1. Lire en Vendée
Revue de la Société des écrivains de Vendée
à noter n° 19 / Juin-Novembre 2009
SaLon
mer
du LiVre de sommaire
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du 12 au 14 ju 2 éditorial
4 un trio de poètes fontenaisiens
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du LiVre Ven
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au refuge d
5 Les salons, montaigu,
illet
les 18 et 19 ju
Saint-gervais, Québec
11 La Bibliothèque départementale
de la Vendée
13 nos sélections
23 autres parutions
25 Les écrivains de la mer
26 La page offset’5
28 au théâtre
ez-vous
abonn r 5 €
pou
2. éditorial
N’attendez pas Je laisse la plume au président du jury du prix Cha-
que les poètes rette. Yves Viollier a écrit :
soient morts Le Refuge du livre, les 18 et 19 juillet 2009
pour les lire !
« Au cœur de l’été, au cœur du bocage vendéen,
Vous ! Oui ! Vous ! au cœur de la forêt domaniale de Grasla, au cœur du
Ne vous cachez pas, refuge de Grasla, va battre le cœur de la création litté-
vous êtes bien en train raire vendéenne.
Port de plaisance de Noirmoutier de lire cette revue ; C’est déjà la troisième édition du salon du livre
vous l’avez trouvée je vendéen dans le cadre historique et merveilleux de la
ne sais où à traîner. Vous ! Ne vous cachez pas ! Vous forêt de Grasla. Les succès des deux premières mani-
n’êtes pas en face de Jean-Marie Bigard, on ne va pas festations ont encouragé l’équipe de l’association du
vous demander de monter sur scène. Vous êtes peut- Refuge de Grasla, rassemblée autour d’Anne Derocq
être écrivain, écrivain de Vendée, cela nous ferait plai- et Wilfrid Montassier, à renouveler la fête et à l’ampli-
sir qu’alors vous la lisiez ; après tout, c’est votre revue. fier.
Vous n’êtes pas écrivain mais, tout simplement, vous Bien sûr, tous les livres qui, par leur auteur, par leur
aimez lire ! sujet ou par leur éditeur, ont un lien avec la Vendée
Privilégié, allez ! Vous, le temps, vous l’avez, vous seront présentés. Les lecteurs pourront venir rencon-
le prenez. Bravo ! trer leurs auteurs sous les arbres, dans un cadre favo-
Vous êtes en juin, nous, nous sommes en avril-mai. rable aux échanges et à la convivialité. L’an dernier,
Léger décalage, mais en avril et en mai, un certain au plein cœur de l’été, les cent cinquante bénévoles
nombre d’entre nous, il faisait pourtant très beau, ont de Grasla ont accueilli quatre mille visiteurs venus à
voulu préparer cette revue pour qu’elle paraisse spécia- la rencontre de plus de soixante auteurs présents. Et
lement à l’occasion du salon de Noirmoutier. le Refuge du Livre s’est affirmé comme la fête du livre
Noirmoutier ! Un salon qui monte. à l’abordage ! vendéen, un rendez-vous littéraire fréquenté à la fois
Excusez-moi, je lis, avec retard, Lady pirate de Mireille par les Vendéens et les touristes présents en Vendée
Calmel. Au passage, cela déménage ! S’il y avait plus pendant l’été.
de Ladies Pirate à Noirmoutier, tous les sloops de Sa Et puis, comme l’habitude en a (déjà) été prise l’an
Majesté et de la Royale y débarqueraient à ce salon ! dernier avec le Québec, le Refuge invite à se joindre à
Cette année, ce sera vraiment dans les embruns. la fête une délégation venue d’un territoire d’expres-
Nous le disions dans notre précédent numéro ; un sion française. Cette année, c’est la Bourgogne qui
salon de la mer, c’est forcément avec beaucoup d’iode, est à l’honneur. Le Club des écrivains de Bourgogne,
avec des algues, du sable, du vent, des mouettes et le présidé par Bernard Lecomte, viendra en force avec
grand large ! ses auteurs et une pléiade d’éditeurs et des conteurs
Comme un albatros, dirait notre ami Xavier bourguignons qui animeront les deux jours.
Armange, des éditions d’Orbestier ; ne jouons pas la C’est pourquoi Claudine Vincenot (Henri Vince-
fille de l’air avec l’océan qui nous borde toute l’année. not, La vie toute crue, éditions Anne Carrière), oui, elle
Nous irons donc à Noirmoutier, en juin, et nous veille- est la fille d’Henri Vincenot, l’auteur entre autres de
rons à ce que les vagues sur les brisants n’éclaboussent La Billebaude, sera la présidente d’honneur de la mani-
pas trop nos ouvrages. Cette année de Vendée Globe, festation. à travers elle, c’est un hommage à toute la
le thème sera « Les aventuriers de la mer ». Christophe création littéraire à partir des provinces françaises qui
Miraucourt y sera aussi pour présenter Fille de pirate et sera rendu.
Une Pirate dans l’île. Le troisième prix Charette sera remis le samedi
Ce troisième salon du livre de mer se déroulera donc matin à l’issue de l’inauguration. Cinq auteurs sont
à Noirmoutier-en-l’île, du 12 au 14 juin 2009, avec le sélectionnés. Ce sont, par ordre alphabétique : Jean
soutien de la Marine nationale, sous le parrainage de Billaud, Yves Bulteau, René Charrier, Pierre Combes-
l’amiral Chantal Desbordes, premier officier féminin cot, Pierre Péan. La fête du Refuge du Livre sera belle
de la Marine française et sous la présidence de Pierre sous les arbres de la forêt. La forêt de Grasla. Peut-on
Schoendoerffer (La 317e section, Le Crabe-tambour). imaginer refuge plus extraordinaire pour un salon du
livre vendéen ? La forêt, les livres. Les livres viennent
Noirmoutier, d’accord, c’est noté, ensuite, Grasla. de la forêt. Les livres retournent aux arbres et aux
Là, c’est le village des irréductibles, là où il fait tou- feuilles… »
jours beau, là où vous nous retrouverez encore, parce Merci ! Yves, dirait Jean-Marie, merci pour ce que
que Grasla, comme déjà Saint-Gervais, c’est le salon tu fais avec Wilfrid, Anne, Caroline et les autres, sur-
des auteurs vendéens. tout les clarisses, pour que les élégantes carrioles des
2 Lire en Vendée en Vendée - Juin 2008
Lire - Juin/novembre 2009
3. bénévoles brouziliens nous charrient des lecteurs ; ils tout de même suffisam-
nous charrieront ensuite dans les stands montés par la ment sérieux pour que
maison Piveteau. Jean-Pierre Siméon,
Grasla, un autre salon pour nous retrouver ! poète et dramaturge,
directeur national du
Québec, vous n’y étiez pas, nous y sommes allés Printemps des Poètes,
pour vous et nous en parlerons un peu plus loin. soit arrivé à temps pour trinquer avec Louis.
Montaigu, Saint-Gervais, nous vous y avons aussi Nous avions déjà chaussé notre dé il y a peu dans
vu ; vous étiez déjà comblé mais pas assez pour ne cette revue, mais il convient de saluer un départ regretté
pas reprendre le chemin des lecteurs et retrouver vos en le transformant en une intronisation dans le cercle
auteurs préférés. des écrivains de Vendée. Un peu de poésie, d’humour,
Sinon, les écrivains de Vendée semblent supporter d’esprit et quelques coups de gueules, cela n’effraiera
leur nouvelle équipe depuis un an déjà. Les mêmes, en personne. Trente-quatre années d’exercice, un catalo-
fait, et on recommence. gue de quatre cent trente titres de poésie contempo-
Michel souhaite, avec d’autres, déjeuner aux Sables raine. Une pléiade d’auteurs dont la moitié doivent
cet été. Nous déjeunerons. Pierre souhaite que nous au Dé Bleu leur première publication ; Louis est un
réhabilitions les nouvelles, nous les réhabiliterons. découvreur de talents. Il a tenu bon avec des succès,
Annie souhaite que nous ne dilapidions pas nos numé- des marques de reconnaissance, des prix. Il tient tou-
raires, nous thésauriserons. Gilles voudrait que nous jours ; il a choisi ses héritiers et transmet à d’autres son
respections les règles, nous essaierons. D’autres vou- catalogue et son savoir-faire.
draient d’autres choses encore, qu’ils nous le disent, Louis continuera à faire autorité, écoutez bien son
nous y réfléchirons. message : N’attendez pas que les poètes soient morts
Comme le disait il y a un an un autre Michel, c’est pour les lire !
un satisfecit autoproclamé. Nous souhaitons égale- La rédaction
ment un super prix des écrivains comme l’an dernier.
Les prétendants se bousculent. 2009 sera encore une
grande année !
Nouveauté ! Abonnez-vous si vous ne l’êtes pas déjà
comme écrivain, cela se limitera aux frais de poste. Fai-
tes-nous également part des livres vendéens que vous
avez aimés. Nous élargissons notre équipe et nos pages
sont ouvertes à toutes les bonnes volontés !
