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Revue D’Etudes en Management et Finance D’Organisation
N°2 Juin 2016
DÉVELOPPEMENT DE L’ESPRIT ENTREPRENEURIAL CHEZ LES ÉTUDIANTS
DEVELOPMENT OF ENTREPRENEURIAL SPIRIT AMONG STUDENTS
ASLI Amina
Enseignante Chercheure
ENCG, Université Hassan I, Settat
Email : amina_asli@yahoo.fr
ZERRAD Jaouad
Enseignant Chercheur
ENCG, Université Hassan I, Settat
E-mail : zerradjaouad@gmail.com
BENCHRIFA Hanaâ
Doctorante en Gestion
ENCG, Université Hassan I Settat,
E-mail : benchrifa_hanaa@hotmail.com
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Résumé
Aujourd’hui le concept de l’entrepreneuriat occupe une place importante dans notre société et
ce, par sa contribution à la création d’emplois, à la création et au renouvellement des
entreprises, à l’innovation sous toutes ses formes ainsi au développement régional. La
littérature sur le concept est foisonnante et n’a cessé de se développer depuis les travaux de
Schumpeter. Dans un contexte marocain, elle devient un refuge pour l’emploi d’un bon
nombre de jeunes diplômés et une reprise de la croissance économique. En effet, on
interrogera utilement sur le sujet de l’entrepreneuriat des jeunes en tant que processus qui
s’apprend en commençant en amont et ce par l’adoption d’un dispositif pédagogique
spécifique et efficace permettant de développer l’esprit entrepreneurial exigé d’ un étudiant du
21ème
siècle. Il s’agit en premier, de clarifier les éléments théoriques de l’entrepreneuriat et en
particulier l’entrepreneuriat des jeunes puis identifier les pratiques pédagogiques
universitaires permettant la promotion de l’esprit entrepreneurial. A la lumière de ses
pratiques, nous allons mettre en avant les facteurs parascolaires permettant d’activer le
potentiel entrepreneurial chez les jeunes étudiants marocains.
Mots clés : Entrepreneuriat, étudiants, esprit entrepreneurial.
Abstract:
Nowadays, the concept of entrepreneurship holds a key position in our society, through its
contribution to job creation, renewal of companies, and multiform innovation as well as the
regional development. The existing literature on the concept is abundant and continues to
grow ever since the seminal work of Schumpeter. In parallel, the youth entrepreneurship has
grown increasingly in academic research and development strategies adopted by countries
around the world. In the Moroccan context, it has become an outlet for employment and a tool
for stimulating the economy. Actually, in this paper, we are going to shed light on the concept
of youth entrepreneurship as a process that is initiated and that goes crescendo within the
framework of educational system. The aim is to help 21st
century students to develop and
foster it. First, we are going to clarify the tenets of youth entrepreneurship, then we are going
to identify the existing practices at university level including extracurricular activities that
help tap the dormant potential of entrepreneurship in youth.
Key words: Entrepreneurship, students, entrepreneurial spirit, educational system
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Introduction :
La recherche sur l’entrepreneuriat demeure fragmentée et examinée par différentes
disciplines. De nombreux spécialistes, économistes (Cantillon, 1755 ; Say, 1816 ; Perroux,
1935 ; Schumpeter, 1954 ; Boutillier et Uzunidis, 1999), sociologues (Weber, 1930)
psychologues (Mclelland 1967), et gestionnaires (Gartner, 1990 ; Arellano, Gasse et Verna,
1994 ; Albagli et Hénault, 1996 ; Filion, 1997 ; Verstraete, 2000) se sont intéressés à l’étude
de ce concept. En réalité, la notion de l’entrepreneuriat occupe une place importante dans
notre société contemporaine et ce, par sa contribution à la création d’emplois, à la création et
au renouvellement des entreprises et à l’innovation sous toutes ses formes (Fayolle, 2005). La
contribution de l’entrepreneuriat d’une façon significative à la croissance économique ainsi
que l’accroissement des travaux de recherches académiques justifient parfaitement la
nécessité d’étudier cette notion. En ce sens, la promotion de l’entrepreneuriat auprès des
étudiants est une nécessité économique (Léger-Jarniou, 1999), ainsi que le jeune entrepreneur
devient la pierre angulaire dans le processus et la gestion de l’entreprise en particulier et la
société en général. A travers cet article, on s’interrogera sur le sujet de l’entrepreneuriat des
jeunes en tant que processus qui s’apprend en commençant en amont et ce par l’adoption
d’un dispositif pédagogique spécifique et efficace permettant de développer l’esprit
entrepreneurial exigé d’ un étudiant du 21ème
siècle.
En effet, quand on parle de promotion d’esprit d’entreprendre, la première question qui se
pose est celle de savoir si l’entrepreneuriat peut s’enseigner ? Et quelles approches
pédagogiques peuvent être mobilisées en matière de formation en entrepreneuriat à
l’université ? Il s’agit d’une exploration de la littérature qui présente en premier un essai de
définitions du concept de l’entrepreneuriat et de l’ensemble des approches identifiant
l’évolution de cette recherche. Après avoir tenté de définir ce qu’est l’esprit d’entreprendre
par opposition à l’esprit d’entreprise, on essaiera de montrer que pour développer cet esprit et
ces comportements, l’éducation à l’entrepreneuriat peut contribuer à dynamiser la créativité,
l’innovation et ainsi l’emploi indépendant. On va mettre l’accent sur quelques approches
utilisées pour enseigner l’entrepreneuriat au sein des universités. En fait, on assiste à un
changement des logiques éducatives spécialement dans l’enseignement supérieur par le
passage d’une logique purement traditionnelle, à une logique de formation de capacités
transférables (pédagogie de maîtrise ou pédagogie par objectifs).A travers cet article nous
allons montrer que le développement de l’esprit entrepreneurial dépasse le cadre scolaire et
nécessite davantage l’intégration des activités parascolaires.
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I. VERS UNE COMPRÉHENSION DE L’ENTREPRENEURIAT
1. Eléments théoriques sur l’entrepreneuriat
Durant les décennies 1980 et 1990, de nombreuses recherches essentiellement américaines ont
enrichi le champ de l’entrepreneuriat. Du côté français, on trouve également des thèses
qu’ont été consacrés à la modélisation entrepreneuriale (C. BRUYAT ,1993 ; A.FAYOLLE,
1996 ; S.MARION, 1999 ; P.SENICOURT, 1997. T.VERSTRAETE, 1996). Par conséquent,
la clarification du concept est fondamentale, citons l’interrogation de Gartner (1990) « What
are we talking about when we talk about entrepreneurship »
En effet, la revue de littérature affirme que l’entrepreneuriat est un phénomène qui associe
deux niveaux d’analyse ayant une relation dynamique et dialectique : Entrepreneur et
l’organisation qui se définissent mutuellement ( Boussetta, 2013) .Tout au long des dernières
décennies, plusieurs auteurs ont défini l’entrepreneuriat, mais il manque toujours un
consensus concernant sa définition. Selon Stevenson et Jarillo (1990), l’entrepreneuriat est la
volonté de concrétiser une opportunité sans tenir compte au préalable des ressources
disponibles. Yvon Gasse (1992) définit l’entrepreneuriat comme étant l’appropriation et la
gestion des ressources humaines et matérielles, dans le but de créer, de développer et
d’implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des individus. L’entrepreneur se
trouve donc dans une démarche d’organisation des ressources dans le but de lancer puis
garder en activité une entreprise qui viendra combler un besoin. Pour sa part, Stevenson
(1992) énonce que l’entrepreneuriat est un processus qui amène des personnes à envisager la
propriété d’une entreprise comme une option ou solution de carrière viable, à arriver avec des
projets d’entreprise, à apprendre à devenir des entrepreneurs, à lancer et à développer une
entreprise. Selon Julien et Marchesnay (1996), le terme entrepreneuriat tourne autour de trois
concepts : entrepreneur, esprit d’entreprise et la création d’entreprise. Dans le même sens,
Gartner souligne que si on peut définir qui est entrepreneur, on saura ce qu’est
l’entrepreneuriat. Quant à Filion (1997), il définit l’entrepreneuriat comme étant « le champ
qui étudie la pratique des entrepreneurs : leurs activités, leurs caractéristiques, les effets
économiques et sociaux de leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont
apportés pour faciliter l’expression d’activités entrepreneuriales ». D’un autre côté, M. G.
Scott (1988) postule que « l’entrepreneuriat consiste à mettre à profit de façon créative les
valeurs de l’environnement ». En dernier, Thierry Vestraete (2000) considère
l’entrepreneuriat comme étant un phénomène combinant un individu et une organisation. L’un
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se définit par rapport à -l’autre et vice versa. Il s’agit d’une relation symbiotique entre un
entrepreneur et une organisation. L’entrepreneur agit, structure et engage son environnement à
des fins socioéconomiques. Son action induit du changement et conduit à une modification
partielle d’un ordre existant. L’entrepreneur construit son ordre. Celui-ci ne lui est profitable
(pas seulement économiquement) que si l’ordre socioéconomique dans lequel il s’insère y
trouve également un intérêt et en tire de la valeur. Il est considéré comme un individu qui
favorise le risque, la créativité, la croissance et l’innovation.
A propos de la littérature anglosaxonne qu’est foisonnante sur ce thème, le terme
entrepreneuriat englobe 3 aspects essentiels : En premier lieu, on trouve l’esprit
entrepreneurial ; sera détaillé ci-dessous, qui constitue l’ensemble des facultés et dispositifs
intellectuelles d’une personne ou d’un groupe à agir, prendre les risques et engager les
capitaux dans une organisation afin de réaliser des bénéfices. En second lieu, l’aspect de
création d’entreprises qui est étroitement associé au phénomène entrepreneurial. Ce
rapprochement paraît tout à fait légitime vue que la création d’entreprise renvoie à
l’existence d’une idée non encore exploitée par les entrepreneurs susceptible d’être appliquée
dans une organisation afin de susciter et / ou de satisfaire un besoin sur le marché. Pourtant,
l’acte entrepreneurial ne peut se réduire à la seule création d’entreprise. La littérature a
contribué également à la détermination de plusieurs traits de caractères qui représentent des
valeurs et des attitudes face à l’environnement socio-économique dont il opère, tels que de
l’autonomie, la forte confiance le self control, la persévérance…
En résumé, différents auteurs ont essayé d’établir les fondements nécessaires pour la
compréhension du phénomène de l’entrepreneuriat, en mettant en avant le rôle de
l’entrepreneur comme étant la pierre angulaire de l’innovation et la croissance et le cœur du
processus entrepreneurial.
2. Les principales approches sur l’entrepreneuriat
L’ensemble des travaux et définitions ci-dessus constituent les fondements d’une théorie
entrepreneuriale. L’évolution de la recherche dans ce sens contribue à l’émergence de trois
approches différentes mais complémentaires: Fayolle (2002) résume ainsi les différentes
étapes de l’évolution des recherches : «Trois questions fondamentales peuvent résumer une
grande partie de l’activité de recherche en entrepreneuriat. S’inspirant, d’une formulation de
Stevenson et Jarillo (1990), ce triple questionnement peut ainsi être proposé : « What on
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Earth is he doing... ? » constitue la première interrogation, « Why on Earth is he doing... ? »
la seconde et, « How on Earth is he doing... ? », la dernière (Tornikoski, 1999). Nous
retrouvons, ici, les approches fonctionnelles (What) des économistes, l’approche centrée sur
les individus (Why and Who) des spécialistes des sciences du comportement et les approches
processuelles (How) des gestionnaires. ». Ci après les approches qui sous tendent l’évolution
du concept de l’entrepreneuriat :
2.1. Approche fonctionnelle (What)
Les apports des économistes présentent la base historique de l’entrepreneuriat. D’abord, au
XVIIIe
siècle, Richard Cantillon, définit déjà les attributs d’un entrepreneur à savoir la prise
de risque et l’incertitude. Ensuite, Jean Baptiste Say (1816) met en relief le rôle de
l’entrepreneur dans la croissance économique en traitant la question de combinaison des
moyens de production en vue d’un rendement élevé.
