Point de Mire was established in 1995 in Geneva as an independent financial print media targeted at the decision makers within the Swiss and international financial sector. Under my leadership as the editor in chief it expanded into new fields such as Blockchain, Crowdfunding, Fintech, and Smart Contracts.
5. Numéro 73 – Eté 2018 – 5
Portrait
expertise. Après avoir travaillé
dans une banque d’affaires d’im-
portance mondiale à Londres et à
New York, lorsque je suis revenu
à Genève, je me suis aperçu que
le métier de GFI en Suisse était
bien différent de ce que j’avais
pu observer. A Genève, l’accent
semblait reposer sur la relation
humaine avec son client, alors
qu’au Royaume-Uni ou aux Etats-
Unis, l’offre des conseillers en
patrimoine était plus orientée
sur la performance et le service à
forte valeur ajoutée que l’on ne
pouvait prodiguer qu’avec une
structure adéquate, composée
d’au moins six personnes et de
systèmes informatiques perfor-
mants. De plus, nous avons été
rejoints par des gestionnaires
de fonds, qui souhaitaient se
focaliser sur leur trading et
nous laisser gérer toute la par-
tie administrative et opération-
nelle. Nous avons donc investi
dans des équipes et un réseau
de prestataires institutionnels à
partir de 2004. SEQUOIA a donc
pu offrir très tôt des familles de
fonds qu’elle donnait en gestion
à des gestionnaires internes ou
externes dont SEQUOIA suivait
l’activité en temps réel, avec
contrôle du risque. Par la suite,
le même modèle a été offert à
des gestionnaires indépendants
(GFI) afin de leur permettre
de se concentrer sur la relation
humaine avec leurs clients et
donc de nous laisser gérer toute
la partie opérationnelle et régle-
mentaire sous-jacente.
PdM : Vous proposez aux GFI des
prestations, des conseils et des
partenariats. Est-ce que vous
pourriez nous en dire plus ?
P-N.F. : SEQUOIA est un prestataire
suisse de solutions financières glo-
bales en gestion de fonds et de
patrimoine. SEQUOIA assiste les
institutions financières, les conseil-
lers en placement et les Family
Offices suisses et étrangers et les
aide à créer et gérer le patrimoine
de leurs clients. Pour cette raison,
SEQUOIA a vocation à fédérer
autour d’elle des prestataires/par-
tenaires que SEQUOIA va mettre
en lien avec les membres de sa
plateforme tout en assurant la
logistique et le risque qu’une telle
relation implique. Les prestations
proposées comprennent : une
place de travail au sein d’un envi-
ronnement dynamique et syner-
gique ; des services administratifs
et de réception ; des services de
conseil en gestion de portefeuille ;
des services d’assistanat en Front,
Middle et Back Office ; des ser-
vices de Legal & Compliance ; des
services de gestion des risques ; la
mise à disposition d’un PMS, d’un
CRM et d’une Infrastructure IT ; la
mise à disposition d’un réseau per-
mettant d’augmenter ses revenus ;
d’un accompagnement marketing
et promotionnel si souhaité.
Lorsque le chiffre d’affaires
annuel récurrent généré par un
GFI en faveur de la plateforme
SEQUOIA s’élève à plus de CHF
500’000.00, le GFI peut à cer-
taines conditions devenir action-
naire de la plateforme SEQUOIA
et donc bénéficier également
du développement des autres
membres de la plateforme.
PdM : Concernant vos parte-
nariats ou associations, les GFI
qui choisissent cette option ne
perdent-ils pas l’un de leurs
grands atouts, c’est-à-dire leur
autonomie ?
P-N.F. : Non, c’est là justement
le grand attrait de SEQUOIA.
SEQUOIA a été structurée pour
préserver l’autonomie des
membres qui la forment. En effet,
les GFI qui sont « powered by »
SEQUOIA ont la liberté de quitter
SEQUOIA à tout moment, avec
un bref préavis. Les GFI qui sont
employés par SEQUOIA peuvent
également reprendre leurs clients
et quitter SEQUOIA, avec le même
préavis. Tout est fait au sein de
SEQUOIA pour que chacun de ses
membres, personnes physiques
(employés) ou personnes morales
(sociétés), puisse agir de façon
autonome tout en respectant le
cadre légal et réglementaire qui
nous est imposé (surveillance et
autorégulation).
SEQUOIA a été struc-
turée pour préserver
l’autonomie des SES
membres
PdM : Dans le cadre des presta-
tions que vous offrez par le biais
de votre plateforme, comment
abordez-vous le risque, la com-
pliance et la réglementation ?
Est-ce le même processus que
celui que vous appliquez dans le
cadre de vos propres activités de
gestionnaire de patrimoine ?
