1. © Ed. ESKA, 2007
La rentrée 2007/Le ras-le-bol des angéiologues
M. CAZAUBON ET F. A. ALLAERT
ÉDITORIAL
En 1948, Louis GERSON, mon prédécesseur à la tête de le document publié aussi par l’HAS en même temps et
ce Journal a créée la Société Française d’ Angéiologie et la consacré à la liste des actes et prestations nécessaires et suf-
Revue Angéiologie. Dans la foulée, il a participé à la nais- fisants dans l’AOMI. Il n’est nulle part question de notre
sance de l’ Union Internationale d’ Angéiologie qui s’ap- rôle et c’est le radiologue qui assure le bilan initial de tous
pelle toujours IUA. On a voulu changer le nom les patients et le suivi échographique (chapitre 3. 3.1). Bien
d’angéiologue pour celui de médecin vasculaire. Est ce un entendu, nous ne figurons pas non plus dans la liste des pro-
bien ? Ce n’est pas le thème de cet éditorial. Par contre, je fessionnels impliqués dans les actes médicaux et paramédi-
me demande si les autorités de santé ne sont pas en train de caux du contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire
nous oublier et d’oublier notre rôle, à nous angéiologues chez l’artériopathe !
libéraux. Pensant qu’il s’agissait d’un oubli, j’ai adressé un cour-
Depuis plusieurs décennies, le Syndicat s’évertue à rier à l’ HAS car il serait injuste et très affligeant pour nous
nous sortir de l’impasse entre notre activité de spécialistes tous angéiologues, confrontés quotidiennement à cette
reconnus (cf. le Livre Blanc de la Médecine publié il y a affection considérée encore comme la Cendrillon des mala-
15 ans) et notre titre officiel de médecin généraliste, à com- dies vasculaires, de se voir totalement exclus des textes offi-
pétence exclusive, avec tous les imbroglios que cela peut ciels.
représenter pour l’accès aux soins de nos patients. Et pour- Voici la réponse du Pr Degos, Président de l’ HAS :
tant en 2007, il est encore loin du but et même s’il est offi- «… en réponse à votre question concernant l’absence de
ciellement mentionné dans les courriers des CNAMs que report du médecin vasculaire dans la liste des actes et pres-
« le patient ayant une maladie chronique peut accéder direc- tations pour la prise en charge de cette maladie, nous vous
tement à son médecin spécialiste si son suivi ou son traite- précisons qu’il ne s’agit pas d’une omission, mais de la
ment le prévoit » il n’existe pas de case adéquate sur la contrainte que nous avons de ne reporter dans ces listes que
feuille de maladie. les spécialités officiellement reconnues par l’Ordre des
Mais voici qui est encore plus négatif pour nous : Un médecins. Ces listes sont principalement destinées aux
« Guide- Affection de Longue Durée pour l’Artériopathie médecins conseils. En revanche, la place du médecin vascu-
des membres Inférieurs » a été publié en mars 2007 par laire est bien définie dans le guide. ».
l’HAS et vous le trouverez dans le prochain numéro d’ Cette réponse a le mérite d’être claire et nette, nous
Angéiologie. Il sera très utile dans notre pratique quoti- existons sans exister tout en existant ! Et cela fait fi de la
dienne et on voit que la place du médecin vasculaire notion de « compétence » dûment validée par l’ordre et de
(puisque l’angéiologue a disparu des termes politiquement la contrainte d’un exercice exclusif à l’image de celui des
corrects) est reconnue parmi les professionnels impliqués « spécialités » plus reconnue. Allons nous rester longtemps
dans la prise en charge et le suivi des patients. Par contre, le dans cette situation qui n’est pour le moins guère améliorée
médecin vasculaire est totalement passé dans la trappe dans depuis l’émergence de la médecine dite « vasculaire » ?
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2. Éditoriaux
Comptez sur nous pour sortir de cette impasse et resoulever Vous avons déjà suffisamment parlé de notre collabora-
le débat peut-être sous estimé par nos amis universitaires ? tion pour publier régulièrement les textes intégraux de
toutes les recommandations issues des Autorités de santé,
Mais cette déception ne fait que s’ajouter à l’am- rejoignant de près ou de moins près notre activité d’angéio-
biance mollassonne et frisquette de ce début d’automne. logues, avec des tests sondant l’assimilation des principales
On s’attendait à une rentrée sur les chapeaux de roue, à recommandations. C’est un des nouveaux rôles des sociétés
l’instar de notre Président de la République tout neuf, savantes et nous nous y emploierons de notre mieux
mais nous rencontrons plutôt morosité et « ras le bol » Pour un remède aux autres causes d’épuisement, on
généralisé. Un sondage récent auprès de plus de deux aurait envie de dire à notre Ministre de la Santé de nous
mille confrères généralistes franciliens, répondant à une apporter – au moins - un peu de sa bonne humeur et de sa
demande d’information de la Commission Prévention et joie de vivre. A défaut d’une reconnaissance de notre spé-
Santé Publique de l’URML révèle que 53 % des méde- cialité ou d’un ajustement de nos actes en accord avec la
cins sont atteints du syndrome d’épuisement profes- somme de connaissances que nous avons assimilées – et que
sionnel. Les douze premières causes d’épuisement sont nous sommes condamnés à revoir à perpétuité..- il serait
représentées par l’excès de paperasserie (95,9 %), la non bien qu’elle écoute personnellement les responsables des
– reconnaissance de l’action du médecin (90 %), la différentes sociétés savantes et des syndicats, afin de ne plus
charge trop lourde de travail (89 %) l’exigence des nous considérer comme les Cendrillons de la médecine, (en
patients (84 %) et .. les difficultés d’adaptation des nou- référence à notre chère artériopathie des membres infé-
velles recommandations (74 %). rieurs).
2 Angéiologie, 2007 Vol. 59, n° 2, p. 2