Un petit mot enfin sur le Dé bleu et sur le prince
des gueux, j’ai nommé Louis Dubost, le p’tit Louis, le
p’tit prince qui dit au revoir à son à renard à la fin de
l’année.
P’tit Louis, c’est une sacrée pièce, vous ne pouvez
pas le louper si vous fréquentez les salons, et quand
il tire sa révérence, La Roche-sur-Yon et la Vendée se
mettent en quatre pour fêter l’événement. Ci-dessus, Jean-Pierre Siméon au micro et Louis Dubos
C’était à l’occasion du printemps des poètes les 6 L’inauguration au Manège
et 7 mars derniers. Les étudiants en Métiers du livre
de l’IUT de La Roche-sur-Yon (université de Nan-
tes) avaient organisé une fête, la fête des éditeurs de
création, dédiée au Dé bleu. Neuf éditeurs avaient fait
le voyage, Cadex, Cheyne, Contre-allées, Deleatur,
écho optique, La Yaourtière, Le Dernier télégramme,
Soc & Foc. Cela se passait à Chaillé-sous-les-Ormeaux
et à La Roche-sur-Yon, au Manège et à la médiathèque
Benjamin-Rabier.
Le Grand R, scène nationale, programmait en effet
lui aussi le Dé Bleu dans son « Week-end à réaction ».
L’ambiance était celle d’un campus, avec de la musique
et toutes sortes d’animations bon enfant mais c’était
Lire en Vendée - Juin 2008
Juin/novembre 2009 3
4. Mémoire
un trio de poètes fontenaisiens
La chose est assez rare pour être soulignée. Une famille fontenaisienne, aux xvie et xviie siècles,
a donné trois poètes-juristes. C’est la famille Collardeau. Le grand père, le père et le fils,
tous les trois prénommés Julien, s’illustrèrent tant dans la vie politique fontenaisienne
que dans l’art poétique.
Le premier de la lignée est né à Fontenay-le-Comte La Rochefoucauld, dont le père était gouverneur de
en 1570. Il fit des études brillantes de droit à Poitiers. Fontenay-le-Comte. Influencées par son élève, certai-
Diplômé, il devint greffier en sa ville natale puis pro- nes des maximes de Julien II Collardeau sont aussi à
cureur du roi à l’âge de vingt ans. Homme brillant remarquer, comme par exemple : « Si nous n’avions
et cultivé, tant en lettres qu’en sciences, il fréquenta pas de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à
tous les lettrés de la capitale du bas-Poitou : Tiraqueau, en remarquer dans les autres. »
Viète, Brisson, Rapin, Besly. Après avoir été élu maire
en 1608, puis en 1615 et encore en 1621, il occupa Son fils Julien III, né en 1596, suivit les traces de
ses fonctions publiques pendant trente années, et se son père et de son grand-père. Il portait le titre de sieur
consacra à l’écriture en traduisant et commentant, en de la Mongie. Il fit son droit à Poitiers, ce qui lui permit
1634, un traité de droit romain : Les commentaires des de prendre leur suite comme procureur du roi à Fonte-
antinomies de droit romain (citons également Le Traité nay ; il en fut aussi maire en 1625 et en1641. C’était
de la patience de Tertullien, mentionné dans le diction- au temps des dragonnades, luttes violentes contre les
naire Beauchet-Filleau). protestants. On lui doit un rapport d’exécution de la
commission de démolir les temples protestants. Il écri-
Il le dédia au cardinal-ministre Richelieu. Celui- vit un poème de vers français titré : Tableau des victoi-
ci lui répondit dans une lettre pleine d’éloge, où on res du roi Louis XIII. Ce fut un fin lettré, un bon poète
peut lire cette phrase : « Il (l’ouvrage) est digne de et un juriste compétent.
son auteur, et tel que je m’assure qu’il lui acquerra de
l’honneur parmi les savants, et profitera à tous ceux Les neveux de Julien IV assurèrent la succession
qui le liront.» Il devint prêtre à la fin de sa vie, disent dans les charges publiques mais n’eurent point la veine
les généalogistes. Il meurt à Fontenay en 1650. littéraire.
Son fils Julien II Collardeau, seigneur de la Pinau- Pour mieux connaître ces juristes poètes, il faut
dière, est né en 1600. Il fit aussi des études de droit, s’adresser à la bibliothèque municipale de Fontenay,
et, après s’être d’abord fixé à Paris, prit la succession de qui possède certains volumes de Julien Collardeau. Je
son père comme procureur du roi à Fontenay. L’écri- remercie le bibliothécaire, section adultes, qui m’a aidé
ture fut pour lui une passion ; dès l’âge de dix-neuf dans mes recherches. Qu’il me soit permis de révéler
ans il publiait un ouvrage satirique contre la pratique que ma famille est liée aux Collardeau sans doute à
de la danse et des mascarades. L’ouvrage était dédi- Julien II ; celui-ci fut le parrain d’un de mes grands
cacé à l’intendant de Poitiers. La jeunesse de l’auteur oncles, il est vrai à la quatorzième génération.
et la valeur de son jugement furent remarquées. Un Une lignée de trois juristes qui furent des poètes,
contemporain écrivit : « Tant de sciences, tant d’érudi- méritait qu’on rappelle son souvenir. Pourquoi la
tion, un jugement si net, si formé, à l’âge où vous êtes, municipalité ne rééditerait-elle pas un ancien texte de
cela ne se conçoit pas. C’est un vrai miracle ! » Collardeau, avec une introduction d’un spécialiste des
lettres du xvie siècle ?
Maire de Fontenay en 1625 et une seconde fois en
1641, il fut le précepteur de l’auteur des Maximes de Guy Perraudeau
4 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
5. Salons
Le printemps du livre de montaigu
Affluence record cette année encore à Montaigu
pour le 21e Printemps du livre les 27, 28 et 29 mars dernier.
Le Salon fait plus que s’installer, il continue imperturbablement
sa route. Il égraine tous les ans :
un nouveau président, Vladimir Fédorovski cette année,
un nouveau prix Ouest, Michel Le Bris,
avec une pléiade d’auteurs et de visiteurs qui ont maintenant
définitivement inscrit Montaigu dans leur agenda.
Le chevalier sans peur et sans reproche malgré le manque de
salade, descendre du car,
On ne change pas une équipe qui gagne. Pourtant, remonter dans la cham-
il a bien fallu. Le regretté Claude Boisumeau avait bre, se coucher, se relever, petit déjeuner, monter dans
laissé le manche et le nouveau capitaine ne se l’est pas le car, redescendre et enfin s’effondrer à nouveau sur
laissé dire pour retrousser les siennes. Il n’a pas eu peur la même chaise dans le même kiosque, avec les mêmes
de chambouler les habitudes, de redéfinir les espaces, voisins mais tout de même aussi la même jolie demoi-
de déplacer les stands, de bousculer son petit monde. selle chargée d’encaisser le prix des livres qu’ils vont
Comme Claude, Antoine est partout, avec les prin- encore dédicacer avec le même enthousiasme : pour,
ces et les gueux, dans les kiosques, sur les planches, Julie, c’est bien Julie ? avec une seule « l » ?, pour qu’elle
derrière les stands, au bar, dans les allées. partage, elle aussi, les frissons merveilleux qu’éprouvent
Personne ne hausse vraiment le ton, n’élève trop la mon héros, Hector, quand il découvre les splendeurs du
voix, les auteurs d’outre-Vendée s’installent dans leurs Kamtchatka.
cases ; ils sont bien descendus du car, ils vont délais- Antoine s’en moque bien, lui, du Kamtchatka ; il
ser leur chaise et les amateurs d’autographes pour aller doit vérifier qu’il n’a perdu personne, que le poète dis-
déjeuner dans le restaurant qu’on leur a choisi, reve- trait va retrouver sa mallette, que tel autre a bien récep-
nir à l’heure dite, répondre à l’appel du haut-parleur tionné les médicaments qu’on a été chercher d’urgence
pour attendre dans le car que tout l’effectif en ait bien à la pharmacie, qu’on a ensuite échangés parce que ce
franchi les marches, puis atteindre le petit hôtel qu’on n’était pas les bons, veiller à ce qu’il y ait de l’eau sur
leur a réservé, prendre une douche, très important les stands, de l’encre Parquer bleu outre-mer pour les
la douche, se changer, puis respecter la consigne et auteurs des îles…
reprendre le car pour aller dîner et assister à la soirée Et pendant ce temps-là, les moutons défilent, s’ar-
qu’on leur a concoctée. rêtent, causent, rient, écoutent et enfin, « achètent ».
Reprendre le car et dire qu’il est bien tard mais Une fois de plus, la passée sera bonne, très bonne
qu’heureusement la nourriture, c’était plutôt bien même. Les auteurs laissent échapper un sourire épaté,
Le déjeuner des gueux Le stand des écrivains de Vendée
Lire en Vendée - Juin 2009
Juin/novembre 2009 5
6. les libraires un sourire béat, les éditeurs sont heureux, départs du Tour de France en Vendée, en particulier
les demoiselles encaissent, les visiteurs décaissent ; ils au Puy du Fou. Le Puy du Fou, c’est grandiose ; c’est
ont fait leurs provisions pour le printemps. un spectacle magnifique. Cela fait partie du patri-
Antoine Gariel respire. moine national.