P-N.F. : Dans le processus d’accep-
tation de nouveaux membres de
la plateforme ainsi que du suivi
de l’activité de ces membres, il est
évident que nous devons appli-
quer des règles strictes, conformes
aux dispositions légales et aux
règlements de la FINMA. Le
risque d’une plateforme telle que
SEQUOIA réside en grande partie
dans l’activité des membres qui
la composent. Il est primordial
de s’assurer que les acteurs et
membres de SEQUOIA respectent
en tous points les règles de bonne
conduite. C’est là un très grand
challenge pour SEQUOIA car il
est difficile de suivre les faits et
gestes de tous ses membres, sans
parler des activités qui ne sont pas
directement liées à SEQUOIA mais
se reflètent sur la réputation et le
professionnalisme.
PdM : Comment sélectionnez-
vous les GFI qui souhaitent
rejoindre votre plateforme ?
P-N.F. : Le processus de sélection
de nos membres est encore très
ouvert, en particulier parce que
les principales lois affectant en
profondeur les GFI (LSFin, LEFin)
ne sont pas encore en vigueur. Par
conséquent, la demande pour une
plateforme telle que SEQUOIA
est loin d’avoir atteint son point
culminant. Dans l’attente d’une
entrée en vigueur de la loi,
SEQUOIA cherche avant tout des
membres proactifs, capables de
générer un chiffre d’affaires leur
permettant de vivre et de payer
les prestations qu’ils utilisent sur
la plateforme SEQUOIA. Les GFI
qui nous rejoignent actuellement
sont des gestionnaires qui s’oc-
cupent de 20 à 150 clients, avec
une masse sous gestion de CHF 20
Mio à CHF 300 Mio. SEQUOIA n’a
pas de zone géographique de pré-
dilection, même si ses membres
actuels sont particulièrement
actifs du côté des pays émergents.
CUSTODIANS,
NAV
CALCULATION
MARKET FEED
UPDATES
CRM
YOU
Anywhere in
the World
SIMULATION AND
ANALYSIS
REPORTING
POSITION HOLDING,
TRADING
OPERATIONS CONTROL
COMPLIANCE
FEES AND RETROCESSIONS
CALCULATION
SHADOW ACCOUNTING
BROKERS,
DEALING
DESK AND
TRADING
PLATFORMS
(➥ suite en page 14)
Sequoia - The Advanced and Mobile Portfolio Management System
Source: SEQUOIA Group SA
6. 6 Numéro 73 – Eté 2018 –
Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs
s’associent à une hausse des marchés
actions, on se trouve dans l’univers
le plus favorable. Nous nous éloi-
gnons aujourd’hui graduellement
de cet environnement sur fond de
normalisation des politiques moné-
taires, en particulier aux Etats-Unis.
Mais il est peut-être encore trop tôt
pour dire que le cycle des marchés
actions est déjà terminé.
Par ailleurs alors que les spreads de
crédit commencent à s’écarter il est
intéressant de noter que le risque
crédit des obligations par rapport
aux actions est plus limité car elles se
situent au même rang pari pasu que
les obligations séniors traditionnelles.
Qu’est-ce qu’une obliga-
tion convertible ?
L’obligation convertible est un titre
de dette à revenu fixe qui allie les
propriétés des obligations et des
actions. Tout comme une obligation
classique, l’obligation convertible
distribue périodiquement un cou-
pon fixe et peut être remboursée à
une date d’échéance définie. Elle a
également en commun avec les obli-
gations d’entreprises classiques cer-
tains risques tels que le risque de cré-
dit lié à l’émetteur et le risque induit
par la variation des taux d’intérêt.
Elle se distingue en revanche de
l’obligation d’entreprise tradi-
tionnelle par la clause optionnelle
dont elle est dotée et qui donne à
son détenteur la possibilité, mais
non l’obligation, de convertir son
titre en un nombre défini d’actions
de la société. Ces actions sont en
principe, mais pas nécessairement,
émises par la même entreprise que
celle qui émet l’obligation.
La convexité des
convertibles
Les investisseurs utilisent les obli-
gations convertibles pour leurs
caractéristiques en termes de
convexité, c’est-à-dire la non-li-
néarité de leur performance entre
phase haussière et phase baissière.
La convexité plus élevée offre un
plancher qui limite le risque bais-
sier si la qualité de crédit de l’émet-
teur obligataire reste solide. Cette
caractéristique peut être clé dans
un contexte de marché plus volatil
comme en 2018. Lors de la baisse
brutale des marchés du début d’an-
née, les obligations convertibles
ont démontré cette capacité à
réduire les performances négatives
et à rebondir rapidement.
Phase du cycle et hausse
des taux
Les obligations convertibles sont
propulsées par différents moteurs.
