1. les opérations du groupe aéronaval positionné devant la Libye
ou la Syrie.Dans le même temps,sous ma casquette de préfet
maritime,j’édictais des arrêtés sécurisant la navigation lors de
fêtes maritimes populaires comme Les Voiles de légende à
Toulon en 2014, ou j’ordonnais des contrôles de navires sus-
pects dans nos approches,rendant compte directement de ces
mesures au Premier ministre. Enfin, à la tête de l’arrondisse-
ment maritime,je m’assurais que nos installations à caractère
nucléaire présentaient toutes les garanties exigibles, ou que
nos sémaphores ne manquaient de rien.
■ De quel soutien disposez-vous pour mener ces différentes
tâches ?
Je suis,heureusement,aidé dans ces tâches multiples et com-
plexes par un état-major pluridisciplinaire et très optimisé.
Depuis des compétences juridiques fines, nécessaires aux as-
pects réglementaires, jusqu’à une expertise pointue des mi-
lieux terrestres,maritimes et aéronautiques,je peux m’appuyer
sur une équipe diversifiée, rassemblant les savoir-faire indis-
pensables. Parmi eux,un noyau dédié au suivi et à la conduite
des opérations maritimes de toutes natures constitue mon
centre opérationnel marine (COM) de Toulon. Il fonctionne
vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il contrôle les unités de
la Marine en Méditerranée et en mer Noire,et coordonne,en
mon nom et en ma qualité de préfet maritime (lire encadré),
les autres administrations participant également aux opéra-
tions de protection et de sécurité :Gendarmerie,Affaires ma-
ritimes, Douane. Il concentre enfin, pour notre parfaite maî-
trise de la zone, une grande quantité d’informations
géopolitiques,militaires et environnementales,collectées par
les unités déployées.
■ Comment analysez-vous ce théâtre qu’est la Méditerranée ?
Le théâtre méditerranéen est unique en son genre.Mettant
en communication trois continents,et fermé par trois détroits,
il vit au rythme des relations souvent amicales, parfois ten-
dues, entre les différentes nations qui bordent ses rives, en
fonction d’enjeux politiques, économiques, religieux et eth-
niques très divers. Mes compétences s’étendent de Gibraltar
à Suez, et au-delà du Bosphore jusqu’à la Crimée. Il s’agit
d’une zone d’intérêt de tout premier ordre pour la France. Si
cet espace ne représente que 1 % de la surface des océans, il
voit transiter chaque année 25 % du flux mondial de mar-
chandises (77 % des conteneurs destinés à la France) et 30 %
de celui des hydrocarbures (60 % de ceux destinés à la France).
Ceci est en grande partie dû au canal de Suez,facilitant gran-
dement les échanges de marchandises entre l’orient et l’occi-
dent. Néanmoins,le bassin méditerranéen est d’une étroitesse
certaine et les équilibres géopolitiques y sont précaires. La
densité de population (450 millions d’habitants pour 22 pays)
y crée des besoins conséquents, entraînant des concurrences
face à des ressources se raréfiant : il y a par exemple des dis-
sensions récurrentes autour des problématiques du thon rouge
et,à l’Est,à propos des gisements de gaz off-shore récemment
découverts.
■ Zone de tension, la Méditerranée est également une zone de
conflit…
La Méditerranée recèle des zones de conflit de premier
ordre : Libye, Levant (Syrie-Irak), Ukraine. Ces territoires
profondément déstabilisés sont sources de prolifération et
d’exportation de maux divers :crises humanitaires par dépla-
cements de populations,trafics en tous genres,terrorisme.La
13
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
■ Amiral, vous exercez vos fonctions en Méditerranée depuis
maintenant trois ans, quelles impressions en retirez-vous ?
Ces trois années ont été très riches.Elles m’ont permis d’agir
en Méditerranée dans trois grandes directions : la conduite
des opérations navales,l’exercice de la souveraineté de l’État,
la sûreté et le soutien des unités de la Marine nationale, ma-
ritimes et terrestres, de la frontière espagnole à la côte ita-
lienne. Mes fonctions concentrent en effet en un seul homme
une mosaïque de compétences militaires, civiles et adminis-
tratives.Il s’agit d’une originalité remarquable dans notre pay-
sage institutionnel. En effet, depuis Napoléon, il a été décidé
qu’un amiral expérimenté, en charge de la conduite des opé-
rations navales,était par là-même le mieux placé pour repré-
senter l’État en mer, et y assurer l’ordre public et la sauve-
garde des vies humaines. C’est pourquoi un chef militaire est
également préfet maritime. Commandant de zone maritime,
j’ai été amené à diriger à plusieurs reprises, durant ces trois
ans et sous l’autorité du chef d’état-major des armées (CEMA),
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MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
« La Méditerranée est
une zone d’intérêt de tout premier
ordre pour la France »
Propos recueillis par Erwan Sterenn
GÉOPOLITIQUE
PHOTO:PHILIPPLISSON
PHOTO:MARINENATIONALE
Pétroliers devant le port de Fos.
