Le Briefing de Bruxelles sur le développement n. 55 sur " Les opportunités offertes par la blockchain dans l’agriculture " organisé par le CTA, la Commission européenne / EuropeAid, le secrétariat ACP, Concord et le BMZ s’est tenu le 15 mai 2019 (9h00-13h00) au Secrétariat ACP, 451 Avenue Georges Henri, 1200 Bruxelles, Salle C.
2. SECTEUR AGRICOLE OUGANDAIS : CONTEXTE
L'agriculture est fondamentale pour l'économie ougandaise :
elle contribue au PIB à concurrence de 26 % et emploie
environ 70 % de la population (Deloitte, 2017). Malgré ce
formidable potentiel, le développement du secteur agricole
ougandais se heurte toujours à de nombreux défis.
L’agriculture y est encore largement traditionnelle, relève de
l’économie de subsistance et dépend beaucoup des
conditions naturelles, comme les précipitations et
l'ensoleillement.
3. SITUATION ACTUELLE
Appliquée à la commercialisation, au regroupement de
la production et à l’agribusiness, la technologie de la
blockchain offre aujourd’hui la possibilité de transformer
l’agriculture. Elle peut améliorer l’efficacité des activités
tout au long de la chaîne de valeur - de la production à
la transformation, à la logistique et au stockage;
accroître l’accès au financement et améliorer la prise de
décision, en facilitant l’accès aux informations sur les
marchés.
4. LA BLOCKCHAIN EN OUGANDA
Le secteur de la blockchain est en plein essor en Ouganda.
Aux quatre coins du pays, des bulles d’innovation blockchain se
multiplient dans les hubs d’innovation, emmenées par la volonté des
secteurs public et privé d’utiliser de nouveaux systèmes
d’enregistrement reposant sur la confiance.
L'utilisation des technologies de la blockchain devrait au minimum
doubler la production. Le revenu par habitant augmenterait,
rapprochant ainsi l’Ouganda du statut de pays à revenu
intermédiaire.
5. LA BLOCKCHAIN DANS L'AGRICULTURE
La technologie de la blockchain est une solution idéale de traçabilité des produits.
Elle permet de « tracer », avec un niveau élevé de confiance, l’origine, les conditions
de stockage et la date de péremption des produits.
Des start-ups tels que Avenews-GT, un écosystème décentralisé de négociation
agricole, proposent une plateforme commerciale numérique utilisant la technologie
de la blockchain. Ces plateformes mettent en contact grossistes et producteurs
alimentaires, sans l’intervention de tiers ou d’intermédiaires. L’avantage ? Une
réduction des coûts de distribution, une sécurité financière accrue et une
transparente totale de la chaîne de valeur.
FaceCoin, un réseau social fondé sur la blockchain, propose une plateforme de
contrats à terme intelligents qui aide les agriculteurs et les personnes non
bancarisées du continent via l’émission et l’échange de titres financiers numériques
(« tokens »). Le Food Asset Coin Eco-System, ainsi que son nom l’indique, permet
aux investisseurs d'émettre des tokens que les agriculteurs africains peuvent utiliser
pour acheter des engrais.
6. LA BLOCKCHAIN DANS L'AGRICULTURE
La société ougandaise Carico Café Connoisseur a commencé à
utiliser la blockchain pour la certification de ses livraisons de
café. L’objectif est de répondre aux exigences des
consommateurs qui veulent en savoir toujours plus sur l’origine
des produits qu’ils achètent.
Carico Café Connoisseur contribue ainsi à améliorer les revenus
des agriculteurs. En effet, les consommateurs sont
généralement prêts à payer plus cher pour des produits
traçables depuis leur origine.
Principaux avantages : transparence, inviolabilité et suivi des
produits aisé tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
7. LA BLOCKCHAIN DANS L'AGRICULTURE
Dernier projet en date, le projet révolutionnaire de Block
Commodities (NEX : BLCC), une société londonienne cotée
en bourse. Son écosystème de blockchain vise à aider les
petits agriculteurs à avoir accès au financement agricole.
