Introduction par Arsène Ott, membre du CA de l'ACIM, responsable de la médiathèque André Malraux (Strasbourg) "
La nostalgie du futur" Table ronde n° 1 : “Nouvelles compétences, nouvelles formations, quels besoins ? Quelle demande sur un territoire ?” lundi 18 mars 2019 -19e Rencontres Nationales des Bibliothécaires Musicaux, lundi 18 et mardi 19 mars 2019, Lyon / Villeurbanne
Thème : « Musique en bibliothèque, quelles formations aujourd’hui ? »
Arsène Ott : Introduction à la table-ronde : “Nouvelles compétences, nouvelles formations, quels besoins ?"
1. RNBM 2019
Table ronde n°1 : Nouvelles compétences, nouvelles formations, quels besoins ? Quelle
demande sur un territoire ?
Introduction : Arsène Ott, membre du CA de l'ACIM, responsable de la médiathèque André
Malraux (Strasbourg) – texte remanié
La nostalgie du futur
Etant chargé d'animer cette table ronde je n'ai pu m'empêcher de revenir à certaines des
éditions passées de nos rencontres professionnelles.
En 2003 j'étais l'hôte des RNBM à Strasbourg, et par une sorte de facétie musicale j'avais
ouvert la matinée par un « Blues des bibliothécaires musicaux », morceau improvisé à la suite d'un
article publié dans Livres hebdo. Le blues d'alors était lié à la chronique d'une mort annoncée, celle
du CD qui était confronté à l'explosion du téléchargement de pair-à-pair (peer-to-peer). Cette
prophétie autoréalisatrice pourrait être reformulée aujourd'hui à la façon d'un Frank Zappa : « Le
disque n'est pas mort, mais il a juste une drôle d'odeur » (la citation originale concernait le jazz :
« Jazz isn't dead. It just smells funny. »).
Surtout derrière le prisme de notre spleen professionnel il y avait en germe toutes les facettes
qui allaient être déclinées au fil des RNBM (“Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve” écrivait
Hölderlin), tissant ainsi l'étoffe kaléidoscopique de notre panoplie de « bibliothécaire musical ».
C'est sous cette appellation (RN des bibliothécaires musicaux), englobant celle plus restrictive de
« discothécaire », que nous nous retrouvions année après année. Cette évolution dans notre façon
d'être et de faire notre métier était le résultat d'un combat déjà ancien et initié par Michel Sineux au
milieu des années 80. S'adosser au métier de bibliothécaire c'était aussi épouser tout un champ des
possibles et de formations professionnelles. Force est cependant de constater qu'en 2003 notre invité
Massimo Gentili-Tedeschi s’était déjà écrié que ce domaine c’était « le désert ». Constat qu'il nous
faudra sans refaire aujourd'hui-même. Raison de plus alors, et à plus forte raison aujourd'hui, pour
inscrire ces journées professionnelles dans la durée.
En 2006, les RNBM de Nantes avaient cette ambition jamais délaissée depuis :
« Apprivoiser le futur » et c'est après avoir suivi ce chemin escarpé et joyeux que nous tutoyons
aujourd'hui l'avenir.
En effet à travers la question de la formation nous posons une nouvelle fois la question de l’avenir
et de la place de la musique en bibliothèque. Bien sûr se poser cette question dans le girond de
l’ACIM, ce n’est pas pour douter du rôle de la musique en bibliothèque, mais bien pour nous
interroger sur la forme et le contenu qu'elle y prendra dans les temps à venir.
Nous essayons d'explorer à travers cette première table ronde les nouveaux territoires de la
formation. Comment tracer le portrait d'un métier qui se transforme ? Comment esquisser de
nouveaux besoins ? Ceux des usagers ou des habitants de nos territoires (la conférence inaugurale
ne pouvait être plus appropriée), et par voie de conséquence ceux des professionnels qui ont le souci
de leurs publics. De quelle manière puiser dans l’analyse de nos territoires, de nos villes, de nos
quartiers, ce qui nous permettra de penser nos actions et les compétences nécessaires à leur
réalisation ? Qu'est-ce qui à travers la connaissance de nos contextes professionnels nous inviterait à
dépasser le frontières trop familières de notre métier ou au contraire à souligner des constantes
indépassables ?
Quelles pourraient être « les nouvelles énonciations » de la formation musicale en
bibliothèque ? Rechercher de nouvelles compétences cela ne veut pas dire chercher à se substituer à
2. d'autres corps de métier. Au contraire à travers une chaîne de métiers auxquels nous sommes
confrontés (animateur, acteur social d'un territoire, enseignant, musicien, régisseur, archiviste,
photographe, vidéaste, géographe, sociologue, psychologue...) il s'agit d'affirmer les enjeux qui font
la force et la singularité de notre métier : la découverte, la préservation, l'éveil, le partage et
l'appropriation de la musique ? La construction chez nos usagers, par couches d'expériences et
d'émotions musicales successives (initiations, écoutes, performances, expositions, expérimentations,
productions...), d'un goût ?
Aussi, c'est à une nostalgie du futur que je vous invite en vous posant la question : « Que
reste-t-il de l'avenir ? » (emprunt au dernier titre édité par le philosophe Gérard Amicel). Explorer
avec vous une forme de pensée écologique où il s'agirait de repasser les plis d'un métier chiffonné,
de sortir de ses ornières avec les « habits-neufs » de l'ACIM chers à Michel Sineux, d'affirmer ainsi
la persistance du métier de bibliothécaire musical au cœur de la cité et tout particulièrement de cet
espace public qu'est la bibliothèque.
La table ronde de ce matin se construit en deux temps :
– Celui d'une mise en perspective historique et professionnelle avec les contributions de
Philippe Marcerou, Inspecteur général des bibliothèques et de Cécile Trévian, responsable
de la commission formation de l’ABF ;
– Celui d'une mise en contexte territoriale avec les contributions de Catherine Benod,
Directrice de la Bibliothèque départementale de Haute-Loire et d'Emmanuel Aziza, Chef du
Bureau des bibliothèques et de la lecture, Ville de Paris.