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DOUTECompagnie du passage
CAT bsam.05.0420:30
Texte de John Patrick Shanley
Mise en scène : Robert Bouvier
Avec Robert Bouvier, Emilie Chesnais, ElphiePambu, Josiane Stoléru
Lauréat du prix Pulitzer et de nombreuses autres récompenses (Drama Desk Award,
Tony Award…), ce texte troublant, à la construction digne d’un thriller, plonge dans un
monde de suspicion, où la vérité semble impossible à saisir. Le suspense et la qualité des
interprétations nous tiennent en haleine jusqu’au bout et laissent planer le doute…
Dans une école catholique, un prêtre, le Père Flynn, chargé de l’enseignement religieux, assume aussi
les fonctions de professeur de sport. La directrice, conservatrice et autoritaire, le soupçonne
d’entretenir des rapports ambigus avec un pensionnaire de l’établissement. Une rumeur, lancée dans le
collège, va bouleverser la vie des uns et des autres.
Qu’est-ce que le doute? Chacun de nous est comme une planète. Il y a d’abord l’écorce, qui semble
éternelle. Nous sommes confiants d’être ce que nous sommes. Si on nous pose la question, nous
pouvons décrire l’état dans lequel nous sommes. Je connais mes réponses à toutes sortes de questions,
tout comme vous. (...) Vos réponses constituent votre topographie du moment, apparemment
éternelle, mais c’est un leurre. Parce que sous cette façade de réponses faciles, il y a un autre Vous. Et
cet être sans parole bouge tout comme l’instant bouge; il pousse sous la surface sans explication,
fluide, sans parole, jusqu’à ce que la conscience, qui résiste, n’ait plus d’autre choix que de céder
C’est le doute (si souvent ressenti au départ comme une faiblesse) qui fait changer les choses. Quand
un homme se sent incertain, quand il flanche, quand un savoir durement acquis s’évapore sous ses
yeux, il est sur le point de grandir. La réconciliation subtile ou violente entre l’enveloppe extérieure et
le cœur de la personne semble souvent être une erreur, au départ, comme si on s’était trompé de
chemin et qu’on était perdu. Mais ça, ce n’est que l’émotion qui recherche quelque chose de familier. La
vie survient quand la puissance tectonique de votre âme muette perce les habitudes mortes de l’esprit.
Le doute n’est rien d’autre qu’une occasion de réintégrer le Présent.
J’ai situé mon histoire en 1964, époque où non seulement moi, mais le monde entier, semblaient
traverser une espèce de vaste puberté. Les anciens modes de vie étaient encore dominants dans la
mode, la morale, la vision du monde, mais ce qui était auparavant une expression organique n’était
plus qu’un masque mort.
J’étais élève dans une école catholique dans le Bronx, dirigée par les Sœurs de la Charité. Ces femmes
étaient vêtues de noir, croyaient en l’Enfer, obéissaient à leurs homologues masculin et faisaient notre
éducation. (...)Quand j’y repense aujourd’hui, il me semble que dans ces écoles, à cette époque, nous
formions une unité sans âge. Nous étions tous adultes et nous étions tous enfants. Nous nous étions
rassemblés, comme bien des animaux, pour nous tenir chaud et pour être en sécurité. Le résultat, c’est
que nous étions extrêmement vulnérables à quiconque choisissait de nous attaquer. (...)
Je n’ai jamais oublié les leçons de cette époque, et je ne les ai jamais assez bien apprises non plus. J’ai
toujours ce désir de certitude partagée, de présomption de sécurité, l’envie de croire à cette idée
rassurante que les autres savent mieux que moi ce qui est pour le mieux. Mais les amères nécessités
d’une vie intéressante m’ont amené à valoriser cette très ancienne pratique des sages: le doute.
Enavrilau théâtre La Coupoleà Saint-Louis
théâtre
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Michel boujenahMA vie, autobiographie imaginaire
CAT bmar.15.0420:30
Nouveau spectacle !
« Raconter ma vraie vie ne me plaisait pas et pourtant c’est à la mode les confessions. Il y a même des
gens qui écrivent leur mémoire à 25 ans. Les sportifs les personnages de la télé réalité. Enfin tout le
monde écrit sa vie.