Les apports des économistes comme Cantillon (1755), Say(1816), Knight (1921) semblent
importants dans l’intégration de l’entrepreneur au cœur de la pensée économique. Il faut noter
que ces auteurs considèrent l’entrepreneur comme étant un individu proactif qui subit les
sollicitations de son environnement. Ce sont en fait, les travaux de Schumpeter(1934) qui vont
mettre en avant le rôle de l’entrepreneur en tant qu’individu innovateur. D’ailleurs,
l’autrichien soutient que « l’essence de l’entrepreneuriat se situe dans la perception et
l’exploitation de nouvelles opportunités dans le domaine de l’entreprise […]. Cela a toujours
affaire avec l’apport d’un usage différent de ressources nationales qui sont soustraites de leur
utilisation naturelle et sujettes à de nouvelles combinaisons »(1928). A la suite des travaux de
Schumpeter, d’autres chercheurs (Kirzner, 1973 ; Casson, 1991 ; Knight, 1996) considèrent
que l’entrepreneur est un moteur du développement économique. Kirzner (1973) voit
l’entrepreneur comme quelqu’un d’alerte aux opportunités qui existent déjà et qui attendent
d’être remarquées. Penrose (1963), quant à lui considère que l’entrepreneuriat appréhende
l’identification d’opportunités dans le système économique. Alors que Casson attribue à
l’entrepreneur le rôle de coordination des ressources rares et la prise de décisions. Les théories
économiques ne prennent pas en compte l’environnement sociétal et le rôle joué par la culture
(Berger, 1993 ; Landa, 1993). On assiste à une orientation du champ de recherche pour traiter
ces aspects.
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2.2. Approche centrée sur les individus (Why and Who)
L’approche sur les individus décrit les caractéristiques psychologiques d’un entrepreneur, ses
traits de personnalité, ses motivations, ses comportements, ses origines et sa trajectoire
sociale. Cette approche essaie de répondre aux questions relatives au caractère inné de
l’entrepreneur ainsi son profil idéal. A partir de ces réflexions, on distingue deux courants de
pensées.
Le premier courant repose sur la théorie de réalisation de soi développée par McClelland
(1961) qui s’intéresse à la détermination des attributs psychologiques d’un entrepreneur et les
liens qui existent entre ses caractéristiques et le succès de l’entreprise (Messeghem et
Sammut, 2001). McClelland s’est appuyé sur le besoin de réalisation de soi (need for
achievement) et le besoin de puissance pour clarifier le comportement des entrepreneurs.
Dans ce sens, Fayolle (2002) insiste sur la contribution de l’école psychanalytique : « Un
point de vue originale appartenant à l’école psychanalytique est apporté par Kets de Vries
(1977). Ce dernier stipule que le comportement entrepreneurial est la résultante
d’expériences vécues dans la tendre enfance et caractérisées par un environnement familial
hostile et de nombreux problèmes affectifs. Ces situations ont conduit les individus à
développer des formes de personnalités déviantes et peu insérables dans des environnements
sociaux structurés, au sens où ils ont des difficultés à accepter une autorité et à travailler en
équipe avec d’autres personnes ». Le comportement de l’entrepreneur paraît comme la
résultante des expériences vécues et de son environnement d’appartenance.
Le second courant analyse la dimension comportementale des entrepreneurs en intégrant les
variables psychologiques, sociales et économiques dans le processus entrepreneurial. Gartner
(1990) stipule que l’entrepreneur type est un mythe et qu’il ne faut pas se focaliser seulement
sur l’étude des traits de personnalité. Messeghem et Sammut (2011) affirme que le profil
psychologique d’un entrepreneur ne présente qu’une variable parmi d’autres.
2.3. Approche processuelle (How)
La remise en cause de l’approche par les traits renvoie au caractère multidimensionnel et
complexe de l’entrepreneuriat. Cela a donné lieu à l’approche fondée sur les processus
(Gartner 1985 ; Bruyat et Julien, 2001). En fait, Gartner (1985 ,1988) considère
l’entrepreneuriat en tant qu’un phénomène qui consiste à créer et organiser de nouvelles
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activités. En parallèle, il identifie six comportements décrivant l’ensemble du processus
entrepreneurial1
:
 La localisation des opportunités d’affaires ;
 L’accumulation des ressources ;
 Le lancement de produits et services sur le marché ;
 La mise en place d’une structure organisationnelle ;
 La prise en compte et la réponse des attentes du gouvernement et de la société.
Venkataraman (1997) définit l’entrepreneuriat comme « l’examen scientifique du comment,
par qui et par quels moyens peut- on changer les opportunités pour créer des biens et services
futurs 2
». Le champ de l’entrepreneuriat, d’après Shane et Venkataraman (2000) renferme
«l’étude des sources d’opportunités : le processus d’identification, évaluation et exploitation
des opportunités présentes ainsi les individus responsable de ces actes»3
.
3. Entrepreneuriat des jeunes
L’entrepreneuriat des jeunes est devenue un sujet incontournable, cela est due à plusieurs
raisons : D’une part la forte demande nationale des pouvoirs publics pour redynamiser le tissu
économique par la création d’emplois. D’une autre part, il s’agit d’une demande sociale de la
part des entreprises qui cherchent à recruter et à fidéliser des jeunes dynamiques, autonomes,
responsables en un mot d’entrepreneur. Aujourd’hui, le jeune entrepreneur devient la pierre
angulaire dans le processus et la gestion de l’entreprise. La position du jeune entrepreneur a
été traitée également par différents courants de pensée comme illustré dans la figure n°1
En fait, l’emploi non salarié gagne du terrain dans les pays de l’OCDE .Cette croissance du
travail indépendant crée des emplois puisque les entrepreneurs deviennent eux mêmes
employeurs. Les données d’enquête indiquent que l’emploi indépendant procure des
avantages micro-économiques directs aux personnes concernées (OECD, 2001). Les jeunes
travailleurs s’imaginent plus facilement travailler à leur compte que les plus âgés et expriment
souvent une préférence pour un travail dans une petite entreprise.
1
Cité par Zemzami, Achour. (). Entrepreneuriat, intrapreneuriat et orientation entrepreneuriale : Origines et évolution
2
Traduction libre « the scholarly examination of how, by whom and with what effects opportunities to create future goods
and services are discovered, evaluated and exploited »Venkatraman (1997).
3
Traduction libre «the study of the sources of opportunities: the process of discovery, evaluation and exploitation of
opportunities; and the set of individuals who discover , evaluate and exploit them» Shane et Venkataraman (2000).
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Au Maroc, les problèmes d’emploi des jeunes présentent une diversité assez grande,
particulièrement au niveau des jeunes diplômés. Par ailleurs, les statistiques du Haut
Commissariat au Plan démontrent un taux de chômage avoisinant les 20% auprès de ces
jeunes (Figure n°2).
Pour faire face, les pouvoirs publics ; conscients du rôle de l’entrepreneuriat dans le
développement du tissu économique marocain, s’intéressent davantage à la promotion de
l’entrepreneuriat auprès des jeunes. Plusieurs programmes d’appui à la création d’entreprises
par les jeunes, ont été mis en place à partir des années 80 du siècle dernier, à titre d’exemple
le Crédit Jeunes Promoteurs et le programme Moukawalati.
4. Esprit d’entreprise VS esprit d’entreprendre.
Etant donnée que le terme entrepreneuriat se rapproche aux expressions suivantes : esprit
d’entreprise ou esprit d’entreprendre. Aujourd’hui ces deux notions sont au cœur du débat du
management moderne. Certes, l’esprit d’entreprendre ou l’esprit entrepreneurial ne doit pas
créer une confusion avec l’esprit d’entreprise. Nous allons aborder les principales recherches
traitant cette distinction à savoir les travaux de Léger Jarniou (2001) :
Esprit d’entreprise est l’ensemble des attitudes générales vis-à-vis de la notion d’entreprise et
de celle d’entrepreneur. Alors que l’esprit entrepreneurial semble renvoyer à la volonté d’agir
pour créer un changement de la nouveauté et réaliser des projets et met en évidence le
développement des attitudes entrepreneuriales qui permettent aux jeunes de se construire une
personnalité entreprenante au fil de leur vie. Il garantit, en fait la transition entre la vie
estudiantine et celle professionnelle tout en facilitant aux étudiants l’intégration au monde des
affaires. En d’autres termes, les individus dotés d’un esprit d’entreprendre n’ont pas
nécessairement l’intention ou le désir de créer une entreprise ni même d’avoir une carrière
entrepreneuriale. Il semble donc que l’esprit d’entreprendre est au-delà de la seule création
d’entreprise, à vrai dire c’est la phase amont requis dans une multitude de situations telles
que le fait :
- D’entreprendre sa vie en tant que citoyen
- D’entreprendre dans l’entreprise par le biais de l’intrapreneuriat
En ce même sens, l’intention d’entreprendre est la phase amont du processus menant à
l’engagement vers la création d’entreprise. En réalité, l’intention de créer une entreprise est,
quant à elle, d’autant plus forte que la création d’entreprise (Verzat, 2011). Les travaux de
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recherches sur l’entrepreneuriat et précisément l’intention d’entreprendre se sont inspirés de
deux théories, la théorie psychologique du comportement planifié d’Ajzen et Fishbein
(1987,1991) et la théorie de l’évènement entrepreneurial de Shapero (1982). Selon ces
théories, tout comportement intentionnel peut être prédit par l’intention d’avoir un
comportement donné. Les avancés actuelles de ce courant relèvent trois perceptions devant
être réunies chez un individu pour qu’il ait consciemment cette intention (Verzat ,2001) :
- Perception de faisabilité de la carrière entrepreneuriale : Elle fait référence au degré
avec lequel l’individu pense pouvoir mener à bien la création d’une entreprise.
- Perception de désirabilité de cette carrière : Au sens de Shapero, la notion de
désirabilité représente le degré d’attrait qu’un individu ressent envers la création d’une
entreprise. Ajzen distingue entre un sentiment de désir issu de l’attitude plus ou moins
favorable qu’a une personne envers ce choix et un sentiment de désir lié à son propre
environnement (normes sociales)
- Perception d’opportunité de business
Trois éléments déterminent l’intention d’un individu et permettent de prédire les perceptions
décrites ci-dessus (Figure n°3):
- L’attitude favorable à l’égard du choix de carrière entrepreneuriale : Elle renvoie au
degré d’appréciation que la personne porte sur ce comportement (Ajzen et Fishbein,
1980). Dans le domaine de l’entrepreneuriat, l’attitude renvoie aux valeurs
professionnelles (les caractéristiques professionnelles qu’il valorise) et sa vision de
l’entrepreneuriat (les besoins qu’il juge satisfaits par l’acte entrepreneurial).
- Les normes sociales réfèrent à la pression sociale perçue qui incite à mettre en place le
comportement observé. Ils s’expliqueraient par le degré d’approbation ou de
désapprobation qu’il perçoit de son entourage et l’importance qu’il accorde à l’opinion
de ce dernier.
