A l'occasion de la semaine de l'innovation publique, la chaire design et innovation publique de l'école de design Nantes Atlantique clôturait la semaine par un après-midi de Keynote. Ceci est la mienne
1. Du passage à l’échelle de l’innovation publique
Où il sera fait mention successivement de :
La 27° Région
Rezé
Les DGS du bloc local
Treillières
Cluny
mercredi 22 novembre 17
Bonjour, je suis Olivier Ryckewaert et j’exerce une fonction de conseil en innovation publique. Je ne suis pas designer, mais je crois que j’en ai compris quelques éléments de la culture en
dirigeant 4 ans un centre du design qui s’appelle design’in Pays de la Loire.
Avant j’ai travaillé dans la territoriale, dans une mairie puis à la Région Pays de la Loire.
J’ai vu naître la 27° Région, et je vais vous parler d’une chose qui nous préoccupe depuis très longtemps, qui est le passage à l’échelle.
Le passage à l’échelle c’est quand on sort de la courbe de la Hype de Gartner après un lancement : Pics des attentes exagérées/Gouffre des désillusions/Pente de l’illumination/ Plateau de
productivité
Il y a plein de façon d’en sortir. A mon avis on est juste avant l’illumination, en ce moment
2. un «vieux» débat de
l’innovation public
mercredi 22 novembre 17
C’est une question qui nous taraude depuis le début. En haut j’ai mis un article de Stéphane
Vincent, le délégué général de la 27° Région de novembre 2012, et en dessous, vous me
voyez jeune et fringant avec Romain Thévenet, le design manager de la 27° parler de ça déjà
en mai 2011, dans un comité d’orientation de la 27° Région.
On partage tous l’idée de la Courbe de Rodgers (la vraie courbe du cycle d’adoption de
l’innovation), qu’il faut dépasser les early adopters pour quitter la niche qui est encore la
nôtre et se déployer.
Le choix opéré par la 27° a été de quitter les seules régions pour déployer l’innovation
publique dans les services de l’Etat, à travers un partenariat avec le SGMAP qui a
indiscutablement porté ses fruits.
Moi (et d’autres), peut-être plus décentralisateurs, on pense qu’il faut aussi se déployer
ailleurs que dans les Régions, les métropoles et les départements à plus d’un million
d’habitants.
A design’in, j’ai défendu cette idée, et j’ai obtenu des crédits pour faire un test.
3. Avec Rezé :
descendre d’un cran
mercredi 22 novembre 17
On a fait ce test à Rezé, 40 000 habitants, où j’ai monté une immersion avec Jacky Foucher
qui s’est constitué une équipe locale.
L’idée c’était de voir ce qui était différent et semblable par rapport à un même exercice dans
une grande collectivité.
On a vu que la question des moyens était très présente, mais on a vécu à peu près les même
jeux d’acteurs que dans une grande métropole : élus, cadres territoriaux, agents, c’était
pareil.
On sort de là en se disant : il y a des invariants, mais la question des budgets est posée.
4. Aller parler aux
DGS du bloc local
mercredi 22 novembre 17
Bon, en tout cas, à force de voir les acteurs des Pays de la Loire j’avais fini par rencontrer le
CNFPT, centre national de la Fonction Publique Territoriale, organisme de formation des
agents des collectivités locales. On a fait deux trois trucs ensemble, dont une formation
prototypage avec encore Jacky, la 27°, Nantes, Angers, La Roche sur Yon, le CD44 et la
Région.
Ils avaient un séminaire des DGS du bloc local, donc mairies et intercommunalités, et ils
m’ont demandé de venir leur parler co-design, au milieu de plein de gens intelligents comme
Didier Locatelli, qui s’occupe de stratégie de développement local ou Martin Vanier le
prospectiviste.
5. Une présentation
simple...
mercredi 22 novembre 17
Bon, je leur ai expliqué tout ça, en leur disant que le co-design c’était pas obligatoire, qu’on
pouvait avoir une phase d’observation et une phase de test avec les usagers sans les avoir
tout le temps.
