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« Le Top 14 n’est plus le
championnat de France »
Propos recueillis par Nicolas AUGOT
nicolas.augot@midi-olympique.fr
Vous avez regardé les test-matches de l’équipe
de France en Australie. Quel est votre sentiment ?
Ces trois derniers matchs marquent, notamment après le Tournoi. Il faut vite tirer la sonnette
d’alarme. Ça me fait mal aux tripes et, aujourd’hui, c’est un cri du cœur car je n’ai pas l’habitude de
faire des commentaires dans la presse. Tout le monde tire sur l’ambulance, mais l’équipe de
France, ce n’est pas les trente mecs qui étaient en Australie. Ce ne sont pas les trente types qui
sont dans l’ambulance qu’il faut fracasser. Attention, je ne cherche pas à les défendre mais nous
sommes tous coupables. C’est notre faute à tous si le rugby français a perdu ses valeurs. Nous
sommes la nation qui compte le plus de licenciés et il n’est pas normal de se retrouver à la
septième place mondiale. À partir de là, il faut se poser des questions. Est-ce que les entraîneurs
sont au niveau ? C’est légitime de se poser la question. Ou est-ce que le Top 14 ne plombe pas
l’équipe de France par rapport à l’arrivée massive des étrangers ?
Que voulez-vous dire ?
J’ai entendu Yannick Bru dire à demi-mot que le championnat posait problème. Mais il faut le dire
franchement. Ce championnat nous pose problème. Le Top 14 est devenu un championnat
mondial mais ce n’est plus le championnat de France puisqu’il est constitué à 90 % d’étrangers
dans les effectifs. L’équipe de France paie les pots cassés. Il faut ouvrir les yeux. Ce n’est pas une
critique mais un constat et il faut dire les choses comme elles sont. Je crois au potentiel du rugby
français mais il faut faire jouer les joueurs français. À vouloir des résultats rapidement avec
l’arrivée massive des étrangers en Top 14, les clubs ont délaissé la formation. Je ne suis pas en
train de couvrir le staff mais tout le monde a une part de responsabilité. C’est trop facile de dire
que les entraîneurs sont des pipes et les joueurs des fainéants.
L’excuse de la fatigue après une saison
très longue ne peut pas expliquer
ces trois défaites selon vous ?
La moitié des Bleus ont eu trois semaines, voire un mois pour préparer cette tournée. Je constate
aussi qu’un tiers des joueurs de l’équipe de France n’ont pas joué cette saison parce qu’ils étaient
blessés. Je pense à des joueurs comme Dusautoir ou Ouedraogo par exemple. Un autre tiers des
joueurs sont remplaçants dans leurs clubs comme Debaty, Tolofua ou Michalak. Ils sont arrivés en
Australie avec de la fraîcheur. Bizarrement, c’est Maestri, qui a joué toute la saison, qui est apparu
le plus frais. Cela pose surtout un problème de rythme pour pouvoir rivaliser au niveau
international. Ce n’est pas une question de talent individuel mais d’un manque de temps de jeu.
Les clubs sont maintenant structurés autour de joueurs étrangers, et ce, jusqu’en Fédérale. Ça me
fait peur. Donc un tiers des joueurs de l’équipe de France sont remplaçants dans leurs clubs. Cela
ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bons mais ils n’ont plus de place.
Néanmoins, les Bleus ont rapidement montré
des signes de lassitude…
Certains garçons étaient émoussés par la saison, d’autres manquaient de rythme. Après, quand on
se met devant la télévision, le plus gênant est de ressentir cette sensation que les mecs ont envie
que cette tournée se termine au plus vite. Je parle juste en termes d’image. Avec l’étrange
impression qu’ils sont déjà en vacances… Et cela pose l’éternel problème de la date de cette
tournée. Bien sûr, les Australiens ont battu les Bleus grâce à leur vitesse mais aussi parce qu’ils
étaient supérieurs dans le combat. Et nous n’avons pas senti les joueurs français faire les efforts
nécessaires au niveau du sacrifice collectif. Et je dis ça aussi par rapport aux témoignages des
joueurs après les matchs, notamment ceux de Mathieu Bastareaud ou de Yannick Nyanga. Les
garçons étaient frustrés.
