet 2010 ». Cet article s’est attaché à analyser les relations de causalité entre développement touristique, croissance économique, et réduction de la pauvreté en Haïti. Au terme de cet étude quatre questions ont été posées à cet effet afin d’identifier les relations directionnelles et /ou bidirectionnelles entre les trois variables. Les résultats ont montré que les trois variables sont cointégrées, c’est-à-dire elles évoluent ensemble et affichent par conséquent une relation de long terme au moins dans une direction. La relation entre croissance économique et développement touristique est unidirectionnelle. Autrement dit, la croissance économique cause le développement touristique et non l’inverse. La relation entre la réduction de la pauvreté et le développement touristique est unidirectionnelle et non l’inverse. En effet, une réduction du niveau de pauvreté qui découlerait de la croissance économique se traduirait par du développement touristique. Le travail de Mr. Dupont plaide en faveur d’une nouvelle façon pour un pays pauvre de concevoir son programme de développement touristique en tant que levier de croissance et de réduction
  • 11. de pauvreté. Il faut tout d’abord se donner les moyens de développer et/ou structurer certains secteurs et filières clés qu’on peut qualifier de « secteurs en amont » tels : agriculture, infrastructures (transport, énergie, télécommunications), sécurité, santé, artisanat, gastronomie etc… Les conclusions de l’article nous permettent d’élucider le fait qu’on ne pourra parler de secteur de tourisme en Haïti générateur de richesses si un effort n’est pas entrepris pour structurer, organiser et planifier des secteurs et filières de l’économie devant conduire à l’instauration d’un secteur touristique durable jouant pleinement son rôle de multiplicateur et d’entrainement. Pour le moment l’agriculture désuète et échantillonnée d’Haïti, la limitation du nombre d’hôtels respectant les normes internationales, l’absence d’infrastructures de base, d’établissements et de professionnels qualifiés en soins de santé, les carences en termes d’aménagement de lieu de loisirs… autant de services consommés par les potentiels touristes et qui devront attirer l’attention dans la mise en place d’un Plan Directeur de Tourisme qui se veut être durable et servir avec efficience le développement économique du pays. C’est pourquoi il serait impératif que non seulement les autorités en charge mais aussi toute l’élite politique et économique du pays, de saisir l’opportunité offerte par le séisme en termes de reconstruction et de redéfinition économique et ainsi aménager un plan viable devant conduire à la concrétisation de cette vision de développement du pays s’appuyant sur le tourisme. STRATEGIES DE RELANCE DU TOURISME Comme nous venons de voir précédemment, le développement du tourisme doit être la résultante d’un ensemble d’équations de politiques publiques sérieuses et ciblées. Aussi si on veut que le tourisme devienne, à l’instar de nos voisins caribéens un secteur économique générateur de richesses et d’emplois, il faut qu’à la base, dès le départ, avec les paysans, les hommes d’affaires, les universités, les associations patronales et syndicales, les associations de femmes, les médias nationaux et communautaires, les politiciens d’horizons divers, la diaspora…autrement dit avec tous les haïtiens et haïtiennes, il se dégage un consensus sur cette orientation à donner à l’économie haïtienne qui devra dorénavant être tournée vers l’industrie du tourisme. On pourrait alors se donner pour objectif, sur une génération (25-30ans), de faire passer le poids de l’industrie touristique dans le PIB haïtien de 3% actuellement à 25%, et ainsi arriver à hauteur de nombreux pays de la région. Sans un accord national préalable entre toutes les forces vives et les secteurs représentatifs de la nation sur cette vision commune du développement, il sera très difficile de mettre en place les conditions permissives pour le développement du secteur. Passé cette étape de consensus national sur l’orientation économique à long terme d’Haïti qui inclut inévitablement une certaine stabilité politique et sachant que c’est un pays aux ressources limitées, il s’avère indispensable de mettre en place une stratégie répondant à cette dernière logique qui puisse tenir compte à la fois des faiblesses séculaires et des diverses potentialités d’Haïti. Le modèle de développement économique à pôles de croissance de l’économiste français François Perroux, en dépit de ses failles, peut être appliqué dans le processus de développement touristique en Haïti. L’idée serait d’abord d’identifier toutes les
