2. I
Les limites
d'une croissance
fondée
su~ I'exportation
des reSSQurces
nat~relles
Octavio $uárez ,..
Cet article éturue quelques-unes des caractéristiques du modele économique
mis en place par le régime militaire chilien entre 1973-1990 et poursuivi par
le gouvemement civil. L'analyse est centrée sur deux aspects essentiels : la
stratégie de c;roissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles et
iIe role de I'Etat qui, derriere une rhétorique « néolibérale », est beaucoup
intervenu dans l'économie. Le modele a été appliqué dans le cadre d'une
libéralisation marquée sur le plan commercial et financier qui n'a toutefois
pas été dépourvue de quelques traits protectionnistes.
Pour son application concrete, sont utilisés des politiques et
des instruments (réduction des tarifs douaniers, réduction des salaires réels,
dépréciation réelle du taux de change) qui provoquent un processus de
désindustrialisation et une répartition plus inégalitaire du revenu. Considérer
le gouvernement Pinochet comme une période de « révolution capitaliste »
est peut-etre excessif, d'autant que cette période s'est distinguée par des taux
d'accumulation tres faibles.
L'État maintient une forte présence dans I'économie. Toute
fois, il utilise relativement mal I'énorme rente miniere ainsi que les revenus
des entreprises publiques et les flux de la dette extérieure. Plus récemment,
* Chargé d' enseignemell/ a /' IIlliversilé de Paris J(JEDES). Une I'ersionprélimillairede ce lexle
a éeé disculée au séminaire du eRE-JEDES. dirigé par J.-M. Fontaille. Oulre ce danier.
/' aUleur remercie loue particu/ieremel1l G. Hit/coal pour ses ('ommen/aires.
I
3. Problemes
d'Amérique
latine
N" 11
oct.-déc, 1993
Chüi .
les limites
de la croissance
50
/
l'État diminue sa participation dans la production miniere, des lors la rente
sera de plus en plus controlée principalement par les multinatismales. Ainsi,
le processus d'accumulation traditionnellement dirigé par l'Etat de meme
que les grandes orientations de I'activité économique sont transférés a
l'investissement privé. Celui-ci, malgré son role prépondérant, ne fait que
reproduire le modele caractérisé ala fois par une reprimarisation et par le
role accru du secteur tertiaire. Enfin, du moment que « l'industrialisation
reste la voie du développement », il est tres important de comparer le modele
chilien ad'autres expériences, y compris celles des pays membres de I'OCDE
traditionnellement exportateurs de ressources naturelles. Dans ces pays, bien
que la croissance soit engendrée par le secteur exportateur ~e produits de
base, sa continuité est assurée par une participation active de 1'Etat qui déploie
des politiques commerciales, voire protectionnistes, en faveur du dévelop
pement d'un secteur manufacturier détenant une place centrale dans le
modele. Des lors, on ne peut que s'interroger sur les fragilités du modele
chilien que la conjoncture de 1993 a mises en évidence.
Les caractéristiques
du modele
Depuis 1973, ¡la croissance de l'économie chilienne est fondée sur les
exportations de produits du secteur primaire. L'ouverture de l'économie est
spectaculaire : les exportations des biens et services représentent 12 % des
exportations totales en 1973, et 35 % en 1989.
• Des le départ, deux éléments caractérisent le modele chilien :
la libéralisation du commerce extérieur grace al'abaissement des droits de
douane, et l'absence de controle des changes et de réglementation du
commerce extérieur '. Dans un pays Ol! les droits de douane étaient en
moyenne en 1973 de 105 %, les abaisser en 1979 a 10 % constitue un
changement fondamental 2. CeUe ouverture s'accompagne d'une forte baisse
du taux de change réel. Ce qui entraí'ne une brusque désindustrialisation : la
part de l' industrie dans le PIB passe de 30 a22 % de 1974 a1981.
En dépi! de la publicité faite autour des premieres privatisa
tions de 1973-1977, l'Etat n'en conserve alors pas moins les principales
entreprises, notamment la grande firme Corporación nacional del cobre de
Chile (CODELCO) qui avait le monopole de la quasi-totalité de la production
et de I'exportation du cuivre. L'entreprise est restructurée et p1acée sous le
controle direct du gouvernement militaire. Avec I'accroissement de l'inves
l. Pour une bonne présentation de ce phénomene, ef. Manuel Agosin et Ricardo Ffrench-Davis, " La
liberalización comercial en América latina ", RevislG de la CEPALC, nU
50, aout 1993, Cf. aussi Sebastian
Edwards, « Openness, Trade Liberalization ami Growth in Developing Countries ", .lolIl'l1al o(Ecollomic
Lileralt/l'e. septembre 1993, pp. 1358- 1393,
2, Au début 1983. le gouvernernent a augmenté les droits de douane jusqu'a 20 % et ensuite jusqu'a
35 o/c" En 1985, ceux-ci ont été réduits jusqu 'a 30 % en rnars et jusqu'a 20 % en juin. En janvier 1988,
ils ont baissé jusqu'á 15 %, Le gouvernement civil a approfondi I'ouverture et les tarifs ont été réduits
jusqu 'u 11 % en juin 1991, Bien que ce ne soit pas I'objectif de ce travail, il faut signaler que le Chili
est arrivé vers la fin des années 1980 aune presque autosuffisance agro-alimentaire griice :, une politique
de protection de la production interne de produits comllle le blé, le ma'is, les oléagineux, etc. apartir
d'un mécanisme qui introduit dans la pratique des tarifs douaniers plus élevés que pour le reste de
I'économie, C'est ainsi que, dans j'accord de libre-échange signé avec le Mexique en 1991, ces produits
traditionnels ont été exclus, CL J. C. Del Bello el al" « Modelo económico y estrategia de relaciones
económicas internacionales de Chile ", FundaciÓn andina, Buenos Aires, 1992,
I
4. I
tissement, la mise en place d'une discipline de fer et d'une législation peu
favorable au travail, production et productivité augmentent progressivement.
Le rapport des ventes de la CODELCO au PIB passe de 8,6 % en 1978 a
14,2 o/c en 1989, tandis que celui des entreprises publiques passe de 24,2 % .
a34,7 o/c au cours de la meme période (cf. tableau 1) 3.
Tableau 1. Les entreprises publiques par rapport au PIS
II 11 11
venlesventes
ventes ventes
entreprises entreprises
CODELCO CODELCO
publiques publiques
en % PIB en % PIB
en % PIBen % PIB
32, 11978 24.2 8,6 1985 10,4
9,8 35,41979 25.5 1986 9,7
1987 34 .7 11.31980 24.9 8.9
1988 n.d.1981 14.619.9 5.6
n.d.1982 23,4 1989 14,27. 1
9,4 1990. n.d. 12,01983 28.2
1984 8,428.0 latine
N" l l
Source . Larr i'laga. El delicit del seClor pübllco y la polltlca fiscal en Chile. 1978-1987; CEPALC . Sanliago. ocL-déc.
19ge , CODELCO. Memona) anual, plusieurs années
No/e ; pOl,Jr 1986 el 87 11 s'agit des recelles COl,rantes des entrepflses publiques.
En regle générale, les entreprises les plus importantes. qui
ne sont pas privatisées, sont restructurées pour gagner ~n efficacité, accroí'tre
leur rentabi,lité et, surtout, leur apport au budget de l'Etat. De 1978 a1985,
cet apport passe de 5,1 % a9,6 G/o clu PIB (celui de la CODELCO passe de
2,3 ~..a3,4 %). Les entreprises publiques contribuent ainsi ti alléger le budget
de l'Etat et arécluire les imp6ts directs. Ce qui permet de payer les intérets
de la croissante dette extérieure et, surtout, de financer les transferts et
subventions au secteur privé qui passent, durant cette période, de 2,9 % a
8 % du P[B (cf. tableau 2).'
Tableau 2. Chili : la contribution au budget de l'État de la CODELCO
et des entreprises publiques
transferts et impóts des entreprises pub Iques
en % au PIB
administration centrale
(en % du PIB)
total CODELCO reste
impóts d irects
non cuivre
en % du PIB
transferts et
subventions
au secteur privé
secteur public
paiements
des intéréts
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
5.1
8.5
7,8
5,6
7,1
8,7
8,3
9,6
2,3
4,8
4,2
2,0
2,3
3,4
2.9
3.4
2,7
3.7
3,6
3,6
4,8
5,3
5,4
6,2
5,3
5,2
5.4
5,5
4.8
3,1
3.4
3.1
2,9
3.8
4,1
6,9
9.1
8,9
8,2
8,0
2,4
2, 1
1,7
1,2
2,3
3,4
4,4
5,5
Source. Larrañaga. 1990
3. En 1980, la va.leur a.ioulée des enlreprise~ publiques représenle 14.2 % du PIB, chiffre seulement
dépassé, en Amérique latine, par le Venezuela. eL Roberl Devlin (1992), " Las privalizaciones y el
bieneslar social », Rel'is/a de la CEPALC, n" 49, avril 1993, lableau 1.
Problemes
d'Amérique
1993
ehlli :
les limiles
de la crolssanc
51
I
5. La deuxieme vague de privatisations de 1985-1989 sert, pour
I'essentiel, a financer les dépenses courantes et a équilibrer les finances
publiques qui, du reste, présentent un solde excédentaire apartir de 1989.