Les commentaires du staff et des joueurs
ne vous ont pas laissé insensible…
Aujourd’hui, tout le monde nous voit au plus bas. Mais il ne faut surtout pas dire que nous sommes
à notre place avec cette septième place mondiale. Ce n’est pas normal. Le staff, les joueurs n’ont
pas le droit de dire que la France est à sa place car, en Coupe du monde, nous avons toujours
torpillé les Blacks. En 2011, avec un autre arbitrage, les Bleus peuvent être champions du monde.
Cela avait été similaire en 1995 où, sans un arbitrage particulier en demi-finale, nous aurions pu
prétendre à la victoire finale. Il faut donc arrêter de se rabaisser, de regarder ailleurs ce qui se fait
et de penser que c’est forcément mieux. Au contraire, nous devons trouver le moyen pour
dépasser les autres nations. Mais il ne faut surtout pas vouloir les copier.
Vous dites que ce n’est pas un problème de talent individuel. Pourtant, lors de cette
tournée, le niveau technique des Tricolores a largement été commenté, même par le
staff. Qu’en pensez-vous ?
C’est une connerie de mettre en doute la technique individuelle des joueurs français. Ils n’ont rien
à envier à personne. Il faut arrêter de taper là-dessus. J’ai vu des grands joueurs internationaux à
Bayonne incapables de réussir les mêmes passes que des jeunes joueurs du club. La technique,
c’est un faux débat. Le geste technique ne vient que d’un élément : l’avancée. Quand vous jouez à
reculons, quand vous prenez la pression, il est toujours plus difficile de réaliser le geste juste. Les
Français ont été dépassés collectivement, pris par la vitesse des Australiens, et on revient à
l’absence de rythme chez nos joueurs. Mais je n’ai pas vu des chisteras, des gestes techniques
exceptionnels dans leur jeu. Ils ont été capables de jouer les zones d’affrontement et les intervalles
mais je n’ai vu aucun geste technique extraordinaire, seulement le geste logique à faire dans
chaque situation. L’autre point qui fait débat, c’est le physique et j’ai été surpris par les propos de
Fabien Pelous après la Coupe du monde des moins de 20 ans. Il expliquait que le physique devait
devenir une priorité dans les années à venir. Pourtant, nous disions la même chose il y a quinze
ans et je crois que nous avons rattrapé notre retard. Quand on met les jeunes joueurs français sur
une balance et ceux des autres nations, il n’y a pas trente kilos d’écart !
La faiblesse du jeu de l’équipe de France peut-elle s’expliquer par celui pratiqué en Top
14 qui est de plus en plus critiqué pour son côté défensif et de moins en moins
spectaculaire ?
Notre championnat s’est structuré autour du pognon. Effectivement, le Top 14 est beaucoup plus
fermé que les autres championnats. C’est la première chose que je dis aux joueurs du Super
Rugby. Il est nécessaire de réduire les voiles car chaque point est important. L’efficacité est plus
importante que le spectacle. Il faut revoir la formule du championnat. Aujourd’hui, c’est juste un
eldorado pour des joueurs qui veulent s’en mettre plein les poches. Nous sommes devenus le
Japon et tout le monde s’engouffre là-dedans. Quand des étrangers arrivent à Toulon, ce n’est pas
un problème car, s’ils n’ont pas le niveau, cela se remarque tout de suite au milieu de toutes ces
stars. Mais les autres peuvent venir tranquillement faire plusieurs clubs en France sans faire trop
d’efforts. L’arrivée massive de ces joueurs a fragilisé le rugby français. Cela a déstructuré notre
patrimoine et nous ne sommes plus nous-mêmes, et ce, même sur le plan du jeu. Pendant très
longtemps, le jeu français s’est différencié par sa faculté d’adaptation. Ce n’est plus le cas car la
présence massive d’étrangers a dénaturé notre rugby. Nous nous sommes adaptés à eux et j’ai pu
le constater au niveau du travail technique, aux structures et contenus des entraînements. Tout est
maintenant très anglo-saxon ou copié sur l’hémisphère Sud. Et c’est une fuite en avant car, après
l’arrivée de joueurs étrangers, nous avons pu constater que des préparateurs physiques étrangers
intégraient les staffs techniques et, maintenant, les présidents vont chercher des entraîneurs
étrangers. Mais c’est évident et logique que les entraîneurs français se retrouvent sur le carreau.
Un président qui investit se dit que tout sera plus facile, notamment au niveau de la communication.
