SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  1
Télécharger pour lire hors ligne
Article réservé aux abonnés
«Mêmependantla
guerrefroide,les
Russesn’ontpasarrêté
delivrerdugazen
Europe.Auprixactuel,
ilsn’ontpasintérêtàle
fairelongtemps»Jean-
ArnoldVinois,
conseillerUnionde
l’énergiepourl’Institut
JacquesDelors
La crise ukrainienne a violemment rappelé aux Européens à quel point ils sont
dépendants de la Russie pour leur approvisionnement en énergie. Alors qu’ils
menacent de prendre des sanctions lourdes contre Moscou si Vladimir Poutine
décidait d’envahir l’Ukraine, ils savent qu’il y a urgence à desserrer l’étau du gaz
russe. Les Etats-Unis l’ont bien compris qui se disent prêts à aider le Vieux
Continent dans ce cas de figure.
« Les Etats-Unis et l’UE [Union européenne] travaillent conjointement à assurer un
approvisionnement continu, suffisant et ponctuel de gaz naturel à l’UE depuis
diverses sources à travers la planète pour éviter des chocs d’approvisionnement, y
compris ceux qui pourraient résulter d’une nouvelle invasion russe de l’Ukraine »,
ont déclaré, vendredi 28 janvier, dans un communiqué commun, le président
américain, Joe Biden, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von
der Leyen.
Depuis trois semaines, les discussions entre la Maison Blanche et Bruxelles se sont
intensifiées, afin de se préparer au scénario du pire qui verrait Moscou couper le
robinet du gaz aux Européens, sur fond de flambée des prix de l’énergie. Ditte Juul-
Jorgensen, à la tête de la direction générale énergie de la Commission, était
d’ailleurs à Washington, il y a quelques jours.
Lire aussi | « Malédiction, le gazoduc Nord Stream 2 illustre l’ambivalence
d’une partie des Européens sur l’arme des sanctions contre la Russie »
Se préparer au scénario du pire
Les Etats-Unis sont de gros producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL), qui est
acheminé par voie maritime avant d’être regazéifié dans des terminaux, et peut
donc se substituer facilement au gaz classique, qui, lui, se transporte dans des
gazoducs et n’offre aucune souplesse. Ils ont commencé à accroître leurs livraisons
aux Européens – « ces trois dernières semaines, entre 70 et 80 cargos américains de
GNL ont été reroutés vers l’Europe », confie la Commission – mais il leur faut
pouvoir passer à la vitesse supérieure.
Ursula von der Leyen et Joe Biden multiplient également les contacts avec les
autres producteurs de GNL, qu’il s’agisse des pays du Golfe, de l’Egypte ou encore
de l’Algérie, afin qu’ils réorientent une partie de leur production vers le Vieux
Continent. La présidente de l’exécutif communautaire s’est ainsi entretenue, le
27 janvier, avec l’émir du Qatar, qui sera reçu par le président américain, le
31 janvier.
Mais la production mondiale de GNL n’est que peu extensible et elle est déjà, pour
l’essentiel, prévendue. En clair, si les Européens veulent en récupérer une partie, il
faut que les pays qui l’ont achetée – comme le Japon, la Chine ou encore la Corée –
renoncent, au moins temporairement, à certaines livraisons. C’est donc un vaste
marchandage entre gouvernements du monde entier qui s’est engagé et qui va se
poursuivre ces prochains jours. Avec en ligne de mire le 7 février, date à laquelle
doit se tenir à Washington un sommet Etats-Unis - Europe consacré à la sécurité
énergétique.
En parallèle, l’UE compte sur la Norvège, son
deuxième fournisseur de gaz derrière la Russie, si
Moscou venait à faillir. Elle regarde aussi du côté de
l’Azerbaïdjan, où se rendra Kadri Simson, la
commissaire à l’énergie, le 4 février. Enfin, outre les
importations de gaz par gazoducs ou de GNL par
navires, le Vieux Continent peut puiser dans ses
stocks. Mais ceux-ci sont à des niveaux faibles,
remplis à 40 %, contre environ 60 % d’ordinaire à la
même période de l’année.
« Une interruption de quelques jours
aurait un gros effet »
« On se prépare aux sanctions et on se prépare aux
contre-sanctions », résume un haut fonctionnaire européen, pour qui l’ensemble
de ces dispositifs devrait permettre, peu ou prou, de passer l’hiver si le gaz russe
venait à manquer. Sur le fond, rares sont ceux qui croient au scénario où Moscou
interromprait ses livraisons durablement, tant la Russie est dépendante de la rente
gazière. « Ce dont il faut se prémunir, c’est d’une interruption de quelques jours, qui
ne serait pas longue, mais qui aurait un gros effet », juge un diplomate européen.
« Même pendant la guerre froide, les Russes n’ont pas arrêté de livrer du gaz en
Europe. Au prix actuel, ils n’ont pas intérêt à le faire longtemps », juge Jean-Arnold
Vinois, conseiller Union de l’énergie pour l’Institut Jacques Delors.
Lire aussi | « Les cours du gaz évoluent sur fond de bruits de bottes russes
aux frontières orientales de l’Ukraine »
En 2009, Moscou avait interrompu ses acheminements de gaz en Ukraine, et, par
ricochet, « quinze Etats membres s’étaient retrouvés sans gaz », ajoute cet expert.
Depuis, les Vingt-Sept ont essayé de réduire leur dépendance au gaz russe. Les
gazoducs sont devenus bidirectionnels et permettent d’acheminer du gaz de l’est
vers l’ouest, mais aussi de l’ouest vers l’est, ce qui était impossible auparavant. Les
Vingt-Sept se sont aussi dotés d’une réglementation qui les oblige à diversifier
leurs sources d’approvisionnement, ils ont multiplié les capacités
d’interconnexion entre eux et construit de nombreux terminaux gaziers, à même
de transformer du GNL qui arrive en Europe par bateau.
Pour autant, l’Europe ne peut que constater qu’elle n’est pas arrivée là où elle
souhaitait être. L’arrêt programmé du nucléaire en Allemagne, la hausse de la
consommation globale d’électricité, ou encore la fermeture à venir du gisement
gazier de Groningue, aux Pays-Bas, en raison de tremblements de terre, ont
perturbé ses plans. Conséquence, les Vingt-Sept ne produisent plus que 9 % du gaz
qu’ils consomment, contre encore 24 % en 2015, selon le cercle de réflexion
Bruegel.
Dans les dix ans à venir, la dépendance de l’Europe au gaz russe ne devrait pas
diminuer. Alors que les Vingt-Sept se sont engagés à atteindre la neutralité
