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L'Eveil économique de
l'Indochine ["puis" (Eveil
économique de
l'Indochine)] ; Bulletin
hebdomadaire
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
L'Eveil économique de l'Indochine ["puis" (Eveil économique de l'Indochine)] ; Bulletin hebdomadaire. 1915.
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IV L'KVfcîL:-'- KtU^GMlQUKv
fc?EVBiL ÉCONOtëiQOE
SERVICE FLUVIAL DU TONKIN
F. SAUVAGE) Armateur
SERVICE STTBArEnsrTioisrisrEi
Direction 138 Quoi Clemenceau — J-Janoï
Horaire
LIGNE DE HANOI A TUYÊN QUANG LIGNE DE HANOI A CHOBO
|
LIGNE DE TUÏÈN-QUANG A CHIÊMHOA .
!|
Escale : à l'Aller et au Retour Escale: à l'Aller et au Retour
j
Escale : ;V l'Aller, et au Retour il
Sontay, Viétri, Simm, Phanluong, Lemy, Sontây, Viétri, Trungba, Laphu, Tuvu Sôngjiam, iSgoi-Châm, Pho-lrinh il
Kïm-Xuyèn,Phudoan, Dia Dachong, Hoabinh . I
Départ de Hanoi | Arrivée àTuyên-Quang Départ de Hanoi ! Arrivée à Uhobo Départ deTuyèn Quang i Arrivée à Cliiémhoa
Aller xVllcr Aller
Lundi.. .... Mardi Mardi. ... . .
J Mercredi . . . Mercredi
Mercredi leudi Samedi. . . . Dimanche. . . - Dimanche . . . Dans la même jour-
Vendredi.. . . . Samedi (de Janvier: à Mai (de Janvier à Mai à 7 h. du malin. née à :j h. du soir.
à II) h. du malin. à G h. du soir. . seulement) à 10 h. m. seulement à 6 h. du s.
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Départ dcTuyèn-Quangi Arrivée à Hanoï Départ de Chobo j Arrivée à Hanoi
j Départ de Ghiémhoa Arrivée àTuyên Ouan<-
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Ketoui' Itctoui- i ltet oui-
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Jeudi
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I Mardi. . . . . . !
Mercredi i Dans la même jour- Lundi Dans la même jour-; Jeudi Dans la même jour-
Vendredi ! née à 0 li. du soir. (de Janvier à Mai 'née à 6 h. du soir. I à 0 b. du matin. née.
I seulementjà 7h.du m.i  De Mai à lin Décembre seulement I
J
N. B.— La chaloupe qui part de Hanoï, le N. H — La chaloupe qui part de Hanoï loi i
Lundi, Mercredi, et Vendredi passe une nuillMardi et le Samedi passe une nuit' à Viétri
à Viétri pour repartir le lendemain à G h. dut pour repartir le lendemain à 0 h. du malin
n atin pour Tuyûn-Quang. IpourChobo.
Lignes Commerciale
Ligne Haïpbong Hanoi Haiphon^ déparls ; Tous lès 2 jouis à 5 h. du soir. —
Ligne de Hanoï-Haïphong. Ions les "2jours à ">h. du soir.
Service Haïphong, Namdinh et Hanoï Namdinh et vice versa suivant besoins.
Toutes les marchandises doivent être embarquées une heure au moins avant lé départ.
Connaissements directs do et à toutes les escales.
'lYuiiMit, <M»ii»i<|ii:ilMiii*, iitïi'èit'incMiiK «»l <-im>r«|ii:i<|t's
Agence principale Hiiïpbong
—
Agences : Sontay, Viélri, Tuyèn-Ouang et Chobo.
7"1* Année NUMERO 389 Dimanche 30 Septembre lf>33
Aoonnemem :
AOMIHISTRATIOHET REDACTION —. ---, , ,. m » r-v _-% _~n ï ».Ï 1-* Edition
DE L INDOCHINE de,uxe61,Rue Paul-Bert- Hanoi
*-r*-r i-nim-'V-rw*»*!^*— «v—-—-
un an 6 mois
Teiep^iu, BULLETIN HEBDOMADAIRE ^"coiomes
15 P' 8p>
françaises
au cours
On s'abonne sans frais dans
«___-_»_-.«%_%___-_-_-,-_, Etranger 46'p. |8p.50-tous les bureaux de Poste. Directeur : H. CUCHEROUSSET, Rédacteur en Chef
8
I
Le Numéro.... 30 cents
Sommaire
Le Tourisme au Tonkin H CUCHEROUSSET
Correspondance
Voyage de Henri Mouhot au Cambodge en 1859
L'Urbanisme
La mode
Chronique intercoloniale
Chez nos confrères : . .
Informations diverses
Le Tourisme au Tonkin
Ce mot de tourisme évoque une cer-
taine idée de plaisir pour riches dont
on s'étonnerait, dans un pays vraiment
démocratique, de voir l'administration
prendre tant de souci. On nous dit, il
est vrai : « Le touriste que nous vou-
drions attirer est le riche étranger, qui
laisse beaucoup d'argent dans le pays,
qui peut s'y intéresser et y placer ses ca-
pitaux,qui,en tout cas, en parlera avan-
tageusement et le fera connaître. Il est
donc du rôle de l'Etat de chercher à
l'attirer et de faire quelques dépenses
dans ce but ».
Il nous semble qu'il y a dans cette
conception un élément d'erreur qu'il
importe de démêler avant de rien en-
treprendre.
Il y a évidemment des cas où le pays
gagne à la visite d'étrangers,ce qui dans
le cas de l'Indochine,comprend aussi les
visiteurs de la métropole ; mais il y en
a aussi où il n'en tire pas grand profit.
Un peu plus de notoriété peut-être ;
mais est-ce toujours un bien ! « Pour
vivre heureux, vivons caché » disait le
grillon. Le résultat le plus net de cer-
taines visites, qui ont coûté fort cher à
l'Indochine, fut une augmentation de
notre contribution militaire et la mena-
ce de nouvelles charges que le Parle-
ment rêve de nous imposer. Il est cer-
tes bon de faire connaître l'Indochine
tant en France qu'à l'étranger, encore
faut-il que ce soient des notions exactes
que Ton répande sur la colonie, sinon
sa notoriété même peut lui nuire. Il n'est
pas bon que des hurluberlus fassent
savoir en France que l'Indochine est
un réservoir inépuisable de main-d oeu-
vre, qu'elle est si riche qu'elle doit de-
venir la banquière des autres colonies,
que ses forêts pourraient alimenter le
marché des bois de la métropole, et ses
cotons remplacer en France ceux d'A-
mérique, que c'est un balcon d'où l'on
domine le Pacifique, que l'industrie du
Tonkin doit un jour inonder la Chine de
ses produits, et autres sornettes que les
badauds aiment à entendre et dont les
politiciens aiment à se gargariser, mais
qui sont contraires à la réalilé des cho-
ses.
Il ne faut pas trop compter sur les
touristes pour emporter du pays une
impression exacte. Ce serait une erreur
en tout cas en ce qui concerne une
certaine catégorie de touristes pour les-
quels il a été fait récemment de gros
frais. Ces dépenses avaient peut-être
leur excuse à un certain moment où il
s'agissait de faire une réclame prélimi-
naire bruyante, mais maintenant que
le coup de grosse caisse a été suffi-
samment étendu un peu plus d'écono-
mie s'impose. La publicité certes peut
donner en matière commerciale de très
beaux rendements, mais à la condition
d'être bien étudiéee et savamment dosée.
Elle ruine aussi certaines maisons et
constitue pour d'autres une lourde char-
ge sans profits équivalents. Un hôte-
lier qui, pour qu'ils parlent avantageu-
sement de lui, offrirait à un certain
nombre de mondains, de snobs ou de
rastaquouères un séjour gratuit, pour-
rait bien vite fermer ses portes.
Ce ne sont pas les touristes à qui
l'on offre tout gratuitement qui disent
le plus de bien du pays. Comme ils
n'ont vu que ce qu'on leur a montré,
qu'ils n'ont pas plus exercé leur initia-
tive et leur sens critique qu'ils n'ont
puisé dans leur poche, et qu'on attend
d'eux la reconnaissance du ventre, leurs
appréciations et impressions sont des
plus contestables. Quant on pense aux
âneries qu'a pu écrire sur l'Indochine
un Paul Brémond,qu'on se rappelle les
élucubralions d'un Londres, d'un Tu-
desq et de l'inénarrable mission parle-
mentaire, on ne peut s'empêcher de
penser que les centaines de mille pias-
tres que ces touristes ont coûté à l'Indo-
chine ont été gaspillées.
Et parmi les «hôtes de distinction » :
ministres plénipotentiaires, écrivains,
savants, etc.que l'administration héber-
ge,goberge et promène aux frais du con-
tribuable, beaucoup quittent l'Indochine
avec l'impression d'une hospitalité in-
discrète qui les a harcelés et ne leur
a rien laissé voir à leur guise et ceux-là
ne nous font pas une bonne réclame.
Enfin il y a la catégorie que certains
apôtres du tourisme appellent de tous
leurs voeux comme des messies de qui
viendra le salut de l'Indochine. C'est le
milliardaire américain ; qui arrivera
avec d'inépuisables carnets de chèques,
dévalisera les boutiques d'art de leurs
trésors incomparables, ne s'abreuvera
que de Champagne, paiera tout double
tarif, invitera à sa table les fonctionnai-
res de l'Administration du Tourisme et
peut-être leur donnera ses filles en ma-
riage et qui, en partaut, suppliera nos
L'EVEIL ECONOMIQUE
entreprises industrielles de bien vouloir
accepter quelques millions de dollars
en commandite.
Pour attirer en Indochine cette poire
savoureuse il n'y a qu'à construire aux
frais de l'Etat des Hôtels-palais luxueux,
de multiplier le long de la côte d'An-
nam les micropalaces, de créer une ad-
ministration de tourisme composée de
gens distingués et d'apprendre quelques
mots d'auglais pour montrer son souci
de plaire.
Le malheur est que si l'Amérique
produit des poires délicieuses qu'elle
nous envoie en boîtes de fer blanc,
elle n'en produit guère de l'espèce
qu'il faudrait pour réaliser le rêve de
nos apôtres du tourisme. La Chambre
de commerce de Saigon l'appris naguère
à ses dépens lorsque débarqua en Co-
chiuchine un groupe de grands hom-
mes de Californie. On alla les recevoir
avec la fanfare, bannière déployée, on
les supplia de bien vouloir accepter le
Champagne et les bonnes petites choses
solides qui vont avec. Les magnats du
commerce californien acceptèrent tout
puis repartirent en laissant nos naïfs
saïgonnais se demander : où sont les
poires
r" Le seul qui s'en frotta les mains
fut le bistro.
Le touriste américain qui vient en
Extrême-Orient n'est pas le nabab naïf
que certains s'imaginent; c'est un hom-
me de graud bon sens, qui générale-
ment doit sa fortune à ce bon sens.
Comme notre ancêtre le Gaulois il n'a
qu'une crainte : seulement ce qu il
craint ce n'est pas que le ciel ne lui
tombe sur la tête, c'est qu'on ne le
prenne pour une poire. 11 sait la valeur
de l'argent et n'admet pas qu'on lui las-
se payer onze cents une course de pous-
se-pousse si le tarif est dix cents. Il ap-
précie le travail, l'initiative et com-
prend les difficultés de la vie.aussi trou-
vera-t-il très confortable le plus hum-
ble abri dans le haut Laos, la plus mo-
deste auberge le long de la route man-
darine; mais si,à Tuy-hoà, vous l'instal-
lez dans le micropalace du Bureau offi-
ciel du Tourisme il se dira : Ces gens-
là n'ont pas le sens des proportions; ils
ne doivent pas être bien sérieux en af-
faires.»
Le touriste américain de la ca-
tégorie qne nous pouvons attendre ici
est un être essentiellementraisonnable,
prêt à se contenter de très peu là où il
oo m prend que l'on ne peut pas faire
mieux, heureux de trouver le con-
fort là où c'est possible et le luxe dans
les grands ports, à la condition toutefois
qu'on lui fasse payer ce luxe le prix qu il
vaut, pas un sou de plus. Il aime
à s'instruire et appréciera, dans m
grand hôtel, beaucoup plus les indica-
tions sérieuses qu'on peut lui donner
que les galons de l'uniforme du con-
cierge. Il veut voir le plus possible
de choses curieuses ou instructives mais
il ne faut pas le conduire à l'hôtel des
Postes de Hanoï en lui disant qu'il va
voir un monument remarquable ou
au Jardin de Lach-Tray en lui annon-
çant un des plus beaux Jardins zoolo-
giques du monde.
Le touriste américain désirable (il y
en a aussi d'indésirables) désire surtout
n'avoir pas à faire à l'Administration et
ne lui rien devoir ; il ne demande que
les facilités qui sont offertes à tout le
monde. 11 se contentera dans un pays
éloigné et sauvage de l'humble hôtel
de bois dont se contente le Français, à
la seule différence qu'il demandera, lui,
la propreté méticuleuse et les moyens
de se débarbouiller abondamment. S'il
y trouve un luxueux petit palais aména-
gé aux frais du budget pour la commo-
dité des touristes de marque,il en a une
impression fâcheuse qui lui gâte son
plaisir.
Ce touriste-là, si le pays lui plaît dé-
pensera finalement beaucoup tout en
comptant sou par sou et en ne deman-
dant que ce qu'il peut raisonnablement
demander, car il restera longtemps et
voudra voir beaucoup de choses ; sur-
tout son instinct naturel le poussera à
vouloir y faire ou y amorcer des affai-
res. Seulement si vous lui dites : «Cher
monsieur, nous voulons bien voire ar-
gent mais pas votre contrôle et nous
fermons le pays à vos marchandises »,
alors,soyez-en sûr.il ne s'éternisera pas
chez vous et ne vous fera pas beaucoup
de réclame une fois de retour chez lui.
Ce que le riche voyageur américain
aime à trouver, c'est un pays bien or-
ganisé pour la commodité des voya-
geurs du pays même, doté des moyens
de transport et de locomotion qu'il est
raisonnable d'attendre de ce pays selon
S.on étal de développement général,
moyens dontil puisse profiter en payaÏÏt"
le même prix que tout le moide, sans
rien devoir à personne et sans que
l'Administration s'occupe de lui.
Autrement dit, si nous voulons atti-
rer ce touriste-là,il nous faut faire com-
me s'il n'existait pas et nous organiser
confortablement pour nous-mêmes,
pour nous : colons, fonctionnaires et
commerçants du pays.
Voilà déjà un vaste programme- 11
exclut le luxe et la fantaisie mais sup-
pose beaucoup plus de confort et de
commodité que nous n'en avons. Eu
fait, pour qui ne voyage pas par les
moyens administratifs, et encore n'est-
ce pas l'idéal, avec l'hospitalité forcée
qu'ils entrainent, pour qui n'a ni les
loisirs, ni la santé ni le goût de voya-
ger eu explorateur, ce qui d'ailleurs re-
vient très cher, les voyages sont très
diiticiles daus ce pays. Ils le sont non
seulenieut pour les Européens mais
aussi pour les Aunamites d'un certaine
situation sociale, l'hôtel et l'auberge
étant chez eux chose à peu près incon-
nue, de sorte que l'on ne va guère que
là où l'on a amis ou relations chez qui
oa puisse demander l'hospitalité. C'est
à charge soit de revanche soit de ca-
deaux et cela revient fiaalemeut plus
cher que l'hôtel, s'il y en avait.
Voilà donc que le problème se pose
à la fois pour les Européens et poul-
ies Annamites, ceux-ci prenant de plus
en plus de goût aux voyages non seule-
ment d'affaires mais même de plaisir.Et
voilà qui nous indique que la solution
n'est pas dans des micropalaces, trop
luxueux pour la majorité des Euro-
péens et établis pour plaire à une éveiv
tuelle clientèle de snobs et de raslas et
satisfaire l'orgueil de quelques hauts-
fonctionnaires, mais dans des auberges
bieu comprises pour le confort et d'une
propreté impeccable, qui soient à la
L'EVEIL ECONOMIQUE
portée de cette clientèle annamite rela-
tivement aisée qui commence à voyager.
Nous estimons même que dans certains
cas il faudra construire aussi de très
simples caravansérails pour une clien-
tèle indigène plus modeste encore.
i i
Quelle sera donc la tâche d'un comi-
té du tourisme, puisque comité du tou-
risme il ya dans chaque pays de l'Union?
Quelle sera en particulier sa tâche au
Tonkin?
Pas plus qu'un syndicat d'initiative
un comité du Tourisme ne doit se consi-
dérer comme une bonne oeuvre pour ve-
nir en aide à ces pauvres prolétaires :
les hôteliers et les garagistes, les arma-
teurs fluviaux et les marchands de cu-
riosités- A ceux-là de profiter de ce qui
se fera dans l'intérêt des voyageurs, à
eux de soigner leur propre réclame,
mais leur rôle en l'affaire doit être actif
et non passif. Us sont les premiers inté-
ressés à apporter leur concours à toutes
les mesures qui seront prises pour faci-
liter le mouvement des voyageurs dans
le pays.
A Hanoï les hôtels ont donné un bel
exemple d'initiative et d'esprit de pro-
grès. Il n'ont demandé à l'administra-
tion aucun concours pour procéder à
leurs transformations et agrandisse-
ments. Nous ne croyons pas qu'ils de-
mandent rien d'autre que ce que nous
demandons : une série de mesures pour
faciliter les voyages aux gens du pays.
D'ailleurs comment voulez-vous qu'un
pays dont les habitants ne savent pas
voyager eux-mêmes, n'out aucun désir
d*améhoration,aucun besoin de confort,
sache recevoir des visiteurs étrangers
quelque peu difficiles ? Il faut d'abord
rendre plus difficiles les habitants eux-
mêmes, leur donner le goût des voyages,
l'habitude et le besoin d'un minimum
de confort.
Voyez d'ailleurs ce qui se passe à
Hanoï pour les hôtels. Ceux-ci n'of-
fraient il y a quelques années que des
chambres tristes avec leur ameuble-
ment de prison ; il y avait deux salles
de bain à Métropole et pas une ailleurs,
Les chambres étaient mul éclairées
mal ventilées ; mais nos compatriotes
ne demandaient pas mieux, il n'y avait
guère à voyager que des célibataires qui
s'intéressaient souvent plus à «et le res-
te » qu'à bon souper et bon gîte. Métro-
pole a commencé à s'améliorer : salle
à manger plus gaie, salons coquets,
chambres nouvelles confortables avec
salles de bain à eau chaude et eau t'roi-
ie, eau courante partout. Puis c'est le e
Ooq d'Or qui vient d'ouvrir son annexe h
ivec des appartements d'une élégance 1
:t d'un confort inconnus jusqu'ici en d
Indochine. Mais déjà la clientèle com-
mence à trouver cela tout naturel et ce 
sont les vieux hôtels qui détonnent ; ils i
seront bien forcés de suivre l'exemple ; t
c'est d'ailleurs ce que Hanoi Hôtel a en- i
trepris de faire ; aussi d'ores et déjà i
Hanoï peut offrir aux étrangers des hô-
tels bien plus confortables que ceux-ci
ne sauraient s'y attendre dans une
ville indochinoise.
Voyez par contre tel hôtel de monta-
gne comme celui du Tamdao ; chef
d'oeuvre d'incohérence dû à nos inénar-
rables Bâtiments Civils. On y a bien
établi des salles de bains vastes avec bai-
gnoires luxueuses et douche et robinet-
terie d'eau chaude et d'eau froide.Seule-
ment il n'y a pas d'eau chaude.Moyen-
nant4frcs 25 on vous apporte deux tou-
ques d'eau chaude grisâtre et graisseuse
et d'ailleurs vous n'aurez pas été deux
jours à l'hôtel avant de vous être aperçu
que les salles de bains servent aux in-
nombrables bonnes d'enfants alternati-
vement de chambre à lessive et de dor-
toir et qu'elles nettoient les vases de nuit
dans les baignoires. Quant aux lieux
d'aisance qui y font face ils servent de
dépotoirs où la domesticité des hôtes
comme de l'hôtel jette toutes les im-
mondices de l'étage. Cela provient de
ce que l'hôtel a été remauié et agrandi
par des gens qui ignoraient complète-
ment ce que c'est qu'un hôtel; cela pro-
vient aussi de ce que personne ne s'est
demandé un seul instant quels pou-
vaient bien être les besoins d'un hôtel
pour familles; aussi la clientèle actuelle
dont la santé demande l'air de la
montagne souffre de cette mauvaise or-
ganisation et ne profite pour cette rai-
sou qu'à moitié des bénéfices de l'air
plus léger qu'on respire là-haut. La
question n'est donc pas si facile que
cela à résoudre.
Dans l'état actuel il serait bien inu-
tile d'amener des étrangers au Tamdao,
il faut d'abord en aménager l'hôtel
'
pour les familles françaises en étudiant
'
avec méthode les améliorations à y ap-
porter pour le rendre habitable à ceux
qui ont besoin de propreté, de calme
et de tranquillité.
11 y a lieu tout d'abord au Tonkin de
rendre les voyages possibles : or ils ne
le sont pas sauf bien entendu pour ce-
lui qui, absolument obligé de voyager,
est prêt à installer son lit de camp dans
la moindre cai-nha annamite — ils ne
le sont pas faute d'hôtels, et de maisons
de passager.
Il faut donc tout d'abord qu'il y ait,
partout où les voyageurs peuvent être
appelés à séjourner, ne fût-ce que pour
déjeuner et faire la sieste, au moins
une maison de passagers de quelques
chambres, dans d'autres cas une bonne
auberge.
Comment construire et organiser ces
maisons de passagers et ces auberges ?
. A une certaine époque l'initiative
privée avait doté un grand nombre de
petites villes d'une auberge générale-
ment assez passable, souvent de deux.
Un Français avait jeté son dévolu sur
ce coin, y avait établi un magasin d'é-
picier-quincailler auquel il avait ad-
joint un café, une salle à manger et
quatre ou cinq chambres. Tous spécu-
laient sur un développement de la colo-
nisation. Rares sont ceux qui y ont fait
fortune surtout depuis que les gens vont
moins au café et que les familles font
leurs provisions en ville, depuis qu'a
commencé la décadence de la coloni-
sation et que l'entreprise est passée en-
tièrement aux mains des iudigèues ;
beaucoup de ces auberges-magasins ont
périclité, les autres ne vivent que péni-
blement.
Il faudrait aider celles qui restent à
améliorer leurs locaux et leur service,
ressusciter celles qui ont disparu. II suf-
firait généralement d'une subvention,
insuffisante, bien entendu, à faire vi-
vre son homme, mais qui lui permette
de faire certains frais d'aménagement
et d'entretien, qui autrement mange-
> raient les recettes normales de l'établis-
i sèment, D'autre part cette subvention,
ne serait accordée que sous condition
d'un contrôle exercé non par l'autorité
locale, qui s'en trouverait fort gênée,
i mais par un organisme central : bureau
» de tourisme ou syndical d'initiative ;
celui-ci aurait établi une consigne,non
pas grotesque et inapplicable comme
, 'une consigne militaire, mais simple et
1 claire et affichée dans chaque hôtel que
t afin le voyageur puisse savoir ce qu'il
peut exiger et comment formuler ses
x réclamations ou observations. Bref, il
e faudrait faire à peu près ce qu'a fait
jadis en France le Touring club) grâce
à une organisation très simple, et par
la simple menace du retrait de son pa-
le
nonçeau. Une amélioration générale
ie
des auberges de France en a été le ré-
î-
sultat jusqu'au jour où la guerre et la
r' vie chère ont rendu aubergistes et hôte-
L'EVEIL ECONOMIQUE
liers indépendants d'une clientèle de-
venue suppliante, de maîtresse qu'elle
était. Mais à mesure que la situation
économique redeviendra normale et
que aubergistes et hôteliers sentiront à
nouveau la nécessité de plaire à la
clientèle, le Touring Club, avec l'appât
de son panonceau, pourra rétablir son
autorité.