- Le contrôle qu’il pense avoir sur la situation, c'est-à-dire la perception positive de se
sentir capable à surmonter les difficultés. Le facteur de contrôle nécessite perception
de l’auto efficacité qui provient de la théorie du psychologue Bandura (1977,1982,
1986). Cette perception renvoie soit à la confiance en soi pour bien mener les tâches
nécessaires à l’obtention d’un résultat donnée soit à l’opinion qu’a l’individu sur sa
capacité à mettre en œuvre les différents éléments d’une stratégie planifiée adéquate
pour faire face à une situation à venir.
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II. Application du lexique entrepreneurial dans le champ d’éducation
1. Entrepreneuriat un processus qui s’apprend
Comme décrit ci avant, les recherches sur l’entrepreneuriat ont connu une évolution
aboutissant à considérer l’entrepreneuriat en tant que processus qui s’apprend et peut être
encouragé par l’éducation (Wang, 2010). « On ne peut pas naître entrepreneur.
L’entrepreneur est un mode de comportement, c’est une attitude qui peut être encouragée,
favorisée, contrariée, soit, mais on peut apprendre à modifier son comportement et on peut y
arriver » (Kets de Vries et Stevenson). Dans la même veine, Laukkanne (2000) admet que
l’éducation à l’entrepreneuriat est « quelque chose » qui favorise des vocations
entrepreneuriales et éveille l’esprit d’entreprendre.
Dans le cadre d’un projet fédérateur « Best procedure project on Entrepreneurship Education
and Training », l’UE a mis l’accent sur la nécessité de développer des comportements
entreprenants pour toute la vie. Dans ce cadre, elle a déterminé l’esprit d’initiative et
d’entreprise comme étant la 7e
compétence clé pour la formation et l’éducation tout au long
de la vie. Par ailleurs, elle a proposé un cadre d’objectifs et activités pour mettre en évidence
les meilleures pratiques en éducation à l’entrepreneuriat aux niveaux primaire, secondaire et
supérieur comme illustré dans la figure n°4
Dans le cadre d’une vision de sensibilisation à l’environnement de l’entreprise et à la
problématique de l’entrepreneuriat, des objectifs éducatifs ainsi des exemples d’activités
pédagogiques répondant à ces objectifs sont recommandés à chaque niveau. On constate un
passage progressif ; tout au long des trois niveaux, de la formation de l’esprit d’entreprendre
et le développement des qualités personnelles chez les étudiants à celles des compétences
spécifiques nécessaires au lancement et création d’une entreprise.
2. Pratiques d’éducation à l’entrepreneuriat
2.1. L’évolution des pratiques au sein des universités étrangères
Afin de développer cet esprit et ces comportements, l’éducation à l’entrepreneuriat semble le
moteur pour dynamiser la créativité, l’innovation et ainsi l’emploi indépendant. D’ailleurs,
l’éducation à l’entrepreneuriat n’a cessé de se développer rapidement dans le monde entier
depuis que Myles Maces a dispensé le premier cours en entrepreneuriat course d’Harvard en
1947(Carrier ,2009). Actuellement, l’éducation de l’entrepreneuriat aux Etats Unis est en
perpétuelle croissance : 2200 cours dans plus de 1600 institutions, 277 positions de
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professeur, 44 revues académiques et plus de 100 centres d’entrepreneuriat établis d’une
manière pérenne (Fayolle ; Verzat, 2009).
A travers l’enseignement des principes de base de la gestion et management de projet, les
étudiants sont amenés à générer, identifier des idées de projet et à les rendre susceptibles
d’identifier le potentiel de l’idée, d’évaluer sa faisabilité et d’entreprendre les actions
nécessaires pour prévoir sa mise en œuvre. Au début des années 1990, le programme de
formation d’entrepreneuriat accompagne essentiellement les étudiants à élaborer leurs
business plans à travers l’élaboration des études commerciales permettant de déterminer le
public cible, estimation du CA, par la suite l’élaboration de l’étude technique et financière et
enfin l’étude juridique (Rondstat, 1990), alors que les nouvelles tendances engendreraient des
formations faisant plus étroitement appel aux expériences et aux habiletés des individus.
Béchard et Toulouse (1991) notaient ainsi la prédominance persistante des études de cas et
des cours magistraux. Malheureusement, les pratiques pédagogiques traditionnelles sont axées
sur le contenu. Cependant, on assiste à un changement de logiques éducatives accompagné
par une grande diversité des méthodes et approches pédagogiques pour l’enseignement de
l’entrepreneuriat et en même temps on ne peut pas avoir une seule bonne méthode
pédagogique. Étant donné que le concept de l’entrepreneuriat connaît une riche polysémie, il
sera difficile donc d’adopter une seule méthode au niveau de son enseignement. Outre, le
choix d’une telle méthode dépend essentiellement des objectifs, des contenus et des
contraintes imposées.
Aujourd’hui, on assiste aussi à un changement de paradigme au niveau de l’enseignement à
l’entrepreneuriat par l’adoption d’une pédagogie appelée active (pédagogie par projet et par
problème) considérée la plus adaptée pour la promotion de l’esprit entrepreneurial chez les
étudiants. Cette approche permet à l’étudiant d’acquérir les mêmes connaissances enseignées
dans un cursus traditionnel, en plus des savoir faire et savoir être méthodologiques et
relationnels. Il s’agit de l’apprentissage expérientiel qui signifie le fait d’apprendre en faisant.
Camille Carrier (2009) s’interroge sur l’ensemble des méthodes pédagogiques utilisées. Elle a
montré l’importance d’enrichir les approches traditionnelles à savoir : conférences, cours
magistraux, études de cas et l’enseignement du plan d’affaires, tout en expérimentant de
nouvelles approches. En effet, elle a présenté des propositions d’approches ou d’outils
pédagogiques originaux et innovateurs. On trouve en premier, les simulations et jeux
permettant aux étudiants à résoudre les problèmes, d’expérimenter des situations nouvelles et
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parfois inattendues, élaborer des stratégies et prendre un certain nombre de décisions pour
améliorer la situation de leur entreprise. De surcroît, elle a signalé l’importance de se servir
des classiques (romanciers, penseurs, philosophes) pour enseigner l’entrepreneuriat afin
d’aider les étudiants à comprendre l’importance de l’intuition et l’instinct sachant que les
héros et les personnages peuvent être des sources de motivation pour les étudiants (Benson,
1992). Ensuite, elle a mis en exergue l’importance de la projection de vidéos (films) pour
développer les attitudes nécessaires chez les étudiants. D’ailleurs, elle a mis le point
également sur l’utilisation des expériences de vie (Rae et Casewell, 2000) en les étudiant pour
détecter les situations et les processus par lequel ces entrepreneurs ont appris à prendre le
risque et développer des entreprises performantes. La dernière démarche pédagogique
originale est l’utilisation de jeux de rôles pour sensibiliser les étudiants à l’émotion,
particulièrement à mieux gérer les émotions négatives associées à l’échec. Sans oublier
l’intégration des entrepreneurs pouvant devenir source de motivation aux jeunes étudiants,
vient à l’esprit l’approche adoptée par l’université d’Harvard ; cette dernière s’est associée à
une liste d’entrepreneurs acceptant de travailler personnellement avec les étudiants sur une
période bien déterminée et leur aider à développer une ou des habilités particulières.
2.2. Expériences des universités marocaines
Pour le cas marocain, les universités quant à elles ; conscientes de l’importance d’enseigner
l’entrepreneuriat, offrent des modules de formation en entrepreneuriat ayant pour cible les
doctorants issus des centres d’études doctorales en sciences et gestion, les masters et licences
scientifiques ou de gestion , particulièrement les masters et licences professionnels et les
étudiants des écoles d’ingénieurs et de commerce (ENCG, ENSA…).
L’Université Mohammed V Agdal de Rabat a relevé le défi par l’offre d’une formation dédiée
aux doctorants de cette université afin de développer l’esprit entrepreneurial. Le programme
de formation adopte une approche de l’apprentissage participatif comme décrit dans la figure
n°5
Ce programme est décomposé en étapes successives et progressives visant en premier à
appréhender le concept de l’entreprise et son environnement, par la suite promouvoir l’esprit
d’entreprendre, et faire connaître aux doctorants les différentes étapes du processus de
création d’entreprise.
Pour les grandes écoles de commerce (ENCG , ISCAE), on trouve également des modules de
formation en entrepreneuriat ayant pour principal objectif la sensibilisation des étudiants à
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l’entrepreneuriat en premier lieu, et aux différentes étapes nécessaires au montage d’un plan
d’affaires en second lieu et ce avec un volume horaire qui varie entre 30 heures à 45 heures.
L’approche pédagogique adoptée comporte deux volets essentiels : Il s’agit en premier d’un
cours magistral qui repose sur des exposés académiques assurés par le professeur dans le but
d’approfondir les connaissances en matière d’entrepreneuriat, d’appréhender l’environnement
des affaires et de maîtriser le processus de création d’entreprise. En second lieu, on trouve les
travaux pratiques comprenant les études de cas, les témoignages d’experts et d’entrepreneurs,
la présentation des fiches de lectures effectuées par les étudiants et la présentation d’un état
d’avancement relatif à l’élaboration d’un plan d’affaires qui fera objet d’une soutenance en fin
de session.
En synthèse, Le processus d’enseignement de l’entrepreneuriat au sein des universités
marocaines semble identique. La première étape du processus permet à appréhender
l’environnement des entreprises et l’entrepreneuriat en présentant cette dernière comme un
élargissement des choix possibles et comme une étape dans la carrière (Fayolle et al, 2005), et
ce à travers des séances de cours assurés par le professeur et des séminaires thématiques
animés par des experts. La seconde étape consiste en la constitution de groupes d’étudiants
qui vont travailler sur une idée de projet avec l’accompagnement et l’encadrement permanent
du professeur dans la perspective de développer des compétences techniques (réalisation du
business plan, étude de marché…) et personnelles (leadership, prise d’initiative, esprit
d’équipe…). D’ailleurs, l’objectif de cette phase est de développer chez les étudiants la
capacité à identifier l’idée de projet qu’elle doit être originale et réaliste, par la suite monter le
projet en respectant l’ensemble des étapes discutées en classe. Le travail fera l’objet d’une
évaluation en fin de module. Parallèlement, des activités peuvent être mises en place comme
l’organisation des visites aux foires et salons, le mentoring par des chefs d’entreprises qui
nécessite des conventions signés par l’université et les organismes spécialistes : Confédération
Générale des Entreprises du Maroc, Centre des Jeunes Dirigeants, Réseau Maroc
Entreprendre…
3. Le rôle des activités parascolaires
Les activités parascolaires jouent un rôle important dans le développement des habilités
entrepreneuriales chez les étudiants. Ils doivent être encouragées au sein des universités et
même soutenus.
