Cette communication est une présentation de mon projet de recherche dans le cadre du colloque « Avenirs numériques » de l'ITIS le 10 avril 2019 à l'Université Laval dans la ville de Québec.
Ce projet examine l’émergence de nouvelles solidarités autour de la réappropriation citoyenne des usages numériques. Les FabLabs offrent à leur communauté de praticiens, par les innovations liées à la fabrication numérique, la possibilité de partager leurs expertises et de développer leurs capacités critiques et techniques.
Éthique hacker, participation citoyenne et communs numériques dans les FabLabs et les FabCities
1. Éthique hacker, participation citoyenne et
communs numériques
dans les FabLabs et les FabCities
Présenté par Sandrine Lambert
2. Qui suis-je?
● Études d’anthropologie en France — École des Hautes Études en Sciences Sociales (2003)
● Premier terrain de maîtrise au Burkina Faso (Semaine Nationale de la Culture)
Anthropologie politique traditionnelle : mise en scène du pouvoir et instrumentalisation de la culture au
service de l’État
● Second terrain de maîtrise : les représentations de l’Afrique francophone sur les scènes de théâtre à Paris
et Avignon
● Plus de 10 ans de travail dans le domaine culturel (cirque, danse, théâtre, mime, arts de la rue)
● Arrivée au Québec en 2012
● 2012 - 2018 : responsable des communications pour La Rotonde / Maison pour la danse de Québec
● Retour aux études >> doctorat en anthropologie
3. Genèse de mon intérêt pour les FabLabs et le mouvement
maker
● Première rencontre avec les FabLabs à Museomix — marathon culturel international de 3
jours pour réinventer la médiation culturelle grâce à des FabLabs.
Exemple : « L’art fait le trottoir. Un musée dans la ville » au Musée national des Beaux-Arts du
Québec
● Découverte du livre du sociologue Michel Lallement LALLEMENT,
M., 2015, L’âge du faire. Hacking, travail, anarchie, Paris. Éditions
du Seuil.
4. Qu’est ce que l’anthropologie vient faire ici?
● Si nous admettons que nous sommes face à une mutation anthropologique majeure et que nous sommes
entrés dans une civilisation numérique alors il est certain que l’anthropologie peut démontrer sa pertinence.
● Le cyberespace n’est plus un territoire autonome; il se trouve pleinement intégré dans toutes les sphères
de notre quotidien.
● La méthode anthropologique qualitative et empirique constitue une chance d’appréhender les enjeux
numériques dans nos environnements sociaux et culturels contemporains, d’un autre point de vue.
● Mon approche sera celle d’une anthropologie politique du numérique, au croisement de la sociologie des
utopies concrètes et de la philosophie de l’innovation.
5. Mon sujet d’étude : FabLab et FabCity
FabLab : laboratoires de fabrication numérique
“How to make (almost) anything?”
● Né au MIT dans les années 2000
● Initiateur : Neil Gershenfeld
● Les données numériques (bits) peuvent générer des objets
physiques (des atomes)
● Les outils de la fabrication numérique
● FabFoundation, charte et réseau mondial
● FabAcademy
● Lutte contre l’obsolescence programmée
● Reprendre le contrôle sur les idées et les techniques
● 1600 FabLabs répartis partout sur la planète
6. Mon sujet d’étude : FabLab et FabCity
FabCity : la fabrication numérique à l’échelle des villes
“Locally productive, globally connected”
● Naissance à Barcelone en 2014
● Villes résilientes
● Relocaliser la production
● Économie circulaire
● Smart citizen versus Smart city
● La promesse de 2054 : “ Cities can produce everything they consume”
● Connectée sur le réseau des FabLabs
● 28 villes
● Un manifeste en 10 points
7. Les concepts-clés : éthique hacker et logiciel libre
● « To a hacker, a closed door is an insult, and a locked door is an
outrage. »
Pour Steven Levy, l’éthique des hackers tient en six points :
1. l’accès aux ordinateurs, et plus généralement à tout ce qui peut
améliorer la connaissance, doit être total et illimité;
2. l’information doit être libre;
3. il faut se méfier de l’autorité et promouvoir la décentralisation;
4. les hackers doivent être jugés sur ce qu’ils font, non selon leurs
diplômes, leur âge, leur origine, leur sexe ou leur position sociale;
5. on peut créer de l’art et de la beauté avec un ordinateur;
6. les ordinateurs peuvent changer la vie — en mieux.
