1. Ordre de grandeur #2
L’eau dans le monde – 1ère partie
Christophe Mangeant (Twitter : @christopheMange)
Novembre 2013
En près de 50 ans, la pression démographique a conduit au triplement des prélèvements en
eau douce dans le monde. Chaque année, la population qui croit d’environ 70 millions de
personnes fait augmenter la demande en eau de 70 milliards de m3 (il faut environ 1000m3
d’eau par habitant et par an). A titre de comparaison, le débit annuel de la Seine à Paris est de
10 milliards de m3. Il faudrait donc en théorie, chaque année sur Terre, ajouter 7 fleuves
parisiens pour juste répondre à l’augmentation de la demande en eau.
L’agriculture représente plus de 70% de la consommation d’eau douce mondiale, loin devant
l’industrie (20%) et les besoins domestiques (10%). Certains facteurs agricoles particuliers
aggravent la situation : la production de biocarburants nécessite entre 1000 et 4000 litres
d’eau pour produire un seul litre de biocarburant.
D’après les Nations-Unies, si rien n’est fait, les besoins en eau devraient doubler d’ici 2050.
Ceci est illusoire : un certain nombre de pays atteignent déjà les limites de leurs ressources en
eau. Par exemple, au Qatar, la disponibilité de l’eau potable municipale est assurée à 99% par
le dessalement d’eau de mer mais l’agriculture est presqu’entièrement tributaire de l’irrigation
de pompage des eaux souterraines… qui seront épuisées d’ici 20 à 30 ans.
Le changement climatique constitue bien sûr le second élément préoccupant de cette
équation : les effets sur l’approvisionnement en eau seront majeurs et probablement
déstabilisants pour beaucoup de pays.
Enfin, selon les Nations-Unis, plus de la moitié de la population mondiale n’aura pas accès à
un système décent d’assainissement d’eau en 2030.
A suivre dans l’actualité :
Alors que l’Egypte consomme à elle seule les 2/3 du débit du Nil et qu’avec le Soudan
voisin, 75% des eaux du fleuve sont « réservées », cette hydro-hégémonie historique est
désormais contestée. Des pays en amont sur le Nil (Ethiopie, Kenya, Ouganda, Burundi,
Rwanda et Tanzanie) ont signé en 2010 un Traité qui remet en question les attributions de
ceux imposés plus que signés en 1929 et 1959. Les projets de barrages hydroélectriques
éthiopiens révèlent les tensions possibles liées à l’eau : l’Ethiopie assure en effet l’essentiel
du débit du Nil.
Source : DIPLOMATIE - Les Grands Dossiers N°15 – juin-juillet 2013