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On ne peut pas nier l’importance des pratiques pédagogiques favorisant l’entrepreneuriat dans
un cadre scolaire, cependant l’immersion dans une culture entrepreneuriale dépasse le seul
cadre scolaire, et suppose l’intégration des apprentissages réalisés dans les associations
estudiantines4
. Yifan Wang affirme par une étude menée sur 10 ans et conclue par une thèse
l’impact des activités parascolaires sur l’esprit d’entreprendre. Certainement, l’engagement
associatif contribue à la construction de comportements sollicités pour la création d’entreprise
et l’entrepreneuriat en général à savoir la prise de risque et d’initiative, l’autonomie, la gestion
d’équipe, le sens de responsabilité, l’orientation vers les objectifs…Selon l’enquête établie par
NCGE (National Council for Graduate Entrepreneurship ) sur les entreprises et
l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur en 2007 et menée auprès de 127 universités
en Angleterre ,les activités parascolaires alimentaient 64% d’entreprises et activités
entrepreneuriales. En outre, les étudiants sont plus intéressés au travail associatif, ce qui a été
prouvé par un sondage national approuvé par le NCEC (National Consortium of
Entrepreneurship Center ,2006) dans 146 centres d’entrepreneuriat aux Etats-Unis.
D’un autre côté, Fayolle (1996) assure que les étudiants impliqués dans la vie associative ou
qui ont crée des associations ont tendance à opter pour une carrière entrepreneuriale. Wang
Yifan inspiré de Fayolle, rejoint son idée et montre que les élèves ingénieurs ayant une telle
tendance prennent des responsabilités plus importantes dans les associations et s’investissent
là dessus. S’ajoute une seconde étude de Fayolle et Gailly (2009) sur les étudiants en
management qui indique l’effet positif de l’implication associative des étudiants sur leur
intention d’entreprendre. Cependant, d’autres études montrent que la participation aux
activités parascolaires n’a absolument pas d’effet sur l’esprit entrepreneurial.
En gros, dans le cadre de sa thèse Wang Yifan a introduit un nouveau concept « la trajectoire
d’intention » ; présentée dans la figure n°6, construite autour de l’intention d’entreprendre, de
l’évolution d’intention, de l’identité professionnelle (la vision qu’à l’élève de son futur
métier) et des capacités et comportements entrepreneuriaux. Comme illustré ci après, le
modèle de la trajectoire d’intention met l’accent sur le sentiment de compétence en contacts
sociaux et les attitudes envers la prise de responsabilités comme étant les facteurs influençant
cette intention. Ces facteurs sont également encouragés réciproquement par l’investissement
associatif mis en place par l’école ou l’université d’une part, et les pédagogies actives d’une
autre part.
4
Wang Yifan, « L’évolution de l’intention et le développement de l’esprit d’entreprendre des élèves ingénieurs d’une école
française : une étude longitudinale », Thèse de doctorat de l’Ecole Centrale de Lille, spécialité Génie Industriel, 28/09/2010.
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Conclusion :
En guise de conclusion, l’entrepreneuriat est un processus qui s’apprend tout en commençant
en amont afin de cultiver l’esprit d’entreprendre. L’entrepreneuriat constitue un réel
apprentissage surtout dans un contexte actuel où règnent concurrence et incertitude. Face à
ces attentes, plusieurs pratiques et outils pédagogiques ont été développés par les chercheurs
et les praticiens qui sont aussi disparates qu’embryonnaires. Les recherches et les expériences
pédagogiques débouchent plus souvent sur des questions que des certitudes (Verzat,
Surlemont, 2011).
Outre, le concept d’entrepreneuriat englobe différents aspects, notamment l’aspect de
création d’entreprise. Pourtant, la finalité de l’éducation à l’entrepreneuriat ne peut se résumer
seulement dans la création d’entreprise. Il nous semble aussi que l’éducation à
l’entrepreneuriat et le développement de l’esprit entrepreneurial seront également bénéfiques
pour les étudiants n’ayant pas cette intention de création d’entreprise ou qu’ils se voient que
c’est encore loin de se lancer dans cette aventure. En attendant, ils peuvent faire preuve
d’innovation et de créativité au sein des entreprises auxquelles ils travaillent. Cela nous réfère
automatiquement au concept de l’intrapreneuriat qui s’inscrit dans le cadre général de
l’entrepreneuriat, et qui repose sur un mode de gestion collaboratif permettant d’instiller
l’esprit entrepreneurial dans les organisations tout en mobilisant le personnel au service de la
performance de l’organisation et permettant aux employés d’exprimer leur potentiel créateur.
Notons enfin qu’à l’origine de l’innovation, il ya des idées, et à l’origine des idées, il ya de
créativité et cette créativité engendre un esprit d’entreprendre (Bouchard ,2012).
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Bibliographie
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pertinent d’initiation à l’entrepreneuriat: une analyse des comportements et des
compétences. Revue de l’Entrepreneuriat, 10(2), 89–119.
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d’entreprise: un état des lieux. Revue Française de Gestion, 34(180), 25–43.
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Maroc : L’Expérience de Moukawalati », Rapport de Recherche du FR-CIEA N°
54/13, 2013.
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l’entrepreneurship ? », Colloque International Euro-PME, Rennes, pp.174-186
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études de cas et du plan d’affaires. Revue de l’Entrepreneuriat, 8(2), 17–33.
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enjeux d’une création lexicale. Mots. Les langages du politique, (102).
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édition.
Fayolle, A. « Contribution à l’étude des comportements entrepreneuriaux des ingénieurs
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Léger-Jarniou, C. (1999).Enseigner l’esprit d’entreprendre à des étudiants : réflexions
autour d’une pratique de 10 ans. Actes du premier congrès de l’académie de
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de l'École Polytechnique de Louvain aux méthodes actives », Entreprendre & Innover,
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intentions entrepreneuriales : apport de la cartographie cognitive. Management &
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Verzat, C. (2011). « Esprit d’entreprendre, es-tu là ? » Mais de quoi parle-t-on ? Entreprendre
& Innover, 11-12(3), 7.
Verzat, C., & Surlemont, B. (2011). Éditorial. L’enseignement de l’entrepreneuriat : la boîte
de Pandore ! Entreprendre & Innover, 11-12(3), 5.
Wang, Y., Bigand, M., & Frugier, D. (2011). Comment transformer les futurs ingénieurs
enentrepreneurs ? Entreprendre & Innover, 11-12(3), 65.
Wang, Y. (2010). L’évolution de l’intention et le développement de l’esprit d’entreprendre
des élèves ingénieurs d’une école française : une étude longitudinale. Ecole Centrale de
Lille.
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Annexe
Figure n°1 :
Les écoles Définitions Auteurs de
référence
L’école économique Un jeune entrepreneur est spécialisé dans la
prise intuitive de décisions réfléchies relatives à
la coordination de ressources
Casson (1991)
L’école
comportementale
Le jeune entrepreneur se définit par l’ensemble
des activités qu’il met en organisation.
Gartner (1988)
L’école
psychologique avec
les courants
personnalistes et
cognitifs
Le jeune entrepreneur se définit par un certain
nombre d’attributs psychologiques que l’on
décrit autant par la personnalité que par les
processus cognitifs activés pour la circonstance
Shaver et Scott
(1991)
Shaver et Scott
(1991)
Le jeune entrepreneur est celui qui développe
des opportunités et crée une organisation pour
les exploiter.
Bygrave et Hofer
(1991)
Source : DENIEUIL. P & al. (2011)
Figure n°2 : Evolution du taux de chômage des jeunes selon le diplôme 2010-2013.
http://www.hcp.ma/Taux-de-chomage-national-selon-le-diplome_a267.html
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19
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Figure n°3 : Modèle d’Ajzen
Figure n°4 : Objectifs pour l’éducation entrepreneuriale à chaque niveau, recommandés
par le Best procedure project 2002, repris en 2006.
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Figure n°5 : Programme de la formation esprit entrepreneurial pour les doctorants de
l’université Mohammed V –Agdal de Rabat5
Thème Objectifs pédagogiques Aptitudes à développer
Qu’est ce que
l’entreprise
- Permettre aux participants de
reconnaître que l'esprit
d'entreprendre est à la portée
de tout un chacun
- Permettre aux participants de
reconnaître que l'aptitude à
entreprendre d'un individu
influence sa manière de vivre
- Reconnaître les différents types
d'entreprises;
- Savoir s’organiser
- Etre capable de prendre des décisions
A quoi sert
l’esprit
d’entreprise
Permettre aux participants de
savoir que l’esprit d’entreprise
apporte une plus value tant
dans la sphère publique que
dans la sphère privée
- Appréhender les facteurs de motivation dans
les activités journalières et les risques
potentiels
- Savoir fixer les objectifs d’entreprise
Quel est le
profil d’un
entrepreneur ?
Esquisser le profil d'un
entrepreneur et identifier les
traits de caractère qu'il faut
posséder pour réussir comme
entrepreneur
- Identifier les traits de caractère d'un
entrepreneur
- Développer des compétences d'écoute et de
négociation
Comment
devient-on
entrepreneur?
Identifier les compétences
essentielles et les facteurs
déterminants pour réussite en
matière de création et de
gestion d'une entreprise
- Développer l'esprit d'initiative, de créativité
et d'entreprise
- Reconnaître et évaluer les opportunités
d'affaires
Comment
trouver une
idée d'affaire
valable?
- Découvrir et assimiler les
techniques permettant de
trouver des idées d'affaires
- Apprendre à évaluer les
opportunités d'affaires.
- Développer l'esprit d'initiative, de créativité
et d'entreprise
- Reconnaître et évaluer les opportunités
d'affaires
Comment
lancer une
entreprise?
- Connaître les diverses tâches
à accomplir pour monter une
entreprise;
- Savoir concrétiser une idée
d'entreprise sur les plans
juridique, commercial et
financier
Savoir:
▪choisir le marché et le lieu d'implantation
appropriés
▪estimer le capital de départ d'une entreprise
▪rechercher un financement pour démarrer
une entreprise
▪connaître les formes juridiques de
l'entreprise
Comment faire
fonctionner
une entreprise?
Connaître les différentes
techniques de gestion d'une
entreprise (ressources
humaines et matérielles,
- Acquérir les éléments de gestion d'une
entreprise
- Connaître les éléments d'un business plan
- Connaître les étapes de lancement d'un plan
5
ZAMMAR, R., & ABDELBAKI, N. (s. d.). L’université marocaine et la problématique de l’entrepreneuriat innovant.
Consulté à l’adresse https://emnet.univie.ac.at/uploads/media/Zammar__Abdelbaki_01.pdf
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21
21
finances, ventes, stocks……) d'affaire
Quelles sont
les étapes pour
devenir
entrepreneur?
Connaître les étapes et la
chronologie de la création
d'entreprise
Comment
élaborer son
propre
business plan ?
- Appliquer les connaissances
acquises à une situation de
marché réelle;
- Evaluer une idée d'affaire
dans le cadre d'un emploi
indépendant ou d'une micro
entreprise
Figure 6 : Modèle de la trajectoire d’intention proposé par Yifan Wang.