Si la baisse des rendements et la
contraction des spreads de crédit
Les obligations convertibles sont
aussi généralement considérées
comme un moyen d’amortir les
effets de la hausse des taux. Elles
ont tendance à mieux se compor-
ter grâce à leur clause optionnelle.
En effet, les contextes de hausse
des taux coïncident souvent avec
une amélioration de la conjonc-
ture économique, ce qui est géné-
Les obligations convertibles
demeurent une exposition
intéressante dans un contexte
de hausse des taux
n Bernhard Wenger, Résponsable SPDR ETFs, Suisse, State Street Global Advisors (SSGA), Zurich
Les obligations convertibles qui allient les propriétés des obligations et des
actions offrent aux investisseurs une exposition présentant des caractéristiques
uniques. Grâce à cet instrument créé dans les années 1860 pour financer l’in-
dustrie ferroviaire américaine, l’émetteur est en mesure d’emprunter à des
taux intéressants tandis que l’investisseur peut participer au développement
de la société en exerçant une option qui lui permet de convertir ses obligations
en actions. Dans une phase de croissance économique qui nécessite une nor-
malisation des politiques monétaires avec une remontée des taux court terme,
cette classe d’actif a tendance à bien se comporter.
Source : Bloomberg Finance L.P. au 15 mai 2018
Past performance is not a guarantee of future results. Index returns reflect capital gains and losses, income, and
the reinvestment of dividends. Performance returns for periods of less than one year are not annualized.
Bernhard Wenger, Directeur
Commercial Suisse de State
Street Global Advisors (SSGA),
dirige la vente et le Business
Development de la gamme
SPDR ETFs, qui se focalise sur les
stratégies Fixed Income, Secto-
rielles et Smart Beta. Avant de
rejoindre SSGA, Bernhard Wen-
ger a occupé durant cinq ans plu-
sieurs postes chez ETF Securities,
en particulier celui de Directeur
Commercial Europe en charge
des activités vente et Business
Development. Auparavant, il a
occupé plusieurs postes à respon-
sabilité au sein des banques Mor-
gan Stanley, HSBC et BNP Pari-
bas. Il est diplômé d’un Master
en Management Européen de
l‘ESCP Europe (Paris-Oxford-Ber-
lin). SSGA est le 3e
gérant d’actifs
et ETF Provider au monde.
7. Numéro 73 – Eté 2018 – 7
Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs
ralement favorable aux actions et
au crédit plus largement.
Il faut noter que la faible sensibilité
au risque de taux d’intérêt des obli-
gations convertibles mondiales pro-
tège particulièrement bien dans les
contextes de hausse des rendements
à long terme. Les taux à court terme
ne réagissent pas toujours instan-
tanément et il se peut que les ren-
dements à plus long terme les pré-
cèdentdanslahausse.Lorsqu’àlafois
les rendements à court et long terme
montent, les obligations convertibles
peuvent contribuer à compenser les
tensions sur la performance.
Lors des périodes passées de hausse
des taux courts et de remontée des
rendements, les obligations conver-
tibles ont démontré de bonnes per-
formances relatives par rapport à
certains indices obligataires crédit
en particulier. Le tableau ci-dessous
met en exergue quelques périodes
de remontée des taux directeurs
aux Etats-Unis et/ou d’augmen-
tation des rendements dans un
contexte de hausse de l’inflation.
Souvent signe d’une phase plus tar-
dive du cycle économique qui com-
bine une expansion modérée de
l’économie et une situation proche
du plein emploi. Dans ce contexte,
les indices de sentiment sont plus
élevés et l’inflation augmente.
Que ce soit lors du “taper tantrum”
il y a cinq ans ou plus récemment
lors de la phase de reflation au der-
nier trimestre 2016 ou encore depuis
décembre 2017, ou même lors de la
dernière période de hausse des taux
aux Etats-Unis (2004-2006) les indices
d’obligations convertibles ont dé
montré leur capacité à protéger par-
tiellement contre l’effet négatif de la
sensibilité au risque de taux.
Conclusion
Nous estimons être dans cette phase
du cycle économique qui voit les
politiques monétaires se normaliser
alors que le cycle mature. Ces phases
ont historiquement été bénéficiaires
aux obligations convertibles dans
l'univers obligataire. Cependant, la
volatilité peut revenir rapidement,
comme nous l'avons expérimenté
plusieurs fois cette année. Les carac-
téristiques hybrides des obligations
convertibles en font un instrument
particulièrement adapté pour navi-
guer à travers cette phase en 2018.
Avertissement
Exclusivement destiné aux inves-
tisseurs professionnels.
L’information fournie ne constitue
pas un conseil en investissement tel
que ce terme est défini par la règle-
mentation suisse applicable et elle ne
pourrait être invoquée en tant que
telle. Elle ne doit pas être considérée
comme une sollicitation d’achat ou
une offre de vente d’investissement.
