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Entre la compassion
et le caractère
sacré de la vie…
RÉFLEXIONS SUR LE PROJET DE LOI 52
DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC - 2014
Plan de la conférence


Un peu (très peu) d’histoire



Les grandes lignes du projet de loi 52 (amendé)



Le contexte dans lequel cette loi est proposée



Quelques enjeux à prendre en compte pour discerner



À la recherche de sources pour aider à la réflexion


La Loi morale naturelle



La tradition chrétienne



La position de l’Église



Conclusions…
L’euthanasie dans l’histoire


Dans la Grèce et la Rome antiques, il était permis dans certaines
circonstances d'aider un individu à mourir.


Plutarque a rapporté qu'à Sparte l'infanticide était pratiqué sur les
enfants qui manquaient de santé et de vigueur.



Socrate comme Platon approuvaient certaines formes d'euthanasie
dans des cas particuliers. Platon préconisait : « On laissera mourir
ceux dont le corps est mal constitué »



L'euthanasie volontaire pour les personnes âgées était une
coutume approuvée dans certaines civilisations de l'Antiquité.



Le judaïsme, le christianisme et l'islam, qui tiennent la vie
humaine pour sacrée, ont toujours condamné l'euthanasie, sous
quelque forme que ce fût.
Dans l’histoire récente


Le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626) créa le terme
« euthanasie » (« bonne mort », « mort douce ») et n'hésitait pas à
se faire le champion de l'adoucissement « agonique ».



Nombreux refus de légaliser l’euthanasie (projets de loi renversés
dans plusieurs états) et condamnations d’actes connus (refus à
Sue Rodriguez, condamnation à vie de Robert Latimer).



Régime nazi, exemple notoire quant à l’utilisation massive de
l’euthanasie pour mettre en œuvre une politique eugénique
(200,000 enfants malformés, 70,000 malades mentaux, et, bien
sûr ~6 millions de Juifs).



Depuis environ 10 ans, l’euthanasie est autorisée en Belgique,
aux Pays-Bas et au Luxembourg. En Suisse, c’est le suicide assisté
qui est légal.
Qu’est-ce que « L’aide médicale
à mourir? » (projet de loi 52)
A.
B.
C.

Soins palliatifs
29 %
Soulager la douleur par des médicaments de confort.
22 %
Acharnement thérapeutique
Cesser l'usage de techniques pour prolonger la vie
artificiellement.
Suicide assisté
16 %
Permettre au patient de s'injecter lui-même une substance
mortelle.
Qu’est-ce que « L’aide médicale
à mourir? » (projet de loi 52)
Soins palliatifs

29 %

Acharnement thérapeutique
Suicide assisté
A.

22 %
16 %

Recevoir de la part d’un médecin une substance mortelle
(autre que la morphine).
« Appelons un chat un chat. L’aide
médicale à mourir, c’est de l’euthanasie. »
(Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des
médecins du Québec, cité par L’Actualité
médicale, 29 janvier 2013)
Source: Sondage Ipsos Marketing commandité en septembre auprès de 1010

Québécois par des spécialistes des soins palliatifs
Qu’est-ce que « L’aide médicale
à mourir? » (projet de loi 52)
Soins palliatifs

29 %

Acharnement thérapeutique
Suicide assisté
A.

22 %
16 %

Recevoir de la part d’un médecin une substance mortelle
(autre que la morphine).

Seulement 61% de la population connaît la
définition juste du mot « Euthanasie »
« L’acte de faire mourir quelqu’un intentionnellement afin

de lui éviter l’agonie, dans le cas où les souffrances des
patients atteints de maladies incurables sont difficiles, voire
impossibles à apaiser » (Futura-Sciences)
Source: Sondage Ipsos Marketing commandité en septembre auprès de 1010 Québécois par

des spécialistes des soins palliatifs
Le projet de loi 52


Les objectifs :


assurer aux personnes en fin de vie des soins respectueux de leur
dignité et de leur autonomie;



préciser les droits des personnes de même que l’organisation et
l’encadrement des soins de fin de vie de façon à ce que toute
personne ait accès, tout au long du continuum de soins, à des soins
de qualité adaptés à ses besoins, notamment pour prévenir et
apaiser ses souffrances;



reconnaître la primauté des volontés relatives aux soins exprimées
clairement et librement par une personne, notamment par la mise
en place du régime des directives médicales anticipées;



Légaliser et baliser l’« aide médicale à mourir » (sédation palliative
continue et euthanasie).
La sédation palliative « continue »


Un soin offert dans le cadre des soins palliatifs consistant en
l’administration de médicaments ou de substances à une
personne en fin de vie dans le but de soulager ses souffrances en
la rendant inconsciente, de façon continue, jusqu’à son décès.


Caractère irréversible (on ne réveille plus la personne)



On ne peut prévoir avec certitude la durée



Comme tel, ce n’est pas de l’euthanasie puisque les substances ne
sont pas mortelles, c’est la maladie qui termine son œuvre vers la fin
de vie.



Cette pratique s’ajoute à la sédation palliative (provisoire) qui
permet de traverser une période de souffrances intolérables



Le médecin doit s’assurer que cette option ne résulte pas de
pressions extérieures
L’aide médicale à mourir


Un soin consistant en l’administration de médicaments ou de
substances par un médecin à une personne en fin de vie, à sa
demande, dans le but de soulager ses souffrances en entraînant son
décès.



La personne doit satisfaire aux conditions suivantes :
1.

elle est majeure, apte à consentir aux soins et est une personne
assurée au sens de la Loi sur l’assurance maladie;

2.

Elle est « en fin de vie » (amendement);

3.

elle est atteinte d’une maladie grave et incurable;

4.

sa situation médicale se caractérise par un déclin avancé et
irréversible de ses capacités;

5.

elle éprouve des souffrances physiques ou psychiques constantes,
insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions
qu’elle juge tolérables.
Les balises


L’AMM ne sera accordée qu’au terme de la démarche suivante:


La personne devra faire sa demande elle-même à l’aide d’un
formulaire prévu à cette fin, qu’elle devra signer en présence d’un
professionnel de la santé ou des services sociaux qui le contresigne.



Elle devra répéter sa demande au cours d’entretiens différents avec
un médecin, espacés dans un délai raisonnable compte tenu de
l’évolution de son état.



Le médecin devra conclure, de même qu’un second médecin
indépendant qu’il aura consulté, que l’ensemble des conditions
prévues sont respectées.



Le médecin qui administre l’aide médicale à mourir doit transmettre
un avis au conseil des médecins, dentistes et pharmaciens duquel il
est membre. Un avis est également transmis à la Commission sur les
soins de vie.
Les directives médicales anticipées


Des directives médicales anticipées peuvent être versées au
registre des directives médicales anticipées (acte signé par le
patient et notarié). Si la personne est apte à consentir aux
soins, le professionnel de la santé s’assure, au préalable, que ses
intentions écrites sont toujours conformes à ses volontés.



Lorsqu’une personne est inapte à consentir aux soins, ses
volontés clairement exprimées dans des directives médicales
anticipées ont la même valeur que des volontés exprimées par
une personne apte à consentir aux soins.