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ENTREPRENEURIAT
 

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  • 1. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 0 0 0 Revue D’Etudes en Management et Finance D’Organisation N°2 Juin 2016 DÉVELOPPEMENT DE L’ESPRIT ENTREPRENEURIAL CHEZ LES ÉTUDIANTS DEVELOPMENT OF ENTREPRENEURIAL SPIRIT AMONG STUDENTS ASLI Amina Enseignante Chercheure ENCG, Université Hassan I, Settat Email : amina_asli@yahoo.fr ZERRAD Jaouad Enseignant Chercheur ENCG, Université Hassan I, Settat E-mail : zerradjaouad@gmail.com BENCHRIFA Hanaâ Doctorante en Gestion ENCG, Université Hassan I Settat, E-mail : benchrifa_hanaa@hotmail.com 0
  • 2. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 1 1 1 Résumé Aujourd’hui le concept de l’entrepreneuriat occupe une place importante dans notre société et ce, par sa contribution à la création d’emplois, à la création et au renouvellement des entreprises, à l’innovation sous toutes ses formes ainsi au développement régional. La littérature sur le concept est foisonnante et n’a cessé de se développer depuis les travaux de Schumpeter. Dans un contexte marocain, elle devient un refuge pour l’emploi d’un bon nombre de jeunes diplômés et une reprise de la croissance économique. En effet, on interrogera utilement sur le sujet de l’entrepreneuriat des jeunes en tant que processus qui s’apprend en commençant en amont et ce par l’adoption d’un dispositif pédagogique spécifique et efficace permettant de développer l’esprit entrepreneurial exigé d’ un étudiant du 21ème siècle. Il s’agit en premier, de clarifier les éléments théoriques de l’entrepreneuriat et en particulier l’entrepreneuriat des jeunes puis identifier les pratiques pédagogiques universitaires permettant la promotion de l’esprit entrepreneurial. A la lumière de ses pratiques, nous allons mettre en avant les facteurs parascolaires permettant d’activer le potentiel entrepreneurial chez les jeunes étudiants marocains. Mots clés : Entrepreneuriat, étudiants, esprit entrepreneurial. Abstract: Nowadays, the concept of entrepreneurship holds a key position in our society, through its contribution to job creation, renewal of companies, and multiform innovation as well as the regional development. The existing literature on the concept is abundant and continues to grow ever since the seminal work of Schumpeter. In parallel, the youth entrepreneurship has grown increasingly in academic research and development strategies adopted by countries around the world. In the Moroccan context, it has become an outlet for employment and a tool for stimulating the economy. Actually, in this paper, we are going to shed light on the concept of youth entrepreneurship as a process that is initiated and that goes crescendo within the framework of educational system. The aim is to help 21st century students to develop and foster it. First, we are going to clarify the tenets of youth entrepreneurship, then we are going to identify the existing practices at university level including extracurricular activities that help tap the dormant potential of entrepreneurship in youth. Key words: Entrepreneurship, students, entrepreneurial spirit, educational system
  • 3. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 2 2 2 Introduction : La recherche sur l’entrepreneuriat demeure fragmentée et examinée par différentes disciplines. De nombreux spécialistes, économistes (Cantillon, 1755 ; Say, 1816 ; Perroux, 1935 ; Schumpeter, 1954 ; Boutillier et Uzunidis, 1999), sociologues (Weber, 1930) psychologues (Mclelland 1967), et gestionnaires (Gartner, 1990 ; Arellano, Gasse et Verna, 1994 ; Albagli et Hénault, 1996 ; Filion, 1997 ; Verstraete, 2000) se sont intéressés à l’étude de ce concept. En réalité, la notion de l’entrepreneuriat occupe une place importante dans notre société contemporaine et ce, par sa contribution à la création d’emplois, à la création et au renouvellement des entreprises et à l’innovation sous toutes ses formes (Fayolle, 2005). La contribution de l’entrepreneuriat d’une façon significative à la croissance économique ainsi que l’accroissement des travaux de recherches académiques justifient parfaitement la nécessité d’étudier cette notion. En ce sens, la promotion de l’entrepreneuriat auprès des étudiants est une nécessité économique (Léger-Jarniou, 1999), ainsi que le jeune entrepreneur devient la pierre angulaire dans le processus et la gestion de l’entreprise en particulier et la société en général. A travers cet article, on s’interrogera sur le sujet de l’entrepreneuriat des jeunes en tant que processus qui s’apprend en commençant en amont et ce par l’adoption d’un dispositif pédagogique spécifique et efficace permettant de développer l’esprit entrepreneurial exigé d’ un étudiant du 21ème siècle. En effet, quand on parle de promotion d’esprit d’entreprendre, la première question qui se pose est celle de savoir si l’entrepreneuriat peut s’enseigner ? Et quelles approches pédagogiques peuvent être mobilisées en matière de formation en entrepreneuriat à l’université ? Il s’agit d’une exploration de la littérature qui présente en premier un essai de définitions du concept de l’entrepreneuriat et de l’ensemble des approches identifiant l’évolution de cette recherche. Après avoir tenté de définir ce qu’est l’esprit d’entreprendre par opposition à l’esprit d’entreprise, on essaiera de montrer que pour développer cet esprit et ces comportements, l’éducation à l’entrepreneuriat peut contribuer à dynamiser la créativité, l’innovation et ainsi l’emploi indépendant. On va mettre l’accent sur quelques approches utilisées pour enseigner l’entrepreneuriat au sein des universités. En fait, on assiste à un changement des logiques éducatives spécialement dans l’enseignement supérieur par le passage d’une logique purement traditionnelle, à une logique de formation de capacités transférables (pédagogie de maîtrise ou pédagogie par objectifs).A travers cet article nous allons montrer que le développement de l’esprit entrepreneurial dépasse le cadre scolaire et nécessite davantage l’intégration des activités parascolaires.
  • 4. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 3 3 3 I. VERS UNE COMPRÉHENSION DE L’ENTREPRENEURIAT 1. Eléments théoriques sur l’entrepreneuriat Durant les décennies 1980 et 1990, de nombreuses recherches essentiellement américaines ont enrichi le champ de l’entrepreneuriat. Du côté français, on trouve également des thèses qu’ont été consacrés à la modélisation entrepreneuriale (C. BRUYAT ,1993 ; A.FAYOLLE, 1996 ; S.MARION, 1999 ; P.SENICOURT, 1997. T.VERSTRAETE, 1996). Par conséquent, la clarification du concept est fondamentale, citons l’interrogation de Gartner (1990) « What are we talking about when we talk about entrepreneurship » En effet, la revue de littérature affirme que l’entrepreneuriat est un phénomène qui associe deux niveaux d’analyse ayant une relation dynamique et dialectique : Entrepreneur et l’organisation qui se définissent mutuellement ( Boussetta, 2013) .Tout au long des dernières décennies, plusieurs auteurs ont défini l’entrepreneuriat, mais il manque toujours un consensus concernant sa définition. Selon Stevenson et Jarillo (1990), l’entrepreneuriat est la volonté de concrétiser une opportunité sans tenir compte au préalable des ressources disponibles. Yvon Gasse (1992) définit l’entrepreneuriat comme étant l’appropriation et la gestion des ressources humaines et matérielles, dans le but de créer, de développer et d’implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des individus. L’entrepreneur se trouve donc dans une démarche d’organisation des ressources dans le but de lancer puis garder en activité une entreprise qui viendra combler un besoin. Pour sa part, Stevenson (1992) énonce que l’entrepreneuriat est un processus qui amène des personnes à envisager la propriété d’une entreprise comme une option ou solution de carrière viable, à arriver avec des projets d’entreprise, à apprendre à devenir des entrepreneurs, à lancer et à développer une entreprise. Selon Julien et Marchesnay (1996), le terme entrepreneuriat tourne autour de trois concepts : entrepreneur, esprit d’entreprise et la création d’entreprise. Dans le même sens, Gartner souligne que si on peut définir qui est entrepreneur, on saura ce qu’est l’entrepreneuriat. Quant à Filion (1997), il définit l’entrepreneuriat comme étant « le champ qui étudie la pratique des entrepreneurs : leurs activités, leurs caractéristiques, les effets économiques et sociaux de leur comportement ainsi que les modes de soutien qui leur sont apportés pour faciliter l’expression d’activités entrepreneuriales ». D’un autre côté, M. G. Scott (1988) postule que « l’entrepreneuriat consiste à mettre à profit de façon créative les valeurs de l’environnement ». En dernier, Thierry Vestraete (2000) considère l’entrepreneuriat comme étant un phénomène combinant un individu et une organisation. L’un
  • 5. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 4 4 4 se définit par rapport à -l’autre et vice versa. Il s’agit d’une relation symbiotique entre un entrepreneur et une organisation. L’entrepreneur agit, structure et engage son environnement à des fins socioéconomiques. Son action induit du changement et conduit à une modification partielle d’un ordre existant. L’entrepreneur construit son ordre. Celui-ci ne lui est profitable (pas seulement économiquement) que si l’ordre socioéconomique dans lequel il s’insère y trouve également un intérêt et en tire de la valeur. Il est considéré comme un individu qui favorise le risque, la créativité, la croissance et l’innovation. A propos de la littérature anglosaxonne qu’est foisonnante sur ce thème, le terme entrepreneuriat englobe 3 aspects essentiels : En premier lieu, on trouve l’esprit entrepreneurial ; sera détaillé ci-dessous, qui constitue l’ensemble des facultés et dispositifs intellectuelles d’une personne ou d’un groupe à agir, prendre les risques et engager les capitaux dans une organisation afin de réaliser des bénéfices. En second lieu, l’aspect de création d’entreprises qui est étroitement associé au phénomène entrepreneurial. Ce rapprochement paraît tout à fait légitime vue que la création d’entreprise renvoie à l’existence d’une idée non encore exploitée par les entrepreneurs susceptible d’être appliquée dans une organisation afin de susciter et / ou de satisfaire un besoin sur le marché. Pourtant, l’acte entrepreneurial ne peut se réduire à la seule création d’entreprise. La littérature a contribué également à la détermination de plusieurs traits de caractères qui représentent des valeurs et des attitudes face à l’environnement socio-économique dont il opère, tels que de l’autonomie, la forte confiance le self control, la persévérance… En résumé, différents auteurs ont essayé d’établir les fondements nécessaires pour la compréhension du phénomène de l’entrepreneuriat, en mettant en avant le rôle de l’entrepreneur comme étant la pierre angulaire de l’innovation et la croissance et le cœur du processus entrepreneurial. 2. Les principales approches sur l’entrepreneuriat L’ensemble des travaux et définitions ci-dessus constituent les fondements d’une théorie entrepreneuriale. L’évolution de la recherche dans ce sens contribue à l’émergence de trois approches différentes mais complémentaires: Fayolle (2002) résume ainsi les différentes étapes de l’évolution des recherches : «Trois questions fondamentales peuvent résumer une grande partie de l’activité de recherche en entrepreneuriat. S’inspirant, d’une formulation de Stevenson et Jarillo (1990), ce triple questionnement peut ainsi être proposé : « What on
  • 6. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 5 5 5 Earth is he doing... ? » constitue la première interrogation, « Why on Earth is he doing... ? » la seconde et, « How on Earth is he doing... ? », la dernière (Tornikoski, 1999). Nous retrouvons, ici, les approches fonctionnelles (What) des économistes, l’approche centrée sur les individus (Why and Who) des spécialistes des sciences du comportement et les approches processuelles (How) des gestionnaires. ». Ci après les approches qui sous tendent l’évolution du concept de l’entrepreneuriat : 2.1. Approche fonctionnelle (What) Les apports des économistes présentent la base historique de l’entrepreneuriat. D’abord, au XVIIIe siècle, Richard Cantillon, définit déjà les attributs d’un entrepreneur à savoir la prise de risque et l’incertitude. Ensuite, Jean Baptiste Say (1816) met en relief le rôle de l’entrepreneur dans la croissance économique en traitant la question de combinaison des moyens de production en vue d’un rendement élevé. Les apports des économistes comme Cantillon (1755), Say(1816), Knight (1921) semblent importants dans l’intégration de l’entrepreneur au cœur de la pensée économique. Il faut noter que ces auteurs considèrent l’entrepreneur comme étant un individu proactif qui subit les sollicitations de son environnement. Ce sont en fait, les travaux de Schumpeter(1934) qui vont mettre en avant le rôle de l’entrepreneur en tant qu’individu innovateur. D’ailleurs, l’autrichien soutient que « l’essence de l’entrepreneuriat se situe dans la perception et l’exploitation de nouvelles opportunités dans le domaine de l’entreprise […]. Cela a toujours affaire avec l’apport d’un usage différent de ressources nationales qui sont soustraites de leur utilisation naturelle et sujettes à de nouvelles combinaisons »(1928). A la suite des travaux de Schumpeter, d’autres chercheurs (Kirzner, 1973 ; Casson, 1991 ; Knight, 1996) considèrent que l’entrepreneur est un moteur du développement économique. Kirzner (1973) voit l’entrepreneur comme quelqu’un d’alerte aux opportunités qui existent déjà et qui attendent d’être remarquées. Penrose (1963), quant à lui considère que l’entrepreneuriat appréhende l’identification d’opportunités dans le système économique. Alors que Casson attribue à l’entrepreneur le rôle de coordination des ressources rares et la prise de décisions. Les théories économiques ne prennent pas en compte l’environnement sociétal et le rôle joué par la culture (Berger, 1993 ; Landa, 1993). On assiste à une orientation du champ de recherche pour traiter ces aspects.