Il va pouvoir s’en jeter un derrière le comptoir,
reprendre son train, rentrer chez lui, s’en reprendre un Durant votre carrière sportive, vous avez côtoyé cer-
autre avec sa famille, s’asseoir au calme et s’entendre tains vendéens. Ils sont restés dans l’album de vos
murmurer : souvenirs ?
Mais Bayard, qu’a-t-il fait au juste ? - Bien sûr. Il y avait Roland Berland qui fut deux fois
Et s’entendre répondre : je ne sais pas, ce n’est pas lui champion de France ; le petit Max Bléneau qui a,
qui a découvert le Kamtchatka ? je crois, une rue qui porte son nom. Ma dernière
Avec Hector ? année de coureur professionnel, je l’ai courue avec
Jean de Raigniac Jean-René Bernaudeau qui œuvre toujours beaucoup
pour le sport cycliste. Je me souviens aussi de Robert
Varnajo qui, comme moi, a appartenu à l’équipe
Raymond Poulidor, Mercier.
champion de la dédicace
Aujourd’hui, Raymond, vous êtes un homme de
S’il est un champion français dont la popularité communication dont la popularité demeure excep-
demeure intacte au fil des années, c’est bien notre tionnelle. Avez-vous le projet de revenir en Vendée ?
« Poupou » national. Malgré ses 189 victoires, il fut - Après ma retraite de coureur cycliste professionnel,
baptisé l’« éternel second » en raison de ses résultats j’ai longtemps travaillé à la société Mercier-France-
sur le Tour de France qu’il n’a jamais gagné et au cours Loire et je suis très souvent venu en Vendée faire de
duquel il n’a même jamais porté le maillot jaune, mais la promotion pour les vélos dans les grandes surfa-
dont il détient le record de podiums (huit). Qui ne se ces. Aujourd’hui, je suis en retraite et, comme vous le
souvient de son duel incroyable avec Jacques Anquetil, voyez, je ne manque pas une opportunité pour reve-
en 1964 sur le Puy de Dôme, où il échoua de qua- nir en Vendée. J’ai tellement de souvenirs ici !
torze petites secondes ? Ce qui ne l’empêcha pas, cette
année-là, d’être numéro un au classement mondial. Jacques Bernard
Aujourd’hui, Raymond Poulidor continue de par-
courir la France, non plus à bicyclette, mais pour dédi-
cacer ses livres. à Montaigu, disponible et souriant, il
semblait manifestement heureux de retrouver la Ven-
dée et les souvenirs qui s’y rattachent.
Raymond, êtes-vous venu souvent en Vendée ?
- Oui, très souvent. D’abord, pour y exercer mon
métier de coureur cycliste. J’ai disputé beaucoup de
critériums dans votre département où les passion-
nés de vélo sont nombreux. Il y a eu aussi plusieurs
Dédicaces de Poulidor Alain Cherreau et TV Vendée
6 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
7. Le Prix Ouest à Michel Le Bris
pour La Beauté du monde
En choisissant La Beauté du monde et Michel Le Bris, son auteur, le jury du Prix
Ouest a couronné cette année un roman exceptionnel à bien des égards et un
romancier qui n’est l’est pas moins. Ce livre torrentiel et démesuré raconte les
périples d’un couple d’aventuriers américains des années 1920, Martin et Osa
Johnson. L’ampleur du sujet, le style et la vision planétaire du livre sont à l’image
de son auteur, le créateur du festival « étonnants Voyageurs » de Saint-Malo. La Beauté du Monde,
Si vous décidez de vous lancer dans la lecture de La Beauté du Monde, accro- Michel Le Bris
chez-vous bien : vous êtes parti pour 679 pages bien tassées ! Autant dire tout de éditions Grasset,
suite qu’il s’agit d’un monument. Et qu’il ne fait pas dans la demi-mesure. On est 679 p., 21,90 €
davantage dans les pyramides d’égypte que dans les sonnets de du Bellay…
Ce qui aurait pu être une biographie se transforme en roman par le truchement de Winnie, embauchée en
1938 pour écrire les mémoires d’Osa, la veuve de Martin Johnson, explorateur, inventeur du cinéma animalier,
compagnon de jeunesse de Jack London. Osa est veuve, elle a sombré dans l’alcool, mais elle se souvient des
beautés du monde qu’elle a découvert aux côtés de son mari au Kenya ou à Bornéo. Osa inspira le personnage
de l’héroïne du film King Kong et Hemingway, autre aventurier célèbre, disait du couple qu’ils furent les pre-
miers à briser les clichés coloniaux sur « l’Afrique des ténèbres ».
Osa se souvient et Winnie raconte. Et d’abord le New York des années vingt, le temps de la prohibition et des
clubs de Harlem où des Noirs de génie, comme Duke Ellington, inventent le jazz, cette musique de sauvages.
« Quelque chose était ici en train de se jouer… L’Afrique, au cœur de New York. L’Afrique, demain, au cœur
du siècle. »
La seconde partie du roman transporte en effet le lec-
teur en Afrique. Michel Le Bris brosse des fresques
immenses dans la savane. Tous les animaux de la créa-
tion s’y ruent en hordes serrées, les fleuves bouillon-
nent, les clameurs des chasseurs montent dans la nuit
torride. Les mots sont à l’image de ce monde primitif.
Torrentiels, ils se bousculent, s’enchevêtrent, s’entre-
choquent, dessinent de fulgurantes images où passent
les grands fauves et les paisibles antilopes. Le souffle
de Michel Le Bris tient parfaitement la distance et ne
laisse jamais le lecteur en repos. éberlué, celui-ci arrive
à la fin, convaincu qu’il vient d’assister à la création du
monde, dans la violence de ses premiers âges et dans
l’immensité de sa beauté. Remise du prix Ouest
Gilles Bély
Régine Albert, Yves Viollier, Aïda (TV Vendée) et Michel Le Bris, Allocution de Michel Le Bris
Lire en Vendée - Juin/novembre 2009 7
8. Salons
Le salon de Saint-gervais
Ce salon mériterait de prendre une plus grande
ampleur et de recevoir plus de monde.
Ceux qui ont la chance de le connaître se doivent
de propager le message et de vous entraîner
dans cette ronde des lettres. Elles y entrouvrent
chaque année leurs fraîches corolles
et vous y invitent à un doux butinage.
Prenez-leur leurs livres ! vous divertir ; en tous cas vous offrir des horizons nou-
Vous n’êtes probablement pas venu à Saint-Ger- veaux ou au contraire vous replonger dans l’ambiance
vais. Vous ne taquinez pas la plume. Vous n’avez pas du pays que vous aimez.
non plus lu les rares journaux qui ont l’annoncé. Vous, Claude Mercier et son équipe veillent chaque année
le week-end, pardon ! la fin de semaine, vous ne la à la qualité de la cuvée, sélectionnent avec amour et
passez pas à vous abrutir dans un salon, entêté par créent des assemblages nouveaux qui assouviront vos
les odeurs d’encre fraîche, de colle, de papier recyclé. aspirations secrètes.
Vous n’aimez pas les rendez-vous, les anniversaires, les J’ai essayé de les voir, un à un, pour rendre compte
rencontres. dans cette revue du millésime 2009 ; un auteur breton
Impressionnant, ces rangées d’auteurs entravés sur a insisté pour me donner son livre : je ne suis pas ven-
des rangées de chaises devant des rangées de tables ; il déen, je ne parle pas de la Vendée ; mais prenez mon livre !
faut prendre son tour, suivre le rythme de la file des Vous seriez venu, vous, vous l’auriez acheté ce livre que
visiteurs, ne pas rompre les rangs. je n’ai pas encore eu le temps de lire ! Vous auriez pris
Bien, vous avez échappé à tout cela ! Et vous n’avez place parmi les cent lecteurs privilégiés qui tiendront
même pas honte ! Vous devriez. Vous irez à Noirmou- peut-être ce beau petit livre entre leurs mains. Cent
tier en juin, à Grasla en juillet et prendrez la ferme exemplaires ! C’est le tirage annoncé. Cent chances
résolution de ne pas manquer un salon l’année pro- d’accrocher un lecteur qui partagera un temps les
chaine. Pour Saint-Gervais, ce sera les 27 et 28 mars émotions et les fantasmes d’une autre personne.
2010. Il y aura encore des écriteaux jaunes sur les rou- Si j’ai réussi à éveiller votre curiosité, si ce livre en
tes à l’entour pour vous guider jusqu’à la salle des fêtes vaut vraiment la peine, j’accepterai peut-être de vous
plutôt que de franchir le Gois et de vous perdre dans le prêter l’année prochaine, à Saint Gervais, les 27 et
les eaux de l’océan. 28 mars 2010.
