2. Raphaële Goulet, architecte.
Lauréate de la Bourse Jeunes Architectes de la
fondation EDF diversiterre.
Lauréate du prix Osiris de l’Institut de France.
Projet soutenu par la Commission des aides et
encouragements de l’Académie des Beaux-arts.
1 bis, rue Georges Braque 75014 Paris
+ 33 6 28 05 93 72
raphaelegouletarchi@gmail.com
Assistée de Fernando Rodriguez
www.razonatura.org
3. Lucha Libre
Mexico, Tuxtla Guttierez, Tijuana.
Le projet présenté ici est une prospection sur les conditions architecturales
et urbaines de l’habitat au Mexique.
En 2035, on prévoit que sur la planète, cinq milliards d’habitants vivront
en ville, dont deux milliards sous le seuil de pauvreté. Il faudra bientôt
construire une ville d’un million d’habitants par semaine avec un budget de
mille dollars par famille.
Au Mexique, ces mégapoles de demain existent déjà. La nouvelle politique
massive de logement, associée au développement fulgurant de la ville
informelle, en a dessiné les contours.
Comme une sorte de laboratoire de recherche en matière d’habitat, ce pays
est aussi mon terrain d’enquête et de questionnement depuis quatre ans.
En 2008, je suis partie visiter trois villes: Tijuana, à la frontière des Etats-Unis,
puis Mexico, au centre du pays, et enfin l’agglomération urbaine Tuxtla
Guttierez-San Cristobal de las Casas, dans l’état du Chiapas et proche du
Guatémala.
Un an pour questionner et observer, du nord au sud, la concrétisation de
cette formule radicale, et son pendant si décrié, la ville autoconstruite.
Un an pour explorer en parallèle des solutions alternatives, de nouveaux
outils, des stratégies innovantes développées par les organisations civiles,
les architectes, les habitants, les ONG... les fabricants.
Un an, et quelques extraits ici.
Exposition du 23 octobre 2009 au 7 mars 2010
Espace Fondation EDF
6, rue Récamier 75008 Paris
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5. Les fabricants
Dans la «lucha libre», sport de combat mexicain masqué qui s’apparente au
catch, le lutteur le plus apprécié est celui qui sait le mieux innover, détourner
les règles, rechercher des stratégies inattendues. Il est «libre» et son masque
lui permet de transcender son identité.
C’est de la même manière que les personnages que j’ai rencontrés affrontent
le problème de l’habitat: des fabricants qui construisent la ville en faisant
preuve d’un esprit d’analyse implacable et d’une ingéniosité mêlée d’un
humour sans bornes.
Des plus ironiques aux plus naïfs, des millionaires aux vendeuses de tortillas,
des vendeurs de rêves aux sociologues cyniques, des urbanistes déchus aux
architectes richissimes, des jésuites utopistes baroudeurs aux directeurs
généraux des plus grands groupes immobiliers… une soixantaine de
rencontres m’ont permis d’arpenter les villes, de m’interroger, d’ouvrir les
yeux, de m’émerveiller, de participer, de construire ou de vagabonder à leur
côtés et me perdre dans des quartiers sans fin.
De Superbarrio, (alias Raul Bautista), superhéros masqué des quartiers
pauvres de Mexico, soutenant les mille et une causes du logement devenu
directeur de l’ambitieux Programme de l’amélioration de l’habitat de Mexico ...
à Mariana Vasquez, directrice de Un Techo Para mi Pais Mexico, talentueuse
étudiante en droit toujours élégante, même avec un marteau et des clous
en main sous une chaleur insoutenable. De Enrique Sanchez, simple maçon
d’une banlieue perdue qui souhaitait tout apprendre sur la construction
durable ... à Fernando Alfaro et Georgina Sandoval, dirigeants de l’ONG Casa
y Cuidad, dont le travail est reconnu comme l’un des meilleurs du monde par
la commission de l’ONU Habitat.
Au détour d’un chantier, au fin fond de banlieues perdues ou dans un bar de
San Diego... écoutons-les nous raconter leur version de l’histoire.
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7. Desintérêt social
Arpenter d’abord la ville clonée...
Le Mexique connaît actuellement une transformation radicale de son
territoire. Dans la lignée de la Chine, la politique du logement des pays en
voie de développement est entrée dans l’aire globalisée.
Le gouvernement mexicain a engagé en l’an 2000 une politique de logement
accélérée d’ «intérêt social» qui soutient l’acquisition de maisons individuelles
via des crédits immobiliers hypothécaires.
Les cinq promoteurs immobiliers les plus puissants du pays, cotés en bourse,
possèdent le monopole des constructions de ces logements.
Ceux-ci se matérialisent par la création fulgurante de quartiers de dizaines de
milliers de maisons parfaitement identiques, sortes de pavillons ou de mini-
appartements dont la surface et l’aménagement sont réduits au plus strict
minimum.
Dans toutes les ville mexicaines, ces nappes d’urbanisation dévorent les
zones agricoles ou en friche, avec une prédilection pour les territoires les
moins chers et donc les plus isolés.
