Il y a cent ans, Lénine, l'architecte de la révolution russe, mourait. Peu de personnes ont autant marqué l'histoire du XXe siècle que ce révolutionnaire russe. Cette lecture revient sur sa carrière politique et rassemble ses principales opinions politiques en dix points.

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Lénine et la révolution d'octobre
Monument de Lénine à West Northampton, Angleterre
Il y a cent ans, Lénine, l'architecte de la révolution russe, mourait. Peu de
personnes ont autant marqué l'histoire du XXe siècle que ce révolutionnaire
russe. Cette lecture revient sur sa carrière politique et rassemble ses
principales opinions politiques en dix points.
In memoriam, - Jonas De Wilde. vendredi 19 janvier 2024
A. La carrière politique
1. La fondation du parti
Lorsque Lénine devient politiquement actif en Russie, des partis ouvriers socialistes
(alors appelés sociaux-démocrates) ont déjà été fondés dans plusieurs pays. Ces
partis sont membres de la Deuxième Internationale socialiste des travailleurs, fondée
par des marxistes en 1889.
Mais depuis la mort de Marx (1883) et d'Engels (1895), l'opportunisme s'est
développé dans plusieurs partis socialistes. Les opportunistes ont mis de côté le
contenu révolutionnaire du marxisme. Le marxisme est remplacé par une théorie
pragmatique de l'incorporation pacifique du socialisme dans le capitalisme.
L'accent prédominant est mis sur la lutte parlementaire. Les opportunistes
comptaient pouvoir réformer le capitalisme progressivement.

2. 2
La même confusion idéologique régnait en Russie. À cela s'ajoute une grande
fragmentation organisationnelle. En 1898, diverses organisations ouvrières et cercles
d'études marxistes s'unissent lors du premier congrès du Parti ouvrier social-
démocrate russe (RSDAP).
Lénine lui-même est alors absent, exilé en Sibérie. Cependant, le congrès était une
association formelle, sans programme, sans statuts et sans élection d'une direction
centrale. Par conséquent, le congrès ne résout pas la confusion idéologique.
2. La lutte idéologique
Lorsque Lénine rentre d'exil, il est déterminé à construire un authentique parti
révolutionnaire en Russie. Lénine est convaincu qu'il ne suffit pas de réunir des gens
qui se disent marxistes et qui reconnaissent la lutte des classes. Le critère le plus
important est d'avoir une stratégie révolutionnaire pour réaliser le socialisme.
Lénine a déclaré : "Sans théorie révolutionnaire, il ne peut y avoir de mouvement
révolutionnaire". Il voulait ainsi se démarquer d'emblée de l'opportunisme ambiant :
"Avant de s'unir et pour s'unir, il faut d'abord se distinguer résolument et clairement
les uns des autres".
Pour Lénine, il ne suffit pas de réunir des gens qui se disent marxistes et qui
reconnaissent la lutte des classes, il faut une stratégie révolutionnaire pour réaliser le
socialisme
Lénine commence donc par fonder un journal, Iskra. Iskra organisait les travailleurs
qui soutenaient, informaient et distribuaient le journal. Le journal était une aide dans
la lutte des classes. Iskra a permis à Lénine de s'opposer à tous les courants
opportunistes dominants.
Cette approche contrastait fortement avec la pratique dominante dans de nombreux
autres partis socialistes, où il y avait une aversion féroce pour toute discussion
politique et idéologique.
3. Le deuxième congrès
Avec Iskra, Lénine prépare le deuxième congrès du RSDAP. Ce deuxième congrès a
lieu en 1903. Après que le congrès a accepté le programme proposé par Iskra, de
nouveaux désaccords aigus apparaissent sur les statuts. Pour Lénine, pouvait
devenir membre quiconque acceptait le programme du parti, payait une cotisation et
était organisé en tant que membre dans une section du parti.

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Pour les opposants, l'acceptation du programme et le paiement de la cotisation
suffisent. Il n'est pas nécessaire d'être organisé. Le désaccord sur ce point se
poursuivra lors de l'élection de la direction centrale et du comité de rédaction d'Iskra.
Sur la base de ce désaccord, à première vue mineur, concernant l'adhésion, deux
groupes émergent au sein du RSDAP pendant et après le congrès. Les partisans de
Lénine étaient appelés bolcheviks (la faction majoritaire) et les opposants
mencheviks (la faction minoritaire). Ce désaccord mineur sur l'appartenance à un
groupe aura des conséquences majeures dans les années suivantes.
Les deux groupes s'organisent en effet séparément dans les années qui suivent et
tiennent des conférences (de parti) distinctes. Pendant neuf ans, les bolcheviks et les
mencheviks s'affrontent sur toutes les questions au sein du RSDAP.
4. La première révolution de 1905
En 1904, la guerre russo-japonaise éclate. L'enjeu est de savoir qui peut annexer
quels territoires chinois. Les mencheviks appellent les travailleurs au patriotisme : il
faut se battre avec le tsar contre les travailleurs japonais. Les bolcheviks pensent
que la défaite du tsar profitera aux forces révolutionnaires qui veulent précisément la
chute du tsar.
La guerre se termine par une défaite de la Russie. Les conséquences de la défaite et
la crise économique déclenchent des luttes ouvrières. Plusieurs entreprises se
mettent en grève. En janvier 1905, le tsar fait tirer sur une manifestation ouvrière
pacifique à Saint-Pétersbourg. En réponse, les travailleurs érigent des barricades le
soir même.
Le 22 janvier 1905, la garde impériale du tsar Nicolas II tire sur des manifestants non
armés. Peinture d'Ivan Vladimirov. Photo : Imperial War Museums, Wikimedia
Commons / Public Domain
C'est le début d'une tempête révolutionnaire qui va ravager la Russie pendant trois
ans. La lutte des ouvriers incite les paysans à s'opposer aux propriétaires terriens.