Vous, l’année prochaine, vous ne pourrez pas Sinon, le salon a fait le plein d’auteurs comme d’ha-
manquer les assises des auteurs vendéens. Vous ferez bitude, avec des têtes nouvelles et de nouveaux livres
connaissance, vous découvrirez que même les auteurs que vous retrouverez dans nos sélections.
dont la presse n’a pas encore parlé, ou n’a pas encore
écrabouillés, peuvent tout autant vous passionner ou J.R.
Philippe Gilbert interviewe Régine Albert Un salon studieux
8 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
9. Salons
Le salon du livre de Québec
Le Salon international du livre de Québec,
qui s’est déroulé du 15 au 19 avril 2009
au centre des congrès, a accueilli une délégation
de la Société des écrivains de Vendée.
Invités par l’association Vendée-Gaspésie,
ils ont rendu à leurs homologues québécois
la visite qu’ils leur avaient faite l’été dernier,
lors du Salon du livre vendéen de Grasla.
Jean de Raigniac, Claude Mercier, Jean-Claude Laurent. Deux écrivains gaspésiens, Jocelyne Mallet-
Lumet et Gilles Bély ont présenté leurs livres, mais ils Parent et Louis Harvey, ont partagé le stand avec les
ont surtout échangé avec les nombreux visiteurs du Vendéens. Messieurs Philippe Sauvageau, président du
Salon (soixante mille au total) en présentant l’ensem- Salon, François Alabrune, consul de France à Québec,
ble des activités littéraires et des richesses culturelles et Stéphane Catta, conseiller culturel au consulat, et Max
touristiques du département. Gros-Louis, le chef de la tribu des Hurons du Québec,
La présidente de Vendée-Gaspésie, Yolande Mamelle, ont longuement discuté avec les auteurs vendéens. De
une québécoise qui a des attaches vendéennes, avait nouveaux échanges littéraires sont prévus pour l’été
organisé cette présence dans la Belle Province. prochain et les années à venir, tant en Gaspésie qu’en
La Gaspésie qui appartient à la province du Qué- Vendée.
bec, s’étend tout le long de la côte sud-est du Saint- G. B.
Les écrivains de Vendée à Québec, en compagnie de Yolande Mamelle, présidente de Vendée-Gaspésie
et de la présidente de Québec-France, Margot Bolduc
Lire en Vendée - Juin/novembre 2009 9
10. Le salon du livre de Québec (suite)
Si vous n’y êtes pas allé, pire, si vous n’êtes pas allé
aux Amériques, Québec, cela va vous rappeler Cartier,
et avec un peu de chance, Champlain, Maisonneuve, et
aussi, aussi triste que l’Atlantide, un continent perdu.
Québec, quand vous en revenez, vous avez honte,
honte de les avoir abandonnés, oubliés, honte de ne pas
être revenu plus tôt et en même temps chaud au cœur
parce que les Québécois, eux, n’oublieront jamais. On
comprend qu’un général en ait, lui, oublié la réserve de
mise. Les Québécois ont un cœur et une conviction à
ébranler les montagnes, vous fondrez vous aussi quand
vous nous accompagnerez lors d’un prochain voyage.
Des écrivains québécois, il y en avait plein le salon,
le salon international du livre de Québec du 15 au 20 Deux livres publiés par les éditions de la Francophonie,
avril 2009. Deux d’entre eux, écrivains gaspésiens, par- « L’éclaboussure » de Jocelyne Mallet-Parent
tageaient notre stand les deux derniers jours. Ils étaient et « La Traversée » de Louis Harvey
venus à Grala en juillet 2008. Là encore, je les avais à
peine vus, mais à Québec, nous cohabitions et nous Amitié Vendée-Gaspésie. Mais où se trouve donc la
avons échangé, échangé et échangé aussi nos livres. Je Gaspésie et pourquoi a-t-elle des liens particuliers avec
n’ai pas perdu au change ; nos deux auteurs, Louis Har- notre région ?
vey, Jocelyne Mallet-Parent, dégagent la même chaleur ; C’est certainement du côté des pêcheurs qu’il faut
chacun dans son style. Les personnages ne sont pas les chercher les premières relations entre la Gaspésie et nos
mêmes, ils ont tout de même en commun la force de régions. Pêcheurs basques, bretons et sans doute sablais
leur caractère, la droiture de leur comportement, de traquaient la baleine et la morue dans l’estuaire du Saint-
leur réaction face aux événements qui les accablent sou- Laurent et le long des côtes gaspésiennes. Les invitations
dain. Les auteurs n’ont pas le même optimisme mais réciproques d’écrivains vendéens et gaspésiens doivent
ils fouillent au plus profond des sentiments. Louis et beaucoup à ces contacts maritimes. La péninsule de
Jocelyne, deux auteurs à connaître (écrire à la revue Gaspésie se situe au sud-est du Québec. Elle est entou-
pour des achats groupés). Ne pas oublier non plus l’ac- rée par le fleuve Saint-Laurent et son estuaire, ainsi que
cueil de Vendée-Gaspésie, avec Yolande Mamelle et tous par la baie des Chaleurs, ainsi nommée par Jacques Car-
ses amis qui nous ont si bien reçus, hébergés, maternés. tier, lorsqu’il y débarqua, le 3 juillet 1534, en raison de
Vive le Québec ! Vive la Gaspésie ! son climat clément. Elle s’étend sur 30 000 km2 (quatre
J.R.
fois la Vendée) et abrite environ cent mille habitants.
Les Européens se sont donc intéressés à cette région
Avec les écrivains de la Gaspésie en raison de sa richesse halieutique. Français et Anglais
Au Salon de Québec, la délégation des écrivains de s’y sont affrontés au cours de la guerre de Sept Ans
Vendée a cohabité de façon très sympathique avec deux (1756-1763) qui vit la perte des territoires de la Nou-
écrivains francophones de la Gaspésie, Jocelyne Mal- velle-France. La Gaspésie accueillera de nombreux Aca-
let-Parent et Louis Harvey. Sous l’égide de l’association diens, chassés par les Anglais de leurs terres du Nou-
veau-Brunswick et de la Nouvelle-écosse. Beaucoup de
familles originaires du Poitou s’étaient d’ailleurs instal-
lées en Acadie.
Avec la pêche des crabes et des crevettes, la culture
de la pomme de terre et les industries du bois, l’écono-
mie gaspésienne est aussi fortement marquée par le tou-
risme. Les parcs nationaux et les réserves fauniques sont
voués à la découverte et à la protection de la nature. La
pêche au saumon et la chasse à l’orignal, le grand élan
du Canada, attirent de nombreux passionnés. Les pha-
res et les ponts couverts en bois sont aussi très admirés.
La promenade au célèbre rocher de Percé, à l’extrême
pointe de la Gaspésie, est toujours le site le plus fré-
quenté de la région.
Stand amitié Vendée-Gaspésie, à Québec G.B.
10 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
11. Reportage
La Bibliothèque départementale de la Vendée
On sait qu’elle existe. On a vu circuler sur les routes de Vendée ses flambants bibliobus.
On sait qu’elle joue un rôle de plus en plus important au service du livre
et des médias (musique et cinéma).
Mais où se niche-t-elle ? Qui travaille avec elle ? Comment fonctionne-t-elle ?
Promenade guidée dans le labyrinthe — ô combien hospitalier ! —
de la bibliothèque de la Vendée.
La Bibliothèque de Vendée (BDV) est implantée - soit renouveler leur stock au passage du bibliobus ;
11 rue de Montréal, zone sud de La Roche-sur-Yon, - soit venir choisir sur place dans les rayons du 11 rue
depuis 1984. Rien ne distingue a priori cette construc- de Montréal.
tion moderne (vieillissante) des hangars des entrepri- L’un n’empêchant pas l’autre. Ainsi les ouvrages
ses industrielles voisines. Pourtant les revues sur les circulent. Le réseau est en continuel mouvement. Les
présentoirs de l’entrée, les grandes cartes murales de la emprunteurs ont régulièrement de nouveaux titres à se
Vendée montrent tout de suite qu’on est au cœur du mettre sous la dent. Même dans les plus petites com-
dispositif. Tout de suite quelques chiffres : munes il est donc désormais possible de disposer d’une
• La Bibliothèque de la Vendée soutient un ensemble bibliothèque vivante et riche. Les maires qui se rendent
de deux cent vingt-sept bibliothèques communales compte que le développement de leur commune passe
dans le département. par la culture, et pas seulement par le sport, s’engagent
• Elle gère deux cédéthèques ouvertes au public (Mon- à favoriser l’aménagement et l’agrandissement de leurs
taigu et La Gaubretière). bibliothèques.