Ce moyen ne réussirait pas ici car la
plupart du temps on ne peut pas comp-
ter sur les voyageurs de passage pour
faire vivre la plus modeste auberge ; le
voyageur reste donc l'obligé de l'au-
bergiste, qui peut en somme se passer
de lui. Seulement le même aubergiste
sera fortement tenté par une subvention
mensuelle de 10,15 ou 20 p. par cham-
bre suivant les cas, qui pourra lui être
retirée s'il n'exécute pas ses obligations.
Il y a donc lieu d'examiner d'abord
quelles sont les localités où il suffirait
d'une subvention pour déterminer l'ini-
tiative privée à améliorer une auberge
existante ou rétablir une auberge aban-
donnée. Notez d'ailleurs qu'avec un ca-
hier des charges bien fait, des instruc-
tions bien -rédigées, un contrôle assez
rigoureux, on amènerait même des An-
namites à tenir proprement des auber-
ges. Voilà par exemple l'hôtel de Viettri,
jadis accueillant et confortable. Actuel-
lement propriété d'un Annamite il est
innommable de saleté comme à peu
près tout hôtel tenu par un Annamite
ou par un Européen laissant faire sa
famille annamite. Les Européens tant
soit peu délicats n'y logent que con-
traints par des circonstances exception-
nelles ; rares sont ceux qui s'y arrêtent
comme autrefois pour déguster le déli-
cieux poisson de la Rivière Claire. Les
Annamites de passage, n'ayant ni l'ha-
bitude ni l'idée de mieux, s'en conten-
lent. Personne ne peut se plaindre ; le
propriétaire est maître chez lui après
tout ; il ne sait pas mieux faire ; l'ordre
et la propreté, pour ne pas parler du
confort sont choses dont il n'a pas l'idée
et chez lui comme dans toute l'Asie
ce sont les coolies qui commandent.
Mais comme 1 hôtel a, croyons-nous,
une huitaine de chambres, l'appât d'une
subvention de 80 p. par mois, très in-
suffisant pour engager un Français à
reprendre l'affaire, suffirait largement
pour engager notre Annamite à pren-
dre connaissance du cahier des charges
et à se'demander si, guidé par le livret
d'instructions générales et par les con-
seils qui lui seraient fournis, il ne pour^
rait pas nettoyer et réparer, améliorer
et gérer son hôtel dans les conditions
requises.
Là où il n'y a pas d'initiative privée
à encourager les circonstances locales
peuvent encore dispenser l'administra-
tion de faire de gros frais.
Nous nous sommes arrêté plusieurs
fois à Bongson (Annam.prov. de Binh-
Dinh). Là comme eu beaucoup d'autres
endroits il y avait jadis un délégué et
poste de la garde indigène. La déléga-
tion a été supprimée, mais le bâtiment
reste, à côté de la Garde indigène. On
l'a transformé en maison de passagers,
assez sommairement meublée, que gar-
de un vieux soldat chargé de conserver
et nettoyer la literie et la lampislerie.
Grâce à cela moyennant une piastre on
couchait dans un lit conveuable et des
draps propres.A l'époque les voyageurs
apportaient leur nourriture complétée
par des achats chez le Chinois et le
vieux soldat fournissait le feu,l'eau etc.
et aidait à faire le frichti.En fait la très
hospitalière famille du garde principal
d'alors nous a chaque fois offert la plus
aimable hospitalité ; mais ceci ne sau-
rait être considéré comme normal. Il
aurait été facile si le poste avait dispo-
sé d'un budget,ne fût-ce que de dix pias-
tres par mois, de doubler le vieux sol-
dat d'un cuisinier quelque peu débrouil-
lard qui, avec ce fixe et ses petits pro-
fits sur les voyageurs, se serait fait une
petite vie confortable.
D'ailleurs à Binh-Dinh où la garde
indigène était commandée par un ser-
gent annamite,nous avons trouvé, dans
le poste même, des chambres réservées
aux passagers où, après nous avoir con-
fortablement installé avec de l'eau et
des serviettes, des draps propres et une
lampe, le vieux sergent nous prépara
un repas européen, très appétissant,
pour la modique somme d'une piastre.
On peut donc là où il y a un poste de
garde indigène organiser à peu de frais
une maison de passagers très convena-
ble. Ce serait une dépense la plupart du
temps de 2 ou 3C00p. au maximum
pour l'installation (là où il n'y a
pas un bâtiment déjà disponible) et
une dépense mensuelle de 10 à 12 p. au
plus pour le salaire d'un gérant-cuisi-
nier qui pourrait être un vétéran un
peu débrouillard. Ce serait surtout une
question d'organisation, d'une consigne
établie avec bon sens et facile à exécu-
ter, et de quelques bons conseils don-
nés au début puis de temps en temps.
Là où il y a le chemin de fer, c'est au
chemin de fer que le plus élémentaire
bon sens, si bon sens il y avait en In-
dochine, eût assigné la tâche de pour-
voir au logement et à la nourriture des
voyageurs. C'est ce qu'ont fait, et de fa-
çon parfaite, les chemins de fer siamois
et, ceux de la Malaisie britannique,
pour ne parler que de ce que nous avons
vu. On ne l'a pasfait à Java pour la rai-
son qu'il y a assez de Hollaudais dans
les centres importants pour faire vivre
un hôtel ou une auberge. C'est d'ailleurs
parfois une auberge très rustique com-
me à Tjandjour, mais dont les rares
voyageurs qui ont l'occasion d'y passer
la nuit se contentent.
En Indochine les conditions sont les
mêmes qu'au Siam et en Malaisie ; aus-
si peut-on s'étonner qu'une compagnie
comme celle du Yunnan se soit désin-
téressée complètement du coucher et du
manger du voyageur.
Bien entendu là où l'on trouve un
hôtel suffisant, comme à Namdinh ou
jadis à Vinh (où il y en avait deux tenus
par des Français) là où une simple sub-
vention encouragerait fhôtel local à
s'agrandir et à s'améliorer, il n'y a pas
besoin d'hôtel terminus ou de maison
de passagers. Il peut en être besoin, il
est vrai, là où l'hôtel local compte sur
d'autres recettes que les recettes licites
et normales d'un hôtel. En tout cas il
est inadmissible qu'en l'absence de
l'initiative privée ou en présence d'une
initiative privée indécrottable, les che-
mins de fer n'aient pas construit un cer-
tain nombre d'hôtels exploités soit par
un Européen soit par un Annamiteselon
un cahier des charges bien établi, sous
une surveillance î-igoureuse, et moyen-
nant soit une subvention, soit la gratui-
té du local, soit une redevance payée
parle gérant, suivant les circonstances.
Dans les rares cas où l'on ne peut
compter que sur le Gouvernement ou
le Protectorat pour construire un hôtel
L'EVEIL ECONOMIQUE
indispensable l'administration aura en- 1
core meilleur temps de faire un contrat
de 10 ou 15 ans avec une subvention
suffisante plutôt que de construire et
d'exploiter elle-même. Voilà l'hôtel du
Tamdao qui coûte à l'administration
l'intérêt de 150.000 p. soit 10.500 p. plus
l'entretien dont on n'ose supputer le
chiffre, plus une subvention de 7.500 p.
soit 18.000 p. par an, et tout cela pour
avoir un hôtel si mal compris qu'il est
presque inexploitable. Si en 1919 on
avait offert pour dix ans une subvention
de 12.000 p. l'initiative privée aurait
sans doute dès alors construit un hôtel
convenable.
Nous avons beaucoup parlé d'une
consigne, d'un livret d instruction, de
conseils, d'inspection et nous avons
fait allusion à l'oeuvre du Touring Club
enFrance.Rappelonsici cedontil s'agit.
Réputés pour leur bonne cuisine les
hôtels et auberges de France vers 1890
étaient aussi réputés pour leur manque
absolu de confort et pour leur malpro-
preté. Le Comité du Touring Club éla-
bora un certain nombre de conditions
dont l'observation par les hôteliers et
aubergistes donnait droit au panon-
ceau du Club et à l'insertion dans l'an-
nuaire. Ces conditions concernaient :
1° les chambres : l'hôtel devait avoir
un certain nombre de chambres dites
Touring Club, sans tapis ni tentures ni
oiseaux empaillés, aux murs ripolinés
avec angles arrondis, avec lit en fer,
grande cuvette et grand broc d'eau etc,
20 les lieux d'aisance qui devaient être
aérés, éclairés, pourvus d'un siège à
syphon avec chasse d'eau, 3° une
chambre de bains propre, 3° des prix
fixes et publiés ne varietur.
Dans notre village de Maiche (Doubs)
très passager, très fréquenté des touris-
tes, il y avait deux hôtels et plusieurs
auberges plus ou moins bien tenus. Les
deux hôtels ayant reconnu l'avanta-
ge d'être recommandés par le Touring
Club sollicitèrent le panonceau. Notre
oncle, banquier à Maîche et membre
du Touring Club, avait accepté un peu
à la légère le litre de délégué du Club.
Un beau jour il reçoit une lettre de Pa-
ris le priant d'aller inspecter ÏHôtel de
la Couronne et d'examiner si les con-
ditions énumérées dans le questionnaire
étaient bien remplies. Grand 'émoi de
notre délégué, l'homme du monde le
plus horrifié à l'idée de se mêler des
affaires d'autrui, tremblant à la pensée
de l'accueil désagréable qui lui serait
fait, et quelque peu humilié du genre
d'enquête auquel il s'agissait de se livrer.
Enfin il lui était difficile de se récuser,
il prît donc, très ennuyé, le chemin de
l'hôtel et expliqua avec beaucoup d'em-
barras l'objet de sa visite. A sa grande
surprise l'hôtesse fut tout sourires et
courbettes et paraissait encore plus
troublée par l'inspecteur amateur que
celui-ci ne l'était à la pensée de son in-
discrétion. On lui montra les chambres,
les cabinets, la cuisine, la chambre de
bains, la chambre noire, etc. A mesure
que l'hôtelière se montrait anxieuse, le
banquier sentait grandir en lui une âme
d'inspecteur méticuleux et impitoyable.
11 sortit satisfait de son inspection tan-
dis que l'hôtesse lui faisait une cour-
bette jusqu'à terre.
Evidemment l'appât d'un panonceau
serait, comme nous l'avons dit, insuffi-
sant au Tonkin sauf peut-être à Hanoï,
où il y a une certaine concurrence; mais
les subventions accordées avec la cer-
titude que l'observation du cahier des
charges sera rigoureusement exigée, se-
ront le même office. Autant que possible
les conditions seront les mêmes partout
et en tout cas reportées sur un « indi-
cateur des hôtels, auberges et maisons
de passagers* où chaque établissement
sera sommairement décrit, avec ses
conditions spéciales et les conditions
générales.
En même temps que les hôtels et au-
berges des garages et des dépôts d hui-
les et d'essence seront organisés dans
des conditions semblables. Et ici aussi
ne pourront être recommandés ou aidés
que les garagistes ou dépositaires s'en-
gageant à observer certaines conditions.
Autant que possible le Comité du
Tourisme passera la main à des organi-
sations privées ou s'assurera de leur col-
laboration.
Il s est créé à Haïphong une Union
automobile et touristique du Tonkin
et du Nord-Annam qui déjà avec ses
faibles ressources a pris d'heureuses ini-
tiatives,par exemplela publication d'un
bulletin. Elle pourrait, étant au lieu du
débarquement des touristes étrangers,
s'occuper de procurer à ceux-ci quel-
ques facilités. Mais ceci entraine la dé-
pense d'un interprète intelligent. Pour-
quoi voulez-vous que ce soient les
membres de l'U. A. T. T. N. A. qui en
supportent tous les frais ? Qui en
profitera ? les hôtels, les garagistes et
des visiteurs probablement très riches.
Les services de l'interprètedevrontdonc
être payés d'après un certain tarif, soit
par le visiteur lui-même soit par l'hôtel
ou le garage qui aura fait appel à ses
services. Mais ce casuel ne suffira pas
à couvrir les 200 à 250p. que l'on paie-
ra à un interprète qualifié.
Il saute aux yeux qu'une subvention
devra être donnée à l'U. A. T. T. N. A.
sans cette absurde condition qu'elle
devra tout faire gratuitement. A condi-
tion que les tarifs soient raisonnables
les touristes préféreront payer.
Un syndicat d'initiative tel que 11".
A.T.T.N.A. devrait non seulement faire
payer les services de son interprète,
mais les guides et indicateurs qu'il
publiera,mais en outre il devrait exiger
des hôteliers et garagistes et des che-
mins de fer et chaloupes un tant pour
cent sur toutes les locations, les sé-
jours d'hôtel et dépensesde voyage des
touristes présentés par lui. Que si il de-
vient une affaire qui fait ses frais,tant
mieux, nous aurons créé notre Agence
Cook indochinoise.
(.1 suivre)
II. CUCHEl'.OUSSKT
L,'EVEIL ECONOMIQUE
CORRESPONDANCE
Nous recevons d'un de nos abonnés
d'Anna m la lettre ci-dessous :
Xlninii-liiêl le 10 Septembre 1923
Cher Monsieur Cucherousset,
Votre excellente campagne de YEveil
pour l'orgauisatioQ d'un service postal ra-
pide et mieux fait entre Hanoï et Saigon
m'a intéressé au plus liant point et m'iucile
à vous soumettre à ce sujet quelques amé-
liorations qui me paraissent désirables et
parfaitement réalisables.
Partant de Hanoï il semble qu'aucun em-
pêchement supérieur ne s'opposerait à la
création d'un service de train plus ration-
nel que le service actuel sans augmentation
des charges de la compagnie du nord.
Sur la ligne Hanoi Bèuthuy nous voyous
que part chaque jour de Hanoi.
( 1 traiu le matin pour Bèuthuy.
Ma midi pour Thauh-lloa.
à Thanli-Iloa il part, le malin.
c 1 traiu vers Hanoi
 1 train vers Bèuthuy
de Vinli
C l traiu le matin pour Hanoi.
( l traiu à midi pour Thauh-lloa.
Ce qui fait que le réseau est desservi par
i trains montants et 2 trains descendants.
Il semble qu'avec un peu de bonne ve-
louté il serait possible de mettre sur cette
ligne 1 traiu rapide et I train omnibus dans
chaque sens.
Je proposerais par exemple l'horaire sui-
vant :
OMMBUS KXIMIKSS
Hanoï Dép. . 4 ''• °0 f. h. 00
Nain-Dinh A. •> •'• <>0 u h. 51
D. 5 b. 00 6 h. 53
Thanh-lloa. . 7 li. 44 .8 h. 35
Vinh. ... 12 h. 16 H b. 29
Le Iraiu omnibus s'arrétant à toutes les
stations et haltes remplirait son oflice ac-
tuel.
L'express ne desservant que les centres
de Nam-Dinh et Thauh-lloa pourrait pren-
dre une vitesse régime de 50 km. à l'heure
ce qui permettrait l'arrivée à Vinh pour dé-
jeuuer. La combinaison d'un express de
Hanoi à Bentbuy doublé des omnibus Ha-
noi Nam-Dinh et Nam-Dinh Vinh permet-
trait à tous les usagers de la ligne d'être ren-
dus au terminus à midi 16 au plus tard et
de se rendre comme par le passé daus tous
les points intermédiaires une fois par jour
au lieu de deux.
L'arrivée à Vinh à 11.59 pour l'express
et 12.16 pour l'omnibus permettrait aux
voyageurs de déjeuner et de prendre l'auto
postale à 12.30.
Arrivée à Hatinh à 14.30 et Dônghoi 20 h.
Coucher à Dônghoi où un bungalow va
être bientôt terminé et où, en attendant, les
chambres de passagers organisées par l'ac-
tif résident actuel permettraient le repos.
Départ de Dônghoi le Jendemaiu à 5 h.
Arrivée à Dôngbà vers 9 h.
A Dôngbà un nouveau changement d'ho-
NOTA : L'express pourrait partir 1 h. plus
tard de Hanoï et l'omnibus de doublement
continuer jusqu'à Thanh-Hoa à 9 h. 34. Le
2e omnibus ne partirait que de Thanh-Hoa au
lieu de Nam-Dinh, à 7 h. 44. Le déjeuner à
Vinh aurait lieu à 12 h. 30 au lieu, de lt h. 30
et l'arrivée à Dônghoi à 9 b. du soir.
raires s-erait également nécessaire. H part
actuellement 2 trains par jours de Dôngbà
vers Touraucl'uii à 9 h. 30 l'autre à 17 h.30.
L'ou pourrait faire partir l'omnibus à
G b. et l'express avec arrêt à Quang-Tri à
9 h. pour arriver à llnê à 10 h. 30 ; court
arrêt à Tuua-Luu, arrivée à Touraue 14 h.
A 14 h. 30 l'auto potale emmènerait les
voyageurs vers le sud pour s'arrêter à
Quaug-Ngai à 18 h. 30.
Quaug-Ngai po:-sède un bungalow de 0
chambres qui va être mis eu service d'ici
deux mois.
Le lendemain matin 5 h. départ de Quang-
Ngai arrivée à Quiuhou 9 h. 30 et Nha-
traug 20 h.
A îMiatraug pourrait être établi un train
de nuit eu sus du régulier du matiu.
L'adoption d'un tel horaire, qui n'a rien
d'acrobatique, mettrait Hanoï à 2 jours de
Quaug-Ngai et 3 1/2 jours de Saison tau-
dis qu'il faut actuellement 2 jours 1/2 pour
arriver à Quaug-Ngai et 5 jours pour attein-
dre Saigou. t
Je suis d'ailleurs persuadé que les voya-
ges Hanoi Nam-Dinh, Hanoi 'lhauh-lloaei
Hanoi Vinh seraient intensifiés eu raison
des commodités de retour daus la même
journée.
Mais là ne se borue pas à mon avis la
graude réforme à apporter aux relations en-
tre les deux capitales; des changements pro-
fouds sont à introduire daus le fonctionne-
ment des services automobiles postaux.
L'Administration des Postes paie actuelle-
ment 10.000 p. de subvention pour la ligue
Viuh-Dôngha et 50.000 p. pour la ligue
Tourane-JHiatraiig ce qui représente une
subvention Up.08 par km. pour Vinh-Dông-
ha et Op.12 pour Tourane-Nhatraug c'est-
à-dire paie entièrement pour ce dernier
service tous les frais généraux laissant com-
me bénéfice net les transports privés ou sur
réquisition.
Si l'on compte seulement 8 passagers
par voyage payant Op.00du km.en moyen-
ne cela fait le beau revenu de 0 p. 48 -f
0 p. 08 de subvention soit 0 p. 50 par km.
alors que les mêmes entreprises ou des en-
treprises concurrentes fout avec bénéfice des
transports privés à 0 p. 20 le km. pour une
voilure entière à 4 places.
D'autre part me basant sur les chiffres
douués daus votre i'° du 9 couraut je lis
que le transit journalier moyeu par voie de
terre est de 1 in3 auquel il convient d'ajou-
ter environ 15 m'i de sacs de ou pour
France à chaque arrivée ou départ de cour-
rier.
Les colis postaux sur celte ligne pouvant
représenter une moyenne de 2 in3 par jour
à acheminer dans chaque sens c'est envi-
ron 3 m3 de matériel postal qui pourraient
transiter journellement daus chaque sens si
le trafic était normalement assuré.
Six motrices sur chaque tronçon seraient
doue suffisantes pour assurer d'une façon
parfaite le service postal automobile et le
1
transport des touristes et voyageurs.
Les frais géuéraux étaut comptés à raison
de 0 p.15 le km. nous obtenons pour la li-
gue Vinh-Dôngha une dépense annuelle de
290 X 0.15 x 6x 365 = 95.215 p. at-
ténuée par la recette de 8 passagers dans
chaque sens à 0 05 par km. ou 0.80 x
' 290x305= 84.680 p.
[
Dépense nette 10.585 p.
''
Et pour ia sectiou Tourane-Nhatraug.
1
(0.90
- 0.80) 560x 365 - 20.440 p.
j Soit au total 31.000 p. contre 66.000 p.
actuellement attribuées en subvention
Si nous augmentons ces chiffres de moi-
tié pour accidents et imprévus c'est à
45.000 p. que le service postal pourrait être
assuré d'uue façon presque parfaite alors
qu'il l'est actuellement de façon absolument
uéfectueuse pour 60.000 p. 00.
Je me fais fort, avec uu prélèvement de
200 000 p. sur la caisse de réserve,d'orga-
niser ce service daus un délai de 5 mois et
d'eu assurer la b june marche pour 45.000 p.
par au à l'entière satisfaction de l'Adminis-
tration des Postes et Télégraphes et des
touristes.
Je suis absolument certain que l'on ne
verrait poiui comme cela se passe actuelle-
ment 600 colis postaux embouteillés à tou-
raue par la mauvaise volonté et la careuce
de l'entrepreneur, colis que l'AUuiiuistratiou
des Postes e.-t obligée de faire parveuir à
à destination, par l'intermédiaire des Rési-
dents avec uu retard de plus de 20 jours
alors qu'elle paie 50.000 p. de subveuliou à
la Staca,qui peut se dérober grâce à uu con-
trat mal établi.
Je me raopelie à votre bon souvenir et
vous assure du prol'oud iulerét avec lequel
je suis votre action.
Très cordialement votre
X. . .
N.D.L.I1. — Nous sommes désolé de
verser un peu d'eaufroide sur l'enthou-
siasme de notre aimable correspondant
mais réellement nous craignons qu'il
n'ait pas l'étoffe d'un homme d'affaires
et ne considère un peu les choses du
point de vue d'un homme qui a fait sa
carrière dans l'administration ou dans
une de ces professions libérales où l'on
n'acquiert pas l'habitude d'établir les
prix de revient et où l'on ignore ce que
c'est que courir un risque.
11 se peut que le service automobile
soit mal fait et nous n'avons pas à pren-
dre la défense de la Société des Trans-
ports Automobiles du Centre Annam.
Cependant nous ferons remarquer
qu'il y a une différence essentielle en-
tre une Société qui risque ses propres
capitaux et un amateur qui se sert des
capitaux de l'Etat. Evidemment la gros-
se question des capitaux serait vite ré-
solue et d'innombrables entreprises
verraient le jour s'il suffisait de marcher
avec les fonds de réserve de 1Etat.
Nous nous engageons à transformer
1 Eoeil Economique en une revue de
toute beauté, magnifiquement illustrée,
bourrée de renseignements,si M.Merlin
veut bien mettre à notre disposition
50.000 $ prélevés sur les fonds de ré-
serve. Le malheur est que le Moniteur
criera « Et moi donc 1 » et le Hulletin
Financier répétera '- « moi aussi » et que
dix vocations de directeur de Revue
économique se révéleront aussitôt,prètsà
mettre à exécution les moyens préconi-
sés par des imaginations d'autant plus
fécondes qu'aucune expérience pratique
ne leur a révélé d'obstacles — Nous
pensons assez que si le Gouvernement
mettait à ladisposititMiadelaS.T.A.C.A.
L'EVEIL ECONOMIQUE
200.000 $ cette société achèterait aus-
sitôt douze splendides autobus et p
autant de camions à remorque du der- h
nier modèle et serait à même de faire 1
un bien meilleur service dans de bien 1
meilleures conditions — La difficulté c
est précisément de trouver les 200 000 * t
pour une affaire qui comporte quelques t
risques que notre ami lecteur ne semble 1
pas soupçonner, et qui, si elle était si l
brillante, aurait tenté de nombreux con- *
currents — Et il est bon qu'il en soit ain- <
si ; l'homme est plus ménager des choses i
qui lui coûtent un effort que de celles
qui lui viennent sans difficulté.
Certaines entreprises grandioses ont
échoué précisément parce qu'elles ont
eu trop facilement des capitaux- Nous
en pourrions citer sans sortir d'Annam.
Notre correspondant établit son bud-
get aussi facilement que l'on bâtit des
châteaux en Espagne. Supposons les
recettes au maximum, les dépenses au
minimum, les accidents évités, les inon-
dations, typhons, orages etc. conjurés, la
paix absolument certaine pour dix ans,
un personnel irréprochable et zélé, des
chauffeurs et mécaniciens d'une probi-
té angélique, évidemment tout ira bien.
