L’ECN à l’étranger
Les ECN sont au centre des discussions actuelles. Les limites de cet examen se font sentir, du côté des étudiants comme des enseignants, et des critères de sélection viciés sont pointés du doigt. Pour réfl échir aux modalités d’une réforme qui s’annonce aussi compliquée que nécessaire, pourquoi ne pas aller voir comment sont formés les médecins ailleurs dans le monde ?
Tour d’horizon des équivalents des ECN à l’étranger...
1. L’ECN à l’étranger
Les ECN sont au centre des discussions actuelles. Les limites de cet examen
se font sentir, du côté des étudiants comme des enseignants, et des critères de
sélection viciés sont pointés du doigt. Pour réfléchir aux modalités d’une réforme
qui s’annonce aussi compliquée que nécessaire, pourquoi ne pas aller voir
comment sont formés les médecins ailleurs dans le monde ?
Tour d’horizon des équivalents des ECN à l’étranger…
L’Espagne : un ECN en QCM
A ceux qui pensaient que le fait de classer les étudiants par ordre de mérite était une habitude
bien française, détrompezvous. Les étudiants espagnols reçoivent le titre de « Licenciado en
Medicinay Cirurgica » au bout de six ans d’études, mais s’ils veulent pouvoir travailleren tant que
médecin ou pratiquer une spécialité, ils doivent alors affronter le redoutable «Medico Interno Residente», qui est
un examen de 250 QCM, et qui offre chaque année environ 5000 places pour 18 000 participants. Contrairement
aux ECN, les résultats de cet examen ne sont qu’en partie responsables du classement des étudiants, car l’ensemble
des notes obtenues durant le cursus est également pris en compte. De plus, comme il y plus de postulants que de
postes, il est possible de passer cet examen autant de fois que souhaité.
Le cas particulier de la Belgique
Les études de médecine en Belgique durent 7 ans de théorie et de stage. Pour accéder à une spécialisation,
appelé « master complémentaire », l’étudiant doit présenter sa candidature dans l’institution universitaire qui
gère cette spécialité. Les étudiants sont classés selon une note obtenue comme suit :
Résultats académiques des années de 2e cycle : 50% de la note finale. Ces résultats comprennent les notes
obtenues en stage. Chaque année redoublée fait perdre un certain nombre de points, variable entre les différentes
universités belges.
Résultats des enseignements de 2e cycle directement liés au grade académique de 3e cycle visé : 25% de la
note.
Evaluation des capacités et motivations spécifiques de l’étudiant : 25% de la note. Cette évaluation se base sur le
C.V. de l’étudiant, des entretiens avec un jury, et un examen (ou non) selon la spécialité.
La loterie néerlandaise
La situation aux PaysBas suscite beaucoup de curiosité de la part des étudiants des autres pays,
en effet il s’agit du seul pays au monde qui sélectionne les étudiants de P1 par le biais d’un tirage
au sort. Cette sélection se fait pour l’entrée dans les études médicales, il s’agit d’une loterie pondérée qui prend en
compte les résultats de l’examen national du lycée. Les étudiants qui ont obtenu une note supérieure à 8/10 sont
exempts de ce tirage au sort et sont admis directement à l’université. Les universités excentrées par rapport aux
grandes villes proposent une admission uniquement sur examens. Une particularité des universités néerlandaises
est qu’elles ont des objectifs de formations à respecter, définis au niveau national. Elles sont évaluées tous les 4 à 6
ans, et si une université obtient de trop mauvais résultats, l’organisation de son enseignement est réformée.
Aux PaysBas les étudiants terminent leurs études s’ils ont validé tous leurs modules. Ils peuvent alors pratiquer
en hôpital, mais ne peuvent pasouvrirdecabinet. Pourêtre médecin généralisteou spécialisteà son compte, il faut
faire une formation plus poussée, encadré par un senior. Le poste est pourvu après un entretien, et les étudiants
sont bien plus sélectionnés sur leur personnalité plutôt que sur leurs résultats aux examens.
Etudes À l’étranger
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2. Suisse et Allemagne :
deux systèmes, zéro classement
Il y a des pays où la formation médicale ne passe par aucun concours, c’est
le cas de l’Allemagne et de la Suisse. Les études dans ces deux pays voisins se
ressemblent sur plusieurs points : elles durent 6 ans d’apprentissage général,
entre la théorie des cours et la pratique des stages. Chaque année se solde par un examen qu’il
faut réussir pour passer à l’année suivante. En Allemagne, l’examen de la deuxième année est
le plus important, le Physikum : si l’étudiant échoue à cet examen, il est exclut des études
médicales. Les examens des autres années peuvent être passés au maximum trois fois. En Suisse
chaque examen peut être redoublé une fois, il faut avoir 4/6 pour valider (làbas les notes sont sur 6 et non sur 20!);
environ 10% des étudiants sont recalés par année.
La validation de l’examen de fin d’étude, qui en Suisse se déroule sur un an avec dix examens oraux et cinq
examens en QCM, donne accès au poste d’interne. C’est à l’étudiant de trouver un poste en hôpital où il effectuera
sa spécialisation. Il est de son ressort d’établir des contacts durant ses stages d’externe pour se faire connaître des
services et trouver son futur lieu de formation.
Les Collèges Royaux du Royaume-Uni
Outremanche, les études générales durent 5 ans, au bout desquelles l’étudiant doit trouver un
poste en hôpital pour faire sa spécialisation. Selon son objectif, il va se plier aux critères de sélec
tion de chaque Collège Royal, un par spécialité (dont la médecine générale). Il postule comme
pour une demande d’emploi, il est jugé sur sa personnalité, mais le dossier scolaire est également très important.
La formation dure de 3 à 8 ans, et il faut réussir les examens propres à chaque spécialité pour être accepté dans
le Collège Royal de Chirurgie, de Gynécologie, de Psychiatrie, etc… L’examen est théorique mais juge également
beaucoup sur la pratique, avec de multiples entretiens, et entre autres des consultations filmées et commentées.
Il y a au moins autant de systèmes d’études médicales qu’il y a de pays sur la planète,
même si aucun n’est véritablement parfait. Partout les modes de sélection sont soumis
aux critiques des étudiants, aux volontés des professeurs, aux décisions ministérielles
ainsi qu’aux impératifs sanitaires et budgétaires du pays.
Se pencher sur l’organisation des études à l’étranger peut être utile pour remettre en
question notre système actuel. S’il parait difficile de mettre en place un système de
sélection qui convienne à l’ensemble des acteurs du système de santé, se pencher sur
l’organisation des études à l’étranger peut être une source de pistes à exploiter pour en
visager une alternative aux actuels ECN (et pourquoi pas, une alternative au concours
de P1?).
Victoria Lanvin
Vice Président en charge des Publications de
l’ANEMF 0910
C.C.R:ComitédesCarabinsResponsables
Ensemble,responsabilisons-nous.
À l’étranger Etudes
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