Comme l'indique le tableau 3, de 1,975 a1990, la CODELCO
apporte 12 milliards de dollars aux caisses de l'Etat el ne consacre qu 'une
petite partie de ses revenus aux investissements innovants susceptibles
d'assurer son expansion along terme. Elle est meme « invitée ase financer
grike au crédit extérieur » 4.
Tableau 3. CODELCO : apports au budget public et investissements
milliorlS de dollars US courants
I
apports
CODELCO
au budget
1I
investissements
CODELCO
I
apports
CODELCO
au budget
II
investissements
CODELCO
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
245
432
399
368
865
1007
480
524
679
557
11 6
111
100
161
178
267
307
234
201
276
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993'
411
455
599
1 467
1961
1505
870
891
493
370
378
323
345
410
331
343
425
n d
Problemes
d'Amérique
latine
N°11
oct. -déc 1993
Chili.
les limites
de la croissance
52 Source .CODELCO, Memorlai anual, plusieurs années ; Ffrench-Davis el Bande (1989) , Fortin 'Chilean Copper
POlicy : International and Internal ASiJects', IDS Bulletin vol 17, n 4, 1986 ; Heclor Donoso. Defensa del
patrimonio nacIOnal. edil.. Confederación minera de Chile, septembre 1993.
. estimalion a part" des déclaralloos du ministre des Finances El MerCUriO. edición internacior13l, semaine du
20 au 26 janvier 1994.
..
Au cours de cette période, l'investissement public, prépon
dérantjusqu 'au début des années 1970, diminue par rapport al'investissement
privé, dans un contexte de chute importante du taux d'accumulation,
notamment en 1975 et 1982, années d'un véritable etfondrement de la capacité
de production 5,
La reprise de I'investissement, perceptible apres 1987, co'in
cide avec les résultats du plébiscite et d'autres facteurs, comme les nouvelles
/ dispositions concernant les capitaux étrangers et la conversion des titres de
la dette en actifs nationaux, La majeure partie de ces investissements est
d'origine étrangere.
De 1976, année ou le Chili quitte le Pacte andin, a 1987,
l' investissement direct étranger (lOE) augmente de 2,095 milliards de dollars,
mais reste inférieur acelui de la Colombie (3,868 milliards de dollars), pays
demeuré dans le Pacte. De 1987 a 1992, I'lOE augmente de 2,104 milliards
de dollars, c'est-a-dire davantage qu'au cours des douze années précédentes
(FMI, statistiques financieres internationales).
A partir de 1986, 011 note également une augmentation de
I'investissement de portefeuille, supérieur aI'IDE entre 1987 et 1992. Cet
afflux d ' investissements spéculatifs est a mettre en rapport avec des taux
4. Jorge Bande et R. Ffn:nch-Davis, " Copper Policies ¡Uld rhe Chilean Economy >J , NOlas {"CIlicas.
nO132. CIEPLAN, 1989, p. 40.
5. Le taux nnnuel moyen de croissance de I' investisscment inrérieur brut est de 3,7 % de 1960 ~ 1970,
11 chute ¡¡ -2,0 "4. en 1970-1979 et se rCtablit quelque peu ü 2,7 % en 1980- 1989 (eL Eanque mondíale.
« Rapporl sur le développement dnns le monde, 1981 et 19() I »).
I
6. d' intéret domestiques réels tres élevés et avec l'achat d' actions d'entreprises
nationales.
Mais, c'est peut-etre sa répartition sectorielle qui constitue
la caractéristiqlle la plu impOltante de I'IDE. Oepuis 1973, celui-ci se
concentre elans les secteurs traditionnels. En 1990, il se répartit de la maniere
suivante : 50 % dans le secteur primaire (les mines), 19,8 % ,dans le secteur
secondaire et 29,6 % elans le secteur tertiaire. Alors que I'Etat abanelonne
son role elirigeant et réglllateur en matiere el'accllmUllation, que les investis
sements privés nationaux se font rares, la libéralisation, qui veut assurer la
« meilleure répartition des ressources », laisse I'lOE reproduire le modele
d'exportation des produits de base. Il faut noter, ainsi que I'indique le
tableau 4, tIue le Chili est, avec la Bolivie, le pays de la région elont la part
de I'lOE elans le secteur manufacturier est la plus faible.
Tableau 4. Chili et autres pays d'Amérique latine. Répartition sectorielle
du stock de I'investissement direct étranger (%)
TerliairePrimaire Secondaire Tolal
Chlll
1980 41 ,2 25.3 33,5 100
1990 29,650,6 19.8 100
Pérou
1980 43,8 34,3 100
1990
21.9
34,7 34,2 31 ,1 100
Argenline
1980 14,9 22,3 100
1990
62,8
14,0 60,4 25.8 100
Srésil
1980 3,7 74,4 21,9 100
1990 2,9 27,869,3 100
Mexique
1980 17,45,1 77.5 100
1990 1,9 62,3 35,8 100
Solivie
1980 67,2 18,014.8 100
1990 71,4 13,2 15,4 100
Colombie
1980 70,7 22,96,1 100
1990 45,9 42,4 11,6 100
Venezuela
1980 1,8 61,7 29,3 100
I
1990 5,0 70,7 16,3 100
Source CEPAL-Crr. Tiré de JA f uentes (1992)
L'analyse de l'IOE provenant eles États-Unis (cf. tableau 5)
penne! el'appréhender un autre phénomene. Ce type d' investissements,
pratiquement inexistant en 1985 (88 millions de doBars), atteint 0,672 miUiard
ele dollars en 1988, 1,876 milliard de dolJars en 1990 et 2,446 milliards de
dollars en 1992. En 1992, I'IDE venant des États-Unis s'oriente en majorité
vers les secteurs bancaire et financier (56 % du total). C'est ce qui fait que
le secteur financier chilien, avosation de place importante au niveau régional,
se trouve sous le controle eles Etats-Unis. Cest ainsi que trois consortiums
de ce pays controlent 61,2 % des fonds accumulés dans les administradoras
de fondos de pensiones (AFP) (sociétés administratrices de caisses de
retraites) 6, En 1990, ces AFP possedent pour 6,8 miUiards de dollars d'actifs,
Ó. Confederación Minera de Chile, IIJ'crsián extranjera en la minería chilena (selección de text()s),
p. 7, mars 1992.
Problemes
d'Amérique
latine
N° 11
ocL-déc. 1993
ehili
les limiles
de la crolssance
53
I
7. I
soit 26,5 % du PIB. Les banques chiliennes, qui reyoivent a nouveau des
crédits a long terme, profitent des faibles taux d'intéret intemationaux pour
emprunter aux banques nord-américaines et preter ensuite al' Argentine, au
Pérou et a la Bolivie a des taux multipliés par deux ou trois 7.
Tableau 5. Stocks de I'investissement direct des États-Unis
en Amérique latine
(en millions de dollars)
1980 1985 1988 1989 1990 1991 1992
Amérique latine a 38761 28 261 53506 62 145 70752 76 214 88860
donl :
Brésil 7704 8893 12609 14 025 14268 14 882 161 14
Mexique 5986 5088 571 2 8264 10 255 12257 13330
Argentine 2540 2 705 2 597 2215 2479 2767 3353
Chili 536 88 672 1 412 1876 1 916 2446
Colombie 1012 2 148 2248 1660 1647 1627 2077
Venezuela 1 908 1588 1903 932 1 063 1 424 1 725
Pérou 1 665 1243 976 813 594 522 466
Équateur 322 36 1 431 301 278 296 310
Problemes
d'Amérique
latine
N° 11
oel. déc. 1993 Souree : élaboré á parl1r de SU0¡ey 01Currenl BUSiness (julllel 1993 el JUln 1992), US Bureau 01Economic Analysls
et Slatisllcal Abstraet o lhe United Slates, 1993, US Deo. 01Commerce,
e hili: a Lalin Ameriea and other Western Hemisphere.
les limiles
de la croissance Tableau 6, Répartition par secteurs de !'lOE des États-Unis
54 en 1992
(en millions de dollars US)
total
biens
manu
facturés
pétrole commerce banque finanee Iserviees autres
Amérique latine 88860 26 727 4 559 3 342 7 731 40537 1066 4 898
dont :
Brésil 161 14 12014 668 197 1022 1 839 94 281
Mexique 13330 928 1 777 798 325 1935
Argenline 3353 1633 499 159 430 538 60 35
Chili 2 446 257 - 191 353 1 030 408
Colombie 2077 699 596 107 10 10 -
Venezuela 1 725 1 069 179 175 111 30
Pérou 466 18 - 59 O 9 306
Équaleur 31 0 88 154 38 5 - O
Source : Survey 01 Current Business, Julllet t993,
- . supprimé alin d'evlter la divulgatlon de ehiflres de compagnies uniques ou peu nombreuses.