carbone en 2050, certains d’entre eux vont, transitoirement, y avoir recours, que
ce soit pour prendre le relais du charbon dans l’est du continent ou de l’atome en
Allemagne. Passée cette période, si les Européens veulent respecter l’accord de
Paris, l’énergie fossile devra voir sa place dans le mix énergétique reculer. La
montée en puissance des renouvelables et le retour en grâce du nucléaire en
Europe devraient y contribuer.
« Le choc gazier est comparable au choc pétrolier de 1973 », a déclaré le ministre de
l’économie, Bruno Le Maire, le 26 janvier. Aujourd’hui, affirme la Commission,
quelque 40 % du gaz importé au sein de l’UE vient encore de Russie (devant la
Norvège). Avec une forte hétérogénéité entre les Vingt-Sept. La Slovaquie ou
l’Autriche s’approvisionnent exclusivement en Russie. A l’inverse, l’Espagne
n’achète rien à Moscou. En Hongrie et en Finlande, c’est 80 % de
l’approvisionnement qui est russe ; ce pourcentage tombe à 50 % en Allemagne, il
est d’un peu plus de 20 % en France, de 30 % en Italie et aux Pays-Bas.
Dans ce contexte, la Russie dispose d’un pouvoir réel sur ses voisins. En a-t-elle usé
ces derniers mois, alors que les prix se sont envolés ? Moscou a certes honoré ses
contrats de long terme, mais au minimum, et n’a pas augmenté son volume de
livraisons, notamment sur les marchés spots, où le gaz peut se vendre du jour au
lendemain. A en croire l’Agence internationale de l’énergie, les exportations de gaz
russe en Europe ont baissé de 25 % au dernier trimestre 2021 par rapport aux trois
derniers mois de l’année précédente.
Lire aussi | Gaz en Europe : quatre questions pour comprendre l’envolée des
prix et ses conséquences
L’avenir de Nord Stream 2 au cœur de la crise
« Comment se fait-il que l’acteur dominant sur le marché du gaz n’ait pas répondu
aux demandes supplémentaires de la part de ses clients, alors même que les prix
grimpaient et que l’hiver arrivait ? S’agit-il ou non d’un abus de position
dominante ? », s’interroge Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie
et climat de l’Institut français des relations internationales. « Gazprom n’a peut-
être pas autant de marge de manœuvre et doit privilégier la demande intérieure »,
qui « est très forte », nuance Catherine Locatelli, chargée de recherche au CNRS sur
l’industrie pétrolière et gazière de la Russie.
« J’aurais tendance à penser qu’il s’agit d’une utilisation politique du gaz. La Russie a
dit que si l’Europe certifiait Nord Stream 2, plus de gaz viendrait. Alors pourquoi
n’envoie-t-elle pas plus de gaz par les gazoducs déjà en service ? », juge, pour sa part,
l’économiste italien Simone Tagliapietra, de Bruegel. Une chose est certaine,
l’avenir de Nord Stream 2 est au cœur de la crise actuelle entre l’UE et la Russie.
Lire aussi | Faut-il autoriser Nord Stream 2, un pipeline acheminant du gaz
russe ? Le gouvernement allemand est divisé
Ce gazoduc qui relie la Russie à l’Allemagne sans passer par l’Ukraine, et dont la
construction est achevée, attend encore le visa de l’administration allemande et de
la Commission pour être mis en service. « Nord Stream 2 apparaît comme un
moyen de pression possible des Européens sur les Russes », juge Jean-Arnold Vinois.
En cas d’offensive russe sur le sol ukrainien, des « sanctions fortes » pourraient
inclure le pipeline, a prévenu, le 27 janvier, la ministre des affaires étrangères
allemande, l’écologiste Annalena Baerbock. Le chancelier (SPD) Olaf Scholz, qui, il y
a quelques semaines, refusait de lier l’avenir de Nord Stream 2 à l’affaire
ukrainienne, tant l’industrie allemande y tient, ne l’a pas contredite. « La coalition
allemande était très divisée sur Nord Stream. La crise ukrainienne a rapproché les
points de vue », commente un diplomate.
Les Etats-Unis, eux, ne laissent pas vraiment le choix à Berlin. Le 27 janvier, Joe
Biden a fait savoir qu’il jugeait que Nord Stream 2 est un « mauvais accord » pour
l’Europe. « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream
2 n’ira pas de l’avant », a, pour sa part, souligné la numéro trois de la diplomatie
américaine, Victoria Nuland. « C’est un peu comme l’affaire des Mistral en France »,
commente un diplomate. En novembre 2014, François Hollande avait annulé la
vente à la Russie, conclue trois ans plus tôt par son prédécesseur Nicolas Sarkozy,
de deux navires de guerre, alors qu’en juillet les Occidentaux avaient décidé d’un
embargo sur les livraisons d’armes à Moscou en représailles à l’annexion de la
Crimée.
Lire aussi | Crise en Ukraine : les Etats-Unis appellent les Européens à serrer
les rangs
Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen) et Adrien Pécout
Dans la même rubrique
Services
INTERNATIONAL • CRISE UKRAINIENNE
Sur fond de crise ukrainienne, les Européens
cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe
Depuis quelques semaines, les Etats-Unis ont accéléré leurs livraisons de gaz naturel liquéfié, et l’UE
multiplie les contacts pour diversifier ses approvisionnements, par crainte de mesures de rétorsion de
Moscou.
Par Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen) et Adrien Pécout
Publié aujourd’hui à 05h26, mis à jour à 10h09 • Lecture 8 min.
Construction du Nord Stream 2 au fond de la mer Baltique pour le transport du gaz entre la Russie et
l’Allemagne, en novembre 2018. BERND WUSTNECK / AFP
Contribuer Sélections Partage
Outbrain
Contenus sponsorisés par
PUBLICITÉ DISONS DEMAIN
Vous avez plus de 50 ans et vivez près de
Paris ?
PUBLICITÉ VOICI
Mort de Gaspard Ulliel : nouvelles révélations
sur les circonstances de son accident de ski
Édition du jour
Daté du lundi 31 janvier
Lire le journal numérique
Les éditions précédentes
PUBLICITÉ
Lespluslus
1 Covid-19 : la majorité des
décès à l’hôpital sont
désormais liés au variant
Omicron, selon Santé publique
France
2 Faux candidat, faux
suppléant, fausse investiture :
le Conseil constitutionnel
annule une législative
parisienne
3 « Avoir fait des enfants est ma
plus grosse erreur » : le regret
maternel, douloureux et
encore tabou