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Dans le feu de cette lutte révolutionnaire, les ouvriers créent spontanément les
"soviets (conseils) de députés", assemblées de délégués d'usines et d'entreprises.
Les soviets organisent la lutte contre le tsar. Ils introduisent à eux seuls la journée de
travail de huit heures et organisent le boycott des impôts. Lénine et les bolcheviks
voient dans les soviets les germes d'un nouveau pouvoir révolutionnaire. Les
mencheviks considèrent les soviets comme des organes d'autonomie locale. Pour
apaiser le peuple, le tsar avait mis en place une Douma (sorte de parlement
populaire) pendant la révolution.
La révolution de 1905-1907 a échoué et a été suivie d'une période de répression
féroce. Le RSDAP est interdit et tombe dans l'illégalité.
Lénine et les bolcheviks voient dans les soviets les germes d'un nouveau pouvoir
révolutionnaire.
5. Un parti de type nouveau
En 1912, après neuf ans de lutte avec les mencheviks, Lénine constitue les
bolcheviks en un parti indépendant : le parti ouvrier social-démocrate russe
(bolcheviki) [RDSAP(bolcheviki)].
Le RDSAP(Bolsheviki) était un parti d'un type nouveau, un parti léniniste présentant
les caractéristiques suivantes :
1) le parti organise les éléments d'avant-garde de la classe ouvrière. Ses membres
sont organisés.
2) Le parti a été construit selon le centralisme démocratique, c'est-à-dire que le parti
était organisé de manière démocratique, mais dirigé de manière centralisée. Chaque
membre était en mesure de contribuer à la détermination de la ligne et de la stratégie
à suivre. Une fois prise, la décision est contraignante pour tous. La critique et
l'autocritique permettaient d'éviter ou de rectifier les erreurs. Tout cela permettait au
parti d'agir comme un bloc unifié dans toutes les situations possibles.
Chaque membre du parti était en mesure d'apporter sa contribution à la définition de
la ligne et de la stratégie à suivre
3) Le parti était entouré d'organisations de masse (syndicats, organisations
d'assurance et de coopératives, etc. Le parti a travaillé dans ces organisations et y a
défendu la stratégie du parti.
4) Le parti s'est renforcé en se débarrassant de tous les éléments et courants
opportunistes. Cela ne signifie pas que les membres du parti n'ont pas le droit d'avoir
des opinions différentes, mais cela ne doit pas conduire à des fractions au sein du
parti.
Le RDSAP(Bolsheviki) reste affilié à la Deuxième Internationale (Organisation
internationale des partis politiques et des syndicats socialistes, fondée en 1889,
nvdr). Lénine espérait ainsi soutenir les vrais révolutionnaires dans les autres partis
socialistes.
6. La renaissance du mouvement révolutionnaire

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Parallèlement à la fondation du RDSAP(Bolsheviki), la lutte sociale en Russie
connaît un renouveau. En mai 1912, Lénine fonde le Prawda, ("vérité"). En fait, la
Prawda est le quotidien légal du parti de Lénine, lui-même illégal. Avec le Prawda,
Lénine prend la tête de la résurgence de la lutte des classes.
Le journal Prawda. Photo : Wikimedia Commons / Public Domain
Un quotidien légal ne pouvait pas appeler ouvertement au renversement du tsar.
C'est pourquoi les rédacteurs bolcheviks utilisent des allusions et appellent, par
exemple, à la réalisation "des revendications complètes et illimitées de 1905".
Le Prawda allait également, jusqu'à la révolution de 1917, sensibiliser toute une
classe ouvrière à la révolution socialiste. Outre le Prawda légal, six membres des
bolcheviks sont légalement élus à la Douma (parlement). Ces élus prononcent à la
Douma des discours révolutionnaires en faveur des "revendications de 1905".
Le renouveau révolutionnaire a été interrompu par le début de la Première Guerre
mondiale.
7. Première guerre mondiale impérialiste.
Le capitalisme a connu une crise majeure entre 1870 et 1890. Pour sortir de la crise,
le capitalisme passe à un stade supérieur à partir de 1890 : l'impérialisme. Lénine
définit l'impérialisme "comme le stade suprême du capitalisme".
L'impérialisme se caractérise par la formation de monopoles et de grands trusts
financiers qui acquièrent une influence décisive dans les différents États capitalistes.
Le capital financier devient le patron de ces États et revendique de nouveaux
marchés et de nouvelles colonies. Mais le monde était déjà divisé. La conquête de
nouveaux marchés n'était possible qu'aux dépens d'un autre État capitaliste.
Deux blocs de voleurs capitalistes différents se sont formés : d'une part, la Triple
Entente, l'alliance entre la France, l'Angleterre et la Russie, et d'autre part, l'alliance
entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. Les deux blocs veulent conquérir de
nouveaux territoires au détriment de l'autre.