Même l’ancien président de la Ligue (Serge Blanco a engagé Eddie O’Sullivan à Biarritz, N.D.L.R.)
vient de recruter un entraîneur étranger ! Nous perdons nos valeurs. Nous avons dû changer nos
traditions, notre culture. Des entraîneurs comme Bernard Laporte ou Fabien Galthié sont
aujourd’hui dans de grosses structures et ferment les yeux. Pourtant, Bernard Laporte doit savoir
comme personne ce que ressent le staff actuel de l’équipe de France. D’autres ne disent rien car
ils pensent avoir le potentiel pour arriver un jour au poste de sélectionneur. Mais il ne faut pas
qu’ils croient qu’ils pourront changer quelque chose quand ils seront en place. Ils rencontreront les
mêmes problèmes et s’apercevront de nos lacunes.
Pourtant, l’arrivée massive de joueurs étrangers n’est pas près de s’arrêter. Même le
Stade toulousain, qui a pendant de très longues années révélé les internationaux
français, semble avoir choisi cette voie…
Qu’est-ce qui a fait la force de Toulouse ? Cela a toujours été de pouvoir puiser dans son réservoir
des gamins qui s’étaient construits à la mamelle du Stade toulousain depuis de longues années.
Mais, confrontés à un manque de résultats, les dirigeants du club ont clairement affiché leur
intention de reprendre la méthode Boudjellal avec des très bons joueurs étrangers présents au
club pendant les matchs internationaux.
Mourad Boudjellal a définitivement fait basculer le rugby français dans une autre
dimension. Pensez-vous que c’est une bonne chose ?
Le premier à avoir changé le rugby français reste Max Guazzini. Tout le monde a applaudi des
deux mains. On est entré dans une autre ère et je ne critique pas. Je ne connais pas Mourad
Boudjellal mais, sans démagogie, il a fait avancer les choses. Je dis respect. Il a reconstruit le
rugby à Toulon. Et on ne peut rien dire sauf bravo. Malheureusement, par sa façon de faire, il a
creusé un écart avec les autres clubs. Un fossé pas en termes de jeu mais au niveau des
mentalités du rugby français car il a tout mis en œuvre pour réussir. Mais il a changé les
comportements. Le rugby est maintenant envahi par l’argent. Il a été suivi par Savare au Stade
français, Lorenzetti au Racing, Altrad à Montpellier et maintenant Toulouse se structure de la
même manière. Tout le monde veut suivre l’exemple de Toulon avec des joueurs étrangers et c’est
la surenchère. Mais où sont nos valeurs là-dedans ? Si les gros clubs veulent poursuivre dans
cette voie, il serait préférable qu’ils deviennent des franchises avec les meilleurs joueurs mondiaux.
Ils disputeraient une super Coupe d’Europe, à l’image du Super 15 dans l’hémisphère Sud, et le
championnat de France, avec son Bouclier de Brennus, où les Français pourraient jouer, serait
l’équivalent du NPC. L’équipe de France ne serait plus fragilisée. Ce n’est pas contre Mourad
Boudjellal qui a fait avancer les choses. Personne ne peut lui cracher dessus. Mais cloisonner deux
compétitions, une réservée aux franchises, l’autre aux clubs, n’aurait que des avantages. La saison
serait plus courte et cela libérerait des dates pour l’équipe de France et les clubs perdraient moins
d’argent avec la mise à disposition des internationaux.
N’est-ce pas utopique ?
Les clubs auraient de nouveau envie de former des joueurs pour qu’ils deviennent les stars de
demain. Que l’on nous envie nos joueurs partout dans le monde. Je crois que Mourad Boudjellal a
assez de fierté et de caractère pour être capable de bâtir une équipe avec les meilleurs jeunes
Français. Aujourd’hui, Toulon ne compte que trois internationaux, Michalak, Bastareaud et Menini,
et aucun n’a été formé au RCT. Je suis admiratif du parcours de Mourad Boudjellal, notamment par
rapport à ce qu’il a fait avec la bande-dessinée Rahan dont j’étais fan quand j’étais gosse. Il a
investi dans Rahan et il a réussi à reconstruire l’image de cette BD. Il a fait de même avec le RCT
en devenant le numéro un en France et en Europe. Maintenant, l’idée est de faire autre chose. De
prendre son courage à deux mains pour avoir les meilleurs joueurs français. Je me dis que ce qu’il
a réussi à faire à Toulon, il peut être capable de le faire avec le rugby français.
Est-ce un appel à Mourad Boudjellal ?
