LA DIMENSION GENRE DANS LA CHAINE DE VALEUR AGRICOLE
1. LA DIMENSION GENRE DANS LA CHAINE DE VALEUR
AGRICOLE
PAR MME KANTARAMA CESARIE VICE PRESIDENTE DE EAFF
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2. Le genre a été comparé à un oiseau qui ne peut pas voler sans que ses deux
ailes soient en bon état (une aile=homme, l’autre=femme). Donc, la
complémentarité de l’homme et de la femme s’avère importante dans tous
les cas.
L’égalité en genre ne signifie pas que les hommes et les femmes deviennent
identiques, elle implique plutôt, qu’ils jouissent du même statut et qu’ils
ont accès aux mêmes conditions pour la réalisation de leur potentiel
humain enfin de contribuer au développement politique, social,
économique et culturel, et bénéficient des résultats qui en découlent.
Les faits montrent que dans les économies où l’on observe une plus grande
égalité entre les sexes, tant au plan des possibilités qu’a celui des bénéfices,
non seulement la croissance économique mais aussi la qualité de vie sont
supérieures. De ce fait, la croissance agricole est plus forte lorsque les
femmes comme les hommes ont la possibilité de participer pleinement à
l’activité et sont motivés par une répartition équitable des fruits de leurs
efforts.
Or, malgré les preuves de plus en plus nombreuses que les capacités des
femmes et de leur bien – être s’améliorent au fur et à mesure, les inégalités
entre les sexes demeurent excessivement fortes dans le monde en
développement.
Même si l’inégalité des sexes entrave fortement la capacité des femmes de
vivre de manière émancipée et à jouir de leurs droits humains et
fondamentaux, elle constitue aussi un problème de justice et des droits
humains à part entière, et a un impact dévastateur sur la pauvreté, la faim
et l’économie. De ce fait l’égalité des sexes fait partie des objectifs du
millénaire pour le développement (troisième).
Quelle est la situation dans les chaînes de valeur agricole
La mondialisation des marchés a engendré des nouveaux modèles de
consommation mais aussi de nouveaux systèmes de production et de
distribution qui sans doute suscitent le changement de mentalité.
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3. Dans les chaînes de valeur agricoles, qu’elles soient traditionnelles ou
modernes, les inégalités de sexes se trouvent souvent dans le maillon le
plus faible de la chaîne de valeur et constitue un obstacle à l’amélioration
de la qualité et à la productivité ou une commercialisation ainsi qu’une
prise de décision efficace.
Dans les chaînes de valeur agricoles moderne
Les chaînes de valeur modernes donc qui sont souvent contrôlées par des
sociétés multinationales ou nationales et des supermarchés, offrent
habituellement des emplois salariés avec des meilleures conditions de
rémunération et de travail que l’agriculture traditionnelle.
Les femmes sont principalement embauchées pour des tâches manuelles à
forte intensité de main d’œuvre, relativement non qualifiées, tandis que les
emplois des hommes impliquent souvent l’utilisation des machines. En
outre elles sont couramment embauchées comme travailleuses
temporaires ou occasionnelles, alors que les hommes prédominent dans les
postes à durée indéterminée. Ex : parmi les travailleurs du secteur de la
tomate au Sénégal, 2% des femmes et 28% des hommes ont des contrats à
durée indéterminée et dans les usines d’exportation des fruits et légumes
au Kenya, les femmes constituent 80% des travailleuses de l’emballage, de
l’étiquetage des produits.
Elles prédominent dans les emplois instables et flexibles dépourvus de
sécurité sociale et autres avantages sociaux, et sont souvent les premières à
perdre leur emploi pendant les périodes de restructuration de l’activité
économique.
Dans les chaines de valeur traditionnelles
Les femmes sont des actrices de premier plan dans le secteur agricole avec
une proportion de 60% dans l’agriculture au niveau mondial, et dans les
pays à faible revenu et à déficit alimentaire, elles sont responsables d'une
grande partie de la production familiale. Ainsi, l'agriculture demeure la
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4. principale source d'emploi pour les femmes des pays en développement ;
elle est pratiquée par environ 2/3 des femmes économiquement actives de
ces pays.