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La colonisation de l'Afrique. Cartes : Somebody500, Wikimedia Commons
Lénine avait prévu cette guerre. Les représentants bolcheviques au congrès de la IIe
Internationale à Stuttgart (1907) ont fait inscrire la déclaration suivante dans les
résolutions du congrès :
"Si la guerre menace d'éclater, il est du devoir des classes ouvrières et de leurs
représentants parlementaires dans les pays concernés de faire tous les efforts
possibles pour empêcher l'éclatement de la guerre. Si la guerre éclate, il est de leur
devoir de s'engager à la faire cesser rapidement. Et d'utiliser la crise économique et
politique déclenchée par la guerre pour agiter les masses afin de hâter la chute du
régime capitaliste".
En approuvant les crédits de guerre, la majorité des partis socialistes a commis une
trahison à l'égard de la classe ouvrière
Au congrès de Copenhague (1910), il a été décidé que les socialistes
n'approuveraient jamais les crédits de guerre. Au congrès de la IIe Internationale à
Bâle (1912), la déclaration de 1907 est réaffirmée. La grande majorité de tous les
partis socialistes approuvent toutes ces résolutions.
Mais en août 1914, les socialistes allemands votent en faveur des crédits de guerre.
Il en est de même en France, en Angleterre, en Belgique et dans les autres pays
concernés. Le RDSAP(Bolcheviki) a voté contre les crédits de guerre et contre la
guerre.
En approuvant les crédits de guerre, la majorité des partis socialistes a commis une
trahison à l'égard de la classe ouvrière. L'approbation des crédits de guerre signifie
que les partis socialistes appellent la classe ouvrière à "s'écraser les uns les autres
pour les profits des capitalistes" sous couvert de patriotisme.
La Deuxième Internationale se désintègre en partis socialistes opposés. Lénine
préparera dès lors les bases d'une IIIe Internationale.
8. La révolution de février (1917)

7. 7
Lénine appelle la classe ouvrière russe à lutter pour la paix et à se retourner contre
ses propres dirigeants. Lénine fait campagne pour la défaite du tsarisme. Le parti
bolchevique appelle à la formation d'organisations illégales dans l'armée, à la
mutinerie, à la fraternisation avec les autres soldats sur le front.
Dans un premier temps, une partie des ouvriers et des paysans a été entraînée par
la "défense patriotique". Celle-ci est d'ailleurs facilitée par l'appel des mencheviks et
des sociaux-révolutionnaires (un courant anarchiste social parmi les paysans).
Le tsar Nicolas II peint par Earnest Lipgart. Photo : cgfa.acropolisinc.com, Wikimedia
Commons / Public Domain
Après trois années de guerre, de misère, de famine et de défaites, les troupes du
tsar sont lasses de la guerre. L'Entente envoie donc des leaders socialistes, dont
Emile Vandervelde, le leader du Parti ouvrier belge (BWP), sur le front russe pour
convaincre les soldats russes de continuer le combat. Sans grand effet. L'amertume
de la population est trop grande et se transforme de plus en plus en actions
révolutionnaires.
Le 18 février 1917, une grève débute à Saint-Pétersbourg. La grève prend
rapidement de l'ampleur et se transforme en soulèvement le 26 février. Les troupes
présentes refusent de tirer sur les insurgés. Dans les jours qui suivent, 60 000
soldats de Saint-Pétersbourg passent aux insurgés. Le passage rapide des troupes
aux insurgés décide du sort du tsar. La révolte de Pétersbourg est suivie par d'autres
villes. Partout, des officiers tsaristes sont destitués et arrêtés.
La première étape de la révolution a triomphé. Le tsar est vaincu.
9. Février-avril 1917 : période de double pouvoir
Comme lors de la révolution de 1905, des soviets de députés ouvriers et, pour la
première fois, de députés soldats sont créés partout lors de l'insurrection de février.
Tandis que les bolcheviks mènent la lutte des masses dans les rues, les mencheviks
prennent en charge la direction des soviets.