  • 12. NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005 régions du pays susceptibles d’attirer les visiteurs et d’y concentrer les efforts de mise en valeur qui conduira alors à une croissance économique régionale assez élevée et permettre ainsi de réduire les barrières à l’entrée pour l’industrie touristique. Celle-ci par son développement génèrera des richesses dont l’effet induit s’observera dans toutes les zones du pays connectées à cette région-pôle et l’augmentation des rentrées de l’Etat qui s’ensuivra, permettra dans une logique de redistribution des richesses, à l’investissement d’une partie dans des régions moins touchées par l’effet du pôle. Les choix des régions-pôle de croissance doivent se baser au prime abord sur des critères économiques et d’aménagement du territoire préalablement définis lesquels doivent être impérativement liés à la spécificité touristique caribéenne : les belles plages, la mer turquoise, les facilites de construction d’hôtels et de « resorts », les fruits et mets exotiques mais aussi au point de vue de la spécificité haïtienne : la culture vaudou, l’histoire coloniale d’Haïti, sa musique et son art. Tout ceci devra permettre un développement économique et social harmonieux, décentralisé, planifié et durable. Identification de pôles de croissance Elle constitue la première étape de la stratégie. Comme mentionné plus haut, il est de l’intérêt du pays de se focaliser au prime abord sur les régions susceptibles d’attirer les touristes étrangers et que l’on peut mettre en valeur considérant les ressources limitées du pays. Tenant compte de la spécificité caribéenne et haïtienne du tourisme, on peut citer plusieurs régions du pays parmi lesquelles : ▪ Le Triangle Labadee- Ville du Cap-Haïtien- Ville de Milot ▪ Côte des Arcadins ▪ Centre-ville de Port-au-Prince ▪ Jacmel ▪ Saut D’eau (Ville Bonheur) ▪ Port-salut ▪ Lac Azuéi ▪ Pestel ▪ Iles adjacentes (Cayemites, Ile à Vache, Ile de la Tortue, Ile de la Gonâve) ▪ Marchand/Dessalines ▪ Kenskoff/Furcy ▪ Petite Rivière de l’Artibonite Il est important dans l’identification de ces sites de préciser le niveau de services de base dans ces régions (infrastructures, transport, santé, eau courante et potable, sécurité, électricité, communication…) sans oublier l’indice d’approvisionnement (et de production) de ces zones en termes de produits tropicaux et du terroir haïtien…et dans une moindre mesure les potentialités retrouvées en termes de loisirs. 1ère Phase : Investissements Publics L’identification des capacités et besoins des régions appelées à devenir des pôles de croissance se révèle impérative pour amorcer la première phase de la stratégie qui se traduit par
  • 13. une implication forte de l’Etat en termes d’investissements publics pour développer les capacités de ces régions et combler les manques identifiés. Ceci pour permettre de poser les conditions susceptibles d’attirer les investissements privés dans ces zones touristiques. Le touriste doit pouvoir se déplacer…Il s’avère primordial de pouvoir développer des infrastructures de transport notamment dans la zone en question choisie. Mais sans oublier de continuer le maillage routier qui doit tenir compte des interrelations existant entre les différentes régions touristiques mais aussi de l’approvisionnement de celles-ci en produits et services du terroir haïtien. On peut citer en exemple des liaisons suivantes : Cap Haïtien-Milot ; Port-au-Prince ---Cote des Arcadins ; Cayes-Port Salut ; Port-au-Prince –Lac Azuéï Il faut dans un autre registre procéder à l’agrandissement et la modernisation des aéroports internationaux de Port-au-Prince et de Cap Haïtien, ouvrir un autre aéroport international dans la zone de la Presqu’ile du Sud, (entre Saint-Louis du Sud et Cayes..) tout en pensant aux diverses aérodromes