La médecine du travail est perçue comme moins attractive parmi les différentes spécialités médicales. Peu prisée par les nouveaux internes, elle doit faire face à une grave crise démographique qui s'accompagne d'une nécessaire redéffiniton du métier avec la loi du 20 juillet 2011. Pourtant, il s'agit d'une spécialité transversale, riche, passionnante et pleine d'avenir !
L’objet de la médecine du travail est exclusivement préventif. Il s’agit d’éviter l’altération de la santé des salariés du fait du travail. Pour réaliser cet objectif, la médecine du travail est de fait la spécialité transversale par excellence. Les domaines qui concernent les médecins du travail sont très nombreux : rhumatologie, médecine physique et réadaptation, dermatologie, allergologie, cancérologie, psychiatrie, pneumologie, addictologie... Certains domaines sont plus spécifiques : la toxicologie industrielle (toxicité des solvants, des plastiques, des métaux...), l'ergonomie( étude de l’homme au travail et adaptation du travail à l’homme), la radioprotection.
La médecine du travail est aussi une spécialité médicale ouverte sur des domaines habituellement ignorés par la médecine curative classique. Des connaissances juridiques solides concernant notamment la législation du travail (Code du travail) ainsi que des connaissances sur l’organisation sociale sont indispensables à la pratique quotidienne (MDPH, dispositif de lutte contre la désinsertion professionnelle...).
reseauprosante.fr
LA POLYARTHRITE RHUMATOIDE, UNE AMELIORATION DE LA PRISE EN CHARGE AVEC NOTAM...
La médecine du travail une spécialité riche.
1. Le Magazine des internes et de l’ISNIH
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une spécialité à l'honneur
La Médecine du Travail
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L’objet de la médecine du travail est ex-clusivement
préventif. Il s’agit d’éviter
l’altération de la santé des salariés du
fait du travail. Pour réaliser cet objec-tif,
la médecine du travail est de fait la
spécialité transversale par excellence.
Les domaines qui concernent les mé-decins
du travail sont très nombreux :
rhumatologie, médecine physique et
réadaptation, dermatologie, allergolo-gie,
cancérologie, psychiatrie, pneumo-
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(étude de l’homme au travail et adapta-tion
du travail à l’homme), la radiopro-tection.
La médecine du travail est aussi une
spécialité médicale ouverte sur des
domaines habituellement ignorés
par la médecine curative classique.
Des connaissances juridiques solides
concernant notamment la législation du
travail (Code du travail) ainsi que des
connaissances sur l’organisation sociale
sont indispensables à la pratique quoti-dienne
(MDPH, dispositif de lutte contre
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La spécialisation dans l’un ou l’autre
de ces domaines permet au médecin
qui le souhaite d’en devenir le référent
dans un service de santé au travail, si
c’est le mode d’exercice choisi. En effet,
le médecin du travail, salarié du régime
général, peut exercer son activité dans
un service de santé autonome ou inter-entreprise.
Le corpus de connaissances nécessaire
à l’exercice de la profession est impor-tant
: dans l’inter-région ouest par
exemple, les cours se déroulent sur 3
jours environ tous les mois (avec trêve
estivale !). Le programme est donc as-sez
chargé d’autant que les premier et
deuxième cycles des études médicales
n’abordent quasiment pas ces questions.
Le rôle du médecin du travail est peu ou
mal connu des autres confrères. Mieux
connaître le rôle du médecin du travail
faciliterait la communication entre mé-
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charge du patient.
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Le médecin du travail a une connais-sance
unique du milieu de travail et
du poste de travail du patient. En ef-fet,
il se rend sur le terrain dans le cadre
de l’action en milieu de travail (ce qu’on
appelait le « tiers temps »). Il peut alors
réaliser des études de postes pour docu-menter
une inaptitude par exemple.
Il est un clinicien. Il examine les sala-riés
ou les agents qu’il reçoit en consul-tation.
Il recherche les pathologies pro-fessionnelles
actuelles et cherche à les
prévenir. L’examen clinique est adapté
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Il ne se cantonne pas à la prise de poids,
tension et BU !
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2. Le Magazine des internes et de l’ISNIH
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l’interlocuteur de choix pour aborder la question de la souffrance mentale au travail. Il doit également anticiper et gérer les
questions de maintien dans emploi de travailleurs présentant des pathologies incapacitantes .
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Le médecin du travail doit composer
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riés qu’il suit. Les questions de salaire,
de passage à mi-traitement, d’allonge-ment
de la durée de cotisation pour les
pensions de retraite rentrent en compte
dans la gestion de l’aptitude ou du main-tien
dans l’emploi. Même si le travail est
probablement plus thérapeutique qu’il
n’est délétère, le médecin du travail doit
chercher un compromis entre la pré-servation
de la santé du salarié et
celle de ses revenus, ce qui parfois ne
constitue que la moins mauvaise des so-lutions.
D’ailleurs, le niveau de vie du
salarié impacte également sa santé .
Le médecin du travail compose avec les
réalités de l’entreprise, recherche de
croissance, amélioration des résultats,
ce qui peut se traduire par des restructu-rations,
des augmentations des rythmes
de travail, une exigence de polyvalence,
une réduction des effectifs. Des aména-gements
de postes de travail peuvent
être nécessaires pour limiter les effets
nocifs d’éventuelles nuisances structu-relles
dans l’entreprise. D’ailleurs, les
accidents du travail et maladies profes-
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cières sur l’entreprise que ce soit en
termes d’absentéisme ou d’augmenta-tion
des cotisations sociales.
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Les médecins du travail exercent pour
l’essentiel dans des services de santé
au travail (SST) qui peuvent être des
services inter-entreprises ou auto-nomes
selon l’effectif des salariés.
L’activité se répartit entre consultations
et actions en milieu de travail. Les vi-sites
périodiques biennales s’espacent
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médecins du travail.
Les SST ont une obligation de pluri-disciplinarité.
Certains SST offrent un
plateau technique avec des IPRP (inter-venants
en prévention des risques pro-fessionnels),
spécialisés en ergonomie,
en toxicologie, en métrologie (mesures
d’ambiance lumineuse, thermique,
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ment, des IDE en santé au travail, des
assistantes en santé au travail...
Certains SST s’organisent en mettant
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recueil de constantes, permettant aux
médecins du travail une activité plus
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et l’action sur les conditions de travail.
Certains médecins avec une formation
DES de médecine du travail exercent
dans d’autres cadres :
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nelle :consultations hospitalières avec
activité d’expertise, imputabilité au tra-vail
de pathologies présentées par un
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covigilance ;
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MIRTMO : médecin inspecteur régional
du travail et de la main-d’oeuvre ;
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3. Le Magazine des internes et de l’ISNIH
20
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Est-ce que le médecin du travail perd
son droit de prescription ?
Non. Il continue à prescrire des examens
complémentaires régulièrement dans le
cadre du suivi des salariés (plombémies,
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citer des avis de spécialistes en cas de
besoin. En revanche, il n’a pas vocation à
faire de la thérapeutique en dehors des
situations d’urgence : il orientera les sa-lariés
vers leur médecin traitant. Il peut
prescrire pour son compte et pour sa
famille.
Est-ce que le médecin du travail est à
la botte des employeurs ?
Le médecin du travail est un profession-nel
de santé comme tout médecin. Son
exercice répond au Code de déontologie
médicale, corpus inscrit dans le Code de
santé publique. Les médecins du travail
prononcent le serment d’Hippocrate. Le
secret médical s’impose à lui. De plus, les
services de santé au travail sont contrô-lés
par le MIT qui veille au respect de
l’indépendance du médecin du travail.
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