En cas de refus des soins par une personne inapte, le Tribunal
peut ordonner le respect des volontés relatives aux soins
exprimées dans ces directives. Il peut aussi invalider les directives
si des motifs raisonnables font croire que la personne n’était pas
apte à déterminer son consentement.
Le contexte



Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables
Le contexte



Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables



Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie
Le contexte



Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables



Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie



Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement
élevée au Québec
Le contexte


Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables



Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie



Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement élevée au Québec



État d’esprit qui se répand par rapport au « droit » de chacun sur sa
propre vie et qui rompt avec l’emprise de l’Église
Le contexte



Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables



Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie



Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement
élevée au Québec



État d’esprit qui se répand par rapport au « droit » de chacun sur sa
propre vie et qui rompt avec l’emprise de l’Église



Difficulté de voir une personne proche souffrir quand on sait que la fin
est imminente et qu’on est impuissant, quand « on sait » que des moyens
existent pour y mettre un terme…
Le contexte



Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables



Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie



Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement
élevée au Québec



État d’esprit qui se répand par rapport au « droit » de chacun sur sa
propre vie et qui rompt avec l’emprise de l’Église



Difficulté de voir une personne proche souffrir quand on sait que la fin
est imminente et qu’on est impuissant, quand « on sait » que des moyens
existent pour y mettre un terme…



« Rumeurs » à l’effet que la pratique
d’euthanasie est déjà répandue
Le contexte



Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables



Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie



Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement
élevée au Québec



État d’esprit qui se répand par rapport au « droit » de chacun sur sa
propre vie et qui rompt avec l’emprise de l’Église



Difficulté de voir une personne proche souffrir quand on sait que la fin
est imminente et qu’on est impuissant, quand « on sait » que des moyens
existent pour y mettre un terme…



« Rumeurs » à l’effet que la pratique d’euthanasie est déjà répandue



Coût élevé des soins palliatifs que notre société n’est pas prête à
assumer pour des services de cet ordre
Les enjeux


Transformation du langage


Le projet du gouvernement supprime de son langage les expressions
qui correspondent aux gestes réels comme :


Euthanasie (faire mourir volontairement par une injection
létale), en l’appelant désormais « l’aide médicale à mourir ».



La sédation palliative continue (« endormir » le patient pour qu’il
ne souffre pas jusqu’à ce que la mort survienne)



Par « soins de fin de vie »



Il ajoute que les soins palliatifs font partie des « soins de fin de
vie », sachant que ceux-ci ne sont disponibles actuellement que
pour 15% des malades en phase terminale.



Question: est-ce que « tuer » ou « aider à se tuer » peut être associé à
« soigner »?
Qu’est-ce que « soigner »?


Définition de Mediadico:



Apporter de l'attention, du soin à quelque chose: soigner son travail.



Procurer des soins en vue de la guérison.





Avoir soin de: soigner ses parents, ses livres.

Se soigner

Questions:


Le projet de loi 52 ne transforme-t-il pas la définition de soigner,
prendre soin, apporter des soins?



Ne change-t-il pas le rapport des patients à leur médecin qui aura
désormais le pouvoir de proposer la mort parmi un ensemble de
soins?
Supprimer la souffrance ou la vie?


Il y a dans la population et en nous-mêmes un réel désir de ne
pas laisser les gens souffrir en fin de vie…


« Nous n’en avons pas dit plus, mais nous nous étions comprises. Il aurait
fallu un cœur de pierre pour ne pas penser à l’aider à mourir. On endort
bien les animaux quand ils souffrent trop, pourquoi les humains devraientils supporter davantage? Que la loi assimile l’euthanasie au meurtre ne
m’a pas arrêtée. Quelle loi peut imposer à une mère de voir son enfant
souffrir le martyre? Le jour où Coralie m’a dit, d’une voix claire malgré sa
bouche comme disparue : « Maman, c’est maintenant! », j’ai su qu’elle
était prête. Pas triste. Seulement épuisée par la douleur que la morphine
ne suffisait plus à calmer. Dans sa petite chambre, personne ne venait
plus lui rendre visite. J’ai fait ce que j’avais à faire. »
(Source: http://www.leuthanasiejusquou.com/france-leuthanasie-de-coralie/)



Question: quel est le véritable drame devant la souffrance en phase
terminale? De souffrir… ou de souffrir seul?
L’euthanasie est-elle déjà pratiquée?


« Les études montrent que la sédation palliative normalement
utilisée ne raccourcit pas la vie. Au contraire, elle rend plus
confortable. Ce n’est pas le confort qui tue, mais la
souffrance, la douleur, le stress et l’anxiété avec leur cortège de
complications (infarctus, saignement digestif, AVC…).
Soulager, même en faisant dormir, permet en fait de vivre plus
longtemps. C’est pourquoi la sédation est un outil précieux dans
les unités de soins intensifs : la survie y est le premier souci. »



Cependant, on croit que certains praticiens donnent parfois des
doses inappropriées dans le but d’abréger la vie. Tous les
médicaments mal utilisés peuvent en effet tuer : est-ce le
médicament qui est létal ou le prescripteur qui est dangereux?
Source: http://www.vivredignite.com/docs/vinay_opiaces.pdf
C’est quand, la fin de vie?
Est-ce que la « fin de vie » est 48 heures avant la mort? Ou est-ce
une semaine? Ou même 2 semaines avant la mort? Est-ce 3
mois, ou 6 mois?
 L’article 26 du Projet de loi dit maintenant qu’un des critères
d’admission à « l’aide médicale à mourir » est qu’il faut être en fin
de vie. Mme Hivon nous dit qu’il est difficile de définir la fin de vie, et
c’est pourquoi ils n’incluent pas de définition dans le Projet de loi.
Mais sans une telle définition, la porte est ouverte aux abus.
 Qu’en serait-il d’une personne non traitée considérée en phase
terminale d’une maladie, mais qui avec traitement vivrait une
douzaine d’années de plus?
 Et puis, les diagnostics peuvent être erronés. Il n’est pas inusité
d’entendre parler de cas ou une patiente se fait dire qu’elle n’a
que quelques mois à vivre, mais qui avec de bons traitements
continue une belle vie pendant des années.


Source : Collectif des médecins contre l’euthanasie
Quel contrôle sera exercé?


Le Projet de loi 52 prévoit qu’un médecin doit aviser la Commission sur les soins
de fin de vie dans les dix jours suivant l’administration de « l’aide médicale à
mourir ». Ceci est un peu comme si l’on éliminait la police routière et l’on
demandait aux conducteurs d’appeler un numéro 800 pour dire s’ils ont fait de
l’excès de vitesse ou s’ils étaient saouls au volant. Les médecins qui abuseraient
le système ne rapporteraient pas leurs abus.



La Commission sur les soins de fin de vie pourrait exiger des détails tels que des
états, données statistiques, ou autre renseignement nécessaire, mais sans pouvoir
relier l’information spécifiquement à une personne ayant été tuée par « l’aide
médicale à mourir ».



De plus, la Commission ne doit préparer qu’un rapport sur la situation des soins de
fin de vie qu’aux cinq ans.



Donc il y aura un rapport fait tous les 5 ans, avec des données floues et
incomplètes. De tels rapports seront inutiles pour bien comprendre la vraie
situation au Québec, et encore plus inutiles pour exercer quelque contrôle que
ce soit.
Source : Collectif des médecins contre l’euthanasie
Quel climat provoquera cette loi?


~90 % des médecins experts en soins palliatifs sont contre le
Projet de loi 52. Plusieurs centres de soins palliatifs et services
hospitaliers de soins palliatifs ont déjà dit qu’ils ne feraient pas
l’aide médicale à mourir. Il y aura de la résistance sur le terrain.
Des médecins vont démissionner ou quitter le Québec. Il y aura
une bataille légale qui ira jusqu’à la Cour suprême du Canada.



Si un médecin refuse, pour quelque raison que ce soit,
d’administrer une « aide médicale à mourir », il devra aviser le
directeur général de l’établissement où il pratique, qui devra
alors trouver un médecin prêt à administrer « l’aide médicale à
mourir ». Le médecin qui s’oppose saura bien que son objection
ne protégera pas le patient.
Source : Collectif des médecins contre l’euthanasie
Jusqu’où l’euthanasie?


