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Mardi 22 octobre 2013 Les Echos
Facebook perturbé
hier après-midi
Le réseau social a été confronté
à quelques problèmes
techniques, hier en début
d’après-midi. Le service était
inaccessible à certains
utilisateurs et il était difficile
de mettre à jour son statut.
Facebook a indiqué toutefois
que le problème avait été résolu
et s’est justifié en évoquant
une « maintenance ».
HIGH-TECH
&MEDIAS
pixels
Tellabs racheté
par un fonds
Tellabs va passer sous la coupe
du fonds Marlin Equity Partners
et sortir de la cote. L’opération
de 891 millions de dollars
intervient alors que la gestion
de l’équipementier télécoms de
l’Illinois était critiquée par son
actionnaire Dialectic Capital
Management. En perte en 2012,
Tellabs voit son chiffre d’affaires
fondre depuis trois ans.
31
MILLIONS DE CLIENTS
PAYANTS
Netflix a dépassé HBO en
nombre de clients qui paient
pour voir des vidéos : 31 millions pour le géant du Net,
contre 29 millions pour la
chaîne aux séries télévisées.
Avec 1,1 milliard de dollars
de revenus à fin septembre.
Le « media for equity », uneautrevoie
pourle financement desstart-up
l Des groupes de médias proposent
des espaces publicitaires à des start-up
en échange d’une prise de participation.
l Deux fonds spécialisés, 5M Ventures
et L’Express Ventures, ont commencé
à investir cette année.
INTERNET
Nicolas Rauline
nrauline@lesechos.fr
Alors que le financement des
start-up françaises reste souvent
problématique, une nouvelle
forme de capital-risque a fait son
apparition dans l’Hexagone ces
derniers mois. Le « media for
equity » consiste, pour un groupe
média, à investir dans une start-up
enéchangedecampagnesdepublicité. Selon la valorisation de l’entreprise,legroupeprendunepartplus
ou moins importante du capital,
correspondant à la vente des espaces publicitaires. La pratique est
déjà courante depuis les années
2000 en Europe du Nord et en Allemagne (lire ci-contre).
En France, deux fonds viennent
d’être créés : L’Express Ventures,
mis en place par le groupe
L’Express-Roularta, et 5M Ventures, qui accueille des investisseurs
comme « 20 Minutes », le groupe
audiovisuel Clear Channel ou
encore le fonds allemand German
Media Pool, lui aussi spécialisé
dans le « media for equity ». Le premier a, pour l’instant, financé trois
start-up : le service de découverte
gastronomique Kitchen Trotter, le
site de location d’appartements
Morning Croissant et le service
immobilierImmoInversé.Ilvisede
6 à 10 investissements sur l’année
2014. Le second, avec une capacité
d’investissement de 15 millions
d’euros brut en espaces publicitaires, a investi, lui, dans deux projets :
Youboox (voir ci-dessous) et le service d’emploi Jobaroundme. La
demande est déjà très élevée.
Le marché du « media for equity » dans le monde
Les principaux fonds d’investissement spécialisés
L’Express Ventures
5M Ventures
Aggregate Media Fund
France
France
Suède
Objectif :
15 millions d’euros
120 investissements
8 à 10 investissements
en 2013-2014
Seven Ventures, la filiale
du groupe audiovisuel, fait
des émules en Allemagne,
où le « media for equity »
s’impose.
L’Express Ventures a reçu 156 dossiers sur sa première année d’existence et 188 lors d’un concours qu’il
a récemment organisé. 5M Ventures a reçu, de son côté, près de
150 dossiers. Et plusieurs investissements devraient aboutir dans les
semaines à venir.
Brand Capital
Inde
400 investissements
Participations minoritaires
Les participations sont, en règle
générale, peu élevées. Elles excèdent rarement 10 % du capital,
pour quelques dizaines, voire quelques centaines de milliers d’euros,
même si en Allemagne, en Europe
du Nord et aux Etats-Unis certains
investissements ont atteint plusieurs millions. « Ce type de financement convient aux start-up qui commencent à générer des revenus, ont
déjà un modèle économique viable,
mais manquent encore de notoriété.