8. 8
Le peuple considère les soviets comme des organes du pouvoir populaire et attend
d'eux qu'ils répondent à ses aspirations. Mais les mencheviks, fidèles à leur
patriotisme, défendent la poursuite de la guerre et estiment que la révolution doit
aboutir à des institutions constitutionnelles (parlement, gouvernement) comme dans
les pays d'Europe occidentale.
Sous l'impulsion des mencheviks, les députés parlementaires inexpérimentés
confient le pouvoir au gouvernement provisoire
La bourgeoisie (les capitalistes russes) n'est pas restée inactive non plus. Au
moment même où les ouvriers et les soldats se battent dans les rues, la bourgeoisie
met en place un gouvernement provisoire. Les mencheviks, qui contrôlaient les
soviets, ont transféré le pouvoir des soviets au gouvernement provisoire, composé
de représentants de la bourgeoisie et des propriétaires terriens civilisés.
Un double pouvoir se met en place. D'un côté, les soviets, le pouvoir du peuple. De
l'autre, le gouvernement provisoire. Indiqués par les mencheviks, les députés
inexpérimentés des ouvriers et des soldats donnent le pouvoir au Gouvernement
provisoire.
10. Avril-juin 1917 : fin du double pouvoir
Lénine formule le programme du parti pour la période suivante. Les principaux points
sont les suivants : fin de la guerre par l'ouverture de négociations de paix,
confiscation des terres aux propriétaires terriens, distribution des terres aux paysans,
passage du pouvoir aux soviets.
Lénine appelle les bolcheviks à conquérir la majorité des délégués dans les soviets
par des "exposés patients, démasquant le gouvernement provisoire et l'attitude
pernicieuse des mencheviks".
Au fur et à mesure qu'il devenait évident que le gouvernement provisoire voulait
poursuivre la guerre et laisser les propriétaires terriens intacts, l'indignation
grandissait parmi les ouvriers et les paysans. Le 21 avril 1917, plus de 100 000
d'entre eux manifestent contre le gouvernement provisoire à Saint-Pétersbourg.
Les officiers tsaristes, qui dirigent encore l'armée, donnent l'ordre de tirer sur les
manifestants, mais les soldats refusent. Cela a provoqué une crise au sein du
gouvernement provisoire. Le gouvernement provisoire est remplacé par un
gouvernement de coalition, dirigé par le social-révolutionnaire Kerensky.
Les mencheviks décident également de participer à ce gouvernement de coalition.
Avec cette participation, les mencheviks passèrent définitivement dans le camp de la
bourgeoisie russe.
En participant au gouvernement de coalition, les mencheviks ont définitivement
basculé dans le camp de la bourgeoisie russe.
Ce gouvernement de coalition s'obstine à poursuivre la guerre. En conséquence, le
mécontentement des ouvriers, des paysans et des soldats ne cesse de croître, ce qui
conduit à de grandes manifestations à Saint-Pétersbourg en juin. Cette fois, le

9. 9
gouvernement de coalition a fait appel aux Jonkers, des troupes loyales au
gouvernement de coalition.
Les Jonkers ont tiré sur les manifestants pacifiques. Il y a eu de nombreux morts et
blessés. Le bâtiment du Prawda est entièrement détruit. Un mandat d'arrêt est lancé
contre Lénine. Les unités militaires douteuses sont retirées de Saint-Pétersbourg. Le
gouvernement de coalition prend les pleins pouvoirs et veut en finir une fois pour
toutes avec les Soviétiques. C'est la fin de la période de double pouvoir.
11. Juin-octobre 1917 : le putsch de Kornilow
Le général tsariste Kornilow est prêt à liquider physiquement les soviets et à
instaurer une dictature militaire. Il agit dans un premier temps au su de Kerensky.
Kornilow fait courir la fausse rumeur que les bolcheviks vont se soulever le 27 août.
Le 25 août, les troupes de Kornilow avancent vers Saint-Pétersbourg. Les bolcheviks
appellent à la résistance armée. Le danger d'un putsch militaire réactive les soviets
qui prennent résolument en main la défense de Saint-Pétersbourg.
Des tranchées sont creusées autour de Saint-Pétersbourg. Des agitateurs sont
envoyés aux armées de Kornilow, amenant certaines divisions à refuser d'avancer
sur Saint-Pétersbourg. Le putsch de Kornilow échoue.
La sympathie pour les bolcheviks augmente considérablement parmi les ouvriers et
les paysans.
Lavr Kornilov. Photo : Wikimedia Commons / Public Domain
12. Révolution d'octobre
Le 31 août, la majorité du soviet de Saint-Pétersbourg se prononce en faveur des
bolcheviks. Le 5 septembre, le soviet de Moscou fait de même. C'est le résultat d'un
patient travail de sensibilisation des bolcheviks au cours des mois précédents et de
la défection des mencheviks vers le camp bourgeois.
Le 12 septembre, les mencheviks tentent une ultime fois d'inverser la vague
révolutionnaire. Ils organisent une conférence réunissant tous les partis socialistes,
les soviets, les syndicats, ... Lors de cette conférence, ils veulent mettre en place un

10. 10
parlement provisoire dans l'espoir de placer le mouvement révolutionnaire sur une
voie constitutionnelle bourgeoise. La conférence a échoué.
Après la défection des soviets de Saint-Pétersbourg et de Moscou aux côtés des
bolcheviks, le moment est venu de se soulever. Lénine s'en rend compte et élabore
un plan de révolte concret : quels points occuper, comment répartir les forces, ... Le
10 octobre, la direction du RDSAP (bolcheviks) approuve le plan de Lénine. Des
cadres bolcheviks sont envoyés dans toutes les régions pour préparer le
soulèvement.
Lénine se rend compte que le moment est venu de se soulever et élabore un plan
concret
Les bolcheviks, en consultation avec le Soviet de Saint-Pétersbourg, lancent
l'insurrection le 24 octobre. Le 25 octobre, le Palais d'Hiver est pris et le
gouvernement de coalition est arrêté. Le soir même, le deuxième congrès du soviet
d'Alrussie (réunion nationale de tous les soviets) se réunit.
Prise d'assaut du Palais d'Hiver. Photo : Wikimedia Commons / Public Domain
Le soulèvement y est approuvé à une écrasante majorité. Le deuxième congrès
d'Alrussie adopte immédiatement deux décrets.
1) Le décret sur la paix. Il propose à tous les pays belligérants un cessez-le-feu
immédiat de trois mois pour permettre des pourparlers de paix.
2) Le décret sur la terre : confiscation de toutes les terres des propriétaires terriens
pour les distribuer aux paysans.
Le deuxième congrès du Soviet d'Alrussie se termine par l'élection du premier
gouvernement soviétique, le Conseil des commissaires du peuple. Lénine est élu
président de ce Conseil.
Dans les mois qui suivent, la révolte gagne toute la Russie.
13. Novembre 1917 - mars 1918 : la paix de Brest.
Après la victoire de l'insurrection, la construction du nouvel État soviétique
commence. L'État soviétique veut d'urgence mettre fin à la guerre. Cette volonté