Les mineurs et les personnes inaptes ne sont pas inclus dans
le projet de loi tel que libellé, mais ça peut toujours changer.
Même si le projet de loi est adopté sans les inclure, il est fort
probable que d’ici quelques années ces groupes très
vulnérables seraient inclus. Le Projet de loi 52 est modelé
d’après la loi belge. Dix ans après l’adoption de la loi
permettant l’euthanasie, la Belgique vient d’ouvrir
l’euthanasie aux enfants et aux personnes inaptes. Au
Québec, le Collège des médecins du Québec et la
Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse ont déjà recommandé l’inclusion des mineurs et
des personnes inaptes dans le projet de loi 52. Il est naïf de
penser que dans telles circonstances le Québec ne mettrait
pas en œuvre de telles extensions (cf. art. 6 amendé).
Un témoignage (N. Trouiller)


« Ma grand-mère est terrorisée qu’on euthanasie son mari. À force
d'entendre qu'il faut légaliser ce qui se passe déjà de toute façon... Moi
j'ai toute confiance en l'équipe médicale qui soigne mon grandpère, mais pour ma grand-mère, le raisonnement c'est: "Il a 92 ans et il est
malade, et les hôpitaux doivent faire des économies, donc ils vont le tuer
car on sent bien qu'on est plus bons à rien".



« Un vieillard souffrant aimé, entouré et soulagé est un être humain qu'il
convient d'accompagner au mieux vers sa mort naturelle, alors qu'un
vieillard souffrant seul, sans famille et sans médicaments devrait être
achevé par souci d'humanité. Différence entre les deux? Le regard posé
sur eux.
A ces comptes-ci, pourquoi nous limiter ainsi? Certains SDF, certains
Roms, certains chômeurs, certaines personnes handicapées, certains
dépressifs sont regardés comme des poids inutiles et parfois souffrants.
Pourquoi n'ont-ils pas droit à l'euthanasie eux aussi? Oh! J'oubliais, on tue
déjà légalement prisonniers et malades psychiques en Belgique. »
Un médecin qui ne veut pas tuer
« On invoque aussi la compassion […]. Et si on abordait la question sous un autre
angle, celui de la très grande majorité des patients atteints de maladies terminales
ou dégénératives ? Ceux qui n’ont jamais, du moins jusqu’à présent, considéré
l’option de l’euthanasie ? Cela permettrait peut-être de comprendre quel genre de
pression on leur fait subir quand l’euthanasie fait partie intégrante des choix
thérapeutiques. […] les grands malades craignent très souvent d’être un poids pour
leur entourage, pour le personnel soignant, et pour la société en général. Je suis
convaincu que ce phénomène très fort et omniprésent en mènera plusieurs à choisir
l’euthanasie, non pas parce qu’ils auraient voulu spontanément y avoir recours, mais
parce qu’ils sentent que c’est le seul choix « responsable ». […] La loi sur l’euthanasie
[…] menace à mon avis un bien plus grand nombre de malades, qui voudraient finir
leur vie autrement qu’en y ayant recours. Ceux-ci se voient placés devant le
dilemme suivant : continuer à consommer des ressources de temps, de personnel,
d’argent, continuer à représenter un «poids» pour leur entourage, ou recourir à
l’euthanasie. Je suis intimement convaincu que le choix, dans ces circonstances, ne
relève plus du simple libre arbitre de chacun, car il est influencé par une pression
sociale […], surtout dans une situation de fin de vie où l’on se sent déjà très
vulnérable. C’est pour ces raisons que, si un jour l’on me demande d’euthanasier
mon patient, je refuserai de le faire. » (Olivier Yaccarini, Le Devoir, 5 novembre 2013)
À la recherche de sources
pour la réflexion en Église


Une première source, philosophique :
la Loi morale naturelle



Une deuxième source, théologique :
l’éthique chrétienne (la Tradition)
Une première source sûre:
la Loi morale naturelle


Rm 2, 14-15 : « Quand les païens […] font naturellement
ce qu’ordonne la loi, ils se tiennent lieu de loi à euxmêmes, eux qui n’ont pas de loi. Ils montrent que l’œuvre
voulue par la loi est inscrite dans leur cœur… »


Même norme morale pour tous : la conscience en fait
prendre connaissance…



Tous les humains possèdent une faculté de jugement
moral et une conscience qui permettent de juger ce
qui est bien ou mal et ce qu’il faut faire (v.g. âge de
raison).
Les trois inclinations naturelles


Tous les êtres humains raisonnables peuvent aboutir aux mêmes « lois
fondamentales » à partir d’une juste observation de ce qui est dans
la nature même de tous les êtres vivants…


Préservation de la vie. « Ne pas tuer, être tué, ni se tuer » (Intégrité du
corps, sa subsistance (aliments, nourriture, vêtement, habitation, travail).
Le devoir de préserver sa propre vie aura comme corrélatif le pouvoir de
réclamer ce qui est nécessaire à sa survie (conditions d’existence du
début à la fin, cf. droits fondamentaux, etc.).



Préservation de l’espèce. « Procréer ». Favoriser le noyau familial stable.
Ne pas détériorer les conditions qui permettent la vie (environnement).



Dépendance (inter-dépendance) de l’être humain, doué de
raison, capable de connaître la vérité. Être de relations, la personne
humaine a besoin des autres pour surmonter ses limites intrinsèques et
atteindre sa maturité dans différents domaines. Pas seulement une
convention, mais une nécessité qui pousse à organiser la vie en espace
socio-politique solidaire. Également, l’humain, comme être spirituel, est
poussé à se tourner vers Dieu ou un absolu.
Loi naturelle vs Tradition



Règle d’or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas
qu’on te fasse. »


Saint Jérôme (4e s.): « Si l’on ne savait pas que ces choses
sont mauvaises, jamais on ne se plaindrait quand elles nous
sont infligées. »



GS 16 (Vatican II) : « Au fond de sa conscience, l’homme
découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée
lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. […] La
conscience est le centre le plus secret de l’homme, le
sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait
entendre. »
La Loi naturelle, donc:


Engage l’être humain dans la défense de la vie





Tout ce qui contribue à la vie est plutôt encouragé

Interdit toute forme d’homicide et même de suicide
Question: est-ce que la Loi morale naturelle peut
« approuver » l’aide médicale à mourir?


Si on quitte le plan des valeurs fondamentales et
universelles, le risque est grand alors de glisser vers le
relativisme éthique : ce qui est mal pour toi n’est pas
forcément mal pour moi… à chacun sa loi!



Un Gouvernement peut-il rompre avec les principes
universels en s’arrogeant lui-même le droit de légiférer en
ces matières sans risquer d’entraîner vers des dérives?
Une autre source sûre pour les
croyants: l’Écriture et la Tradition


La foi chrétienne est d’abord une relation à un Autre.
Il s’agit d’une personne bien concrète, Jésus le Christ.


L’histoire du Peuple de Dieu est une histoire
d’amour, celle d’un Dieu épris pour sa création, qui s’est
choisi un peuple parmi d’autres pour faire alliance et
pour faire rejaillir son amour sur tous les autres peuples.



En dehors de cette alliance, la religion apparaît comme
une morale et des règles qui ne peuvent être
universelles que par adhésion.



La personne croyante, se situant elle-même au cœur
d’une relation d’amour, trouve dans sa foi les éléments
qui éclairent sa vie morale pour faire le bien.
Morale vs Amour


La morale chrétienne ne peut jamais se présenter
seule, pour et par elle-même



Elle vient toujours après l’amour…


Un amour fou qui engage toute la
personne, comme lorsqu’on tombe en amour et
qu’on ne voit rien en dehors de cette relation…



Un amour qui ne parvient jamais au bout de luimême (qui peut dire aimer Dieu et son prochain
parfaitement?)



Un amour qui ne s’épanouit que par et dans l’Esprit
qui rend possible la vie selon l’exigence amoureuse
Parce qu’on aime,
on veut le bien


Être aimé et aimer en retour est l’aspiration
fondamentale des êtres humains.