Les mesures essentielles qui caractérisent le modele (baisse
des droits de douane, dévaluation et baisse du salaire réel) sont non seulement
désindustrialisantes mais aussi profondément excluantes, car elles aggravent
les disparités dans la distribution du revenu. Pablo Arellano a démontré
comment la dépréciation réelle permanente signifie que, d'une part, s'opere
une redistribution des ressources favorable aux exportateurs et une plus
importante réattribution de ressources al'expoltation, et que, d'autre part,
cette dépréciation n'est pas synonyme d'accélération de l' inflation dans la
mesure Ol! celle-ci est accompagnée d'une baisse importante des revenus
réels de certains facteurs de production, notamment du travail 8. Au début
7, Cf. The Banker. juin 1993, p. 21,
8, Pablo Arellano. « Crisis y recuperación económica en Chile en los alios 80 » , Colección de E s/udios
elEPLAN, nO24, juin 19R8,
I
8. I
1992, on estime que les salaires réels n'ont pas encore retrouvé leur niveau
de 1970 9.
Ainsi, a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un
héritage redoutable, le pays compte cinq mirIions de pauvres, soit pres de
40 % de la population. Parmi les pays pour lesquels on dispose de données,
le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des disparités dans la
distribution du revenu. Alors qu'en 1968, la part du revenu national qui échoit
aux 20 % les p'lus riches de la population est de Si,4 %, en 1989, elle s'éleve
a 62,9 %. De 1eur coté, les 20 % les plus pauvres voient leur part du revenu
nationa1 se réduire au cours de la meme période de 4,4 % a3,7 %. A i'échelle
de l'Amérique latine, seul le Brésil a connu, en 1989, une situation plus
grave. Cependant, depuis 1968, ce processus de détérioration revet, au Chili,
une ampleur bien supérieure (cf. tableau 7). Les riches peuvent échapper a
l'imp'!ct de la crise grike a la fuite de capitaux JO, a,la remise de leurs dettes
par rEtat el ala réduction de l'impot direct. Les pauvres sont les plus attectés
par la réduction des dépenses sociales, dont la part dans le budget du Problemes
d'Amériquegou"ernement central est fortement réduite de 1972 a 1989.
Tableau 7. Chili et Brésil : répartition du revenu
i
ehili
1968
1989
Brésil
1972
1989
quintile I deuxieme
le plus pauVI'e 1
4.4
3.7
2,0
2,1
quintile
9,0
6.8
5.0
4.9
trolsiéme
quintile
13.8
10,3
9.4
8.9
quatriéme
quintile
21.4
16,2
17,0
16,8
latine
N° 11
oct.-déc. 1993
e hlli :Pourcentage du revenu total
les limites
cinquiéme qUlntile décile de la croissance
le plus riche le plus riche
55
51.4 34.8
62,9 48,9
66,6 50,6
67,5 51,3
Source :Banqlle mondiale. Rapport sur le dévelop ement dans le monde 1988 el 1993
Le modele d'exportation de produits du secteur primaire
n' induit, par ailleurs, que peu d'emplois dans les domaines clefs, a savoir
les mines et l'agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient, en
1992, un pourcentage de population active plus faible qu 'en 1973. Apres
1990, I'emploi stagne dans I'agriculture et décroít dans les mines en termes
absolus. Malgré une progression au cours de ces dernieres années, le secteur
manufacturier occupe, en 1992, un pourcentage de la population active moins
important qu'en 1973. Officiellement, le taux de chomage est, en 1992, de
4,8 %. Mais ce chiffre masque évidemment un taux de sous-emploi important
qui englobe Ila pauvreté et surtout 1'« extreme pauvreté ». En 1994, on estime
que le secteur infomlel occupe 40 % de la population active du pays. Un
demi-million de femmes travaillent en tant qu 'employées de maison ou
domestiques 11.
9. el'. J. C. Bello el al. . op. cir., p. 29.
10. Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 s'éleve a4.1 milJiards de dollars.
ef. P. Salama, « Fragilité des nouvelles politiques économiques en Amérique latine ". Problemes
d' Amérique laline , n° 10, 1993, p. 73.
11. The Economisl. 29 janvier 1994. En 1989, le secteur informe! urbain occupe 30 % de la population
urbaine (presque 90 % de la population totaJe). el'. R. Infante et E. Klein (1991), « Mercado latinoame
ricano del trabajo en 1950-1990 », in Rel'ista de la CEPALC, n" 45, tableau n° 4, p. 135.
I
9. I
Problemes
d'Ameri~e
latine
N° 11
oct.-déc. 1993
Chill.
les ,limites
de la croissance
56
Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continué
aappliquer ce modele, cela ne fait aucun doute. Les observateurs étrangers 12,
mais aussi les membres de l'équipe d'économistes gouvemementale, 1'0nt
reconnu. Patrico Meller, 1'actuel président de la CIEPLAN, le prestigieux
centre d'études dont soot issus les membres de cette équipe d'économistes
(Alejandro Foxley, le ministre des Finances du gouvernement sortant, a
présidé cet organisme), donne ['explication suivante : ala suite du plébiscite
de 1988, devant les bons pronostics de la Concertation pour les élections
présidentielles de 1989, la Confédération de la production et du commerce,
la plus grande organisation patronale du pays, commence arencontrer les
économistes de cette coalition afin de débattre de la nouvelle politique
économique. « L'évolution idéologique des dirigeants politiques de la Con
certation contribue également ace changement. Devant l'imminence d 'une
victoire électorale et les signes encourageants donnés par l'économie, ceux-ci
optent pour une atténuation de leur traditionnelle critique du modele précé
dent, l'acceptation des aspects positifs de la structure économique en place
et, surtout, la reconnaissance de I'importance du role de la propriété privée
et du patronat pour le développement. (...) Il se produit ainsi une association
d 'intérets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de
la Concertation. » 13
Ainsi, reprendre ce modele ason compte, c'est penser que
« le moteur de la croissance réside toujours dans les exportations » et qu'il
est « indispensable» de conserver un taux de change baso En bref, qu'il faut
« maintenir les exportations aun rythme de croissance élevé » 14.
Cependant, les exportations baissent de 7 % en 1993 et, pour
1994, on prévoit une croissance de 7,8 %. L'augmentation du PIB, qui est
de 10,3 % en 1992, tombe a6 % en 1993 pour atteindre, selon les prévisions,
4,5 % en 1994 (d. tableau 8). Jusqu' aquel point de tels résultats remettent-ils
ce modele en question? Le gouvernement formé apres les élections de
décembre 1993 se propose d'atteindre une croissance moyenne de 6 % par
an.
Depuis 1993, la diversification des exportations connaí't
également des limites: tous les prix des principaux produits d 'exportation
du Chili baissent. Cette chute n'est plus compensée par une augmentation
du volume exporté, comme en 1992. L'inélasticité des exportations jointe a
la saturation des marchés et au protectionnisme européen souligne la fragilité
d 'une croissance fondée sur i'exportation de produits de base, par ailleurs
menacée par les difficultés du marché mondial. Le cuivre est le seul atout
stable (d. infra), en termes relatif et absolu, de I'économie chilienne. Pour
tous les autres produits (les fruits, la farine de poisson et la cellulose), le
12. Tlie EIU COIII/lry Profile /993-1994, p. lO, indique: « Le gouvernernent Aylwin a conservé sans
quasiment les modifier les mesures de politique économique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS
le gouvcmemenl antérieur. » De son coté, Nord Sud Expon Consultants affirme : « De IOUS les pays
d'Amérique latine, le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation économique et financiere. Cest le
résullat d'un modele éconornique néo-Libéral adopté sous une dictature rnilitaire et grace ¡¡ son appareil
répressif. puis conservé dans sa phase de " ctoissance auto-entrelenue .. par la coalilion au pouvoir dcpuis
mars 1990, qui a donné la priorité au respeet des grands équilibres macro-économiques, sans pour autant
oublier l'apurement progressif de la delle sociale. Les opposants d'hier ont repris 11 leur compte I'économie
de marché, bien conscients de la nécessité de préserver la poule aux oeufs d'or. » (Dossier Chili, 4 octobre
1993,p.IS)
13. Osear Muñoz el al., Chile en Il"OlHicirín : estrategia económica y política, Colección de Estudios
CIEPLAN, n° 37, juin 1993, p. 110.
14. O. Muñoz el al., op. cit., pp. 126 et 127.
I
10. I
Tableau 8. Chili : évolution récente et perspectives de I'économie
1990 1991 1992 1993 1994'
PIS réel croissance en %
inflation (fin d'année en %)
exportations (millions de US $)
dont cuivre
importalions (millíons de dollars US)
balance commerciale (millions de dollars US)
compte courant (millions de dollars US)
detre ex1érieure (milliards de dollars US)
taux de change (fin d'année, pesos par dOllar)
2,1
27,3
8310
4021
7037
1 273
-0,82
18,6
337,1
6,1
18.7
8929
3617
7353
1576
93
18,0
374,5
10,3
12.7
9986
3886
9237
749
-583
18,9
382,3
6,0
12.2
9215
3500
10 209
-995
-2310
20,2
428,0
4,5
10,0
10030
3430
11 100
-1070
-2300
2 1,8
460,0
Source: The Eco omls Counlry Repar. 1992 el 1993 et ler trimestre 1994.
El Mercurio (20 au 26 ¡anvíer 1994) édition imernalionale
• pro~ ct ions
Chili n'est qu'un producteur, certes doté d' une certaine importance, mais
aussi tres menacé en ce qui concerne la demande et, potentiellement, l'offre.