11. 11
n'est pas du goût de l'Entente (France, Angleterre, Belgique et alliés), qui refuse
d'entamer des pourparlers de paix. Le gouvernement soviétique décide alors
d'entamer des négociations avec l'Allemagne.
Le 5 décembre 1917, un armistice est signé avec l'Allemagne et les pourparlers de
paix commencent. L'Allemagne souhaite un accord de paix en échange de l'annexion
de certains territoires russes. Contre l'avis de Lénine, les négociateurs russes
rompent les pourparlers de paix le 10 février 1918, en raison d'une attitude gauchiste
consistant à ne pas céder un pouce.
Les Allemands répondent par une offensive et avancent rapidement vers Saint-
Pétersbourg. L'avancée allemande suscite une nouvelle ferveur révolutionnaire au
sein du peuple russe. De nouvelles troupes sont formées pour stopper l'avancée des
Allemands. Lénine propose de nouvelles négociations de paix. Le 28 février, un
accord de paix est signé en échange de pertes encore plus importantes de territoires
russes. L'attitude gauchiste des premiers négociateurs a coûté cher à l'État
soviétique.
Signature de l'accord de paix entre l'Allemagne et l'Union soviétique le. Photo : Das
Bundesarchiv / CC-BY-SA 3.0
La paix permet aux soldats, dont beaucoup sont des paysans, de revenir du front. La
paix renforce l'alliance entre les ouvriers et les paysans.
La paix a renforcé l'alliance entre les ouvriers et les paysans
Le 6 mars 2018, le parti de Lénine, le RDSAP(Bolsheviki), tient un congrès national.
Le parti compte alors 270 000 membres. Le congrès condamne l'attitude gauchiste
des premiers négociateurs. Affirmant que la paix n'est qu'une bouffée d'air frais, le
congrès appelle à la vigilance et décide de constituer l'Armée rouge et de donner une
formation militaire à l'ensemble de la population.
Le congrès change le nom du parti en "Parti communiste russe" pour effacer toute
ressemblance avec les partis socialistes.
14. 1919-1922 : la guerre d'intervention

12. 12
Dès l'automne 1918, l'édification du socialisme commence. Lénine veut tirer le
maximum de résultats de ce répit. Des mesures sont prises pour relancer l'industrie,
augmenter la production agricole. Les problèmes de répartition des terres sont
résolus en faveur des petits paysans et des classes moyennes. Le 4 juillet 1918, le
cinquième congrès du Soviet d'Alrussie approuve une nouvelle constitution.
Pour arrêter la révolution socialiste, les armées de la France, de la Grande-Bretagne,
du Japon et des États-Unis envahissent la Russie
Pendant ce temps, les impérialistes de l'Entente ne restent pas inactifs. Ils ne veulent
rien savoir d'une révolution socialiste. Au printemps 1919, les armées de la France,
de l'Angleterre, du Japon et des États-Unis ont commencé leur intervention sans
déclaration de guerre. L'État soviétique est littéralement attaqué de toutes parts. Un
blocus est décrété contre le nouvel État soviétique.
Lénine en train de parler, 1920. Photo : Grigory Petrovich Goldstein, Wikimedia
Commons
Au sein même de l'État soviétique, les éléments ennemis, la noblesse et les officiers
tsaristes, les capitalistes nationalisés, les partisans du gouvernement de coalition, les
mencheviks et les sociaux-révolutionnaires, se regroupent et préparent la contre-
révolution. Les armées d'intervention s'appuient sur ces ennemis intérieurs de l'État
soviétique.
Le parti communiste appelle la population à la résistance, introduit la conscription et
confisque les céréales aux paysans pour alimenter l'Armée rouge. L'Armée rouge
s'est rapidement transformée en une armée de millions d'hommes.
Ce que personne n'attendait s'est produit : l'État soviétique a été en mesure de
repousser toutes les interventions des pays occidentaux à la mi-1920. Seule
l'intervention des troupes japonaises a pris fin en 1922.
Cela n'a été possible que parce que l'Armée rouge bénéficiait d'un soutien populaire
massif. En effet, l'Armée rouge se battait pour les intérêts de la population. Les