Cette réciprocité nous invite à vivre en cohérence
avec l’amour reçu (accueil) et donné (conversion).
La règle d’or passe du négatif au positif: « Fais aux
autres ce que tu voudrais qu’on te fasse. » La
première serait d’aimer comme on veut être aimé…



« L’agir chrétien, c’est, en réponse à la proclamation joyeuse du
salut (1), une conversion au Christ auquel nous sommes
incorporés (l’Église et les sacrements) (2) par le don de l’Esprit qui
nous donne d’aimer en vérité Dieu notre Père et les humains nos
frères et sœurs (3). »
La position de l’Église
SOINS PALLIATIFS
Les soins palliatifs proposent une mort dans la dignité parce qu’ils
assurent aux patients le soulagement de la douleur et le soutien
social, affectif et spirituel dont ils ont besoin pour vivre leur mort
avec courage. De bons soins palliatifs peuvent aider les mourants
à trouver un sens à leur douleur et à leur souffrance. Les dernières
semaines et les derniers jours de la vie sont souvent un temps de
cheminement spirituel et un temps de réconciliation avec la
famille, avec les amis et avec Dieu.


L’euthanasie est incompatible avec les principes et les
buts des soins palliatifs. Soins palliatifs = « laisser mourir »;
Euthanasie = « faire mourir »
La position de l’Église
ACHARNEMENT THÉRAPEUTIQUE

L’acharnement thérapeutique consiste à offrir à une
personne malade des traitements extraordinaires ou
disproportionnés par rapport aux bienfaits espérés ou
obtenus.


Qu’en dit l’Église catholique ? « La cessation de
procédures médicales
onéreuses, périlleuses, extraordinaires ou
disproportionnées avec les résultats attendus, peut
être légitime. C’est le refus de "l’acharnement
thérapeutique". On ne veut pas ainsi donner la mort ;
on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher »
(Catéchisme de l’Église catholique, no 2278).
La position de l’Église


SUICIDE ASSISTÉ

L’assistance au suicide consiste à fournir à la personne qui veut
se tuer le moyen de le faire, en lui donnant de
l’information, des substances létales (pilules ou autre) ou une
arme.


Qu’en dit le Code criminel du Canada? « Est coupable d’un acte
criminel quiconque : a) conseille à une personne de se donner la
mort; (b) aide ou encourage quelqu’un à se donner la mort »
(article 241).



Qu’en dit l’Église catholique? « Le suicide contredit l’inclination
naturelle de l’être humain à conserver et à perpétuer sa vie. Il est
gravement contraire au juste amour de soi. Il offense également
l’amour du prochain (…). La coopération volontaire au suicide est
contraire à la loi morale » (Catéchisme de l’Église catholique, no
2281-2282).
La position de l’Église…
EUTHANASIE
L’euthanasie consiste à provoquer la mort volontairement et
directement d’une personne, avec ou sans son
consentement, pour éliminer toute souffrance.


Qu’en dit le Code criminel du Canada? « Commet un
homicide quiconque, directement ou indirectement, par
quelque moyen, cause la mort d’un être humain » (article 222).



Qu’en dit l’Église catholique? « Je confirme que l’euthanasie
est une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre
délibéré moralement inacceptable d’une personne humaine »
(Bienheureux Jean-Paul II, L’Évangile de la vie, no 65).
La position de l’Église (citations)


1980: Congrégation pour la Doctrine de la foi) : « Il est aujourd’hui très important
de protéger au moment de la mort la dignité de la personne humaine et la
conception chrétienne de la vie ».



Février 2007, Benoît XVI : « Je vous invite à ne pas tomber dans l’illusion de pouvoir
disposer de la vie jusqu’à en légitimer l’interruption par l’euthanasie, en la
masquant d’un voile de pitié humaine »



Avril 2007, déclaration commune de l'archevêque et du grand rabbin de Paris:
«En nous appuyant sur le commandement biblique « tu ne tueras pas » (...) nous
exprimons une opposition très ferme à toute forme d'assistance au suicide et à
tout acte d'euthanasie».



Avril 2008, Benoît XVI : "La culture de la mort avance malheureusement et touche
aussi le troisième âge. Avec de plus en plus d’insistance, on propose l’euthanasie
comme une solution (...) Il faut donc réagir vivement chaque fois que la société
est menacée par ce qui la déshumanise (...) Il faut s’unir pour combattre toute
forme de marginalisation des anciens car, à travers eux, ce sont toutes les
générations que l’individualisme agresse."
La vision chrétienne de la souffrance


« Non, la souffrance n’est pas inutile. Et elle n’enlève rien à la
dignité humaine (cf. fin de vie de J-P II). Suspendu au bois de la
Croix, défiguré, méconnaissable, le Christ n’était pas indigne. Au
jour de son lit de souffrance et de mort, aucun de nous ne perd
sa dignité, car elle ne dépend ni de notre qualité de vie, ni de
notre autonomie. Elle prend sa source en Dieu qui nous a créés à
son image et à sa ressemblance (…). Unir nos
vies et nos souffrances à
celles du Christ, telles une
prière et par amour, c’est
se donner la possibilité de
rapprocher de Dieu ceux
que nous aimons » (Vivre, souffrir
et mourir… pourquoi ?, OCVF
Conclusions
La relation du personnel soignant avec les patients et leur famille


Les personnes qui occupent un rôle au sein du personnel
soignant doivent inspirer la confiance pour garantir au patient et
à ses proches que tout sera fait pour assurer les meilleurs soins
possibles en toute situation, particulièrement dans le cadre
d’une maladie en phase terminale.



Demander à des professionnels de la santé de provoquer la mort
contrevient à leur engagement et au sens profond de ce qui les
a conduit à œuvrer en ce domaine.



Sous anonymat, des professionnels en Belgique et aux Pays-Bas
témoignent spontanément (pour eux-mêmes ou pour d’autres)
de traumatismes psychologiques suite à leur participation à des
euthanasies.
Conclusions
Les dérives possibles


Le projet de loi mentionne le critère de « fin de vie » sans
préciser la durée… (sclérose en plaques?, etc.)



Réelle liberté du patient lorsqu’une pression peut être
ressentie à l’effet qu’il est un poids pour sa famille?



Caractère exceptionnel souhaité, mais constat de hausses
consistantes dans les pays où l’euthanasie est légalisée.



En certains cas (refus de soins), le consentement pourrait
être donné par un tiers en l’absence de possibilité pour le
patient lui-même de le faire.


Pays-Bas, exemples de déficients intellectuels, malades mentaux et
d’enfants mineurs euthanasiés.
Pour continuer le dialogue
La question du droit criminel


Peut-on, dans un contexte canadien, créer des conditions qui
rendent possible l’euthanasie dans une Province sans
réellement inquiéter les professionnels de poursuites éventuelles
(« soin » vs « donner la mort »)?

La question de la conscience


L’objection de conscience pourra-t-elle être pleinement
respectée? La pression institutionnelle, la formation des
nouveaux médecins ne les forceront-ils pas à abdiquer?

La question de la liberté


L’être humain n’en est vraiment un que lorsqu’il est pleinement
libre de ses choix… Est-ce que cela pourrait aller jusqu’à choisir
la manière et le moment de sa mort?
Pour continuer la réflexion…


En tant que chrétiennes et chrétiens, ne devons-nous pas nous
interroger et changer notre manière d’accompagner nos
proches en fin de vie?