Notre correspondant confond frais
généraux et frais d'exploitation. L'es-
sence, l'huile et les pneus, et les
frais de route ne sont pas des
frais généraux ; mais passons condam-
nation. On peut admettre qu'une bon-
ne automobile moyenne ne revient
pas à plus de 0,15 au km. y compris les
frais généraux,et dans une grande ville,
un garage ayantun matériel très nom-
breux et une organisation très moderne
pourrait sans doute se tirer d'affaires en
louant à 0,15 l'heure. Seulement ici il
ne s'agit pas d'une automobile moyenne
portant cinq personnes au maximum
mais de forts autobus pour une quin-
zaine au moins de passagers avec leurs
bagages, avec remorque pour les sacs et
colis postaux. Et il s'agit non de petites
courses sur de belles routes urbaines
ou suburbaines mais de longues ran-
données sur d assez mauvaises routes
et par tous les temps. Les frais géné-
raux sont considérables si l'on veut un
service impeccable car il faut plusieurs
garages et ateliers de réparation bien
outillés et bien approvionnés, et un
assez grand nombre d'automobiles tant
pour la relève des autos en réparation
qu'en vue des transports de "courriers
exceptionnels. Pour faire rouler cons-
tamment douze autobus et camions il
ne faut pas en avoir moins de dix-huit,
à 7.000* l'un.Cela vous fait déjà 42.000*
rien que pour ce petit supplément.
C'est pourquoi nous estimons qu'il
faut tabler sur une dépense kilométri-
que d'au moins 0,20 le km. Nous arri-
vons donc de ce chef à une dépense,
sur Vinh-Dôngha non de 290 x 0,15 X
6X365 = 95.265 p. mais de 290 X0.20
X6x 365=127.020 p-
Notre correspondant compte sur 8 ]
passagers dans chaque sens à 0,05. C'est !
le prix que paient les Européens ; mais
les Indigènes en paient en fait à peine
le tiers ; il est vrai qu'on les entasse et
qu'on peut voir certains jours sur l'au-
to trois Européens à 0,05 et 15 Indigè-
nes payant de 0,015 à 0,02. Cela ferait
bien 0,40 si l'entrepreneur touchait
tout, mais c'est son personnel qui tou-
che cela; l'entrepreneur lui, a bien des
chances s'il touche le prix du nombre
de gens que l'auto est autorisée à por-
ter. D'autre part escompter que 365
jours par an à chaque voyage l'automo-
bile aura ses 8 voyageurs de première
classe ou les 24 voyageurs indigènes
qui font le même compte c'est, ce nous
semble, beaucoup demander et pour
peu que nous comptions par an 5 jours
à vide et 20 jours à moitié vides cela ne
nous fait plus que 350 jours de recettes.
Donc au lieu de 0 p. 40 recettes x 2
voyages x290 km.x 365 jours=84.682
nous n'aurions plus que
0 p. 40 X 2 X 290 x 350 = 81.200 p.
Et nous arrivons à un déficit non
plus de 10.587 mais de 45.820.
Déduisez en la subvention delO.OOO p.
et vous voyez tout de suite quel serait
le résultat si l'entrepreneur exécutait
rigoureusement son cahier des charges,
se procurait un matériel puissant et
l'entretenait en bon état. S'il s'en tire
c'est parce qu'il use jusqu'à la dernière
extrémité un matériel à bon marché,
fait des prodiges d'économie, entasse
des voyageurs comme harengs en ca-
que, maintient une faible vitesse et n'é-
coule qu'un trafic postal très faible. S'il
fait finalement un maigre bénéfice, il y
a quelque mérite.
Nous sommes persuadé que la ligne
de Nhatrang à Tourane est encore plus
difficile à exploiter.
Notre correspondant en estime le
déficit à 20.440 $ transformé en un bé-
néfice de 29.560 $ grâce à une subven-
tion de 50.000 3>.
Ceci est basé sur la supposition que
365 jours par an à l'aller comme au
retour les autos transportent 8 voya-
geurs de Vire ou l'équivalent de voya-
geurs de 2me. Il serait plus prudent
d'évaluer à 340 le nombre des jours de
plein trafic et 20 celui de demi trafic et
5 celui de trafic nul et c'est faire la part
belle à 1 optimisme ; et si sur cette mau-
> vaise roule avec tous ses bacs et ses
assez nombreuses rampes nous estimons
I à 0,20 le km le prix de revient d'unau-
, lobus ou d'un camion on ne saurait nous
> taxer de pessimisme. Cependant rier
que cela change tout à fait l'équation.
I Notre correspondant la pose ains
- (0,15 cents X 6 autobus = 0,90 —
0,8(
de recettes) 560 km X 365 jours =
, 20 * 440 de déficit.
Mais si nous écrivons :
) (0,20 X 6 = 1,20
—
0,80) 560 km >
350 nous trouvons un déficit de 78.401
plus 15 jours a vide a O,20xob0 km. x
2 = 3360 è. Déficit total 81.760 p. soit,
avec une subvention de 50.000, une
perte nette de 31.760 ».
Ce qui prouve que la question est beau-
coup moins simple qu'elle n'en a l'air et
que les calculs de prix de revient doi-
vent se faire avec une extrême minutie et
en tenant compte d'une foule d'éléments
dont le profane ne se doute même pas.
Et voyez, cher abonné, combien vous
vous exposez en augmentant de moitié
vos chiffres pour accidents et imprévus.
C'est prévoir beaucoup d'imprévus*
Les accidents d'abord ne sont pas de
l'imprévu ; ils sont prévus et couverts
par des assurances, ils passent donc en
frais généraux normaux. Quant aux im-
prévus, un homme d'affaires expéri-
menté et bien documenté les évalue à
une proportion très inférieure, car pour
lui sont prévues et évaluées exacte-
ment quantité de dépenses que l'hom-
me moins expérimenté et renseigné
compte comme imprévus.
En fait nous évaluons à 400.000% le ca-
pital minimum pour les deux services et
à 100.000$ la subvention nécessaire.
C'est d'ailleurs le chiffre prévu par M.
Lochard qui conseille de déduire des
3.200 S de subvention hebdomadaire du
paquebot annexe, un millier de piastres
pour le service par voie de terre (en
plus de la subvention actuelle/
Au sujet du changement d'horaire,
notre correspondant ne semble pas se
faire une idée de la montagne qu'il vou-
drait remuer. Modifier des horaires de
chemin de fer I mais il faudrait un
Doumer ! un Mussolini 1
D'ailleurs la Direction des chemins
de fer répondra qu'on ne voit guère les
Autiamites voyageant, entre Hanoï et
Namdinh entre 4 et 6 h. du matin et
qu'une vitesse régime de 50 à l'heure
n'est pas réalisable sur un «
tramway
sur route ». Et puis, nous avons le
train de nuit, dont le succès est tel
qu'on devra bientôt en faire trois par
semaine. Les voyageurs préféreront
partir la veille à 20 heures plutôt que le
matin à 5 ou 6 heures ; au point de vue
affaires et au point de vue postal cela
revient au même. Surtout le train de
nuit permet d'arriver d'une traite à
Tourane au lieu de coucher à Dônghoi,
ce qui est un fameux gain de temps —
On arrive à midi à Quaug-Ngai soit 40
i heures après le départ de Hanoï. Ce
s qui existe actuellement est donc beau-
coup plus rapide que ce que notre cor-
s respondant demande.En somme l'horai-
î re suggéré par notre correspondant n'au-
rait d'autreutilité que de justifier lesmé-
i cropalaces de Dônghoi et Quang-Ngaï.
[) Néanmoins nous avons tenu à publier
= sa lettre comme nous serons heureux
de publier toutes les suggestions que
nos lecteurs voudront bien nous faireou
< même leurs critiques, car nous ne pré-
0 tendons pas à l'infaillibilité. H. C.
L'EVEU. ECONOMIQUE
Voyage de Henri Mouhqt ati Cambodge en 1859
De retour à Chantaboun, dans l'hospita-
lière demeure du bon abbé Ranfaing, mission-
naire français, établi en ce lien, mon premier
soin fut de prendre des renseignements,
et de me mettre à la recherche des moyens
de transport pour gagner Battambang, chef-
lien d'une province de ce nom, qui, depuis
près d'un siècle, a été enlevée au Cambodge
par l'empire siamois. Je fis prix avec dés
pécheurs annamites païens pour me condui-
re d'abord de Chantaboun à Kampôt, port
du Cambodge» à raison de trente ticaux. Les
Annamites chrétiens m'en demandaient qua-
rante et leur nourriture pour aller et retour.
Après avoir pris congé de fa-blé Ranfaing, qui
n'avait comblé de boutés et d'attentions cha-
que fois que j étais venu à Chantaboun, je
m'installai à nouveau daus une barque avec
mou Chiuois et mon Anuamile, et, voulant
profiter de la marée haute, nous partîmes à
midi, malgré nue pluie battante. Arrivés au
port vers six ou sept heures du soir, nous y
fûmes retenu jusqu'au surlendemain par
uu veut contraire et trop violent pour nous
permettre de le quitter sans danger.
Deux jours plus tard nous arrivâmes à
Ko-Khut, où de nouveau des plaies torren-
tielles et un vent contraire nous retinrent à
uue ceutaiue de mètres du rivage, dans une
anse qui était loin d'offrir beaucoup de sé-
curité à notre fragile émbarcatiou.
Notre positiou n'était pas agréable ; notre
chétive barque, rudement secouée par les
flots eu fureur, ineuuçait à chaque instant
d'être jetée à la côte contre les rochers. Aux
trots quarts remplie paruotre bagage auquel
nous avions douuè la .ueilleure place pour le
préserver de l'eau de mer ainsi que de la
pluie, elle contenait encore cinq hommes
serrés les uns contre les autres à l'avant, et
n'ayant pour abri que quelques feuilles de
palmier cousues euserable,à travers lesquel-
les l'eau filtrait et nous tenait constamment
mouillés. La pluie continuait à tomber avec
uue telle abondance que nous ne pouvions
entretenir du feu pour cuire notre riz.
Pendant quatre jours il nous fallut rester
à demi couches dans notre barque, les mem-
bres fatigués de là positiou à laquelle nous
condamnaient lé défaut d'espace et nos effets
et notre linge trempés et collés sur notre
corps. Enfin, le cinquième jour, j'eus le
plaisir de voir le ciel s'éclaircir et le vent
changer. Vers les deux heures de l'après-
midi, prévoyant une belle nuit, et ayant
remonté, par une bonne dose d'arack, le
moral de mes hommes qui commençait à
faiblir, nous levâmes l'ancre et nous nous
éloignâmes de Ko-Rhut poussés par une bonne
brîse. J'étais heureux d'avancer et de pou-
voir enfin respirer à pleins poumons ; aussi
je restai une partie de ta miit sur ma petite
tente de palmier, jouissant de la beauté du
ciel et de la marche rapide de notre bateau.
A la pointe du jour, nous aperçûmes la pre-
mière fie Koh^Kong à noire gauche, à une
distancé d'à peu près dix milles. C'est Une
ilé dîésefte ; on y recueille de la gomme gut-
te ; elle est moins grande que Koh-Xaug ou
Kho-Ohang et n'offre pas un aspect aussi
imposa ut ni une suite de pics aussi majes-
tueux. C'estàCompong-Sôm. près de Kam-
pôt, que l'on recueille la plus grande partie
de la gomme gutte et le beau cardamome qui
se trouvent dans le commerce ; les Indigènes
renferment la première dans des bambous
qu'ils fendent lorsqu'elle est durcie.
Nous eûmes bientôt oublié les petites mi-
sères de la première partie de notre voyage
et nous fûmes bien dédommagés par la
beauté des sites et l'aspect enchanteur du
groupe d'îles et d'îlots que nous côtoyions à
une courte distance. Nous arrivions dans des
parages infestés par les pirates de Kampôt.
Placés sûr les hauteurs, ils observent la mer
et, desquels aperçoivent uue voiie, ils s'ap-
prêtent à l'attaquer au passage. Nous avan-
cions paisiblement, sans souci des forbans,
car nous n'avions avec nous aucuue mar-
chandise qui pût les tenter, et, dû reste nous
étions bien armés et en état de repousser
ceux d'entre eux qui auraient essayé de nous
attaquer. Vers cinq heures du soir nous je-
tâmes l'ancre dans l'anse d'une petite île afin
de faire cuire le riz du soir et d'accorder à
mes hommes un peu de repos, car ils n'a-
vaient pas dormi la nuit précédente. Nous
étions à une journée et demie de Kampôt. A
minuit nous levâmes l'ancre et nous voguâ-
mes, doucement bercés par les flots, nos
voiles à peine enflées. Lorsqu'on a dépassé
la pointe nord-ouest de la grande île Koh-
Dud, qui appartient à la Cochiuchine, le
coup d'oeil devient de plus en plus beau ;
la terre forme cadre de tous côtés, et il sem-
ble qu'on vogue sur un lac aux contours
arrondis et verdoyants. A l'est s'étendent
tés côtes et les îles de la Cochinchiue jus-
2n'a
Kankao, à l'ouest et au nord celles du
ambodge, couronuées par une belle mon-
tagne de neuf cents mètres de hauteur. Cel.
le-ci rappelle si bien le mont Sabab, que
Phrai cria au pilote : «Mais vous nous
ramenez à Chantaboun ; voilà le mont Sa-
bab : » Nous ne pûmes jouir lougtemps du
superbe tableau qui se déroulait à nos yeux,
car, peu d'instants après notre entrée dans
le golfe, d'énormes nuages noirs s'amonce-
lèrent au sommet de la montagne, et par
degrés la voilèrent entièrement. Ils fureut
bientôt sur nos têtes ; le tonnerre grondait
avec force, et un vent épouvantable faisait
filer notre barque, couchée sur le flanc, à
la vitesse d'un bateau à vapeur. Le pilote
même tremblait au gouvernail et me deman-
dait de l'arack, pour soutenir ses forces et
son courage. Après une demi*heure de cette
course effrénée, les nuages crevèrent et une
pluie torrentielle nous transperça^ niais
elle fit tomber le vent ; nous étions alors
arrivés dans le lit de la rivière qui conduit
à Kampôt.
11 paraît qne le roi devait passer entre-
vue, le jour de notre arrivée, tous les navi-
res qui se trouvaient dans la rade; mais-le
gros temps l'avait retenu depuis onze heu-
res dans une espèce de salle qu'on lui avait
élevée sur des pilotis dans un endroit peu
profond: Au moment où nous dépassions la
douane, nous aperçûmes le cortège royal
qui se dirigeait vers une grande jonque que
Sa Majesté faisait construire afin de pouvoir
ainsi se livrer au commerce, et avoir.quel*
que chose de mieux à envoyer à Singapour
que les mauvais bateaux qui, jusque là,
avaient composé toute sa marine.
La rivière qui conduit à la ville après de
cent cinquante mètres de largeur ; mais son
cours est très borné ; elle prend naissance
dans les montagnes voisines. Le principal
avantage qu'elle offre, c'est de pouvoir ame-
ner à la mer les magnifiques bois de cons-
truction qui abondent dans les forêts de ses
deux rives, et dont les Chinois ne peuvent
se passer pour la mâture de leurs jonques!
Il y a continuellement de six à sept navi-
res en charge dans la rade, de sorte que
l'on voit souveut des bateaux! chinois ou
européeus monter et descendre Le fleuve.
Quoique Kampôt soit actuellement l'uuique
port du Cambodge, il est loin d'avoir le
même mouvement que le port de Bangkok,
car la ville compte au plus trois cents> mai-
sons et une population à peu près égale à
celle de Chantaboun ; en outre tout sou pe-
tit commerce est alimenté par la basse Co-
chinchiue, dout les ports out été jusqu'à ces
derniers temps presque constamment fer-
LA
Ve Foire de Hanoï
se tiendra
du
2 au 16 Décembze pzochain
L'EVEIL ECONOMIQUE
-<* FUMEZ L_E "GLOBE" îfc-
niés aux Européens, de sorte que les na-
vires ne trouvent guère à charger que du
riz qui leur est amené par des bateaux, et
presque comme contrebande, de la basse
Cochinchiue par Italienne, le Cancao des
caries, ou d'autres petits ports du voisinage.
Hormis quelques tonnes de pomme gutle,
un peu d'ivoire, du poisson péché dans le
grand lac par les Annamites, du bois d'ébé-
nislerie et de construction pour lequel il est
célèbre, et du coton, le Cambodge ne four-
nit rien au commerce, et j'ose émettre l'o-
pinion que le jour où les ports d'Annam
spront ouverts aux Européens,les marchands
chinois établis à Kampôt abandonneront
celle ville; cependant, mieux gouverné, ce
district pourrait alimenter le commerce
d'un grand nombre de produit dont nous
parlerons plus tard.
Ce qui reste de ce malheureux pays ne
tardera sans doute pas à tomber sous la do-
mination de quelque autre puissance. Qui
sait ? Peut-être la France a-t-elle les yeux
fixés sur lui et se l'annexera comme elle le
fait en ce moment de la Cochiuchine.
Le peu d'impôts et de taxes que les Cam-
bodgiens ont à supporter, comparativement
aux Siamois, me faisait penser que je trou-
verais ce peuple vivant daus l'abondance et
le bien être ; aussi ma surprise fut grande
d'y rencontrer, à très peu d'exceptions près,
presque tous les vices, sans aucune des qua-
lités que l'on trouve chez les autres peuples
ses voisins ; la misère, l'orgueil, la grossiè-
reté, la fourberie, la lâcheté, la servilité et
une paresse excessive sont l'apanage de cette
misérable population.
On a répété souvent que l'on ne devait
pas juger d'un pays où l'ou n'a fait que pas-
ser : que ceux-là seuls pourraient le faire
qui y ont séjourné longtemps. J'admets que
dans un séjour rapide l'on est sujet à com-
mettre des erreurs ; mais je le répète ici, je
mentionne ce que je vois, et donne mes im-
pressions telles que je les reçois : libre à
d'autres voyageurs plus expérimentés de me
démentir, si ces impressions et mon juge-
ment ont été faussés. Je fais remarquer en
outre que la première impression est sou-
vent ineffaçable.et qnefréquemmentje ne me
fie pas à mon propre jugement et parle d'a-
près l'expérience d'autrui.
11 est peu de voyageurs en Europe, en
Amérique, et sans doute sur plusieurs autres
points du globe, qui n'aient eu à se plain-
dre de la manière offensante dout les re-
présentants des lois douanières exercent
leurs devoirs et souvent les outrepassent.
Ces braves gens, en Europe, gagnent leur
pain quotidien en faisait t supporter le plus
de vexations qu'ils peuvent aux voyageurs
des deux sexes ; ici, c'est le contraire, ils
la gagnent en la demandant ; ce sont des
mendiants commissionnés : « Du noisson
sec, de l'arack et un peu de bétel, s'il vous
plait. » Plus vous leur donnez, moins la
perquisition est scrupuleuse.
Après avoir remonté la jolie rivière qui
devait nous conduire à notre but l'espace de
près d'un mille, nous aperçûmes une mai-
son couverte de feuilles, surmontée du sym-
bole de la religion chrétienne, de la conso-
lante croix. Ce ne pouvait être que celle de
l'abbé Hestrest, missionnaire apostolique de
la congrégation des Missions étrangères,
vous qui lisez ces lignes, avez-vous voyagé
au loin ? Avez-vous jamais été pendant nn
temps plus ou moins long privé de votre
société habituelle ? avez-vous été maltraité
par le temps ou par les hommesTavez-vous
jamais échappé à quelque grand danger ?
avez-vous quitté vos parents ou vos amis
pour une longue absence ? avez-vous perdu
un être bien aimé ? enfin avez-vous jamais
souffert ? Eh bien, vous saurez ce que peut
sur le voyageur errant loin de sa patrie ce
signe divin de la religion. Une croix pour
lui, c'est un ami, un consolateur, un ap-
pui. L'âme entière se dilate à la vue de cette
croix ; devant elle on s'agenouiile, on prie,
on oublie. C'est ce que je fis.
J'avais pour l'abbé Hestrest des lettres de
plusieurs missionnaires de Siam ; je fis
amarrer notre barque devant sa demeure et
je mis pied à terre ; mais les neuf jours de
stagnation forcée auxquels j'avais été obligé
de me soumettre m'avaient fait perdre pour
un instant l'usage de mes membres, et j'eus
quelque peine à marcher.
L'abbé Hestrest m'accueillit eu frère et
m'offrit un abri dans sa modeste case jus-
qu'à ce que je pusse me loger ailleurs. La
première nouvelle qu'il m'apprit fut que la
France était en guerre avec l'Autriche. J'igno-
rais même qu'il y eût quelque différent entre
les deux gouvernements. L'Italie allait naître
de ce conflit ! A peine étais-je débarqué
qu'on nous annonça le passage du roi qui
reveuait de sou excursion. L'abbé Hestrest
me conduisit au bord de la rivière. Dès que
le roi eût aperçu un étranger à côté du mis-
sionnaire, il donna l'ordre à ses rameurs
d'accoster le rivage, et, quand il fut à por-
tce de la voix, il s'adressa à l'abbé :
« Quel est l'étranger qui est avec vous ?
— Sire, c'est un Français.
— lin Français ! » rép ou dit-il avec vi-
vacité.
Fuis, mi ire *'il (ku'ail de la parole du
missionnaire, il ajouta en s'adressant à
moi.
Vous êtes Français ?
— Français, Sire, lui répondis-je en Sia-
mois.
— M. Mouhot vient de Paris, dit l'abbé,
en donnant à sa réponse un air mystérieux;
mais il a été tout récemment au Siam.
— Et que vient-il faire dans mon royau-
me ?
— 11est en mission particulière, dit l'abbé
d'un ton diplomatique, mais qui n'a rien
de commun avec la politique ; c'est unique-
ment pour voir le pays ; du reste M. Mou-
hot ne tardera pas à rendre visite à Votre
Majesté. »
Après quelques minutes de'silence de part
et d'autre, le roi salua de la main et nous
dit:
« Au revoir »
Le cortège s'éloigna.
Je craignis uu instant que l'abbé ne m'eût
fait passer pour un personnage moins hum-
ble que je ne le suis réellement, et que, par
suite, on ne m'interdit l'entrée du royaume.
Le seul nom de la France cause uue peur
mortelle à ces pauvres rois. Celui-ci s'atten-
dait chaque jour à voir flotter le pavillon
français dans la rade. Le roi de Cambodge
a près de soixante ans, petit de taille et re-
plet, il porte les cheveux courts ; sa phy-
sionomie annonce l'intelligence, beaucoup
de finesse, de la douceur et une certaine
bouhomie. Il était mollement couché à j'ar-
riére de son bateau de construction euro-
péenne, sur un large et épais coussin ; qua-
tre rameurs seulement et une. douzaine de
(Voir suite à la page 13)
10 L'EVEIL ECONOMIQUE
L'URBANISME
Ce qu'est et ce que sera Dalat
Nous avons dans nos précédents articles donné
déjà quelques notions de ce qu'est l'urbanisme ;
nous avons, avec photographies et cartes à l'appui,
montré ce qu'était une station d'altitude, conçue,
étudiée et construite par des architectes urbanis-
tes. Après Baguio, la réalisation américaine, nous
allons étudier Datai, l'oeuvre longtemps incohé-
rente de l'administration française en Indochine,
mais où la vo- v
Nous préparons une reproduction en cinq cou-
leurs de ce plan, qui sera sans doute prête pour
la semaine prochaine.
Mais avant d'exposer le projet Hébrard et de
parler de ce que sera, dans un prochain avenir,
la capitale éventuelle de l'Indochine, nous allons
rappeler brièvement l'historique de cette station
d'altitude et décrire l'aspect du pays. En de-
, hors de la ques-
lontédeM.Long
entreprit de fai-
re quelque cho-
se de mieux en-
core que Ba-
guio.
1)ans ce but il
décida la cons-
truction d'un
chemin de fer de
montagne nui.
dans quelque
cinq ou six mois.amènera
les voyageurs à tooo m.
titude et quinze mois
plus tard atteindra Dalat.
Surtout M. Long trai-
ta avec un architecte ur-
baniste de grand talent:
M. Hébrard, pour l'éta-
blissement d'un plan d'en-
semble, en vue d'une
vraie capitale de mon-
tagne telle qu'on peut
en prévoir le dévelop-
pement d'i c i
une quinzaine
d'années.