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soldats de l'Armée rouge étaient animés d'un grand esprit d'abnégation et
d'héroïsme.
L'Armée rouge a également pu s'imposer parce qu'elle bénéficiait de la sympathie de
tous les travailleurs du monde. Cela s'est traduit par plusieurs manifestations de
solidarité dans les pays de l'Entente, qui ont fait pression sur leurs gouvernements
pour qu'ils mettent fin à l'intervention.
L'Armée rouge a également pu s'imposer parce qu'elle bénéficiait de la sympathie de
tous les travailleurs du monde.
Une situation révolutionnaire s'est développée dans plusieurs pays belligérants, qui,
dans certains pays (dont l'Allemagne), s'est également transformée en un
soulèvement révolutionnaire.
15. Début de l'édification du socialisme à partir de 1920
Après la guerre d'intervention, l'État soviétique se trouve dans une situation
économique désastreuse. En 1920, la production totale ne représentait plus que 50
% de la production d'avant-guerre. Seul 1/7e de la grande industrie fonctionne
encore. Le reste est à l'arrêt, faute de matières premières et de travailleurs. Manque
de presque tout.
Tant que le nouvel État soviétique était menacé de l'extérieur, les gens se
contentaient de ce qu'ils avaient. Mais après la fin de la guerre, les besoins de la
population sont montés en flèche.
Réunion du PC russe en 1920. Lénine en bas à droite de l'image. Photo : Wikimedia
Commons / Domaine public
Le parti communiste de Lénine prend les mesures suivantes. La confiscation des
céréales est abolie et remplacée par des impôts en nature (nettement moins élevés
que la confiscation). Les paysans sont autorisés à commercer librement avec les
excédents.
En outre, la NEP (Nouvelle politique économique) est introduite, ce qui permet aux
entrepreneurs individuels de créer de petites entreprises. Lénine a défendu ces

14. 14
mesures temporaires contre les opinions gauchistes de son parti. Elles étaient
nécessaires pour accroître immédiatement le bien-être des ouvriers et des paysans.
Lénine était également conscient que la NEP et la liberté de commerce pour les
paysans conduiraient dans un premier temps à une certaine construction capitaliste.
Mais ces mesures étaient nécessaires pour relancer rapidement l'agriculture et
l'industrie. L'industrie d'État devait également bénéficier de cette relance.
Lénine estimait que ce renforcement de l'industrie d'État réduirait ensuite à nouveau
le capital privé des petites entreprises. Après un an de NEP, l'économie et
l'agriculture se sont visiblement redressées.
Après un an de Nouvelle politique économique, l'économie et l'agriculture se sont
visiblement redressées
Tout au long de cette période, la NEP fait l'objet d'une lutte acharnée au sein du parti
contre ceux qui ne sont pas d'accord avec Lénine. Lors de plusieurs congrès du
parti, le débat est clos et le parti se rallie au point de vue de Lénine.
À l'automne 1922, Lénine, malade depuis plusieurs mois, élabore un plan visant à
impliquer les paysans dans la construction du socialisme par le biais de coopératives
(passage de petites exploitations paysannes individuelles à une grande production
collective en Kolchos). Lénine ne vivra pas assez longtemps pour voir la mise en
œuvre de son plan, puisqu'il meurt le 21 janvier 1924.
Photo : SlideServe
B. Opinions politiques
1. Le marxisme
Né en 1870, Lénine est initié très jeune au marxisme, qui commence à pénétrer la
Russie féodale à partir des années 1880. Les écrits de Marx et d'Engels inspireront
désormais son action.
Lénine considère le marxisme comme une science : "L'enseignement de Marx est
fort parce qu'il est correct. Il forme un tout arrondi et harmonieux ; il donne aux
hommes une vision globale du monde, incompatible avec toute superstition, toute
réaction, toute défense de l'oppression bourgeoise. Il est l'héritier légitime de ce que

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l'humanité a produit de meilleur au XIXe siècle, sous la forme de la philosophie
allemande, de l'économie politique anglaise et du socialisme français."
"Le marxisme donne une vision globale du monde, incompatible avec toutes les
superstitions et l'oppression bourgeoise.
Immédiatement après la mort de Lénine, le philosophe hongrois Georg Lukács a écrit
un hommage à Lénine. Il y affirme que "le réalisme grandiose avec lequel Lénine
traite tous les problèmes du socialisme n'est rien d'autre que l'application cohérente
du marxisme".
2. Les opportunistes
Lénine caractérise les opportunistes comme suit : "ils professent le marxisme du bout
des lèvres mais en réalité ils transforment le marxisme en une doctrine bourgeoise-
libérale acceptant une lutte des classes non révolutionnaire (...) ils acceptent du
marxisme tout sauf ses moyens révolutionnaires de lutte, sa propagation et sa
préparation, l'éducation des masses précisément dans cette direction".
Toute sa vie, Lénine combattra toute falsification, tout aplatissement du marxisme.
L'opportunisme n'est pas seulement de droite, il peut aussi prendre un visage de
gauche. Comme refuser de reculer quand les circonstances l'imposent, ne pas
permettre les compromis et les détours tactiques...
Toute sa vie, Lénine combattra toute falsification, tout aplatissement du marxisme
Prenons l'exemple des premières négociations sur les conditions de la paix en
Allemagne. Les négociateurs bolcheviks refusent de faire des concessions pour
obtenir la paix. Ce qui a obligé le parti de Lénine à faire des concessions encore plus
lourdes lors d'une seconde négociation.
Tout mouvement révolutionnaire, tout parti révolutionnaire ne peut devenir grand
qu'en luttant contre l'opportunisme de droite et de gauche. Aucune victoire n'est
possible sans une telle lutte idéologique.
3. Le parti
Dans la lutte contre le courant dominant de l'opportunisme au sein de la IIe
Internationale socialiste des travailleurs, Lénine a travaillé dès le début à la fondation
d'un nouveau type de parti ouvrier. Il y est parvenu en 1912 avec la création du parti
ouvrier social-démocrate russe (bolcheviki).
Le nouveau parti était un parti d'avant-garde qui organisait les travailleurs les plus
conscients en divisions du parti. Le parti est structuré selon le principe du centralisme
démocratique. Les décisions sont prises après un débat démocratique. Une fois les
décisions prises, la discipline s'applique à tous et le parti est dirigé de manière
centralisée.
Dans la lutte contre l'opportunisme, Lénine cherche à fonder un nouveau type de
parti ouvrier