Quand une personne est entourée d’amour, la douleur ou la
souffrance liée à l’état de maladie grave prend une dimension
moins oppressante et moins urgente à soulager… la très forte
majorité des médecins en soins palliatifs disent n’avoir pas
besoin de l’euthanasie comme « offre de soin »…



Comme pour l’avortement qui existe malgré nous, il est de
notre devoir de continuer d’encourager une culture de la vie
en étant nous-mêmes des gens qui la rendent belle et plus
« supportable » !
Merci !
Vos questions, commentaires…

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Entre la compassion et le caractère sacré de la vie - Euthanasie - Loi 52 - Québec

  • 1. Entre la compassion et le caractère sacré de la vie… RÉFLEXIONS SUR LE PROJET DE LOI 52 DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC - 2014
  • 2. Plan de la conférence  Un peu (très peu) d’histoire  Les grandes lignes du projet de loi 52 (amendé)  Le contexte dans lequel cette loi est proposée  Quelques enjeux à prendre en compte pour discerner  À la recherche de sources pour aider à la réflexion  La Loi morale naturelle  La tradition chrétienne  La position de l’Église  Conclusions…
  • 3. L’euthanasie dans l’histoire  Dans la Grèce et la Rome antiques, il était permis dans certaines circonstances d'aider un individu à mourir.  Plutarque a rapporté qu'à Sparte l'infanticide était pratiqué sur les enfants qui manquaient de santé et de vigueur.  Socrate comme Platon approuvaient certaines formes d'euthanasie dans des cas particuliers. Platon préconisait : « On laissera mourir ceux dont le corps est mal constitué »  L'euthanasie volontaire pour les personnes âgées était une coutume approuvée dans certaines civilisations de l'Antiquité.  Le judaïsme, le christianisme et l'islam, qui tiennent la vie humaine pour sacrée, ont toujours condamné l'euthanasie, sous quelque forme que ce fût.
  • 4. Dans l’histoire récente  Le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626) créa le terme « euthanasie » (« bonne mort », « mort douce ») et n'hésitait pas à se faire le champion de l'adoucissement « agonique ».  Nombreux refus de légaliser l’euthanasie (projets de loi renversés dans plusieurs états) et condamnations d’actes connus (refus à Sue Rodriguez, condamnation à vie de Robert Latimer).  Régime nazi, exemple notoire quant à l’utilisation massive de l’euthanasie pour mettre en œuvre une politique eugénique (200,000 enfants malformés, 70,000 malades mentaux, et, bien sûr ~6 millions de Juifs).  Depuis environ 10 ans, l’euthanasie est autorisée en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. En Suisse, c’est le suicide assisté qui est légal.
  • 5. Qu’est-ce que « L’aide médicale à mourir? » (projet de loi 52) A. B. C. Soins palliatifs 29 % Soulager la douleur par des médicaments de confort. 22 % Acharnement thérapeutique Cesser l'usage de techniques pour prolonger la vie artificiellement. Suicide assisté 16 % Permettre au patient de s'injecter lui-même une substance mortelle.
  • 6. Qu’est-ce que « L’aide médicale à mourir? » (projet de loi 52) Soins palliatifs 29 % Acharnement thérapeutique Suicide assisté A. 22 % 16 % Recevoir de la part d’un médecin une substance mortelle (autre que la morphine). « Appelons un chat un chat. L’aide médicale à mourir, c’est de l’euthanasie. » (Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins du Québec, cité par L’Actualité médicale, 29 janvier 2013) Source: Sondage Ipsos Marketing commandité en septembre auprès de 1010 Québécois par des spécialistes des soins palliatifs
  • 7. Qu’est-ce que « L’aide médicale à mourir? » (projet de loi 52) Soins palliatifs 29 % Acharnement thérapeutique Suicide assisté A. 22 % 16 % Recevoir de la part d’un médecin une substance mortelle (autre que la morphine). Seulement 61% de la population connaît la définition juste du mot « Euthanasie » « L’acte de faire mourir quelqu’un intentionnellement afin de lui éviter l’agonie, dans le cas où les souffrances des patients atteints de maladies incurables sont difficiles, voire impossibles à apaiser » (Futura-Sciences) Source: Sondage Ipsos Marketing commandité en septembre auprès de 1010 Québécois par des spécialistes des soins palliatifs
  • 8. Le projet de loi 52  Les objectifs :  assurer aux personnes en fin de vie des soins respectueux de leur dignité et de leur autonomie;  préciser les droits des personnes de même que l’organisation et l’encadrement des soins de fin de vie de façon à ce que toute personne ait accès, tout au long du continuum de soins, à des soins de qualité adaptés à ses besoins, notamment pour prévenir et apaiser ses souffrances;  reconnaître la primauté des volontés relatives aux soins exprimées clairement et librement par une personne, notamment par la mise en place du régime des directives médicales anticipées;  Légaliser et baliser l’« aide médicale à mourir » (sédation palliative continue et euthanasie).
  • 9. La sédation palliative « continue »  Un soin offert dans le cadre des soins palliatifs consistant en l’administration de médicaments ou de substances à une personne en fin de vie dans le but de soulager ses souffrances en la rendant inconsciente, de façon continue, jusqu’à son décès.  Caractère irréversible (on ne réveille plus la personne)  On ne peut prévoir avec certitude la durée  Comme tel, ce n’est pas de l’euthanasie puisque les substances ne sont pas mortelles, c’est la maladie qui termine son œuvre vers la fin de vie.  Cette pratique s’ajoute à la sédation palliative (provisoire) qui permet de traverser une période de souffrances intolérables  Le médecin doit s’assurer que cette option ne résulte pas de pressions extérieures
  • 10. L’aide médicale à mourir  Un soin consistant en l’administration de médicaments ou de substances par un médecin à une personne en fin de vie, à sa demande, dans le but de soulager ses souffrances en entraînant son décès.  La personne doit satisfaire aux conditions suivantes : 1. elle est majeure, apte à consentir aux soins et est une personne assurée au sens de la Loi sur l’assurance maladie; 2. Elle est « en fin de vie » (amendement); 3. elle est atteinte d’une maladie grave et incurable; 4. sa situation médicale se caractérise par un déclin avancé et irréversible de ses capacités; 5. elle éprouve des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu’elle juge tolérables.
  • 11. Les balises  L’AMM ne sera accordée qu’au terme de la démarche suivante:  La personne devra faire sa demande elle-même à l’aide d’un formulaire prévu à cette fin, qu’elle devra signer en présence d’un professionnel de la santé ou des services sociaux qui le contresigne.  Elle devra répéter sa demande au cours d’entretiens différents avec un médecin, espacés dans un délai raisonnable compte tenu de l’évolution de son état.  Le médecin devra conclure, de même qu’un second médecin indépendant qu’il aura consulté, que l’ensemble des conditions prévues sont respectées.  Le médecin qui administre l’aide médicale à mourir doit transmettre un avis au conseil des médecins, dentistes et pharmaciens duquel il est membre. Un avis est également transmis à la Commission sur les soins de vie.
  • 12. Les directives médicales anticipées  Des directives médicales anticipées peuvent être versées au registre des directives médicales anticipées (acte signé par le patient et notarié). Si la personne est apte à consentir aux soins, le professionnel de la santé s’assure, au préalable, que ses intentions écrites sont toujours conformes à ses volontés.  Lorsqu’une personne est inapte à consentir aux soins, ses volontés clairement exprimées dans des directives médicales anticipées ont la même valeur que des volontés exprimées par une personne apte à consentir aux soins.  En cas de refus des soins par une personne inapte, le Tribunal peut ordonner le respect des volontés relatives aux soins exprimées dans ces directives. Il peut aussi invalider les directives si des motifs raisonnables font croire que la personne n’était pas apte à déterminer son consentement.