Ce n’est pas un appel mais je crois qu’il est capable de le faire. Mourad Boudjellal pense
aujourd’hui que tout le monde lui en veut. Mais il fait maintenant partie du monde du rugby au
même titre que les grands anciens. Tout le monde doit travailler ensemble, tous les présidents
doivent se mettre d’accord pour faire notre propre rugby. Je ne broie pas du noir car quand je vois
le niveau de nos joueurs, je répète que nous n’avons rien à envier aux autres nations. Le potentiel,
nous l’avons, mais où sont les présidents de la FFR et de la LNR ? Quand vont-ils taper du poing
sur la table pour dire que, maintenant, il est n’est plus possible d’avoir autant d’étrangers dans nos
clubs ? Ils doivent revoir notre championnat ou alors il faut définitivement passer à autre chose
avec des provinces. Aujourd’hui, l’équipe de France ne peut pas être championne du monde. Les
présidents du Top 14 doivent nous donner les moyens de réussir, de faire quelque chose de grand
et que l’on en soit fier. C’est un appel pour que tout le monde travaille ensemble. Sinon, nous
allons dans le mur. Et nous allons passer pour des clowns aux yeux du monde.
Selon vous, la France n’a aucune chance
de remporter le titre mondial ?
Nous pouvons l’être sur du bricolage, mais pas sur une force. Nous n’avons pas une force
collective. Nous ne savons pas où nous allons.
La prochaine Coupe du monde aura lieu en Angleterre, une nation souvent prise en
exemple ces derniers temps.
Bien sûr qu’il faut regarder ce qu’il se fait en Angleterre, notamment car ils ont remporté deux titres
mondiaux chez les moins de 20 ans. Leurs internationaux sont répartis dans leurs clubs dans un
championnat où il doit y avoir 90 % d’Anglais. Le meilleur représentant européen change tous les
trois ou quatre ans. Leur équipe nationale n’est pas fragilisée et les Anglais jouent avec leurs
meilleurs éléments. Ils ont la fierté de construire pour leur équipe nationale. C’est pourtant un club
français qui est champion d’Europe mais avec les meilleurs joueurs du monde. Le club anglais qui
est arrivé en finale présentait une équipe à plus forte connotation anglaise. L’exemple à côté, c’est
le football anglais avec un championnat composé en grande partie de joueurs étrangers et leur
équipe nationale est nulle. C’est important à prendre en compte.
L’arrivée massive de joueurs étrangers est-elle
le seul problème du championnat de France ?
Je veux aussi parler des arbitres français pour revenir au manque de vitesse et de rythme des
joueurs français lors de cette tournée en Australie. Ils vont certainement se demander quelles
conséquences ils ont sur les résultats du XV de France… Je ne vais pas leur dégueuler dessus, au
contraire. Je ne suis pas là pour donner des leçons mais pour qu’ils prennent conscience qu’ils font
aussi partie de la problématique. Je pense qu’ils ont aussi un rôle à jouer. Nos matchs de
championnat sont très hachés, manquent de vitesse, avec peu de prises de risques. À leur
décharge, ils doivent diriger des matchs à très forts enjeux en raison de la formule du Top 14 avec
deux clubs relégués en fin de saison. Mais quand on regarde des matchs étrangers, on peut noter
une plus grande cohérence dans l’arbitrage anglo-saxon ou sudiste. Je ne dis pas qu’ils sont
meilleurs que les arbitres français mais, par exemple, dans les zones de ruck, ils privilégient
toujours les gars qui veulent récupérer le ballon et non pas celui qui cherche à étouffer le jeu. Ils
laissent la priorité à la continuité du jeu en laissant le temps matériel au soutien de s’organiser.
Pour conclure, il serait facile de vous répondre que vous avez participé à ce système,
notamment à Bayonne avec de nombreux joueurs étrangers dans votre ligne d’attaque…
J’envie vraiment la ligne de trois-quarts de Castres qui est quasiment entièrement française avec
Cabannes, Lamerat, etc. Elle n’a rien à envier aux autres équipes et elle l’a démontré en disputant
les deux dernières finales. J’envie le CO. Après, nous ne sommes pas toujours décisionnaires dans
un club. Entraîneur, c’est un job et j’ai fait le job. Mais je me sens aussi responsable que les
entraîneurs ou joueurs de l’équipe de France. Après, j’ai aussi entraîné Machenaud, Dulin et Huget
ou Rouet et Ugalde la saison dernière. Il faut souligner le travail de leurs éducateurs. Enfin, Marvin
O’Connor aurait pu être de la tournée avec l’équipe de France. Je ne crache pas dans la soupe,
au contraire, je veux que l’on s’aide les uns les autres.