Crise en Ukraine : les Etats-Unis saisissent le Conseil de
sécurité des Nations unies
Washington, qui craint une attaque russe en Ukraine, demande une réunion
publique, lundi, en raison de la menace que fait peser Moscou sur la sécurité
et la paix internationales.
« Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne insistent sur
“l’imminence” d’une opération militaire d’ampleur en
Ukraine »
Alors qu’Emmanuel Macron s’est entretenu avec Vladimir Poutine, Joe Biden
redoute une invasion « imminente » de l’Ukraine. Dans cet affrontement Est-
Ouest, l’UE a-t-elle un rôle à jouer ? Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde » et spécialiste de l’Europe
de l’Est, a répondu à vos questions.
Face à Macron, Poutine regrette le rejet de ses
demandes par les Etats-Unis, mais ne claque pas
la porte des négociations
Durant leur conversation téléphonique, le président de la République et le
maître du Kremlin « se sont mis d’accord sur la poursuite du dialogue », selon
l’Elysée. M. Macron a insisté sur la relance du processus de paix de Minsk concernant la région séparatiste
ukrainienne du Donbass.
Crise en Ukraine : les Etats-Unis écartent une exigence
russe
Il s’agissait d’une des principales demandes de Moscou. Toutefois,
Washington assure avoir proposé une « voie diplomatique » pour éviter un
conflit armé.
Crise ukrainienne : l’aide militaire mesurée des
Occidentaux
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni restent les pays les plus impliqués dans la
livraison d’équipements à destination de Kiev confronté à la menace russe.
Ailleurs, les annonces nécessitent encore des traductions concrètes.
Crise en Ukraine : manœuvre militaire russe à la
frontière, échange Macron-Poutine vendredi
La démonstration de force russe survient au lendemain de l’annonce par les
Etats-Unis de la mise en état d’alerte de 8 500 de leurs militaires. « Nous
n’avons pas l’intention de déployer des forces américaines ou de l’OTAN en
Ukraine », a toutefois assuré, mardi, Joe Biden.
Les options de Poutine en Ukraine : intervention
militaire, escalade diplomatique ou cyberattaque
Le statu quo n’est pas une éventualité envisagée par Moscou, dont les
possibilités d’action sont diverses.
« La neutralité de l’Ukraine contre un arrêt du soutien
russe au Donbass peut être la clé d’un compromis
honorable »
Le professeur de stratégie belge Sven Biscop prône un donnant-donnant
pour désamorcer la crise entre la Russie et l’OTAN.
Guerre des nerfs en Ukraine, sous la menace russe
Les Ukrainiens, en conflit avec Moscou depuis 2014, observent avec un
certain étonnement la poussée de fièvre. Sans vraiment croire à une
invasion, dirigeants et habitants de Kiev se disent prêts à résister.
Crise en Ukraine : Emmanuel Macron et Olaf Scholz
affichent leur volonté de maintenir le dialogue avec la
Russie
Le président français et le nouveau chancelier allemand souhaitent relancer
les discussions en « format Normandie » – Ukraine, Russie, France et
Allemagne – pour mener à une forme de « désescalade ».
Crise en Ukraine : les Etats-Unis appellent les
Européens à serrer les rangs
Le président américain, Joe Biden, s’est entretenu avec les principaux
dirigeants européens pour tenter de désamorcer les divisions parmi ses
alliés, tiraillés entre surenchère et volonté d’apaisement.
Crise en Ukraine : Biden accroît la pression sur Moscou
et se concerte avec les Européens
En annonçant le possible déploiement de 8 500 militaires américains pour
renforcer les troupes de l’OTAN, Joe Biden tente de faire basculer en sa
faveur le rapport de forces qu’a instauré Vladimir Poutine, en massant des
troupes à la frontière de l’Ukraine.
Crise en Ukraine : la communication de crise
américaine, une arme à double tranchant
Depuis des mois, Washington privilégie la dramatisation censée illustrer sa
vigilance, mais trahissant surtout les limites de son engagement.
« Il est préoccupant que l’Union européenne n’ait pas
une politique étrangère unique à l’égard de la Russie »
TRIBUNE. Les discussions sur la sécurité en Europe se tiennent à Genève
entre négociateurs russes et américains sans les principaux intéressés,
déplorent, dans une tribune au « Monde », Christian Lequesne, professeur de
science politique, et Tomasz Orlowski, ancien ambassadeur de Pologne.
Le Royaume-Uni affirme avoir des informations
prouvant la tentative d’ingérence russe en Ukraine
Le ministère des affaires étrangères britannique a accusé Moscou de
chercher à installer un « leader prorusse » à Kiev.
Ukraine : l’Europe devant ses responsabilités
ÉDITORIAL. En menaçant l’Ukraine par une pression militaire ostensible,
Moscou met les Européens au défi de réagir. Si l’UE est mal équipée pour
parler d’une seule voix, il est crucial qu’elle adopte les mesures de fermeté
qui s’imposent dans cette crise.
Sélections Partage
Recevoir les newsletters du Monde
Archives du Monde
S’abonner
Se connecter
Consulter le Journal du jour
Évenements abonnés
Jeux-concours abonnés
Contacter Le Monde
SERVICESLEMONDE
Les ateliers du Monde
•
Mémorable : travailler sa mémoire
•
Mots croisés / Sudokus
•
Résultats élections
•
Education
•
Gastronomie
•
GUIDESD’ACHATLEMONDE
Appareil Photo instantané
•
Meilleur Aspirateur Robot
•
Meilleur antivol vélo
•
CODESPROMO
Codes promo
•
Soldes
•
LEMONDEÀL’INTERNATIONAL
Algérie
•
Belgique
•
Canada
•
Côte d’Ivoire
•
Mali
•
Maroc
•
Sénégal
•
Suisse
•
Tunisie
•
SERVICESPARTENAIRES
Découvrir le jardinage
•
Dictionnaire de citations
•
Hits du moment
•
Formation professionnelle
•
SITESDUGROUPE
Le Monde Evènements
•
Courrier International
•
Télérama
•
La Vie
•
Le HuffPost
•
L’Obs
•
Le Monde diplomatique
•
La société des lecteurs du Monde
•
Talents
•
Source Sûre
•
Le Club de l’économie
•
M Publicité
•
NEWSLETTERSDUMONDE
APPLICATIONSMOBILES
Sur iPhone | Sur Android
ABONNEMENT
Mentions légales
• Charte du Groupe
• Politique de confidentialité
• Gestion des cookies
• Conditions générales
• Aide (FAQ)
•
SUIVEZLEMONDE Facebook Youtube Twitter Instagram Snapchat Fils RSS
ACTUALITÉS PRÉSIDENTIELLE 2022 ÉCONOMIE VIDÉOS DÉBATS CULTURE M LE MAG SERVICES
Consulter
le journal
J. DIETERLEN