Déc-17 à
Mai-18 (%)
Oct-16 à
Mars-17 (%)
Sep-15 à
Déc-15 (%)
Mai-13 à
Juin-13 (%)
Mars-04 à
Juin-06 (%)
Jan-06 à
Juin-06 (%)
Oct-04 à
Avr-05 (%)
Mars-04 à
Juin-04 (%)
TR Qualified Global (Cvt) 2.10 2.95 1.59 -0.54 12.85 7.46 2.05 -2.21
TR Global Focus (Cvt) 0.28 0.92 1.98 -1.14 10.15 6.40 1.44 -1.69
MSCI ACWI NR (Eq) 3.01 8.18 5.03 -2.62 31.68 6.13 7.14 0.36
Global High Yield BB-B -1.15 2.77 -0.68 -3.90 15.29 3.90 2.62 -1.10
Global Corporate IG -2.51 -2.65 -0.82 -4.94 4.99 1.80 5.37 -3.02
US Crossover (BBB-BB) -1.84 2.23 -0.70 -4.06 8.10 1.54 1.81 -2.53
Rates & Yields changes
Déc-17 à
Mai-18 (%)
Oct-16 à
Mars-17 (%)
Sep-15 à
Déc-15 (%)
Mai-13 à
Juin-13 (%)
Mars-04 à
Juin-06 (%)
Jan-06 à
Juin-06 (%)
Oct-04 à
Avr-05 (%)
Mars-04 à
Juin-04 (%)
Fed Funds 0.50 0.50 0.25 0.00 4.25 1.00 1.00 0.25
US 10y Yield Change 0.57 0.79 0.23 0.86 1.30 0.75 0.01 0.75
DE 10y Yield Change 0.10 0.45 0.04 0.52 0.14 0.76 -0.63 0.39
Source : State Street Global Adivsors ; Bloomberg Finance L.P. au 25 mai 2018
Past performance is not a guarantee of future results. Index returns reflect capital gains and losses, income, and
the reinvestment of dividends. Performance returns for periods of less than one year are not annualized.
8. 8 Numéro 73 – Eté 2018 –
gérance de fortune indépendante
de services financiers. En outre sur la
demande du client, des informations
sur les montants effectivement reçus
doivent être fournies.
L’exposé de Madame Yvonne Lenoir-
Gehl, Head of Group Regulatory
Office Organization de la Banque
Pictet de Genève, explique à nos
membres pourquoi un gestionnaire
de fortune actif en Suisse doit res-
pecter les règles MIFID II. C’est parce
que la plupart de ses clients sont
européens et qu’en cas de passage
devant les tribunaux, ce n’est pas les
lois suisses qui s’appliqueront mais
bien les lois européennes. Le respect
de MIFID II n’entraîne aucune recon-
naissance de facto d’un gérant suisse.
Les lois européennes protègent
donc les consommateurs européens.
Même si la ligne de défense devait se
baser sur la « reverse sollicitation »,
avec les moyens technologiques
d’aujourd’hui, n’importe quel client
peut facilement prouver que son
gestionnaire l’a au moins appelé une
fois, ce qui fera tomber cet argument
et mettra le gérant dans la juridiction
des juges étrangers.
En ce qui concerne les membres de
l’ARIF, une partie importante des obli-
gations de MIFID II sont déjà remplies,
si les standards de l’ARIF sont respectés.
Pour conclure l’après-midi, l’anima-
teur souligne que si les gestionnaires
de fortune et les trustees respectent
scrupuleusement les règles de l’ARIF
(Directives et Code de déontologie),
ils ont déjà une bonne avance sur la
mise en œuvre des obligations qui
découleront des futures lois.
Les membres de l’ARIF concernés
sont donc déjà bien armés pour
assurer leur passage dans le futur
OS, notamment les trustees pour
lesquels, l’ARIF a émis déjà depuis
2012 une Directive spéciale destinée
aux trustees, fondations et assimilés,
(Directive 3b) pour les aider dans
l’identification du cocontractant et
de l’ayant droit économique.