Le plan de M.
Hébrard vient
d'être approu-
vé. 11 servira
de base : i. aux
lotissements en
empêchant la
Datai. Le Ldc ou Se -l'hôtel
Dalat. Houle de chasse du Nord
Datai
tion de Dalat
même nous don-
nerons des arti-
cles sur l'urba-
nisme en géné-
ral et son appli-
cation non seu-
lement aux sta-
! lions d'altitude
mais à la eons-
» truction. l'amé-
nage ment, l'a-
staridissement de gran-
des villes et des ports ;
nous montrerons ce qui
s'est fait ailleurs dans ce
sens et ce qui se projette
et ce que l'on peut suggé-
rer pour l'Indochine.
Nous estimons que la •
question présente un im-
mense intérêt.
Si par exemple, il y a
vingt ans, on avait, pour
Hanoï,établi scientifique-
ment un projet
général d'amé-
nagement et d'a-
grandissement,
d'é coulement
des eaux etc, la
ville ne serait
pas l'aggloméra-
tion incohérente
qu'elle est avec
ses finances dans un état désespéré. Des erreurs au-
raient aussi pu être évitées à
Saigon. Toutefois il
est encore temps et nous pouvons faire de nos vil-
les les rivales des plus belles villes d'Extrême-
Orient si nous voulons bien nous donner la peins
d'étudier la chose avec méthode.
L'EVEIL ECONOMIQUE 11
Le plateau de Langbian
Situation
Ce plateau, appartenant au massif montagneux
du Sud-Annam, se présente dans les meilleurs
conditions pour l'établissement de la ville de san-.
4é et de repos de l'Indochine.
Son étendue e*t d'environ 40 krri'2 ; il est situé à
toi)- de longitude et 12• 10 de latitude Nord. Son
climat est sain et se rapprohe de celui des régions
méditerranéennes. A Dalat de vastes espaces
pourront être facilement appropriés pour un cen-
tre urbain, avec une ceinture de réserves agricoles
à l'entour pour son ravitaillement.
La mer est à proximité ; une distance de io=>
km, sépare le Langbian de Phanrang et 2-0 km. à
vol d'oiseau de Saigon. Un port pourra être établi
à Bang-Hoï, dans la Baie de Camrang. Ce port se-
ra facilement aménagé et se développera au furet
à mesure de l'accroissement du centre de Dalat.
Altitude (1)
Dalat est à 1.500 mètres d'altitude. Les stations
de Baguio, Simia et de Darjeeling sont respective-
meut à : i.('=)0,n, s.ool)' 11et
2..] 4^"'.
Climat
Tempérât tire. _ La
moyenne annuelle de la
température est de 18.33,
à 10*6 en été et de
ih.04 en hiver. Cette
température
est d'une ré-
gularité parfaite. Pen-
dant la saison sèche il y
a des écarts assez con-
sidérables entre le jour et
la nuit. C'est de Janvier
.1 Mars que l'on observe
les minima les plus ac-
cusés, 3 au-dessus le jour
et moins 2' la nuit.
Le froid est sec et faci-
à supporter.
Pression atmosphérique.
— La pression atmos-
phérique
est de 644 m/m en moyenne.
Hygrométrie.
— La matinée est plus sèche que
la soirée. Saison humide entre 66 et 80. Saison sè-
che entre 50 et 60.
Vent. — Le plateau est soumis à un régime de
vents assez froids. Suivant les moussons, ils soui-
llent de l'Ouestet du Sud-Ouest de Mai à Octobre,
et de l'Est et du Nord-Est d'Octobre à Mai. L'air
est toujours frais.
Pluies.— Le nombre de jours de pluies est plus
grand que dans la plaine bien que la quantité d'eau
soit, moins forte. On acompte 100 à 185 jours de
pluie suivant les années, donnant une hauteur de
1.692 m/m. Généralement les pluies commencent
lin Mars, augmentent en Mai, diminuent en Juin,
Juillet, pour atteindre leur maximum en Septem-
bre et en Octobre.
Elles se terminent en Novembre.
Site choisi
L'emplacement réservé pour le futur cen-
tre urbain de Dalat est situé de chaque côté
(1> Ces renseignements ont élé puisés daus l ouvrage de MM
Bouvard et Millet : Dalat.
de la rivière du Camly (entre les cotes 990 et
1,000) (1), se dirigeant en cet endroit du Nord-Est
au Sud-Ouest. H comprend un plateau formé d'une
série de mamelons atteignantQ.es côtes 1.030-1.O4O
exceptionnellement i.()=>0. Versle^jud-Est, la rivi-
ère vient assez près d'une partie abrupte delà mon-
tagne dont les flancs, présentant des contreforts
boisés séparés par des vallées profondes, descen-
dant jusqu'à la plaine du bas, qui s'étend jusqu'à
la mer. Au Nord-Ouest et Sud-Est du plateau au-
cun obstacle ne s'oppose au dévelopement normal
de la ville.
Premier projet de Station
d'Altitude
C'est en I897 que le Docteur Yersin proposa le
Langbian pour l'installation d'une station d'alti-
tude pour les Européens de l'Indochine.
<cMonsieur Doumer voulut créer là plus qu'un
simple endroit de repos, une région tout entière,
où non seulement nos compatriotes, parfois si
éprouvés, pourraient venir réparer leurs forces et
leur santé,mais encore <u't la vie Européenne pour-
rait être érigée d'une façon permanente et conti-
nue. Il devait être le siège
d'une grande ville où
pourraient être transpor-
tés tous les grands pou-
voirs publics, les services
généraux, les écoles, les
hôpitaux et même nos ré-
serves militaires. Là sous
un climat normal,et sain,
OÙ l'esprit et le corps joui-
raient de la plénitude de
leurs moyens et seraient
à l'abri de toutes les sur-
prises qui paralysent dans
la plaine indochinoise,
les meilleurs volontés,
se constituerait l'organis-
me vraiment vital de no-
tre grande colonie, d'où
partirait comme d'un vas-
te cerveau, la pensée créa-Dalat. Les chutes d'Anhrorl
trice et directrice. (2)
Le plan
établi en 190^ par Monsieur Champou-
dry et les géomètres Puyt et Chabellard étaitloin
de répondre à ce beau programme. Il comportait
b en un centre gouvernemental et un camp mili-
taire. L'on y voyait des bâtiments de bureaux pour
chaque service et les habitations de tous les fonc-
tionnaires, groupés comme la topographie du ter-
rain le permettait, autour du Gouvernement Gé-
néral. En dehors de ces installations, il avait été
prévu : un hôtel-casino ; une mairie : un com-
missariat de Police ; un grand collège (avec cour
fermée; ; une école primaire ; un marché couvert.
Tous ces services prévus dans des bâtiments ré-
partis dans le plan général, sans ordre. La vallée
du Camly était réservée pour un jardin public.
Les eaux usées de la ville d'après avoir traversé un
bassin de décantation se déversaient dans le Cam-
ly vers le lac actuel, et l'abattoir ne plaçait en
aval du Camly, vers les chutes. (A suivre)
(1) f.escôtes sont arbitraires; elles sont établies d'après un
point pris dans la vallée. Il faut leur ajouter 476 mètres pour
avoir l'altitude au-dessus du niveau de la mer. — N.D.L.R. C'est
très administratif.
<2) Gaillard. L'indochiue 1922. — N. D. L. R. Bel exemple de
style officiel.
Toilette toute en broché paille,
boutonnée dans le dos, le long d'un
galon de soie brique et ceinturée d'un
môme galon.
Le marine et
le blanc furent
de tous temps
bons amis ; et
nous le voyons
une fois de plus
sur cette robe
de reps dont les
plis sont brodés
de pois blancs.
Un ensemble de crêpe marocain
vert-gazon ; jupe et cape plissées,
corsage plat brodé de galonnages
blond, châtain et brun.
Très actuelle d'allure, cette robe en
crêpe Mogador blond et tchinacrèpe
nègre à dessins blonds, formant l'em-
piècement en forme et les deux pan-
ueaux froncés et rapprochés sur le
devant de la jupe.
uroquis des modes de la Femme de France, 84, rue Lafayette.
— PARIS.
_ EVEIL ECONOMIQUE 13
Voyage tte Henri Mcfithot au CanûtoocLgl em1859
(Suite de la page 9)
jeunes femmes le, remplissaient., Parmi cel-
les-ci j'en remarquai une dqnf, lgs traits
étaient délicats et, même distingués ;: vêtue
moitié à l'européenne, moitié à L'annamite,
et portant relevée-toutei sa longue chevelure
noire, elle aurait passé pour une jolie fille
en tous pays. C'était, je pense, la favorite
du roi ; car non seulement elle était mieux
misé que les autres et couverte de bijoux,
mais.elle occupait la, première place auprès
du, roi et prenait grand soin que rie,n ne
blessât le corps de son vieil adorateur. Les
autres femmes n'étaient que de grosses filles
àt la figure bouffie, .aux traits vulgaires «t
aux denCs noircies par l'usage de l'arack et
du bétel. Derrière le bateau du roi venaient,
sans ordre et à de longues distances, ceux
de quelques mandarins que je ne pouvais
discerner du vulgaire ni par la mine.ni par
la tenue. Uue barque seule, moutée par des
Chinois et commandée par un gros person-
nage de la môme nation qui tenait levée une
espèce;de hallebarde surmontée d un crois-
saut, attira mon attention ; elle marchait eu
tète de l'escorte. C'était le fameux Mun-Suy,
le chef dés pirates et l'ami du roi. Voici ce
que j'appris au sujet, de cet individu :
À peu près deux ans auparavant, ce chi-
nois, obligé) par des méfaits que l'on ne
connaît pas très bien, de s'enfuir d'Amoy,
sa patrie,arriva à Kampôt avec une centai-
ne d'aventuriers écumeurs de mer comme
lui. Après y avoir passé quelque temps, fai-
sant trembler tout le monde, extorquant, la
menace à la bouche, tout ce qu'ils pouvaient
aux geus du marché, ils conçurent le projet
de s'emparer de la ville, de tout y mettre à
feu et à sang, et de se retirer ensuite avec le
fruit de leurs vols s'ils n'étaient pas en force
pour rester en possession du terrain* Mais
leur complot fut révélé ; les Cambodgiens fu-
. rent appelés de toutes parts et armés tant
bien que mal, et le guet-apans avorta.
Mun-Suy, craignant alors que les choses
ne tournassent mal pour lui, s'embarqua sur
sa jonque avec ses complices et tomba à
l'improviste sur Uatienne. Le marché fui
saccagé en un moment ; mais les Cochinchi-
nois, revenus de leur surprise, repoussè-
rent les pirates et les forcèrent à se rembar-.
quer après leur avoir tué plusieurs hommes.
Mun-Suy revint à Katnpôt, gagna le gouver-
neur de la province, puis le roi lui-même
par de beau^; présents,et se livra à des actes
de piraterie tels que son nom devint redouté
partout à la ronde, et cela impunément. Dès
plaintes s'élevèrent des pays voisins, et le
roi, soit par çraipte soit pour se l'attacher et
être protégé contre les Annamites en cas de
besoin, le nomma, garde-côtes.
Depuis ce temps, ce pirate est devenu
, brigand commissionné et titré, et. les meur~
très et les vols n'en sont que plus fréquents,
à un point tel que le Siam a envoyé des na-
'
vires à Kampôt pour s'emparer de ce mal-
faiteur et de sa troupe ; mais deux des bri-
gands seulement furent arrêtés et exécutés
sur le champ ; quant à Mun-Suy, il fut ca-
ché, dit-ou, dans le palais du rqi même.
Quelques jours après mon arrivée, je
m'installai dans une maison construite pai
les ordres et aux frais du roi pour abritei
les négociants européens.qui rarement vien-
nent; à Kampôt. L'abbé liestret me fit les
honneurs de la ville ; le marché, tenu ei
majeure partie par les Chinois, est composi
de cabanes faites en bambous et couverte
en chaume. On y voit exposés une quantit
de verroterie, de faïence et de porcelain
chifloiseydes haches et Gouteausydes para
sols obinois et d'autres* produits de,ce. pays,
et d'Europe- Les marchands de poisson» de
légumes et les restaurants chinois en plein
air, se disputent la rue en concurrence avec
des porcs, dès chiens affamés et des enfants
de tout âge barbotant, tels qu'ils furent
créés par la nature, dans lia fange et l'ordu-
re ; avec des femmes indigènes d'une lai-
deur repoussantie, et des Chinois au corps
décharné, à l'oeil hagard et terne, traînant
péniblement leurs sandales chez le mar-
chand d'opium, le barbier ou quelque mai-
son de jeu, trois choses saus lesquelles le
Chinois ne peut vivre.
Le commerce est tout entier entre les
mains de ces derniers, et l'on rencontre dix
de ceux-ci pour un indigène.
Je fus présenté par l'àbbé Hestrest dans
plusieurs maisons chinoises, où nous fûmes
reçus avec politesse et.affabUité.. Le roi at-
tendait et comptait sur ma visite, car plu-
sieurs fois il envoya de .ses gens pour s'in-
former si je n'étais réellement pas une offi-
cier détaché de l'armée française, alors en
Cochinchine et venaut prendre des rensei-
gnements sur ce pays. Je priai M. Hestrest
de tn'accompaguer chez Sa Majesté. Nous
remontâmes le fleuve l'espace d uu mille et
demi, et nous arrivâmes à Compong-Baie
qui est la partie cambodgienne; de la ville ;
c'est là que réside le gouverneur de la pro-
vince et que campaient le roi et sa suite,
qui n'étaient à Kampôt qu'en visite.
Quand nous arrivâmes, Sa Majesté don-
naitaudience dans une maison construite en
bambou, avec assez d'élégauce et recouverte
en tuile rouge. L'intérieur étatypltitôtcelui
d'un théâtre forain que celui d'uue demeure
royale.. ï^e trouvant à la porte ni suisse ni
factionnaire, nous entrâmes sans nous faire
annoncer. Sa- Majesté trônait sur une vieille
chaise de fabrication européenne. De chaque
côté de*sa 'personne et rampant sur les cou-
dés et les genoux, deux officiers'dé sa maison
lui offraient de temps en temps une ciga-
rette allumée, de l'araek ou du bétel dont ils
tenaient touipurs une «chique»à la disposi-
tion du souverain. A qndque pas se te-
naient quelques-gardes dont les uns étaient
ajmé&de piques ornées. d',unetpiffeds crins
biaftP? au, sommet, les, autres, de sabres dans
leurs fourreaux qu'ils brandissaient i d.eux
mains;. A quelqu.es degrés aundessous de Sa
Majesté, les miuislr.eset les mandrins se te-
naient dans la même position que les gardes
chique. A notre arrivée, et sur un signe du
roi, nous allâmes nous asseoir à côté de lui
sur des sièges pareils au sien qui furent ap-
portés> par une espèce de page. Le roi, com-
me s^ssuje^ porté prdfnairement qu'un
langouti ; celui-ci était de soie jaune retenu
àïaitaillepar une magnifique ceinture d'or
dont la plaque élincelait de pierres précieu-
ses.
Au Cambodge, comme au Siam, si l'on
veutobtenir 4ës bonnes grâces du roi ou dés
mandarins, il faut commencer par donner
des présents. J avais donc apporté une can-
ne anglaise d'un beau travail, avec l'inten-
tion de l'offrir à Sa Majesté. Ce fut la pre«
mière chose qui attira sou attention :
« Veuillez me montrer cette canne; » dit-.
il, en. Cambodgien.-^ Jçia lui présentai.
« Est-ieUe. eUargse?» ajoutactril en voyant
que c'était, uuei arme;
•«->Non, Sire »
Alors H l'arma, me demanda une capsule
et la fit partir ; puis il dévissa le canon qui
était à balle forcée et examina le travail
avec attention.
« Si elle peut-èîre agréable à Sa Majesté,
dïs-je à. M,. Hestrest, je serai heureux de la
lui pffçic. » L/ahbé traduisit mes paroles.
« Qu'a-t-elle coûté ? j» répondit le roi.
Et, comme l'abbé, à mon instigation, lui
faiait uue rép >nse évasive, il me pria de lui
faire voir ma moutre : je la lui présentai,
et qu*nd il l'eut examinée avec attention, il
m'en demanda aussi le prix-. L'abbé, après
le lui avoir dit, lui parla; de mou intention
d'aller à Udong, la capitale du Cambodge,
et de parcourir le pays.
« Aile? à Udong, c'est très bien, prome-
nez-vous, promenez-vous » me dit-il en
riant.
Puis il demauda mon nom, et, comme il
cherchait à l'écrire, je tirai mon porte-
feuille et lui présentai ma carte. Ceci lui
iusplra le désir d'avoir mon porte-feuille.
Je m'empressai de le lui offrir.
« Siïîe,j dit alors M. Hestrest, puisque M.
Mouhot va à Udong, Votre Majesté daignera
sans doute lui faciliter le voyage.
—r Mais volontiers ; combien voulez-vous
de charriots ? >
J'en aurais demandé dix, que je les aurais
obtenus.
« Trois me suffiront, Sire, répondis-je.
— Et pour quel jour ?
--Après-demain matin, Sire.
— Prenez note âfl cela, et donuez vos or-
dres » dit le roi à son mandarin secrétaire ;
puis il se leva, nous donna une poignée de
main et se disposa à sortir.
Nous fi mes de même et retournâmes à
notre hôtel. Je dis hôtel, car c'est le seul en-
droit où peuvent logej- lejs étrangers, et M.
de Montigny, Jprâ de son passage à Kampôt
comme ininiistre plénipotentiaire, y était
descendu aussi bien que nous, et si l'on ne
me l'avait pas dit, je l'eusse deviné rien
qu'avoir les magnifiques inscriptions char-
bonnées sur le mur par les marins de sa
suite, telles que celles-ci :
« Hôtel du roi et des ambassadeurs. Ici on
loge à pied, à cheval et à éléphant gratis
prpfLçO'— Bon lit, sofa et table à manger...
sur le plancher. Bains d'eau de mer... dans
la rivière. Bonne table... au marché. -=-
Bon vin... à Singapour... Rien... pour la
servante.
(A suivre)
U L'EVEIL ECONOMIQUE
CHRONIQUE INTERCOLONIALE
Dans l'archipel des Nouvelles-
Hébrides
Des nouvelles des émigrants annamites
Le Pacifique des M. M. commandant Desbor-
des, est arrivé hier 18 juillet à 17 heures à
Nouméa, retour des N.-H.
— La sécheresse inhabituelle qui sévissait
depuis deux mois à Vaté, a pris lia ; la veille
du départ du Pacifique ; une pluie bienfaisan-
te a enfin rempli les citernes de Port-Vila,
presque à sec. Les perspectives de récolte sont
brillantes.
— A Epi, où la sécheresse n'a pas eu la
même intensité que dans les autres îles de
l'Archipel, les récolles de Coprah, Cacao, Ca-
lé et Coton, sont merveilleuses de promesses.
Les familles de travailleurs tonkinois ame-
nées par M. Lançon, paraissent fort bien s'ac-
climater à Epi, et se montrent satisfaites de
leur installation.
Elles se sont mises résolument au travail.
L'intéressante tentative de Al. Lançon corn»
mence doue à porter ses fruits, et fait bien
augurer pour les prochaines introductions de
coolies, annoncées parle Si-François Xavier.
JAdrien Badin a quitté Santo le 14 juillet,
avec 700 tonnes de copra n, en route pour Ta-
hiti et San Francisco.
Port-Vila devient le port d'entrepôt de l'ar-
chipel ; en attendant le passage de YEl Kanla-
/a annoncé pour les premiers jours d'août ;
les stocks s'amoncellent. Déjà plus de I.OUO
tonnes de produits de l'archipel attendent le
cargo des Messageries Maritimes.
C est un trafic intéressant et productif qui
échappe désormais au Commerce maritime de
la Nouvelle Calédonie, et qui se traduira par
quelques centaines de mille francs en moins
dans nos recettes ; mais en ce qui concerne
nos compatriotes des Iles, nous ne pouvons
que nous réjouir de les voir en contact plus
direct avec la ligue Nouméa Marseille :
(La France Australe)
La première traversée de
1' « El-Kantara * de Marseille à
Nouméa
Le paquebot- mixte « El-Kantara », com-
mandant Coliignon, est arrivé hier après-midi
à Nouméa, inaugurant la nouvelle ligne via
Panama.
Ce navire nous apporte 950 tonnes de mar-
chandises diverses, parmi lesquelles nous rele-
vons 400 barils de ciment, 1,800 sacs de sel,
4U0 caisses de lait condensé, 460 sacs de sul-
fate de soude, 100 caisses de bière, 4 automo-
biles dont la benne automatique destinée au
service de la voirie municipale.
i'atiili, nous envoie 12 barriques de rhum.
La iSouvelle-Zélande quelques sacs de pom-
mes de terre et oignons, de la luzerne, du
jambon, du fromage et du beurre.
Le Capitaine de YEl Kantara, est un ancien
Calédonien qui a, voici 34 ou 35 ans,été l'élève
du Frère Albano.
Il n'a pas dû trouver grand changement dans
notre belle ville de iNouméa, qui est immuable
dans sa gangue première.
La traversée du Canal de Panama se fait avec
une facilité merveilleuse. Le passage des éclu-
ses ne demande que quelques miaules ; toutes
les manoeuvres se l'ont à 1 électricité et en si-
lence et l'on n'aperçoit aucun homme sur les
berges.
Le navire franchit ces écluses au moyen de
six locomotives qui viennent, trois de chaque
bord, prendre le navire en remorque, et lui
servent de frein.
Le plat fond du canal a 200 mètres de lar- |
geur, (le canal de Sue/ n'a que 30 mètres) ce i
qui permet de marcher à pleine vitesse et sans ,
avoir besoin de s'arrêter dans les gares, pour ]
le passage des navires venant â contre bord.
D'ailleurs Feutrée des navires, à chaque ex- ;
trémitè du canal, est réglée ciifonometrique- ,
ment, et cela évite bien ues pertes de temps. j
Eu somme 1 ou franchit le canal de Panama
bien puis aisément que le canal de Suez.
Les Américains, se sont inspirés de l'expé-
rience acquise à Suez, pour laire un ouvrage
parfait.
UEl Hanlara a traversé les Tuamotou, co
qui lui a fait gagner bon nombre de milles sur
sa traversée. Ou se rappellera que ces îles ne
sont pas éclairées, et que les navires préfè-
rent généralement les éviter. Aussi à l'arrivée
;i Fapeete cette route a fait l'éionnemenl des
marins. Cette hardie traversée fait i'eloge des
qualités manoeuvrières du commandant colii-
gnon.
La Municipalité et la Chambre de Commerce
de l'apeeteont organisé un bal en l'honneur des
Etats-Majors et Equipages de CEI kantara et
la population ne savait comment témoigner sa
joie de recevoir le premier navire de la nou-
velle ligne française qui permet enfin à Tahiti
d'échapper à l'emprise commerciale de San
Francisco.
Une remarque : 11 faut généralement parler
iinglais, daus Jes magasins de l'apeele, pour y
être compris. Espérons que cela changera.
La traversée de l'apeete à Wellington a été
assez dure et sur les cotes de la JN'lle-Zélande,
la mer a éprouvé violemment le navire.
A Wellington, le pavillon de la Frauce a été
accueilli avec la plus grande sympathie.
Les autorités du port, de la douane, et la
population ont tenu par leurs égards et leurs
paroles, à exprimer le plaisir que leurs cause
l'inauguration de relations directes entre la
France et le Dominion.
La Nouvelle-Zélande achète une quantité res-
pectable de marchandises françaises ; jusqu'à
présent elle était obligée de les recevoir par
l intermédiaire des négociants de Londres.
Cette anomalie va prenare lin.
L' « El Kantara », repartira via Port Vila,
Fidji, Simao et Panama, vers le 7 août pro-
chain.
(/.a France Australe)
Le Condominium aux Nouvelles-
Hébrides. La nouvelle convention
Le Sydney Morning herald publie des détails
au sujet de la nouvelle convention concernant
les Nouvelles-Hébrides.