• Plus de quatre-vingt-dix mille Vendéens sont Les bibliothèques poussent en effet leurs murs en
accueillis chaque mois dans ces établissements. Vendée. Sur les deux cent vingt-sept bibliothèques
• Un million huit cent mille ouvrages sont prêtés cha- communales, cinquante-huit sont de niveau décrois-
que année. sant 1, 2 ou 3. Niveau 3 : 50 m2 de surface accessible et
• Trente-quatre agents du conseil général travaillent aménagée ; 1 € par enfant et par an consacré au renou-
pour la BDP. vellement des collections ; quatre heures d’ouverture
• Soixante-douze agents communaux ou intercom- au moins par semaine ; gestion de l’équipement confié
munaux œuvrent dans les bibliothèques du départe- à une équipe de volontaires régulièrement formés.
ment. Cette année, quarante-six projets de passage au niveau
• Mille neuf cents bibliothécaires volontaires les assis- 3 et mieux sont en cours. Six projets de mise en réseau
tent et permettent une réelle proximité des emprun- concernent soixante-deux communes.
teurs. Bien sûr, il faut souligner le fabuleux succès des
• Plus de trois cent mille documents imprimés, sono- deux cédéthèques de Montaigu et de La Gaubretière
res et audiovisuels sont ainsi directement accessibles directement pilotées par la BDV. Avec plus de quarante
aux Vendéens. mille visiteurs par an, la cédéthèque de Montaigu se
• Deux cent quarante stagiaires sont accueillis
et formés chaque année.
Comment la BDV distribue-t-elle le fonds
considérable d’ouvrages dont elle dispose et
qui s’enrichit quotidiennement de nouveau-
tés ? Les responsables de la Bibliothèque de la
Vendée ont imaginé une formule originale et
souple qui explique sans aucun doute la réus-
site de l’entreprise. Les bibliothécaires ont à
leur disposition trois possibilités pour garnir
les rayons de leur bibliothèque communale. Ils
peuvent :
- soit passer leurs commandes auprès de leur
bibliothécaire (professionnel) de secteur à la
BDV et être servis par une navette ; Cédéthèque de La Gaubretière
Lire en Vendée - Juin/novembre 2009 11
12. place parmi les sites culturels les plus fréquentés par les
Vendéens. La bonne idée était, outre de devenir une
bibliothèque numérique de proximité, de les implan-
ter dans des lieux patrimoniaux que les gens s’appro-
prient et où ils se retrouvent chez eux. Leur succès fait
tache d’huile. Devenues aussi des lieux d’animations,
d’expositions, des lieux de vie, on nous en annonce
la création de cinq nouvelles cédéthèques qui permet-
tront ainsi d’irriguer l’ensemble du département. Deux
sont en cours de réalisation, à Mouzeuil-Saint-Martin
et à La Châtaigneraie. Trois autres sont en projet très
avancé sur le littoral.
D’autres projets ? Soutien à l’installation de média-
thèques, à Chavagnes-en-Paillers, à La Flocellière, à Bibliothèque de Beaufou
La Mothe-Achard, à Aizenay, à La Tranche-sur-Mer.
L’accompagnement pour la mise en réseau de biblio-
thèques à Saint-Fulgent, Mortagne, Les Essarts, Roche-
servière. Cet été, deux cédéthèques de plage installées
dans des structures modulaires seront expérimentées à
Olonne-sur-Mer et à Talmont-Saint-Hilaire… à plus
long terme, il se pourrait que le site central, passable-
ment gêné aux entournures, déménage. Il faut savoir
qu’en deux ans, les actions en faveur de la lecture et des
bibliothèques publiques ont permis d’ouvrir ou agran-
dir davantage de bibliothèques en Vendée qu’au cours
des dix dernières années. Le livre et… les écrivains (de
plus en plus nombreux) ne manquent donc pas d’ave-
nir en Vendée !
Yves Viollier
Cédéthèque de Montaigu
Formation aux bébés lecteurs
12 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
13. nos sélections
Poésie
émotion Un parcours dans les méandres du sentiment et des
mots pour le dire, avec, dans la forme, une apparente
Bernard thouzeau
rigueur classique qui cache quelques libertés parfois
édition les Alchimistes du Verbe
oubliées. Regards et interrogations glissent au fil du
66 p., 11 €
verbe, à chaque mot l’autre est là, qui éclaire de ses
incertitudes.
Vis, bouge, regarde autour et amuse-toi / En écoutant
Entrer dans la ronde pour la le ciel tu restes dans ta voie.
découverte de l’homme tendresse. Alain Perrocheau
La Porte du Jour 3 Jour, ensemble lancé dès 1991. Une belle célébration
de l’instantané au travers de mots découpés dans le
Bernard m.-J. grasset
sens comme des gemmes. Le quotidien est là, toujours
édition Interventions à Haute Voix
présent, mais toujours revisité de vocables qui lui don-
8€
nent profondeur et vérité.
Dans le vent bleu et jaune, / La déchirure, l’heure, / à
Le quatorzième recueil de la rencontre de Jade : / Les yeux incisent ton nom.
poèmes de Bernard Grasset est
le troisième volet de La Porte du A.P.
Sur un autre versant rencontrent des hommes et des femmes qui cherchent
Les amis du Petit Pavé sur le chemin, sur le versant qui monte ou qui des-
cend, c’est selon, la trace laissée par la vie, le temps qui
édition du Petit Pavé, 160 p., 18 €
passent. Poèmes et courts récits s’enchaînent comme
les réponses que se renverraient un groupe de lecteurs,
pour le plaisir du mot et de la parole, simplement.
Un ouvrage collectif nourri
par les groupes de lectures poéti- A.P.
ques des Amis du Petit Pavé. Là, se
La chair des Jours – de Roland Nadaus sont un jeu rythmique et graphi-
que propre à enchanter les enfants de tous âges, car
Des grains d’alors – on reste enfant à tout âge. Ceux d’Annie Briet jouent
La pieuvre/Les escargots aussi, mais plus gravement, pour mieux inventorier
édition Soc et Foc , 48 p., 12 € (pour chaque livre) l’univers des tableaux de Louttre B. Ceux enfin de
Florian Chantôme sont incisifs, autant d’éclairs qui
Dans les trois livres que illuminent la nature, de leurs instantanés à vif, celle
les éditions Soc et Foc vien- de la terre aussi bien que celle de l’homme. Un bel
nent de publier ce printemps, ouvrage.
impossible de dissocier auteurs A.P.
des poèmes et illustrateurs.
Ces trois recueils sont magnifi-
ques d’abord en tant qu’objets,
beaux présents à offrir. Mais
ce sont aussi de jolies voix
qui s’expriment. Les poèmes
Lire en Vendée - Juin/novembre 2009 13
14. Poésie (suite)
Dans l’ordre d’Hervé Lesage, un homme du nord. Quelques mots
des choses scandés d’un rythme dru, et que laisse en suspens,
parfois, le silence. Celui de la vie, et de la réflexion,
Hervé Lesage qu’émaillent quelques images scintillantes énoncées
éditions écho optique, 54 p., 8 € d’un ton simple, universel. Un petit livre qui aide à
vivre en homme.
Un jour nous serons simples / Vêtus de nos seules
Pour sa vingtième année d’édi- mémoires / Nus devant la nuit et le monde.
tion, écho optique publie un recueil A.P.
romans
Le Feu de Dieu Voilà la terre sur le point de basculer dans l’hiver et
Pierre Bordage la nuit. Franx savait que ça allait arriver. Il s’est réfu-
Au diable vauvert, 492 p., 23 € gié pour ça avec femme et enfants dans une ferme du
Périgord, le Feu de Dieu. Mais la catastrophe survient
alors qu’il est en voyage à Paris. Tout le roman raconte
le long chemin de croix de Franx pour rejoindre les
siens, tandis que chez lui, dans « l’arche », des mons-
On connaît le goût de tres s’en prennent à sa famille… Un très bon Bordage,
Pierre Bordage pour les des héros en mouvement, exposés au pire et grandis
scénarios catastrophes où par leur volonté de dépasser l’insurmontable.
il rivalise d’invention et de
réalisme avec les meilleurs. Y.V.
Jamais seule ! Lumina din noi. Elle vient de le traduire en français
Une Roumaine, avec Jean-Yves Trillon, qui vit avec elle au Fenouiller,
en Vendée. Derrière le roman, le témoignage d’une vie
une femme, une vie en constante recherche de la lumière. C’est ce qui fait
mihaela neata l’intérêt et la force de ce livre. Jamais Maria, l’héroïne
trillon de son histoire, ne baisse les bras. Elle croit en son des-
Les 2 encres, 279 p., 20 € tin. Elle écoute son cœur. Elle sait qu’au bout de toutes
les péripéties, après tous les détours et les hésitations,
elle trouvera sur le chemin celui qui l’attend. Je suis
sûre qu’après la tempête, le soleil réapparaît toujours,
Elle a publié ce livre souriant à ceux qui ont la patience. Un lumineux
dans sa langue maternelle, roman-témoignage.
le roumain, sous le titre Y.V.