régionaux à rénover : Jérémie, Jacmel, Hinche, Port de Paix, Ouanaminthe. Haïti étant situé sur la route des Croisières des paquebots luxueux qui scrutent la Mer des Antilles, l’aménagement d’installations portuaires répondant aux standards internationaux comme point d’arrivée sur nos magnifiques plages s’impose : Labadee, Port-au-Prince, Jacmel, Jérémie pour ne citer que ceux-là. Il s’avère important également de penser à la mise en valeur de nos ilots adjacents tels que les Cayemites, Ile à Vache, Ile de la Tortue ou encore la Gonâve, ile presqu’aussi grande que la Martinique et qu’il est serait dans l’intérêt du pays de transformer en un département et qui peut constituer un pôle de croissance. Pour accepter de faire le déplacement jusqu’à Haïti, le touriste doit avoir accès aux services de base vitaux autrement dit à des commodités devant lui permettre de passer des séjours agréables. A commencer par les soins de santé qui doivent se développer de manière intégrée en Haïti avec en premier lieu la formation d’un personnel qualifié (médecins, infirmières, auxiliaires, thérapeutes diverses…), la construction de grands centres hospitaliers dits « d’Hôpitaux de Région » à travers les 10 (bientôt 11 départements en y incluant la Gonâve..) ainsi que les centres de santé/dispensaires dans chaque commune du pays (on fera en sorte de prioriser les zones considérées à fort potentiel touristique). Sans oublier la mise en place au niveau national d’une sécurité sociale en partenariat avec le privé. Le touriste qui vient visiter le pays doit pouvoir se fier aux soins de santé dispensés dans le pays. Autre besoin primaire devant pouvoir être satisfait, celui de l’eau potable. A travers la Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement (DINEPA), l’Etat devra travailler à la mise en place d’un système fiable d’assainissement et d’eau potable sur tout le territoire national en privilégiant les zones densément peuplées d’une part et d’autre part celles identifiées comme à fort potentiel touristique. Par rapport aux producteurs privés d’eau embouteillée, la mise en place d’une règlementation stricte du secteur parachevée par une certification nationale rigoureuse s’avère nécessaire pour un meilleur contrôle de l’eau sur toute l’étendue du territoire et qui devra sans nul doute bénéficier aux touristes car pour des raisons de commodités (et de précaution sanitaire..), ils préfèrent largement utiliser l’eau vendue en bouteille. Dans le même registre de travail en amont, l’Etat doit s’assurer du développement continu des télécommunications en incitant les compagnies opérant dans le secteur non seulement à couvrir tout le pays mais aussi à offrir de plus en plus des services de qualité aux consommateurs.
  • 14. NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005 La couverture nationale du réseau téléphonique, l’internet à haut débit, le câble sont autant d’outils de communication et d’information modernes qui doivent permettre l’ouverture du pays au Monde et maintenir l’éventuel touriste en connexion avec son pays d’origine. L’électricité est indispensable au développement et au fonctionnement du pays. Il faut l’électricité pour les machines des industries, pour les entreprises de services, pour les besoins domestiques, pour l’éclairage des rues….etc. Les zones à potentialité touristiques doivent recevoir une attention plus soutenue dans un premier temps en termes d’alimentation régulière en courant électrique. L’aménagement hydro-électrique de Péligre et d’un second dans la zone de Mirebalais dans le Département du centre jointe à de petits aménagements locaux et régionaux (par exemple Saut-Mathurine aux Cayes..) la mise en place d’une raffinerie de pétrole, la mise en valeur de l’énergie éolienne dans certaines zones du pays, l’aménagement de stations thermiques à travers différents départements du pays sans oublier les études de production de bio-carburant à travers la culture et la transformation du jatropha haïtien, sont autant de possibilités d’augmentation de production du courant électrique. Le problème de sécurité physique des personnes est un aspect important devant être pris en compte par une lutte systématique contre le banditisme et les fauteurs de trouble