Les outils numériques et le web sont devenus des outils de collecte et d’observation que nous intégrons dans nos pratiques de recherche. Les participants, qu’ils soient leurs propres observateurs ou instruments de relevés d’un inventaire, sont devenus les éléments majeurs de ces enquêtes. Sur la base des projets VéléVal et RêVeRIES, nous échangerons avec Matthieu Adam ( LAET / ENTPE), Luc Merchez (EVS/ENS) , sur les questions que cela pose, comme les biais que cela implique, la prise en compte des variabilités de participation, les bonnes pratiques pour éviter ces écueils lors de la construction du protocole…
Véléval : retours d'expériences sur les protocoles d'enquêtes. Matthieu Adam (LAET/ENTPE), Luc Merchez (EVS/ENS)
1. Retours sur le projet Véléval
Enquêtes contributives et participatives : retours d'expériences sur les protocoles
Atelier 8
Lyon, 6 décembre 2019
Matthieu Adam, Luc Merchez
2. Le projet Véléval
Pluridisciplinarité : sociologie, géographie,
urbanisme, informatique
Hypothèse : la production des pratiques cyclables
dépend
a) de la trajectoire sociale des individus ;
b) de leurs socialisations (velo, mobilités urbaines) ;
c) de la qualité des espaces parcourus.
Notion centrale : « être à l’aise »
Matériaux : traces GPS, vidéos, entretiens de réactivation
3. Théorie des pratiques
Elizabeth Shove
Explication des pratiques sociales :
- Normes et valeurs (significations, représentations, normes sociales)
- Compétences et savoir-faire nécessaires
- Matérialité (objets et infrastructures)
- Politiques publiques qui rendent ou non possible leur essor
Evite le dilemme individu/structure sociale
Application aux pratiques cyclables : être à l’aise à vélo en ville ?
Être à l’aise dépendrait de :
- Contingences spatiales, matérielles, logistiques et économiques
- Différentes socialisations des individus à cette pratique
4. Socialisation par et aux pratiques cyclables
Méthode
Utilisation combinée de trois outils méthodologiques
la mesure des déplacements grâce aux traces GPS
l’analyse d’images mobiles issues de l’utilisation de caméras
l’entretien de réactivation (les traces et les vidéos servent d’embrayeur aux discours des cyclistes)
Question de recherche
Qu’est-ce qu’être un cycliste urbain quotidien dans quel contexte et comment le devient-on ?
Saisir, ce qui, dans la trajectoire personnelle des cyclistes, comme dans les territoires où ils
pédalent contribue à les rendre plus ou moins à l'aise à se déplacer en vélo ?
5. Le panel enquêté : du choix d’échantillon à la variabilité des
matériaux réunis (malgré un protocole unique)
Quel degré d’adhésion/participation des enquêtés au protocole mis en place?
…
Un panel représentatif ?
Qui? Des cyclistes recrutés sur la base d’interconnaissances, présentant divers profils en
terme socio-professionnel, de longueur de trajet quotidien, etc…
Où? Répartis équitablement sur Lyon et Saint-Etienne
Un protocole méthodologique fortement impliquant pour les enquêtés
Sous-estimation du temps nécessaire pour enregistrer 10 trajets ou plus
Cf. les aléas inhérents au dispositif technique devant être approprié :
oubli de la caméra , oubli d’extinction / oubli ou le manque de temps pour recharger la caméra / dérèglage de
la caméra / Problèmes de fonctionnement (enregistrement des traces)
Une enquête de terrain plus compliquée et chronophage qu’annoncée
- Choix d’enquêter sur le seul trajet domicile-travail
- Contrepartie de données riches des données très volumineuses générant des traitements non basiques
6. 4 constantes dans les récits
1. Rupturesbiographiques à l’origine de l’adoption de la pratique au quotidien (reprise
aprèsunepause)
2. Acquisition demaîtrise à travers l’usage de deux rouesmotorisés et/ou de la voiture
3. La pratique intervientsurtout auprèsd’unepopulation exprimant unbesoin d’exercice
physique quotidien
4. Différence genréedans l’expression de cette pratique (performancesphysiques
masculines)
Retours de terrain
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Une collecte GPS pour interroger la cyclabilité des espaces urbains (1)
Cyclabilité
Conditions matérielles, techniques et sociales
qui concourent à l’usage du vélo et conditionnent
la qualité du déplacement cycliste
Les études de la cyclabilité
Peu de confrontations aux vécus des cyclistes
Deux terrains d’études
Métropole de Lyon
Politique volontariste, part modale moyenne (6%)
Métropole de Saint-Étienne
Politique défaillante, part modale faible (<1%)
Lien vidéoL’insuffisance des traces GPS brutes
==> Enrichir les traces GPS
8. Assises MAGIS 11&12 Juin 2019 8
Quelques questions :
Cyclabilité vécue Versus cyclabilité théorique : quels enseignements ?
Où circule-t-on bien/mal à vélo ?
Quel usage des aménagements cyclables ? (et plus-value de ces derniers ?)
Quels facteurs explicatifs de pratiques différenciées ? (quelles variables individuelles discriminantes ?)