  • 13. Le contexte  Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables
  • 14. Le contexte  Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables  Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie
  • 15. Le contexte  Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables  Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie  Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement élevée au Québec
  • 16. Le contexte  Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables  Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie  Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement élevée au Québec  État d’esprit qui se répand par rapport au « droit » de chacun sur sa propre vie et qui rompt avec l’emprise de l’Église
  • 17. Le contexte  Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables  Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie  Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement élevée au Québec  État d’esprit qui se répand par rapport au « droit » de chacun sur sa propre vie et qui rompt avec l’emprise de l’Église  Difficulté de voir une personne proche souffrir quand on sait que la fin est imminente et qu’on est impuissant, quand « on sait » que des moyens existent pour y mettre un terme…
  • 18. Le contexte  Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables  Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie  Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement élevée au Québec  État d’esprit qui se répand par rapport au « droit » de chacun sur sa propre vie et qui rompt avec l’emprise de l’Église  Difficulté de voir une personne proche souffrir quand on sait que la fin est imminente et qu’on est impuissant, quand « on sait » que des moyens existent pour y mettre un terme…  « Rumeurs » à l’effet que la pratique d’euthanasie est déjà répandue
  • 19. Le contexte  Évolution sociale… Acceptation de situations autrefois inconcevables  Allongement de l’espérance de vie, conséquences sur la qualité de vie  Banalisation du suicide accentuée par sa fréquence particulièrement élevée au Québec  État d’esprit qui se répand par rapport au « droit » de chacun sur sa propre vie et qui rompt avec l’emprise de l’Église  Difficulté de voir une personne proche souffrir quand on sait que la fin est imminente et qu’on est impuissant, quand « on sait » que des moyens existent pour y mettre un terme…  « Rumeurs » à l’effet que la pratique d’euthanasie est déjà répandue  Coût élevé des soins palliatifs que notre société n’est pas prête à assumer pour des services de cet ordre
  • 20. Les enjeux  Transformation du langage  Le projet du gouvernement supprime de son langage les expressions qui correspondent aux gestes réels comme :  Euthanasie (faire mourir volontairement par une injection létale), en l’appelant désormais « l’aide médicale à mourir ».  La sédation palliative continue (« endormir » le patient pour qu’il ne souffre pas jusqu’à ce que la mort survienne)  Par « soins de fin de vie »  Il ajoute que les soins palliatifs font partie des « soins de fin de vie », sachant que ceux-ci ne sont disponibles actuellement que pour 15% des malades en phase terminale.  Question: est-ce que « tuer » ou « aider à se tuer » peut être associé à « soigner »?
  • 21. Qu’est-ce que « soigner »?  Définition de Mediadico:   Apporter de l'attention, du soin à quelque chose: soigner son travail.  Procurer des soins en vue de la guérison.   Avoir soin de: soigner ses parents, ses livres. Se soigner Questions:  Le projet de loi 52 ne transforme-t-il pas la définition de soigner, prendre soin, apporter des soins?  Ne change-t-il pas le rapport des patients à leur médecin qui aura désormais le pouvoir de proposer la mort parmi un ensemble de soins?
  • 22. Supprimer la souffrance ou la vie?  Il y a dans la population et en nous-mêmes un réel désir de ne pas laisser les gens souffrir en fin de vie…  « Nous n’en avons pas dit plus, mais nous nous étions comprises. Il aurait fallu un cœur de pierre pour ne pas penser à l’aider à mourir. On endort bien les animaux quand ils souffrent trop, pourquoi les humains devraientils supporter davantage? Que la loi assimile l’euthanasie au meurtre ne m’a pas arrêtée. Quelle loi peut imposer à une mère de voir son enfant souffrir le martyre? Le jour où Coralie m’a dit, d’une voix claire malgré sa bouche comme disparue : « Maman, c’est maintenant! », j’ai su qu’elle était prête. Pas triste. Seulement épuisée par la douleur que la morphine ne suffisait plus à calmer. Dans sa petite chambre, personne ne venait plus lui rendre visite. J’ai fait ce que j’avais à faire. » (Source: http://www.leuthanasiejusquou.com/france-leuthanasie-de-coralie/)  Question: quel est le véritable drame devant la souffrance en phase terminale? De souffrir… ou de souffrir seul?
  • 23. L’euthanasie est-elle déjà pratiquée?  « Les études montrent que la sédation palliative normalement utilisée ne raccourcit pas la vie. Au contraire, elle rend plus confortable. Ce n’est pas le confort qui tue, mais la souffrance, la douleur, le stress et l’anxiété avec leur cortège de complications (infarctus, saignement digestif, AVC…). Soulager, même en faisant dormir, permet en fait de vivre plus longtemps. C’est pourquoi la sédation est un outil précieux dans les unités de soins intensifs : la survie y est le premier souci. »  Cependant, on croit que certains praticiens donnent parfois des doses inappropriées dans le but d’abréger la vie. Tous les médicaments mal utilisés peuvent en effet tuer : est-ce le médicament qui est létal ou le prescripteur qui est dangereux? Source: http://www.vivredignite.com/docs/vinay_opiaces.pdf
  • 24. C’est quand, la fin de vie? Est-ce que la « fin de vie » est 48 heures avant la mort? Ou est-ce une semaine? Ou même 2 semaines avant la mort? Est-ce 3 mois, ou 6 mois?  L’article 26 du Projet de loi dit maintenant qu’un des critères d’admission à « l’aide médicale à mourir » est qu’il faut être en fin de vie. Mme Hivon nous dit qu’il est difficile de définir la fin de vie, et c’est pourquoi ils n’incluent pas de définition dans le Projet de loi. Mais sans une telle définition, la porte est ouverte aux abus.  Qu’en serait-il d’une personne non traitée considérée en phase terminale d’une maladie, mais qui avec traitement vivrait une douzaine d’années de plus?  Et puis, les diagnostics peuvent être erronés. Il n’est pas inusité d’entendre parler de cas ou une patiente se fait dire qu’elle n’a que quelques mois à vivre, mais qui avec de bons traitements continue une belle vie pendant des années.  Source : Collectif des médecins contre l’euthanasie
  • 25. Quel contrôle sera exercé?  Le Projet de loi 52 prévoit qu’un médecin doit aviser la Commission sur les soins de fin de vie dans les dix jours suivant l’administration de « l’aide médicale à mourir ». Ceci est un peu comme si l’on éliminait la police routière et l’on demandait aux conducteurs d’appeler un numéro 800 pour dire s’ils ont fait de l’excès de vitesse ou s’ils étaient saouls au volant. Les médecins qui abuseraient le système ne rapporteraient pas leurs abus.  La Commission sur les soins de fin de vie pourrait exiger des détails tels que des états, données statistiques, ou autre renseignement nécessaire, mais sans pouvoir relier l’information spécifiquement à une personne ayant été tuée par « l’aide médicale à mourir ».  De plus, la Commission ne doit préparer qu’un rapport sur la situation des soins de fin de vie qu’aux cinq ans.  Donc il y aura un rapport fait tous les 5 ans, avec des données floues et incomplètes. De tels rapports seront inutiles pour bien comprendre la vraie situation au Québec, et encore plus inutiles pour exercer quelque contrôle que ce soit. Source : Collectif des médecins contre l’euthanasie