De plus, au moins a court et moyen termes, les prévisions d'augmentation
des exportations de produits manufacturés proposées par certains économistes
ne tiennent pas compte du processl.lS de désindustrialisation engendré par ce
modele. Si l'on assiste a une certaine reprise de l'investissement au cours
de ces dernieres années, on De peut se prononcer, en l'absence d' information
sur leur nature, sur les possibilités d'exportatioo de produits manufacturés.
Les rapports les plus connus sur l'économie ehilienne ne font référence qu 'a
quelques projets de eréation d'entreprises relativement modestes quant aux
investissements, ee qui n'autorise pas aétablir des prévisions optimistes.
Enfin, on ne doit pas oublier que le gel des salaires, la restrierion du erédit
et de la eonsommation, ainsi que des ta x d'intéret élevés, eonséquence de
la politique de refroidissement de I'éco omie, jouent contre la production
de produits manufaeturés.
Le role de la politique
du taux de change
Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations
et dans la croissanee de I'économie ehilienne est devenu fondamental dans
les années 1980. Pour des raisons de simplicité, J'analyse est divisée en trois
périodes. D'abord, la période 1973-1981 qui se termine par une importante
appréciation. Ensuite la période 1982-1990, earactérisée par une importante
dépréeiation réelle du taux de change. Enfin, la période 1990-1993, OU l'on
constate une légere appréciation (ef. graphique 1 et tableau 9).
.<
Problemes
d'Amérique
latine
N° 11
oct. -déc. 1993
Chlli :
les limites
de la crolssance
57
I
11. Graphique 1. Taux de change effectit réel 1
(1985 = 100)
195-r-------------------------------------------------,
170
145
120
Problémas
d'AmériqMe
latine 95
N" 11
oct.-déc. 1993
Chlll : 70 -4-"-T---.----r---r-...,....-..,--..,---r--,--T"""-r--r----or----o---!
les limItes
de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993'
58 . Jusqu'en septembre 1993
Source FMI (voir tableau 9)
1 Ce taux de ctlange réel mesure le oegré de cornpétrlrvlté-prix de I'éconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays
parlerralres.Un accroissemenl de I'indice tradult une appréciallon réelle (IIne perte de compélilivité). une diminution
traduit une dépréciat;on réetle (1m gein de compétillvlté).
La période 1973-1981
Pendant ses premieres années et jusqu 'au début des années 1980, le
gouvernement Pinochet a comme objectif central la réduction de l' inflation.
La politique du taux de change se caractérise par une grande incohérence :
/ application de fortes dévaluations (1973-1975), établissement d' un taux de
change unique (1976), mise en place d'un systeme de mini-dévaluations
(année 1975 et de février 1978 ajuin 1979), et, entre juin 1979 et juin 1982,
applicarion d' un taux de change fixe qui «pervertit» 15 la libéralisation.
L'expérience se termine par une importante appréciation du taux de change
qui exprime le phénomene dll « syndrome hollandais » 16. En 1981, le déficit
en compte courant atteint un record puisqu'il se situe a 14,5 % du PIB. En
1982, le gouvernement réllssit aramener l'inflation a9,9 % (elle a atteint
presque 500 % en moyenne en 1973-1974) ; cependant, le Chili sombre dans
15. Cest ainsi que le définit Bela Balassa (1985), Chal/ge (Ind Chal/elige il//he Wor/d Ecol/o/lly. p. 180
CEssay 8,« Polie)' Experiments in Chile », 1973-1983, MacMillan).
16. Lance Taylor montre comment une disponibilité accrlle des ressources extérieures Ce!' les années
1979-1981 dans le t¡¡bleau 9) peut eonduire a une appréeiation de la monnaie et it une contraction lallt
des exportations que de I'aetivité éeonomique interne el cela en fonction de I'arrivée des importmions
coneurrentielles. ns'agit done d' un cas spécifique de« Dutch disease )} qlli peut intervenir dans les pays
surendettés ou qui re~oivent , suite ades circonstances particulieres, des capitaux extérieurs trop abondants.
Voir notammcnt L. Taylor (1991),« Economjc Openness : Problems to lhe Century's End » ill Ecol/omÍ('
Liberaliza/ion.' " No panacea ", Tario Banuri Edit., Oxford and New York, Oxford University Press.
I
12. /
une terrible dépression avec les graves conséquences économiques et sociales
qui en découlent.
La période 1982-1990
Entre 1982 et 1988, la dépression réelle devient l'instrument pour améliorer
la balance des paiements et rétablir l'économie apartir de la croissance des
exportations. Le systeme de taux de change fixe est abandonné en 1982 apres
une dévaluation traumatique, et un systeme d 'ajustement quotidien par
rapport au dollar est introduit. Cela n'empeche pas de réaliser une maxi-dé
valuation en 1984 ainsi que quelques mini-dévaluations. De 1982 a1986, la
dépréciation réelle suit I'amélioration de la compétüivité-prix du cuivre face
ala chute des prix intemationaux. Le Chili parvient meme aaugmenter ses
recettes d'exportation ü partir d'importantes augmentations du voJume
exporté. La dépréciation réelle stimule aussi les exportations d'autres produits
de base. 11 ne faut pas oublier que le gouvernement, adepte du laisser-faire,
réalise des investissements dans les mines de cuivre et continue d'encourager
la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche, comme l'ont
fait les gouvernements précédems.
On estime que la dépréciation réelle entre 1980 et 1987 est
de 'ordre de 60 %, dont plus de b moitié compense la chute des prix
internationaux, et le reste peut etre considéré comme un gain net de change
pour les exportateurs.
.Le systeme adopté par [e Chili depuis le fin de 1982 est celui
d'un taux de change « administré ». La Banque centrale fixe un « taux de
change de référence » qui est dévaJué chaque jour en fonction du différentiel
entre l' inflation domestique du mois précédent et une estimation du taux
moyen d' inflation dans les principaux pays partenaires du Chili. La Banque
centrale achete (ou vend) les quantités qui sont offertes (ou demandées) par
les banques commerciales pour les transactions autorisées ii un prix 2 %
au-dessous (ou au-dessus) du prix de référence. Le taux de change pour les
transactions autorisées flotte librement aI' intérieur de cette marge.
Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir
depuis 1988 co'lncident avec la récupération des prix intemationaux et,
surtout. avec un flux de capitaux extérieürs tres importam (cf. tableau 9).
La période 1990-1993
L'appréciation réelle du taux de change constitue un probleme qui retient
l'attemion du nouveau gouvernement, car ce phénomene affecte les expor
tations et la croissance de J'économie. Cette situation, enregistrée depuis
1990, ne semble avoir été contenue par le gouvernement que jusqu 'ii la fin
de 1993 (cf. tableau 9 et graphique 1).
Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa
croissance. Depuis la fin des années 1980, un important flux net de capitaux
étrangers, en majorité spéculatif, exerce une pression ala hausse du taux de
change (cf. tableau 9). L'économie est affectée, a l' instar du phénomene
Problemes
d'Amérique
latine
N° 11
oct.-déc. 1993
Chili.
les limites
de la croissance
59
/
13. I
Tableau 9. Chili : mouvements nets de capitaux et taux de change réel
Problemes
d'Amérique
latine
W11
oct.-déc. 1993
ehi li'
les limites
de la croissance
60
mouvements
net de capitaux
en millions
de dollars US
Indice
du taux de change
errectir réel
mouvements
net de capitaux
en millions
de dollars US
Indice
du taux de change
erfectif reel
1977 682 n.d 1987 1005 78,4
1978 1854 119,2 1988 1 107 73,3
1979 2261 120,5 1989 1656 75,0
1980 3341 14 1,1 1990 3075 72,9
1981 4942 171,5 1991 1404 75,1
1982 1027 155,0 1992 3487 79,5
1983 600 126,3 1993 2890 80,2'
1984 2210 124,0
1985
1986
1240
883
I
100,0
84,5
Source .CEPALC, FMI -IFS
• au 3" trimestre
survenu au début des années 1980, par uné sorte de « maladie hollandaise ».
Cela constitue, en réalité, une rupture de l' un des piliers du modele
économigue. C'est la fin de la dépréciation réelle du taux de change, comme
facteur d'amélioration de la compétitivité-prix, gui stimule les exportations.
Les exportations sont livrées aux exigences du marché mondial et ü sa
compétitivité-cout, c'est-a-dire aleurs avantages comparatifs naturels.
Pour contenir l'appréciation du taux de change et éviter
II'accélération de l'inflation, le gouvernement expérimente toute une série de
mesures concemant les flux de capitaux étrangers. La Bangue centrale décide,
ala mi-1992, d'utiliser un taux de change flottant dont la parité n'est plus
le dollar, mais un panier de monnaies. Ce panier détermine une valeur centrale
par rapport au dollar, gui varie dans une fourchette de 20 %, avec un flottement
impur ou sale (dirty[loat) relativement aclif 17. Des mesures restrictives pour
les capitaux spéculatifs 3 court terme sont prises, 'telles l'augmentation des
encaissements obligatoires et l' imposition de taux d 'intéret plus faibles pour
les capitaux entrant pour moins d'un ano La Bangue centrale procede
également a des achats de devises gui vont augmenler les réserves en
monnaies étrangeres. Mais, pour éviter le gonflement de la masse monélaire
el les risgues d'inflation, on mene des actions de stérilisation en vendant sur
le marché ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout
1993). De la meme maniere, on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu '3
, 3 % de teurs actifs a l'étranger et on prend des mesures d'encouragement
aux investissements chiliens a l'élranger (fin 1993, les investissements a
l'étranger représentent 1,445 milliard de dollars, dont 73 % sonl placés en
Argentine).