Contenu connexe

Plus de Joëlle Leconte

Partie 2 - Hannah Richie - 7 decembre 2023
Partie 2  - Hannah Richie - 7 decembre 2023Partie 2  - Hannah Richie - 7 decembre 2023
Partie 2 - Hannah Richie - 7 decembre 2023Joëlle Leconte
 
Nous avons suffisamment de minéraux pour assurer la transition énergétique - ...
Nous avons suffisamment de minéraux pour assurer la transition énergétique - ...Nous avons suffisamment de minéraux pour assurer la transition énergétique - ...
Nous avons suffisamment de minéraux pour assurer la transition énergétique - ...Joëlle Leconte
 
Robert Vautard, un éco-actif au sommet du Giec - 12/08/2023
Robert Vautard, un éco-actif au sommet du Giec - 12/08/2023Robert Vautard, un éco-actif au sommet du Giec - 12/08/2023
Robert Vautard, un éco-actif au sommet du Giec - 12/08/2023Joëlle Leconte
 
Michael E. Mann, climatologue : « Le climat ne cesse de se dégrader, et c’est...
Michael E. Mann, climatologue : « Le climat ne cesse de se dégrader, et c’est...Michael E. Mann, climatologue : « Le climat ne cesse de se dégrader, et c’est...
Michael E. Mann, climatologue : « Le climat ne cesse de se dégrader, et c’est...Joëlle Leconte
 
Sécheresse : « On ne peut pas soutenir un projet nucléaire sans vouloir qu’...
  Sécheresse : « On ne peut pas soutenir un projet nucléaire sans vouloir qu’...  Sécheresse : « On ne peut pas soutenir un projet nucléaire sans vouloir qu’...
Sécheresse : « On ne peut pas soutenir un projet nucléaire sans vouloir qu’...Joëlle Leconte
 
Energies fossiles : la «demande» ne justifie pas l’inaction climatique - 17/0...
Energies fossiles : la «demande» ne justifie pas l’inaction climatique - 17/0...Energies fossiles : la «demande» ne justifie pas l’inaction climatique - 17/0...
Energies fossiles : la «demande» ne justifie pas l’inaction climatique - 17/0...Joëlle Leconte
 
L’addiction suicidaire de l’humanité aux énergies fossiles - 17/02/2023
L’addiction suicidaire de l’humanité aux énergies fossiles - 17/02/2023L’addiction suicidaire de l’humanité aux énergies fossiles - 17/02/2023
L’addiction suicidaire de l’humanité aux énergies fossiles - 17/02/2023Joëlle Leconte
 
Comment la Macronie a repris en main la vigie française pour le climat - 24/0...
Comment la Macronie a repris en main la vigie française pour le climat - 24/0...Comment la Macronie a repris en main la vigie française pour le climat - 24/0...
Comment la Macronie a repris en main la vigie française pour le climat - 24/0...Joëlle Leconte
 
Greta Thunberg, l’impossible légèreté - 14/10/2022
Greta Thunberg, l’impossible légèreté - 14/10/2022Greta Thunberg, l’impossible légèreté - 14/10/2022
Greta Thunberg, l’impossible légèreté - 14/10/2022Joëlle Leconte
 
Valerie Masson Delmotte -Presentation au gouvernement
Valerie Masson Delmotte -Presentation au gouvernementValerie Masson Delmotte -Presentation au gouvernement
Valerie Masson Delmotte -Presentation au gouvernementJoëlle Leconte
 
Remettre en question l'idée que les humains ne sont pas conçus pour résoudre ...
Remettre en question l'idée que les humains ne sont pas conçus pour résoudre ...Remettre en question l'idée que les humains ne sont pas conçus pour résoudre ...
Remettre en question l'idée que les humains ne sont pas conçus pour résoudre ...Joëlle Leconte
 
Comment le pouvoir a démoli la loi climat - Jade Lindgaard - 31 mars 2022
Comment le pouvoir a démoli la loi climat - Jade Lindgaard -  31 mars 2022 Comment le pouvoir a démoli la loi climat - Jade Lindgaard -  31 mars 2022
Comment le pouvoir a démoli la loi climat - Jade Lindgaard - 31 mars 2022 Joëlle Leconte
 
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022Joëlle Leconte
 
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022Joëlle Leconte
 
Dossier Peuples premiers - Journal Sciences humaines - Aout 2020
Dossier Peuples premiers - Journal Sciences humaines - Aout 2020Dossier Peuples premiers - Journal Sciences humaines - Aout 2020
Dossier Peuples premiers - Journal Sciences humaines - Aout 2020Joëlle Leconte
 
Jancovici : +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ?
Jancovici : +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ?Jancovici : +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ?
Jancovici : +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ?Joëlle Leconte
 