Le “media for equity” doit être un
accélérateur. A l’inverse, il sera inutile sur des sociétés trop importantes », note Raphaël Labbé, directeur de l’innovation du groupe
L’Express-Roularta et directeur de
L’Express Ventures, qui peut offrir
aux start-up une variété de publications, généralistes, professionnelles ou spécialisées.
Au-delà de l’aspect capitalistique
et de l’enjeu de communication, les
premières expériences montrent
que start-up et grands groupes ont
des choses à apprendre les uns des
autres. « Il est encore trop tôt pour
tirer un bilan des campagnes, qui
sont encore en cours, affirme Aicha
Mansouri, cofondatrice de Kitchen
Trotter. Mais “L’Express” nous a
accompagnés en nous apportant des
compétences que nous n’avions pas.
Et le fait de s’adosser à un grand
groupe nous a apporté une crédibi-
Seven Ventures
German Media Pool
Allemagne
Allemagne
40 millions d’euros
10 investissements
PLUS DE DONNÉES SUR DATA.LESECHOS.FR
« Ce type
de financement
convient aux start-up
qui commencent à
générer des revenus,
ont un modèle
économique viable,
mais manquent
encore de notoriété.
Il sera inutile sur des
sociétés trop
importantes. »
RAPHAËL LABBÉ
Directeur de L’Express Ventures
« LES ÉCHOS » / IDÉ / SOURCE : « LES ÉCHOS »
lité, une confiance qui nous a ouvert
de nouveaux marchés. » Et, pour les
groupes médias, ce mode d’investissement a une vertu : mettre le
pied dans le monde des start-up et
voir leurs évolutions. « C’est un
poste d’observation privilégié »,
indique Christophe Montague, fondateur de 5M Ventures. Certains
groupes pourraient ainsi se servir
de ce système pour mettre la main
sur des pépites. Peu, en revanche,
ont encore les moyens pour investir en propre en « media for
equity ». Seuls TF1 et M6 (avec MisterGoodDeal) auraient tenté des
expériences dans ce domaine, mais
restent discrets sur les modalités
d’investissement et les retombées.
Enfin, le dispositif se heurte à
plusieurs limites, à commencer
par un manque de transparence ou
de lisibilité. Beaucoup de jeunes
entrepreneurs n’ont ainsi aucune
idée des tarifs publicitaires. Et certains groupes médias pourraient
être tentés de ne fournir que des
inventaires invendus ou des espaces bas de gamme.
Autotal,àterme,lesecteurpourrait peser une vingtaine de millions
d’euros par an en France. « Nous
restons prudents sur le marché français, ce mode de financement restera
sans doute minoritaire, mais il est
très complémentaire des investissements classiques », affirme Christophe Montague. La plupart du
temps, les levées en « media for
equity » s’accompagnent d’ailleurs
de financements en cash auprès de
fonds traditionnels. n
Unaccélérateurdenotoriété
pourlastart-upYouboox
Le « Spotify du livre »
français a reçu un investissement de 5M Ventures,
en échange de campagnes
dans « 20 Minutes ».
Le bouche-à-oreille ne fait pas tout,
même pour une start-up. C’est pour
cela que de plus en plus de jeunes
pousses se posent la question du
« media for equity ». Youboox a
franchi le pas il y a quelques semaines. Cette start-up française se définit comme le « Spotify du livre » et
donneunaccèsillimitéàl’ensemble
de son catalogue de livres, soit environ 10.000 titres. Créée il y a deux
ans par Hélène Mérillon, Vincent
Daubry et Fabien Sauleman, la
société a noué des partenariats avec
une centaine d’éditeurs, dont Kero,
Michelin, Le Petit Futé, les éditeurs
de BD Dupuis ou Dargaud ou celui
de science-fiction Bragelonne. Les
livres sont accessibles au format
numérique, sur PC et iPad pour
l’instant, mais une nouvelle version
doit être lancée dans les prochains
jours pour iPhone et Android. Deux
offres coexistent : l’une est gratuite
et financée par la publicité, l’autre,
payante, propose un catalogue plus
fournipour9,99 eurosparmois.Au
total, Youboox compte aujourd’hui
140.000 utilisateurs, dont
2.000 abonnés payants. La start-up
reverse la moitié de ses revenus aux
éditeurs et la redistribution se fait
selon le nombre de pages vues pour
chaque livre.
