Relevé des décisions de la session du conseil du 2 octobre 2015
En finir avec l'iniquité générationnelle
1. En finir avec l’iniquité intergénérationnelle
Iniquité intergénérationnelle. Que peut bien revêtir ce vocable barbare ? Tout simplement
l'odieux comportement consistant à nous octroyer des droits considérés comme définitivement
acquis en matière de protection sociale (santé, retraite, dépendance) sans en assurer le
financement courant, et à en renvoyer cyniquement, par l'accumulation d'une montagne de
dettes, la facture à la génération suivante. Comment concevoir qu'un tel système puisse
survivre dans la durée ? En vertu d'une redistribution qui s'annonce entre les pays développés
et ceux en développement, tout indique que nos enfants et petits enfants n'atteindront pas
notre niveau actuel de revenus. Comment croire, dès lors, que disposant de ressources plus
faibles que les nôtres, ils accepteront sans broncher des prélèvements plus élevés pour nous
garantir à nous, leurs parents, des revenus plus charnus que les leurs ? Comment imaginer
qu'ils consentiront de bonne grâce à nous servir les généreuses pensions que nous nous serons
allouées sans les financer, à rembourser notre dette accumulée, et à assumer le coût
considérable engendré par notre vieillissement et notre dépendance, que nos gains d'espérance
de vie ne manqueront pas d'accroître ?
Plus révoltant encore, le fait que les revendications de cette génération persistent à être
adressées à un État Providence, détenteur supposé d'un trésor caché, qui viendrait le moment
venu, pallier l'insoutenabilité de la charge pesant sur les générations montantes. Le temps est
venu de dévoiler l’imposture : cette providence et ce trésor n'existent pas. Il est urgent de
renoncer collectivement à cette utopie. De nous réveiller. Et d'examiner, dans un consensus
transgénérationnel intelligent et serein, les voies et les moyens de voir éclore un système de
protection équilibré et durable.
Faute de lucidité, nous nous exposons à un immense péril, bien pire encore que les tourments
que nous traversons : une crise, voire une guerre des générations où les enfants abandonneront
leurs parents parce qu’ils seront incapables d'en assurer la subsistance. Rappelez-vous
l’histoire du Petit Poucet. Cette fois, ce ne seront plus les parents qui, le coeur brisé, épuisés
par une effroyable période de disette, refusant de voir leurs enfants mourir de faim, prendront
la terrible et déchirante décision de les abandonner dans la forêt. Non, ce seront les enfants
devenus grands, qui ne pouvant plus faire face à la charge d’entretenir leurs parents, n’auront
d’autre solution que de les emmener à leur tour couper du bois en forêt. Après avoir pris soin
de fouiller méticuleusement leurs poches, non dans l’espoir d’y trouver un hypothétique
magot, mais simplement pour s’assurer que pas le moindre petit caillou blanc ne s'y trouve.
Quant aux miettes de leur dernier quignon de pain, les oiseaux les mangeront.