Le top 14 n'est plus le championnat de france entretien avec christophe deylaud

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Le top 14 n'est plus le championnat de france entretien avec christophe deylaud

  • 1. « Le Top 14 n’est plus le championnat de France » Propos recueillis par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr Vous avez regardé les test-matches de l’équipe de France en Australie. Quel est votre sentiment ? Ces trois derniers matchs marquent, notamment après le Tournoi. Il faut vite tirer la sonnette d’alarme. Ça me fait mal aux tripes et, aujourd’hui, c’est un cri du cœur car je n’ai pas l’habitude de faire des commentaires dans la presse. Tout le monde tire sur l’ambulance, mais l’équipe de France, ce n’est pas les trente mecs qui étaient en Australie. Ce ne sont pas les trente types qui sont dans l’ambulance qu’il faut fracasser. Attention, je ne cherche pas à les défendre mais nous sommes tous coupables. C’est notre faute à tous si le rugby français a perdu ses valeurs. Nous sommes la nation qui compte le plus de licenciés et il n’est pas normal de se retrouver à la septième place mondiale. À partir de là, il faut se poser des questions. Est-ce que les entraîneurs sont au niveau ? C’est légitime de se poser la question. Ou est-ce que le Top 14 ne plombe pas l’équipe de France par rapport à l’arrivée massive des étrangers ? Que voulez-vous dire ? J’ai entendu Yannick Bru dire à demi-mot que le championnat posait problème. Mais il faut le dire franchement. Ce championnat nous pose problème. Le Top 14 est devenu un championnat mondial mais ce n’est plus le championnat de France puisqu’il est constitué à 90 % d’étrangers dans les effectifs. L’équipe de France paie les pots cassés. Il faut ouvrir les yeux. Ce n’est pas une critique mais un constat et il faut dire les choses comme elles sont. Je crois au potentiel du rugby français mais il faut faire jouer les joueurs français. À vouloir des résultats rapidement avec l’arrivée massive des étrangers en Top 14, les clubs ont délaissé la formation. Je ne suis pas en
  • 2. train de couvrir le staff mais tout le monde a une part de responsabilité. C’est trop facile de dire que les entraîneurs sont des pipes et les joueurs des fainéants. L’excuse de la fatigue après une saison très longue ne peut pas expliquer ces trois défaites selon vous ? La moitié des Bleus ont eu trois semaines, voire un mois pour préparer cette tournée. Je constate aussi qu’un tiers des joueurs de l’équipe de France n’ont pas joué cette saison parce qu’ils étaient blessés. Je pense à des joueurs comme Dusautoir ou Ouedraogo par exemple. Un autre tiers des joueurs sont remplaçants dans leurs clubs comme Debaty, Tolofua ou Michalak. Ils sont arrivés en Australie avec de la fraîcheur. Bizarrement, c’est Maestri, qui a joué toute la saison, qui est apparu le plus frais. Cela pose surtout un problème de rythme pour pouvoir rivaliser au niveau international. Ce n’est pas une question de talent individuel mais d’un manque de temps de jeu. Les clubs sont maintenant structurés autour de joueurs étrangers, et ce, jusqu’en Fédérale. Ça me fait peur. Donc un tiers des joueurs de l’équipe de France sont remplaçants dans leurs clubs. Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bons mais ils n’ont plus de place. Néanmoins, les Bleus ont rapidement montré des signes de lassitude… Certains garçons étaient émoussés par la saison, d’autres manquaient de rythme. Après, quand on se met devant la télévision, le plus gênant est de ressentir cette sensation que les mecs ont envie que cette tournée se termine au plus vite. Je parle juste en termes d’image. Avec l’étrange impression qu’ils sont déjà en vacances… Et cela pose l’éternel problème de la date de cette tournée. Bien sûr, les Australiens ont battu les Bleus grâce à leur vitesse mais aussi parce qu’ils étaient supérieurs dans le combat. Et nous n’avons pas senti les joueurs français faire les efforts nécessaires au niveau du sacrifice collectif. Et je dis ça aussi par rapport aux témoignages des joueurs après les matchs, notamment ceux de Mathieu Bastareaud ou de Yannick Nyanga. Les garçons étaient frustrés.