Mais raconter une vie que je n’ai pas eue me fascine plus encore. Alors je peux devenir un vrai '‘héros
puisque j'invente ma vie et si je l’imagine cette vie que je n’ai pas vécue alors tout est possible. Oui c’est
vrai que le jour de ma naissance le soleil brillait comme jamais alors qu’il était 4H du matin. Oui c’est
vrai que le matin de ma naissance des oiseaux se sont penchés sur mon berceau. Oui tout est possible
quand on invente sa vie. A Tunis, là où je suis né, je vivais dans un palais et tous les soirs des femmes
magnifiques me donnaient le bain avant de me demander si je voulais bien me coucher. Vous voyez tout
est possible (sauf que là c’est la vérité). Je peux rêver et refaire mon parcours je peux faire de moi une
personne meilleure. Mais au milieu peut être que je glisserais des évènements véridiques. J’ai eu cette
année 60 ans et beaucoup de mes proches me pressaient de faire un « Best off ». Je m’y refuse même si
dans ce spectacle je pourraisàma guise reprendre un extrait d’Albert ou de l’ange gardien ou de tout
autre spectacle (hormis les magnifiques que je joue tous les 20 ans).
Voilà j’ai toujours pensé qu’il était plus passionnant de rêver sa vie que de la vivre. Je vais le faire mais
si tout cela n’était pas entouré de la plus grande dérision possible ce serait horrible. Alors on va rire je
ferai tout pour cela puisque je me demande souvent si j’écris pour faire rire ou si je fais rire pour écrire.
Qu’importe si vous tous vous passez un beau moment rempli d’émotion.
A très vite. Votre humble serviteur Michel Boujenah. »
BIOGRAPHIE
Né le 3 Novembre 1952, Michel Boujenah arrive en France à l'âge de 11 ans et demi. Il souffre beaucoup
de la séparation avec sa terre natale A cet âge-là, on commence à élargir son territoire sans encore
quitter complètement la chaleur familiale. Ecole communale dans la banlieue sud de Paris, nul à l'écrit,
formidable à l'oral, mais cela ne suffit pas pour être un bon élève. Il comprendra cependant que ce n'est
pas parce que l'on parle beaucoup que l’on n’a rien à dire. 15 ans il entre à l'Ecole Alsacienne, une
grande chance. Il commence le théâtre Il fait un exposé à sa classe sur le «Dernier des Justes» d'André
Schwartbart. Pour la première fois, il sent qu'avec sa parole, il arrive à transmettre ses émotions, et
toute la classe est émue. Il est reconnu. Apprécié. On ne se moque plus de lui. Il vient de faire sans le
savoir son premier spectacle tout seul. De 15 à 18 ans, en vrac : la politique, le mouvement lycéen,
l'antipsychiatrie, des envies de changer le monde. Il lit Marx, Reich, Brecht. Après le baccalauréat, il
décide de devenir acteur «d'avant- garde», il passe le concours de l'Ecole Nationale de Strasbourg où il
est recalé. La cause : son accent. Il lui colle à la peau Tant pis pour l'école. Il fonde une jeune compagnie
théâtrale. En dehors de son expérience de théâtre amateur qui reste fondamentale, il ne connaît rien.
Qu'à cela ne tienne, il dit qu'il est, avec ses camarades, «professionnel». Six spectacles collectifs, pas
beaucoup de succès mais un intérêt certain de la profession et du Ministère des Affaires Culturelles ...
Première subvention. Pendant cette période, il fait du théâtre partout où il peut : dans les cités de
transit et dans les lycées, toujours avec des enfants, surtout des enfants inadaptés. Il ne peut pas leur
apprendre grand-chose car il n'a que 20 ans, alors il essaie de leur communiquer son enthousiasme
pour la création théâtrale. Il est le dernier de cordée, ce sont les enfants qui inventent, il les suit. Ainsi,
lui aussi fait son apprentissage. Au bout de six de travail avec eux, il décide de faire pareil. Il se met à
parler de lui et redécouvre son enfance, ses racines, son judaïsme, la force de son accent et toute une
source imaginaire fait de souvenirs et d’inventions. Il aura bien du mal à expliquer que ses personnages
HUMOUr