  • 26. Quel climat provoquera cette loi?  ~90 % des médecins experts en soins palliatifs sont contre le Projet de loi 52. Plusieurs centres de soins palliatifs et services hospitaliers de soins palliatifs ont déjà dit qu’ils ne feraient pas l’aide médicale à mourir. Il y aura de la résistance sur le terrain. Des médecins vont démissionner ou quitter le Québec. Il y aura une bataille légale qui ira jusqu’à la Cour suprême du Canada.  Si un médecin refuse, pour quelque raison que ce soit, d’administrer une « aide médicale à mourir », il devra aviser le directeur général de l’établissement où il pratique, qui devra alors trouver un médecin prêt à administrer « l’aide médicale à mourir ». Le médecin qui s’oppose saura bien que son objection ne protégera pas le patient. Source : Collectif des médecins contre l’euthanasie
  • 27. Jusqu’où l’euthanasie?  Les mineurs et les personnes inaptes ne sont pas inclus dans le projet de loi tel que libellé, mais ça peut toujours changer. Même si le projet de loi est adopté sans les inclure, il est fort probable que d’ici quelques années ces groupes très vulnérables seraient inclus. Le Projet de loi 52 est modelé d’après la loi belge. Dix ans après l’adoption de la loi permettant l’euthanasie, la Belgique vient d’ouvrir l’euthanasie aux enfants et aux personnes inaptes. Au Québec, le Collège des médecins du Québec et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse ont déjà recommandé l’inclusion des mineurs et des personnes inaptes dans le projet de loi 52. Il est naïf de penser que dans telles circonstances le Québec ne mettrait pas en œuvre de telles extensions (cf. art. 6 amendé).
  • 28. Un témoignage (N. Trouiller)  « Ma grand-mère est terrorisée qu’on euthanasie son mari. À force d'entendre qu'il faut légaliser ce qui se passe déjà de toute façon... Moi j'ai toute confiance en l'équipe médicale qui soigne mon grandpère, mais pour ma grand-mère, le raisonnement c'est: "Il a 92 ans et il est malade, et les hôpitaux doivent faire des économies, donc ils vont le tuer car on sent bien qu'on est plus bons à rien".  « Un vieillard souffrant aimé, entouré et soulagé est un être humain qu'il convient d'accompagner au mieux vers sa mort naturelle, alors qu'un vieillard souffrant seul, sans famille et sans médicaments devrait être achevé par souci d'humanité. Différence entre les deux? Le regard posé sur eux. A ces comptes-ci, pourquoi nous limiter ainsi? Certains SDF, certains Roms, certains chômeurs, certaines personnes handicapées, certains dépressifs sont regardés comme des poids inutiles et parfois souffrants. Pourquoi n'ont-ils pas droit à l'euthanasie eux aussi? Oh! J'oubliais, on tue déjà légalement prisonniers et malades psychiques en Belgique. »
  • 29. Un médecin qui ne veut pas tuer « On invoque aussi la compassion […]. Et si on abordait la question sous un autre angle, celui de la très grande majorité des patients atteints de maladies terminales ou dégénératives ? Ceux qui n’ont jamais, du moins jusqu’à présent, considéré l’option de l’euthanasie ? Cela permettrait peut-être de comprendre quel genre de pression on leur fait subir quand l’euthanasie fait partie intégrante des choix thérapeutiques. […] les grands malades craignent très souvent d’être un poids pour leur entourage, pour le personnel soignant, et pour la société en général. Je suis convaincu que ce phénomène très fort et omniprésent en mènera plusieurs à choisir l’euthanasie, non pas parce qu’ils auraient voulu spontanément y avoir recours, mais parce qu’ils sentent que c’est le seul choix « responsable ». […] La loi sur l’euthanasie […] menace à mon avis un bien plus grand nombre de malades, qui voudraient finir leur vie autrement qu’en y ayant recours. Ceux-ci se voient placés devant le dilemme suivant : continuer à consommer des ressources de temps, de personnel, d’argent, continuer à représenter un «poids» pour leur entourage, ou recourir à l’euthanasie. Je suis intimement convaincu que le choix, dans ces circonstances, ne relève plus du simple libre arbitre de chacun, car il est influencé par une pression sociale […], surtout dans une situation de fin de vie où l’on se sent déjà très vulnérable. C’est pour ces raisons que, si un jour l’on me demande d’euthanasier mon patient, je refuserai de le faire. » (Olivier Yaccarini, Le Devoir, 5 novembre 2013)
  • 30. À la recherche de sources pour la réflexion en Église  Une première source, philosophique : la Loi morale naturelle  Une deuxième source, théologique : l’éthique chrétienne (la Tradition)
  • 31. Une première source sûre: la Loi morale naturelle  Rm 2, 14-15 : « Quand les païens […] font naturellement ce qu’ordonne la loi, ils se tiennent lieu de loi à euxmêmes, eux qui n’ont pas de loi. Ils montrent que l’œuvre voulue par la loi est inscrite dans leur cœur… »  Même norme morale pour tous : la conscience en fait prendre connaissance…  Tous les humains possèdent une faculté de jugement moral et une conscience qui permettent de juger ce qui est bien ou mal et ce qu’il faut faire (v.g. âge de raison).
  • 32. Les trois inclinations naturelles  Tous les êtres humains raisonnables peuvent aboutir aux mêmes « lois fondamentales » à partir d’une juste observation de ce qui est dans la nature même de tous les êtres vivants…  Préservation de la vie. « Ne pas tuer, être tué, ni se tuer » (Intégrité du corps, sa subsistance (aliments, nourriture, vêtement, habitation, travail). Le devoir de préserver sa propre vie aura comme corrélatif le pouvoir de réclamer ce qui est nécessaire à sa survie (conditions d’existence du début à la fin, cf. droits fondamentaux, etc.).  Préservation de l’espèce. « Procréer ». Favoriser le noyau familial stable. Ne pas détériorer les conditions qui permettent la vie (environnement).  Dépendance (inter-dépendance) de l’être humain, doué de raison, capable de connaître la vérité. Être de relations, la personne humaine a besoin des autres pour surmonter ses limites intrinsèques et atteindre sa maturité dans différents domaines. Pas seulement une convention, mais une nécessité qui pousse à organiser la vie en espace socio-politique solidaire. Également, l’humain, comme être spirituel, est poussé à se tourner vers Dieu ou un absolu.
  • 33. Loi naturelle vs Tradition  Règle d’or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse. »  Saint Jérôme (4e s.): « Si l’on ne savait pas que ces choses sont mauvaises, jamais on ne se plaindrait quand elles nous sont infligées. »  GS 16 (Vatican II) : « Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. […] La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre. »
  • 34. La Loi naturelle, donc:  Engage l’être humain dans la défense de la vie    Tout ce qui contribue à la vie est plutôt encouragé Interdit toute forme d’homicide et même de suicide Question: est-ce que la Loi morale naturelle peut « approuver » l’aide médicale à mourir?  Si on quitte le plan des valeurs fondamentales et universelles, le risque est grand alors de glisser vers le relativisme éthique : ce qui est mal pour toi n’est pas forcément mal pour moi… à chacun sa loi!  Un Gouvernement peut-il rompre avec les principes universels en s’arrogeant lui-même le droit de légiférer en ces matières sans risquer d’entraîner vers des dérives?
  • 35. Une autre source sûre pour les croyants: l’Écriture et la Tradition  La foi chrétienne est d’abord une relation à un Autre. Il s’agit d’une personne bien concrète, Jésus le Christ.  L’histoire du Peuple de Dieu est une histoire d’amour, celle d’un Dieu épris pour sa création, qui s’est choisi un peuple parmi d’autres pour faire alliance et pour faire rejaillir son amour sur tous les autres peuples.  En dehors de cette alliance, la religion apparaît comme une morale et des règles qui ne peuvent être universelles que par adhésion.  La personne croyante, se situant elle-même au cœur d’une relation d’amour, trouve dans sa foi les éléments qui éclairent sa vie morale pour faire le bien.
  • 36. Morale vs Amour  La morale chrétienne ne peut jamais se présenter seule, pour et par elle-même  Elle vient toujours après l’amour…  Un amour fou qui engage toute la personne, comme lorsqu’on tombe en amour et qu’on ne voit rien en dehors de cette relation…  Un amour qui ne parvient jamais au bout de luimême (qui peut dire aimer Dieu et son prochain parfaitement?)  Un amour qui ne s’épanouit que par et dans l’Esprit qui rend possible la vie selon l’exigence amoureuse