L’Angélique serein de la Venise Verte. Là où la tranquilité semble
si pimento idéale pour un trafic de drogue aussi discret que dan-
gereux. Mais l’overdose n’est pas pour le lecteur. Le
Joseph Violleau suspense fonctionne à merveille et les dialogues, bien
éditions Amalthée, 240 p., 18 € maîtrisés par l’auteur, offrent beaucoup de vie et de
dynamisme à cet agréable roman parsemé de bonbons
Une nouvelle fois, Joseph qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de l’angélique.
Violleau plante le décor de son
livre en Vendée. Dans le cadre J.B.
14 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
15. Drôle d’héritage raconte lui-même sa propre histoire. Un père mourant
demande à Martin, le plus jeune de ses cinq fils, d’en
éveline thomer
retrouver un sixième, fruit d’un amour illégitime et
Geste éditions. 213 p., 19 € passionné avec Valentine. Martin n’est ni policier, ni
détective. Il entreprend néanmoins une enquête qui
captivera le lecteur jusqu’au terme de cette passion-
Pour son neuvième roman, nante intrigue où se mêlent aventure, amour et secrets
éveline Thomer a choisi de don- de famille, entre Limoges et la Vendée.
ner la plume à son héros qui J.B.
Les chants Voici donc le troisième et dernier tome de la grande
de la lune noire. saga de Yves Bulteau, commencée avec Les chants de la
lune noire, puis Tout au fond de la mémoire du vent. On
Là où voyagent retrouve avec plaisir Feu hurleur et Fleur de ciel à la
les feux du ciel recherche d’un clan pour survivre au commencement
(tome 3) de l’humanité. On retrouve surtout le style plein de
Yves Bulteau fraîcheur, de Bulteau qui a l’art de raconter une his-
toire compliquée avec des mots simples. Tout est juste
Seuil, 248 p., 10 €
dans l’aventure de ses héros confrontés aux grands
froids, aux bêtes sauvages et à des chasseurs d’une force
jamais rencontrée. Ce troisième tome vient couronner
une trilogie préhistorique réussie.
Y.V.
Le maître ble mais contemporaine (elle se passe au début des
et le violoncelle années 1980) où l’on voit un homme s’enfermer dans
sa passion pour la lutherie, les bois rares, les secrets de
anne H.tallec vernis, pour essayer de rivaliser avec les plus grands,
éditions JC Lattès, 300 p., 19 € Stradivarius… Atmosphère envoûtante d’une maison
de famille solitaire où un homme se réfugie pour trou-
ver le son idéal et réaliser une œuvre d’art : un violon-
Si vous avez aimé l’inou- celle. Et puis va venir Mathilde, une autre œuvre d’art,
bliable film Le Maître de qui va le tirer vers la pleine lumière. Anne H. Tallec est
musique, vous aimerez Le chanteuse lyrique et violoncelliste. On comprend ainsi
Maître et le violoncelle. C’est que son roman sonne si juste !
une histoire un peu sembla- Y.V.
Casino Mortel ment son premier roman, un polar si l’on veut, mais
davantage une exploration des mœurs politico-mon-
Bernadette Chenoir
daines d’une petite ville de la côte atlantique. Stagiaire
TdB éditions, 254 p., 20 € d’été à la rédaction locale, Nicolas reprend patiemment
l’enquête qu’avait menée un quart de siècle plus tôt,
son père, journaliste comme lui, et retrouvé mort dans
De sa carrière de jour- sa voiture au bord de la dune…
naliste dans un grand quo- Bernadette Chenoir emmène le lecteur dans les
tidien régional, Bernadette arcanes des mairies, des salles de rédaction et des
Chenoir a gardé le goût appartements discrets de la bonne société et le tient en
de l’enquête et de la belle haleine jusqu’au dénouement.
écriture. Elle trousse habile- G. B.
Lire en Vendée enJuin 2009Juin/novembre 2009
Lire - Vendée - 15
16. romans (suite)
Les disparus Hervé Perton est herbretais. Ce roman historique
du fief est son premier livre. L’action se déroule en Franche-
Comté, au Moyen Âge. Une série de disparitions met
Hervé Perton le pays en émoi. Un bûcheron, Guillaume Lechantre,
Les éditions de la boucle, se trouve emporté malgré lui dans une enquête fort
253 p., 14 € sombre. Suspense garanti.
J. B.
Policier
Demain sera bien femmes atrocement décapitées, le corps brûlé, sont
retrouvées dans les environs de La Roche-sur-Yon. Et
pire encore la bête meurtrière et monstrueuse qui rôde et se joue
genèv dumaine de la police ! Le sympathique Paul Lanvin, commis-
Geste éditions, saire du service régional de police judiciaire d’Angers,
collection le Gestenoir, 298 p., 15 € missionné pour régler diligemment l’affaire, nage dans
l’horreur. La douce et fragile Clothilde dont il tombe
amoureux l’aide dans ses investigations nébuleuses.
Sur un ton alerte Genev Anna meilleure amie de Clothilde est... médium ! Tous
Dumaine nous embar- les ingrédients pour un bon polar. L’intrigue tient en
que dans une série de cri- haleine jusqu’aux dernières pages !
mes déments... Des jeunes éveline Thomer.
essais
Questions de style comme un bloc-notes, cet ouvrage propose toute une
batterie d’exercices amusants autour des figures de
nadine froger
style. Il vous invite à jongler avec les onomatopées et
éditions Ellipses, 128 p., 7 € les allitérations, les synonymes et les antonymes, les
métaphores et les contrepèteries. Vous jubilerez à tra-
Vous aimez jouer avec les duire l’argot de San Antonio et celui de Pierre Perret,
subtilités de la langue fran- à composer des mots-valises ou des acrostiches, à tra-
çaise ? Alors vous allez vous quer les vieux anglicismes, à crypter vos textes. Et si
régaler avec les jeux littéraires vous séchez parfois, vous trouverez même les réponses
de Nadine Froger. Présenté au dos des questions… G.B.
L’Oublié chrétiens, sous les traits d’un brave homme un peu
balourd, dépassé par une aventure à laquelle il s’est
thierry Brac
résigné sans bien en comprendre le sens. Thierry de
de La Perrière La Perrière, lui, ne l’a pas oublié. Dans un court et
éditions Amalthée, 138 p., émouvant roman, évocation vivante et documentée de
12,50 € la Palestine sous occupation romaine, il présente un
L’oublié, c’est saint personnage à la forte personnalité, qui assume tota-
Joseph. écarté, ou presque, lement et en pleine conscience la responsabilité écra-
des évangiles, il réappa- sante qui lui a été confiée. Sous un angle original, une
raît une fois par an dans la inoubliable figure d’homme libre !
mémoire et les crèches des Michel C.hamard
16 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
17. régionalisme
Catherine Boisdieu embrasse la période troublée des guerres de
la vendéenne Vendée, du Premier Empire et de la Restauration, telle
que l’a vécue cette femme toute simple. Ces annales
rené Bodreau entrecroisent la chronologie des événements locaux,
éditions Hérault, 277 p. nationaux et internationaux et la chronique de la vie
au village. Cela aurait pu être fastidieux et d’une lec-
ture périlleuse. C’est finalement bien mené et le lec-
Mêlant l’Histoire et la teur passe sans difficulté du logis vendéen aux émeu-
vie simple de Catherine, tes parisiennes et aux salons des cours européennes.
servante au château, lin- Un bel exercice de mémoire qui évite le parti-pris et
gère, puis bonne du curé raconte les bonheurs et les malheurs quotidiens des
entre 1767 et 1827, le petites gens.
vicaire de Saint-Joseph de G.B.
Au porte connaître, un message à transmettre, une idée à défen-
des Olonnes dre, un terroir à promouvoir, une caste ou un folklore
à réhabiliter ; il n’y a pas d’engagement. Il y a seule-
france duclos ment la vie qui passe, l’histoire d’une province à tra-
Geste éditions, 416 p., 23 € vers celle d’une famille qui pourrait avoir été la vôtre.
Un carnet de famille que vous avez retrouvé au grenier
et qui vous conte la vie de vos aïeux, de la Révolution
Une chronique toute sim- à la Grande Guerre. Vous les découvrez, vous les com-
ple, profonde et touchante. prenez, vous les aimez. Il y a seulement la vie qui passe,
Qui prend un air de saga. Il et une bien jolie plume pour vous y associer.
n’y a pas une douleur à faire J.R.
Coiffes quichenotte, la coiffe à pans, la grisette et la cabanière.
de Vendée Après l’historique des coiffes en Vendée et leur descrip-
tion détaillée, accompagnée de photos, on apprend
association tout sur leur fabrication : les plans, les matériaux utili-
Le Vircouet sés, les techniques et les points, l’outillage employé et
Geste éditions, 160 p., 20 € notamment l’impressionnante série des fers à repasser.
Le travail patient et méticuleux des lingères et repas-
L’association Le Vircouet seuses nous donne à réfléchir et l’on y trouve des pro-
de Longeville-sur-Mer pré- cédés oubliés susceptibles d’aider celles qui pratiquent
sente quatre coiffes vendéen- encore le repassage.
nes parmi une multitude Quelques chansons et poèmes terminent, sur un
de modèles, les « plus connues et les plus portées », à ton léger, cet ouvrage pratique.
l’exclusion toutefois des coiffes sablaises. Ce sont : la Lydie Gaborit.