  • 7. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 6 6 6 2.2. Approche centrée sur les individus (Why and Who) L’approche sur les individus décrit les caractéristiques psychologiques d’un entrepreneur, ses traits de personnalité, ses motivations, ses comportements, ses origines et sa trajectoire sociale. Cette approche essaie de répondre aux questions relatives au caractère inné de l’entrepreneur ainsi son profil idéal. A partir de ces réflexions, on distingue deux courants de pensées. Le premier courant repose sur la théorie de réalisation de soi développée par McClelland (1961) qui s’intéresse à la détermination des attributs psychologiques d’un entrepreneur et les liens qui existent entre ses caractéristiques et le succès de l’entreprise (Messeghem et Sammut, 2001). McClelland s’est appuyé sur le besoin de réalisation de soi (need for achievement) et le besoin de puissance pour clarifier le comportement des entrepreneurs. Dans ce sens, Fayolle (2002) insiste sur la contribution de l’école psychanalytique : « Un point de vue originale appartenant à l’école psychanalytique est apporté par Kets de Vries (1977). Ce dernier stipule que le comportement entrepreneurial est la résultante d’expériences vécues dans la tendre enfance et caractérisées par un environnement familial hostile et de nombreux problèmes affectifs. Ces situations ont conduit les individus à développer des formes de personnalités déviantes et peu insérables dans des environnements sociaux structurés, au sens où ils ont des difficultés à accepter une autorité et à travailler en équipe avec d’autres personnes ». Le comportement de l’entrepreneur paraît comme la résultante des expériences vécues et de son environnement d’appartenance. Le second courant analyse la dimension comportementale des entrepreneurs en intégrant les variables psychologiques, sociales et économiques dans le processus entrepreneurial. Gartner (1990) stipule que l’entrepreneur type est un mythe et qu’il ne faut pas se focaliser seulement sur l’étude des traits de personnalité. Messeghem et Sammut (2011) affirme que le profil psychologique d’un entrepreneur ne présente qu’une variable parmi d’autres. 2.3. Approche processuelle (How) La remise en cause de l’approche par les traits renvoie au caractère multidimensionnel et complexe de l’entrepreneuriat. Cela a donné lieu à l’approche fondée sur les processus (Gartner 1985 ; Bruyat et Julien, 2001). En fait, Gartner (1985 ,1988) considère l’entrepreneuriat en tant qu’un phénomène qui consiste à créer et organiser de nouvelles
  • 8. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 7 7 7 activités. En parallèle, il identifie six comportements décrivant l’ensemble du processus entrepreneurial1 :  La localisation des opportunités d’affaires ;  L’accumulation des ressources ;  Le lancement de produits et services sur le marché ;  La mise en place d’une structure organisationnelle ;  La prise en compte et la réponse des attentes du gouvernement et de la société. Venkataraman (1997) définit l’entrepreneuriat comme « l’examen scientifique du comment, par qui et par quels moyens peut- on changer les opportunités pour créer des biens et services futurs 2 ». Le champ de l’entrepreneuriat, d’après Shane et Venkataraman (2000) renferme «l’étude des sources d’opportunités : le processus d’identification, évaluation et exploitation des opportunités présentes ainsi les individus responsable de ces actes»3 . 3. Entrepreneuriat des jeunes L’entrepreneuriat des jeunes est devenue un sujet incontournable, cela est due à plusieurs raisons : D’une part la forte demande nationale des pouvoirs publics pour redynamiser le tissu économique par la création d’emplois. D’une autre part, il s’agit d’une demande sociale de la part des entreprises qui cherchent à recruter et à fidéliser des jeunes dynamiques, autonomes, responsables en un mot d’entrepreneur. Aujourd’hui, le jeune entrepreneur devient la pierre angulaire dans le processus et la gestion de l’entreprise. La position du jeune entrepreneur a été traitée également par différents courants de pensée comme illustré dans la figure n°1 En fait, l’emploi non salarié gagne du terrain dans les pays de l’OCDE .Cette croissance du travail indépendant crée des emplois puisque les entrepreneurs deviennent eux mêmes employeurs. Les données d’enquête indiquent que l’emploi indépendant procure des avantages micro-économiques directs aux personnes concernées (OECD, 2001). Les jeunes travailleurs s’imaginent plus facilement travailler à leur compte que les plus âgés et expriment souvent une préférence pour un travail dans une petite entreprise. 1 Cité par Zemzami, Achour. (). Entrepreneuriat, intrapreneuriat et orientation entrepreneuriale : Origines et évolution 2 Traduction libre « the scholarly examination of how, by whom and with what effects opportunities to create future goods and services are discovered, evaluated and exploited »Venkatraman (1997). 3 Traduction libre «the study of the sources of opportunities: the process of discovery, evaluation and exploitation of opportunities; and the set of individuals who discover , evaluate and exploit them» Shane et Venkataraman (2000).
  • 9. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 8 8 8 Au Maroc, les problèmes d’emploi des jeunes présentent une diversité assez grande, particulièrement au niveau des jeunes diplômés. Par ailleurs, les statistiques du Haut Commissariat au Plan démontrent un taux de chômage avoisinant les 20% auprès de ces jeunes (Figure n°2). Pour faire face, les pouvoirs publics ; conscients du rôle de l’entrepreneuriat dans le développement du tissu économique marocain, s’intéressent davantage à la promotion de l’entrepreneuriat auprès des jeunes. Plusieurs programmes d’appui à la création d’entreprises par les jeunes, ont été mis en place à partir des années 80 du siècle dernier, à titre d’exemple le Crédit Jeunes Promoteurs et le programme Moukawalati. 4. Esprit d’entreprise VS esprit d’entreprendre. Etant donnée que le terme entrepreneuriat se rapproche aux expressions suivantes : esprit d’entreprise ou esprit d’entreprendre. Aujourd’hui ces deux notions sont au cœur du débat du management moderne. Certes, l’esprit d’entreprendre ou l’esprit entrepreneurial ne doit pas créer une confusion avec l’esprit d’entreprise. Nous allons aborder les principales recherches traitant cette distinction à savoir les travaux de Léger Jarniou (2001) : Esprit d’entreprise est l’ensemble des attitudes générales vis-à-vis de la notion d’entreprise et de celle d’entrepreneur. Alors que l’esprit entrepreneurial semble renvoyer à la volonté d’agir pour créer un changement de la nouveauté et réaliser des projets et met en évidence le développement des attitudes entrepreneuriales qui permettent aux jeunes de se construire une personnalité entreprenante au fil de leur vie. Il garantit, en fait la transition entre la vie estudiantine et celle professionnelle tout en facilitant aux étudiants l’intégration au monde des affaires. En d’autres termes, les individus dotés d’un esprit d’entreprendre n’ont pas nécessairement l’intention ou le désir de créer une entreprise ni même d’avoir une carrière entrepreneuriale. Il semble donc que l’esprit d’entreprendre est au-delà de la seule création d’entreprise, à vrai dire c’est la phase amont requis dans une multitude de situations telles que le fait : - D’entreprendre sa vie en tant que citoyen - D’entreprendre dans l’entreprise par le biais de l’intrapreneuriat En ce même sens, l’intention d’entreprendre est la phase amont du processus menant à l’engagement vers la création d’entreprise. En réalité, l’intention de créer une entreprise est, quant à elle, d’autant plus forte que la création d’entreprise (Verzat, 2011). Les travaux de
  • 10. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 9 9 9 recherches sur l’entrepreneuriat et précisément l’intention d’entreprendre se sont inspirés de deux théories, la théorie psychologique du comportement planifié d’Ajzen et Fishbein (1987,1991) et la théorie de l’évènement entrepreneurial de Shapero (1982). Selon ces théories, tout comportement intentionnel peut être prédit par l’intention d’avoir un comportement donné. Les avancés actuelles de ce courant relèvent trois perceptions devant être réunies chez un individu pour qu’il ait consciemment cette intention (Verzat ,2001) : - Perception de faisabilité de la carrière entrepreneuriale : Elle fait référence au degré avec lequel l’individu pense pouvoir mener à bien la création d’une entreprise. - Perception de désirabilité de cette carrière : Au sens de Shapero, la notion de désirabilité représente le degré d’attrait qu’un individu ressent envers la création d’une entreprise. Ajzen distingue entre un sentiment de désir issu de l’attitude plus ou moins favorable qu’a une personne envers ce choix et un sentiment de désir lié à son propre environnement (normes sociales) - Perception d’opportunité de business Trois éléments déterminent l’intention d’un individu et permettent de prédire les perceptions décrites ci-dessus (Figure n°3): - L’attitude favorable à l’égard du choix de carrière entrepreneuriale : Elle renvoie au degré d’appréciation que la personne porte sur ce comportement (Ajzen et Fishbein, 1980). Dans le domaine de l’entrepreneuriat, l’attitude renvoie aux valeurs professionnelles (les caractéristiques professionnelles qu’il valorise) et sa vision de l’entrepreneuriat (les besoins qu’il juge satisfaits par l’acte entrepreneurial). - Les normes sociales réfèrent à la pression sociale perçue qui incite à mettre en place le comportement observé. Ils s’expliqueraient par le degré d’approbation ou de désapprobation qu’il perçoit de son entourage et l’importance qu’il accorde à l’opinion de ce dernier. - Le contrôle qu’il pense avoir sur la situation, c'est-à-dire la perception positive de se sentir capable à surmonter les difficultés. Le facteur de contrôle nécessite perception de l’auto efficacité qui provient de la théorie du psychologue Bandura (1977,1982, 1986). Cette perception renvoie soit à la confiance en soi pour bien mener les tâches nécessaires à l’obtention d’un résultat donnée soit à l’opinion qu’a l’individu sur sa capacité à mettre en œuvre les différents éléments d’une stratégie planifiée adéquate pour faire face à une situation à venir.