L’ARIF :
Futur organisme de surveillance
n Norberto Birchler, Directeur, membre du Comité de l’ARIF et membre du Groupe de travail – ARIF futur OS, et Maître
Stéphanie Hodara El Bez, Associée chez Altenburger Ltd legal + tax, membre du Comité de l’ARIF et Responsable du
Groupe de travail – ARIF futur OS
Le mardi 8 mai et le jeudi 31 mai 2018, l’ARIF a organisé deux de ses forma-
tions sur le thème « LSFin/LEFin ». Le but principal de ces deux séances (la
première en français, la deuxième en anglais) et regroupant près de 250 per-
sonnes, était de présenter à nos membres gestionnaires de fortune et/ou trustees
les préparatifs que l’ARIF a déjà entrepris afin de pouvoir demander, en temps
voulu, l’autorisation en tant qu’organisme de surveillance (OS) dans le cadre
de la LSFin/LEFin. Le rôle de l’OS sera d’assurer la surveillance courante des
établissements financiers, qui auront obtenu une autorisation de la FINMA et
qui seront membres de l’ARIF.
qui restent assujettis à la
LBA. Afin de permettre à
tous les nouveaux établis-
sements agréés de respecter
entièrement leurs obligations,
l’ARIF prépare une formation métier
et réglementaire pour les gérants de
fortune et les trustees, en collabo-
ration avec un institut de formation
reconnu. La loi prévoit également la
création d’un organisme de média-
tion : un partenariat de l’ARIF avec
un organisme reconnu est en prépa-
ration. La structure de l’ARIF en tant
qu’OS dépendra de la version finale
des ordonnances et ne pouvait donc
être présentée lors de la conférence.
Maître S. Hodara a ensuite présenté
les obligations pour les établisse-
ments soumis à la LSFin, notamment
les règles de conduite à observer
pour la fourniture de services finan-
ciers telles que la classification des
clients, l’obligation de formation
continue et de perfectionnement,
l’obligation d’information, la véri-
fication du caractère approprié et
de l’adéquation des services finan-
ciers (suitability et appropriateness),
l’obligation d’établir des documents
et de rendre compte, etc. Les clients
devront être classés en plusieurs
catégories, chacune de ces catégo-
ries pouvant ensuite encore choisir
entre un opting-in et un opting-
out. La suitability et l’appropriate-
ness impliquent que l’établissement
financier devra se renseigner sur
les connaissances et l’expérience du
client, établir sa situation financière
et définir avec lui les objectifs de pla-
cement. En ce qui concerne les rému-
nérations perçues de tiers, celles-ci
ne sont pas interdites, mais sont
soumises à des conditions. Le client
doit être informé du type et de l’am-
pleur de cette rémunération et avoir
renoncé à la percevoir ; cela doit être
fait préalablement à la fourniture
Le séminaire était articulé en trois
interventions. Un représentant de la
FINMA, a présenté en premier lieu la
LEFin et sa mise en œuvre. Les faits
présentés se basent sur le projet de loi
actuel de la LEFin (pas encore accepté
par le Parlement lors de la rédaction
de cet article, et susceptible de modi-
fication). En introduction, le repré-
sentant de la FINMA a présenté la
situation actuelle des intermédiaires
financiers (IF) du secteur paraban-
caire (Art. 2, al. 3 LBA). Ces IF peuvent
actuellement choisir d’être surveillés
soit par la FINMA, en optant pour
un assujettissement direct (IFDS),
soit devenir membre d’un organisme
d’autorégulation tel que l’ARIF.
Nous sommes tous
concernés par la LSFin
Actuellement environ 39% des IF,
selon Art. 2, al. 3 LBA, pratiquent la
gestion de fortune, alors que seu-
lement 3% sont actifs en tant que
trustee. Ces chiffres, issus de la conso-
lidation des données fournies à la
FINMA par les organismes d’autoré-
gulation (OAR) indiquent qu’environ
3’000 intermédiaires financiers seront
concernés par l’introduction des
LSFin/LEFin et devront donc deman-
der une autorisation à la FINMA. Ces
intermédiaires financiers deviendront
alors des établissements financiers
(EF) et seront soumis à un audit de
type prudentiel. Le représentant de
la FINMA a ensuite présenté les délais
transitoires qui prévoient que les OS
devront être reconnus dans un délai
de six mois après l’entrée en vigueur
de la loi, que les gérants et les trus-
tees auront un délai de six mois pour
s’annoncer auprès de la FINMA et que
celle-ci aura un délai de trois ans pour
les autoriser. En ce qui concerne les
IFDS, ceux-ci auront un délai d’un an
pour s’assujettir à un des
OAR restant. Ces délais
pourraient être simplifiés.
En résumé, les gérants de for-
tune, les trustees et les essayeurs de
commerce seront désormais soumis à
une autorisation directe octroyée par
la FINMA. Les IFDS et les membres
des OAR exerçant une de ces activités
devront obtenir une autorisation de
la FINMA, et le statut d’IFDS dispa-
raîtra. Ces derniers devront adhérer
à un OS ou à un OAR. Les délais tran-
sitoires devront être respectés.
Dans un deuxième temps, Maître Sté-
phanie Hodara, de Altenburger Ltd
legal + tax, membre du Comité de
l’ARIF, a présenté le projet de l’ARIF
en tant qu’OS. Celui-ci assurera la sur-
veillance courante des nouveaux éta-
blissements financiers autorisés par
la FINMA. Cela implique le contrôle
du respect des conditions d’autorisa-
tion LSFin, des obligations LBA ainsi
que des règles de conduite (LEFin).
