1. Travail - Liberté - Justice sociale
Le bulletin d'Al-Qotb France
L
N° 2 - Février 2013
Editorial
Hommage à un combattant
a consultation nationale autour de la Constitution
touche à sa fin, celle-ci aura eu le mérite de
permettre à beaucoup de Tunisiens de se pencher sur
le contenu de ce projet. Les sujets d'inquiétude sont
nombreux et touchent aux libertés, aux droits sociaux
et économiques, à l'indépendance de la magistrature...
Aujourd'hui en Tunisie la liberté de conscience est loin
d’être consacrée, quand on sait par exemple que
Jabeur Mejri purge depuis l’été 2012 une peine de 7
ans de prison pour avoir osé penser de façon
"différente" son rapport à la religion musulmane. Il est
d’ailleurs significatif que la condamnation de Jabeur
Mejri se soit appuyée sur l’arsenal répressif mis en place
du temps de l’ancienne dictature, en invoquant des
articles de loi qui avaient justifié l’emprisonnement de
Hamma Hammami, Mohamed Abou, Ahmed Manai et
d’autres. Que l’on soit d’accord ou pas avec l’opinion
exprimée n’est pas la question ici. L’important est qu’en
démocratie, la liberté de conscience (et son corollaire la
liberté d’expression) doit être respectée et défendue
avec acharnement, même si les opinions exprimées
vont à l’encontre de ce que pense la majorité de la
population (et tant que ces opinions n’incitent pas à la
violence cela va sans dire). L’adoption d’un tel
mécanisme sera un critère déterminant qui permettra
d’évaluer la réussite de la transition démocratique.
Un moyen de se prémunir de ces dérives est de faire
explicitement référence à la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme dans la Constitution. Elle aurait
trouvé toute sa place dans un Préambule ré-écrit, loin
de la version actuellement proposée, volontairement
floue et qui est tout sauf un texte juridique. Si vous
souhaitez appuyer cette démarche et protester contre
le sort de Jabeur Mejri, alors interpellez les députés de
l’Assemblée. Un excellent moyen de le faire est d'utiliser
le site www.marsad.tn qui vous permet d'entrer en
contact avec eux.
C
hokri Belaïd fut une figure de la gauche
tunisienne, membre de l'Union Générale
des Etudiants de Tunisie et chef de la Mouvance
des Patriotes Démocrates. Opposant au régime
dissocie pas la sphère religieuse du politique.
Les craintes des démocrates (et Chokri Belaïd en
était un et des plus pugnaces) se sont avérées
fondées.
de Bourguiba, il a été détenu dans le sud de la
"Il était avocat et défenseur des droits
universitaire dans les années quatre-vingt.
les procès politiques sous le régime
Tunisie à cause de son activisme politique
Il était avocat et défenseur des droits de
l’Homme. Il a souvent plaidé dans les procès
politiques sous le régime du président déchu
Ben Ali, notamment en défendant des
islamistes.
Depuis les élections en Tunisie qui ont mis au
pouvoir la Troïka dominée par Ennahdha, le
gouvernement provisoire en place a échoué car
il n’a pas répondu aux exigences de la
révolution du 14 janvier 2011, celle des libertés
et de la dignité. La situation économique et
sociale s’aggrave, les libertés individuelles sont
menacées, en particulier par une première
version de la constitution confuse qui ne
de l’Homme. Il a souvent plaidé dans
du président déchu Ben Ali,
notamment en défendant des
islamistes."
Depuis quelques mois déjà, la sécurité n’était
plus assurée face à des actes de violence dirigés
ou encouragés par des extrémistes islamistes et
leurs milices. Les meetings étaient fréquemment
chahutés, les insultes et invectives dans les
médias et réseaux sociaux étaient devenus
monnaie courante. Tant et si bien qu’un
membre d’un autre parti démocrate a été
lynché, des mausolées et des lieux culturels ont
été détruits ou brûlés, des violences sur les
Pour contacter Al-Qotb France, suivre nos activités, s'informer
email : contact.france@al-qotb.com
Facebook : http://www.facebook.com/AlQotbFrance
web : www.al-qotb.com
2. Le bulletin d'Al-Qotb France
personnes ont été perpétrées. Des prêches dans
menaçait par sa parole libre et courageuse
aux meurtres ont pu se propager impunément.
l’obscurantisme.
certaines mosquées appelant à la violence et
"Chokri Belaïd, leader avec Hamma
Hammami du « Front populaire pour
la réalisation des objectifs de la
révolution » était dangereux car il
menaçait par sa parole libre et
courageuse l’installation insidieuse
d’une dictature, celle de
l’installation insidieuse d’une dictature, celle de
Celui que veut nous imposer les islamistes qui se
sont fait passer pour "modérés" auprès d’une
partie de l'opinion publique nationale et
internationale. Depuis leur prise de pouvoir, ils
auront pourtant fait preuve d’un activisme qui
puise ses fondements dans une idéologie
dogmatique et qui vise à exclure celles et ceux
qui pensent différemment.
Mais si l’on parvient à lâchement assassiner un
l’obscurantisme."