  • 3. Les commentaires du staff et des joueurs ne vous ont pas laissé insensible… Aujourd’hui, tout le monde nous voit au plus bas. Mais il ne faut surtout pas dire que nous sommes à notre place avec cette septième place mondiale. Ce n’est pas normal. Le staff, les joueurs n’ont pas le droit de dire que la France est à sa place car, en Coupe du monde, nous avons toujours torpillé les Blacks. En 2011, avec un autre arbitrage, les Bleus peuvent être champions du monde. Cela avait été similaire en 1995 où, sans un arbitrage particulier en demi-finale, nous aurions pu prétendre à la victoire finale. Il faut donc arrêter de se rabaisser, de regarder ailleurs ce qui se fait et de penser que c’est forcément mieux. Au contraire, nous devons trouver le moyen pour dépasser les autres nations. Mais il ne faut surtout pas vouloir les copier. Vous dites que ce n’est pas un problème de talent individuel. Pourtant, lors de cette tournée, le niveau technique des Tricolores a largement été commenté, même par le staff. Qu’en pensez-vous ? C’est une connerie de mettre en doute la technique individuelle des joueurs français. Ils n’ont rien à envier à personne. Il faut arrêter de taper là-dessus. J’ai vu des grands joueurs internationaux à Bayonne incapables de réussir les mêmes passes que des jeunes joueurs du club. La technique, c’est un faux débat. Le geste technique ne vient que d’un élément : l’avancée. Quand vous jouez à reculons, quand vous prenez la pression, il est toujours plus difficile de réaliser le geste juste. Les Français ont été dépassés collectivement, pris par la vitesse des Australiens, et on revient à l’absence de rythme chez nos joueurs. Mais je n’ai pas vu des chisteras, des gestes techniques exceptionnels dans leur jeu. Ils ont été capables de jouer les zones d’affrontement et les intervalles mais je n’ai vu aucun geste technique extraordinaire, seulement le geste logique à faire dans chaque situation. L’autre point qui fait débat, c’est le physique et j’ai été surpris par les propos de Fabien Pelous après la Coupe du monde des moins de 20 ans. Il expliquait que le physique devait devenir une priorité dans les années à venir. Pourtant, nous disions la même chose il y a quinze ans et je crois que nous avons rattrapé notre retard. Quand on met les jeunes joueurs français sur une balance et ceux des autres nations, il n’y a pas trente kilos d’écart ! La faiblesse du jeu de l’équipe de France peut-elle s’expliquer par celui pratiqué en Top 14 qui est de plus en plus critiqué pour son côté défensif et de moins en moins spectaculaire ?
  • 4. Notre championnat s’est structuré autour du pognon. Effectivement, le Top 14 est beaucoup plus fermé que les autres championnats. C’est la première chose que je dis aux joueurs du Super Rugby. Il est nécessaire de réduire les voiles car chaque point est important. L’efficacité est plus importante que le spectacle. Il faut revoir la formule du championnat. Aujourd’hui, c’est juste un eldorado pour des joueurs qui veulent s’en mettre plein les poches. Nous sommes devenus le Japon et tout le monde s’engouffre là-dedans. Quand des étrangers arrivent à Toulon, ce n’est pas un problème car, s’ils n’ont pas le niveau, cela se remarque tout de suite au milieu de toutes ces stars. Mais les autres peuvent venir tranquillement faire plusieurs clubs en France sans faire trop d’efforts. L’arrivée massive de ces joueurs a fragilisé le rugby français. Cela a déstructuré notre patrimoine et nous ne sommes plus nous-mêmes, et ce, même sur le plan du jeu. Pendant très longtemps, le jeu français s’est différencié par sa faculté d’adaptation. Ce n’est plus le cas car la présence massive d’étrangers a dénaturé notre rugby. Nous nous sommes adaptés à eux et j’ai pu le constater au niveau du travail technique, aux structures et contenus des entraînements. Tout est maintenant très anglo-saxon ou copié sur l’hémisphère Sud. Et c’est une fuite en avant car, après l’arrivée de joueurs étrangers, nous avons pu constater que des préparateurs physiques étrangers intégraient les staffs techniques et, maintenant, les présidents vont chercher des entraîneurs étrangers. Mais c’est évident et logique que les entraîneurs français se retrouvent sur le carreau. Un président qui investit se dit que tout sera plus facile, notamment au niveau de la communication. Même l’ancien président de la Ligue (Serge Blanco a engagé Eddie O’Sullivan à Biarritz, N.D.L.R.) vient de recruter un entraîneur étranger ! Nous perdons nos valeurs. Nous avons dû changer nos traditions, notre culture. Des entraîneurs comme Bernard Laporte ou Fabien Galthié sont aujourd’hui dans de grosses structures et ferment les yeux. Pourtant, Bernard Laporte doit savoir comme personne ce que ressent le staff actuel de l’équipe de France. D’autres ne disent rien car ils pensent avoir le potentiel pour arriver un jour au poste de sélectionneur. Mais il ne faut pas qu’ils croient qu’ils pourront changer quelque chose quand ils seront en place. Ils rencontreront les mêmes problèmes et s’apercevront de nos lacunes. Pourtant, l’arrivée massive de joueurs étrangers n’est pas près de s’arrêter. Même le Stade toulousain, qui a pendant de très longues années révélé les internationaux français, semble avoir choisi cette voie… Qu’est-ce qui a fait la force de Toulouse ? Cela a toujours été de pouvoir puiser dans son réservoir des gamins qui s’étaient construits à la mamelle du Stade toulousain depuis de longues années.