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Le parti était lié aux travailleurs par ses membres et par son travail dans les
organisations de masse prolétariennes, telles que les syndicats, les assurances et
les coopératives...
La théorie directrice du parti est le marxisme. Les courants et éléments opportunistes
n'avaient pas leur place dans le parti. Sans ce parti unifié, discipliné et décisif d'un
type nouveau, Lénine et les bolcheviks n'auraient jamais pu réaliser la grande
révolution d'octobre.
4. Le bouleversement social
Pour le marxisme, le chemin vers le socialisme passe par un bouleversement social,
la révolution socialiste. C'est principalement ce contenu révolutionnaire du marxisme
que les opportunistes de la Deuxième Internationale (1889-1914) ont mis de côté.
La révolution sociale et le socialisme étaient quelque chose de lointain et n'avaient
donc aucune incidence sur la lutte quotidienne. C'est ce qu'exprimait le slogan des
opportunistes : "le mouvement est tout, le but n'est rien".
La lutte quotidienne est dominée par la lutte pour les réformes et le travail
parlementaire. Les opportunistes espèrent pouvoir réformer le capitalisme sans
révolution sociale.
Georg Lukács. Photo : Das Bundesarchiv,
C'est précisément autour du point de la révolution sociale que "Lénine a réduit la
pureté du marxisme", écrit le philosophe hongrois Georg Lukács. Il précise : "D'une
part, ni Marx ni Lénine n'ont jamais présenté la révolution du prolétariat comme si
elle pouvait être réalisée à tout moment. D'autre part, pour l'un comme pour l'autre, la
révolution était la pierre de touche ultime pour les décisions concernant les
problèmes quotidiens d'ordre politique, économique, théorique, tactique, d'agitation
et d'organisation".
Tout au long de sa vie, Lénine n'a jamais perdu de vue la perspective stratégique de
la révolution sociale. Même si cette révolution sociale n'était pas immédiatement
réalisable.
5. Les réformes
Le fait que Lénine n'ait jamais perdu de vue la perspective de la révolution sociale
signifie-t-il qu'il était contre la lutte pour les réformes ? Non, au contraire. La

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distinction entre les révolutionnaires et les opportunistes n'est pas que les premiers
veulent des réformes et que les révolutionnaires dédaignent les réformes.
La distinction entre les deux est déterminée par la perspective dans laquelle on lutte
pour les réformes. Lénine reprochait aux opportunistes de vouloir "limiter les efforts
et l'activité de la classe ouvrière aux réformes".
Lénine, quant à lui, plaçait la lutte pour les réformes dans la perspective d'un
bouleversement social. Un exemple : lors de la première révolution de 1905, les
bolcheviks et les mencheviks ont demandé l'introduction de la journée de travail de
huit heures.
Lénine place la lutte pour les réformes dans la perspective d'un bouleversement
social
Les mencheviks travaillaient à la légalisation de la journée de huit heures. Les
bolcheviks travaillent à l'introduction de la journée de huit heures par des moyens
révolutionnaires. C'est-à-dire en ignorant les autorités, en ignorant la légalité et en
introduisant eux-mêmes la journée de huit heures.
Cette tactique a donné naissance à des comités de grève révolutionnaires dans les
entreprises, qui se sont ensuite transformés en soviets de représentants des
travailleurs. Ceux qui connaissent l'histoire savent quelle a été la contribution des
soviets à la révolution d'octobre, 12 ans plus tard.
6. L'impérialisme
Marx avait étudié le capitalisme. Il avait déjà exposé les lois du capitalisme. À partir
de 1870, le capitalisme est entré dans une crise sans issue. À partir de 1890, le
capitalisme sort de cette crise en développant des monopoles et de grands trusts
financiers. Ces trusts développent une stratégie mondiale d'investissement au
détriment de nombreuses économies nationales des pays indépendants du Sud.
Le monde est divisé entre pays capitalistes. L'impérialisme voit le jour. Lénine définit
l'impérialisme comme "le stade le plus élevé du capitalisme". Lénine étudie
l'impérialisme et en expose les lois.