Dans ma tête, c’est une façon de leur dire qu’on peut faire à moins cher... Et puis surtout je
suis pas persuadé qu’il soit adapté à toutes les situations. Il y a des centaines d’outils dans
un cycle d’innovation centré utilisateurs, c’n est un, mais quand on utilise le co-design, on
risque de l’innovation très modérée : les gens veulent des choses simples. Comme disait
Henry Ford, si j’avais demandé leur avis aux gens, ils m’auraient demandé des chevaux plus
rapides. C’est utile à mon sens dans 3 cas : quand une politique est à bout de souffle, quand
au contraire on va dans l’inconnu, et enfin quand le terrain est miné, ou que la transparence
est de mise.
6. ...qui a suscité des
retours
mercredi 22 novembre 17
En tout cas, quelques semaines plus tard, le CNFPT m’a raconté que la ville de Treillières
voulait faire un test avec eux, et qu’ils voulaient bien que je les accompagne à la mairie pour
en parler avec eux...
7. Mairie de 9000 habitants
avec un problème d’accueil
mercredi 22 novembre 17
Dans le programme électoral, il y avait de marqué: ouverture plus grande de l’acceuil de la
mairie, sauf qu’ils étaient pas d’accord entre eux : certains voulaient ouvrir plus tard un soir,
d’autres le samedi matin pour tous, d’autres plus tôt le matin...
La DG est revenu du séminaire du CNFPT en disant : on a qu’a demander aux habitants, il y a
des gens qui savent faire ça. et le maire et la première adjointe ont topé.
Quant à nous, une fois sur place, on leur a dit OK, mais on va avoir besoin de vos agents
d’accueil pour aller voir les habitants. A qui ça faisait pas peur du tout, par ailleurs.
8. Regardez sur la gauche
mercredi 22 novembre 17
Je voudrais revenir une seconde sur la photo de la mairie pour vous montrer le panneau blanc
à gauche...
9. 1er contact
avec la mairie
mercredi 22 novembre 17
Il est vide.
A force de venir tous les jours, on le voit même plus, j’imagine, mais nous ça nous a sauté
aux yeux.
10. 2° contact...
mercredi 22 novembre 17
Ainsi que ce qui était affiché dans l’accueil, sans aucune hiérarchie
11. L’attente de l’accueil
mercredi 22 novembre 17
les panneaux de chantiers derrière les sièges d’accueil, les sièges étant très proches de la
banque et où on ne peut pas ne pas entendre la conversation, alors le bureau derrière la vitre
sert 3 fois par mois.
12. Devant la mairie
mercredi 22 novembre 17
plus le panneau lumineux devant la mairie.
Manifestement la question de l’accueil était plus large que les horaires d’ouverture
13. Equipe légère : un
designer et un facilitateur
mercredi 22 novembre 17
Le Cnfpt propose un dispositif très léger : un designer breton, on le reconnait au pull marin,
et moi.
Une répartition des rôles simple aussi : lui bâtit un protocole et le déroule avec l’équipe, moi
je rassure les agents et je fais dictionnaire territo-design et designo-territorial.
J’avais déjà bossé avec Damien à la Région Pays de la Loire et à design’in, et on s’était croisé
à la 27° Région. On savait qu’on avait une vision assez proche des enjeux.
14. Un protocole léger
mercredi 22 novembre 17
Je vous passe le déroulé, mais globalement c’est en trois fois : d’abord une phase
d’entretiens qui a fait dégager 4 pistes différentes dont l’ouverture plus large (autrement
c’est reconfigurer l’accueil, séparer accueil téléphonique de physique et repenser la
communication en amont du déplacement) en mai.
En juin, une phase de créativité, qui a fait émerger des propositions qu’on a présenté au
conseil municipal. C’est là où un adjoint s’est retourné pour me dire : «à partir de combien de
personnes interrogées, c’est fiable votre truc ?» et que tu as 1 minutes pour convaincre que
30 c’est déjà très bien.
le 2° atelier c’était hier, pour prototyper effectivement les solutions, je ne sais pas ce que ça a
donné, maintenant ils se connaissent bien et ont moins besoin de moi !
15. Très bien appropriée par
les élus et les agents
mercredi 22 novembre 17
Mais ça a plus aux élus, puisque Damien a eu l’honneur du journal municipal, mais surtout
aux agents. Ils ont adoré. Et même une des personnes qui bossent à la RH m’a dit : ça m’a
permis de me rappeler que je travaille pour le service public.