Les chances de succes du gouvernement sont limitées par
les conelitions du marché financier et le niveau eles taux d'intércl. Si le marché
n'absorbe pas la totalité des liguidités disponibles aux taux en vigueur, la
Banque centrale eloit augmenter les taux d' intéret. « Il se produit alors un
conflit á court terme entre li'incitation a l'exportation el 1'incitation a
l'investissement. » 18
Fin 1993, la hausse du taux de change semble contenue. Mais
les effets de ce phénomene ne se font pas sentir seulement au niveau des
exportations. Les importations sont également affectées. Au milieu de 1993,
1'économie chilienne se trouve en état de surchauffe (overheating) et d'exces
17, er, Agosin el Ffrench-Davis, op. cir., p, 49.
18. O. Mufioz el alii (1993). op. cit.. p. 117.
I
14. des dépenses. Le gouvernement doit agir sur ¡'un des postes de la dépense,
mais cela n'est guere aisé. On procede a la hausse des taux d' intéret et au
controle de la masse monétaire, en vue de la limitation de la consommation
et des importations.
L'appréciation du taux de change, a partir de 1990, se produit
dans un contexte de chute du prix des produits pour l'exportation qui, en
1993, ne peut etre compensée par une augmentation du volume des expor
tations. Cette année-la, la valeur des exportations diminue pour la premiere
fois depuis 1981.
L'appréciation du taux de change, la croissance économique
et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation
impressionnante du volume des importations. L'augrnentation des importa
tions de 1990 a1992 est le refIet de la surchauffe de l'économie. Pour cette
péríode, il faut noter l'énorme augmentation des importations de biens de
consommation : 104.7 %, chiffre tres supérieur acelui de l'augmentation des
importations de biens d'équipement (20,7 %). La faíble croissance du vo]ume
des biens d'équipement dans une structure économique Ol! le modele
néo-libéral a pratiquement détruit l'industrie des biens d'équipement, peut
servir d' indice pour mesurer I'augmentation de J'investissement productif
(cf. tableau 10).
Tableau 10. Chili : importations FOB 1987-1992
(millions de dollars US)
Problemes
d'Amérique
latine
N° 11
ocl.-déc .1993
Chilt :
les lim'lles
de la croissance
61
/
augmentation
1987
1992
1990-92
(en %)
1988
1989
1990
1991
- -,
biens de consommation 584
894 826
1 136
1691
104,7
biens intermédiaires
563
4449
5 176
27,9
biens d'équipement
2228
2822
3666 1 4046
1317
191 72130
1840
2571
982
20. 7
total
37,74023
4924
6494 7023
7453
9670
Source . Tho E /. u. eoun/rl' Proti/e. e nife. 1993-94 ; FMI-IFS novembre 1993.
Le cuivre :
le désengagement de l'État
et le retour des multinationales 19
1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminué
en passant de 75,6 % en 1970-72 a47,9 %en 1989-90. Néanmoins, ce produit
et le secteur minier en général continuent d'etre le premier fournisseur de
devises (55 % des exportations en 1989-90). C'est pour cela que l'évolution
de l'économie reste étroitement liée ala fluctuation des prix du cuivre et
c'est ainsi que la forte hausse des prix de ce métal observée a partir de 1986
a aidé d'une maniere importante au processus de récupération de l'économie.
19. Cette panie, sallf mention contraire, eSl basée sur les sources suivantes : Confederación minera de
Chile. 1992. op. cit. ; The E.l. U. COUl1ll'y Pl'oftle el Coulllry Report, plusieurs numéros; Tile Mewl
Bul/elill. plusieurs numéros; The Fillancia! Times, plllsieurs numéros ; Latil/ American Economy l/lid
Business. plusieurs numéros.
I
15. I
Problemes
d'Améri'llue
latine
N° 11
ocl.-déc. 1993
e hili .
les limites
de la crOlssance
62
Selon les demieres prévisions, en 1994, le cuivre vaudra 80
centavos la livre, prix inférieur a la moyenne de 88 centavos en 1992. Pour
le Chili, chaque cent de différence entralne, a l'exportation, une perte de 22
millions de dollars par ano
Les probJemes structuraux du cuivre subsistent : a une
croissance lente de la demande mondiale viennent s'ajouter une accumulation
considérable de stocks et les ventes « sauvages » des ex-pays socialistes.
C'est pourquoi, en supposant meme que le Chili profite de I'amélioration de
la situation dans les pays de I'OCDE, ses ventes resteront stationnaires en
1994 (cf. tableau 8).
Ce n'est qu'a partir de 1995 que I'on prévoit une reprise de
la demande et des cours internationaux. A moyen terme, la production du
Chili va connaltre une augmentation considérable : 2 millions de tonnes d'ici
a 2001 (de 1,4 million a 3,4 millions detonnes). Le secteur privé réalisera
60 % de cet accroissement. La stratégie chilienne, qui va contribuer aexercer
des pressions sur l'offre, vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts
élevés dans le reste du monde, mais elle risque d'avoir de sérieuses
conséquences pour I'entreprise publique elle-meme. Alors que la consom
mation mondiale doit augmenter de 20 % de 1991 a 2000, la production du
Chili doit progresser de 86 %.
Il faut noter que la quasi-totalité des mines de la CODELCO
se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur
des gisements, de la chute de la productivité et, par conséquent, de l'aug
mentation des coCtts. Fin 1993, le coCtt moyen de production de la CODELCO
est de 69 centavos la livre de cuivre, juste au-dessous des 74 centavos, prix
de la livre sur le marché mondia!'
En revanche, dans les mines du secteur privé, le coCtt de
production est extremement bas (cr. infra) : 45 centavos pour La Escondida,
52 centavos pour Zaldivar, 40-45 centavos pour El Abra.
Tout ceci signifie que d'importants changements se sont
produits, qui découlent de la privatisation de la production chilienne et de la
perte de poids de la CODELCO. On a sacrifié un programme efficace
d'expansion qui aurait abandonné les mines moins rentables et mis progres
sivement en exploitation des gisements de réserve grace ades investissements
adéquats, pour cantonner cette entreprise dans un róle de pourvoyeuse de
rente. Depuis les années 1970, la CODELCO n'exploite plus de nouveaux
sites bien qu'elle dispose de tres riches gisements 20. S.i bien que cette grande
entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts élevés et, par
conséquent, de faible rentabilité, alors que les mines sous contróle des
multinationales réalisent I'essentiel de la rente minü~re.
En 1993, la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 %
alors que l'apport du cuivre aux ressources publiques chute de 44,7 %. La
réduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement
El la chute du cours mondütl, mais aussi ala difficile situation de la CODELCO
et, surtout, a la participation des multinationales El la production et ala rente.
En 1993, les exportations de cuivre représentent 3,420 milliards de dollars,
dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 %). En
1980, alors que I'Etat contróle pratiquement toute la production de cuivre,
20. Cf. Héctor Donoso Rojas, Defema del patrimollio I/acional, Confederación minera de Chile,
seprembre 1993.
I
16. les exportations de ce minerai atteignent 2,153 milliards de dollars, dont
1.006 milliard de dollars revient al'EtaL
, En 1993, I'État controle un peu plus de 54 % de la production.
En 2000, l'Etat n'en controlera plus que 32 %. Si les joint-ventures se
concrétisent, la participation de la rente miniere aux finances publiques aura
encore perdu en importance.
Dans le secteur minier, I'IDE est stimlllé une premiere foís
par la libéralisation des dispositifs en vigueur depuis les années 1980. La loi
18 248 de 1983 prévoit une « concession pleine » qui institue des garanties
exceptionnelles pour les investisseurs. L'éventualité d'une nationalisation est
« impossible » 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire
la valeur actuelle de la totalité des futurs cash-flows. De la meme maniere,
la conversion des titres de la dette en participation d'entreprises nationales
sert aI'achat de quelques mines. petites et moyenl1es, apartir du milieu des
années 1980. Cependant, les contrats les plus importants, qui concernent les
plus grandes multinationales du cuivre, sont signés apartir de 1988 et ne
de;iennent effectifs que sous le régime civil.
Le plus important d 'entre eux, paraphé en 1988, concerne la
mine La Escondida. 11 s'agit d'un projet de 1,4 milliard de dollars pour
I"expioitation d'un immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai
d'une teneur de l,5 % en cuivre. Des multinationales de plusieurs pays y
participent, avec un financement également multiple.
La propriété de La Escondida se répartit de la maniere
suiyante : Broken Hill (plus grande entreprise publique d' Australie), 57,5 % ;
RTZ (Royaume-Uni, le plus granel conglomérat du secteur minier), 30 % ;
JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi), 10 % ; lnterna
tiona! Financial Corporation (IFC, de la Banque mondiale), 2,5 %. Cette
exploitation, gui réalise les couts de production les plus bas (45 centavos),
doit produire, en 2000, c!avantage que le site de Chuquicamata, la pLus grande
mine de la CODELCO. En 1993, elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre
rafTiné et a rapporté aux finances publiques environ 100 millions de dollars.
