La gestion des établissement de soins est soumise à l'obligation d'efficience, a quel point cette tendance est-elle compatible avec des pratiques ethiques? La voie à suivre peut être trouvée dans la neurobiologie interpersonnelle.
Culture d’entreprise : De l’Immatériel au Stratégique par Fethi FERHANE
L'ethique soluble dans l'efficience
1. L’éthique est-elle
soluble dans
l’efficience?
De Dieu, de la culture
et des neurones.
Christophe Crévieaux
www.sienne.be
2. Maisons de repos
• Evolution :
– le temps de l’humanisation des hospices,
– le temps de la médicalisation,
– Le temps de la maîtrise du modèle économique ;
3. Le temps de la maîtrise du modèle
économique
– Réforme du financement dans une période de
décroissance (diminution des ressources).
– Augmentation du poids des normes
(technostructure)
– Standardisation des procédés ; risque de
déshumanisation du soin.
– Modèle de gestion économique technocrate >
projet de vie pour des résidants de plus en plus
dépendants, de moins en moins libres de choix.
– Appel à l’éthique.
5. MORALE, ÉTHIQUE, DÉONTOLOGIE ?
• la morale : l’ensemble des règles de conduite
socialement considérées comme bonnes ;
• l’éthique : l’ensemble des principes qui sont à
la base de la conduite de chacun.
• la déontologie : l’ensemble des règles de
bonne conduite dont une profession se dote
pour régir son fonctionnement au regard de sa
mission.
6. • L’éthique est plus théorique que la morale ; elle se veut
davantage tournée vers une réflexion sur les
fondements de la morale.
• La mission assignée aux divers Comités d’éthique : être
une interrogation, un questionnement des pratiques
par rapport à des valeurs.
• Les valeurs sont toujours relatives.
– C’est moi qui attache de la valeur à ceci ou à cela.
– Obtenir un consensus.
• Est bien, ce que tout le monde, après débat, estime aujourd’hui
bien.
7. Exemple
• Etique : questionne les pratiques relatives aux
valeurs.
– Le respect de la propriété d’autrui.
• Morale : fonde les règles de vie en société.
– Tu ne voleras point.
• Cadre spatio-temporel défini.
– Peuplades primitives : propriété n’existe pas.
8. • La morale :
– ensemble de règles propres à une culture ;
– s’impose à l’individu de l’extérieur, même si elle
est ensuite intériorisée :
• tu ne voleras pas le bien d’autrui, tu ne mentiras pas.
Ces règles varient d’une culture à l’autre.
• La ruse était une valeur chez les grecs anciens, elle est
inacceptée dans d’autres cultures.
9. Pourquoi avoir besoin d’éthique dans la
mise en œuvre d’un service à vocation
sociale ?
• L’évolution de l’environnement
• L’incertitude
• L’individualisme
• La crainte de responsabilités accrues
10. L’évolution de l’environnement
• Notamment avec l’évolution de la technologie
– Accès à l’information
• Autodiagnostic de santé sur Google.
• Le « gangnam style » de la residence XX sur youtube.
– Evolution des sciences de la vie et de ce qui la
soutient.
• Augmentation importante de l’espérance de vie.
• Pour quelle vieillesse?
11. L’incertitude
• L’incertitude entre autres des repères sociaux
:
• Le mariage pour tous ?
– Il y a 20 ans ?
– Aujourd’hui ?
– Il y a 2000 ans?
12. • Impossible de considérer l’éthique comme
universelle et éternelle.
• Correspond à une façon d’aborder les questions
posées par une société à un moment de son
histoire et au vu de l’état de ses connaissances.
• Influence du religieux :
– Pensée judéo-chrétienne influence la société même
les laïcs, athées ou agnostiques.
– La question de la vie (IVG / euthanasie)
13. Montée de l’individualisme
• Individualisation des rapports sociaux
– Individu > communauté
• Evolution de la valeur travail.
– Nettement moins centralisée.
– Embêtant pour un secteur qui s’est développé sur
le don de soi.
14. Crainte de la responsabilité
• Être responsable, étymologiquement, c’est
être en capacité de répondre de ses actes.
• Le travailleur social a-t-il des comptes à rendre
? Oui mais depuis peu… comme tout citoyen
et comme tout salarié.
• idée récente que ceux qui se vouent ou se
dévouent pour l’intérêt général aient des
comptes à rendre.
15. Points clefs
• L’éthique comme garde-fou
• Les comportements ; la relation
• Les valeurs Les règles
18. Management des performances
• Ensemble de réflexions développées en
réaction à l’évolution d’un environnement
socioéconomique marqué par une
compétitivité accrue.
• Dans cet environnement, incertitude et
évolution sont liés. La vitesse de l’évolution
crée l’incertitude de demain.
19. Ensemble de pratiques de
management
• Vision à 5 ans
• Déploiement stratégique mesuré par des
scorecards ;
• Management par objectifs ;
• Management de la qualité totale ;
20. • Leadership transformationnel ;
• Ressources humaines à la base de la création de
valeur ajoutée.