«La Méditerranée voit transiter
chaque année 25 % du flux mondial
de marchandises et 30 % de celui
des hydrocarbures.» Amiral JOLY
L’amiral Joly
avec le général
Pierre de Villiers,
chef d’état-major
des Armées,
au centre opérationnel
Marine de Toulon.
Entretien avec le vice-amiral d’escadre YVES JOLY
Basé àToulon,le vice-amiral d’escadreYves Joly est à la fois commandant de la zone et de
la région maritime Méditerranée et préfet maritime de la Méditerranée. Il est aux avant-
postes,dansunespacestratégiquepourlaFrance,soumisàdemultiplestensions.Explications.
>>

2. haute mer) que côtiers (vedettes
de la gendarmerie maritime).Sous
mon autorité en tant que préfet
maritime, les douanes avec leurs
aéronefs et leurs patrouilleurs
contribuent également au dispo-
sitif Vigipirate. L’ensemble des
moyens déployés participent à la
fois à la connaissance de la zone,
à la surveillance et à l’action si né-
cessaire, pour intercepter toute
menace venant vers nos côtes ou susceptible d’agir contre nos
intérêts en mer. Enfin, la Marine participe également, avec
d’autres administrations, à la lutte contre les trafics : drogue,
armes ou migrants, à la fois en recueillant du renseignement
et en interceptant éventuellement les vecteurs impliqués. La
Marine nationale joue enfin un rôle important dans le traite-
ment de la crise des migrants en Méditerranée.
trouvée en détresse en mer,avec,pour corollaire,une recherche
permanente des passeurs. Selon ces principes, nous partici-
pons aux opérations européennes de l’agence Frontex,dontTri-
ton, au large de la Libye. En 2015, les patrouilleurs de haute
mer Commandant Birot et Commandant Bouan ont ainsi sauvé
1000 naufragés. Des présumés trafiquants ont été identifiés,
et du précieux renseignement recueilli. Des avions de sur-
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MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
menace représentée par Daech et al Qaida y est désormais
présente,c’est l’un de mes principaux sujets de vigilance.Cette
exposition multiple explique que la Méditerranée soit un
champ de manœuvre pour de nombreuses marines du monde,
et pas seulement des nations riveraines.Les dernières années
marquent surtout le retour de la Russie sur le théâtre,en rap-
port avec son action en Syrie qui se caractérise par un flux lo-
gistique important entre la mer Noire et ce pays,ainsi que par
une présence significative de navires militaires dans le canal
de Syrie.Il faut également noter que la Chine,le Brésil,voire
l’Inde se déploient de plus en plus régulièrement en Médi-
terranée. L’assiduité américaine, avec la 6e
Flotte, demeure,
même si en diminution,sans compter l’omniprésence des forces
multinationales de l’Otan et de l’Union européenne, notam-
ment face à la montée des crises migratoires. Bien entendu,
la France n’est pas en reste et assure, parfois seule, certaines
permanences.
■Quellesopérationsmenez-vousactuellementenMéditerranée ?
Nos engagements sont d’une très grande variété.Notre but
premier est bien entendu de protéger notre territoire de toute
menace,et de préserver nos intérêts.La Marine y consacre un
effort permanent et très important,s’inscrivant dans un conti-
nuum en mer, depuis les origines potentielles des menaces,
jusqu’à nos côtes.Au large de la Syrie et de la Libye en parti-
culier, nos unités (navires, sous-marins, aéronefs) recueillent
en continu du renseignement, dont l’analyse permet d’infor-
mer les plus hautes autorités de façon autonome. Notre dis-
positif permanent nous permet également d’être en capacité
d’agir immédiatement lorsque le pouvoir politique le décide
et lorsque la situation le nécessite.Ainsi,par exemple,quelques
jours après les attentats du 13 novembre à Paris,le groupe aé-
ronaval, placé sous mon contrôle opérationnel,conduisait des
frappes de rétorsion contre Daech en Syrie, depuis la Médi-
terranée orientale.Également,en juillet 2014,nos navires éva-
cuaient l’ambassade de France en Libye, en raison de la dé-
gradation de la situation sécuritaire.