  • 37. Parce qu’on aime, on veut le bien  Être aimé et aimer en retour est l’aspiration fondamentale des êtres humains.  Cette réciprocité nous invite à vivre en cohérence avec l’amour reçu (accueil) et donné (conversion). La règle d’or passe du négatif au positif: « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse. » La première serait d’aimer comme on veut être aimé…  « L’agir chrétien, c’est, en réponse à la proclamation joyeuse du salut (1), une conversion au Christ auquel nous sommes incorporés (l’Église et les sacrements) (2) par le don de l’Esprit qui nous donne d’aimer en vérité Dieu notre Père et les humains nos frères et sœurs (3). »
  • 38. La position de l’Église SOINS PALLIATIFS Les soins palliatifs proposent une mort dans la dignité parce qu’ils assurent aux patients le soulagement de la douleur et le soutien social, affectif et spirituel dont ils ont besoin pour vivre leur mort avec courage. De bons soins palliatifs peuvent aider les mourants à trouver un sens à leur douleur et à leur souffrance. Les dernières semaines et les derniers jours de la vie sont souvent un temps de cheminement spirituel et un temps de réconciliation avec la famille, avec les amis et avec Dieu.  L’euthanasie est incompatible avec les principes et les buts des soins palliatifs. Soins palliatifs = « laisser mourir »; Euthanasie = « faire mourir »
  • 39. La position de l’Église ACHARNEMENT THÉRAPEUTIQUE L’acharnement thérapeutique consiste à offrir à une personne malade des traitements extraordinaires ou disproportionnés par rapport aux bienfaits espérés ou obtenus.  Qu’en dit l’Église catholique ? « La cessation de procédures médicales onéreuses, périlleuses, extraordinaires ou disproportionnées avec les résultats attendus, peut être légitime. C’est le refus de "l’acharnement thérapeutique". On ne veut pas ainsi donner la mort ; on accepte de ne pas pouvoir l’empêcher » (Catéchisme de l’Église catholique, no 2278).
  • 40. La position de l’Église  SUICIDE ASSISTÉ L’assistance au suicide consiste à fournir à la personne qui veut se tuer le moyen de le faire, en lui donnant de l’information, des substances létales (pilules ou autre) ou une arme.  Qu’en dit le Code criminel du Canada? « Est coupable d’un acte criminel quiconque : a) conseille à une personne de se donner la mort; (b) aide ou encourage quelqu’un à se donner la mort » (article 241).  Qu’en dit l’Église catholique? « Le suicide contredit l’inclination naturelle de l’être humain à conserver et à perpétuer sa vie. Il est gravement contraire au juste amour de soi. Il offense également l’amour du prochain (…). La coopération volontaire au suicide est contraire à la loi morale » (Catéchisme de l’Église catholique, no 2281-2282).
  • 41. La position de l’Église… EUTHANASIE L’euthanasie consiste à provoquer la mort volontairement et directement d’une personne, avec ou sans son consentement, pour éliminer toute souffrance.  Qu’en dit le Code criminel du Canada? « Commet un homicide quiconque, directement ou indirectement, par quelque moyen, cause la mort d’un être humain » (article 222).  Qu’en dit l’Église catholique? « Je confirme que l’euthanasie est une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement inacceptable d’une personne humaine » (Bienheureux Jean-Paul II, L’Évangile de la vie, no 65).
  • 42. La position de l’Église (citations)  1980: Congrégation pour la Doctrine de la foi) : « Il est aujourd’hui très important de protéger au moment de la mort la dignité de la personne humaine et la conception chrétienne de la vie ».  Février 2007, Benoît XVI : « Je vous invite à ne pas tomber dans l’illusion de pouvoir disposer de la vie jusqu’à en légitimer l’interruption par l’euthanasie, en la masquant d’un voile de pitié humaine »  Avril 2007, déclaration commune de l'archevêque et du grand rabbin de Paris: «En nous appuyant sur le commandement biblique « tu ne tueras pas » (...) nous exprimons une opposition très ferme à toute forme d'assistance au suicide et à tout acte d'euthanasie».  Avril 2008, Benoît XVI : "La culture de la mort avance malheureusement et touche aussi le troisième âge. Avec de plus en plus d’insistance, on propose l’euthanasie comme une solution (...) Il faut donc réagir vivement chaque fois que la société est menacée par ce qui la déshumanise (...) Il faut s’unir pour combattre toute forme de marginalisation des anciens car, à travers eux, ce sont toutes les générations que l’individualisme agresse."
  • 43. La vision chrétienne de la souffrance  « Non, la souffrance n’est pas inutile. Et elle n’enlève rien à la dignité humaine (cf. fin de vie de J-P II). Suspendu au bois de la Croix, défiguré, méconnaissable, le Christ n’était pas indigne. Au jour de son lit de souffrance et de mort, aucun de nous ne perd sa dignité, car elle ne dépend ni de notre qualité de vie, ni de notre autonomie. Elle prend sa source en Dieu qui nous a créés à son image et à sa ressemblance (…). Unir nos vies et nos souffrances à celles du Christ, telles une prière et par amour, c’est se donner la possibilité de rapprocher de Dieu ceux que nous aimons » (Vivre, souffrir et mourir… pourquoi ?, OCVF
  • 44. Conclusions La relation du personnel soignant avec les patients et leur famille  Les personnes qui occupent un rôle au sein du personnel soignant doivent inspirer la confiance pour garantir au patient et à ses proches que tout sera fait pour assurer les meilleurs soins possibles en toute situation, particulièrement dans le cadre d’une maladie en phase terminale.  Demander à des professionnels de la santé de provoquer la mort contrevient à leur engagement et au sens profond de ce qui les a conduit à œuvrer en ce domaine.  Sous anonymat, des professionnels en Belgique et aux Pays-Bas témoignent spontanément (pour eux-mêmes ou pour d’autres) de traumatismes psychologiques suite à leur participation à des euthanasies.
  • 45. Conclusions Les dérives possibles  Le projet de loi mentionne le critère de « fin de vie » sans préciser la durée… (sclérose en plaques?, etc.)  Réelle liberté du patient lorsqu’une pression peut être ressentie à l’effet qu’il est un poids pour sa famille?  Caractère exceptionnel souhaité, mais constat de hausses consistantes dans les pays où l’euthanasie est légalisée.  En certains cas (refus de soins), le consentement pourrait être donné par un tiers en l’absence de possibilité pour le patient lui-même de le faire.  Pays-Bas, exemples de déficients intellectuels, malades mentaux et d’enfants mineurs euthanasiés.
  • 46. Pour continuer le dialogue La question du droit criminel  Peut-on, dans un contexte canadien, créer des conditions qui rendent possible l’euthanasie dans une Province sans réellement inquiéter les professionnels de poursuites éventuelles (« soin » vs « donner la mort »)? La question de la conscience  L’objection de conscience pourra-t-elle être pleinement respectée? La pression institutionnelle, la formation des nouveaux médecins ne les forceront-ils pas à abdiquer? La question de la liberté  L’être humain n’en est vraiment un que lorsqu’il est pleinement libre de ses choix… Est-ce que cela pourrait aller jusqu’à choisir la manière et le moment de sa mort?
  • 47. Pour continuer la réflexion…  En tant que chrétiennes et chrétiens, ne devons-nous pas nous interroger et changer notre manière d’accompagner nos proches en fin de vie?  Quand une personne est entourée d’amour, la douleur ou la souffrance liée à l’état de maladie grave prend une dimension moins oppressante et moins urgente à soulager… la très forte majorité des médecins en soins palliatifs disent n’avoir pas besoin de l’euthanasie comme « offre de soin »…  Comme pour l’avortement qui existe malgré nous, il est de notre devoir de continuer d’encourager une culture de la vie en étant nous-mêmes des gens qui la rendent belle et plus « supportable » !
  • 48. Merci ! Vos questions, commentaires…