Vers la télévision
Youboox s’est heurté au problème
rencontré par de nombreuses
start-up : après des débuts prometteurs, elle a eu du mal à franchir un
palier supplémentaire et à se faire
connaître auprès du grand public.
« Nous ne nous sommes pas posé la
question très longtemps sur cette
opportunité, explique Hélène
Mérillon, cofondatrice de Youboox.
Il y a eu des négociations, mais elles
ont été rapides. Nous connaissions
les tarifs du marché sur les espaces
publicitaires qui nous intéressaient,
nous avons converti cela en capital.
Au final, ce n’est pas très différent
d’un investissement classique, sauf
que la transaction se fait en espaces
publicitaires. » Lors de sa levée de
fonds de 1,1 million d’euros l’été dernier, financée pour moitié par des
business angels et pour une autre
moitié par les Editions Atlas et le
fonds spécialisé en « media for
equity » 5M Ventures, une partie
(inférieure à 5 % du capital) a donc
été convertie en espaces publicitai-
Legroupe
ProSiebenSat.1
donneleton
enAllemagne
La page d’accueil du site sur iPad. Document Youboox
res. Youboox a ainsi pu faire la promotion de son service dans le journal « 20 Minutes », actionnaire de
5M Ventures. « L’impact de ces campagnes, sur Internet et le mobile
notamment, est conforme à nos
objectifs, elles nous ont permis de
conquérir de nouveaux clients,
affirme Hélène Mérillon. Mais,
pour les médias de notoriété pure,
c’est sans doute encore un peu tôt
pour nous. » Youboox se réserve
ainsi la possibilité de négocier des
spots télévisés dans les prochains
mois, lorsque sa marque sera un
peu plus connue. — N. R.
Thibaut Madelin
tmadelin@lesechos.fr
— Correspondant à Berlin
L’an dernier, Busuu a levé 4 millions
d’euros. Mais pour la PME de cours
de langue en ligne, cette levée de
fonds était différente. Non seulement parce qu’elle a eu lieu au terme
d’un « pitch » retransmis sur Internet, mais aussi parce que les fonds
avaient une forme différente : il
s’agissait de publicité. L’investisseur
n’étaitautrequeSevenVentures,une
filiale du groupe audiovisuel allemand ProSiebenSat.1. Fondé en 2011,
SevenVenturesproposeàdesjeunes
entreprisesdel’espacepublicitaireet
se fait rémunérer sous forme de participation au capital de son client
(« media for equity »), de participation à son chiffre d’affaires (« media
for revenue share ») ou un mélange
des deux. Le fonds doit sa réputation
àsoncontratavecZalando,lasociété
allemande de commerce électronique en forte croissance.
Un modèle alternatif
ProSiebenSat.1 peut vendre douze
minutes de publicité par heure mais
ne fait pas toujours le plein, explique
le groupe. « Pour bien exploiter le
reste du temps, nous cherchons de
nouveaux clients qui ont besoin de cet
espaceavecunautremodèleéconomique. » Autrement dit, des clients qui
n’ont pas les moyens de payer la pub
à la télévision au prix fort, mais en
ont besoin pour atteindre leur cible.
Matthias Bohlig, en charge de la
communication, ne donne pas de
chiffres, mais il assure que l’unité
connaît une forte croissance.
German Media Pool (GMPVC),
son concurrent, a aussi le vent en
poupe. La société vient de lancer un
deuxième fonds de 20 à 30 millions
d’euros, auquel participent notamment RTL, la filiale de Bertelsmann,
etWall,legroupedemobilierurbain
contrôlé par JCDecaux. GMPVC se
rémunère sous forme de participation au capital. « Nous sommes le
deuxième fonds indépendant de
“media for equity” au monde derrière
le suédois Agregate », estime son
cofondateur et directeur général,
Aljoscha Kaplan.
Nouveau venu, Alternate se spécialise dans les investissements dans
les sites Internet ou les applications
mobiles. « Nous nous comprenons
comme une agence de communication alternative », déclare Sebastian
Erasmus, directeur général, qui
vient de United Internet. D’autres
acteurs, comme le groupe de mobilier urbain Ströer ou le leader européen de la presse Axel Springer, qui
est ainsi entré au capital de la plateforme de logements Airbnb, sont
aussi actifs sur ce marché. n