Atul Gawande, chirurgien généraliste à L’hôpital de Boston, auteur à succès sur la pratique médicale, chroniqueur au journal « The new yorker », Professeur adjoint à Harward, introduit par ce titre un chapitre d’une vingtaine de page dans son livre : Complications, a surgeon’s notes on an imperfect science. Il rapporte l’exemple d’un excellent chirurgien orthopédiste, qui pendant 12 ans s’est construit une réputation indiscutée et indiscutable, et qui soudainement va dégrader sa pratique chirurgicale. Son obsession sera d’opérer de plus en plus vite. Les événements imprévus devinrent pour lui insupportables. Les complications opératoires, les mauvaises indications vont se multiplier. Ses collègues vont progressivement prendre conscience du problème, vont tenter en vain de redresser ses pratiques au travers des RMM, d’intervenir personnellement auprès de lui, de l’assister pendant les opérations. Rien n’y fit. Il resta dans le déni et ce n’est qu’au bout de trois ans que l’administration hospitalière le suspendra de ses fonctions.
Le sujet est important et c’est bien dans la mission du SCH - opérer, défendre et organiser la chirurgie - de poser la question : comment faire quand un collègue, voire une équipe chirurgicale défaille dans sa pratique ? des manquements passagers peuvent être gérés par une équipe soudée et harmonieuse : les RMM, les EPP et la formation continue doivent pouvoir servir d’alerte et corriger les pratiques qui se dégradent. Mais dans les situations plus graves, dans lesquelles les causes sont parfois exogènes à la structure professionnelle, l’équipe n’est plus capable de gérer la situation.
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Atul Gawande, chirurgien généraliste
à L’hôpital de Boston, auteur à succès
sur la pratique médicale, chroniqueur au
journal « The new yorker », Professeur
adjoint à Harward, introduit par ce
titre un chapitre d’une vingtaine de
page dans son livre : Complications,
a surgeon’s notes on an imperfect
science. Il rapporte l’exemple d’un
excellent chirurgien orthopédiste, qui
pendant 12 ans s’est construit une
réputation indiscutée et indiscutable,
et qui soudainement va dégrader sa
pratique chirurgicale. Son obsession
sera d’opérer de plus en plus vite. Les
événements imprévus devinrent pour
lui insupportables. Les complications
opératoires, les mauvaises indications
vont se multiplier. Ses collègues vont
progressivement prendre conscience
du problème, vont tenter en vain de
redresser ses pratiques au travers des
RMM, d’intervenir personnellement
auprès de lui, de l’assister pendant les
opérations. Rien n’y fit. Il resta dans
le déni et ce n’est qu’au bout de trois
ans que l’administration hospitalière le
suspendra de ses fonctions.
Le sujet est important et c’est bien
dans la mission du SCH - opérer,
défendre et organiser la chirurgie -
de poser la question : com-
ment faire quand un collègue,
voire une équipe chirurgi-
cale défaille dans sa
pratique ? des man-
quements passa-
gers peuvent
être gérés par
une équipe
soudée et
harmonieuse :
les RMM, les
EPP et la forma-
tion continue doivent
pouvoir servir d’alerte et cor-
riger les pratiques qui se dégradent.
Mais dans les situations plus graves,
dans lesquelles les causes sont parfois
exogènes à la structure professionnelle,
l’équipe n’est plus capable de gérer la
situation. Et ce d’autant que l’harmonie
de l’équipe est mise à mal, les ressen-
timents apparaissent, provoquants des
conflits interpersonnels. L’administra-
tion sanitaire est encore moins capable
d’intervenir de façon équilibrée.
Ce chirurgien se coupera de sa fa-
mille, pensera à se suicider. Et ce n’est
qu’une structure pri-
vée (nous sommes aux
Etats-Unis !), spécialisée
dans les défaillances de
cadres supérieurs, pilote
de ligne, médecins, chefs
d’entreprise, qui le re-
mettra sur les rails.
Ils diagnostique-
rons un syndrome
dépression an-
cien, confirmerons
le bien-fondé de la
suspension d’activité
chirurgicale. Le chirur-
gien se reconvertira en mé-
decin d’assurance.
Aucun chirurgien n’est à l’abri d’une
telle évolution. Nous faisons un métier
violent, transgressif, aux lourdes
responsabilités avec un rapport
direct entre l’acte opératoire et les
complications. A ma connaissance,
aucune société savante de chirurgie n’a
exprimée de recommandation sur ce
sujet, alors que… Quel chirurgien n’a pas
été témoin de situation, d’organisation,
de pratiques chirurgicales défaillantes ?
l’hématome post-opératoire est un
défaut d’hémostase chirurgicale. Il
est identique quelle qu’en soit son
origine ; aléa thérapeutique, défaillance
technique ponctuelle ou chronique ?
Seule, sa fréquence de survenue
permettra de préciser son origine :
l’évaluation des pratiques, les RMMs
sont un passage obligé mais ne sont
qu’un passage.
Quel chirurgien peut se permettre d’aler-
ter un collègue sur une dégradation de
sa pratique, sachant que le jour même,
les complications dénoncées peuvent
lui arriver, à lui-même ? Comment un
chirurgien gère-t-il ses échecs ? Il reste
souvent seul. Le débriefing est incons-
tant et plus la complication est grave,
plus le débriefing est difficile à faire.
Le SCH pense qu’il s’agit d’un sujet
tabou qu’il est nécessaire d’ouvrir. Dans
un premier temps, il ouvre ses colonnes
à vos témoignages, que nous rendrons
anonymes sur votre demande.
Bernard Lenot
When good doctors
go bad…