Cette meme année, pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites. la
e ntribution de CODELCO s'éleve á 174 millions de dollars.
La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement
/ il chercher d'autres sources de revenus, c! 'autant plus qu'il ne semble pas
' uloir ré'iser les conditions libérales d'exploitation failes aux capitaux
étrangers. Pour !'heure, cette situation se traeluit par une diminution de la
rent publique et une augmentation des services financiers en terme de compte
courant. étant donné que les entreprises minieres commencent averser a
I"exléricur d'importants bénéfices et paiements d'intérets pour amortir lem
financcment.
Depuis 1990, le gouvemement civil n'a procédé aaucune
modification substantielle. La CODELCO n'a pas cessé de décliner. La
production stagne depllis 1991. Selon les prévisions, il en ira de meme
jusqu'en 1997 12 , Rien ne garantit une reprise postérieure dans la mesure ou
le gouvernement ne paraí't pas décidé aexploiter directement les réserves de
la CODELCO et OL! il privilégie la formule du joint-venture. Fin 1993, une
21, H. Dunoso. op. cit.
22. ,-meliürer la compélilivilé-coGI de la CODELCO dépend de l'inrroductioll de Ilouvelles technologies
que le pa~ . ne produit paso Cest ainsi 4u'on a appris. en septembre 1993, la mise au point d'un systeme
Hydromet de pruduction de cuivre quí réduit jusqu'¡¡ 60 % les co(lts de production actuels.
Problémes
d'Amérique
latine
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ocl.-déc. 1993
Chil, .
les lim'les
de la CrOlSS¡¡nCe
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d'AmériClue
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e hili :
les límites
de la croíssance
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¡
compagnie canadienne, Cyprus-Amax Minerals, emporte les encheres pour
obtenir une participation de 51 % dans l'exploitation de la mine d 'El Abra
(projet de 500 millions de dollars, 120000 tonnes de cuivre par an). Une
formule identique sera, semble-t-il, utilisée dans le cas de la mine de
Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars, 150000 tonnes par an
produites aun coGt de 35 centavos la livre !). C'est, en tout cas, ce que I'on
peut déduire d'une déc1aration de J. Bande (aujourd'hui vice-président de la
CODELCO) : « Les résultats d'EI Abra éclairent d'un jour nouveau Rado
miro Tomic. (...) Cela nous conduit vraiment apenser qu' il serait plus adéquat
d'utiliser la formule du joinl-venture pour ce projet. » (Financial Times,
15 octobre 1993).
Néanmoins, en 1989, J. Bande el al. écrit : « Dans le cas
d'une victoire de l'opposition aux élections, la politique du cuivre subira
quelques modifica~ions. Le gouvemement démocratique consolidera la
participation de l'Etat dans l'industrie du cuivre et appuiera les projets
d'expansion de la CODELCO. Mais ces projets se verraient révisés dans le
cadre d'une stratégie électorale offensive. Pour ce qui est de l' investissement
étranger, les principaux partis d'opposition acceptent sa présence dans
l'industrie du cuivre, mais ils envisagent également d'étab1ir des conditions
pour une répartition plus équitable des bénéfices entre les investisseurs
étrangers et le pays. lis pensent auss,i renégocier un certain nombre d'accords
conclus par le gouvernement militaire. » 23
Un autre important projet d'exploitation du cuivre conceme
la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans
lequel la principale firme nord-américaine du cuivre, Phelps Dodge, action
naire majoritaire (80 %), esl associée aSumimoto pour produire 120000
tonnes de cuivre ratIiné. 11 s'agit pratiquement du seul projet (envergure
dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis.
C'est la une grande différence par rapport ala période antérieure a1973 ou
deux firmes nord-américaines contralaient l'industrie du cuivre.
Projet moins important sur le plan financier, mais non pas
sur le plan technologique, le conglomérat d'Etat finlandais Outokumpu
participe al'exploitation de la mine de Lince (20000 tonnes). Ce dernier,
deuxieme producteur mondial de produits manufacturés de cuivre, a équipé
le site de Chuquicamata d'un Iype de four spécial (flash). La plus importante
participation d 'Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions
de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en
1997.
Une autre des caractéristiques des plus importants projets
d'exploitation du cuivre attribués par le Chili sous forme de concession a
des entreprises multinalionales (a l'exception des sites de Los Bronces el
Los Pelambres) est que lous sont situés sur des territoires ayant appartenu a
la Bolivie et au Pérou jusqu'a la guerre du Pacifique, ala fin du XIXesiec1e.
On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu,
notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces ala mer ainsi que la
province ou se trouve aujourd'hui le site de La Escondida 24. De surcroít, le
23. J. Bande el R. Ffrench-Davis,« Copper Policies and the Chilean Econorny ». Notos técnica~, nO 132,
CIEPLAN, 1989, p. 106.
24. Jorge Escobar Cusicanqui. dans son Historia diplomática de Balirio. étend les droits historiques
de la Bolivie jusqu'au 25° 37 de latitude Sud. c'est-a-dire jusqu'au Salado (pres du Paposo). Cf. pp. 70
et 7 I dc la deuxiémc édition. Impresiones Unidas. La Paz.
I
18. régime militaire chilien a fait adopter une loi, toujours en vigueur, stipulant
que 10 % des ventes réalisées par la CODELCO reviennent aI'armée « pour
payer ses achats d'amlement » 25.
Jusqu'a la fin du siecle, la CODELCO doit faire face a une
restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou
meme totale) de quelques mines. ta grande mine de Chuquicamata, par
exemple, doit réduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d 'ici a 1995.
Cest l'occasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur l'activité
productrice intérieure, notamment en terme d'emploi (ce secteur représente
1.8 % de la population active). Par ailleurs, entre 1989 et 1992, le nombre
de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000. La mine
de La Escondida n'emploie que 1 000 personnes.
En résumé, ¡'un des changements perceptible~ dans l'écono
mie chilienne conceme la réduction de la participation de l'Etat au secteur
minier du cuivre par le biais d'une forme de privatisatjon de la production.
Ce qui signifie une perte d'importance du monopole d'Etat de ia CODELCO
qui. dans le meilleur des cas, s'associe ades entreprises étranger~s. Cela
entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant aI'Etat, qui
'Oil ainsi se tarir une source importante du financement des dépenses
publiques.
La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la période
p , édant les années 1970. A ceci pres qu'aujourd'hui, l'Etat s'associe aux
mulLinationales et que les plus importants projets cI'exploitation miniere sont
ntrólés et/ou financés par les plus granels consortiums ou syndicats miniers
' 1 bancaires du monde entier. De maniere plus évidente encare, les nouvelles
fonnes el' investissement (NFI) 26 bénéficient, au Chili, de toutes les garanties
t uchant ala propriété et aux conelitions faites aux capitaux étrangers face
ad 'éventuels changements politiques 27. La relative concentration de l'IDE
..'I!'xplique essentiellcment par les avantages naturels offerts, á savoir eles
re. fV s importantes el eles gisements de qualité, et par les faibles risques
" i Lants. Mais elle s'explique aussi par les graves crises économiques et
litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays produc
leu]'. en voie de développement, le Za'ire, la Zambie et le Pérou.
Il faut noter aussi que la présence au Chili des plus grandes
multinalionales du cuivre 28 semble obéir aune stratégie de diversification
I d I"iruplantation géographique et de recherche de la sécurité en ce qui
Qn "'ro ' I s sources d'approvisionnement 29. Cest ainsi que, par exemple,
RTZ e l implanté dans plus de qunrante pays, et Cyprus-Amax Minerals
ienl f acheter la mine de Cerro Verde <tu Pérou et cherche aobtenir, en
" T't Efe CO/lnlr." Report, 2' trimestre 1993.
26. O . C1uJrles Oman. L~s 11001l'elles formes ({illl"l'Slissl'menl dalls les indllslries des pa)'s 1'11
rl "I'/'tl/WIII, OCDE. Centre de développcment. 1989.
, - L·e. p<'rit'ncc chilienne récente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui écrit en 1990 :
le _rnnds projcts (miniers, NdA) pour l'exportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu d'avenir.
crer U~, ~)rérations colllpétitives au plan international dans des pays rentiers est devenu plus difficile. »
'1. L';/. <'SlIHemel1lll1illier el métallllrgiqlle dalls le I¡e/'S /l/ol/de. Lafil/ de" grands projels, p. 41, OCDE,
Cenm de ú eioppcment. 1990.
28. 'cc>mpris celles 4ui snnL revenucs apres leur expropriation par Allende: KennecotL, qlli appartient
auj, uro'hui iI RTZ. I'un des propriétaircs de la mine La Escondida, et Anaconda qui a acheté la mine de
Ll" Pc/;1Il1 re dans les années 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) selon la formule de dehl·eqllily swa/J, avant
de la reemlre au groupe chilien Lusik.
29. t'. Cannine !appi. Le cui're. Cyciope-Economica, 1990.
Problémes
d'Amérique
latine
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Chili
les limites
de la croissance
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ei " "
les limites
~" la c roissarc:J
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Argentine, l'exploitation du gisement de cuivre et d'or de Bajo de la
Alumbrera.