La question du Condominium est venue de-
vant la Chambre des Représentants, à Mel-
bourne, le 17 Juillet.
Le Premier Ministre a rendu public le texte
du protocole. Les discussions entamées pour
modifier la Convention de 1UU0, aboutirent à
un accord qui fût signé à Londres le 6 août
1914. Mais la guerre et ses suites empêchèrent
cet accord d'être ratifié avant Tannée derni-
ère.
Depuis la ratification le gouvernement Bri-
tannique a mis a exécution les modifications
lui incombant. Mais les autorités françaises;
restèrent inactives ce qui a causé un délai
pour toutes :questions communes aux deux,
gouvernements.
Le Premier Ministre dit ensuite :
« J-NiTune ni l'autre des parties signataires
de la convention de 1906, n'est disposée à cé-
der ses droits ou ses intérêts, aux Aouvelles-
Hébrides, à l'autre partie, et l'acquisition par
l'une des Puissances, de la souveraineté corn*
plète, est par conséquent impraticable.
«Aucune proposition pour un partage des
Iles entre les Puissances n'a été discutée entre
les gouvernements, et aucune proposition de
cette nature n'a été soumise pour discussion à
la conférence de 1914.
Même si un partage des îles, pouvait, à la
rigueur, résoudre plusieures des difficultés
qui entravent l'Administration des Hébrides,
il créerait en même temps
des nouvelles diffi-
cultés, d'un caractère très sérieux. Il se peut
que par la suite, on soit forcé d'en arriver à
cette solution, mais suivant une note au Gou-
verneur Général de l'Australie reçue du Minis-
tère des Colonies anglaises, le Gouvernement
anglais aura besoin de beaucoup plus d'infor-
mations et de renseignements qu il n'en pos-
sède actuellement, et aussi de plus de réflexi-
ons, avant qu'il ne soit préparé à entrer en
discussion avec le Gouvernement français, pour
la division des Nouvelles-Hébrides.
11 est donc nécessaire d'accepter le système
existant, en vertu duquel les Hébrides for-
ment une « région d'influence conjointe » avec
tous les défauts reconnus et inhérents à ce
système.
Parmi les divergences de vues entre les
deux gouvernements, il y eut d'abord l'article
1er que l'Angleterre aurait voulu modifier en
donnant plus de pouvoirs sur les nationaux
des deux pays, à l'autorité conjointe.
La France, au contraire, insistait vivement
pour que chaque nation conservât intact son
contrôlé exclusif sur ses nationaux.
1/article 4, de 1906, n'a donc pas été mo-
difié.
L'article 2 prévoit l'établissement de dis-
1923 09 30 (a7 n329) urban dalat
1923 09 30 (a7 n329) urban dalat
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1923 09 30 (a7 n329) urban dalat

  • 1. L'Eveil économique de l'Indochine ["puis" (Eveil économique de l'Indochine)] ; Bulletin hebdomadaire Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
  • 2. L'Eveil économique de l'Indochine ["puis" (Eveil économique de l'Indochine)] ; Bulletin hebdomadaire. 1915. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.
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  • 7. fc?EVBiL ÉCONOtëiQOE SERVICE FLUVIAL DU TONKIN F. SAUVAGE) Armateur SERVICE STTBArEnsrTioisrisrEi Direction 138 Quoi Clemenceau — J-Janoï Horaire LIGNE DE HANOI A TUYÊN QUANG LIGNE DE HANOI A CHOBO | LIGNE DE TUÏÈN-QUANG A CHIÊMHOA . !| Escale : à l'Aller et au Retour Escale: à l'Aller et au Retour j Escale : ;V l'Aller, et au Retour il Sontay, Viétri, Simm, Phanluong, Lemy, Sontây, Viétri, Trungba, Laphu, Tuvu Sôngjiam, iSgoi-Châm, Pho-lrinh il Kïm-Xuyèn,Phudoan, Dia Dachong, Hoabinh . I Départ de Hanoi | Arrivée àTuyên-Quang Départ de Hanoi ! Arrivée à Uhobo Départ deTuyèn Quang i Arrivée à Cliiémhoa Aller xVllcr Aller Lundi.. .... Mardi Mardi. ... . . J Mercredi . . . Mercredi Mercredi leudi Samedi. . . . Dimanche. . . - Dimanche . . . Dans la même jour- Vendredi.. . . . Samedi (de Janvier: à Mai (de Janvier à Mai à 7 h. du malin. née à :j h. du soir. à II) h. du malin. à G h. du soir. . seulement) à 10 h. m. seulement à 6 h. du s. i _ _' - ; • Départ dcTuyèn-Quangi Arrivée à Hanoï Départ de Chobo j Arrivée à Hanoi j Départ de Ghiémhoa Arrivée àTuyên Ouan<- _, . 1 , _. i _! ! J__ ' p Ketoui' Itctoui- i ltet oui- Lundi j Jeudi j I Mardi. . . . . . ! Mercredi i Dans la même jour- Lundi Dans la même jour-; Jeudi Dans la même jour- Vendredi ! née à 0 li. du soir. (de Janvier à Mai 'née à 6 h. du soir. I à 0 b. du matin. née. I seulementjà 7h.du m.i De Mai à lin Décembre seulement I J N. B.— La chaloupe qui part de Hanoï, le N. H — La chaloupe qui part de Hanoï loi i Lundi, Mercredi, et Vendredi passe une nuillMardi et le Samedi passe une nuit' à Viétri à Viétri pour repartir le lendemain à G h. dut pour repartir le lendemain à 0 h. du malin n atin pour Tuyûn-Quang. IpourChobo. Lignes Commerciale Ligne Haïpbong Hanoi Haiphon^ déparls ; Tous lès 2 jouis à 5 h. du soir. — Ligne de Hanoï-Haïphong. Ions les "2jours à ">h. du soir. Service Haïphong, Namdinh et Hanoï Namdinh et vice versa suivant besoins. Toutes les marchandises doivent être embarquées une heure au moins avant lé départ. Connaissements directs do et à toutes les escales. 'lYuiiMit, <M»ii»i<|ii:ilMiii*, iitïi'èit'incMiiK «»l <-im>r«|ii:i<|t's Agence principale Hiiïpbong — Agences : Sontay, Viélri, Tuyèn-Ouang et Chobo.
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  • 9. 7"1* Année NUMERO 389 Dimanche 30 Septembre lf>33 Aoonnemem : AOMIHISTRATIOHET REDACTION —. ---, , ,. m » r-v _-% _~n ï ».Ï 1-* Edition DE L INDOCHINE de,uxe61,Rue Paul-Bert- Hanoi *-r*-r i-nim-'V-rw*»*!^*— «v—-—- un an 6 mois Teiep^iu, BULLETIN HEBDOMADAIRE ^"coiomes 15 P' 8p> françaises au cours On s'abonne sans frais dans «___-_»_-.«%_%___-_-_-,-_, Etranger 46'p. |8p.50-tous les bureaux de Poste. Directeur : H. CUCHEROUSSET, Rédacteur en Chef 8 I Le Numéro.... 30 cents Sommaire Le Tourisme au Tonkin H CUCHEROUSSET Correspondance Voyage de Henri Mouhot au Cambodge en 1859 L'Urbanisme La mode Chronique intercoloniale Chez nos confrères : . . Informations diverses Le Tourisme au Tonkin Ce mot de tourisme évoque une cer- taine idée de plaisir pour riches dont on s'étonnerait, dans un pays vraiment démocratique, de voir l'administration prendre tant de souci. On nous dit, il est vrai : « Le touriste que nous vou- drions attirer est le riche étranger, qui laisse beaucoup d'argent dans le pays, qui peut s'y intéresser et y placer ses ca- pitaux,qui,en tout cas, en parlera avan- tageusement et le fera connaître. Il est donc du rôle de l'Etat de chercher à l'attirer et de faire quelques dépenses dans ce but ». Il nous semble qu'il y a dans cette conception un élément d'erreur qu'il importe de démêler avant de rien en- treprendre. Il y a évidemment des cas où le pays gagne à la visite d'étrangers,ce qui dans le cas de l'Indochine,comprend aussi les visiteurs de la métropole ; mais il y en a aussi où il n'en tire pas grand profit. Un peu plus de notoriété peut-être ; mais est-ce toujours un bien ! « Pour vivre heureux, vivons caché » disait le grillon. Le résultat le plus net de cer- taines visites, qui ont coûté fort cher à l'Indochine, fut une augmentation de notre contribution militaire et la mena- ce de nouvelles charges que le Parle- ment rêve de nous imposer. Il est cer- tes bon de faire connaître l'Indochine tant en France qu'à l'étranger, encore faut-il que ce soient des notions exactes que Ton répande sur la colonie, sinon sa notoriété même peut lui nuire. Il n'est pas bon que des hurluberlus fassent savoir en France que l'Indochine est un réservoir inépuisable de main-d oeu- vre, qu'elle est si riche qu'elle doit de- venir la banquière des autres colonies, que ses forêts pourraient alimenter le marché des bois de la métropole, et ses cotons remplacer en France ceux d'A- mérique, que c'est un balcon d'où l'on domine le Pacifique, que l'industrie du Tonkin doit un jour inonder la Chine de ses produits, et autres sornettes que les badauds aiment à entendre et dont les politiciens aiment à se gargariser, mais qui sont contraires à la réalilé des cho- ses. Il ne faut pas trop compter sur les touristes pour emporter du pays une impression exacte. Ce serait une erreur en tout cas en ce qui concerne une certaine catégorie de touristes pour les- quels il a été fait récemment de gros frais. Ces dépenses avaient peut-être leur excuse à un certain moment où il s'agissait de faire une réclame prélimi- naire bruyante, mais maintenant que le coup de grosse caisse a été suffi- samment étendu un peu plus d'écono- mie s'impose. La publicité certes peut donner en matière commerciale de très beaux rendements, mais à la condition d'être bien étudiéee et savamment dosée. Elle ruine aussi certaines maisons et constitue pour d'autres une lourde char- ge sans profits équivalents. Un hôte- lier qui, pour qu'ils parlent avantageu- sement de lui, offrirait à un certain nombre de mondains, de snobs ou de rastaquouères un séjour gratuit, pour- rait bien vite fermer ses portes. Ce ne sont pas les touristes à qui l'on offre tout gratuitement qui disent le plus de bien du pays. Comme ils n'ont vu que ce qu'on leur a montré, qu'ils n'ont pas plus exercé leur initia- tive et leur sens critique qu'ils n'ont puisé dans leur poche, et qu'on attend d'eux la reconnaissance du ventre, leurs appréciations et impressions sont des plus contestables. Quant on pense aux âneries qu'a pu écrire sur l'Indochine un Paul Brémond,qu'on se rappelle les élucubralions d'un Londres, d'un Tu- desq et de l'inénarrable mission parle- mentaire, on ne peut s'empêcher de penser que les centaines de mille pias- tres que ces touristes ont coûté à l'Indo- chine ont été gaspillées. Et parmi les «hôtes de distinction » : ministres plénipotentiaires, écrivains, savants, etc.que l'administration héber- ge,goberge et promène aux frais du con- tribuable, beaucoup quittent l'Indochine avec l'impression d'une hospitalité in- discrète qui les a harcelés et ne leur a rien laissé voir à leur guise et ceux-là ne nous font pas une bonne réclame. Enfin il y a la catégorie que certains apôtres du tourisme appellent de tous leurs voeux comme des messies de qui viendra le salut de l'Indochine. C'est le milliardaire américain ; qui arrivera avec d'inépuisables carnets de chèques, dévalisera les boutiques d'art de leurs trésors incomparables, ne s'abreuvera que de Champagne, paiera tout double tarif, invitera à sa table les fonctionnai- res de l'Administration du Tourisme et peut-être leur donnera ses filles en ma- riage et qui, en partaut, suppliera nos
  • 10. L'EVEIL ECONOMIQUE entreprises industrielles de bien vouloir accepter quelques millions de dollars en commandite. Pour attirer en Indochine cette poire savoureuse il n'y a qu'à construire aux frais de l'Etat des Hôtels-palais luxueux, de multiplier le long de la côte d'An- nam les micropalaces, de créer une ad- ministration de tourisme composée de gens distingués et d'apprendre quelques mots d'auglais pour montrer son souci de plaire. Le malheur est que si l'Amérique produit des poires délicieuses qu'elle nous envoie en boîtes de fer blanc, elle n'en produit guère de l'espèce qu'il faudrait pour réaliser le rêve de nos apôtres du tourisme. La Chambre de commerce de Saigon l'appris naguère à ses dépens lorsque débarqua en Co- chiuchine un groupe de grands hom- mes de Californie. On alla les recevoir avec la fanfare, bannière déployée, on les supplia de bien vouloir accepter le Champagne et les bonnes petites choses solides qui vont avec. Les magnats du commerce californien acceptèrent tout puis repartirent en laissant nos naïfs saïgonnais se demander : où sont les poires r" Le seul qui s'en frotta les mains fut le bistro. Le touriste américain qui vient en Extrême-Orient n'est pas le nabab naïf que certains s'imaginent; c'est un hom- me de graud bon sens, qui générale- ment doit sa fortune à ce bon sens. Comme notre ancêtre le Gaulois il n'a qu'une crainte : seulement ce qu il craint ce n'est pas que le ciel ne lui tombe sur la tête, c'est qu'on ne le prenne pour une poire. 11 sait la valeur de l'argent et n'admet pas qu'on lui las- se payer onze cents une course de pous- se-pousse si le tarif est dix cents. Il ap- précie le travail, l'initiative et com- prend les difficultés de la vie.aussi trou- vera-t-il très confortable le plus hum- ble abri dans le haut Laos, la plus mo- deste auberge le long de la route man- darine; mais si,à Tuy-hoà, vous l'instal- lez dans le micropalace du Bureau offi- ciel du Tourisme il se dira : Ces gens- là n'ont pas le sens des proportions; ils ne doivent pas être bien sérieux en af- faires.» Le touriste américain de la ca- tégorie qne nous pouvons attendre ici est un être essentiellementraisonnable, prêt à se contenter de très peu là où il oo m prend que l'on ne peut pas faire mieux, heureux de trouver le con- fort là où c'est possible et le luxe dans les grands ports, à la condition toutefois qu'on lui fasse payer ce luxe le prix qu il vaut, pas un sou de plus. Il aime à s'instruire et appréciera, dans m grand hôtel, beaucoup plus les indica- tions sérieuses qu'on peut lui donner que les galons de l'uniforme du con- cierge. Il veut voir le plus possible de choses curieuses ou instructives mais il ne faut pas le conduire à l'hôtel des Postes de Hanoï en lui disant qu'il va voir un monument remarquable ou au Jardin de Lach-Tray en lui annon- çant un des plus beaux Jardins zoolo- giques du monde. Le touriste américain désirable (il y en a aussi d'indésirables) désire surtout n'avoir pas à faire à l'Administration et ne lui rien devoir ; il ne demande que les facilités qui sont offertes à tout le monde. 11 se contentera dans un pays éloigné et sauvage de l'humble hôtel de bois dont se contente le Français, à la seule différence qu'il demandera, lui, la propreté méticuleuse et les moyens de se débarbouiller abondamment. S'il y trouve un luxueux petit palais aména- gé aux frais du budget pour la commo- dité des touristes de marque,il en a une impression fâcheuse qui lui gâte son plaisir. Ce touriste-là, si le pays lui plaît dé- pensera finalement beaucoup tout en comptant sou par sou et en ne deman- dant que ce qu'il peut raisonnablement demander, car il restera longtemps et voudra voir beaucoup de choses ; sur- tout son instinct naturel le poussera à vouloir y faire ou y amorcer des affai- res. Seulement si vous lui dites : «Cher monsieur, nous voulons bien voire ar- gent mais pas votre contrôle et nous fermons le pays à vos marchandises », alors,soyez-en sûr.il ne s'éternisera pas chez vous et ne vous fera pas beaucoup de réclame une fois de retour chez lui. Ce que le riche voyageur américain aime à trouver, c'est un pays bien or- ganisé pour la commodité des voya- geurs du pays même, doté des moyens de transport et de locomotion qu'il est raisonnable d'attendre de ce pays selon S.on étal de développement général, moyens dontil puisse profiter en payaÏÏt" le même prix que tout le moide, sans rien devoir à personne et sans que l'Administration s'occupe de lui. Autrement dit, si nous voulons atti- rer ce touriste-là,il nous faut faire com- me s'il n'existait pas et nous organiser confortablement pour nous-mêmes, pour nous : colons, fonctionnaires et commerçants du pays. Voilà déjà un vaste programme- 11 exclut le luxe et la fantaisie mais sup- pose beaucoup plus de confort et de commodité que nous n'en avons. Eu fait, pour qui ne voyage pas par les moyens administratifs, et encore n'est- ce pas l'idéal, avec l'hospitalité forcée qu'ils entrainent, pour qui n'a ni les loisirs, ni la santé ni le goût de voya- ger eu explorateur, ce qui d'ailleurs re- vient très cher, les voyages sont très diiticiles daus ce pays. Ils le sont non seulenieut pour les Européens mais aussi pour les Aunamites d'un certaine situation sociale, l'hôtel et l'auberge étant chez eux chose à peu près incon- nue, de sorte que l'on ne va guère que là où l'on a amis ou relations chez qui oa puisse demander l'hospitalité. C'est à charge soit de revanche soit de ca- deaux et cela revient fiaalemeut plus cher que l'hôtel, s'il y en avait. Voilà donc que le problème se pose à la fois pour les Européens et poul- ies Annamites, ceux-ci prenant de plus en plus de goût aux voyages non seule- ment d'affaires mais même de plaisir.Et voilà qui nous indique que la solution n'est pas dans des micropalaces, trop luxueux pour la majorité des Euro- péens et établis pour plaire à une éveiv tuelle clientèle de snobs et de raslas et satisfaire l'orgueil de quelques hauts- fonctionnaires, mais dans des auberges bieu comprises pour le confort et d'une propreté impeccable, qui soient à la
  • 11. L'EVEIL ECONOMIQUE portée de cette clientèle annamite rela- tivement aisée qui commence à voyager. Nous estimons même que dans certains cas il faudra construire aussi de très simples caravansérails pour une clien- tèle indigène plus modeste encore. i i Quelle sera donc la tâche d'un comi- té du tourisme, puisque comité du tou- risme il ya dans chaque pays de l'Union? Quelle sera en particulier sa tâche au Tonkin? Pas plus qu'un syndicat d'initiative un comité du Tourisme ne doit se consi- dérer comme une bonne oeuvre pour ve- nir en aide à ces pauvres prolétaires : les hôteliers et les garagistes, les arma- teurs fluviaux et les marchands de cu- riosités- A ceux-là de profiter de ce qui se fera dans l'intérêt des voyageurs, à eux de soigner leur propre réclame, mais leur rôle en l'affaire doit être actif et non passif. Us sont les premiers inté- ressés à apporter leur concours à toutes les mesures qui seront prises pour faci- liter le mouvement des voyageurs dans le pays. A Hanoï les hôtels ont donné un bel exemple d'initiative et d'esprit de pro- grès. Il n'ont demandé à l'administra- tion aucun concours pour procéder à leurs transformations et agrandisse- ments. Nous ne croyons pas qu'ils de- mandent rien d'autre que ce que nous demandons : une série de mesures pour faciliter les voyages aux gens du pays. D'ailleurs comment voulez-vous qu'un pays dont les habitants ne savent pas voyager eux-mêmes, n'out aucun désir d*améhoration,aucun besoin de confort, sache recevoir des visiteurs étrangers quelque peu difficiles ? Il faut d'abord rendre plus difficiles les habitants eux- mêmes, leur donner le goût des voyages, l'habitude et le besoin d'un minimum de confort. Voyez d'ailleurs ce qui se passe à Hanoï pour les hôtels. Ceux-ci n'of- fraient il y a quelques années que des chambres tristes avec leur ameuble- ment de prison ; il y avait deux salles de bain à Métropole et pas une ailleurs, Les chambres étaient mul éclairées mal ventilées ; mais nos compatriotes ne demandaient pas mieux, il n'y avait guère à voyager que des célibataires qui s'intéressaient souvent plus à «et le res- te » qu'à bon souper et bon gîte. Métro- pole a commencé à s'améliorer : salle à manger plus gaie, salons coquets, chambres nouvelles confortables avec salles de bain à eau chaude et eau t'roi- ie, eau courante partout. Puis c'est le e Ooq d'Or qui vient d'ouvrir son annexe h ivec des appartements d'une élégance 1 :t d'un confort inconnus jusqu'ici en d Indochine. Mais déjà la clientèle com- mence à trouver cela tout naturel et ce sont les vieux hôtels qui détonnent ; ils i seront bien forcés de suivre l'exemple ; t c'est d'ailleurs ce que Hanoi Hôtel a en- i trepris de faire ; aussi d'ores et déjà i Hanoï peut offrir aux étrangers des hô- tels bien plus confortables que ceux-ci ne sauraient s'y attendre dans une ville indochinoise. Voyez par contre tel hôtel de monta- gne comme celui du Tamdao ; chef d'oeuvre d'incohérence dû à nos inénar- rables Bâtiments Civils. On y a bien établi des salles de bains vastes avec bai- gnoires luxueuses et douche et robinet- terie d'eau chaude et d'eau froide.Seule- ment il n'y a pas d'eau chaude.Moyen- nant4frcs 25 on vous apporte deux tou- ques d'eau chaude grisâtre et graisseuse et d'ailleurs vous n'aurez pas été deux jours à l'hôtel avant de vous être aperçu que les salles de bains servent aux in- nombrables bonnes d'enfants alternati- vement de chambre à lessive et de dor- toir et qu'elles nettoient les vases de nuit dans les baignoires. Quant aux lieux d'aisance qui y font face ils servent de dépotoirs où la domesticité des hôtes comme de l'hôtel jette toutes les im- mondices de l'étage. Cela provient de ce que l'hôtel a été remauié et agrandi par des gens qui ignoraient complète- ment ce que c'est qu'un hôtel; cela pro- vient aussi de ce que personne ne s'est demandé un seul instant quels pou- vaient bien être les besoins d'un hôtel pour familles; aussi la clientèle actuelle dont la santé demande l'air de la montagne souffre de cette mauvaise or- ganisation et ne profite pour cette rai- sou qu'à moitié des bénéfices de l'air plus léger qu'on respire là-haut. La question n'est donc pas si facile que cela à résoudre. Dans l'état actuel il serait bien inu- tile d'amener des étrangers au Tamdao, il faut d'abord en aménager l'hôtel ' pour les familles françaises en étudiant ' avec méthode les améliorations à y ap- porter pour le rendre habitable à ceux qui ont besoin de propreté, de calme et de tranquillité. 11 y a lieu tout d'abord au Tonkin de rendre les voyages possibles : or ils ne le sont pas sauf bien entendu pour ce- lui qui, absolument obligé de voyager, est prêt à installer son lit de camp dans la moindre cai-nha annamite — ils ne le sont pas faute d'hôtels, et de maisons de passager. Il faut donc tout d'abord qu'il y ait, partout où les voyageurs peuvent être appelés à séjourner, ne fût-ce que pour déjeuner et faire la sieste, au moins une maison de passagers de quelques chambres, dans d'autres cas une bonne auberge. Comment construire et organiser ces maisons de passagers et ces auberges ? . A une certaine époque l'initiative privée avait doté un grand nombre de petites villes d'une auberge générale- ment assez passable, souvent de deux. Un Français avait jeté son dévolu sur ce coin, y avait établi un magasin d'é- picier-quincailler auquel il avait ad- joint un café, une salle à manger et quatre ou cinq chambres. Tous spécu- laient sur un développement de la colo- nisation. Rares sont ceux qui y ont fait fortune surtout depuis que les gens vont moins au café et que les familles font leurs provisions en ville, depuis qu'a commencé la décadence de la coloni- sation et que l'entreprise est passée en- tièrement aux mains des iudigèues ; beaucoup de ces auberges-magasins ont périclité, les autres ne vivent que péni- blement. Il faudrait aider celles qui restent à améliorer leurs locaux et leur service, ressusciter celles qui ont disparu. II suf- firait généralement d'une subvention, insuffisante, bien entendu, à faire vi- vre son homme, mais qui lui permette de faire certains frais d'aménagement et d'entretien, qui autrement mange- > raient les recettes normales de l'établis- i sèment, D'autre part cette subvention, ne serait accordée que sous condition d'un contrôle exercé non par l'autorité locale, qui s'en trouverait fort gênée, i mais par un organisme central : bureau » de tourisme ou syndical d'initiative ; celui-ci aurait établi une consigne,non pas grotesque et inapplicable comme , 'une consigne militaire, mais simple et 1 claire et affichée dans chaque hôtel que t afin le voyageur puisse savoir ce qu'il peut exiger et comment formuler ses x réclamations ou observations. Bref, il e faudrait faire à peu près ce qu'a fait jadis en France le Touring club) grâce à une organisation très simple, et par la simple menace du retrait de son pa- le nonçeau. Une amélioration générale ie des auberges de France en a été le ré- î- sultat jusqu'au jour où la guerre et la r' vie chère ont rendu aubergistes et hôte-