Ces formes nouvelles d’urbanisation pour pauvres, hybrides de cités dortoirs
et de gated communities, composent des paysages surréalistes perdus aux
confins des territoires les plus reculés et désertiques du pays dans lesquels il
est difficile de pénétrer.
La population, confrontée à la rupture de ses réseaux familiaux et à une
brusque perte d’identité, détruit ou réinvente les lieux au travers d’étranges
imaginaires, détourne et reconstruit les façades, les toits, les accès, les rues,
les paysages.
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9. Soixante-dix millions de mains
Puis faire volte face, sauter le mur, vers l’autre univers.
La ville informelle, crée par des millions de mains. Celle qui n’est pas planifiée,
celle qui se joue des règles. Celle qui change de visage au jour le jour et survit
par l’adaptation permanente.
La ville informelle s’est autoproduite autour des centres-villes coloniaux et
leur démographie a explosé.
Aujourd’hui, la plupart des professionnels mexicains ont reconnu son intérêt
au niveau social et économique mais aussi architectural et urbain.
Il y a cette variété détonnante et cette hyperactivité radicale. Un paysage qui
change énormément selon les ressources de la région. Architectures de bois
braconnés et de tôle ondulée au Chiapas, de parpaings bruts et de briques
autoproduites à Mexico, de matériaux recyclés des déchets américains à Ti-
juana.
On construit avec l’appui d’un frère devenu charpentier au Chiapas, grâce à
un vrai maçon de quartier à Mexico, ou par une sorte de bricolage improvisé à
Tijuana. Des stratégies de survivance très spécifiques sont ainsi développées
suivant les régions du pays et les contextes.
A échelle urbaine, cent méthodes pour se raccorder à l’électricité, obtenir
l’eau potable en créant des réservoirs et des citernes de quartier, construire
des réseaux d’égouts les dimanches, créer des systèmes de transports par pe-
tites camionnettes Volkswagen au Chiapas ou taxis collectifs à Tijuana, instal-
ler des marchés mobiles de récupération à Mexico ou se créer des systèmes
de vigilance, des organisations de garde d’enfants, récupérer et réparer évi-
demment toutes machines déchets etc.
S’organiser en tant que société civile par des systèmes d’assemblées de quar-
tier. Trouver des leaders et des porte-paroles. Réinventer les modes de colla-
boration avec les instances politiques du moment après chaque élection.
La ville informelle est si riche que les grands promoteurs immobiliers envisa-
gent finalement de construire leurs zones de logements clonés à ses abords
pour bénéficier de son hyperactivité.
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11. Les pistes: InFormal Vs Formal
Les fabricants utilisent et détournent les systèmes de l’informel dans les
projets de développement et d’amélioration des barrios. Ils trouvent dans
ces quartiers un fonctionnement et des solutions de logement et d’urbanité
adaptés. Les outils de l’informel pour résoudre les problèmes de l’informel…
« L’utilité de l’observation de l’informel est qu’elle est à la base d’une série d’outils
adaptés à la compréhension et au travail sur la scène urbaine contemporaine.
Loin d’éliminer les architectes, cette approche dans laquelle les architectes
conçoivent avec l’expertise locale, crée des systèmes qui seront adaptables à
diverses conditions et lieux. » Alfredo Brillembourg
Ce n’est pas le design de l’architecte qui importe ici mais le type de structure.
Il faut s’appuyer sur des ONG, des organisations civiles, ou des mairies
engagées. Il s’agit d’inventer de nouveaux modes de gestion et d’organisation
intelligents.
Concevoir aussi des systèmes de financement. Inventer des règlementations
urbaines souples et mutantes. Se servir de la réactivité et de la capacité
d’analyse et d’improvisation des habitants pour les encourager à devenir
plus autonomes, les former à réaliser leurs propres diagnostics de quartier
et analyser leurs véritables besoins, les aider à inventer leurs projets, à les
négocier avec les instances officielles.
Expérimenter dans certains quartiers, «modéliser» ces expériences de terrain
pour pouvoir les transformer en de véritables lois et programmes d’aide
municipaux applicables à la ville. C’est ce qu’ont fait Raul Bautista et son
équipe avec le PMV. Cet immense programme d’amélioration de l’habitat
à Mexico qui mobilise maintenant 250 architectes indépendants et permet
de soutenir la ville informelle par milliers de crédits.
Le design urbain ou architectural n’est qu’une partie de la chaine qu’il faut
monter dans un processus extrêmement riche où tout est réinterprété. Il
s’agit de revendiquer la densité urbaine comme densité d’activité, revoir et
réinventer les règlementations de zoning comme le fait Teddy Cruz, associé
de l’ONG Casa Familiar, dans le quartier mexicain de San Ysidro à San Diego.
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13. Ou bien mobiliser, renverser les rôles, guider vers l’autonomie à la manière de
l’ONG un techo para mi pais.
Intéresser la population, les étudiants comme organisateurs, mobilisateurs et
constructeurs, les grandes entreprises comme sources de financement, les
employés volontaires comme maçons les week-end. Reprendre tout à zéro,
allouer des microcrédits, impulser l’envie d’avancer, construire par étapes, des
maisons temporaires puis de vrais projets architecturaux, pousser les mairies
à se réintéresser aux quartiers.