Globalement, on a rien obtenu d’extraordinaire, ou que les étudies sur la question n’avait pas
démontré, mais le point de vue des habitants a fait foi pour les élus et les agents.
La DG avec qui j’ai parlé la semaine dernière dit que ça a mis un coup de fouet à l’équipe, et
que selon ses mots «le soufflé ne retombe pas, elles ont toujours la patate».
Bref, VICTOIRE, on tiens le bon bout.
16. De la théorie
à la pratique
mercredi 22 novembre 17
Sauf que depuis, j’ai refait un séminaire du bloc local, qu’on les a fait tester les outils sur un
projet fictif et que l’effet wow n’était pas là du tout.
Quand je passais dans les groupes, beaucoup me disaient : «ça en fait du temps homme,
pour obtenir quoi comme résultat ?». Bon je répondais «le temps homme c’est pas cher par
rapport au mètre d’enrobé par exemple », mais c’est vrai qu’ils ont eu l’impression que ce
type de méthode était un peu un luxe. J’en ai écrit un article sur mon blog où je dis : les
petites collectivités, c’est comme les PME. Si un designer se plante avec elles, elles
recommenceront pas de sitôt.
et c’est pas une remise en cause de la préparation de la journée : ce qu’on leur a proposé
était très bien à mon sens. Juste, on a pas eu l’effet wow.
17. Une réussite à grande
échelle : Cluny
mercredi 22 novembre 17
Sauf que dans le même temps j’ai travaillé sur la restitution de l’université d’été du CNFPT à
Cluny. Et j’ai interviewé des participants, dont la DGS de Volvic, 8000 habitants, ou celle de
Cluny, 7500, et qu’ils ont complètement adhéré au programme de l’université d’été. Ils l’ont
eu l’effet wow.
18. 200 personnes de tous
publics et tous niveaux
mercredi 22 novembre 17
C’est un public très large, très dispatché entre catégories de collectivités, venant d’un peu
partout. Surtout des cadres, bien sûr, mais
1 c’est comme les DGS du bloc local, eux aussi c’est des cadres
2 c’est eux qui signent les bons de commande, c’est eux qu’il faut convaincre.
19. Issus d’une
communauté plus large
mercredi 22 novembre 17
Au passage, j’en profite pour vous dire qu’il y a une communauté numérique de l’innovation
publique territoriale, qu’elle compte 1700 membres, qu’il y a un groupe régional et que le
contenu est de qualité. Enfin de mon point de vue, puisque c’est moi qui l’y met...
Grâce à cet outil, et à 4 réunions entre novembre et mai, on a préparé l’université sur des cas
pratiques précis, qu’on a appelé des défis territoriaux, et les porteurs des défis anmaient
leurs groupes respectifs. Ils avaient anvie d’obtenir des choses, et les gens présents le
sentaient et se prêtaient plus facilement au jeu de ce fait. Je pense que la différence entre cas
fictif et projet effectif a beaucoup joué dans la qualité des productions et dans la satisfactions
des participants.
20. Un programme
assez traditionnel
mercredi 22 novembre 17
C’était un programme tradi : des conférences, des workshops, mais la mayonnaise a pris et
c’était très bien. Ce que j’ai retenu des verbatims, c’est que l’ambiance était à la
bienveillance, on a donc réussi à l’installer, et que les participants ont pu voir la force du
collaboratif. En sortant de là, ils auront envie de réessayer avec leurs équipes, ne serait-ce
que pour retrouver les sentations que ça procure. Le wow, ou le kif, comme disent les
d’jeuns.
C’est un autre élément fort : on leur a parlé de sensible, d’intention, d’attention à l’autre, de
désirabilité. Et ils ont accepté.
21. Mais une acquisition de
la culture expresse
mercredi 22 novembre 17
Voilà, si on doit résumer mon propos, c’est de dire :
-on peut aller dans des plus petites collectivités
-mais on aura pas deux chances de réussir
-la réussite dépend du caractère tangible du projet, et de la capacité à faire comprendre
l’enjeu de la bienveillance, les vertus du colaboratif, et l’existence du sensible.
Une fois qu’on a dit ça :-)