Tout ce qui dépasse la surveillance
courante sera de la compétence de la
FINMA. Les OS n’auront pas, en l’état
actuel du projet de loi la possibilité
de sanctionner leurs assujettis en cas
de violation, mais devront annoncer
ces dernières à la FINMA et c’est vrai-
semblablement l’Enforcement de la
FINMA qui prendra le relais.
L’ARIF – votre partenaire
pour la transition
En ce qui concerne l’ARIF, celle-ci
a mis sur pied un groupe de travail
qui a réfléchi à ce qui doit être fait :
dans un premier temps l’OS assis-
tera ses membres pour déposer leur
demande d’agrément, en assurant
simultanément la surveillance cou-
rante des gérants de fortune et des
trustees sans oublier celles des IF
Norberto Birchler, Président
de l’ARIF, est membre du
Groupe de travail – ARIF futur
OS. Il est également Conseil-
ler municipal PLR à Collonge-
Bellerive. Une biographie plus
détaillée se trouve dans le
Point de Mire no 71, page 10.
9. Numéro 73 – Eté 2018 – 9
Gérance de fortune indépendante
m’ont permis d’acquérir une solide
base théorique utilisable comme outil
de réflexion. Aucun modèle ne rem-
placera cependant l’expérience du
contact quotidien avec les gérants, et
le fait de rester constamment dispo-
nible et à l’écoute.
PdM : Vous n’hésitez pas à parler de
« vertus de l’indépendance », des termes
forts qui indiquent bien votre engage-
ment en faveur de la profession.
J.F. : Ce terme de « vertus » m’a natu-
rellement valu quelques remarques
amusées, mais je le maintiens. Pour
moi les mots « gérant » et « indépen-
dant » sont lourds de sens. J’assimile
l’indépendance à la responsabilité
personnelle dans la gestion de for-
tune. Je constate que nous revenons
aujourd’hui aux valeurs fondamen-
tales de la profession, après avoir trop
facilement succombé aux attraits de
ses aspects purement techniques et
fonctionnels. Il me semble que l’on
retrouve ce sens de l’engagement qui
met réellement le client au centre du
métier, même si ce concept a été, je le
reconnais, trop souvent galvaudé. La
disponibilité du gérant est une vertu
cardinale. L’analyse à laquelle s’attelle
la troisième partie de la thèse conforte
d’ailleurs ces constatations : l’indépen-
dance est considérée comme une vertu
essentielle par les acteurs de la profes-
sion, de même qu’une réputation irré-
prochable appuyée sur une structure
solide de la société de gestion assurant
sa pérennité, ainsi qu’une culture d’en-
treprise qui reflète ses compétences
particulières et contribue à la cohé-
rence des résultats de gestion. Enfin,
les gérants indépendants tiennent à
conserver toute l’agilité et la flexibilité
que permettent des petites structures.
Ces facteurs se conjuguent pour assu-
rer des relations de qualité sur le long
terme avec la clientèle.
PdM : Venons-en maintenant à votre
pratique au sein de Piguet Galland.
J.F. : Après une expérience à haut
niveau dans de grands établisse-
ments, j’ai aujourd’hui le privilège
d’exercer mon métier au sein d’une
petite structure qui offre précisé-
ment cette culture d’indépendance et
Julien Froidevaux a tenu à mettre son
expérience à disposition aussi bien
des praticiens que des investisseurs en
publiant une thèse de doctorat intitu-
lée « Vertus de l’indépendance dans la
gestion de fortune ». Point de Mire a
tenu à le rencontrer pour déterminer
ce qui l’avait amené à théoriser ainsi
ces vertus, et comment il passait, dans
ses activités quotidiennes, de la théo-
rie à la pratique.
Ecoutons-le !
Point de Mire : Comment en êtes-vous
arrivé à rédiger une thèse de doctorat
sur la gestion indépendante ?
Julien Froidevaux : Je désirais parta-
ger l’expérience acquise au service
de cette clientèle très particulière et
très diversifiée. Peu d’études acadé-
miques ont été publiées à ce sujet. Il
y a naturellement la thèse de Madame
Claude Bretton Chevallier, « Le gérant
de fortune indépendant », (Schulthess
2002), consacrée aux aspects juri-
diques de la profession, et celle de
Christian Bührer, « Unaghängige Ver-
mögensverwalter in der Schweiz »,
(Haupt Verlag, 2006), qui en donne
une image statistique. Mon but était
de tenter une approche plus globale.