Une double approche
> Caractériser/typer les pratiques (en fonction des individus et de leurs caractéristiques)
Élaboration d’indicateurs simples, potentiellement révélateurs de pratiques/comportements cyclistes plus ou moins aisés
> Caractériser/typer les lieux en fonction de leur « degré de cyclabilité » effective
Différencier les sites précis (cf. intersections-carrefours) des différents tronçons constituant un trajet
Croiser ces informations relatives aux trajectoires « réelles » avec les variables environnementales et matérielles de
l’espace support (type de voie, type de carrefour, voire dispositifs de sécurité, signalétique, etc…)
Une collecte GPS pour interroger la cyclabilité des espaces urbains (2)
9. 9
Cahier des charges de la collecte participative et massive sur 6 mois
Attentes et besoins :
- Utiliser le GPS des smartphones des volontaires, en s’appuyant sur des applications accessibles de
tous
- Obtenir des données potentiellement enrichies (qualitatives) (notamment connaître quelques
caractéristiques des cyclistes volontaires, motifs et habitudes de déplacements, …
- Pouvoir paramétrer l’enregistrement pour disposer de traces homogènes (1 point par seconde,
Précision de 20 m ou mieux, Pause automatique en l’absence de mouvement, …)
Bilan à 6 mois :
163 réponses au questionnaire, plus de 2000 traces réalisées par environ 75 cyclistes volontaires
Les 4 premiers mois : 1800 traces / 64 cyclistes / 8600 km parcourus / 693 heures
Trajet moyen : 4,8 km / 23 minutes / 12,5 km/h
(Grande majorité à Lyon)
Comment récolter des données « enrichies » en masse pour en extraire des
indicateurs pertinents ?
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Recrutement (avec renvoi systématique à une page de présentation et d’instructions, voir ci-après)
- En direct : flyers
- Par les canaux universitaires
- Grâce aux associations cyclistes (Ville à vélo, Ocivélo…)
- À travers les partenaires praticiens (Grand Lyon)
cf. Programme « métatesteurs »
Vidéo de présentation :
https://youtu.be/FGupsgC7BCo?list=PL5hiTZUmgff6EIrHiIsTIpRYthubQMh33&t=14
60 volontaires en moins de 3 semaines
Un Questionnaire sur la pratique cycliste et les habitudes de déplacement…
… renvoyant à un tutoriel pour installer/paramétrer l’application de collecte, avec des consignes souples :
- Tout déplacement à vélo
- Tous motifs (domicile-travail, utilitaire, loisirs…)
- Durée indéfinie de la participation (de quelques jours à quelques mois par la suite : restriction à 2 semaines
Recruter et guider les cyclistes volontaires vers la collecte et le partage de leurs
trajets à vélo (1)
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page de présentation et d’instructions
Recruter et guider les cyclistes volontaires vers la collecte et le partage de leurs
trajets à vélo (2)
Tutoriels
Questionnaire
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Un taux d’abandon important parmi les volontaires initialement intéressés :
1 répondant sur 2 environ (et seulement) a envoyé des traces
Une participation très inégale d’un cycliste à l’autre :
Implication très variable des participants, avec une part importante de petits contributeurs (oubli, lassitude, …)
(= phénomène classique sans doute accru par l’absence de consignes données quant à la durée de la participation,
du nombre de traces à atteindre, …)
Les constats à l’issue de la collecte (1)
14. Assises MAGIS 11&12 Juin 2019 14
Les constats à l’issue de la collecte (2)
Difficulté à mobiliser TOUS
TYPES de cyclistes :
Sur-représentation des cyclistes :
- aguerris et réguliers (70-90%)
- niveau élevé de formation
- sensibilisés et/ou dans le premier
cercle du projet (collègues,
étudiants, partenaires, …) (>72%)
Sous-représentation des cyclistes :
- occasionnels / opportunistes /
novices
- non militants
- lointains (géographiquement,
professionnellement,
culturellement, …)
Implications en terme de
distribution spatiale des données
recueillies
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Les constats à l’issue de la collecte (3) Des effets de concentration spatiale hérités
du panel de volontaires
Lyon (avril – juillet)
57 utilisateurs, 1306 traces, 5797 km
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Des données malgré tout riches et exploitables (1)
Adéquation cyclabilité théorique et
lieux/axes pratiquées
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Des données malgré tout riches et exploitables (2)
Caractériser/typer les pratiques en fonction
des individus et de leurs caractéristiques
Bilans utilisateurs
Bilans fonctions des caractéristiques
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REALISATION A FAIRE ou AMELIORER
Établir un protocole strict
Mais… mieux renseigner chaque trajet (liste de motifs ?)
+ davantage contraindre nombre de traces ou durée de participation
Avant de débuter la collecte : créer un système
- nommage des fichiers
- partage et stockage semi-automatisé
Mais… Éviter les transferts de fichiers par email
privilégier un protocole plus sécurisé, serveur FTP ?
Utiliser des applications simples à configurer
Le besoin de fichiers homogènes nécessitait un paramétrage important
Des fichiers de configuration peuvent désormais être partagés (GPSlogger)
Mais… Dans l’idéal, développer une application spécifique
(unique pour tout système d’exploitation)
Un suivi+retour en temps réel
Visualiser la trace en direct
Confirmation d’envoi/réception de chaque trace
Information sur le nombre de traces partagées Mais… un mode de collecte difficile à pérenniser sans
interface humaine
Collecte participative – Examen critique des choix réalisés