  • 12. L'EVEIL ECONOMIQUE liers indépendants d'une clientèle de- venue suppliante, de maîtresse qu'elle était. Mais à mesure que la situation économique redeviendra normale et que aubergistes et hôteliers sentiront à nouveau la nécessité de plaire à la clientèle, le Touring Club, avec l'appât de son panonceau, pourra rétablir son autorité. Ce moyen ne réussirait pas ici car la plupart du temps on ne peut pas comp- ter sur les voyageurs de passage pour faire vivre la plus modeste auberge ; le voyageur reste donc l'obligé de l'au- bergiste, qui peut en somme se passer de lui. Seulement le même aubergiste sera fortement tenté par une subvention mensuelle de 10,15 ou 20 p. par cham- bre suivant les cas, qui pourra lui être retirée s'il n'exécute pas ses obligations. Il y a donc lieu d'examiner d'abord quelles sont les localités où il suffirait d'une subvention pour déterminer l'ini- tiative privée à améliorer une auberge existante ou rétablir une auberge aban- donnée. Notez d'ailleurs qu'avec un ca- hier des charges bien fait, des instruc- tions bien -rédigées, un contrôle assez rigoureux, on amènerait même des An- namites à tenir proprement des auber- ges. Voilà par exemple l'hôtel de Viettri, jadis accueillant et confortable. Actuel- lement propriété d'un Annamite il est innommable de saleté comme à peu près tout hôtel tenu par un Annamite ou par un Européen laissant faire sa famille annamite. Les Européens tant soit peu délicats n'y logent que con- traints par des circonstances exception- nelles ; rares sont ceux qui s'y arrêtent comme autrefois pour déguster le déli- cieux poisson de la Rivière Claire. Les Annamites de passage, n'ayant ni l'ha- bitude ni l'idée de mieux, s'en conten- lent. Personne ne peut se plaindre ; le propriétaire est maître chez lui après tout ; il ne sait pas mieux faire ; l'ordre et la propreté, pour ne pas parler du confort sont choses dont il n'a pas l'idée et chez lui comme dans toute l'Asie ce sont les coolies qui commandent. Mais comme 1 hôtel a, croyons-nous, une huitaine de chambres, l'appât d'une subvention de 80 p. par mois, très in- suffisant pour engager un Français à reprendre l'affaire, suffirait largement pour engager notre Annamite à pren- dre connaissance du cahier des charges et à se'demander si, guidé par le livret d'instructions générales et par les con- seils qui lui seraient fournis, il ne pour^ rait pas nettoyer et réparer, améliorer et gérer son hôtel dans les conditions requises. Là où il n'y a pas d'initiative privée à encourager les circonstances locales peuvent encore dispenser l'administra- tion de faire de gros frais. Nous nous sommes arrêté plusieurs fois à Bongson (Annam.prov. de Binh- Dinh). Là comme eu beaucoup d'autres endroits il y avait jadis un délégué et poste de la garde indigène. La déléga- tion a été supprimée, mais le bâtiment reste, à côté de la Garde indigène. On l'a transformé en maison de passagers, assez sommairement meublée, que gar- de un vieux soldat chargé de conserver et nettoyer la literie et la lampislerie. Grâce à cela moyennant une piastre on couchait dans un lit conveuable et des draps propres.A l'époque les voyageurs apportaient leur nourriture complétée par des achats chez le Chinois et le vieux soldat fournissait le feu,l'eau etc. et aidait à faire le frichti.En fait la très hospitalière famille du garde principal d'alors nous a chaque fois offert la plus aimable hospitalité ; mais ceci ne sau- rait être considéré comme normal. Il aurait été facile si le poste avait dispo- sé d'un budget,ne fût-ce que de dix pias- tres par mois, de doubler le vieux sol- dat d'un cuisinier quelque peu débrouil- lard qui, avec ce fixe et ses petits pro- fits sur les voyageurs, se serait fait une petite vie confortable. D'ailleurs à Binh-Dinh où la garde indigène était commandée par un ser- gent annamite,nous avons trouvé, dans le poste même, des chambres réservées aux passagers où, après nous avoir con- fortablement installé avec de l'eau et des serviettes, des draps propres et une lampe, le vieux sergent nous prépara un repas européen, très appétissant, pour la modique somme d'une piastre. On peut donc là où il y a un poste de garde indigène organiser à peu de frais une maison de passagers très convena- ble. Ce serait une dépense la plupart du temps de 2 ou 3C00p. au maximum pour l'installation (là où il n'y a pas un bâtiment déjà disponible) et une dépense mensuelle de 10 à 12 p. au plus pour le salaire d'un gérant-cuisi- nier qui pourrait être un vétéran un peu débrouillard. Ce serait surtout une question d'organisation, d'une consigne établie avec bon sens et facile à exécu- ter, et de quelques bons conseils don- nés au début puis de temps en temps. Là où il y a le chemin de fer, c'est au chemin de fer que le plus élémentaire bon sens, si bon sens il y avait en In- dochine, eût assigné la tâche de pour- voir au logement et à la nourriture des voyageurs. C'est ce qu'ont fait, et de fa- çon parfaite, les chemins de fer siamois et, ceux de la Malaisie britannique, pour ne parler que de ce que nous avons vu. On ne l'a pasfait à Java pour la rai- son qu'il y a assez de Hollaudais dans les centres importants pour faire vivre un hôtel ou une auberge. C'est d'ailleurs parfois une auberge très rustique com- me à Tjandjour, mais dont les rares voyageurs qui ont l'occasion d'y passer la nuit se contentent. En Indochine les conditions sont les mêmes qu'au Siam et en Malaisie ; aus- si peut-on s'étonner qu'une compagnie comme celle du Yunnan se soit désin- téressée complètement du coucher et du manger du voyageur. Bien entendu là où l'on trouve un hôtel suffisant, comme à Namdinh ou jadis à Vinh (où il y en avait deux tenus par des Français) là où une simple sub- vention encouragerait fhôtel local à s'agrandir et à s'améliorer, il n'y a pas besoin d'hôtel terminus ou de maison de passagers. Il peut en être besoin, il est vrai, là où l'hôtel local compte sur d'autres recettes que les recettes licites et normales d'un hôtel. En tout cas il est inadmissible qu'en l'absence de l'initiative privée ou en présence d'une initiative privée indécrottable, les che- mins de fer n'aient pas construit un cer- tain nombre d'hôtels exploités soit par un Européen soit par un Annamiteselon un cahier des charges bien établi, sous une surveillance î-igoureuse, et moyen- nant soit une subvention, soit la gratui- té du local, soit une redevance payée parle gérant, suivant les circonstances. Dans les rares cas où l'on ne peut compter que sur le Gouvernement ou le Protectorat pour construire un hôtel
  • 13. L'EVEIL ECONOMIQUE indispensable l'administration aura en- 1 core meilleur temps de faire un contrat de 10 ou 15 ans avec une subvention suffisante plutôt que de construire et d'exploiter elle-même. Voilà l'hôtel du Tamdao qui coûte à l'administration l'intérêt de 150.000 p. soit 10.500 p. plus l'entretien dont on n'ose supputer le chiffre, plus une subvention de 7.500 p. soit 18.000 p. par an, et tout cela pour avoir un hôtel si mal compris qu'il est presque inexploitable. Si en 1919 on avait offert pour dix ans une subvention de 12.000 p. l'initiative privée aurait sans doute dès alors construit un hôtel convenable. Nous avons beaucoup parlé d'une consigne, d'un livret d instruction, de conseils, d'inspection et nous avons fait allusion à l'oeuvre du Touring Club enFrance.Rappelonsici cedontil s'agit. Réputés pour leur bonne cuisine les hôtels et auberges de France vers 1890 étaient aussi réputés pour leur manque absolu de confort et pour leur malpro- preté. Le Comité du Touring Club éla- bora un certain nombre de conditions dont l'observation par les hôteliers et aubergistes donnait droit au panon- ceau du Club et à l'insertion dans l'an- nuaire. Ces conditions concernaient : 1° les chambres : l'hôtel devait avoir un certain nombre de chambres dites Touring Club, sans tapis ni tentures ni oiseaux empaillés, aux murs ripolinés avec angles arrondis, avec lit en fer, grande cuvette et grand broc d'eau etc, 20 les lieux d'aisance qui devaient être aérés, éclairés, pourvus d'un siège à syphon avec chasse d'eau, 3° une chambre de bains propre, 3° des prix fixes et publiés ne varietur. Dans notre village de Maiche (Doubs) très passager, très fréquenté des touris- tes, il y avait deux hôtels et plusieurs auberges plus ou moins bien tenus. Les deux hôtels ayant reconnu l'avanta- ge d'être recommandés par le Touring Club sollicitèrent le panonceau. Notre oncle, banquier à Maîche et membre du Touring Club, avait accepté un peu à la légère le litre de délégué du Club. Un beau jour il reçoit une lettre de Pa- ris le priant d'aller inspecter ÏHôtel de la Couronne et d'examiner si les con- ditions énumérées dans le questionnaire étaient bien remplies. Grand 'émoi de notre délégué, l'homme du monde le plus horrifié à l'idée de se mêler des affaires d'autrui, tremblant à la pensée de l'accueil désagréable qui lui serait fait, et quelque peu humilié du genre d'enquête auquel il s'agissait de se livrer. Enfin il lui était difficile de se récuser, il prît donc, très ennuyé, le chemin de l'hôtel et expliqua avec beaucoup d'em- barras l'objet de sa visite. A sa grande surprise l'hôtesse fut tout sourires et courbettes et paraissait encore plus troublée par l'inspecteur amateur que celui-ci ne l'était à la pensée de son in- discrétion. On lui montra les chambres, les cabinets, la cuisine, la chambre de bains, la chambre noire, etc. A mesure que l'hôtelière se montrait anxieuse, le banquier sentait grandir en lui une âme d'inspecteur méticuleux et impitoyable. 11 sortit satisfait de son inspection tan- dis que l'hôtesse lui faisait une cour- bette jusqu'à terre. Evidemment l'appât d'un panonceau serait, comme nous l'avons dit, insuffi- sant au Tonkin sauf peut-être à Hanoï, où il y a une certaine concurrence; mais les subventions accordées avec la cer- titude que l'observation du cahier des charges sera rigoureusement exigée, se- ront le même office. Autant que possible les conditions seront les mêmes partout et en tout cas reportées sur un « indi- cateur des hôtels, auberges et maisons de passagers* où chaque établissement sera sommairement décrit, avec ses conditions spéciales et les conditions générales. En même temps que les hôtels et au- berges des garages et des dépôts d hui- les et d'essence seront organisés dans des conditions semblables. Et ici aussi ne pourront être recommandés ou aidés que les garagistes ou dépositaires s'en- gageant à observer certaines conditions. Autant que possible le Comité du Tourisme passera la main à des organi- sations privées ou s'assurera de leur col- laboration. Il s est créé à Haïphong une Union automobile et touristique du Tonkin et du Nord-Annam qui déjà avec ses faibles ressources a pris d'heureuses ini- tiatives,par exemplela publication d'un bulletin. Elle pourrait, étant au lieu du débarquement des touristes étrangers, s'occuper de procurer à ceux-ci quel- ques facilités. Mais ceci entraine la dé- pense d'un interprète intelligent. Pour- quoi voulez-vous que ce soient les membres de l'U. A. T. T. N. A. qui en supportent tous les frais ? Qui en profitera ? les hôtels, les garagistes et des visiteurs probablement très riches. Les services de l'interprètedevrontdonc être payés d'après un certain tarif, soit par le visiteur lui-même soit par l'hôtel ou le garage qui aura fait appel à ses services. Mais ce casuel ne suffira pas à couvrir les 200 à 250p. que l'on paie- ra à un interprète qualifié. Il saute aux yeux qu'une subvention devra être donnée à l'U. A. T. T. N. A. sans cette absurde condition qu'elle devra tout faire gratuitement. A condi- tion que les tarifs soient raisonnables les touristes préféreront payer. Un syndicat d'initiative tel que 11". A.T.T.N.A. devrait non seulement faire payer les services de son interprète, mais les guides et indicateurs qu'il publiera,mais en outre il devrait exiger des hôteliers et garagistes et des che- mins de fer et chaloupes un tant pour cent sur toutes les locations, les sé- jours d'hôtel et dépensesde voyage des touristes présentés par lui. Que si il de- vient une affaire qui fait ses frais,tant mieux, nous aurons créé notre Agence Cook indochinoise. (.1 suivre) II. CUCHEl'.OUSSKT
  • 14. L,'EVEIL ECONOMIQUE CORRESPONDANCE Nous recevons d'un de nos abonnés d'Anna m la lettre ci-dessous : Xlninii-liiêl le 10 Septembre 1923 Cher Monsieur Cucherousset, Votre excellente campagne de YEveil pour l'orgauisatioQ d'un service postal ra- pide et mieux fait entre Hanoï et Saigon m'a intéressé au plus liant point et m'iucile à vous soumettre à ce sujet quelques amé- liorations qui me paraissent désirables et parfaitement réalisables. Partant de Hanoï il semble qu'aucun em- pêchement supérieur ne s'opposerait à la création d'un service de train plus ration- nel que le service actuel sans augmentation des charges de la compagnie du nord. Sur la ligne Hanoi Bèuthuy nous voyous que part chaque jour de Hanoi. ( 1 traiu le matin pour Bèuthuy. Ma midi pour Thauh-lloa. à Thanli-Iloa il part, le malin. c 1 traiu vers Hanoi 1 train vers Bèuthuy de Vinli C l traiu le matin pour Hanoi. ( l traiu à midi pour Thauh-lloa. Ce qui fait que le réseau est desservi par i trains montants et 2 trains descendants. Il semble qu'avec un peu de bonne ve- louté il serait possible de mettre sur cette ligne 1 traiu rapide et I train omnibus dans chaque sens. Je proposerais par exemple l'horaire sui- vant : OMMBUS KXIMIKSS Hanoï Dép. . 4 ''• °0 f. h. 00 Nain-Dinh A. •> •'• <>0 u h. 51 D. 5 b. 00 6 h. 53 Thanh-lloa. . 7 li. 44 .8 h. 35 Vinh. ... 12 h. 16 H b. 29 Le Iraiu omnibus s'arrétant à toutes les stations et haltes remplirait son oflice ac- tuel. L'express ne desservant que les centres de Nam-Dinh et Thauh-lloa pourrait pren- dre une vitesse régime de 50 km. à l'heure ce qui permettrait l'arrivée à Vinh pour dé- jeuuer. La combinaison d'un express de Hanoi à Bentbuy doublé des omnibus Ha- noi Nam-Dinh et Nam-Dinh Vinh permet- trait à tous les usagers de la ligne d'être ren- dus au terminus à midi 16 au plus tard et de se rendre comme par le passé daus tous les points intermédiaires une fois par jour au lieu de deux. L'arrivée à Vinh à 11.59 pour l'express et 12.16 pour l'omnibus permettrait aux voyageurs de déjeuner et de prendre l'auto postale à 12.30. Arrivée à Hatinh à 14.30 et Dônghoi 20 h. Coucher à Dônghoi où un bungalow va être bientôt terminé et où, en attendant, les chambres de passagers organisées par l'ac- tif résident actuel permettraient le repos. Départ de Dônghoi le Jendemaiu à 5 h. Arrivée à Dôngbà vers 9 h. A Dôngbà un nouveau changement d'ho- NOTA : L'express pourrait partir 1 h. plus tard de Hanoï et l'omnibus de doublement continuer jusqu'à Thanh-Hoa à 9 h. 34. Le 2e omnibus ne partirait que de Thanh-Hoa au lieu de Nam-Dinh, à 7 h. 44. Le déjeuner à Vinh aurait lieu à 12 h. 30 au lieu, de lt h. 30 et l'arrivée à Dônghoi à 9 b. du soir. raires s-erait également nécessaire. H part actuellement 2 trains par jours de Dôngbà vers Touraucl'uii à 9 h. 30 l'autre à 17 h.30. L'ou pourrait faire partir l'omnibus à G b. et l'express avec arrêt à Quang-Tri à 9 h. pour arriver à llnê à 10 h. 30 ; court arrêt à Tuua-Luu, arrivée à Touraue 14 h. A 14 h. 30 l'auto potale emmènerait les voyageurs vers le sud pour s'arrêter à Quaug-Ngai à 18 h. 30. Quaug-Ngai po:-sède un bungalow de 0 chambres qui va être mis eu service d'ici deux mois. Le lendemain matin 5 h. départ de Quang- Ngai arrivée à Quiuhou 9 h. 30 et Nha- traug 20 h. A îMiatraug pourrait être établi un train de nuit eu sus du régulier du matiu. L'adoption d'un tel horaire, qui n'a rien d'acrobatique, mettrait Hanoï à 2 jours de Quaug-Ngai et 3 1/2 jours de Saison tau- dis qu'il faut actuellement 2 jours 1/2 pour arriver à Quaug-Ngai et 5 jours pour attein- dre Saigou. t Je suis d'ailleurs persuadé que les voya- ges Hanoi Nam-Dinh, Hanoi 'lhauh-lloaei Hanoi Vinh seraient intensifiés eu raison des commodités de retour daus la même journée. Mais là ne se borue pas à mon avis la graude réforme à apporter aux relations en- tre les deux capitales; des changements pro- fouds sont à introduire daus le fonctionne- ment des services automobiles postaux. L'Administration des Postes paie actuelle- ment 10.000 p. de subvention pour la ligue Viuh-Dôngha et 50.000 p. pour la ligue Tourane-JHiatraiig ce qui représente une subvention Up.08 par km. pour Vinh-Dông- ha et Op.12 pour Tourane-Nhatraug c'est- à-dire paie entièrement pour ce dernier service tous les frais généraux laissant com- me bénéfice net les transports privés ou sur réquisition. Si l'on compte seulement 8 passagers par voyage payant Op.00du km.en moyen- ne cela fait le beau revenu de 0 p. 48 -f 0 p. 08 de subvention soit 0 p. 50 par km. alors que les mêmes entreprises ou des en- treprises concurrentes fout avec bénéfice des transports privés à 0 p. 20 le km. pour une voilure entière à 4 places. D'autre part me basant sur les chiffres douués daus votre i'° du 9 couraut je lis que le transit journalier moyeu par voie de terre est de 1 in3 auquel il convient d'ajou- ter environ 15 m'i de sacs de ou pour France à chaque arrivée ou départ de cour- rier. Les colis postaux sur celte ligne pouvant représenter une moyenne de 2 in3 par jour à acheminer dans chaque sens c'est envi- ron 3 m3 de matériel postal qui pourraient transiter journellement daus chaque sens si le trafic était normalement assuré. Six motrices sur chaque tronçon seraient doue suffisantes pour assurer d'une façon parfaite le service postal automobile et le 1 transport des touristes et voyageurs. Les frais géuéraux étaut comptés à raison de 0 p.15 le km. nous obtenons pour la li- gue Vinh-Dôngha une dépense annuelle de 290 X 0.15 x 6x 365 = 95.215 p. at- ténuée par la recette de 8 passagers dans chaque sens à 0 05 par km. ou 0.80 x ' 290x305= 84.680 p. [ Dépense nette 10.585 p. '' Et pour ia sectiou Tourane-Nhatraug. 1 (0.90 - 0.80) 560x 365 - 20.440 p. j Soit au total 31.000 p. contre 66.000 p. actuellement attribuées en subvention Si nous augmentons ces chiffres de moi- tié pour accidents et imprévus c'est à 45.000 p. que le service postal pourrait être assuré d'uue façon presque parfaite alors qu'il l'est actuellement de façon absolument uéfectueuse pour 60.000 p. 00. Je me fais fort, avec uu prélèvement de 200 000 p. sur la caisse de réserve,d'orga- niser ce service daus un délai de 5 mois et d'eu assurer la b june marche pour 45.000 p. par au à l'entière satisfaction de l'Adminis- tration des Postes et Télégraphes et des touristes. Je suis absolument certain que l'on ne verrait poiui comme cela se passe actuelle- ment 600 colis postaux embouteillés à tou- raue par la mauvaise volonté et la careuce de l'entrepreneur, colis que l'AUuiiuistratiou des Postes e.-t obligée de faire parveuir à à destination, par l'intermédiaire des Rési- dents avec uu retard de plus de 20 jours alors qu'elle paie 50.000 p. de subveuliou à la Staca,qui peut se dérober grâce à uu con- trat mal établi. Je me raopelie à votre bon souvenir et vous assure du prol'oud iulerét avec lequel je suis votre action. Très cordialement votre X. . . N.D.L.I1. — Nous sommes désolé de verser un peu d'eaufroide sur l'enthou- siasme de notre aimable correspondant mais réellement nous craignons qu'il n'ait pas l'étoffe d'un homme d'affaires et ne considère un peu les choses du point de vue d'un homme qui a fait sa carrière dans l'administration ou dans une de ces professions libérales où l'on n'acquiert pas l'habitude d'établir les prix de revient et où l'on ignore ce que c'est que courir un risque. 11 se peut que le service automobile soit mal fait et nous n'avons pas à pren- dre la défense de la Société des Trans- ports Automobiles du Centre Annam. Cependant nous ferons remarquer qu'il y a une différence essentielle en- tre une Société qui risque ses propres capitaux et un amateur qui se sert des capitaux de l'Etat. Evidemment la gros- se question des capitaux serait vite ré- solue et d'innombrables entreprises verraient le jour s'il suffisait de marcher avec les fonds de réserve de 1Etat. Nous nous engageons à transformer 1 Eoeil Economique en une revue de toute beauté, magnifiquement illustrée, bourrée de renseignements,si M.Merlin veut bien mettre à notre disposition 50.000 $ prélevés sur les fonds de ré- serve. Le malheur est que le Moniteur criera « Et moi donc 1 » et le Hulletin Financier répétera '- « moi aussi » et que dix vocations de directeur de Revue économique se révéleront aussitôt,prètsà mettre à exécution les moyens préconi- sés par des imaginations d'autant plus fécondes qu'aucune expérience pratique ne leur a révélé d'obstacles — Nous pensons assez que si le Gouvernement mettait à ladisposititMiadelaS.T.A.C.A.