■ Quel est le dispositif de protection de nos côtes ?
Dans nos approches,la Marine met en place un dispositif sta-
tique et dynamique pour assurer la Défense maritime du ter-
ritoire (DMT), laquelle s’articule avec le plan Vigipirate. Ce
dispositif comprend notamment, un réseau de dix-neuf sé-
maphores sur nos côtes, opérationnels 24 heures sur 24, des
aéronefs de surveillance maritime (Falcon 50,hélicoptères) et
des navires aussi bien hauturiers (frégates et patrouilleurs de
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MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
GÉOPOLITIQUE ENTRETIEN AVEC LE VICE-AMIRAL JOLY
Navire marchand devant Marseille.
« La Défense maritime du territoire met en œuvre
un dispositif comprenant notamment,
un réseau de sémaphores sur nos côtes,
des aéronefs de surveillance maritime
et des navires aussi bien hauturiers
que côtiers. » Amiral JOLY
PHOTO:MARINENATIONALE
« La Méditerranée est un champ de manœuvre
pour de nombreuses Marines du monde. »
■ Comment appréciez-vous la situation sur ce sujet de l’immi-
gration et de quelle manière la Marine nationale intervient-elle ?
Un million d’individus ont été poussés à franchir illégalement
la Méditerranée en 2015,entraînant plusieurs milliers de morts.
C’est un sujet très grave qui montre à quel point des crises
plus ou moins éloignées nous concernent directement :la dé-
stabilisation de la Libye depuis 2011 et l’actuelle guerre civile
en Syrie contribuent notamment à l’ampleur de ce phéno-
mène. Nous prenons ce risque très au sérieux, il touche des
gens qu’il nous faut traiter avec humanité. Il convient donc
très clairement de recueillir systématiquement toute personne
veillance maritime participent également à ces missions,ainsi
qu’à celles de l’opération EUNAVFOR MED Sophia. Elle a
été lancée en 2015 par l’Union européenne pour renforcer la
lutte contre les passeurs.
Un amiral français est d’ailleurs numéro deux de son com-
mandement, à Rome,et une frégate française,le Courbet,y a
déjà pris part. Enfin, depuis quelques semaines, avec le dé-
placement vers l’Est du principal flux, une force maritime de
l’Otan est engagée en mer Egée.Les patrouilleurs hauturiers
Commandant Bouan et Adroit y ont récemment apporté leur
contribution.
« Il y a des dissensions
récurrentes sur le thon rouge
ou les gisements de gaz
offshore. »
>>
>>

3. deur nature, avec des frégates et des moyens aériens. Ils font
vivre nos réseaux partagés et nous préparent à travailler en-
semble en cas de crise.Les riverains de la Méditerranée occi-
dentale dépassent les rencontres bilatérales au sein d’un forum
« 5 + 5 défense »,réunissant cinq pays du Nord (Portugal,Es-
pagne, France, Italie et Malte) et cinq du Sud (Mauritanie,
Maroc,Algérie,Tunisie,Libye).Son caractère souple et infor-
mel en fait une enceinte d’échanges et de compréhension mu-
tuelle. Enfin, sur la rive Est, nous entretenons des relations
étroites avec les marines chypriote, israélienne et libanaise.
Plus près de nous, ma qualité de préfet maritime me conduit
aussi à travailler en international. Il existe en effet des pro-
blématiques communes à nos espaces de responsabilités et à
ceux de nos voisins :gestion des possibles accidents maritimes,
traitement des pollutions,poursuite de suspects… C’est pour-
quoi nous avons des accords avec l’Espagne,Monaco,l’Italie,
visant notamment à nous entraîner à la gestion commune de
ce type de crise.La France déploie donc en Méditerranée une
marine complète, polyvalente et réactive, partageant son ex-
pertise de la zone avec les autres.Nous sommes riches d’un mo-
dèle institutionnel singulier mariant le militaire et le civil, en
lien direct respectivement avec le CEMA et le Premier mi-
nistre. Il nous rend particulièrement réactifs et aptes à faire face
à tous les types de risques et à défendre nos intérêts, dans un
espace généreux en atouts mais source aussi de discorde et
d’agitation. ■
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MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
■ Ces actions ne trouvent-
elles pas rapidement leurs
limites ?