– Gestion du personnel Gestion des ressources
humaines Gestion du capital humain Gestion
des talents
– Individualisation des rapports au travail :
• Gestion individualisée
– Compétences
– Parcours de carrière
– Salaire
21. Dogme de la performance
• Ce qui se conçoit volontiers dans un secteur
est applicable à tous.
– Industrie Services Publics Soins
• De New-York à Paris en passant par El jadidah.
22. Origine du dogme
• La notion de performances, balanced scorecard, les
théories du leadership… L’essentiel du management
contemporain… prennent tous naissance aux Etats-Unis et
sont exportés comme outils clefs de réussite dans un
monde fortement marqué par un degré élevé d’incertitude.
– Performances BSC Résultats Survie.
• Explication :
– Les USA ont plus les moyens de financer de la recherche sur ces
sujets.
• « recherche opérationnelle »
– Ils vendent le produit de leur recherche.
• « Qui veut acheter une méthode pour développer un BSC ? » ; savoirs
VS dollars.
23. • Le degré d’incertitude actuel développe chez les
managers et dirigeants de tout bord des
comportements de type « clonage ».
• « Je ne sais pas ce qu’il faut faire, je copie sur l’autre…comme dans
les cas de restructurations ».
• Ces modèles et outils sont enseignés dans les écoles de
business comme seules alternatives possibles et sont
porteurs d’un argument d’autorité «
marqué HBS, BCG,… ».
– Ils ont une légitimité parce que scientifiquement étudiés.
• Ils sont dogmatiques dans la mesure où ils se
présentent comme seule voie à suivre.
24. • Ces outils ne sont pas neutres, ils naissent
dans un contexte qui, forcément, est
culturellement marqué.
• Un contexte et une culture qui ne sont pas les
nôtres.
25. Identité culturelle de la performance
• A l’arrivée des premiers pionniers, la pleine déserte où se
baladaient indiens et bisons nécessitait :
•
– Une capacité à voir loin (principe de vision, fondement du
management stratégique).
• Une histoire jeune…pousse à la fuite en avant, peu de recul.
– Une propension à prendre des risques (esprit d’entreprise).
– La foi comme garante de la bonne destinée.
– Les principes religieux parmi lesquels on retrouve l’ascétisme
protestant (Ethique protestante et essor du capitalisme de Max
Weber). (travailler beaucoup, gagner beaucoup et se réaliser
dans l’au-delà…notion de sacrifice). Chacun est porteur des clefs
de son salut.
26. – Les principes religieux largement partagés aux
USA, soudent la société malgré un attachement à
l’effort individuel comme source de réussite, de
réalisation personnelle.
• Principe de religion civile (Rousseau). Malgré
la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le
Président obama invoque Dieu dans son
discours.
• La foi comme garante de la solidarité propose le
culte du héros.
27.
28. Effets…pervers
• Inadaptation culturelle.
• Source principale de mal-être au travail.
– > responsabilisation par rapport à des résultats que l’on ne peut
prévoir.
– > compétences faillibles, stress,…burn out
• Américanisme vs modèle allemand.
• Se repend jusque dans les écoles.
– Programmes pédagogiques orientés vers la compétence
– Corrélation avec l’augmentation de la prise de rilatine.
• Chiffre du jour : 5000 jeunes en Belgique, + 33% en 5 ans.
29. Résumé
• Ethique :
– Principes à la base du comportement
– ? Les valeurs
• La mise en relation d’individus produisent une
culture.
– L’adéquation aux valeurs est de l’ordre de la
morale.
30. 4 questions : 4 réponses
Ethique Efficience
• Incertitude • Incertitude
• Evolution/innovations • Innovation
• Individualisme • Individualisme
• Responsabilité • Responsabilité
Attention : Ethique et culture ?
Réponse concrètement données en termes de
management sont peu adaptées.
32. Quel type de management
développer pour amener le collectif
de la maison de repos à développer
des comportements à la fois
éthiques et respectueux de
l’équilibre financier?
34. Et de la manière de les activer.
Comportement :
• Personnalité, compétences, expérience, …
• Étudié par : sociologie, psychologie,
psychanalyse, anthropologie, …
• Paradigme de ce soir : Neurobiologie
interpersonnelle
37. 1. Cerveau
• Organe électrochimique : génère un système
de flux énergétiques.
• Composé de cellules, synapses, neurones et
dont la forme est développée par
l’environnement et les expériences qu’on y
mène.
• ex: de la neige pour un habitant de Rio, du
soleil pour un belge.
38. Le cerveau en chiffre
• 1KG500
• Le cerveau humain est constitué
d'environ 100 milliards de
neurones capables d'établir chacun
jusqu'à 10.000 connexions.
• Le nombre de connexions
potentielles est donc
astronomique : 1 million de
milliards.
39. 2. Relation
• Connexion entre deux éléments, à partir de
laquelle il est envisageable de développer des
interactions (systèmes vivants).