Elles sont présentes d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur . Pourtant,
elles ont beaucoup moins accès que les hommes aux biens et services qui
leur permettraient d’augmenter leur productivité.
Le rapport récent de la FAO, estime que si le niveau de rendement de la
terre cultivée par une femme atteint celui de la terre cultivée par un
homme, la production augmenterait de 2,5% à 4 % et réduisant ainsi le
nombre des personnes souffrant de la faim de 12 % à 17% soit au moins
100 millions de personnes.
Compte tenu du rôle primordial que la femme joue dans le secteur agricole ,
et de l’importance dudit secteur dans l’économie de nos pays , la
considération de la femme dans la chaine de valeur est la voie la plus
directe et la plus efficace pour atteindre la croissance socio-économique
inclusive et durable voir même la pérennisation de la chaîne de valeur en
soi.
Etant donné qu’une chaîne de valeur est une alliance verticale des
différents acteurs qui collaborent pour mieux se positionner sur les
marchés, la fragilité de l’un de ses maillons a comme conséquence des
répercussions sur la chaîne dans son ensemble.
Ces dernières années, le développement des chaînes de valeurs est perçu
comme une méthodologie permettant de combiner la croissance
économique et la réduction de la pauvreté. Le passage des projets de
moyens d’existence aux chaines de valeurs impliquant tous les acteurs
devrait assurer l’égalité des sexes à chaque maillon et d’éviter la répétition
des modèles traditionnelles de discrimination de toute forme. Cela en
considérant des besoins, des contraintes, des priorités et des options des
femmes autant que des hommes.
L’inégalité des sexes : cause majeure de la faible intégration des
femmes dans la chaîne de valeur.
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5. Les inégalités de relation de pouvoir entre l’homme et la femme peut
facilement compromettre les avantages et les incitations de la femme à
s’insérer dans les chaines de valeur.
Par suite de l’effet conjugué des normes sociales et culturelles, les femmes
ont un accès limité
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à la terre,
aux intrants,
aux techniques de production,
aux services financiers,
au conseil professionnel,
à la formation et
à l’information,
aux préférences des consommateurs,
et aux exigences d’exportation.
Ce manque d’accès réduit leurs chances de conclure des accords
d’agriculture contractuelle .Tout comme les autres petits agriculteurs , les
femmes sont souvent exclues des marchés à forte valeur ajoutée intérieurs
et d’exportation, parce qu’elles n’ont pas de transport , d’entrepôts
frigorifiques, d’installation de transformation , de capital , des compétences
techniques et managériales , bien souvent elles n’ont pas confiance en elles
pour se lancer dans des activités complexes. En conséquence cette situation
limite leur possibilité de profiter économiquement du développement du
secteur.
Elles ont des contraintes à satisfaire aux normes de qualité rigoureuses et
aux délais stricts des fournisseurs, particulièrement pour les produits
périssables.
Le manque de sécurité touchant les biens, en particulier la terre, fait que les
femmes sont souvent moins disposées et moins capables de prendre des
risques d’innovation.
L’absence des garanties et la faible capacité de conception des projets
bancables qui exigent un plan d’entreprise avec des projections du chiffre
d’affaire leurs interdisent à l’accès aux services formels de crédit.
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6. L’incertitude des droits de propriété de terre les exigent à faire des
investissements qui ne leur portent des fruits qu’à court terme.
Les femmes sont souvent démotivées faute de recueillir le juste fruit de
leurs efforts, dans de nombreuses communautés, les hommes disposent de
la plus grande partie du produit des récoltes commerciales bien que les
femmes y consacrent une quantité de travail importante. Et quelques fois
ils ne révèlent pas à la femme ce qu’ils gagnent pour faire une planification
conjointe de leur affectation.