en tout genre, mais il est aussi question d’assurer que les normes de sécurité établies dans le transport routier, portuaire ou aéroportuaire soient standardisées et respectées par tous, de même que la sécurité du point de vue de la prévention et de la gestion des risques et des désastres (service de pompier équipés et entrainés, respect des normes de construction parasismique et anticyclonique pour les bâtiments, un service fonctionnel de gestion des risques et des désastres….) Toute cette panoplie de services liés au domaine de la sécurité doit pouvoir rassurer le touriste qui vient qu’il peut être à son aise dans un pays ayant une structure organisée et intégrée devant tendre vers son bien-être. Se spécialiser dans le tourisme, caribéen de surcroit, requiert l’offre de certains services et produits standards notamment en termes de nourriture et de boissons. Il est important de développer une agriculture, une production nationale tournée vers le besoin du tourisme. Ces produits doivent pouvoir se trouver en quantité abondante permettant tant aux natifs qu’aux touristes de jouir de cette production. L’approche par filières peut être considérée comme un moyen pour un développement agro-industriel effectif du pays avec une partie de celle-ci qui s’oriente vers la production pour le flot de touristes qui vont se déverser sur le pays. On pense notamment à la filière agrumes (oranges, mangues, mandarines, citrons, chadèques, cerise, fruit de la passion (grenadia), papaye, avocat…) ; à la filière élevage (production locale de lait et de viandes –porc, cabri, bœuf, moutons, poulets et pintades…) ; à la filière pêche sans oublier la filière maraîchage (légumes). L’agro-industrie s’attacherait à la commercialisation du fruit et/ou à transformation en jus ou en poudre sans oublier de faire connaître les spécialités locales en termes de « jus-collé » faites avec de l’arbre véritable ou de manioc… D’un autre côté, la mise en place d’abattoirs modernes et le respect des normes sanitaires et d’emballage devront contribuer au développement de l’industrie des produits de l’élevage. Le renforcement des exploitations agricoles en encourageant la mise en commun des parcelles pour les rendre plus rentables ainsi que la mise en place d’exploitations plus grandes exigées pour certaines cultures qui doivent être précédées d’une réforme agraire d’envergure et de la résolution du problème de cadastre.
  • 15. Parallèlement à ces investissements importants consentis, l’Etat doit chercher la valorisation, la protection ainsi que la restauration des sites ou lieux de patrimoine haïtien. Il s’avère important de les identifier et d’en tenir compte dans les études et les exécutions des différents projets de développement (agro-industriel, infrastructurel, services de base……) L’Etat doit permettre aussi que les formations soient standardisées dans les Ecoles Professionnelles et Universités afin d’avoir un personnel formé aux normes internationales incluant le domaine du tourisme en général, d’hôtellerie, de cuisine haïtienne et internationale, de gestion et de langues étrangères. L’Etat ne doit pas non plus négliger l’éducation de la population sur l’intérêt à développer le tourisme et lui faire prendre conscience qu’elle a une part active à jouer dans ce développement et ce quotidiennement, notamment en termes de maintien de la propreté des rues, de l’accueil chaleureux réservé aux différents visiteurs et d’entretenir une propension naturelle élevée à aider les touristes dans leur quête d’informations sur le pays. L’Etat peut même dans une certaine mesure ouvrir une Ecole de « Guides pour touristes » avec des spécialités régionales (Le Nord, Le Sud et l’Ouest…) 2ème Phase : Investissements Privés La seconde phase est celle de la mise en place des infrastructures touristiques proprement dites. Celles-ci seront aménagées ou pourront être exploitées (en référence à celles déjà existantes) de manière rentable quand les conditions préalables sont réunies c’est-à-dire en termes de services (ou la majorité) des services dits publics sont effectivement mis en place. Il est du devoir de l’Etat haïtien d’encourager l’initiative privée tant nationale qu’internationale en mettant des principes et des