Transitionnons donc - Science Po - Novembre 2021
Transitionnons donc - Science Po - Novembre 2021Transitionnons donc - Science Po - Novembre 2021
Transitionnons donc - Science Po - Novembre 2021Joëlle Leconte
 
Etats-Unis : l’inflation au plus haut depuis 1982
Etats-Unis : l’inflation au plus haut depuis 1982Etats-Unis : l’inflation au plus haut depuis 1982
Etats-Unis : l’inflation au plus haut depuis 1982Joëlle Leconte
 
Cour des comptes 2021- Les choix de production électrique
Cour des comptes 2021- Les choix de production électriqueCour des comptes 2021- Les choix de production électrique
Cour des comptes 2021- Les choix de production électriqueJoëlle Leconte
 
Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur ...
Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur ...Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur ...
Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur ...Joëlle Leconte
 

Plus de Joëlle Leconte (20)

Partie 2 - Hannah Richie - 7 decembre 2023
Partie 2  - Hannah Richie - 7 decembre 2023Partie 2  - Hannah Richie - 7 decembre 2023
Partie 2 - Hannah Richie - 7 decembre 2023
 
Nous avons suffisamment de minéraux pour assurer la transition énergétique - ...
Nous avons suffisamment de minéraux pour assurer la transition énergétique - ...Nous avons suffisamment de minéraux pour assurer la transition énergétique - ...
Nous avons suffisamment de minéraux pour assurer la transition énergétique - ...
 
Robert Vautard, un éco-actif au sommet du Giec - 12/08/2023
Robert Vautard, un éco-actif au sommet du Giec - 12/08/2023Robert Vautard, un éco-actif au sommet du Giec - 12/08/2023
Robert Vautard, un éco-actif au sommet du Giec - 12/08/2023
 
Michael E. Mann, climatologue : « Le climat ne cesse de se dégrader, et c’est...
Michael E. Mann, climatologue : « Le climat ne cesse de se dégrader, et c’est...Michael E. Mann, climatologue : « Le climat ne cesse de se dégrader, et c’est...
Michael E. Mann, climatologue : « Le climat ne cesse de se dégrader, et c’est...
 
Sécheresse : « On ne peut pas soutenir un projet nucléaire sans vouloir qu’...
  Sécheresse : « On ne peut pas soutenir un projet nucléaire sans vouloir qu’...  Sécheresse : « On ne peut pas soutenir un projet nucléaire sans vouloir qu’...
Sécheresse : « On ne peut pas soutenir un projet nucléaire sans vouloir qu’...
 
Energies fossiles : la «demande» ne justifie pas l’inaction climatique - 17/0...
Energies fossiles : la «demande» ne justifie pas l’inaction climatique - 17/0...Energies fossiles : la «demande» ne justifie pas l’inaction climatique - 17/0...
Energies fossiles : la «demande» ne justifie pas l’inaction climatique - 17/0...
 
L’addiction suicidaire de l’humanité aux énergies fossiles - 17/02/2023
L’addiction suicidaire de l’humanité aux énergies fossiles - 17/02/2023L’addiction suicidaire de l’humanité aux énergies fossiles - 17/02/2023
L’addiction suicidaire de l’humanité aux énergies fossiles - 17/02/2023
 
Comment la Macronie a repris en main la vigie française pour le climat - 24/0...
Comment la Macronie a repris en main la vigie française pour le climat - 24/0...Comment la Macronie a repris en main la vigie française pour le climat - 24/0...
Comment la Macronie a repris en main la vigie française pour le climat - 24/0...
 
Greta Thunberg, l’impossible légèreté - 14/10/2022
Greta Thunberg, l’impossible légèreté - 14/10/2022Greta Thunberg, l’impossible légèreté - 14/10/2022
Greta Thunberg, l’impossible légèreté - 14/10/2022
 
Valerie Masson Delmotte -Presentation au gouvernement
Valerie Masson Delmotte -Presentation au gouvernementValerie Masson Delmotte -Presentation au gouvernement
Valerie Masson Delmotte -Presentation au gouvernement
 
Remettre en question l'idée que les humains ne sont pas conçus pour résoudre ...
Remettre en question l'idée que les humains ne sont pas conçus pour résoudre ...Remettre en question l'idée que les humains ne sont pas conçus pour résoudre ...
Remettre en question l'idée que les humains ne sont pas conçus pour résoudre ...
 
Comment le pouvoir a démoli la loi climat - Jade Lindgaard - 31 mars 2022
Comment le pouvoir a démoli la loi climat - Jade Lindgaard -  31 mars 2022 Comment le pouvoir a démoli la loi climat - Jade Lindgaard -  31 mars 2022
Comment le pouvoir a démoli la loi climat - Jade Lindgaard - 31 mars 2022
 
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
 
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne 18/03/2022
 
Dossier Peuples premiers - Journal Sciences humaines - Aout 2020
Dossier Peuples premiers - Journal Sciences humaines - Aout 2020Dossier Peuples premiers - Journal Sciences humaines - Aout 2020
Dossier Peuples premiers - Journal Sciences humaines - Aout 2020
 
Jancovici : +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ?
Jancovici : +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ?Jancovici : +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ?
Jancovici : +2 degrés, les vaches sous les cocotiers ?
 
Transitionnons donc - Science Po - Novembre 2021
Transitionnons donc - Science Po - Novembre 2021Transitionnons donc - Science Po - Novembre 2021
Transitionnons donc - Science Po - Novembre 2021
 
Etats-Unis : l’inflation au plus haut depuis 1982
Etats-Unis : l’inflation au plus haut depuis 1982Etats-Unis : l’inflation au plus haut depuis 1982
Etats-Unis : l’inflation au plus haut depuis 1982
 
Cour des comptes 2021- Les choix de production électrique
Cour des comptes 2021- Les choix de production électriqueCour des comptes 2021- Les choix de production électrique
Cour des comptes 2021- Les choix de production électrique
 
Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur ...
Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur ...Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur ...
Jean-Marc Jancovici : « Je pousse facilement les étudiants en dehors de leur ...
 