5taple theory,
ouverture et perspectives
Les deux plus grands succes de I'économie chilienne de ces dernieres années
ont trait au controle de l'inflation et aI'élimination des déséquilibres des
finances publiques. Malgré les taux de croissance élevés obtenus récemment,
les résultats sur le long terme sont plutot modestes. Sous le régime de
Pinochet, de 1973 á 1989, le taux de croissance moyen annuel n'est que de
2,9 %, chiffre tres inférieur, par exemple, acelui de la Corée du Sud (8,3 %).
Les différences entre la stratégie chilienne et celle des pays
du Sud-Est asiatique sont connues. 11 existe quelques similitudc , puisqu' il
s'agit d'expériences de croissance fondées sur les exportations el conduites
par des régimcs autoritaires. Mais la croissance asiatique repose sur des
exportations de produits manufacturés accompagnées d'une restructuration
permanente de la production, de I'acquisition progressi~e d'avantages com
paratifs dynamiques ainsi qu'a I'action décisive ele l'Etal sur la politique
commerciale et le taux de change. Mesures tres souvenl foIl éloignées de
l'orthodoxie dans ces matieres l O.
Comme 1'0bserveJ. Sachs, I'expéricnce du Sud-Est asiatique
suggere qu 'une politique d'encouragement des exportations peut etre menée
abien (et ele fait, telle est, peuH~tre, la seule maniere d'y parvenir) par un
gouvernement dirigiste, meme si ce demier exerce un contrólc slrict des
importations et s' il soumet le marché des capitaux a une réglcmentation
rigide 11.
Dans le cas du Chili, on peut etre tenté d'établir un parallele
avcc les expériences el'exportation de ressources naturellcs menées par le
Canada et I'Australie, fondées sur ee que I'on elésigne sous le nom de stop/e
theory du eléveloppement :2. Ma,is iI ne faut pas oublier un certain nombre
de facteurs essentiels. Entre autres, le role du secteur primuire pour fnvoriser
l'accufnulation dans d'nutres secteurs (notamment l' industrie) et, surtout,
l'aetion de l'État en matiere de protection douaniere et de politique commer
ciale dans le but d'cncourager le développement industrie!. Dans la situation
chilienne. on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour
justifier la stratégie d'exportation ele proeluits du secteur primaire. Des pays
comme la Norvcge el la Nouvelle-Zélanele (le quart de la population du Chili)
ont, en effet, suivi une politique de développement inelustriel malgré leur
grande dépendance vis-S.-vis des exportations de produits du secteur primaire.
Actuellemenl. la Nouvclle-Zélande développe activement son industrie de
30. Sur le cas coréen, cL Mario Lanzaroni, L" Code IIu Sud : ulle sonie Ju sOlls-Jr'l'¡ofJpemel//, PUF,
1992: J. Mahon. « Was Latin Amcrica too Rich to Prosper') » il/ The .ful/mo! o( De"e!opmel/t S/udies.
nO de janvier, reproduit itl Pro/J/¡'mes écol/omi<¡l/es, n" 2289. 11 novembre 1992, sous le tilre « Slratégies
d'industrialisation : une comparaison entre l'Amérique laline et I'Asie du Sud-Est».
31. Jeffrey D. Sachs, « Políticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al
crecimiento », p. 79, Es/uJios ecol/lÍmicos. L 3, nO 1, janvier-juin 1988. Mexico.
32. Stephen R. Lewis, Jr. (1989) en fail une bonne présentation dans « Primary Exporting Countries »,
in H. Chenery et al.. Halldhr;ok ol De'e/opmem EcollolI/ics, t. n, Elsevicr Science Publishers B.V. En
fran<;ais, ef. A. Sid Ahmed, Ecollomie de l'industria/isa/ion (¡ par/ir des ressources nature//es (fBR), L 2,
Publ isud, 1989.
I
20. I
biens e1'équipement, et son industrie automobile a produit 124000 unités en
1985 (12000 seulement au Chili en 1991).
Au Chili, la reprise du modele économique de la dictature
peut eontrainelre a prenelre quelques virages théoriques. Au cours e1'une
récente intervention, aParis, P. Meller, apres avoir prononcé l'éloge de la
stratégie d'exportation des ressources natureUes, s'intenoge : « Quel mal y
a-t-il a exporter eles ressourees naturelles ? 100 millions de dollars de
ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de
proeluits manllfacturés ? » 33 .
La question soulevée par le modele ele la staple theory sans
stratégie el'industrialisation. c'est que la spécialisation ele la proeluction de
ressources naturelles renel I"éeonomie plus sensible ala demande mondiale.
Des étlldes économétriques néo-classiques permettent meme ele soutenir que
les exportations de prodllits manufacturés ont un plus grand impact positif
:-ur la croissance que les expo11ations ele produüs e1u secteur primaire.
L'cxplication réside, en grande partie, dans l'absence d'externalités favora
ble.. á ('exportation de produits de base :14. Le cas e1u Chili est complexe, non
selllement paree que ce pays exporte. pour l'essentiel, eles proeluits e1u secteur
primaire. mais aussi paree que la part des exportations dans le PIB est plus
imp nante que dans la majorité eles nOllveaux pays industrialisés (NPI) et
dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base. De 1970 a1992,
In part des exportations chiliennes de biens et services e1ans le PIB passe de
1.- LI .' 6 %. En revanche, elle passe. pour la meme période, ele 14 a29 % en
e I e. ele 9 a11 % en Argentine et de 23 a28 % en Nouvelle-Zélande 35.
Au Chili, de 1990 a1993, l'appréciation du taux de change,
la li éralisation accrue de l'éeonomie ainsi que les mesures menées ~ COUrt
t rm pour freiner l'inflation et la détérioration des comptes de l'Etal ne
n tituent pas le caelre le plus adéquat pour envisager le passage ala phase
de transformation des produits de base. De tOllles les fa<;ons , l'appréciation
..eeHe e111 taux de change porte préjudice aux exportations non traditionneHes,
p:mi lllierement élastiqlles par rapport al'évolution du tallx de change 36.
Dans le cas chilien. le modele es! aI'évidence désindustria
ti am. En 1990, ala fin du gouvememcnt Pinochet, le sccteur manufacturier
rep . ente encore 20,6 % du PIB. Cest ainsi, par exemple, que le secteur
de la pr uction de biens d'équipement a pratiquement disparu :17. Actuelle
nI . la lransformation du cyivre raffiné dans le pays ne représente pas meme
de la production nationale.
Pour toutes les raisons déja mentionnées (baisse du taux
llmulation, désindustrialisation. explosion du secteur informel urbain,
e rimarisation des exportations, etc.), il est difficile de souscrire au quali
ti atif de " révolution capitaliste » e10nné ala période Pinochet 3~.
.C'I' nti>n <tu séminaire du GREITD aI'JEDES, Université París l. le 1I février 1994 (enregis
.1> " (cller et A. Foxley sonl considérés comme " néo·structuralistcs » par Miguel Ramírez, dans
l< l/titulé" Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America : a Neostructuralist Perspective », ill
v/ Eomomic Issl/es, vol. XXVII. nO4, décembre 1993. CL p. 1 026 et 1 029.
I R. Sprout.« El pensamiento de Prebisch ». p. 195, Rel'isla de la CEPALC, n° 46, avril 1992.
B ue mondiale, Rapporr .1'1/)' le dél'e!0PIW!I/('1l1 dOlls le mOllde, /993 .
I I'ana l~ se de la situation récente C1U Chili réalisée par M. Lanzarotti ( 1993), « Les conditions
~I(ppement économi4ue duraple : un cadre de rétlexion » , in L'Amé)'iql/e larine : l'eJ'S la
UlU"'''CT'''''', l . Ian lues-Pcreira (coord.l, Editions Complexe, Belgique.
t:k 19-n f¡ 19SR. la part de la branche machines et matériel de transport dans la valcur ajoutée du
r m:mufa turier a chuté de 1J '!c. ü 4 %. el'. Ball4ue mondiale, Rapporl sur le développernelll dans
• 19':)1.
Problemes
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ehili.
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S'il est vraí que s'est produite, au cours de ces dernieres
années, une augmentation globale du taux d'accumulation, ríen n' indique
(cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caractéristiques
du modele économique actueL Par ailleurs, il est difficile d'imaginer le Chili
menant une politique índustrielle dans le contexte d 'une libéralisation extreme
du commerce_
En 1990, le gouvernement civil a décidé de suívre le modele
existant et ses préoccupations essentielles ont été de maintenir les équilíbres
macro-économiques et de résoudre les probIemes posés par I'excédent net
de capitaux étrangers_ Par ailleurs, grace a sa politique des salaires (notam
ment l'augmentation du salaire minimum) et, surtout, grace a son programme
social, il s'attaque a I'une des conséquences essentielles du modele écono
mique et de la politique du régime mi'litaire : le nombre de pauvres serait
passé a4 millions ala fin de 1993. Cependant, la réduction du rythme de la
croissance peut remettre en question :Ia poursuite de ce programme qui ne
vise qu'a combattre l'un des effets de ce modele.
L'année 1993 met en évídence les limites du modele et de
la diversification des exportations. Ces dernieres ne font que renforcer lellr
primarisation : elles sont constituées a90 % par des ressources naturelles.