bases solides pour l’exploitation des zones potentiellement touristiques. En accord avec le Secteur Privé haïtien et étranger intéressé à faire des affaires dans le pays, une stratégie de marketing national et international du « Produit –Haïti » doit être élaboré et promouvoir les avantages et les services touristiques du pays. Cette stratégie a 3 volets. Tout d’abord celui qui consiste à vendre le « Produit Haïti » aux haïtiens eux-mêmes vivant sur le sol national via le tourisme local, ensuite aux haïtiens de la Diaspora pour qu’ils puissent revenir visiter leur pays et finalement le dernier volet qui va privilégier les étrangers tout en tenant compte de sa grande diversité (approches francophones-anglophones ; approches américaines - européennes ; approche latino-américaine etc.) Ce marketing se spécialisera dans la vente de la musique, de l’histoire, de la culture haïtienne... des plages ensoleillées, des vertes montagnes, des paysages de rêve mais surtout un peuple accueillant et chaleureux, unique dans la Caraïbe. Avec notamment des investissements du Privé, les industries de loisirs fleuriront dans les zones prévues à cet effet. Des resorts, des plages aménagées, des hôtels pour toutes les bourses, des night-clubs pour danser la musique haïtienne et étrangère, des restaurants pour savourer outre la gastronomie internationale, les spécificités culinaires haïtiennes, des musées et des galeries d’art pour exposer et vendre particulièrement la peinture, la sculpture, le travail du fer et du bois des artisans haïtiens, des salles de cinéma, de théâtre et de spectacle, des centres de lecture et audiovisuels… CONSIDÉRATIONS FINALES
  • 16. NB : Ces résultats ont été obtenus à partir de modèles économétriques montés à l’aide de séries statistiques des trois variables en question pour la période allant de 1960 à 2005 Avec une bonne stratégie, Haïti peut faire du tourisme un vecteur de développement économique et de réduction de la pauvreté à l’instar de ses voisins caribéens… Mais pour mettre en place ce secteur, il s’avère nécessaire de faire un effort préalable de mise en valeur du pays en termes de production agricole, d’infrastructures de transport, de services primaires (eau potable, télécommunications, santé…) qui doivent précéder les investissements dans les infrastructures touristiques via une politique d’identification de pôles de croissance régionaux à potentiel touristique à travers le pays. L’affluence de capitaux privés pour le développement des facilités touristiques dans ces pôles aménagés dans un premier temps avec les fonds publics, vont faire en sorte que plus de touristes viennent visiter le pays. Plus de touristes signifie plus de revenus dans l’économie, et donc croissance économique. Ceci se traduit par une augmentation des revenus de l’Etat. Avec des investissements dans les infrastructures sociales (université, assurance sociale, soins de santé…) consentis par l’Etat avec le surplus obtenu, il y aura un meilleur environnement pour attirer plus de touristes qui vont arriver en plus grand nombre et donc avec plus de devises et qui aura comme heureuse incidence l’augmentation des revenus dans l’économie et ainsi de suite. Il se crée alors un cercle vertueux dont le vecteur principal est le tourisme et qui contribue à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. Référence bibliographique - Bulletin statistique du ministère du tourisme, Volume I, II, III, IV. - « Cointégration et causalité entre développement touristique, croissance économique et réduction de la pauvreté : cas de Haïti, Études caribéennes [En ligne], 13-14 | Décembre 2009, mis en ligne le 07 juillet 2010 ».
  • 17. - « Développement touristique, aménagement du partenariat avec le privé » . Table ronde organisée à l’occasion du congrès des maires de France, Novembre 2004. - « Faire valoir le tourisme dans l’économie locale de la région caraïbe, principe de bonnes pratiques », Pro-poor Tourism Partnership et l’organisation du tourisme des caraïbes. - Fondation pour le développement du tourisme alternatif, plan stratégique 2009- 2013. - « Pour un tourisme durable dans la grande caraïbe, Etudes caribéennes [En ligne] », Olivier Dehoorne, Fabiola Nicolas et Pascal Saffache.