Sur fond de crise ukrainienne les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe 29/01/2022

  • 1. Article réservé aux abonnés «Mêmependantla guerrefroide,les Russesn’ontpasarrêté delivrerdugazen Europe.Auprixactuel, ilsn’ontpasintérêtàle fairelongtemps»Jean- ArnoldVinois, conseillerUnionde l’énergiepourl’Institut JacquesDelors La crise ukrainienne a violemment rappelé aux Européens à quel point ils sont dépendants de la Russie pour leur approvisionnement en énergie. Alors qu’ils menacent de prendre des sanctions lourdes contre Moscou si Vladimir Poutine décidait d’envahir l’Ukraine, ils savent qu’il y a urgence à desserrer l’étau du gaz russe. Les Etats-Unis l’ont bien compris qui se disent prêts à aider le Vieux Continent dans ce cas de figure. « Les Etats-Unis et l’UE [Union européenne] travaillent conjointement à assurer un approvisionnement continu, suffisant et ponctuel de gaz naturel à l’UE depuis diverses sources à travers la planète pour éviter des chocs d’approvisionnement, y compris ceux qui pourraient résulter d’une nouvelle invasion russe de l’Ukraine », ont déclaré, vendredi 28 janvier, dans un communiqué commun, le président américain, Joe Biden, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Depuis trois semaines, les discussions entre la Maison Blanche et Bruxelles se sont intensifiées, afin de se préparer au scénario du pire qui verrait Moscou couper le robinet du gaz aux Européens, sur fond de flambée des prix de l’énergie. Ditte Juul- Jorgensen, à la tête de la direction générale énergie de la Commission, était d’ailleurs à Washington, il y a quelques jours. Lire aussi | « Malédiction, le gazoduc Nord Stream 2 illustre l’ambivalence d’une partie des Européens sur l’arme des sanctions contre la Russie » Se préparer au scénario du pire Les Etats-Unis sont de gros producteurs de gaz naturel liquéfié (GNL), qui est acheminé par voie maritime avant d’être regazéifié dans des terminaux, et peut donc se substituer facilement au gaz classique, qui, lui, se transporte dans des gazoducs et n’offre aucune souplesse. Ils ont commencé à accroître leurs livraisons aux Européens – « ces trois dernières semaines, entre 70 et 80 cargos américains de GNL ont été reroutés vers l’Europe », confie la Commission – mais il leur faut pouvoir passer à la vitesse supérieure. Ursula von der Leyen et Joe Biden multiplient également les contacts avec les autres producteurs de GNL, qu’il s’agisse des pays du Golfe, de l’Egypte ou encore de l’Algérie, afin qu’ils réorientent une partie de leur production vers le Vieux Continent. La présidente de l’exécutif communautaire s’est ainsi entretenue, le 27 janvier, avec l’émir du Qatar, qui sera reçu par le président américain, le 31 janvier. Mais la production mondiale de GNL n’est que peu extensible et elle est déjà, pour l’essentiel, prévendue. En clair, si les Européens veulent en récupérer une partie, il faut que les pays qui l’ont achetée – comme le Japon, la Chine ou encore la Corée – renoncent, au moins temporairement, à certaines livraisons. C’est donc un vaste marchandage entre gouvernements du monde entier qui s’est engagé et qui va se poursuivre ces prochains jours. Avec en ligne de mire le 7 février, date à laquelle doit se tenir à Washington un sommet Etats-Unis - Europe consacré à la sécurité énergétique. En parallèle, l’UE compte sur la Norvège, son deuxième fournisseur de gaz derrière la Russie, si Moscou venait à faillir. Elle regarde aussi du côté de l’Azerbaïdjan, où se rendra Kadri Simson, la commissaire à l’énergie, le 4 février. Enfin, outre les importations de gaz par gazoducs ou de GNL par navires, le Vieux Continent peut puiser dans ses stocks. Mais ceux-ci sont à des niveaux faibles, remplis à 40 %, contre environ 60 % d’ordinaire à la même période de l’année. « Une interruption de quelques jours aurait un gros effet » « On se prépare aux sanctions et on se prépare aux contre-sanctions », résume un haut fonctionnaire européen, pour qui l’ensemble de ces dispositifs devrait permettre, peu ou prou, de passer l’hiver si le gaz russe venait à manquer. Sur le fond, rares sont ceux qui croient au scénario où Moscou interromprait ses livraisons durablement, tant la Russie est dépendante de la rente gazière. « Ce dont il faut se prémunir, c’est d’une interruption de quelques jours, qui ne serait pas longue, mais qui aurait un gros effet », juge un diplomate européen. « Même pendant la guerre froide, les Russes n’ont pas arrêté de livrer du gaz en Europe. Au prix actuel, ils n’ont pas intérêt à le faire longtemps », juge Jean-Arnold Vinois, conseiller Union de l’énergie pour l’Institut Jacques Delors. Lire aussi | « Les cours du gaz évoluent sur fond de bruits de bottes russes aux frontières orientales de l’Ukraine » En 2009, Moscou avait interrompu ses acheminements de gaz en Ukraine, et, par ricochet, « quinze Etats membres s’étaient retrouvés sans gaz », ajoute cet expert. Depuis, les Vingt-Sept ont essayé de réduire leur dépendance au gaz russe. Les gazoducs sont devenus bidirectionnels et permettent d’acheminer du gaz de l’est vers l’ouest, mais aussi de l’ouest vers l’est, ce qui était impossible auparavant. Les Vingt-Sept se sont aussi dotés d’une réglementation qui les oblige à diversifier leurs sources d’approvisionnement, ils ont multiplié les capacités d’interconnexion entre eux et construit de nombreux terminaux gaziers, à même de transformer du GNL qui arrive en Europe par bateau. Pour autant, l’Europe ne peut que constater qu’elle n’est pas arrivée là où elle souhaitait être. L’arrêt programmé du nucléaire en Allemagne, la hausse de la consommation globale d’électricité, ou encore la fermeture à venir du gisement gazier de Groningue, aux Pays-Bas, en raison de tremblements de terre, ont perturbé ses plans. Conséquence, les Vingt-Sept ne produisent plus que 9 % du gaz qu’ils consomment, contre encore 24 % en 2015, selon le cercle de réflexion Bruegel. Dans les dix ans à venir, la dépendance de l’Europe au gaz russe ne devrait pas diminuer. Alors que les