8. PARTENARIAT AVEC PURE GROW AFRICA
Block Commodities travaille en partenariat avec Pure Grow
Africa, un des tout grands fournisseurs ougandais de
produits agricoles de haute qualité (haricots secs).
Ensemble, les deux entreprises œuvrent au
développement d’un écosystème fondé sur la blockchain,
un projet clé au service de sa mission : aider l’Afrique à
assurer son propre développement.
9. Ce projet a pour bénéficiaires 1000 petits exploitants qui ont
été sélectionnés par Pure Grow pour participer à
l’écosystème de Block Commodity. Ceux-ci recevront un
prêt libellé en crypto-monnaie qui leur permettra d’acheter
des engrais. Ils ne devront commencer à le rembourser
qu’après la récolte.
L'accès aux engrais et aux semences pourrait aider les petits
exploitants à multiplier par deux leurs revenus. On peut ainsi
espérer à terme une augmentation du revenu par habitant.
10. BLOCKCHAIN ET POLITIQUE
L’année dernière, le pays a organisé différentes
conférences sur la blockchain. Diverses associations et
communautés blockchain y ont participé. Ces événements
ont bénéficié d’un réel soutien du gouvernement.
11. Lors de la conférence Blockchain Africa 2018,
l’Ouganda a manifesté son intérêt pour la
technologie de la blockchain et a montré qu’elle
était prête à la promouvoir. Lors de cet événement,
le président et le ministre des technologies
ougandais se sont également engagés à trouver des
ressources pour exploiter cette technologie.
12. Malgré l’absence de réglementation, les régulateurs
ougandais autorisent la plupart des chaînes de bloc
et des crypto-monnaies. Ce n’est pas le cas dans la
plupart des pays du continent.
13. Le gouvernement ougandais s’est lancé dans un processus
d’élaboration de grandes orientations de politique afin
d’encourager les secteurs à utiliser la blockchain.
A l’initiative du ministre des TIC, le gouvernement ougandais a
décidé de mettre en place un « Groupe de travail national sur la
blockchain ». Ce groupe préparera une stratégie visant à
rationaliser l’utilisation de la blockchain.
Une fois cette stratégie élaborée, une loi devrait être promulguée
afin de renforcer le cadre politique.
14. Le gouvernement est également en train d’introduire des
mécanismes fiscaux et des mesures incitatives afin
d’encourager le secteur privé à investir dans la blockchain.
De nouvelles possibilités de partenariats public-privé
pourraient ainsi voir le jour.
15. Le gouvernement mise également sur l’éducation et les
possibilités de formation pour mobiliser la main-d'œuvre
nécessaire. Il encourage également les investissements
dans les nouvelles start-up afin de soutenir leur
développement. L’idée est qu’elles puissent ainsi stimuler
l’économie du pays.
16. L’ÉCOSYSTÊME DE LA BLOCKCHAIN AU SERVICE DE L’AGRICULTURE
Enregistrement des titres fonciers sur la blockchain
Blockchain pour le financement
17. L'AVENIR DE LA BLOCKCHAIN DANS L'AGRICULTURE
L'avenir de la blockchain s’annonce plutôt prometteur.
Pour que l'Ouganda puisse exploiter pleinement les
possibilités offertes par la blockchain, il doit soutenir
l’écosystème de la blockchain dans son ensemble et
promouvoir la collaboration au sein de celui-ci, ce qui inclut
(liste non-exhaustive) : la mobilisation de capitaux
d’investissement, la collaboration multiacteurs au niveau
national et à l’échelle du continent, le développement de
normes réglementaires et de codes de conduite, la promotion
et la formation de talents, le soutien aux incubateurs, aux hubs
d’innovation, aux établissements d’enseignement, etc.