  • 15. L'EVEIL ECONOMIQUE 200.000 $ cette société achèterait aus- sitôt douze splendides autobus et p autant de camions à remorque du der- h nier modèle et serait à même de faire 1 un bien meilleur service dans de bien 1 meilleures conditions — La difficulté c est précisément de trouver les 200 000 * t pour une affaire qui comporte quelques t risques que notre ami lecteur ne semble 1 pas soupçonner, et qui, si elle était si l brillante, aurait tenté de nombreux con- * currents — Et il est bon qu'il en soit ain- < si ; l'homme est plus ménager des choses i qui lui coûtent un effort que de celles qui lui viennent sans difficulté. Certaines entreprises grandioses ont échoué précisément parce qu'elles ont eu trop facilement des capitaux- Nous en pourrions citer sans sortir d'Annam. Notre correspondant établit son bud- get aussi facilement que l'on bâtit des châteaux en Espagne. Supposons les recettes au maximum, les dépenses au minimum, les accidents évités, les inon- dations, typhons, orages etc. conjurés, la paix absolument certaine pour dix ans, un personnel irréprochable et zélé, des chauffeurs et mécaniciens d'une probi- té angélique, évidemment tout ira bien. Notre correspondant confond frais généraux et frais d'exploitation. L'es- sence, l'huile et les pneus, et les frais de route ne sont pas des frais généraux ; mais passons condam- nation. On peut admettre qu'une bon- ne automobile moyenne ne revient pas à plus de 0,15 au km. y compris les frais généraux,et dans une grande ville, un garage ayantun matériel très nom- breux et une organisation très moderne pourrait sans doute se tirer d'affaires en louant à 0,15 l'heure. Seulement ici il ne s'agit pas d'une automobile moyenne portant cinq personnes au maximum mais de forts autobus pour une quin- zaine au moins de passagers avec leurs bagages, avec remorque pour les sacs et colis postaux. Et il s'agit non de petites courses sur de belles routes urbaines ou suburbaines mais de longues ran- données sur d assez mauvaises routes et par tous les temps. Les frais géné- raux sont considérables si l'on veut un service impeccable car il faut plusieurs garages et ateliers de réparation bien outillés et bien approvionnés, et un assez grand nombre d'automobiles tant pour la relève des autos en réparation qu'en vue des transports de "courriers exceptionnels. Pour faire rouler cons- tamment douze autobus et camions il ne faut pas en avoir moins de dix-huit, à 7.000* l'un.Cela vous fait déjà 42.000* rien que pour ce petit supplément. C'est pourquoi nous estimons qu'il faut tabler sur une dépense kilométri- que d'au moins 0,20 le km. Nous arri- vons donc de ce chef à une dépense, sur Vinh-Dôngha non de 290 x 0,15 X 6X365 = 95.265 p. mais de 290 X0.20 X6x 365=127.020 p- Notre correspondant compte sur 8 ] passagers dans chaque sens à 0,05. C'est ! le prix que paient les Européens ; mais les Indigènes en paient en fait à peine le tiers ; il est vrai qu'on les entasse et qu'on peut voir certains jours sur l'au- to trois Européens à 0,05 et 15 Indigè- nes payant de 0,015 à 0,02. Cela ferait bien 0,40 si l'entrepreneur touchait tout, mais c'est son personnel qui tou- che cela; l'entrepreneur lui, a bien des chances s'il touche le prix du nombre de gens que l'auto est autorisée à por- ter. D'autre part escompter que 365 jours par an à chaque voyage l'automo- bile aura ses 8 voyageurs de première classe ou les 24 voyageurs indigènes qui font le même compte c'est, ce nous semble, beaucoup demander et pour peu que nous comptions par an 5 jours à vide et 20 jours à moitié vides cela ne nous fait plus que 350 jours de recettes. Donc au lieu de 0 p. 40 recettes x 2 voyages x290 km.x 365 jours=84.682 nous n'aurions plus que 0 p. 40 X 2 X 290 x 350 = 81.200 p. Et nous arrivons à un déficit non plus de 10.587 mais de 45.820. Déduisez en la subvention delO.OOO p. et vous voyez tout de suite quel serait le résultat si l'entrepreneur exécutait rigoureusement son cahier des charges, se procurait un matériel puissant et l'entretenait en bon état. S'il s'en tire c'est parce qu'il use jusqu'à la dernière extrémité un matériel à bon marché, fait des prodiges d'économie, entasse des voyageurs comme harengs en ca- que, maintient une faible vitesse et n'é- coule qu'un trafic postal très faible. S'il fait finalement un maigre bénéfice, il y a quelque mérite. Nous sommes persuadé que la ligne de Nhatrang à Tourane est encore plus difficile à exploiter. Notre correspondant en estime le déficit à 20.440 $ transformé en un bé- néfice de 29.560 $ grâce à une subven- tion de 50.000 3>. Ceci est basé sur la supposition que 365 jours par an à l'aller comme au retour les autos transportent 8 voya- geurs de Vire ou l'équivalent de voya- geurs de 2me. Il serait plus prudent d'évaluer à 340 le nombre des jours de plein trafic et 20 celui de demi trafic et 5 celui de trafic nul et c'est faire la part belle à 1 optimisme ; et si sur cette mau- > vaise roule avec tous ses bacs et ses assez nombreuses rampes nous estimons I à 0,20 le km le prix de revient d'unau- , lobus ou d'un camion on ne saurait nous > taxer de pessimisme. Cependant rier que cela change tout à fait l'équation. I Notre correspondant la pose ains - (0,15 cents X 6 autobus = 0,90 — 0,8( de recettes) 560 km X 365 jours = , 20 * 440 de déficit. Mais si nous écrivons : ) (0,20 X 6 = 1,20 — 0,80) 560 km > 350 nous trouvons un déficit de 78.401 plus 15 jours a vide a O,20xob0 km. x 2 = 3360 è. Déficit total 81.760 p. soit, avec une subvention de 50.000, une perte nette de 31.760 ». Ce qui prouve que la question est beau- coup moins simple qu'elle n'en a l'air et que les calculs de prix de revient doi- vent se faire avec une extrême minutie et en tenant compte d'une foule d'éléments dont le profane ne se doute même pas. Et voyez, cher abonné, combien vous vous exposez en augmentant de moitié vos chiffres pour accidents et imprévus. C'est prévoir beaucoup d'imprévus* Les accidents d'abord ne sont pas de l'imprévu ; ils sont prévus et couverts par des assurances, ils passent donc en frais généraux normaux. Quant aux im- prévus, un homme d'affaires expéri- menté et bien documenté les évalue à une proportion très inférieure, car pour lui sont prévues et évaluées exacte- ment quantité de dépenses que l'hom- me moins expérimenté et renseigné compte comme imprévus. En fait nous évaluons à 400.000% le ca- pital minimum pour les deux services et à 100.000$ la subvention nécessaire. C'est d'ailleurs le chiffre prévu par M. Lochard qui conseille de déduire des 3.200 S de subvention hebdomadaire du paquebot annexe, un millier de piastres pour le service par voie de terre (en plus de la subvention actuelle/ Au sujet du changement d'horaire, notre correspondant ne semble pas se faire une idée de la montagne qu'il vou- drait remuer. Modifier des horaires de chemin de fer I mais il faudrait un Doumer ! un Mussolini 1 D'ailleurs la Direction des chemins de fer répondra qu'on ne voit guère les Autiamites voyageant, entre Hanoï et Namdinh entre 4 et 6 h. du matin et qu'une vitesse régime de 50 à l'heure n'est pas réalisable sur un « tramway sur route ». Et puis, nous avons le train de nuit, dont le succès est tel qu'on devra bientôt en faire trois par semaine. Les voyageurs préféreront partir la veille à 20 heures plutôt que le matin à 5 ou 6 heures ; au point de vue affaires et au point de vue postal cela revient au même. Surtout le train de nuit permet d'arriver d'une traite à Tourane au lieu de coucher à Dônghoi, ce qui est un fameux gain de temps — On arrive à midi à Quaug-Ngai soit 40 i heures après le départ de Hanoï. Ce s qui existe actuellement est donc beau- coup plus rapide que ce que notre cor- s respondant demande.En somme l'horai- î re suggéré par notre correspondant n'au- rait d'autreutilité que de justifier lesmé- i cropalaces de Dônghoi et Quang-Ngaï. [) Néanmoins nous avons tenu à publier = sa lettre comme nous serons heureux de publier toutes les suggestions que nos lecteurs voudront bien nous faireou < même leurs critiques, car nous ne pré- 0 tendons pas à l'infaillibilité. H. C.
  • 16. L'EVEU. ECONOMIQUE Voyage de Henri Mouhqt ati Cambodge en 1859 De retour à Chantaboun, dans l'hospita- lière demeure du bon abbé Ranfaing, mission- naire français, établi en ce lien, mon premier soin fut de prendre des renseignements, et de me mettre à la recherche des moyens de transport pour gagner Battambang, chef- lien d'une province de ce nom, qui, depuis près d'un siècle, a été enlevée au Cambodge par l'empire siamois. Je fis prix avec dés pécheurs annamites païens pour me condui- re d'abord de Chantaboun à Kampôt, port du Cambodge» à raison de trente ticaux. Les Annamites chrétiens m'en demandaient qua- rante et leur nourriture pour aller et retour. Après avoir pris congé de fa-blé Ranfaing, qui n'avait comblé de boutés et d'attentions cha- que fois que j étais venu à Chantaboun, je m'installai à nouveau daus une barque avec mou Chiuois et mon Anuamile, et, voulant profiter de la marée haute, nous partîmes à midi, malgré nue pluie battante. Arrivés au port vers six ou sept heures du soir, nous y fûmes retenu jusqu'au surlendemain par uu veut contraire et trop violent pour nous permettre de le quitter sans danger. Deux jours plus tard nous arrivâmes à Ko-Khut, où de nouveau des plaies torren- tielles et un vent contraire nous retinrent à uue ceutaiue de mètres du rivage, dans une anse qui était loin d'offrir beaucoup de sé- curité à notre fragile émbarcatiou. Notre positiou n'était pas agréable ; notre chétive barque, rudement secouée par les flots eu fureur, ineuuçait à chaque instant d'être jetée à la côte contre les rochers. Aux trots quarts remplie paruotre bagage auquel nous avions douuè la .ueilleure place pour le préserver de l'eau de mer ainsi que de la pluie, elle contenait encore cinq hommes serrés les uns contre les autres à l'avant, et n'ayant pour abri que quelques feuilles de palmier cousues euserable,à travers lesquel- les l'eau filtrait et nous tenait constamment mouillés. La pluie continuait à tomber avec uue telle abondance que nous ne pouvions entretenir du feu pour cuire notre riz. Pendant quatre jours il nous fallut rester à demi couches dans notre barque, les mem- bres fatigués de là positiou à laquelle nous condamnaient lé défaut d'espace et nos effets et notre linge trempés et collés sur notre corps. Enfin, le cinquième jour, j'eus le plaisir de voir le ciel s'éclaircir et le vent changer. Vers les deux heures de l'après- midi, prévoyant une belle nuit, et ayant remonté, par une bonne dose d'arack, le moral de mes hommes qui commençait à faiblir, nous levâmes l'ancre et nous nous éloignâmes de Ko-Rhut poussés par une bonne brîse. J'étais heureux d'avancer et de pou- voir enfin respirer à pleins poumons ; aussi je restai une partie de ta miit sur ma petite tente de palmier, jouissant de la beauté du ciel et de la marche rapide de notre bateau. A la pointe du jour, nous aperçûmes la pre- mière fie Koh^Kong à noire gauche, à une distancé d'à peu près dix milles. C'est Une ilé dîésefte ; on y recueille de la gomme gut- te ; elle est moins grande que Koh-Xaug ou Kho-Ohang et n'offre pas un aspect aussi imposa ut ni une suite de pics aussi majes- tueux. C'estàCompong-Sôm. près de Kam- pôt, que l'on recueille la plus grande partie de la gomme gutte et le beau cardamome qui se trouvent dans le commerce ; les Indigènes renferment la première dans des bambous qu'ils fendent lorsqu'elle est durcie. Nous eûmes bientôt oublié les petites mi- sères de la première partie de notre voyage et nous fûmes bien dédommagés par la beauté des sites et l'aspect enchanteur du groupe d'îles et d'îlots que nous côtoyions à une courte distance. Nous arrivions dans des parages infestés par les pirates de Kampôt. Placés sûr les hauteurs, ils observent la mer et, desquels aperçoivent uue voiie, ils s'ap- prêtent à l'attaquer au passage. Nous avan- cions paisiblement, sans souci des forbans, car nous n'avions avec nous aucuue mar- chandise qui pût les tenter, et, dû reste nous étions bien armés et en état de repousser ceux d'entre eux qui auraient essayé de nous attaquer. Vers cinq heures du soir nous je- tâmes l'ancre dans l'anse d'une petite île afin de faire cuire le riz du soir et d'accorder à mes hommes un peu de repos, car ils n'a- vaient pas dormi la nuit précédente. Nous étions à une journée et demie de Kampôt. A minuit nous levâmes l'ancre et nous voguâ- mes, doucement bercés par les flots, nos voiles à peine enflées. Lorsqu'on a dépassé la pointe nord-ouest de la grande île Koh- Dud, qui appartient à la Cochiuchine, le coup d'oeil devient de plus en plus beau ; la terre forme cadre de tous côtés, et il sem- ble qu'on vogue sur un lac aux contours arrondis et verdoyants. A l'est s'étendent tés côtes et les îles de la Cochinchiue jus- 2n'a Kankao, à l'ouest et au nord celles du ambodge, couronuées par une belle mon- tagne de neuf cents mètres de hauteur. Cel. le-ci rappelle si bien le mont Sabab, que Phrai cria au pilote : «Mais vous nous ramenez à Chantaboun ; voilà le mont Sa- bab : » Nous ne pûmes jouir lougtemps du superbe tableau qui se déroulait à nos yeux, car, peu d'instants après notre entrée dans le golfe, d'énormes nuages noirs s'amonce- lèrent au sommet de la montagne, et par degrés la voilèrent entièrement. Ils fureut bientôt sur nos têtes ; le tonnerre grondait avec force, et un vent épouvantable faisait filer notre barque, couchée sur le flanc, à la vitesse d'un bateau à vapeur. Le pilote même tremblait au gouvernail et me deman- dait de l'arack, pour soutenir ses forces et son courage. Après une demi*heure de cette course effrénée, les nuages crevèrent et une pluie torrentielle nous transperça^ niais elle fit tomber le vent ; nous étions alors arrivés dans le lit de la rivière qui conduit à Kampôt. 11 paraît qne le roi devait passer entre- vue, le jour de notre arrivée, tous les navi- res qui se trouvaient dans la rade; mais-le gros temps l'avait retenu depuis onze heu- res dans une espèce de salle qu'on lui avait élevée sur des pilotis dans un endroit peu profond: Au moment où nous dépassions la douane, nous aperçûmes le cortège royal qui se dirigeait vers une grande jonque que Sa Majesté faisait construire afin de pouvoir ainsi se livrer au commerce, et avoir.quel* que chose de mieux à envoyer à Singapour que les mauvais bateaux qui, jusque là, avaient composé toute sa marine. La rivière qui conduit à la ville après de cent cinquante mètres de largeur ; mais son cours est très borné ; elle prend naissance dans les montagnes voisines. Le principal avantage qu'elle offre, c'est de pouvoir ame- ner à la mer les magnifiques bois de cons- truction qui abondent dans les forêts de ses deux rives, et dont les Chinois ne peuvent se passer pour la mâture de leurs jonques! Il y a continuellement de six à sept navi- res en charge dans la rade, de sorte que l'on voit souveut des bateaux! chinois ou européeus monter et descendre Le fleuve. Quoique Kampôt soit actuellement l'uuique port du Cambodge, il est loin d'avoir le même mouvement que le port de Bangkok, car la ville compte au plus trois cents> mai- sons et une population à peu près égale à celle de Chantaboun ; en outre tout sou pe- tit commerce est alimenté par la basse Co- chinchiue, dout les ports out été jusqu'à ces derniers temps presque constamment fer- LA Ve Foire de Hanoï se tiendra du 2 au 16 Décembze pzochain
  • 17. L'EVEIL ECONOMIQUE -<* FUMEZ L_E "GLOBE" îfc- niés aux Européens, de sorte que les na- vires ne trouvent guère à charger que du riz qui leur est amené par des bateaux, et presque comme contrebande, de la basse Cochinchiue par Italienne, le Cancao des caries, ou d'autres petits ports du voisinage. Hormis quelques tonnes de pomme gutle, un peu d'ivoire, du poisson péché dans le grand lac par les Annamites, du bois d'ébé- nislerie et de construction pour lequel il est célèbre, et du coton, le Cambodge ne four- nit rien au commerce, et j'ose émettre l'o- pinion que le jour où les ports d'Annam spront ouverts aux Européens,les marchands chinois établis à Kampôt abandonneront celle ville; cependant, mieux gouverné, ce district pourrait alimenter le commerce d'un grand nombre de produit dont nous parlerons plus tard. Ce qui reste de ce malheureux pays ne tardera sans doute pas à tomber sous la do- mination de quelque autre puissance. Qui sait ? Peut-être la France a-t-elle les yeux fixés sur lui et se l'annexera comme elle le fait en ce moment de la Cochiuchine. Le peu d'impôts et de taxes que les Cam- bodgiens ont à supporter, comparativement aux Siamois, me faisait penser que je trou- verais ce peuple vivant daus l'abondance et le bien être ; aussi ma surprise fut grande d'y rencontrer, à très peu d'exceptions près, presque tous les vices, sans aucune des qua- lités que l'on trouve chez les autres peuples ses voisins ; la misère, l'orgueil, la grossiè- reté, la fourberie, la lâcheté, la servilité et une paresse excessive sont l'apanage de cette misérable population. On a répété souvent que l'on ne devait pas juger d'un pays où l'ou n'a fait que pas- ser : que ceux-là seuls pourraient le faire qui y ont séjourné longtemps. J'admets que dans un séjour rapide l'on est sujet à com- mettre des erreurs ; mais je le répète ici, je mentionne ce que je vois, et donne mes im- pressions telles que je les reçois : libre à d'autres voyageurs plus expérimentés de me démentir, si ces impressions et mon juge- ment ont été faussés. Je fais remarquer en outre que la première impression est sou- vent ineffaçable.et qnefréquemmentje ne me fie pas à mon propre jugement et parle d'a- près l'expérience d'autrui. 11 est peu de voyageurs en Europe, en Amérique, et sans doute sur plusieurs autres points du globe, qui n'aient eu à se plain- dre de la manière offensante dout les re- présentants des lois douanières exercent leurs devoirs et souvent les outrepassent. Ces braves gens, en Europe, gagnent leur pain quotidien en faisait t supporter le plus de vexations qu'ils peuvent aux voyageurs des deux sexes ; ici, c'est le contraire, ils la gagnent en la demandant ; ce sont des mendiants commissionnés : « Du noisson sec, de l'arack et un peu de bétel, s'il vous plait. » Plus vous leur donnez, moins la perquisition est scrupuleuse. Après avoir remonté la jolie rivière qui devait nous conduire à notre but l'espace de près d'un mille, nous aperçûmes une mai- son couverte de feuilles, surmontée du sym- bole de la religion chrétienne, de la conso- lante croix. Ce ne pouvait être que celle de l'abbé Hestrest, missionnaire apostolique de la congrégation des Missions étrangères, vous qui lisez ces lignes, avez-vous voyagé au loin ? Avez-vous jamais été pendant nn temps plus ou moins long privé de votre société habituelle ? avez-vous été maltraité par le temps ou par les hommesTavez-vous jamais échappé à quelque grand danger ? avez-vous quitté vos parents ou vos amis pour une longue absence ? avez-vous perdu un être bien aimé ? enfin avez-vous jamais souffert ? Eh bien, vous saurez ce que peut sur le voyageur errant loin de sa patrie ce signe divin de la religion. Une croix pour lui, c'est un ami, un consolateur, un ap- pui. L'âme entière se dilate à la vue de cette croix ; devant elle on s'agenouiile, on prie, on oublie. C'est ce que je fis. J'avais pour l'abbé Hestrest des lettres de plusieurs missionnaires de Siam ; je fis amarrer notre barque devant sa demeure et je mis pied à terre ; mais les neuf jours de stagnation forcée auxquels j'avais été obligé de me soumettre m'avaient fait perdre pour un instant l'usage de mes membres, et j'eus quelque peine à marcher. L'abbé Hestrest m'accueillit eu frère et m'offrit un abri dans sa modeste case jus- qu'à ce que je pusse me loger ailleurs. La première nouvelle qu'il m'apprit fut que la France était en guerre avec l'Autriche. J'igno- rais même qu'il y eût quelque différent entre les deux gouvernements. L'Italie allait naître de ce conflit ! A peine étais-je débarqué qu'on nous annonça le passage du roi qui reveuait de sou excursion. L'abbé Hestrest me conduisit au bord de la rivière. Dès que le roi eût aperçu un étranger à côté du mis- sionnaire, il donna l'ordre à ses rameurs d'accoster le rivage, et, quand il fut à por- tce de la voix, il s'adressa à l'abbé : « Quel est l'étranger qui est avec vous ? — Sire, c'est un Français. — lin Français ! » rép ou dit-il avec vi- vacité. Fuis, mi ire *'il (ku'ail de la parole du missionnaire, il ajouta en s'adressant à moi. Vous êtes Français ? — Français, Sire, lui répondis-je en Sia- mois. — M. Mouhot vient de Paris, dit l'abbé, en donnant à sa réponse un air mystérieux; mais il a été tout récemment au Siam. — Et que vient-il faire dans mon royau- me ? — 11est en mission particulière, dit l'abbé d'un ton diplomatique, mais qui n'a rien de commun avec la politique ; c'est unique- ment pour voir le pays ; du reste M. Mou- hot ne tardera pas à rendre visite à Votre Majesté. » Après quelques minutes de'silence de part et d'autre, le roi salua de la main et nous dit: « Au revoir » Le cortège s'éloigna. Je craignis uu instant que l'abbé ne m'eût fait passer pour un personnage moins hum- ble que je ne le suis réellement, et que, par suite, on ne m'interdit l'entrée du royaume. Le seul nom de la France cause uue peur mortelle à ces pauvres rois. Celui-ci s'atten- dait chaque jour à voir flotter le pavillon français dans la rade. Le roi de Cambodge a près de soixante ans, petit de taille et re- plet, il porte les cheveux courts ; sa phy- sionomie annonce l'intelligence, beaucoup de finesse, de la douceur et une certaine bouhomie. Il était mollement couché à j'ar- riére de son bateau de construction euro- péenne, sur un large et épais coussin ; qua- tre rameurs seulement et une. douzaine de (Voir suite à la page 13)
  • 18. 10 L'EVEIL ECONOMIQUE L'URBANISME Ce qu'est et ce que sera Dalat Nous avons dans nos précédents articles donné déjà quelques notions de ce qu'est l'urbanisme ; nous avons, avec photographies et cartes à l'appui, montré ce qu'était une station d'altitude, conçue, étudiée et construite par des architectes urbanis- tes. Après Baguio, la réalisation américaine, nous allons étudier Datai, l'oeuvre longtemps incohé- rente de l'administration française en Indochine, mais où la vo- v Nous préparons une reproduction en cinq cou- leurs de ce plan, qui sera sans doute prête pour la semaine prochaine. Mais avant d'exposer le projet Hébrard et de parler de ce que sera, dans un prochain avenir, la capitale éventuelle de l'Indochine, nous allons rappeler brièvement l'historique de cette station d'altitude et décrire l'aspect du pays. En de- , hors de la ques- lontédeM.Long entreprit de fai- re quelque cho- se de mieux en- core que Ba- guio. 1)ans ce but il décida la cons- truction d'un chemin de fer de montagne nui. dans quelque cinq ou six mois.amènera les voyageurs à tooo m. titude et quinze mois plus tard atteindra Dalat. Surtout M. Long trai- ta avec un architecte ur- baniste de grand talent: M. Hébrard, pour l'éta- blissement d'un plan d'en- semble, en vue d'une vraie capitale de mon- tagne telle qu'on peut en prévoir le dévelop- pement d'i c i une quinzaine d'années. Le plan de M. Hébrard vient d'être approu- vé. 11 servira de base : i. aux lotissements en empêchant la Datai. Le Ldc ou Se -l'hôtel Dalat. Houle de chasse du Nord Datai tion de Dalat même nous don- nerons des arti- cles sur l'urba- nisme en géné- ral et son appli- cation non seu- lement aux sta- ! lions d'altitude mais à la eons- » truction. l'amé- nage ment, l'a- staridissement de gran- des villes et des ports ; nous montrerons ce qui s'est fait ailleurs dans ce sens et ce qui se projette et ce que l'on peut suggé- rer pour l'Indochine. Nous estimons que la • question présente un im- mense intérêt. Si par exemple, il y a vingt ans, on avait, pour Hanoï,établi scientifique- ment un projet général d'amé- nagement et d'a- grandissement, d'é coulement des eaux etc, la ville ne serait pas l'aggloméra- tion incohérente qu'elle est avec ses finances dans un état désespéré. Des erreurs au- raient aussi pu être évitées à Saigon. Toutefois il est encore temps et nous pouvons faire de nos vil- les les rivales des plus belles villes d'Extrême- Orient si nous voulons bien nous donner la peins d'étudier la chose avec méthode.