Vingt-Sept se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050, certains d’entre eux vont, transitoirement, y avoir recours, que ce soit pour prendre le relais du charbon dans l’est du continent ou de l’atome en Allemagne. Passée cette période, si les Européens veulent respecter l’accord de Paris, l’énergie fossile devra voir sa place dans le mix énergétique reculer. La montée en puissance des renouvelables et le retour en grâce du nucléaire en Europe devraient y contribuer. « Le choc gazier est comparable au choc pétrolier de 1973 », a déclaré le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 26 janvier. Aujourd’hui, affirme la Commission, quelque 40 % du gaz importé au sein de l’UE vient encore de Russie (devant la Norvège). Avec une forte hétérogénéité entre les Vingt-Sept. La Slovaquie ou l’Autriche s’approvisionnent exclusivement en Russie. A l’inverse, l’Espagne n’achète rien à Moscou. En Hongrie et en Finlande, c’est 80 % de l’approvisionnement qui est russe ; ce pourcentage tombe à 50 % en Allemagne, il est d’un peu plus de 20 % en France, de 30 % en Italie et aux Pays-Bas. Dans ce contexte, la Russie dispose d’un pouvoir réel sur ses voisins. En a-t-elle usé ces derniers mois, alors que les prix se sont envolés ? Moscou a certes honoré ses contrats de long terme, mais au minimum, et n’a pas augmenté son volume de livraisons, notamment sur les marchés spots, où le gaz peut se vendre du jour au lendemain. A en croire l’Agence internationale de l’énergie, les exportations de gaz russe en Europe ont baissé de 25 % au dernier trimestre 2021 par rapport aux trois derniers mois de l’année précédente. Lire aussi | Gaz en Europe : quatre questions pour comprendre l’envolée des prix et ses conséquences L’avenir de Nord Stream 2 au cœur de la crise « Comment se fait-il que l’acteur dominant sur le marché du gaz n’ait pas répondu aux demandes supplémentaires de la part de ses clients, alors même que les prix grimpaient et que l’hiver arrivait ? S’agit-il ou non d’un abus de position dominante ? », s’interroge Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales. « Gazprom n’a peut- être pas autant de marge de manœuvre et doit privilégier la demande intérieure », qui « est très forte », nuance Catherine Locatelli, chargée de recherche au CNRS sur l’industrie pétrolière et gazière de la Russie. « J’aurais tendance à penser qu’il s’agit d’une utilisation politique du gaz. La Russie a dit que si l’Europe certifiait Nord Stream 2, plus de gaz viendrait. Alors pourquoi n’envoie-t-elle pas plus de gaz par les gazoducs déjà en service ? », juge, pour sa part, l’économiste italien Simone Tagliapietra, de Bruegel. Une chose est certaine, l’avenir de Nord Stream 2 est au cœur de la crise actuelle entre l’UE et la Russie. Lire aussi | Faut-il autoriser Nord Stream 2, un pipeline acheminant du gaz russe ? Le gouvernement allemand est divisé Ce gazoduc qui relie la Russie à l’Allemagne sans passer par l’Ukraine, et dont la construction est achevée, attend encore le visa de l’administration allemande et de la Commission pour être mis en service. « Nord Stream 2 apparaît comme un moyen de pression possible des Européens sur les Russes », juge Jean-Arnold Vinois. En cas d’offensive russe sur le sol ukrainien, des « sanctions fortes » pourraient inclure le pipeline, a prévenu, le 27 janvier, la ministre des affaires étrangères allemande, l’écologiste Annalena Baerbock. Le chancelier (SPD) Olaf Scholz, qui, il y a quelques semaines, refusait de lier l’avenir de Nord Stream 2 à l’affaire ukrainienne, tant l’industrie allemande y tient, ne l’a pas contredite. « La coalition allemande était très divisée sur Nord Stream. La crise ukrainienne a rapproché les points de vue », commente un diplomate. Les Etats-Unis, eux, ne laissent pas vraiment le choix à Berlin. Le 27 janvier, Joe Biden a fait savoir qu’il jugeait que Nord Stream 2 est un « mauvais accord » pour l’Europe. « Si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant », a, pour sa part, souligné la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland. « C’est un peu comme l’affaire des Mistral en France », commente un diplomate. En novembre 2014, François Hollande avait annulé la vente à la Russie, conclue trois ans plus tôt par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, de deux navires de guerre, alors qu’en juillet les Occidentaux avaient décidé d’un embargo sur les livraisons d’armes à Moscou en représailles à l’annexion de la Crimée. Lire aussi | Crise en Ukraine : les Etats-Unis appellent les Européens à serrer les rangs Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen) et Adrien Pécout Dans la même rubrique Services INTERNATIONAL • CRISE UKRAINIENNE Sur fond de crise ukrainienne, les Européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe Depuis quelques semaines, les Etats-Unis ont accéléré leurs livraisons de gaz naturel liquéfié, et l’UE multiplie les contacts pour diversifier ses approvisionnements, par crainte de mesures de rétorsion de Moscou. Par Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen) et Adrien Pécout Publié aujourd’hui à 05h26, mis à jour à 10h09 • Lecture 8 min. Construction du Nord Stream 2 au fond de la mer Baltique pour le transport du gaz entre la Russie et l’Allemagne, en novembre 2018. BERND WUSTNECK / AFP Contribuer Sélections Partage Outbrain Contenus sponsorisés par PUBLICITÉ DISONS DEMAIN Vous avez plus de 50 ans et vivez près de Paris ? PUBLICITÉ VOICI Mort de Gaspard Ulliel : nouvelles révélations sur les circonstances de son accident de ski Édition du jour Daté du lundi 31 janvier Lire le journal numérique Les éditions précédentes PUBLICITÉ Lespluslus 1 Covid-19 : la majorité des décès à l’hôpital sont désormais liés au variant Omicron, selon Santé publique France 2 Faux candidat, faux suppléant, fausse investiture : le Conseil constitutionnel annule une législative parisienne 3 « Avoir fait des enfants est ma plus grosse erreur » : le regret maternel, douloureux et encore tabou Crise en Ukraine : les Etats-Unis saisissent le Conseil de sécurité des Nations unies Washington, qui craint une attaque russe en Ukraine, demande une réunion publique, lundi, en raison de la menace que fait peser Moscou sur la sécurité et la paix internationales. « Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne insistent sur “l’imminence” d’une opération militaire d’ampleur en Ukraine » Alors qu’Emmanuel Macron s’est entretenu avec Vladimir Poutine, Joe Biden redoute une invasion « imminente » de l’Ukraine. Dans cet affrontement Est- Ouest, l’UE a-t-elle un rôle à jouer ? Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde » et spécialiste de l’Europe de l’Est, a répondu à vos questions. Face à Macron, Poutine regrette le rejet de ses demandes par les Etats-Unis, mais ne claque pas la porte des négociations Durant leur conversation téléphonique, le président de la République et le maître du Kremlin « se sont mis d’accord sur la poursuite du dialogue », selon l’Elysée. M. Macron a insisté sur la relance du processus de paix de Minsk concernant la région séparatiste ukrainienne du Donbass. Crise en Ukraine : les Etats-Unis écartent une exigence russe Il s’agissait d’une des principales demandes de Moscou. Toutefois, Washington assure avoir proposé une « voie diplomatique » pour éviter un conflit armé. Crise ukrainienne : l’aide militaire mesurée des Occidentaux Les Etats-Unis et le Royaume-Uni restent les pays les plus impliqués dans la livraison d’équipements à destination de Kiev confronté à la menace russe. Ailleurs, les annonces nécessitent encore des traductions concrètes. Crise en Ukraine : manœuvre militaire russe à la frontière, échange Macron-Poutine vendredi La démonstration de force russe survient au lendemain de l’annonce par les Etats-Unis de la mise en état d’alerte de 8 500 de leurs militaires. « Nous n’avons pas l’intention de déployer des forces américaines ou de l’OTAN en Ukraine », a toutefois assuré, mardi, Joe Biden. Les options de Poutine en Ukraine : intervention militaire, escalade diplomatique ou cyberattaque Le statu quo n’est pas une éventualité envisagée par Moscou, dont les possibilités d’action sont diverses. « La neutralité de l’Ukraine contre un arrêt du soutien russe au Donbass peut être la clé d’un compromis honorable » Le professeur de stratégie belge Sven Biscop prône un donnant-donnant pour désamorcer la crise entre la Russie et l’OTAN. Guerre des nerfs en Ukraine, sous la menace russe Les Ukrainiens, en conflit avec Moscou depuis 2014, observent avec un certain étonnement la poussée de fièvre. Sans vraiment croire à une invasion, dirigeants et habitants de Kiev se disent prêts à résister. Crise en Ukraine : Emmanuel Macron et Olaf Scholz affichent leur volonté de maintenir le dialogue avec la Russie Le président français et le nouveau chancelier allemand souhaitent relancer les discussions en « format Normandie » – Ukraine, Russie, France et Allemagne – pour mener à une forme de « désescalade ». Crise en Ukraine : les Etats-Unis appellent les Européens à serrer les rangs Le président américain, Joe Biden, s’est entretenu avec les principaux dirigeants européens pour tenter de désamorcer les divisions parmi ses alliés, tiraillés entre surenchère et volonté d’apaisement. Crise en Ukraine : Biden accroît la pression sur Moscou et se concerte avec les Européens En annonçant le possible déploiement de 8 500 militaires américains pour renforcer les troupes de l’OTAN, Joe Biden tente de faire basculer en sa faveur le rapport de forces qu’a instauré Vladimir Poutine, en massant des troupes à la frontière de l’Ukraine. Crise en Ukraine : la communication de crise américaine, une arme à double tranchant Depuis des mois, Washington privilégie la dramatisation censée illustrer sa vigilance, mais trahissant surtout les limites de son engagement. « Il est préoccupant que l’Union européenne n’ait pas une politique étrangère unique à l’égard de la Russie » TRIBUNE. Les discussions sur la sécurité en Europe se tiennent à Genève entre négociateurs russes et américains sans les principaux intéressés, déplorent, dans une tribune au « Monde », Christian Lequesne, professeur de science politique, et Tomasz Orlowski, ancien ambassadeur de Pologne. Le Royaume-Uni affirme avoir des informations prouvant la tentative d’ingérence russe en Ukraine Le ministère des affaires étrangères britannique a accusé Moscou de chercher à installer un « leader prorusse » à Kiev. Ukraine : l’Europe devant ses responsabilités ÉDITORIAL. En menaçant l’Ukraine par une pression militaire ostensible, Moscou met les Européens au défi de réagir. Si l’UE est mal équipée pour parler d’une seule voix, il est crucial qu’elle adopte les mesures de fermeté qui s’imposent dans cette crise. Sélections Partage Recevoir les newsletters du Monde Archives du Monde S’abonner Se connecter Consulter le Journal du jour Évenements abonnés Jeux-concours abonnés Contacter Le Monde SERVICESLEMONDE Les ateliers du Monde • Mémorable : travailler sa mémoire • Mots croisés / Sudokus • Résultats élections • Education • Gastronomie • GUIDESD’ACHATLEMONDE Appareil Photo instantané • Meilleur Aspirateur Robot • Meilleur antivol vélo • CODESPROMO Codes promo • Soldes • LEMONDEÀL’INTERNATIONAL Algérie • Belgique • Canada • Côte d’Ivoire • Mali • Maroc • Sénégal • Suisse • Tunisie • SERVICESPARTENAIRES Découvrir le jardinage • Dictionnaire de citations • Hits du moment • Formation professionnelle • SITESDUGROUPE Le Monde Evènements • Courrier International • Télérama • La Vie • Le HuffPost • L’Obs • Le Monde diplomatique • La société des lecteurs du Monde • Talents • Source Sûre • Le Club de l’économie • M Publicité • NEWSLETTERSDUMONDE APPLICATIONSMOBILES Sur iPhone | Sur Android ABONNEMENT Mentions légales • Charte du Groupe • Politique de confidentialité • Gestion des cookies • Conditions générales • Aide (FAQ) • SUIVEZLEMONDE Facebook Youtube Twitter Instagram Snapchat Fils RSS ACTUALITÉS PRÉSIDENTIELLE 2022 ÉCONOMIE VIDÉOS DÉBATS CULTURE M LE MAG SERVICES Consulter le journal J. DIETERLEN