Ces initiatives connaissent
des limites. Par exemple,
tant qu’il n’y aura pas de
possibilité d’intervenir sur
le sol libyen,les trafiquants
continueront de sévir.Le ré-
tablissement d’un État de
droit en Libye est à cet
égard un préalable essen-
tiel. Pour revenir à la France,
nous gardons une capacité d’intervention directe en cas d’ar-
rivées ponctuelles. La surveillance de nos approches que j’ai
déjà décrite,depuis le grand large jusqu’à nos côtes,nous pro-
cureunecapacitéd’anticipation.Cettemargedemanœuvreper-
met le meilleur traitement possible d’une éventuelle embar-
cation de migrants bien avant qu’elle ne nous atteigne.Ceci est
facilité par l’association en une seule autorité des fonctions
de chef militaire et de préfet maritime : la même personne
met en œuvre les moyens de défense et décide, en concerta-
tion avec les autorités terrestres, des orientations les plus ap-
propriées pour la gestion de la crise.
■ Quelles autres collabora-
tions mettez-vous en œuvre
en Méditerranée ?
L’implication des organi-
sations internationales
comme l’UE et l’Otan dans
la résolution des crises est
indispensable. La France,
membredesdeuxstructures,
s’implique activement dans
leurs missions. Partage de
l’information et coordina-
tion d’emploi des moyens aéro-maritimes sont les maîtres-
mots des travaux avec leurs membres. Nous travaillons éga-
lement avec de nombreux partenaires de la rive Sud. Des
activités de coopération opérationnelle sont ainsi régulière-
ment organisées : ce sont Cleopatra avec l’Égypte, avec qui
nous entretenons une relation de confiance ancienne et qui
est en train de se renforcer significativement, Chebec avec le
Maroc, Pangolin avec la Tunisie ou Raïs Hamidou avec l’Al-
gérie. Il s’agit de rendez-vous souvent annuels,centrés sur des
scenarii de lutte contre les trafics et la menace terroriste,gran-
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MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
GÉOPOLITIQUE ENTRETIEN AVEC LE VICE-AMIRAL JOLY
PHOTO:T.VINDEVOGEL-MARINENATIONALE
«Des activités de coopération opérationnelle sont régulièrement
organisées avec de nombreux partenaires de la rive Sud comme l’Égypte,
le Maroc, la Tunisie ou l’Algérie…» Amiral JOLY
Cette prérogative m’amène à assurer la continuité de l’Etat en
mer, selon trois grandes orientations : comme préfet de l’ur-
gence en mer, assurant le sauvetage, la lutte contre les pollu-
tions ou l’assistance des navires en difficulté. Comme « préfet de
police » en mer, veillant à l’ordre public dans notre espace de
souveraineté. Comme préfet régulateur des activités maritimes
enfin, attentif aux équilibres entre les activités existantes (mili-
taires, transport maritime, pêche notamment), la protection de
l’environnement, et l’exploitation des ressources. Les interfaces
avec les autorités terrestres sont importantes dans ces différents
domaines, c’est pourquoi mes interlocuteurs civils se répartissent
le long des neuf départements jouxtant la Méditerranée, sur près
de 2000 km de côtes. Pour exercer ces responsabilités très com-
plémentaires, je coordonne l’action des administrations inter-
venant en mer déjà citées avec celle de la SNSM (Société natio-
nale de sauvetage en mer), et celle des unités militaires que je
contrôle. J’organise les opérations de secours et de sauvetage en
mer selon les principes de « réponse de sécurité civile en mer »
(ORSEC), dans un espace maritime qui dépasse largement nos
eaux territoriales.
Le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage
en Méditerranée (CROSSMED) est mon bras armé dans ce do-
maine. Il conduit trois mille actions d’assistance et de sauvetage
par an. De concert avec mon centre opérationnel marine et la
chaîne sémaphorique, il peut rapidement mobiliser une grande
diversité de moyens inter-administrations : remorqueurs de ser-
vice public affrétés par la Marine nationale, bâtiments, hélico-
ptères et avions de surveillance de la marine, hélicoptères et ve-
dettes des douanes, bâtiments des affaires maritimes, de la
gendarmerie et de la SNSM. En cas de nécessité maritime ma-
jeure, le dispositif ORSEC monte en puissance, et mon centre de
traitement de crise (CTC) assure alors la continuité de l’action
avec les services civils (préfectures terrestres, police, pompiers,
santé). Vice-amiral d’escadre Yves Joly
PHOTO:T.VINDEVOGEL-MARINENATIONALE
«Une force maritime de l’Otan est engagée en mer Egée
pour lutter les passeurs à laquelle ont contribué les patrouilleurs hauturiers
Commandant Bouan et Adroit (photo).» Amiral JOLY
En quoi consiste le rôle de préfet maritime ?
« Nos unités
recueillent en continu
du renseignement
destiné aux plus hautes
autorités.»
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