L’éveil place le centre du monde, du moins de son monde,
d’un petit Vendéen celui de la plaine vendéenne. Voilà qu’il déplace le
regard et s’intéresse à ses années de formation, son
Jean Billaud enfance dans un milieu aux codes apparemment gra-
Geste éditions, 272 p., 20 € vés dans le marbre. Mais Jean Billaud est jeune, il sort
un peu, ouvre des livres et découvre que le monde
change. Il rue dans les brancards. C’est cette énergie,
Jean Billaud a déjà qui anime ce petit Vendéen, qui rend son livre si inté-
publié Mon père forgeron- ressant. On est loin de la nostalgie. L’auteur sait avoir
maréchal-ferrant. Il nous la dent dure. Son livre est celui d’un parcours, amou-
parlait déjà de lui à travers reux malgré tout, pour un pays et un monde où il s’est
cet homme qui était à sa construit. Y.V.
Lire en Vendée - Juin/novembre 2009 17
18. régionalisme
(suite)
Dans le sein douillet dunes, à la recherche des ses racines et de sa vie de Bré-
de ma garenne tignollais, ce ne sont pas ses bottes qu’il a chaussées, ni
même ses sandales afin de mieux profiter du sable fin
de Vendée qui coule entre les doigts de pied.
Joseph tesson C’est par l’œil d’une jeune lapine qu’il inventorie
éd. du Petit Pavé, 206 p., 20 € et découvre, qu’il arpente le passé de cette garenne, sa
garenne, un peu aride et pourtant si riche. Le ton est
malicieux et bonhomme à la fois, et véhicule un récit
Avec son troisième livre, qui enseigne et qui capte. à lire évidemment, et pas
Joseph Tesson fait dans la seulement sur la plage !
fantaisie. Pour découvrir les A.P.
La révolte trente ans des paliers professionnels qui lui confèrent
d’un fermier aujourd’hui les responsabilités de chargé de projets en
communication dans l’agroalimentaire. Son roman,
vendéen La révolte d’un fermier vendéen, est une histoire de
Jacques Chauvet notre époque où se côtoient haines d’antan et amour
Geste éditions, 260 p., 15 € d’aujourd’hui, décadence religieuse et survie des cou-
tumes. Tout cela au sein d’une génération ballottée
La cinquantaine alerte, entre un anarchique essor touristique et un chambar-
Jacques Chauvet possède dement socio-économique difficile à maîtriser.
des racines frontalières, Le style est alerte, sans fioriture, transcription écrite
entre la Vendée et la Gâtine dynamique d’un langage oral de bon aloi. à décou-
Deux-Sèvrienne. Charcutier vrir.
à l’origine, il a franchi en J.B.
La Vendée pas de frontière entre les tenants du parlange et ceux
au fil des mots du patois. Il énumère les mots et les expressions qui
disent, souvent mieux et plus justement que le français
Pierre rézeau officiel, les réalités profondes de notre département.
éditions du CVRH, 125 p., 15 € Du jeu d’aluette à « faire zire », l’auteur décortique
mots et expressions singulières des langages vendéens.
Aussi indispensable que la col- Des photos très parlantes, des citations d’auteurs ven-
lection à laquelle il appartient, déens accompagnent joliment ce voyage vendéen. à
le « dictionnaire » des mots de offrir à nos visiteurs pour qu’ils n’ignorent plus rien de
la Vendée du linguiste et lexi- la troussepinette, des merveilles, du rouan de boules,
cographe Pierre Rézeau ne trace du cabinet à fiches et de la trempine… G.B.
Ursus, publié au Cercle d’or et qui nous racontait des his-
une famille toires savoureuses de sorcellerie. Avec Ursus il donne
dans le même ton qui lui va si bien. Ursus est le nom
du bocage d’un tracteur pas banal, puisqu’il doit son nom à un
andré-Hubert cochon, pas tout à fait puisque c’est aussi le nom du
Hérault petit-fils de la grand-mère qui éleva le cochon qui
Geste éditions, 152 p., 20 €
laissa un grand vide dans la famille… On voit qu’il
s’agit d’une histoire désopilante et inénarrable. Atten-
tion, derrière la satire amicale, il s’agit d’une chroni-
que de la Vendée d’après-guerre par un connaisseur.
André-Hubert Hérault est André-Hubert, c’est bien de publier les autres, mais
éditeur à Maulévrier. Mais donnez-vous un peu de temps pour continuer à écrire.
il est avant tout écrivain. On se souvient de Diable, Vous vous faites trop rare.
un recueil de nouvelles de tous les diables qu’il avait Y.V.
18 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
19. Les pieds de ses ancêtres. Il y a Médé, Céleste, mais aussi Toinette
dans la Glèbe au destin tragique et le P’tiot Pierrot Nosset, dit Pelot,
le mal-né, et les autres tous si émouvants, si attachants.
Joseph tesson Il y a la vie qui coule, cruelle ou sereine. L’auteur nous
Geste éditions, 196 p., 19 € entraîne dans le sillage de plusieurs générations de ces
cultivateurs, travailleurs, ingénieux, en parfaite osmose
avec une terre ingrate mais qu’ils domptent aussi sûre-
Quand Joseph Tesson, ment que leurs troupeaux, arrachant de ses entrailles
formidable conteur, prend le meilleur. Le droit de vivre dignement sur ces côtes
la plume, la terre chante, la autrefois inondées dix mois par an...
rivière murmure, le vent est Un très beau roman collection témoignage !
un hymne à la Vendée, patrie E.T.
Une enfance se déroule de 1936 à 1945, aux alentours de Luçon.
vendéenne Une série de tableaux alertes raconte la procession des
Rameaux, les tourtisseaux et la galette de Pâques, la
Jacques arrignon communion solennelle et la première bicyclette, mais
Geste éditions, 167 p., 14 € aussi les tribulations familiales pendant l’Occupation.
Le retour sur les tombes des ancêtres, l’évocation de la
diaspora évitent le piège toujours présent d’une inu-
tile nostalgie. Jacques Arrignon lui préfère les portraits
Après avoir narré sa car- attendrissants, parfois savoureux, de personnages qui
rière de forestier de Mada- ont marqué son enfance : le bedeau, le dompteur de
gascar à l’Algérie, Jacques chiens, et Génie qui allait « prier » le voisinage aux
Arrignon se retourne sur enterrements…
son enfance vendéenne. Elle G. B.
Unis comme pleut de la mort, mais qu’importe ? ». « Les vivants
au front sont enterrés, et horreur des horreurs ! Les morts sor-
tent de la terre. ». « Ah, si vous saviez ce que c’était que
Les Combattants l’enfer du chemin des Dames !... »
essartais Vint-cinq mille poilus vendéens sont morts pour
Jérôme Biteau la France en 14-18 dont cent soixante-cinq Essartais.
éditions Herault, 272 p., 28 € Ce livre unit comme au front ces cent soixante-cinq
hommes jeunes. Ce bel hommage sur les combattants
Un beau travail sur le devoir essartais de la Grande Guerre avec son iconographie
de mémoire. Cet ouvrage est riche et originale sera pour les Vendéens et les Essartais
un recueil de photos anciennes, d’identités familiales, en particulier un précieux mémorial.
de témoignages poignants : « La bataille est dure, il E.T.
Les protestants connaisseur des questions religieuses de l’Ouest, Jac-
ques Marcadé retrace synthétiquement l’histoire des
de Vendée protestants vendéens dans la collection Les indispensa-
Jacques marcadé bles du CVRH. La religion réformée atteint son apo-
éditions du CVRH, 121 p., 15 € gée au tout début du xviie siècle. Elle trouve un terreau
favorable dans les cercles humanistes de Fontenay-le-
Comte et de Maillezais, se répand chez les artisans et
dans la petite noblesse, s’enracine dans les populations
Haut lieu du catholicisme rurales du Bocage. Persécutés, beaucoup de protestants
s’il en est, la Vendée a aussi choisiront l’exil. L’église réformée souffre ensuite de la
été – et elle le reste à certains Révolution et d’un réel déficit d’encadrement. Mais
égards – un important foyer son identité perdure comme en témoigne le musée de
du protestantisme. Professeur la France protestante de l’Ouest à Monsireigne.
à l’université de Poitiers et fin G. B.
Lire en Vendée - Juin/novembre 2009 19
20. régionalisme
(suite)
La Vendée
de long en large 360°
Henri marcou
éveline thomer
Geste éditions, 197 p., 29 €
Un nouveau livre sur la Vendée. Il s’ouvre sur des
clichés panoramiques occupant les deux pages consé- guide : on s’arrête devant chaque photo pour écou-
cutives et nous donne l’impression d’être au cœur de ter ses commentaires, les détails propres à chaque lieu
vastes paysages, de planer sous les voûtes d’une cathé- dont elle nous raconte brièvement l’histoire, la vie
drale, d’une abbaye. actuelle. On assiste longuement au spectacle du Puy-
Henri Marcou nous promène dans toute la Ven- du-Fou. Un beau livre qui invite à connaître la Ven-
dée ; la côte avec les îles et les marais, le haut bocage dée, à rappeler des souvenirs de vacances ou qui nous
l’ont principalement inspiré. éveline Thomer est notre fait retrouver nos racines. L.G.