S'il est vrai que le pays présente les meilleurs avantages comparatifs au
niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre
en lente évolution, il est moins bien placé en ce qui conceme d' autres produits
(fruits, farine de poisson, en particulier) .19, car la concurrence d'autres pays
de l'hémisphere Sud peut s'accentuer atout moment.
La dette extérieure du pays a été réduite de 11,3 milliards de
dollars grace asa conversion en actifs nationaux de 1985 a1992 ; mais elle
augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985, soit 20
milliards de dollars. La récente hausse des taux d'intéret internationaux 40,
bien que légere, vient rappeler que 78 % de la dette [otale ü moyen et long
termes est ataux variable. La situation est délieate, jJuisque la hausse semble
bien continuer 41.
Un autre probleme peut affecter 'i'économie chilienne : la
hausse du prix du pétrole. La dépendance du Chili s'est accrue : tlujollrd'hui,
38. CL « Chilí : échec dll monétarísme périphérique ». C. Ornínami. p. 130, 1986, in ClIpitalismes de
.fin de siécle, R, Boyer. PUF: Crois.w/IIce er s/IIgnarion (j{1 Chili : é/émems /)OlIr f'érude de /0 régu/ariol/
dans III/l' écol/onlir sOlls-déve/oppée. C. Ominarni, 1980. pp. 350 et 387. Ihese de .1' cycle. Univers ité
de Paris X-Nanterre : Elperimel1fos neo/ibera/es en América larilla, p. 91, Fondo de cultura económica,
México.
39. CL Cye/(}!,,, /993 , Les marché.> /I1olUliaux. sous la direetion de Ph. Ch,lImin er (JI., Econorniea
(1993).
40. O'une maniere géné,ale, I'intérct que les banques pen,oivent sur leurs prets aux pays en
développcment est lié aux taux interbancaires sur le marché de Londres (London [merbank Offered Rate
(LIBOR) ) ou taux d'intérét que les banques commerciales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs
prets en dollars. En raison de 1'arbitrage sur le marché de~ actifs, le LIBOR est détermíné principalemcnt
par les taux d' intéret sur les actifs en dollars localisés aux Etats-U nis. Le changernent récent de la politiljue
nord-américaine, notamrnent les hausscs des taux sur les fonds fédéraux dc 3 ele:. ~ 3,25 % du 4 février
1994, cxerce un impact direct et au[omatíque sur le LIBOR. Pour un dévcloppcment sur ce sujet, eL
/wernatiol1o/ Ecollomics, Thcory !l1/{/ Polin', P R. Krugman et M. Obsrfeld. chapo 23, third edition,
Harper Collins, [994.
41. « Pour assurer la poursuite d'une croissance réguliére, I'histoire nous apprend que k s taux réels i
court terrne dcvraient plUlot dans I'avenir augmcnter que diminucr » déclarait récemrnent le président de
la Réserve fédérale américaine, el'. Le il¡fond~ du 24 février 1994. O'aprés les dernieres prévisions de
I'OCDE, le taux c1'intéret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a4,2 % en [994 et it 5 'lo en 1995 (eL
Pcrspccril-es écnnomiqllcs de /'OCDE, n" 54, décembre 1993, tableau .131 , p. 172). CL, pour une 3nlysc
plus détailléc sur les raisons de la hallsse, « La FED el la reprisc », 1. M. Chat'pin, in Banqul' n" 544,
pp. 10-12, janvier 1994.
I
22. le pays importe 90 % de sa consommation. Le prix du pétrole a baissé
considérablement, passant de 22,05 dollars le baril en 1990 a 14,5 dollars
en novembre 1993. Selon Elf-Aquitaine, une augmentation devrait se
produire acourt terme, qui pourrait amener le prix du bari,l a l6,5 dollars.
Selon 1'0CDE, le prix, en 1995, devrait etre proche de 16 dollars 42.
La signature d'accords bilatéraux de libre-échange avec
différents pays éloignés et adéveloppement industriel supérieur veut assurer
des marchés pour les produits chiliens. Mais elle risque également de
pérenniser la spécialisation du pays dans I'exportation des ressources
naturelles sur le marché mondial. Depuis 1976, le Chili ne participe plus a
aucun accorel el' intégration sOlls-régionale. II avait déclaré n'avoir aucun
intérét aadhérer aun quelconque ele ces regroupements 43. La position elu
Chili par rapport aux accorels régionaux ou sous-régionaux, mais surtout par
rapport ad'éventuelles formules d' intégration au niveau commercial ou de
la production avec ses voisins, notamment l'Argentine, le Pérou et la Bolivie,
elevra faire l'objet d 'une réflexion attentive.
. Tout ce qui a été exposé montre que le Chili ne peut servir
eI'exemple pour conforter la these qu'a défenelue la Banque moneliale elurant
des années, asavoir que l'ouverture du marché esr le facteur essenr,jel de la
crois'oance. En 1993, S. Edwarels a sou'ligné l'incapacité des travaux actuels
a fournir un cadre d'analyse convaincant qui mette en relation politique
commerciale, réglementation du commerce er croissance 44. Par ailleurs, les
étueles empiriques et théoriques confirment aujourel'hui que la compétitivité
et la croissance économiques ne semblent pas elécouler de la libéralisation
elu commerce. Ainsi, la théorie traditionnd le et hégémonique du commerce
international, fonelée essentiellement sur les avantages comparatifs dans un
marché de concurrence parfaite, esl en perte ele vitesse. On commence a
accepter l' idée du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs
volontaristes et sélectives ainsi que l'Etat en général 45.
Lance Taylor, sans doute le plus ém·inent critique de 1'« ou
'erlure », a indiqué récemment que « la stratégie de la libéralisation du
commerce est intellectuellement moribonele » . Apres avoir passé en revue
elit~r-;cs expériences, il souligne qu'« on n'a pas tiré ele granels profits (mais
plulot quclques pertes) de l' application de stratégies d'ouverture du com
/ merce extérieur et elu marché eles capilaux elans les pays en voie de
eléveloppement, pas meme dans les annécs 1960 et 1970 qui apparaissent
rétrospectivelllent tres fastes ». Taylor conclut : « La IC90n est évielente : les
stratégies ele développement centrées sur J' illtérieur peuvent constituer un
choix sensé pour la fin du siecle » 46.
42. Perspectives ~conomiques de rOCDE. n" ::'4. décembrc 1')93.
·n. Pos ition exprimée par Ramón Barceló, représentant officie l du Chíli au colloque sur l'intégration
llrganisé en 1992 par l"Institut des hautes études d 'Arnérique latine (fHEAL) aParis, et confirmée par
k ministre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992).
~~. Scoastian Edwars, op. cÍ!.
4) CL Paul Krugman, « La nueva teoria del comercio internacional y los paises menos desarrollados »,
U Jiilll/!Slre ec(}nlÍmico, janvier-rnars 1988. Cf. égaJcment Robert E. Baldwin, « Are Economist's
'J'radiliona[ Trade l'olicy Vie",s Still Va[id 'J ", } Olll'll({/ (JI' Ecol/o/llic Liler(l/lIre, juin 1992. On y trOllve
la bibliographic sur [a « nOllvelle théorie dll comlllcrce intemational ".
';6. LanCe Tay[or, nI'. cil. pp. 1[9 et [41. [991. DlI meme autellr. ef. une version anté rieure en espagno[ :
• La aP<'rtur: ('conómica. Probkmas hasw fines de l siglo " , El hil1ll'sn'c económico, janvier-Illars 1988.
1'1 21 7: ,f. au~, i LVI. Fanelli, R. Frenkcl el Lance Taylor. « InfOlme acerca del desarrollo mundial, 1991.
El. aluaciün crílica )). El Trimesrre económico. n(l 234. avril-juin 1992.
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Pour conclure, le gouvemement civil a approfondi l'appli
cation du modele qui a acquis un caractere plus libéral dans la mesure ou
l'interventionnisme autoritaire tend adisparaitre, Cela ressort, par exemple,
de la réduction accrue des taxes sur les importations Uusqu 'a lI %) et de la
poursuite des privatisations, Le ministre Foxley est meme alié jusqu'a
suggérer la privatisation de la CODELCO, La situation est loin d'etre
catastrophique, mais la croissance de l'économie repose sur des bases bien
fragiles, La balance des paiements et la situation des finances publiques sont
étroitement liées al'évolution de l'économie et des finances internationales,
ainsi que des termes de l'échange, Les difficultés de 1993 démontrent que
les prévisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc extérieur
(chute des prix du cuivre, augmentation des taux d'intéret intemationaux et
hausse du prix du pétrole) étaient, aI'évidence, trop optimistes 47,
París, février 1994
47. CL C. Celedon,« Contexto internacional. restricción externa ycrecimiento de la economía chilena ".
Colección de csmdios ClEPLAN, n" 32, juin 1991 : « La conclusion de eelle analyse est que I'éconornie
chilienne pourrait résister, sans trop de difficuhés, a un choc externe qui viendrait frapper l'une des
variables importantes pour notre pays: le prix du cuivre, le prix du pétrole ou le taux d' intéret internationaL
11 en irait de meme en cas de triple choc,,, (p. 79). ]usqu'illa fin de 1993, seulle prix du cuivre baisse,
les autres variables se maintenant á un niveau extretnement baso
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