  • 11. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 10 10 10 II. Application du lexique entrepreneurial dans le champ d’éducation 1. Entrepreneuriat un processus qui s’apprend Comme décrit ci avant, les recherches sur l’entrepreneuriat ont connu une évolution aboutissant à considérer l’entrepreneuriat en tant que processus qui s’apprend et peut être encouragé par l’éducation (Wang, 2010). « On ne peut pas naître entrepreneur. L’entrepreneur est un mode de comportement, c’est une attitude qui peut être encouragée, favorisée, contrariée, soit, mais on peut apprendre à modifier son comportement et on peut y arriver » (Kets de Vries et Stevenson). Dans la même veine, Laukkanne (2000) admet que l’éducation à l’entrepreneuriat est « quelque chose » qui favorise des vocations entrepreneuriales et éveille l’esprit d’entreprendre. Dans le cadre d’un projet fédérateur « Best procedure project on Entrepreneurship Education and Training », l’UE a mis l’accent sur la nécessité de développer des comportements entreprenants pour toute la vie. Dans ce cadre, elle a déterminé l’esprit d’initiative et d’entreprise comme étant la 7e compétence clé pour la formation et l’éducation tout au long de la vie. Par ailleurs, elle a proposé un cadre d’objectifs et activités pour mettre en évidence les meilleures pratiques en éducation à l’entrepreneuriat aux niveaux primaire, secondaire et supérieur comme illustré dans la figure n°4 Dans le cadre d’une vision de sensibilisation à l’environnement de l’entreprise et à la problématique de l’entrepreneuriat, des objectifs éducatifs ainsi des exemples d’activités pédagogiques répondant à ces objectifs sont recommandés à chaque niveau. On constate un passage progressif ; tout au long des trois niveaux, de la formation de l’esprit d’entreprendre et le développement des qualités personnelles chez les étudiants à celles des compétences spécifiques nécessaires au lancement et création d’une entreprise. 2. Pratiques d’éducation à l’entrepreneuriat 2.1. L’évolution des pratiques au sein des universités étrangères Afin de développer cet esprit et ces comportements, l’éducation à l’entrepreneuriat semble le moteur pour dynamiser la créativité, l’innovation et ainsi l’emploi indépendant. D’ailleurs, l’éducation à l’entrepreneuriat n’a cessé de se développer rapidement dans le monde entier depuis que Myles Maces a dispensé le premier cours en entrepreneuriat course d’Harvard en 1947(Carrier ,2009). Actuellement, l’éducation de l’entrepreneuriat aux Etats Unis est en perpétuelle croissance : 2200 cours dans plus de 1600 institutions, 277 positions de
  • 12. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 11 11 11 professeur, 44 revues académiques et plus de 100 centres d’entrepreneuriat établis d’une manière pérenne (Fayolle ; Verzat, 2009). A travers l’enseignement des principes de base de la gestion et management de projet, les étudiants sont amenés à générer, identifier des idées de projet et à les rendre susceptibles d’identifier le potentiel de l’idée, d’évaluer sa faisabilité et d’entreprendre les actions nécessaires pour prévoir sa mise en œuvre. Au début des années 1990, le programme de formation d’entrepreneuriat accompagne essentiellement les étudiants à élaborer leurs business plans à travers l’élaboration des études commerciales permettant de déterminer le public cible, estimation du CA, par la suite l’élaboration de l’étude technique et financière et enfin l’étude juridique (Rondstat, 1990), alors que les nouvelles tendances engendreraient des formations faisant plus étroitement appel aux expériences et aux habiletés des individus. Béchard et Toulouse (1991) notaient ainsi la prédominance persistante des études de cas et des cours magistraux. Malheureusement, les pratiques pédagogiques traditionnelles sont axées sur le contenu. Cependant, on assiste à un changement de logiques éducatives accompagné par une grande diversité des méthodes et approches pédagogiques pour l’enseignement de l’entrepreneuriat et en même temps on ne peut pas avoir une seule bonne méthode pédagogique. Étant donné que le concept de l’entrepreneuriat connaît une riche polysémie, il sera difficile donc d’adopter une seule méthode au niveau de son enseignement. Outre, le choix d’une telle méthode dépend essentiellement des objectifs, des contenus et des contraintes imposées. Aujourd’hui, on assiste aussi à un changement de paradigme au niveau de l’enseignement à l’entrepreneuriat par l’adoption d’une pédagogie appelée active (pédagogie par projet et par problème) considérée la plus adaptée pour la promotion de l’esprit entrepreneurial chez les étudiants. Cette approche permet à l’étudiant d’acquérir les mêmes connaissances enseignées dans un cursus traditionnel, en plus des savoir faire et savoir être méthodologiques et relationnels. Il s’agit de l’apprentissage expérientiel qui signifie le fait d’apprendre en faisant. Camille Carrier (2009) s’interroge sur l’ensemble des méthodes pédagogiques utilisées. Elle a montré l’importance d’enrichir les approches traditionnelles à savoir : conférences, cours magistraux, études de cas et l’enseignement du plan d’affaires, tout en expérimentant de nouvelles approches. En effet, elle a présenté des propositions d’approches ou d’outils pédagogiques originaux et innovateurs. On trouve en premier, les simulations et jeux permettant aux étudiants à résoudre les problèmes, d’expérimenter des situations nouvelles et
  • 13. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 12 12 12 parfois inattendues, élaborer des stratégies et prendre un certain nombre de décisions pour améliorer la situation de leur entreprise. De surcroît, elle a signalé l’importance de se servir des classiques (romanciers, penseurs, philosophes) pour enseigner l’entrepreneuriat afin d’aider les étudiants à comprendre l’importance de l’intuition et l’instinct sachant que les héros et les personnages peuvent être des sources de motivation pour les étudiants (Benson, 1992). Ensuite, elle a mis en exergue l’importance de la projection de vidéos (films) pour développer les attitudes nécessaires chez les étudiants. D’ailleurs, elle a mis le point également sur l’utilisation des expériences de vie (Rae et Casewell, 2000) en les étudiant pour détecter les situations et les processus par lequel ces entrepreneurs ont appris à prendre le risque et développer des entreprises performantes. La dernière démarche pédagogique originale est l’utilisation de jeux de rôles pour sensibiliser les étudiants à l’émotion, particulièrement à mieux gérer les émotions négatives associées à l’échec. Sans oublier l’intégration des entrepreneurs pouvant devenir source de motivation aux jeunes étudiants, vient à l’esprit l’approche adoptée par l’université d’Harvard ; cette dernière s’est associée à une liste d’entrepreneurs acceptant de travailler personnellement avec les étudiants sur une période bien déterminée et leur aider à développer une ou des habilités particulières. 2.2. Expériences des universités marocaines Pour le cas marocain, les universités quant à elles ; conscientes de l’importance d’enseigner l’entrepreneuriat, offrent des modules de formation en entrepreneuriat ayant pour cible les doctorants issus des centres d’études doctorales en sciences et gestion, les masters et licences scientifiques ou de gestion , particulièrement les masters et licences professionnels et les étudiants des écoles d’ingénieurs et de commerce (ENCG, ENSA…). L’Université Mohammed V Agdal de Rabat a relevé le défi par l’offre d’une formation dédiée aux doctorants de cette université afin de développer l’esprit entrepreneurial. Le programme de formation adopte une approche de l’apprentissage participatif comme décrit dans la figure n°5 Ce programme est décomposé en étapes successives et progressives visant en premier à appréhender le concept de l’entreprise et son environnement, par la suite promouvoir l’esprit d’entreprendre, et faire connaître aux doctorants les différentes étapes du processus de création d’entreprise. Pour les grandes écoles de commerce (ENCG , ISCAE), on trouve également des modules de formation en entrepreneuriat ayant pour principal objectif la sensibilisation des étudiants à
  • 14. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 13 13 13 l’entrepreneuriat en premier lieu, et aux différentes étapes nécessaires au montage d’un plan d’affaires en second lieu et ce avec un volume horaire qui varie entre 30 heures à 45 heures. L’approche pédagogique adoptée comporte deux volets essentiels : Il s’agit en premier d’un cours magistral qui repose sur des exposés académiques assurés par le professeur dans le but d’approfondir les connaissances en matière d’entrepreneuriat, d’appréhender l’environnement des affaires et de maîtriser le processus de création d’entreprise. En second lieu, on trouve les travaux pratiques comprenant les études de cas, les témoignages d’experts et d’entrepreneurs, la présentation des fiches de lectures effectuées par les étudiants et la présentation d’un état d’avancement relatif à l’élaboration d’un plan d’affaires qui fera objet d’une soutenance en fin de session. En synthèse, Le processus d’enseignement de l’entrepreneuriat au sein des universités marocaines semble identique. La première étape du processus permet à appréhender l’environnement des entreprises et l’entrepreneuriat en présentant cette dernière comme un élargissement des choix possibles et comme une étape dans la carrière (Fayolle et al, 2005), et ce à travers des séances de cours assurés par le professeur et des séminaires thématiques animés par des experts. La seconde étape consiste en la constitution de groupes d’étudiants qui vont travailler sur une idée de projet avec l’accompagnement et l’encadrement permanent du professeur dans la perspective de développer des compétences techniques (réalisation du business plan, étude de marché…) et personnelles (leadership, prise d’initiative, esprit d’équipe…). D’ailleurs, l’objectif de cette phase est de développer chez les étudiants la capacité à identifier l’idée de projet qu’elle doit être originale et réaliste, par la suite monter le projet en respectant l’ensemble des étapes discutées en classe. Le travail fera l’objet d’une évaluation en fin de module. Parallèlement, des activités peuvent être mises en place comme l’organisation des visites aux foires et salons, le mentoring par des chefs d’entreprises qui nécessite des conventions signés par l’université et les organismes spécialistes : Confédération Générale des Entreprises du Maroc, Centre des Jeunes Dirigeants, Réseau Maroc Entreprendre… 3. Le rôle des activités parascolaires Les activités parascolaires jouent un rôle important dans le développement des habilités entrepreneuriales chez les étudiants. Ils doivent être encouragées au sein des universités et même soutenus.
  • 15. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 14 14 14 On ne peut pas nier l’importance des pratiques pédagogiques favorisant l’entrepreneuriat dans un cadre scolaire, cependant l’immersion dans une culture entrepreneuriale dépasse le seul cadre scolaire, et suppose l’intégration des apprentissages réalisés dans les associations estudiantines4 . Yifan Wang affirme par une étude menée sur 10 ans et conclue par une thèse l’impact des activités parascolaires sur l’esprit d’entreprendre. Certainement, l’engagement associatif contribue à la construction de comportements sollicités pour la création d’entreprise et l’entrepreneuriat en général à savoir la prise de risque et d’initiative, l’autonomie, la gestion d’équipe, le sens de responsabilité, l’orientation vers les objectifs…Selon l’enquête établie par NCGE (National Council for Graduate Entrepreneurship ) sur les entreprises et l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur en 2007 et menée auprès de 127 universités en Angleterre ,les activités parascolaires alimentaient 64% d’entreprises et activités entrepreneuriales. En outre, les étudiants sont plus intéressés au travail associatif, ce qui a été prouvé par un sondage national approuvé par le NCEC (National Consortium of Entrepreneurship Center ,2006) dans 146 centres d’entrepreneuriat aux Etats-Unis. D’un autre côté, Fayolle (1996) assure que les étudiants impliqués dans la vie associative ou qui ont crée des associations ont tendance à opter pour une carrière entrepreneuriale. Wang Yifan inspiré de Fayolle, rejoint son idée et montre que les élèves ingénieurs ayant une telle tendance prennent des responsabilités plus importantes dans les associations et s’investissent là dessus. S’ajoute une seconde étude de Fayolle et Gailly (2009) sur les étudiants en management qui indique l’effet positif de l’implication associative des étudiants sur leur intention d’entreprendre. Cependant, d’autres études montrent que la participation aux activités parascolaires n’a absolument pas d’effet sur l’esprit entrepreneurial. En gros, dans le cadre de sa thèse Wang Yifan a introduit un nouveau concept « la trajectoire d’intention » ; présentée dans la figure n°6, construite autour de l’intention d’entreprendre, de l’évolution d’intention, de l’identité professionnelle (la vision qu’à l’élève de son futur métier) et des capacités et comportements entrepreneuriaux. Comme illustré ci après, le modèle de la trajectoire d’intention met l’accent sur le sentiment de compétence en contacts sociaux et les attitudes envers la prise de responsabilités comme étant les facteurs influençant cette intention. Ces facteurs sont également encouragés réciproquement par l’investissement associatif mis en place par l’école ou l’université d’une part, et les pédagogies actives d’une autre part. 4 Wang Yifan, « L’évolution de l’intention et le développement de l’esprit d’entreprendre des élèves ingénieurs d’une école française : une étude longitudinale », Thèse de doctorat de l’Ecole Centrale de Lille, spécialité Génie Industriel, 28/09/2010.