40. • Interactions : échanges
– Échanges de flux d’énergies porteurs
d’informations.
• par exemple: des idées
– Une information : représentable à partir d’un mot
: concept
– Un concept : associé à une image cérébrale.
– La signification de l’image dépend de l’expérience
du sujet et qui lui attribue un sens
41. Esprit : mind : psyché
• Dan Siegel :
• Esprit est un processus régulateur :
- Contrôle l’attention, la concentration.
- Le suivi de l’évolution d’une information
- Module (fait varier, adapte) les flux d’énergie et
d’informations.
42. • Contrôle et modulation aboutisse à l’intégration :
• Le fait d’établir des liens entre différentes parties
d’un système.
• Les éléments se parlent, sont en
interdépendance, se combinent.
43. • La manière de concentrer son esprit peut
changer la structure du cerveau
• Temps nécessaire pour qu’une modification physique de
la structure du cerveau puisse être observée : 6 à 8
semaines.
Esprit
L’esprit peut changer le cerveau
La relation forme le cerveau
Relation Cerveau
La relation est codée sur une base culturelle
44. Comment parvenir à influencer
l’esprit pour développer des liens
neuronaux favorables à la relation ?
45. 4. Quel développement?
• L’expérience menée à travers les relations
structure le cerveau (CPF).
• Grâce au principe de pleine
conscience, « Mindful awareness » : se
concentrer de manière attentionnée
- constitue la base du développement cérébral
- permet le développement des fibres qui sont
soit intégratives (relie les différentes parts du
cerveau), soit régulatrices.
49. Neurones-miroirs
• Celui qui a découvert cette catégorie des
neurones est le professeur Giacomo
Rizzolati, à l’Université de Parme, en 1992.
• Nous avons de multiples ensembles de
neurones-miroirs et les neurosciences en
découvrent toujours de nouveaux.
• Sentiments, idées, comportements y sont
reflétés.
50. • « Giacomo Rizzolatti (en photo), a voulu
voir ce qui se passait dans les cerveaux
de 2 personnes en interaction...
• Et là, il a fait une extraordinaire
découverte. Certains neurones qui
s'activent si on fait une action vont aussi
s'activer si on regarde quelqu'un d'autre
faire la même action. Plus
largement, lorsque une personne
vit, ressent ou fait quelque chose et
qu'une autre personne l'observe, les
neurones qui s'activent chez la première
personne vont aussi s'activer chez la
seconde, comme un miroir.
51. • Ainsi, en voyant une personne souffrir, nous ressentons
aussi sa souffrance par les neurones miroirs.
• Nous cherchons alors à aider l'autre, et ainsi à mettre
fin à notre propre souffrance.
• Mais si la souffrance induite par les neurones miroirs
est trop fréquente (par exemple si nous regardons trop
de films violents à la TV, ou si nous nous gavons de
journaux télévisés), notre cerveau va tendre à inhiber
les neurones-miroirs, ce qui à la longue peut nous
enlever cette faculté d'empathie ».
52. • Par conséquent, nous pouvons dire que par nos sentiments,
et nos intentions qui se reflètent dans le cerveau des autres,
nous provoquons le même état, les mêmes sentiments,
intentions, idées.
• Nous les influençons directement.
• Nous sommes inconsciemment ou consciemment des
pédagogues par rapport aux autres.
54. L’évolution culturelle forme le cerveau
et non l’inverse.
• La culture – porteuse de valeur - :
• Organisation des relations à l’autre permet le
développement de la zone cérébrale qui
intègre :
• le « moi - Insight»,
• le « toi - empathie »,
• le « nous - communauté ».
55. • Insight Je suis plus qu’un « moi ».
• + Empathie Je peux être connecté avec « toi »
• + Ethique Je fais partie d’un nous.
• Les liens « communautaires» se trouvent dans
le cortex préfrontal.
56. • A- Depuis, la petite enfance un des exercices préférés
du cerveau est d’anticiper des séquences d’actions
(cerveau projectif) ;
• B- Identifier le plan d’intention émis par les autres :
base de la communauté.
• C- Imiter les comportements : partage de modèles de
comportements.
• D- Simuler les états internes : quand deux personnes
sont connectées, elles partagent des
comportements, imitatifs de modèles de
comportements, qui font résonner les états internes.
59. Sagesse
• 1 – Réintégrer l’efficience dans un cadre
culturel propre au contexte de la maison en
interaction avec son environnement.
• 2 - Questionner et dialoguer autour de
l’efficience et des comportements
professionnels respectueux des valeurs.
c’est développer le sens éthique et moral.
• 3- Partager en Faisant résonner et raisonner
l’individu dans la dimension communautaire.
60. Faire résonner l’individu?
• Importance : Développer la dimension
communautaire : le NOUS.
- Créer des séquences rituelles qui rappellent le
nous, qui permettent d’établir les connexions ;
- Rappeler l’intention commune ;
- Développer les modèles de comportements au travers
d’accords interpersonnels, des interactions.
- Faire vibrer les états internes.