L’objectif de ma thèse n’était pas
uniquement de rédiger une étude
purement académique, mais bien de
contribuer à transmettre l’expérience
pratique accumulée au fil des années.
Il était principalement envisagé de
vérifier si l’indépendance d’un gérant
produisait de meilleurs résultats en
termes de performance et de qua-
lité des services
aux clients. Par
performance, il
faut comprendre
l’ensemble des
variables ayant
une influence
positive dans la
pratique de la
gestion. J’ai en
effet très vite
réalisé qu’une
c o m p a r a i s o n
directe des résul-
tats des porte-
feuilles gérés
s’avérait impossible du fait de la trop
grande diversité des univers d’inves-
tissement en présence. De ce fait, elle
eût été, de surcroît, peu pertinente.
En fait, ma thèse s’articule autour de
trois principaux thèmes :
- L’environnement global de la ges-
tion indépendante et son évolution
drastique des dix dernières années,
en particulier du fait de l’abandon
du secret bancaire ;
- La description en profondeur des
modèles d’affaires des gérants
indépendants ; et
- Une analyse des services fournis
par ces derniers, fondée sur des
questionnaires et entretiens d’un
échantillon significatif d’acteurs du
secteur.
J’ajoute que j’ai tenu à effectuer ces
recherches en toute indépendance,
sans le soutien d’un employeur ou de
toute autre institution.
PdM : Comment décririez-vous l’évolu-
tion récente du métier ?
J.F. : Les dix dernières années ont
amené des bouleversements en pro-
fondeur. Elles n’ont toutefois abouti
ni à une contraction significative du
secteur ni aux concentrations que
d’aucuns nous prédisent depuis des
décennies. Les tentatives de fusion se
soldent souvent par des échecs, et cela
tient précisément à l’attachement aux
valeurs d’indépendance cultivées par
ces gérants. La résilience du métier
peut sembler étonnante avec les pro-
blèmes qu’il a pu traverser en raison
du durcissement de l’environnement
réglementaire. Elle a visiblement pour
origine le renforcement tant du pro-
fessionnalisme que de la conscience
accrue des valeurs fondamentales de
la profession. Le métier a dû évoluer
vers une plus grande transparence,
et c’est une excellente chose, car cela
l’oblige à tendre vers l’excellence, et à
se dépasser constamment.
PdM : Comment intégrez-vous les
résultats de vos recherches dans votre
pratique quotidienne ?
J.F. : Les modèles que j’ai mis en œuvre
dans la troisième partie de ma thèse
d’excellence que je me suis attaché à
défendre. La banque avait pour objec-
tif d’étendre la palette de services des-
tinés aux gérants indépendants, une
clientèle qu’elle sert déjà depuis des
décennies. Avec mon arrivée et celle
de deux de mes anciens bras droits
très expérimentés, nous formons ainsi
au sein de l’établissement une équipe
dédiée de six personnes, aux talents
et aux personnalités très complémen-
taires. Nous offrons tous les avantages
d’un établissement à taille humaine
(environ 170 personnes) adossé à un
actionnaire étatique - la Banque Can-
tonale Vaudoise - présentant à la fois
toutes garanties de contrepartie et
une culture de risque maitrisé.
Nous nous présentons comme une
alternative complémentaire aux
autres banques dépositaires, nous
souciant de conserver - à l’image
même de nos clients gérants indépen-
dants - une grande flexibilité et une
approche très personnalisée de notre
clientèle. Comme eux, nous privilé-
gions le luxe rare de prendre le temps
de la réflexion et de l’écoute.
Interview exclusive pour Point de Mire
réalisée par Maurice Baudet.
Théorie et pratique de la gestion
de fortune indépendante
Rencontre avec Julien Froidevaux
Directeur, responsable développement commercial, Piguet Galland & Cie SA, Genève
Notre interlocuteur sert depuis plus de quinze ans une clientèle de gérants
indépendants. Il a pu ainsi développer une connaissance en profondeur des
acteurs de ce secteur, de leurs motivations, des valeurs qu’ils défendent, et
des particularités des services qu’ils peuvent offrir. Il les a accompagnés dans
l’évolution profonde de leur profession, marquée surtout par un environne-
ment réglementaire de plus en plus complexe et exigeant. Il poursuit actuelle-
ment sa carrière au sein de la banque Piguet Galland.
Julien Froidevaux travaille depuis plus
de 27 ans dans des postes de haute
direction, d’investissement et de
clientèle auprès de banques interna-
tionales (UBS, HSBC, Bank of China)
et locales (Lombard Odier, BCV) répu-
tées. Il a débuté son activité comme
auditeur / consultant chez Arthur
Andersen. Julien Froidevaux travaille
actuellementauprèsdePiguetGalland
à Genève en tant que responsable du
développement commercial pour les
gérants indépendants. Il est docteur
en management de l’Université de
Genève et titulaire du diplôme CFA®
et est l’un des membres fondateurs de
la Swiss CFA Society (SCFAS) en 1996 et
l’un de ses anciens présidents.