Inversement, la création de flux de revenus dans les ménages par les
femmes peut parfois avoir pour conséquence que les hommes se sentent
moralement sous-estimés.
Certains effets de la mondialisation défavorisent les pauvres ruraux dont la
majorité sont des femmes (l’accaparement des terres, la compétition qui
leurs a été imposée sans des mesures préalables etc.)
A tout ceci s’ajoutent des tâches ménagères et des activités reproductives
qui pèsent sur elles et dont elles doivent se mettre à quatre pour pouvoir
les accomplir faute de l’absence des services sociaux tels que les garderies
d’enfants etc.…..
Que font les femmes pour pouvoir surmonter ces difficultés :
Devant cette situation critique, les femmes s’efforcent de contribuer à la
recherche des solutions y relatives.
Même s’il y a une multitude de problèmes à résoudre, il s’observe pas mal
de progrès réalisés dans le cadre de l’amélioration de conditions de la
femme dans le secteur agricole. La création par les femmes des groupes
d’entraide , des coopératives ainsi que l’adhésion à différentes formes
d’organisations leur ont facilité l’accès aux services de proximité .Ces
initiatives ont démontré que lorsque elles rassemblent leurs ressources et
qu’elles reçoivent un soutien d’accompagnement adéquat, les femmes sont
capables de s’engager à accroitre leur influence dans les différentes étapes
de la chaine de valeur (production, transformation, commercialisation) et
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7. de participer à la coordination de ces différentes étapes et enfin leur niveau
d’émancipation et d’autonomisation s’améliore progressivement.
Pour promouvoir la position et accroitre les opportunités de
progression de la femme dans la chaine de valeur agricole , une
combinaison de mesures devrait être envisagée :
- Implication active des femmes dans les groupes d’études
d’exploitations agricoles de micro-entrepreneurs,
- Renforcer leurs compétences techniques et de négociation, et les
aider à établir des réseaux d’échanges et de synergie.
- Soutenir la participation des femmes à la politique agricole et aux
négociations commerciales agricoles par le biais de leur
appartenance à des organisations collectives.
- Renforcer les coopératives de femmes en leur apportant un appui
dans l’amélioration de leur production, de la qualité et de la
commercialisation
de
ces
produits.
- Aider les femmes à développer leurs propres stratégies pour
surmonter les contraintes et maximiser les opportunités, en
tenant compte des différents besoins de différents groupes socio économiques.
- La formation et la sensibilisation continue pour les hommes et les
femmes
ensemble enfin d’être au même niveau de
compréhension de l’aspect genre.
- Développer la culture de rendre compte pour les femmes qui
représentent les autres
et développer
des outils de
communication adaptés à leur niveau.
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8. - Encourager les femmes à saisir les opportunités éducatives et de
formation et à développer leurs expériences et leurs compétences
pour améliorer les perspectives futures d’emploi.
- Améliorer l’accès des femmes à la terre, à la technologie, à la
certification en matière de qualité et de sûreté du produit, aux
marchés, aux informations tarifaires, au crédit et à l’assurance,
dans le but de renforcer leurs aptitudes à travailler à titre
d’exploitantes contractuelles.
- S’assurer que les politiques et les programmes visant au
développement des chaînes de valeur tiennent compte des
différentes responsabilités sexospécifiques dans tous les maillons
au sein de la chaîne.
- Former les femmes aux compétences entrepreneuriales pour
renforcer leurs entreprises, augmenter leur confiance et atténuer
leur aversion aux risques.
- Un appui technique particulier aux coopératives et organisations
des femmes pour plus d’émancipation et à la transformation
visant une valeur ajoutée de leurs produits.
Le renforcement de l’accès des biens et des ressources aux femmes et le
contrôle qu’elles exercent sur ces aspects, tant dans la sphère économique
que dans la sphère sociale, permet de libérer le potentiel de production.
Un acteur et une main d’œuvre mieux éduqués, plus qualifiés, et mieux
informés sont plus productifs.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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