Pages -
Croquis -
Jadis en Vendée
l’étrave / La Fin de la Rabinaïe
20 € chaque livre
Trois ouvrages à avoir lus et à conserver. Trois
ouvrages qui en disent long sur le patrimoine, les
coutumes, les légendes et anecdotes sur la Vendée.
Trois ouvrages de base, vous les lisez et le reste vous
viendra par surcroît.
De petits textes très concis ; ils paraissaient au fil on a inventé un folklore qui n’a jamais existé, mis en
des parutions mensuelles des « La fin de la Rabinaïe ». exergue des coutumes rarement usitées, décrit un quo-
Sans prétention, enlevé, juste, facile à lire ; on y croit. tidien qui relevait plutôt de l’imaginaire des faiseurs,
C’est important que l’on y croît ; parce qu’on a des conteurs d’occasion ou des béjaunes de passage.
souvent dénaturé notre Vendée. à vouloir trop en faire Un peu d’authenticité réjouit à la fois Panglosse et
pour attirer et retenir le chaland, le badaud, le touriste, Candide. J. R.
Voyage
Missionnaires Rousseau présente ici la correspondance de deux prê-
tres des missions étrangères, d’un père de Chavagnes,
vendéens aux 4 coins de frères de Saint-Gabriel, d’un mariste, de sœurs de
du monde Saint-Paul de Chartres. Ils sont partis, sans espoir de
recherches retour, pour le Tonkin, le Laos, la Birmanie, l’éthio-
pie, le Japon, l’Inde ou Madagascar. Ce sont là de pré-
vendéennes
cieux récits de voyages, des témoignages poignants sur
éditions du CVRH, 465 p., 25 € l’aventure des missions. On reste pétrifié par la quête
absolue du martyre qui habitait tous ces missionnaires.
Entre 1850 et 1940, la Ven- Leurs lettres et journaux révèlent aussi les différents
dée a envoyé aux quatre coins du monde sept cents visages de l’époque coloniale comme l’extraordinaire
prêtres et religieux. Des fous de l’évangile qui ont écrit vitalité de l’âge d’or de la foi en Vendée.
à leurs supérieurs, à leurs amis, à leurs familles. Jean G. B.
20 Lire en Vendée - Juin/novembre 2009
21. Histoire
Le compagnon scolaires nous ont laissé une vision lacunaire et confuse
d’Aubigné de cette période troublée. La confusion persiste — elle
régnait alors — mais les lacunes se comblent grâce à
Claude delbos une transcription très fidèle de tous les événements
Dorval éditions, 216 p., 19 € connus sous la forme d’une chronique très détaillée.
Un travail d’érudit étonnant par la richesse des épi-
Ce n’est pas un roman mais sodes retrouvés. Il faut suivre Claude Delbos de près
un livre d’histoire, celui des et se rallier à son panache pour ne pas se perdre dans
guerres de religion en Poitou à cette chevauchée héroïque qui surprendra les lecteurs
la fin du xvie siècle. Les manuels les plus aguerris. J.R.
Biographie
Dessinateur vendéen d’origine, au jour le jour comme dans un
reportage d’actualités. Tout y est, le temps qu’il fai-
de l’extrême, sait, le costume qu’il portait. C’est entre Alain Decaux,
Emmanuel Caloyanni André Castelot et Frédéric Pottecher. Quant à l’inté-
ralph Soupault ressé, l’accusé, il laisse le jury assez perplexe mais tou-
ché par la vitalité et le talent déployés dans l’exercice de
Geste éditions, 336 p., 9 €
son art. Un seul regret, que l’éditeur n’ait pas reproduit
au trait et dans le texte les trop rares dessins rassemblés
L’auteur est journaliste et pas- et parqués ici au milieu du livre en pages glacées.
sionné, cela se lit. On a l’impres-
sion de suivre Ralph Soupault, J.R.
Jeunesse
La Grenouille raconte l’amitié entre deux animaux qui habitent des
et l’Oiseau mondes différents, une grenouille verte et un vanneau
huppé. Cette histoire se déroule bien sûr dans les
raynaldine ridel marais et parle de tolérance, de respect mutuel et de
éditions de l’Officine, 26 p.,12,50 € partage. Vigile, le héron garde-bœuf, y tient le rôle du
sage qui transmet son savoir à ses jeunes amis. Ce joli
Fin 2007, Raynaldine Ridel conte pédagogique, illustré sans affèterie, plaira aux
avait rédigé et illustré Oiseaux enfants qui aiment la nature et les animaux.
des marais. Son nouvel album G. B.
témoignage
zeau raconte son parcours, d’un bout à l’autre doulou-
Prié de me taire reux. Il avait une foi précoce et profonde. Il a toujours
gérard Loizeau été sincère. Il a fait confiance à ses maîtres. Qu’ont-
Max Milo, 384 p., 19,90 € ils fait de lui ? Il rêvait d’une autre église où l’amour
l’emporte sur la loi. Il ne l’a pas trouvée ou il n’a pas
Il est entré au séminaire à onze su vivre avec. Le témoignage de Gérard Loizeau aurait
ans, en 1944. Il a été ordonné soulevé des polémiques, il n’y a pas si longtemps. Il
prêtre, est parti en mission aux dit les choses avec honnêteté. Il nous donne à relire
Antilles et a quitté l’église, après quelques pages récentes de l’histoire de la France chré-
une profonde dépression, en tienne.
1978. Il est aujourd’hui marié et a un fils. Gérard Loi- Y.V.
Lire en Vendée - Juin/novembre 2009 21
22. nouvelles
Parti sans laisser l’Asie. Cela fait beaucoup de rencontres, d’aventures
d’adresse et de rêves. Les ingrédients de base pour cuisiner avec
talent une vingtaine de savoureuses nouvelles. Car le
Philippe gilbert garçon a du savoir-faire et de l’imagination.
éd. du Petit Pavé, 137 p., 14 € Gilbert Prouteau, qui préface le recueil, en a aimé
la prose syncopée, au rythme de la concision désor-
mais exigée des journalistes. C’est quelquefois surjoué,
mais les pages sur Brouage, le Gers, la colère du vieux
Avant d’être journaliste au loup de mer et le meurtre au jardin Dumaine sont de
bon vieux temps des radios vrais bijoux.
locales, puis dans la presse C’est bien vrai, Philippe Gilbert, qui a souvent
écrite en Vendée, Philippe Gilbert a beaucoup bour- changé d’adresse, n’en manque vraiment pas…
lingué : Yamoussoukro, Anvers, Amsterdam, Moscou, G. B.
L’enfant roi Cela n’est pas dit mais la texture et le grammage du
papier de couverture ont certainement aussi été choisis
Yves Viollier
IUT de La Roche-sur-Yon,
pour qu’après le ravissement de l’œil vienne la jouis-
dép. Information sance de la paume, le trouble des doigts quand ils tour-
et communication nent la page fraîchement lue.
56 p., 3 €
Comment s’étonner que l’émotion vous gagne dès
les premières lignes et conduise vos mains à jouer les
marque-pages, le temps d’essayer de contenir votre
Un devoir d’écriture, joie et vos larmes.
le chef-d’œuvre annuel Les inconditionnels vous diront que du Viol-
d’un petit groupe de lier dans un torchon, cela se lirait tout pareil. Qu’ils
compagnons des lettres. reprennent leur livre de recettes, on ne sert pas non
De la belle ouvrage qui plus les truffes dans une gamelle.
consacre le savoir-faire de tous les artisans du livre. J.R.
Beaux-arts
Rue de la Forêt ludique, onirique. Christophe Vital le situe par rap-
port aux artistes contemporains, aux grands maîtres
Jacques golly
qui l’ont influencé ainsi qu’aux peintres vendéens du
Offset 5 éditions, 128 p., 38 € xxe siècle et principalement Roger Ducrot dont les
conseils guidèrent ses débuts et qui, dans une série de
textes courts, donne maintes précisions sur sa techni-
que, sans cesse perfectionnée, sur ses thèmes privilé-
giés et sur l’atmosphère qui se dégage de ses tableaux
De belles histoires dont elle est véritablement l’âme. Yves Viollier, lui,
racontées en images par parle surtout de l’homme : ses origines dans le terroir
Jacques Golly. Les textes vendéen, sa jeunesse, la naissance puis l’affirmation de
de trois auteurs qui l’ont sa vocation de peintre, son dualisme et cet amour de la
bien connu et s’accordent pour peindre un person- vie dont ses œuvres sont le reflet.
nage à la fois pédagogue, homme d’action et peintre L.D.
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