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Compte tenu du développement inégal des superpuissances capitalistes, Lénine
prévoit que toute l'ère de l'impérialisme sera caractérisée par une rivalité croissante
entre les superpuissances. Lénine en a conclu que l'époque de l'impérialisme serait
aussi l'époque des bouleversements sociaux.
Aujourd'hui, nous vivons dans un monde où toutes les contradictions s'aiguisent
rapidement : la crise économique mondiale, la guerre en Ukraine, la guerre contre les
Palestiniens qui pourrait rapidement dégénérer, l'encerclement militaire et les tirs
contre la Chine, ... Les idées de Lénine sur l'impérialisme, la guerre et la possibilité
d'un bouleversement social sont plus que jamais d'actualité.
Les idées de Lénine sur l'impérialisme, la guerre et la possibilité de bouleversements
sociaux sont plus que jamais d'actualité.
7. Stratégie et tactique
L'objectif stratégique de Lénine était la révolution sociale et la réalisation du
socialisme. Mais avant que le socialisme puisse être mis en œuvre, le tsar devait être
renversé et tous les vestiges du Moyen-Âge devaient être éliminés.
Une fois cela réalisé, l'étape suivante pouvait commencer : la révolution sociale
socialiste qui ouvrirait la voie à la construction du socialisme par la socialisation de
l'industrie et de l'agriculture.
Dans le cadre de cette stratégie, Lénine adapte les tactiques en fonction des flux et
des reflux de la situation révolutionnaire. Après la révolution de 1905, le mouvement
révolutionnaire a dû adopter la tactique du retrait en raison du déclin du mouvement
révolutionnaire. Les formes de lutte s'en trouvent modifiées : participation aux
élections de la Douma. Travail parlementaire au lieu de grèves générales.
Le parti a été contraint de devenir illégal pendant cette période. Les organisations
révolutionnaires deviennent illégales. Seuls les syndicats, les assurances et les
coopératives peuvent légalement poursuivre leurs activités.
Mais tous ces ajustements tactiques servaient des objectifs stratégiques. Lorsque les
conditions ont changé, les dispositifs tactiques ont été adaptés à ces nouvelles
conditions.
8. L'État
Lénine voit dans les soviets les germes d'un nouveau pouvoir révolutionnaire. Les
soviets représentaient tous les opprimés et les exploités : ouvriers, paysans, soldats
et marins. Les soviets étaient des organes puissants, créés dans la lutte
révolutionnaire. Ils étaient les organisations les plus démocratiques des exploités.
Cela leur a permis de vaincre l'omnipotence du capital financier, de la noblesse
restante et de ses alliés politiques.
Cet État fondé sur les soviets se distinguait des formes parlementaires dominantes
dans les pays capitalistes (occidentaux)
Les soviets possédaient une grande autorité qui pouvait mobiliser les masses pour
lutter contre l'intervention et participer à la construction du socialisme. Cela a conduit

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à la création d'un nouveau type d'État où les exploités, par l'intermédiaire des
soviets, détenaient le pouvoir. Cet État se distinguait des formes parlementaires
dominantes dans les pays capitalistes (occidentaux).
9. La détermination révolutionnaire
La Première Guerre mondiale a éclaté en raison de la rivalité croissante entre les
pays capitalistes. Lénine l'avait prévu, sur la base de son étude de l'impérialisme.
Lénine ne s'est pas contenté de décrire cette rivalité, il a également indiqué ce que
les partis socialistes pourraient faire si une guerre éclatait et créait une situation
révolutionnaire dans les pays concernés.
Dans une telle situation, le "devoir fondamental de tous les socialistes est de faire
comprendre aux masses qu'une situation révolutionnaire est présente, d'en exposer
l'étendue et le caractère profond, d'éveiller la conscience révolutionnaire et la
détermination révolutionnaire du prolétariat, de l'aider à passer à des actions
révolutionnaires (...) contre leurs propres gouvernements et leur propre bourgeoisie".
Dans les autres pays, la révolution a échoué parce que les opportunistes avaient
déjà renoncé à la révolution depuis des années
Lénine avait raison. Tant en Russie qu'en Allemagne et dans plusieurs autres pays,
des situations révolutionnaires se sont présentées. Seul le parti de Lénine a pu
profiter de cette situation révolutionnaire parce que son parti avait préparé la classe
ouvrière à cette situation depuis des années. Dans les autres pays, la révolution a
échoué parce que les opportunistes avaient renoncé à la révolution pendant des
années.
10. L'éducation politique
Tout au long de sa vie, Lénine a accordé une importance considérable à l'éducation
politique des travailleurs et des membres du parti. Lénine voulait que chaque
membre du parti, chaque travailleur conscient, soit au courant de la stratégie et de la
tactique du parti.
Il voulait que chaque membre et chaque travailleur conscient comprenne cette
stratégie et cette tactique et sache quelles tâches immédiates en découlaient. Lénine
voulait que les travailleurs puissent agir de manière autonome autant que possible.
C'est pourquoi tout changement de stratégie et/ou de tactique, lorsque les
circonstances le permettaient, était discuté et approuvé lors d'une conférence ou d'un
congrès du parti.
Lénine voulait que les travailleurs puissent agir de manière aussi autonome que
possible
Entre juillet 1917 et avril 1923, le parti de Lénine a organisé sept congrès nationaux
du parti et deux conférences du parti. Cela a permis de former une génération de
membres du parti qui, à leur tour, ont sensibilisé les travailleurs conscients aux
tâches de l'époque.

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C'est ainsi que le parti bolchevique et la classe ouvrière russe, malgré tous leurs
défauts et leurs lacunes[1], ont pu résister aux interventions militaires des pays
impérialistes, transformer à court terme un pays paysan arriéré en une
superpuissance industrielle qui, 20 ans plus tard, serait en mesure de porter le coup
de grâce décisif aux armées nazies à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
https://www.dewereldmorgen.be/community/nog-niet-klaar-xxx-lenin-en-de-
oktoberrevolutie/
A noter :
[1] Depuis la guerre froide, on associe Lénine et la révolution d'octobre à la violence
et à la terreur. Ce faisant, il est facile d'oublier à quel point les choses ont été
violentes pendant et après la Révolution française. La naissance de notre démocratie
et des droits de l'homme a été marquée par une terreur sanglante, d'abord en
France, puis par une série interminable de guerres menées par Napoléon en Europe,
qui ont fait des millions de morts.