Revue "What's Up Doc" n°26 - Mai Juin 2016
PARTIR C’EST SURTOUT PRÉVOIR, CALCULER ET ANTICIPER. RIEN N’EST PLUS PÉNIBLE QUE DE PARTIR ET SE RETROUVER À MANGER DES PÂTES TOUS LES JOURS, OU PLUTÔT LA FAMEUSE P LSE AU NARVESEN*, EN PLUS DE DORMIR DANS UN TROU DE SOURIS ! IL EST DONC PRIMORDIAL DE CONNAÎTRE LES DIFFÉRENTES FICELLES POUR ACCUMULER SON PETIT PACTOLE…
Tout d’abord Oslo est une des capitales les plus chères au monde !
Lorsqu’on part pour un research fellowship comme chercheur, le plus souvent c’est avec des financements français ou bi-appartenant avec le pays d’accueil. Attention : dès lors que l’on part avec des financements français, le coût de la vie n’étant évidemment pas le même, il existe une inadéquation ! Et les bourses qui financent des postes de recherche sont souvent précaires…
L’inscription à la fac d'Oslo dépend du statut (post-doc ou séjour à l’étranger). Le département d’accueil doit juste être en règle avec l’administration quant à notre venue.
Concernant les impôts sur les bourses françaises, côté Norvège c’est l’exonération mais il faut le déclarer votre situation le jour où vous vous faites enregistrer au département de police qui gère les expatriés. Côté français, on vous demandera de payer des impôts sur ces bourses. Si vous percevez un salaire norvégien, vous paierez des impôts en Norvège. En bref, chaque pays demande de payer les impôts correspondant à ce qu’il donne…
Côté dépenses, la vie quotidienne en Scandinavie est très chère lorsqu’on est « latin » et qu’on aime les « bonnes choses ». Tout d’abord le dressing est à refaire, et ceci n’est pas vraiment négociable avec les -10 °C l’hiver, dans les rues glacées et enneigées. Il faut acheter du « technique et pointu », ce qui a un prix (une bonne jacket : entre 600 et 700 €, et compter 200 € pour les boots).
Ensuite il faut se loger. C’est primordial de se sentir au chaud dans un cocon « koselig », comme on dit en norsk, lorsque la nuit tombe à 2.30-3 pm au creux de l’hiver et qu’il fait froid… Très froid !
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www.reseauprosante.fr
2. qu'un 38 m2
se loue environ 1600 € dans un bon quartier,
on comprend pourquoi de nombreuses personnes vivent
en colocation…
Une fois qu’on a un toit, il faut gérer le quotidien
Courses mais aussi resto, bar… Et ça, c’est cher, car la plupart des
produits sont importés. Concernant l’alcool par exemple, les taxes
sont très lourdes : un verre de vin au resto coûtera 15 €, une bière
(« øl ») aux alentours de 10 €. Les transports, dont le réseau
est très performant, coûtent environ 30 Kr, soit 4 €, pour 1 ticket
aller pour le « trikk » (tram); et la carte au mois 680 Kr, soit 75-80 €.
Par contre le package « cross country ski » (shoes / ski / bâton)
pour les débutants, 150 € : so cheap!
Il ne faut pas oublier de penser à la protection
sociale!
Lorsqu’on est salarié de la Norvège, il faut avancer les
200 premiers Kr/an soit moins de 25 € (dans n’importe quel
domaine du soin : consultation, acte chirurgical…) et ensuite tout
est pris en charge à 100 %, sauf le remboursement de certains
médicaments et frais paramédicaux (attelle par exemple).
Si l’on n’est pas salarié de la Norvège, la carte européenne
de l’assurance maladie ne couvre pas la durée d’expatriation
d’un an et surtout vous n’avez pas de mutuelle associée. Une
des solutions est de souscrire une assurance privée, qui alourdira
encore la facture (par exemple : 480 €/mois, remboursement
sur le système français combinant la partie Sécu et mutuelle du
système français). La plupart de ces assurances sont étrangères.
Concrètement et au total, pour un an,
environ 40000 à 50000 € sont nécessaires
pour bien vivre si l’on est seul.
Le coût peut doubler ou tripler pour une famille entière.
Il ne faut pas oublier les impôts de l’année d’avant qui restent
à payer, sauf si vous avez demandé de décaler. Petite astuce
aussi, pour l’inscription à l’Ordre des médecins, il est possible
de demander une exonération pour un an de la cotisation,
d’autant plus que vous n’exercerez qu’en tant que chercheur.
Mais où trouver les financements?
Souvent c’est la croix et la bannière en recherche. Il faut s’y
prendre tôt pour écrire des projets bien « ficelés » et respecter
les deadlines. Attention il n’est pas légal d’obtenir 2 bourses
pour le même travail le plus souvent. L’astuce est de combiner
plusieurs bourses mais sur des parties différentes du projet,
ou alors des bourses dont les buts ne sont pas les mêmes
(projet, logistique…).
Alors, déjà sur le départ?
*kiosque local norsk vendant des saucisses norvégiennes.
Thésards NE VOUS
FAITES PAS b**ser!
Vous marnez, vous faites tout
le travail, vous rédigez une thèse,
et plus tard vous êtes oublié
lors de la publication…
Vous trouvez ça drôle?
Voici un exemple d’e-mail que je reçois environ
tous les 2 mois :
« J'aimerais vous demander votre avis
concernant un projet d'étude que je compte
soumettre à l'équipe du Pr XXXX du CHU XXXX
lors de mon prochain stage. Ce travail a de
fortes chances d’être publié. J’en rédige
actuellement la biblio et la méthodo. Je l’ai
évoqué avec le chef de service, il est
enthousiaste et a envie de s’impliquer.
Ma question pourrait donc vous paraître naïve,
mais y aurait-il un risque pour que je ne figure
pas comme le premier auteur en cas de
publication? Et, le cas échéant, quels seraient
alors mes recours pour faire valoir ma place?
J'ai, en effet, entendu plusieurs histoires
d‘internes qui auraient réalisé la majorité
d’un travail pour ne se retrouver finalement
qu’en deuxième position… »
Eh oui! C’est parfois la dure réalité de certaines
équipes hospitalières qui, sous la pression de
la course aux publications, préfèrent mettre en
avant un candidat à potentiel universitaire plutôt
qu’un thésard dévoué seulement de passage.
Attention donc. Ne vous faites pas avoir : fuyez!
Ou, au minimum, assurez-vous de bien mettre
votre qualification en tant que premier auteur
dès la rédaction de votre protocole sans jamais
perdre de vue la soumission du papier final.
*Hervé Maisonneuve est médecin, professeur associé en
santé publique, avec une activité de formation en rédaction
scientifique, et blogueur : www.redactionmedicale.fr.
Par Hervé Maisonneuve*
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37mai-juin 2016 What’s Up Doc? 26