  • 16. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 15 15 15 Conclusion : En guise de conclusion, l’entrepreneuriat est un processus qui s’apprend tout en commençant en amont afin de cultiver l’esprit d’entreprendre. L’entrepreneuriat constitue un réel apprentissage surtout dans un contexte actuel où règnent concurrence et incertitude. Face à ces attentes, plusieurs pratiques et outils pédagogiques ont été développés par les chercheurs et les praticiens qui sont aussi disparates qu’embryonnaires. Les recherches et les expériences pédagogiques débouchent plus souvent sur des questions que des certitudes (Verzat, Surlemont, 2011). Outre, le concept d’entrepreneuriat englobe différents aspects, notamment l’aspect de création d’entreprise. Pourtant, la finalité de l’éducation à l’entrepreneuriat ne peut se résumer seulement dans la création d’entreprise. Il nous semble aussi que l’éducation à l’entrepreneuriat et le développement de l’esprit entrepreneurial seront également bénéfiques pour les étudiants n’ayant pas cette intention de création d’entreprise ou qu’ils se voient que c’est encore loin de se lancer dans cette aventure. En attendant, ils peuvent faire preuve d’innovation et de créativité au sein des entreprises auxquelles ils travaillent. Cela nous réfère automatiquement au concept de l’intrapreneuriat qui s’inscrit dans le cadre général de l’entrepreneuriat, et qui repose sur un mode de gestion collaboratif permettant d’instiller l’esprit entrepreneurial dans les organisations tout en mobilisant le personnel au service de la performance de l’organisation et permettant aux employés d’exprimer leur potentiel créateur. Notons enfin qu’à l’origine de l’innovation, il ya des idées, et à l’origine des idées, il ya de créativité et cette créativité engendre un esprit d’entreprendre (Bouchard ,2012).
  • 17. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 16 16 16 Bibliographie Barès, F., Houé, T., & Jacquot, T. (2012). Le projet «junior-entreprise» comme outil pertinent d’initiation à l’entrepreneuriat: une analyse des comportements et des compétences. Revue de l’Entrepreneuriat, 10(2), 89–119. Boissin, J.-P., Chollet, B., & Emin, S. (2008). Les croyances des étudiants envers la création d’entreprise: un état des lieux. Revue Française de Gestion, 34(180), 25–43. Boussetta, M . « Entrepreneuriat des Jeunes et Développement de l’Esprit d’Entreprise au Maroc : L’Expérience de Moukawalati », Rapport de Recherche du FR-CIEA N° 54/13, 2013. Carrier, C. (1998). « Peut-on enseigner la créativité, l’innovation et l’entrepreneurship ? », Colloque International Euro-PME, Rennes, pp.174-186 Carrier, C. (2009). L’enseignement de l’entrepreneuriat: au delà des cours magistraux, des études de cas et du plan d’affaires. Revue de l’Entrepreneuriat, 8(2), 17–33. Chambard, O. (2013). La promotion de l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur. Les enjeux d’une création lexicale. Mots. Les langages du politique, (102). ENACTUS EMI (Janvier 2015). Newsletter#2, 2ème édition. Fayolle, A. « Contribution à l’étude des comportements entrepreneuriaux des ingénieurs français », Cahier de recherche no.1998-09, ISSN : 0840-853X. Fayolle, A. (2011). Enseignez, enseignez l’entrepreneuriat, il en restera toujours quelque chose ! Entreprendre & Innover, 11-12(3), 147. Fayolle, A., & Messeghem, K. (2012). La recherche en entrepreneuriat entre 2008 et 2009. Revue de l’entrepreneuriat, 10(1), 53–72. Fayolle, A., & Verzat, C. (2009). Pédagogies actives et entrepreneuriat: quelle place dans nos enseignements? Revue de l’Entrepreneuriat, 8(2), 1–15. Gasse, Y. (2011). Un modèle de la démarche entrepreneuriale : le cas de l’Université Laval. Entreprendre & Innover, 11-12(3), 19. Gasse, Y. (2011). Le développement de l’esprit d’entrepreneuriat chez des élèves des cycles primaires et secondaires. Faculté des sciences de l’administration, Université Laval. Kuratko, D. F.(2009). The entrepreneurial imperative of the 21st century. Business Horizons, 52(5), 421-428. Léger-Jarniou, C. (1999).Enseigner l’esprit d’entreprendre à des étudiants : réflexions autour d’une pratique de 10 ans. Actes du premier congrès de l’académie de l’entrepreneuriat, 263-173. Léger-Jarniou, C. (2008). Développer la culture entrepreneuriale chez les jeunes. Revue Française de Gestion, 34(185), 161–174. OECD. (2001). Encourager les jeunes à entreprendre Les défis politiques: Les défis politiques. OECD Publishing. Pawlak, E. (2011). Les plateformes d’innovation académiques à l’ère de l’économie créative. Entreprendre & Innover, 11-12(3), 44.
  • 18. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 17 17 17 Raucent Benoît et al. (2011). « L'histoire d'un changement radical de pédagogie : le passage de l'École Polytechnique de Louvain aux méthodes actives », Entreprendre & Innover, 11-12 (3), p. 75-85. Redien-Collot, R., & Vidal, F. (2011). Faire école en entrepreneuriat. Entreprendre & Innover, 11-12(3), 33. Ruskovaara, E., Pihkala, T., Seikkula-Leino, J., & Järvinen, M. R. (2015). Broadening the resource base for entrepreneurship education through teachers’ networking activities. Teaching and Teacher Education, 47, 62-70. Tossan, V., & Chebbi, H. (2014). Le système de croyances des étudiants au sujet de leurs intentions entrepreneuriales : apport de la cartographie cognitive. Management & Avenir, 68(2), 32 Verzat, C. (2011). « Esprit d’entreprendre, es-tu là ? » Mais de quoi parle-t-on ? Entreprendre & Innover, 11-12(3), 7. Verzat, C., & Surlemont, B. (2011). Éditorial. L’enseignement de l’entrepreneuriat : la boîte de Pandore ! Entreprendre & Innover, 11-12(3), 5. Wang, Y., Bigand, M., & Frugier, D. (2011). Comment transformer les futurs ingénieurs enentrepreneurs ? Entreprendre & Innover, 11-12(3), 65. Wang, Y. (2010). L’évolution de l’intention et le développement de l’esprit d’entreprendre des élèves ingénieurs d’une école française : une étude longitudinale. Ecole Centrale de Lille.
  • 19. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 18 18 18 Annexe Figure n°1 : Les écoles Définitions Auteurs de référence L’école économique Un jeune entrepreneur est spécialisé dans la prise intuitive de décisions réfléchies relatives à la coordination de ressources Casson (1991) L’école comportementale Le jeune entrepreneur se définit par l’ensemble des activités qu’il met en organisation. Gartner (1988) L’école psychologique avec les courants personnalistes et cognitifs Le jeune entrepreneur se définit par un certain nombre d’attributs psychologiques que l’on décrit autant par la personnalité que par les processus cognitifs activés pour la circonstance Shaver et Scott (1991) Shaver et Scott (1991) Le jeune entrepreneur est celui qui développe des opportunités et crée une organisation pour les exploiter. Bygrave et Hofer (1991) Source : DENIEUIL. P & al. (2011) Figure n°2 : Evolution du taux de chômage des jeunes selon le diplôme 2010-2013. http://www.hcp.ma/Taux-de-chomage-national-selon-le-diplome_a267.html
  • 20. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 19 19 19 Figure n°3 : Modèle d’Ajzen Figure n°4 : Objectifs pour l’éducation entrepreneuriale à chaque niveau, recommandés par le Best procedure project 2002, repris en 2006.
  • 21. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 20 20 20 Figure n°5 : Programme de la formation esprit entrepreneurial pour les doctorants de l’université Mohammed V –Agdal de Rabat5 Thème Objectifs pédagogiques Aptitudes à développer Qu’est ce que l’entreprise - Permettre aux participants de reconnaître que l'esprit d'entreprendre est à la portée de tout un chacun - Permettre aux participants de reconnaître que l'aptitude à entreprendre d'un individu influence sa manière de vivre - Reconnaître les différents types d'entreprises; - Savoir s’organiser - Etre capable de prendre des décisions A quoi sert l’esprit d’entreprise Permettre aux participants de savoir que l’esprit d’entreprise apporte une plus value tant dans la sphère publique que dans la sphère privée - Appréhender les facteurs de motivation dans les activités journalières et les risques potentiels - Savoir fixer les objectifs d’entreprise Quel est le profil d’un entrepreneur ? Esquisser le profil d'un entrepreneur et identifier les traits de caractère qu'il faut posséder pour réussir comme entrepreneur - Identifier les traits de caractère d'un entrepreneur - Développer des compétences d'écoute et de négociation Comment devient-on entrepreneur? Identifier les compétences essentielles et les facteurs déterminants pour réussite en matière de création et de gestion d'une entreprise - Développer l'esprit d'initiative, de créativité et d'entreprise - Reconnaître et évaluer les opportunités d'affaires Comment trouver une idée d'affaire valable? - Découvrir et assimiler les techniques permettant de trouver des idées d'affaires - Apprendre à évaluer les opportunités d'affaires. - Développer l'esprit d'initiative, de créativité et d'entreprise - Reconnaître et évaluer les opportunités d'affaires Comment lancer une entreprise? - Connaître les diverses tâches à accomplir pour monter une entreprise; - Savoir concrétiser une idée d'entreprise sur les plans juridique, commercial et financier Savoir: ▪choisir le marché et le lieu d'implantation appropriés ▪estimer le capital de départ d'une entreprise ▪rechercher un financement pour démarrer une entreprise ▪connaître les formes juridiques de l'entreprise Comment faire fonctionner une entreprise? Connaître les différentes techniques de gestion d'une entreprise (ressources humaines et matérielles, - Acquérir les éléments de gestion d'une entreprise - Connaître les éléments d'un business plan - Connaître les étapes de lancement d'un plan 5 ZAMMAR, R., & ABDELBAKI, N. (s. d.). L’université marocaine et la problématique de l’entrepreneuriat innovant. Consulté à l’adresse https://emnet.univie.ac.at/uploads/media/Zammar__Abdelbaki_01.pdf
  • 22. REMFO N°2 Juin 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about Page 21 21 21 finances, ventes, stocks……) d'affaire Quelles sont les étapes pour devenir entrepreneur? Connaître les étapes et la chronologie de la création d'entreprise Comment élaborer son propre business plan ? - Appliquer les connaissances acquises à une situation de marché réelle; - Evaluer une idée d'affaire dans le cadre d'un emploi indépendant ou d'une micro entreprise Figure 6 : Modèle de la trajectoire d’intention proposé par Yifan Wang.