14 octobre 2017
Moment émouvant de la cérémonie lors du discours de Pierre Perret au cours de l'inauguration de l'école qui porte désormais son nom dans le Cantal, à Pierrefort.
Discours lors de l'inauguration de l'école Pierre Perret de Pierrefort
1. Inauguration école maternelle et primaire le 14 octobre 2017 1/3
INAUGURATION DE L’ECOLE MATERNELLE ET PRIMAIRE
DE PIERREFORT – 15230 (Cantal)
Le samedi 14 octobre 2017 – 14H30
- Chère Madame le Préfet du Cantal, Mme SIMA
- Cher Monsieur le Sous-Préfet du Cantal, M. DELRIEU
- Cher Messieurs les Députés du Cantal, M DESCOEUR et M. BONY
- Cher Monsieur le Sénateur, M. DELCROS
- Cher élus de la Communauté de Communes de Saint Flour
- Cher Monsieur le Maire de Pierrefort, M. Louis GALTIER
- Chers amis du Conseil Municipal
- Chère Madame Elodie LAVAL – Directrice de l’école maternelle et primaire ainsi que vous
chers enseignants et enseignantes de l’école
- Mesdames, Messieurs, vous tous chers amis,
L’honneur que vous me faites en donnant mon nom à cette école, risque de raboter encore une
fois, quelques copeaux de ma modestie naturelle.
Si je dis « encore une fois », c’est que cet établissement scolaire qui porte désormais mon
nom à Pierrefort est le vingt-neuvième à la suite de l’école maternelle de Valence d’Agen qui
fût la première située dans mon Tarn et Garonne natal. J’avoue en toute sincérité que je ne
m’attendais guère à ce que des responsables d’écoles publiques de notre pays me proposent
un jour, d’auréoler mon nom d’une telle gloire.
Cela est d’autant plus surprenant, que les mérites reconnus de tel ou tel auteur, peintre,
sculpteur, écrivain, homme de science ou en quelque sorte considérés comme « bienfaiteur de
l’humanité », ne le sont généralement que post-mortem.
Croyez de ce fait chers amis, qu’il m’est indéniablement beaucoup plus agréable de pouvoir
vous dire ces quelques mots de remerciement moi-même, aujourd’hui bien vivant !
2. Inauguration école maternelle et primaire le 14 octobre 2017 2/3
Je suis infiniment touché d’être ainsi honoré par les habitants de Pierrefort. Pierrefort situé
sur les plateaux volcaniques du Cantal, aux paysages alternant montagnes, rivières et forêts
ravit les amoureux de la nature. Les gourmands ne sont pas oubliés avec de nombreuses
spécialités culinaires comme l’aligot, l’andouillette… ainsi que tous les savoureux fromages de
la région.
Eh bien moi, tout comme vous, chers enfants, c’est dans mon Languedoc natal, que je fis mes
premières dictées à la communale de Castelsarrasin. A l’âge de treize ans, après avoir obtenu
mon certificat d’études, papa me proposa d’entrer au collège ou d’attaquer de front
l’apprentissage d’un métier. J’étais malheureusement incapable à cet âge-là de décider moi-
même de mon sort. C’est donc lui qui le fît pour moi. Mon inclination naturelle vers la musique
– qu’il m’avait fait apprendre dès l’âge de huit ans en même temps que le saxophone-, l’incita
soudain à me faire inscrire au conservatoire de musique de Toulouse où à mon grand désespoir
je fus reçu le mois d’octobre suivant. A la vérité, m’éloigner de mes copains et de ceux que
j’aimais, me chagrinait beaucoup. Bien sûr, ayant une inclinaison certaine vers la musique,
j’appris à aimer le conservatoire. Je m’inscrivis d’ailleurs en plus moi-même par la suite, aux
cours de déclamation dramatique qui m’enchantèrent littéralement. Ils me terrifièrent du
reste également le jour où, confronté à la prosodie de Molière, de Racine et à celle de
Musset, je pris conscience du grand vide ‘’littéraire’’ qui était le mien. Les mots appris certes
dans ces fameuses et chères dictées de mon école primaire, étaient hélas bien insuffisants
en regard de ceux qui forgeaient les admirables vers de ‘’l’Ecole des femmes’’, du
‘’Misanthrope’’ ou des ‘’Plaideurs’’. Je pris conscience alors de l’énorme travail qui m’attendait
en entreprenant avec la même détermination, l’étude de l’art dramatique, ainsi que celle du
saxophone alto.
Je n’oublie pas bien sûr le rébarbatif solfège, ainsi que les dictées musicales. J’ignorais alors
qu’elles me rendraient pourtant plus tard d’inestimables services lorsque je composerais moi-
même mes chansons. J’ai commencé à découvrir alors les trésors de l’éducation. L’école
publique n’est-elle pas une corne d’abondance dispensant le savoir qui ouvre toutes les portes
de la vie ? Ces fameux trésors qu’offre l’éducation ne sont-ils pas proposés aujourd’hui
3. Inauguration école maternelle et primaire le 14 octobre 2017 3/3
gratuitement à tous dans notre siècle égalitaire ? A vous d’en faire votre profit chers élèves
de l’école de Pierrefort !
Pour ma part, chers enfants, l’école m’a accueilli, je n’avais pas encore deux ans, j’étais
incontestablement le plus jeune de la classe et aussi paraît-il, le plus bavard !
Oui, j’ai encore aujourd’hui le souvenir bien net de cette tranche d’âge si tendre où l’on est si
vulnérable, si sensible et parfois aussi, il faut bien le dire, si turbulent ! Plus tard, en entrant
à la communale pour mes six ans, mon cœur débordait de chagrin, une page était tournée. Je
me suis souvent demandé si ça n’était pas ces jours dorés passés à l’école, qui m’avaient
empêché de perdre le goût et les saveurs de cette enfance que l’on peut retrouver dans
certaines de mes chansons. Les enfants d’ici ne perdront pas pour autant leur parrain de vue
en changeant de classe. Plus tard, ils auront peut être eux aussi, la tâche complexe de
disserter sur les textes de chansons, telles que « Mon p’tit loup », « La cage aux oiseaux » ou
« Lily » (dont le récit se justifie hélas chaque jour un peu plus !) ou « Vert de colère » ou plus
récemment encore « Mélangez-vous », « La Femme Grillagée » ou « Femme battue » ! Leur
donnera-t-on à étudier le texte du « Zizi » ! Je n’en suis pas tout à fait sûr !
Cela me fait chaud au cœur de savoir que nous ferons un bout du chemin ensemble car vous
donnez un avenir infini à mes écrits en baptisant cette école de mon nom.
Qui peut rêver d’une telle pérennité ? N’est-il pas permis de penser que les petits enfants de
ces élèves chanteront à leur tour avec encore plus de ferveur peut-être « Donnez-nous des
jardins » en l’an 2100 ?
Je vous remercie tous une fois de plus de m’avoir manifesté votre confiance. Je sais que
dorénavant, grâce à vous, mon nom et mon cœur seront toujours présents dans votre
accueillante commune avec laquelle je me sens dès à présent un véritable lien de parenté.
Pierre Perret