  • 5. Mais, confrontés à un manque de résultats, les dirigeants du club ont clairement affiché leur intention de reprendre la méthode Boudjellal avec des très bons joueurs étrangers présents au club pendant les matchs internationaux. Mourad Boudjellal a définitivement fait basculer le rugby français dans une autre dimension. Pensez-vous que c’est une bonne chose ? Le premier à avoir changé le rugby français reste Max Guazzini. Tout le monde a applaudi des deux mains. On est entré dans une autre ère et je ne critique pas. Je ne connais pas Mourad Boudjellal mais, sans démagogie, il a fait avancer les choses. Je dis respect. Il a reconstruit le rugby à Toulon. Et on ne peut rien dire sauf bravo. Malheureusement, par sa façon de faire, il a creusé un écart avec les autres clubs. Un fossé pas en termes de jeu mais au niveau des mentalités du rugby français car il a tout mis en œuvre pour réussir. Mais il a changé les comportements. Le rugby est maintenant envahi par l’argent. Il a été suivi par Savare au Stade français, Lorenzetti au Racing, Altrad à Montpellier et maintenant Toulouse se structure de la même manière. Tout le monde veut suivre l’exemple de Toulon avec des joueurs étrangers et c’est la surenchère. Mais où sont nos valeurs là-dedans ? Si les gros clubs veulent poursuivre dans cette voie, il serait préférable qu’ils deviennent des franchises avec les meilleurs joueurs mondiaux. Ils disputeraient une super Coupe d’Europe, à l’image du Super 15 dans l’hémisphère Sud, et le championnat de France, avec son Bouclier de Brennus, où les Français pourraient jouer, serait l’équivalent du NPC. L’équipe de France ne serait plus fragilisée. Ce n’est pas contre Mourad Boudjellal qui a fait avancer les choses. Personne ne peut lui cracher dessus. Mais cloisonner deux compétitions, une réservée aux franchises, l’autre aux clubs, n’aurait que des avantages. La saison serait plus courte et cela libérerait des dates pour l’équipe de France et les clubs perdraient moins d’argent avec la mise à disposition des internationaux. N’est-ce pas utopique ? Les clubs auraient de nouveau envie de former des joueurs pour qu’ils deviennent les stars de demain. Que l’on nous envie nos joueurs partout dans le monde. Je crois que Mourad Boudjellal a assez de fierté et de caractère pour être capable de bâtir une équipe avec les meilleurs jeunes Français. Aujourd’hui, Toulon ne compte que trois internationaux, Michalak, Bastareaud et Menini, et aucun n’a été formé au RCT. Je suis admiratif du parcours de Mourad Boudjellal, notamment par rapport à ce qu’il a fait avec la bande-dessinée Rahan dont j’étais fan quand j’étais gosse. Il a
  • 6. investi dans Rahan et il a réussi à reconstruire l’image de cette BD. Il a fait de même avec le RCT en devenant le numéro un en France et en Europe. Maintenant, l’idée est de faire autre chose. De prendre son courage à deux mains pour avoir les meilleurs joueurs français. Je me dis que ce qu’il a réussi à faire à Toulon, il peut être capable de le faire avec le rugby français. Est-ce un appel à Mourad Boudjellal ? Ce n’est pas un appel mais je crois qu’il est capable de le faire. Mourad Boudjellal pense aujourd’hui que tout le monde lui en veut. Mais il fait maintenant partie du monde du rugby au même titre que les grands anciens. Tout le monde doit travailler ensemble, tous les présidents doivent se mettre d’accord pour faire notre propre rugby. Je ne broie pas du noir car quand je vois le niveau de nos joueurs, je répète que nous n’avons rien à envier aux autres nations. Le potentiel, nous l’avons, mais où sont les présidents de la FFR et de la LNR ? Quand vont-ils taper du poing sur la table pour dire que, maintenant, il est n’est plus possible d’avoir autant d’étrangers dans nos clubs ? Ils doivent