Mais le 6 février, un cap a été franchi : des
tueurs sont passés à l’acte pour éliminer une
figure politique au franc parler juste et fort,
proche du peuple, dont le seul tort aux yeux de
ses assassins et de leurs commanditaires
aveuglés par la haine est d’avoir voulu prémunir
les Tunisiens contre le terrorisme ambiant.
Chokri Belaïd, leader avec Hamma Hammami
du « Front populaire pour la réalisation des
objectifs de la révolution » était dangereux car il
homme, on ne tue jamais ses idées. Lors des
funérailles nationales de Chokri Belaïd, une
foule immense comme jamais le pays n’a connu
dans son histoire aura tenu à exprimer sa colère
et son rejet de la haine et de la division que
certains veulent installer dans le pays.
Mais ils ne gagneront pas. Le peuple tunisien,
fier de son histoire millénaire, fort de sa liberté
reconquise, n’abdiquera pas. Plus que jamais,
¡no pasarán!
Actualités Al-Qotb
POSITION D'AL-QOTB CONCERNANT LA PROPOSITION DE REMAINEMENT MINISTÉRIEL
Al-Qotb a, dès l'annonce du projet de remaniement, initialement présenté comme ayant pour objet
de proposer une équipe gouvernementale resserée et composée de "technocrates" :
•soutenu le principe d'une telle démarche, sans pour autant donner un blanc seing à H. Jebali et ni
sans négocier le contenu, ni les modalités;
•exigé un cahier des charges clair et précis, sur les volets politique (dissolution des LPR, enquête
internationale sur l'assassinat de Chokri Belaïd, calendrier électoral...), et économique (gel des prix
des produits de première nécessité, arrêt des privatisations...).
Al-Qotb a défendu ces propositions au sein de la coordination des partis démocratiques et des
associations.
Al Qotb est convaincu que la gauche se doit de proposer une perspective de changement
démocratique en dehors d’une alternance qui nous guette entre libéraux-islamistes et libérauxmodernistes.
N° 2 - Février 2013
Al-Qotb, de A…à B
Al-Qotb, à quoi ça sert ? A compléter l’offre politique,
sachant qu’Al Qotb est un parti ancré à gauche et
altermondialiste.
La gauche tunisienne n’est-elle pas présente dans le
paysage politique ? Elle l’est notamment dans la société
civile mais sur le plan politique, la gauche réformiste
n’est plus très audible. Nous nous situons entre le Front
populaire et la coalition centriste dominée par Nida
Tounès.
Quel projet pour Al-Qotb ? Notre projet est sur le plan
sociétal laïc. Notre orientation socio-économique met
l’accent sur l’économie sociale et solidaire, sur
l’importance des services publics gratuits (éducation,
santé) et sur la redistribution des richesses via un impôt
juste et progressif.
On vous taxe d’intellectuels déconnectés des « réalités »,
vrai ou faux ? Pour faire de la politique, il vaut mieux
avoir réfléchi à ses propositions. C’est donc un faux
débat. On ne fera pas voter sur le seul rejet d’un modèle
de société. Il faut aussi un projet qui réponde aux
attentes citoyennes concrètes. Pour cela, nous pensons
que les politiques doivent entretenir un lien étroit avec
la société civile.
Toutefois ne risquez-vous pas de diviser le camp «
démocrate » ? Non. Nous ne présenterons pas de
candidats contre le camp démocrate, auquel nous
appartenons. Nous nous opposerons, à chaque fois, aux
conservateurs passéistes, car nous sommes attachés à la
séparation du politique et du religieux, condition
incontournable pour une Tunisie républicaine.
Belles perspectives ; mais comment faire ? Faire de la
politique autrement n’est pas facile, surtout dans le
contexte actuel. Nous pensons que pour attirer des
militants, il faut un fonctionnement démocratique au
sein des partis. Ce n’est pas encore le cas dans la plupart
d’entre eux. Mais c’est pourtant une des conditions pour
être « attractifs » car il y a un risque d’abstention massive
aux prochaines élections. Une de nos propositions
fortes est de proposer à nos amis démocrates un
processus de primaires militantes pour désigner les
candidats qui se présenteront aux élections.
BUREAU D'AL-QOTB FRANCE
Le bureau d'Al-Qotb France est à présent constitué; nous vous en présentons ci-dessous les membres. N'hésitez pas à les solliciter !
Achraf Abid
27 ans, journaliste.
En charge de la
communication
Hakim Becheur
47 ans, médecin.
Coordonateur
Porte-parole
Fatma Bouvet de
La Maisonneuve
47 ans, médecin.
En charge de
l'argumentaire
Julia Chihi
25 ans, étudiante.
En charge de la
logistique
Ezzedine El
Mestiri
60 ans, journaliste.
Trésorier
Hichem Khodja
46 ans, chercheur.
Secrétaire général
En charge de
l'organisation
Pour contacter Al-Qotb France, suivre nos activités, s'informer
email : contact.france@al-qotb.com
Facebook : http://www.facebook.com/AlQotbFrance
web : www.al-qotb.com