Et, comme Juan Casillas et son Laboratorio de Arquitectura Basica, se
servir des ressources existantes. Pousser à construire autrement, rejeter
l’invasion totalitaire du parpaing, récupérer les savoir-faire encore présents.
Encourager la population des marges, si habile à manipuler, réparer et
transformer, à utiliser ses talents dans la création de ses propres techniques
pour un habitat durable.
Enfin, élaborer des projets de logements officiels, conduits par les institutions
gouvernementales, mais avec des outils issus du système informel. Insérer
des tactiques, processus et procédés tels que la participation des habitants,
la recherche de flexibilité dans les usages, l’extension possible des surfaces
habitables. Revendiquer l’importance de la situation de l’habitat au plus
près des centres-villes et l’intérêt de construire des logements de qualité qui
puissent voir leur valeur s’accroître.
Tel est le cas du collectif d’architectes Elemental travaillant sur des opérations
de maisons familiales avec des budgets inférieurs à 7000 dollars pour des
maisons de 36 m² extensibles à 72 m².
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15. Cette exposition présente des morceaux choisis des recherches
sur l’habitat que j’ai mené en 2008-2009. Ce travail fait suite à des
explorations sur l’architecture et l’urbanisme entamées en 2005
dans les zones rurales et touristiques de l’état de Oaxaca et du
Chiapas.
Je travaille actuellement à une base de données des projets sur
site internet qui permettra aux différents acteurs mexicains de se
découvrir les uns les autres. J’espère que nous pourrons travailler
ensemble.
Ce travail de recherche est le fruit d’une collaboration avec Ezequiel
Zàrate Toledo, anthropologue, et Fernando Rodríguez, biologiste.
Merci à mes Superhéros :
Fernando Alfaro González - Galdina Macedón - Rogelio Estrada
Pardo- Epigmenio - Manuel - Derek Dellekamp -José Castillo - Juan
Casillas Pintor Claudia Rodriguez - Tania Rodriguez - Enrique Ortiz
- Estella Sanchez- Angela - Georgina Ramirez Sandoval - Fernando
Alfaro - Raul Bautista _ Pablo Mansillas - Lourdes Malvido - Juan
Carlos Sapien - Carlos Castañeda Carlos Gonzales Lobo - Ruben -
Humberto Rello - Jorge Ibarra - Javier Sanchez - Pablo Mansillas–
Teddy Cruz – David Flores - Tito Alegria - Jaime Rello - Irma - Don
Vicente – Hortensia Hernandez Mendoza - Andrea Skorepa - Enrique
& Maria - Francisco Cortes –María Leticia Salinas Salgado– Gustavo
Romero - Victor Morales Sanchez – Mariano Salazar - Mario Alberto
Medel Ortiz - Raùl Solares -Angela - Carlos García Velez - Margarita
- Josefina Pataki - Eduardo Zavala Reyes - Josefina Duran - Diana
Janicki - Graciela Lara - Judith Villavicencio - René Coulomb – Esther
Maya Perez - Pedro León Monjaras – Manuel Vazquez Sanchez -
Patricia Aguilera Samuel Medinas - Arturo Ortiz Struck.
Merci de leur soutien à:
La Fondation EDF Diversiterre - L’Institut de France - L’Académie
des Beaux Arts et particulièrement la commission des aides et
encouragements.
Rodrigo Valéro - Cécilia Buck - Gabrielle Seguin - Famille Goulet -
Juan Seguin - Mattieu Serrière - Stéphane Levy - Dounia Hamdouch
Anaïs de Balincourt .
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16. Raphaële Goulet, architecte.
1 bis rue Georges Braque 75014 Paris
+33 6 28 05 93 72
raphaelegouletarchi@gmail.com
Assistée de Fernando Rodriguez
www.razonatura.org
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18. Cécile Leroux - collectif... et alors ?
New Orleans +1m
La Nouvelle Orléans / Etats-Unis
Raphaële Goulet
Lucha Libre
Mexico, Tuxtla Gutierez, Tijuana / Mexique
Emilie Cam & Rémi Ferrand - ReW 2009
Shangwhy, métapole agricole
Shanghaï / Chine
Marie Périn & Grégoire Barraud -TICArchitecture
This is a canvas
Londres / Grande-Bretagne
Mathilde Métais & Pierre Charpentier
Le quartier du crépuscule...
Mali / Bamako
Depuis 1992, la Fondation EDF offre tous les deux ans cinq bourses à de jeunes architectes
diplômés depuis moins de cinq ans pour un projet d’étude à l’étranger.
En 2008, le jury a distingué huit lauréats :
Emilie Cam et Rémi Ferrand, Raphaële Goulet, Cécile Leroux, Mathilde Métais et Pierre
Charpentier, Marie Périn et Grégoire Barraud.
La Fondation EDF Diversiterre vous invite à découvrir le résultat de leur recherche sur le
thème «Villes et Solidarités».