revoir notre championnat ou alors il faut définitivement passer à autre chose avec des provinces. Aujourd’hui, l’équipe de France ne peut pas être championne du monde. Les présidents du Top 14 doivent nous donner les moyens de réussir, de faire quelque chose de grand et que l’on en soit fier. C’est un appel pour que tout le monde travaille ensemble. Sinon, nous allons dans le mur. Et nous allons passer pour des clowns aux yeux du monde. Selon vous, la France n’a aucune chance de remporter le titre mondial ? Nous pouvons l’être sur du bricolage, mais pas sur une force. Nous n’avons pas une force collective. Nous ne savons pas où nous allons. La prochaine Coupe du monde aura lieu en Angleterre, une nation souvent prise en exemple ces derniers temps. Bien sûr qu’il faut regarder ce qu’il se fait en Angleterre, notamment car ils ont remporté deux titres mondiaux chez les moins de 20 ans. Leurs internationaux sont répartis dans leurs clubs dans un championnat où il doit y avoir 90 % d’Anglais. Le meilleur représentant européen change tous les trois ou quatre ans. Leur équipe nationale n’est pas fragilisée et les Anglais jouent avec leurs
  • 7. meilleurs éléments. Ils ont la fierté de construire pour leur équipe nationale. C’est pourtant un club français qui est champion d’Europe mais avec les meilleurs joueurs du monde. Le club anglais qui est arrivé en finale présentait une équipe à plus forte connotation anglaise. L’exemple à côté, c’est le football anglais avec un championnat composé en grande partie de joueurs étrangers et leur équipe nationale est nulle. C’est important à prendre en compte. L’arrivée massive de joueurs étrangers est-elle le seul problème du championnat de France ? Je veux aussi parler des arbitres français pour revenir au manque de vitesse et de rythme des joueurs français lors de cette tournée en Australie. Ils vont certainement se demander quelles conséquences ils ont sur les résultats du XV de France… Je ne vais pas leur dégueuler dessus, au contraire. Je ne suis pas là pour donner des leçons mais pour qu’ils prennent conscience qu’ils font aussi partie de la problématique. Je pense qu’ils ont aussi un rôle à jouer. Nos matchs de championnat sont très hachés, manquent de vitesse, avec peu de prises de risques. À leur décharge, ils doivent diriger des matchs à très forts enjeux en raison de la formule du Top 14 avec deux clubs relégués en fin de saison. Mais quand on regarde des matchs étrangers, on peut noter une plus grande cohérence dans l’arbitrage anglo-saxon ou sudiste. Je ne dis pas qu’ils sont meilleurs que les arbitres français mais, par exemple, dans les zones de ruck, ils privilégient toujours les gars qui veulent récupérer le ballon et non pas celui qui cherche à étouffer le jeu. Ils laissent la priorité à la continuité du jeu en laissant le temps matériel au soutien de s’organiser. Pour conclure, il serait facile de vous répondre que vous avez participé à ce système, notamment à Bayonne avec de nombreux joueurs étrangers dans votre ligne d’attaque… J’envie vraiment la ligne de trois-quarts de Castres qui est quasiment entièrement française avec Cabannes, Lamerat, etc. Elle n’a rien à envier aux autres équipes et elle l’a démontré en disputant les deux dernières finales. J’envie le CO. Après, nous ne sommes pas toujours décisionnaires dans un club. Entraîneur, c’est un job et j’ai fait le job. Mais je me sens aussi responsable que les entraîneurs ou joueurs de l’équipe de France. Après, j’ai aussi entraîné Machenaud, Dulin et Huget ou Rouet et Ugalde la saison dernière. Il faut souligner le travail de leurs éducateurs. Enfin, Marvin O’Connor aurait pu être de la tournée avec l’équipe de France. Je ne crache pas dans la soupe, au contraire, je veux que l’on s’aide les uns les autres.