LEVY, S., 1984, Hackers : Heroes of the Computer
Revolution. New York, Delta.
8. Les concepts-clés : les attributs de la culture maker
● Do It Yourself : bricolage, fabrication, bidouillage, créations
artisanales
● Valorisation la réparation et du savoir-faire manuel
● Partage de connaissances dans un lieu physique de sociabilité
● Des rendez-vous partout dans le monde : les Maker Faire
● Un mot clic : #makersgonnamake
● Un magazine : Make
Source: http://sites.ieee.org
9. Les concepts-clés : les communs de la connaissance et du
numérique
● Les communs se définissent principalement en opposition à la propriété privée. Il s’agit de ce qui est mis
en partage. Aux côtés des ressources naturelles, nous trouvons aussi les communs de la connaissance et
les communs numériques. Internet (à ses origines) et le logiciel libre sont les plus connus des communs
numériques.
● Les communs numériques constituent une logique d’action contre l’atomisation de la sociabilité et contre
l’appropriation capitaliste ainsi qu’une réponse opérationnelle à un ensemble d’imaginaires autour des
notions de partage, de réseau et d’entraide.
10. Questions et objectifs de recherche
En quoi les FabLabs constituent-ils des lieux de fabrique et des laboratoires
d’expérimentation de nouvelles formes de participation citoyenne ?
En quoi les FabCities, par la mise en œuvre d’utopies concrètes, contribuent-elles à
prototyper une démocratie participative à l’ère numérique ?
Les objectifs :
● étudier ce qui, dans l’éthique hacker, la culture maker et les innovations réalisées dans les FabLabs et les FabCities, permet
de développer une culture numérique et un accès équitable aux technologies
● analyser en quoi l’imaginaire et les valeurs des artisans des FabLabs et des FabCities favorisent de nouveaux types de
solidarités et le positionnement de « geeks », « hackers » ou « makers » en citoyens engagés pour le bien commun
● comprendre le rôle des FabLabs et des FabCities dans la réinvention de la citoyenneté et dans les communs numériques
● vérifier si l’autonomie culturelle et l’intelligence collective souhaitées par les FabLabs et les FabCities constituent une réalité ou
un idéal mythifié par le techno-utopisme
11. Contribution du projet à l’avancement des connaissances
● Inspirés par la philosophie open source et le hacking, la culture remix (contournement et réinterprétation des
créations artistiques ou technologiques) et la do-ocratie (valorisation de l’apprentissage par le faire), les FabLabs
offrent à leur communauté de praticiens la possibilité d’échanger, de monter en capacité (empowerment) et de
coconstruire le vivre ensemble pour préfigurer un idéal de démocratie participative.
● Les FabLabs et les FabCities semblent développer des stratégies interstitielles de fabrication d’utopies citoyennes
apportant ainsi une perspective heuristique novatrice et prometteuse pour la compréhension sociale de la guerre des
intelligences humaines et artificielles.
● Cette recherche analyse le rôle possible des FabLabs et des FabCities pour le développement d’une éthique des
usages numériques qui soient inclusifs, au service des communs de la connaissance et de nouvelles solidarités
autour de l’appropriation citoyenne des innovations technologiques.
● À ma connaissance, ce sera la première étude anthropologique sur les FabLabs et les FabCities au Canada.
12. MERCI POUR VOTRE ÉCOUTE !
Courriel : sandrine.lambert.1@ulaval.ca
Twitter et Instagram : @sandrine_lambert
À bientôt sur Academia, ResearchGate, LinkedIn
ou mieux, à la pause-café !