  • 19. L'EVEIL ECONOMIQUE 11 Le plateau de Langbian Situation Ce plateau, appartenant au massif montagneux du Sud-Annam, se présente dans les meilleurs conditions pour l'établissement de la ville de san-. 4é et de repos de l'Indochine. Son étendue e*t d'environ 40 krri'2 ; il est situé à toi)- de longitude et 12• 10 de latitude Nord. Son climat est sain et se rapprohe de celui des régions méditerranéennes. A Dalat de vastes espaces pourront être facilement appropriés pour un cen- tre urbain, avec une ceinture de réserves agricoles à l'entour pour son ravitaillement. La mer est à proximité ; une distance de io=> km, sépare le Langbian de Phanrang et 2-0 km. à vol d'oiseau de Saigon. Un port pourra être établi à Bang-Hoï, dans la Baie de Camrang. Ce port se- ra facilement aménagé et se développera au furet à mesure de l'accroissement du centre de Dalat. Altitude (1) Dalat est à 1.500 mètres d'altitude. Les stations de Baguio, Simia et de Darjeeling sont respective- meut à : i.('=)0,n, s.ool)' 11et 2..] 4^"'. Climat Tempérât tire. _ La moyenne annuelle de la température est de 18.33, à 10*6 en été et de ih.04 en hiver. Cette température est d'une ré- gularité parfaite. Pen- dant la saison sèche il y a des écarts assez con- sidérables entre le jour et la nuit. C'est de Janvier .1 Mars que l'on observe les minima les plus ac- cusés, 3 au-dessus le jour et moins 2' la nuit. Le froid est sec et faci- à supporter. Pression atmosphérique. — La pression atmos- phérique est de 644 m/m en moyenne. Hygrométrie. — La matinée est plus sèche que la soirée. Saison humide entre 66 et 80. Saison sè- che entre 50 et 60. Vent. — Le plateau est soumis à un régime de vents assez froids. Suivant les moussons, ils soui- llent de l'Ouestet du Sud-Ouest de Mai à Octobre, et de l'Est et du Nord-Est d'Octobre à Mai. L'air est toujours frais. Pluies.— Le nombre de jours de pluies est plus grand que dans la plaine bien que la quantité d'eau soit, moins forte. On acompte 100 à 185 jours de pluie suivant les années, donnant une hauteur de 1.692 m/m. Généralement les pluies commencent lin Mars, augmentent en Mai, diminuent en Juin, Juillet, pour atteindre leur maximum en Septem- bre et en Octobre. Elles se terminent en Novembre. Site choisi L'emplacement réservé pour le futur cen- tre urbain de Dalat est situé de chaque côté (1> Ces renseignements ont élé puisés daus l ouvrage de MM Bouvard et Millet : Dalat. de la rivière du Camly (entre les cotes 990 et 1,000) (1), se dirigeant en cet endroit du Nord-Est au Sud-Ouest. H comprend un plateau formé d'une série de mamelons atteignantQ.es côtes 1.030-1.O4O exceptionnellement i.()=>0. Versle^jud-Est, la rivi- ère vient assez près d'une partie abrupte delà mon- tagne dont les flancs, présentant des contreforts boisés séparés par des vallées profondes, descen- dant jusqu'à la plaine du bas, qui s'étend jusqu'à la mer. Au Nord-Ouest et Sud-Est du plateau au- cun obstacle ne s'oppose au dévelopement normal de la ville. Premier projet de Station d'Altitude C'est en I897 que le Docteur Yersin proposa le Langbian pour l'installation d'une station d'alti- tude pour les Européens de l'Indochine. <cMonsieur Doumer voulut créer là plus qu'un simple endroit de repos, une région tout entière, où non seulement nos compatriotes, parfois si éprouvés, pourraient venir réparer leurs forces et leur santé,mais encore <u't la vie Européenne pour- rait être érigée d'une façon permanente et conti- nue. Il devait être le siège d'une grande ville où pourraient être transpor- tés tous les grands pou- voirs publics, les services généraux, les écoles, les hôpitaux et même nos ré- serves militaires. Là sous un climat normal,et sain, OÙ l'esprit et le corps joui- raient de la plénitude de leurs moyens et seraient à l'abri de toutes les sur- prises qui paralysent dans la plaine indochinoise, les meilleurs volontés, se constituerait l'organis- me vraiment vital de no- tre grande colonie, d'où partirait comme d'un vas- te cerveau, la pensée créa-Dalat. Les chutes d'Anhrorl trice et directrice. (2) Le plan établi en 190^ par Monsieur Champou- dry et les géomètres Puyt et Chabellard étaitloin de répondre à ce beau programme. Il comportait b en un centre gouvernemental et un camp mili- taire. L'on y voyait des bâtiments de bureaux pour chaque service et les habitations de tous les fonc- tionnaires, groupés comme la topographie du ter- rain le permettait, autour du Gouvernement Gé- néral. En dehors de ces installations, il avait été prévu : un hôtel-casino ; une mairie : un com- missariat de Police ; un grand collège (avec cour fermée; ; une école primaire ; un marché couvert. Tous ces services prévus dans des bâtiments ré- partis dans le plan général, sans ordre. La vallée du Camly était réservée pour un jardin public. Les eaux usées de la ville d'après avoir traversé un bassin de décantation se déversaient dans le Cam- ly vers le lac actuel, et l'abattoir ne plaçait en aval du Camly, vers les chutes. (A suivre) (1) f.escôtes sont arbitraires; elles sont établies d'après un point pris dans la vallée. Il faut leur ajouter 476 mètres pour avoir l'altitude au-dessus du niveau de la mer. — N.D.L.R. C'est très administratif. <2) Gaillard. L'indochiue 1922. — N. D. L. R. Bel exemple de style officiel.
  • 20. Toilette toute en broché paille, boutonnée dans le dos, le long d'un galon de soie brique et ceinturée d'un môme galon. Le marine et le blanc furent de tous temps bons amis ; et nous le voyons une fois de plus sur cette robe de reps dont les plis sont brodés de pois blancs. Un ensemble de crêpe marocain vert-gazon ; jupe et cape plissées, corsage plat brodé de galonnages blond, châtain et brun. Très actuelle d'allure, cette robe en crêpe Mogador blond et tchinacrèpe nègre à dessins blonds, formant l'em- piècement en forme et les deux pan- ueaux froncés et rapprochés sur le devant de la jupe. uroquis des modes de la Femme de France, 84, rue Lafayette. — PARIS.
  • 21. _ EVEIL ECONOMIQUE 13 Voyage tte Henri Mcfithot au CanûtoocLgl em1859 (Suite de la page 9) jeunes femmes le, remplissaient., Parmi cel- les-ci j'en remarquai une dqnf, lgs traits étaient délicats et, même distingués ;: vêtue moitié à l'européenne, moitié à L'annamite, et portant relevée-toutei sa longue chevelure noire, elle aurait passé pour une jolie fille en tous pays. C'était, je pense, la favorite du roi ; car non seulement elle était mieux misé que les autres et couverte de bijoux, mais.elle occupait la, première place auprès du, roi et prenait grand soin que rie,n ne blessât le corps de son vieil adorateur. Les autres femmes n'étaient que de grosses filles àt la figure bouffie, .aux traits vulgaires «t aux denCs noircies par l'usage de l'arack et du bétel. Derrière le bateau du roi venaient, sans ordre et à de longues distances, ceux de quelques mandarins que je ne pouvais discerner du vulgaire ni par la mine.ni par la tenue. Uue barque seule, moutée par des Chinois et commandée par un gros person- nage de la môme nation qui tenait levée une espèce;de hallebarde surmontée d un crois- saut, attira mon attention ; elle marchait eu tète de l'escorte. C'était le fameux Mun-Suy, le chef dés pirates et l'ami du roi. Voici ce que j'appris au sujet, de cet individu : À peu près deux ans auparavant, ce chi- nois, obligé) par des méfaits que l'on ne connaît pas très bien, de s'enfuir d'Amoy, sa patrie,arriva à Kampôt avec une centai- ne d'aventuriers écumeurs de mer comme lui. Après y avoir passé quelque temps, fai- sant trembler tout le monde, extorquant, la menace à la bouche, tout ce qu'ils pouvaient aux geus du marché, ils conçurent le projet de s'emparer de la ville, de tout y mettre à feu et à sang, et de se retirer ensuite avec le fruit de leurs vols s'ils n'étaient pas en force pour rester en possession du terrain* Mais leur complot fut révélé ; les Cambodgiens fu- . rent appelés de toutes parts et armés tant bien que mal, et le guet-apans avorta. Mun-Suy, craignant alors que les choses ne tournassent mal pour lui, s'embarqua sur sa jonque avec ses complices et tomba à l'improviste sur Uatienne. Le marché fui saccagé en un moment ; mais les Cochinchi- nois, revenus de leur surprise, repoussè- rent les pirates et les forcèrent à se rembar-. quer après leur avoir tué plusieurs hommes. Mun-Suy revint à Katnpôt, gagna le gouver- neur de la province, puis le roi lui-même par de beau^; présents,et se livra à des actes de piraterie tels que son nom devint redouté partout à la ronde, et cela impunément. Dès plaintes s'élevèrent des pays voisins, et le roi, soit par çraipte soit pour se l'attacher et être protégé contre les Annamites en cas de besoin, le nomma, garde-côtes. Depuis ce temps, ce pirate est devenu , brigand commissionné et titré, et. les meur~ très et les vols n'en sont que plus fréquents, à un point tel que le Siam a envoyé des na- ' vires à Kampôt pour s'emparer de ce mal- faiteur et de sa troupe ; mais deux des bri- gands seulement furent arrêtés et exécutés sur le champ ; quant à Mun-Suy, il fut ca- ché, dit-ou, dans le palais du rqi même. Quelques jours après mon arrivée, je m'installai dans une maison construite pai les ordres et aux frais du roi pour abritei les négociants européens.qui rarement vien- nent; à Kampôt. L'abbé liestret me fit les honneurs de la ville ; le marché, tenu ei majeure partie par les Chinois, est composi de cabanes faites en bambous et couverte en chaume. On y voit exposés une quantit de verroterie, de faïence et de porcelain chifloiseydes haches et Gouteausydes para sols obinois et d'autres* produits de,ce. pays, et d'Europe- Les marchands de poisson» de légumes et les restaurants chinois en plein air, se disputent la rue en concurrence avec des porcs, dès chiens affamés et des enfants de tout âge barbotant, tels qu'ils furent créés par la nature, dans lia fange et l'ordu- re ; avec des femmes indigènes d'une lai- deur repoussantie, et des Chinois au corps décharné, à l'oeil hagard et terne, traînant péniblement leurs sandales chez le mar- chand d'opium, le barbier ou quelque mai- son de jeu, trois choses saus lesquelles le Chinois ne peut vivre. Le commerce est tout entier entre les mains de ces derniers, et l'on rencontre dix de ceux-ci pour un indigène. Je fus présenté par l'àbbé Hestrest dans plusieurs maisons chinoises, où nous fûmes reçus avec politesse et.affabUité.. Le roi at- tendait et comptait sur ma visite, car plu- sieurs fois il envoya de .ses gens pour s'in- former si je n'étais réellement pas une offi- cier détaché de l'armée française, alors en Cochinchine et venaut prendre des rensei- gnements sur ce pays. Je priai M. Hestrest de tn'accompaguer chez Sa Majesté. Nous remontâmes le fleuve l'espace d uu mille et demi, et nous arrivâmes à Compong-Baie qui est la partie cambodgienne; de la ville ; c'est là que réside le gouverneur de la pro- vince et que campaient le roi et sa suite, qui n'étaient à Kampôt qu'en visite. Quand nous arrivâmes, Sa Majesté don- naitaudience dans une maison construite en bambou, avec assez d'élégauce et recouverte en tuile rouge. L'intérieur étatypltitôtcelui d'un théâtre forain que celui d'uue demeure royale.. ï^e trouvant à la porte ni suisse ni factionnaire, nous entrâmes sans nous faire annoncer. Sa- Majesté trônait sur une vieille chaise de fabrication européenne. De chaque côté de*sa 'personne et rampant sur les cou- dés et les genoux, deux officiers'dé sa maison lui offraient de temps en temps une ciga- rette allumée, de l'araek ou du bétel dont ils tenaient touipurs une «chique»à la disposi- tion du souverain. A qndque pas se te- naient quelques-gardes dont les uns étaient ajmé&de piques ornées. d',unetpiffeds crins biaftP? au, sommet, les, autres, de sabres dans leurs fourreaux qu'ils brandissaient i d.eux mains;. A quelqu.es degrés aundessous de Sa Majesté, les miuislr.eset les mandrins se te- naient dans la même position que les gardes chique. A notre arrivée, et sur un signe du roi, nous allâmes nous asseoir à côté de lui sur des sièges pareils au sien qui furent ap- portés> par une espèce de page. Le roi, com- me s^ssuje^ porté prdfnairement qu'un langouti ; celui-ci était de soie jaune retenu àïaitaillepar une magnifique ceinture d'or dont la plaque élincelait de pierres précieu- ses. Au Cambodge, comme au Siam, si l'on veutobtenir 4ës bonnes grâces du roi ou dés mandarins, il faut commencer par donner des présents. J avais donc apporté une can- ne anglaise d'un beau travail, avec l'inten- tion de l'offrir à Sa Majesté. Ce fut la pre« mière chose qui attira sou attention : « Veuillez me montrer cette canne; » dit-. il, en. Cambodgien.-^ Jçia lui présentai. « Est-ieUe. eUargse?» ajoutactril en voyant que c'était, uuei arme; •«->Non, Sire » Alors H l'arma, me demanda une capsule et la fit partir ; puis il dévissa le canon qui était à balle forcée et examina le travail avec attention. « Si elle peut-èîre agréable à Sa Majesté, dïs-je à. M,. Hestrest, je serai heureux de la lui pffçic. » L/ahbé traduisit mes paroles. « Qu'a-t-elle coûté ? j» répondit le roi. Et, comme l'abbé, à mon instigation, lui faiait uue rép >nse évasive, il me pria de lui faire voir ma moutre : je la lui présentai, et qu*nd il l'eut examinée avec attention, il m'en demanda aussi le prix-. L'abbé, après le lui avoir dit, lui parla; de mou intention d'aller à Udong, la capitale du Cambodge, et de parcourir le pays. « Aile? à Udong, c'est très bien, prome- nez-vous, promenez-vous » me dit-il en riant. Puis il demauda mon nom, et, comme il cherchait à l'écrire, je tirai mon porte- feuille et lui présentai ma carte. Ceci lui iusplra le désir d'avoir mon porte-feuille. Je m'empressai de le lui offrir. « Siïîe,j dit alors M. Hestrest, puisque M. Mouhot va à Udong, Votre Majesté daignera sans doute lui faciliter le voyage. —r Mais volontiers ; combien voulez-vous de charriots ? > J'en aurais demandé dix, que je les aurais obtenus. « Trois me suffiront, Sire, répondis-je. — Et pour quel jour ? --Après-demain matin, Sire. — Prenez note âfl cela, et donuez vos or- dres » dit le roi à son mandarin secrétaire ; puis il se leva, nous donna une poignée de main et se disposa à sortir. Nous fi mes de même et retournâmes à notre hôtel. Je dis hôtel, car c'est le seul en- droit où peuvent logej- lejs étrangers, et M. de Montigny, Jprâ de son passage à Kampôt comme ininiistre plénipotentiaire, y était descendu aussi bien que nous, et si l'on ne me l'avait pas dit, je l'eusse deviné rien qu'avoir les magnifiques inscriptions char- bonnées sur le mur par les marins de sa suite, telles que celles-ci : « Hôtel du roi et des ambassadeurs. Ici on loge à pied, à cheval et à éléphant gratis prpfLçO'— Bon lit, sofa et table à manger... sur le plancher. Bains d'eau de mer... dans la rivière. Bonne table... au marché. -=- Bon vin... à Singapour... Rien... pour la servante. (A suivre)
  • 22. U L'EVEIL ECONOMIQUE CHRONIQUE INTERCOLONIALE Dans l'archipel des Nouvelles- Hébrides Des nouvelles des émigrants annamites Le Pacifique des M. M. commandant Desbor- des, est arrivé hier 18 juillet à 17 heures à Nouméa, retour des N.-H. — La sécheresse inhabituelle qui sévissait depuis deux mois à Vaté, a pris lia ; la veille du départ du Pacifique ; une pluie bienfaisan- te a enfin rempli les citernes de Port-Vila, presque à sec. Les perspectives de récolte sont brillantes. — A Epi, où la sécheresse n'a pas eu la même intensité que dans les autres îles de l'Archipel, les récolles de Coprah, Cacao, Ca- lé et Coton, sont merveilleuses de promesses. Les familles de travailleurs tonkinois ame- nées par M. Lançon, paraissent fort bien s'ac- climater à Epi, et se montrent satisfaites de leur installation. Elles se sont mises résolument au travail. L'intéressante tentative de Al. Lançon corn» mence doue à porter ses fruits, et fait bien augurer pour les prochaines introductions de coolies, annoncées parle Si-François Xavier. JAdrien Badin a quitté Santo le 14 juillet, avec 700 tonnes de copra n, en route pour Ta- hiti et San Francisco. Port-Vila devient le port d'entrepôt de l'ar- chipel ; en attendant le passage de YEl Kanla- /a annoncé pour les premiers jours d'août ; les stocks s'amoncellent. Déjà plus de I.OUO tonnes de produits de l'archipel attendent le cargo des Messageries Maritimes. C est un trafic intéressant et productif qui échappe désormais au Commerce maritime de la Nouvelle Calédonie, et qui se traduira par quelques centaines de mille francs en moins dans nos recettes ; mais en ce qui concerne nos compatriotes des Iles, nous ne pouvons que nous réjouir de les voir en contact plus direct avec la ligue Nouméa Marseille : (La France Australe) La première traversée de 1' « El-Kantara * de Marseille à Nouméa Le paquebot- mixte « El-Kantara », com- mandant Coliignon, est arrivé hier après-midi à Nouméa, inaugurant la nouvelle ligne via Panama. Ce navire nous apporte 950 tonnes de mar- chandises diverses, parmi lesquelles nous rele- vons 400 barils de ciment, 1,800 sacs de sel, 4U0 caisses de lait condensé, 460 sacs de sul- fate de soude, 100 caisses de bière, 4 automo- biles dont la benne automatique destinée au service de la voirie municipale. i'atiili, nous envoie 12 barriques de rhum. La iSouvelle-Zélande quelques sacs de pom- mes de terre et oignons, de la luzerne, du jambon, du fromage et du beurre. Le Capitaine de YEl Kantara, est un ancien Calédonien qui a, voici 34 ou 35 ans,été l'élève du Frère Albano. Il n'a pas dû trouver grand changement dans notre belle ville de iNouméa, qui est immuable dans sa gangue première. La traversée du Canal de Panama se fait avec une facilité merveilleuse. Le passage des éclu- ses ne demande que quelques miaules ; toutes les manoeuvres se l'ont à 1 électricité et en si- lence et l'on n'aperçoit aucun homme sur les berges. Le navire franchit ces écluses au moyen de six locomotives qui viennent, trois de chaque bord, prendre le navire en remorque, et lui servent de frein. Le plat fond du canal a 200 mètres de lar- | geur, (le canal de Sue/ n'a que 30 mètres) ce i qui permet de marcher à pleine vitesse et sans , avoir besoin de s'arrêter dans les gares, pour ] le passage des navires venant â contre bord. D'ailleurs Feutrée des navires, à chaque ex- ; trémitè du canal, est réglée ciifonometrique- , ment, et cela évite bien ues pertes de temps. j Eu somme 1 ou franchit le canal de Panama bien puis aisément que le canal de Suez. Les Américains, se sont inspirés de l'expé- rience acquise à Suez, pour laire un ouvrage parfait. UEl Hanlara a traversé les Tuamotou, co qui lui a fait gagner bon nombre de milles sur sa traversée. Ou se rappellera que ces îles ne sont pas éclairées, et que les navires préfè- rent généralement les éviter. Aussi à l'arrivée ;i Fapeete cette route a fait l'éionnemenl des marins. Cette hardie traversée fait i'eloge des qualités manoeuvrières du commandant colii- gnon. La Municipalité et la Chambre de Commerce de l'apeeteont organisé un bal en l'honneur des Etats-Majors et Equipages de CEI kantara et la population ne savait comment témoigner sa joie de recevoir le premier navire de la nou- velle ligne française qui permet enfin à Tahiti d'échapper à l'emprise commerciale de San Francisco. Une remarque : 11 faut généralement parler iinglais, daus Jes magasins de l'apeele, pour y être compris. Espérons que cela changera. La traversée de l'apeete à Wellington a été assez dure et sur les cotes de la JN'lle-Zélande, la mer a éprouvé violemment le navire. A Wellington, le pavillon de la Frauce a été accueilli avec la plus grande sympathie. Les autorités du port, de la douane, et la population ont tenu par leurs égards et leurs paroles, à exprimer le plaisir que leurs cause l'inauguration de relations directes entre la France et le Dominion. La Nouvelle-Zélande achète une quantité res- pectable de marchandises françaises ; jusqu'à présent elle était obligée de les recevoir par l intermédiaire des négociants de Londres. Cette anomalie va prenare lin. L' « El Kantara », repartira via Port Vila, Fidji, Simao et Panama, vers le 7 août pro- chain. (/.a France Australe) Le Condominium aux Nouvelles- Hébrides. La nouvelle convention Le Sydney Morning herald publie des détails au sujet de la nouvelle convention concernant les Nouvelles-Hébrides. La question du Condominium est venue de- vant la Chambre des Représentants, à Mel- bourne, le 17 Juillet. Le Premier Ministre a rendu public le texte du protocole. Les discussions entamées pour modifier la Convention de 1UU0, aboutirent à un accord qui fût signé à Londres le 6 août 1914. Mais la guerre et ses suites empêchèrent cet accord d'être ratifié avant Tannée derni- ère. Depuis la ratification le gouvernement Bri- tannique a mis a exécution les modifications lui incombant. Mais les autorités françaises; restèrent inactives ce qui a causé un délai pour toutes :questions communes aux deux, gouvernements. Le Premier Ministre dit ensuite : « J-NiTune ni l'autre des parties signataires de la convention de 1906, n'est disposée à cé- der ses droits ou ses intérêts, aux Aouvelles- Hébrides, à l'autre partie, et l'acquisition par l'une des Puissances, de la souveraineté corn* plète, est par conséquent impraticable. «Aucune proposition pour un partage des Iles entre les Puissances n'a été discutée entre les gouvernements, et aucune proposition de cette nature n'a été soumise pour discussion à la conférence de 1914. Même si un partage des îles, pouvait, à la rigueur, résoudre plusieures des difficultés qui entravent l'Administration des Hébrides, il créerait en même temps des nouvelles diffi- cultés, d'un caractère très sérieux. Il se peut que par la suite, on soit forcé d'en arriver à cette solution, mais suivant une note au Gou- verneur Général de l'Australie reçue du Minis- tère des Colonies anglaises, le Gouvernement anglais aura besoin de beaucoup plus d'infor- mations et de renseignements qu il n'en pos- sède actuellement, et aussi de plus de réflexi- ons, avant qu'il ne soit préparé à entrer en discussion avec le Gouvernement français, pour la division des Nouvelles-Hébrides. 11 est donc nécessaire d'accepter le système existant, en vertu duquel les Hébrides for- ment une « région d'influence conjointe » avec tous les défauts reconnus et inhérents à ce système. Parmi les divergences de vues entre les deux gouvernements, il y eut d'abord l'article 1er que l'Angleterre aurait voulu modifier en donnant plus de pouvoirs sur les nationaux des deux pays, à l'autorité conjointe. La France, au contraire, insistait vivement pour que chaque nation conservât intact son contrôlé exclusif sur ses nationaux. 1/article 4, de 1906, n'a donc pas été mo- difié. L'article 2 prévoit l'établissement de dis-