Maurice Baudet a consacré le plus
clair de sa carrière à la gestion
de fortune indépendante. Il fut
en outre Président de l’Associa-
tion suisse des gérants de fortune
(ASG), puis Directeur général de
celle-ci de 2002 à 2007. Pendant
ces années il a aussi assumé la
fonction de rédacteur responsable
de « Denaris », la revue de l’ASG.
Aujourd’hui conseiller financier
indépendant, Maurice Baudet est
étroitement associé à Point de Mire
en tant que rédacteur et Président
de son Comité consultatif.
VERTUS
DE L’INDÉPENDANCE
DANS LA GESTION
DE FORTUNE
Julien Froidevaux
Éditions Slatkine
Genève
2018
10. 10 Numéro 73 – Eté 2018 –
gestion des risques & géopolitique
L’état alarmant des
prêts étudiants
Pour beaucoup, les prêts étu-
diants sont une forme de
« bonne dette » ; les personnes
ayant un diplôme d’études supé-
rieures gagnent environ USD
20’000 de plus par année que
ceux qui n’ont fait que l’école
obligatoire. Cette perspective
d’un meilleur revenu explique
la raison pour laquelle tant
de jeunes, qui sont mineurs et
n’ont pas besoin de garantie de
solvabilité pour être approuvés,
contractent d’énormes prêts
pour payer leurs études. Au
final, environ 75% des étudiants
achèvent leurs études avec une
dette moyenne de USD 37’000.
Pour ces 44 millions d’Améri-
cains, cet investissement per-
sonnel ne semble pas toujours
être rentable puisque le taux de
délinquance (que l'on obtient
quand les paiements ne sont
pas effectués après 90 jours)
augmente année après année
pour atteindre 11% en 2017.
Bien que ce chiffre soit déjà
alarmant, le taux réel de délin-
quance est probablement bien
plus élevé car bon nombre de
ces prêts sont en « période de
grâce », c’est-à-dire pendant que
l’étudiant est encore à l’école
ou entre deux emplois. De plus,
divers facteurs tels que la hausse
constante du coût des études
et la nécessité croissante d’aller
à l’université pour trouver un
bon emploi font que le volume
des prêts étudiants continuera
de croître, ainsi que son taux de
délinquance.
Subprime Auto Loans…
une impression de déjà-vu
Les Etats-Unis sont le pays de la
voiture, et plus ou moins chaque
ménage est dans l’obligation
d’en posséder au moins une. En
conséquence, la partie la plus
pauvre de la population n’a pas
d’autre choix que d’emprunter à
travers les prêts subprime en rai-
son de leur faible solvabilité.
Bien que cela soit probléma-
tique pour ces personnes qui
paient d’énormes intérêts sur
ces prêts, Wall Street y voit
une opportunité, pour des ren-
dements plus élevés, dans un
contexte de taux d’intérêt histo-
riquement bas sur les prêts régu-
liers en raison de la politique
monétaire de la FED. Et comme
cela s’est produit en 2008 avec
les hypothèques, beaucoup de
concessionnaires automobiles
vendent leurs prêts subprime
aux banques qui regroupent ces
milliers de prêts à risque et les
revendent ensuite sous forme
d’obligations à des investisseurs
avides de rendements plus éle-
vés et qui ne se soucient guère
des produits sous-jacents. À
titre d’exemple, Moody’s Inves-
tors Service a récemment évalué
des produits créés par la banque
Santander et il semblerait que
celle-ci n’expertise qu’un prêt
sur dix. Le risque cumulé de ces
crédits est par ailleurs rajouté
aux impondérables liés aux
autres dettes de la banque, de
sorte qu’au total les obligations
de la banque dépassent le mil-
liard de dollars.
Les cartes de crédit en
plus
Les Américains ont toujours uti-
lisé leurs cartes de crédit pour
financer bon nombre de leurs
projets, mais le taux de croissance
de cette dette est, elle aussi, alar-
mante : une hausse de 3% par rap-
port à l’année dernière pour en
arriver aujourd'hui à USD 8’600
en moyenne par foyer. Ainsi, les
consommateurs ont accumulé USD
93 milliards de dettes liées aux
cartes de crédit en 2017, soit la plus
forte hausse annuelle depuis 2007,
année de fort optimisme… De ce
fait, les bons résultats des com-
pagnies, qui servent souvent aux
analystes pour justifier la suréva-
luation des actions sur le marché,
serait en partie financée par cette
augmentation de la dette.
Le grand retour des
hypothèques
Seulement 5% des propriétaires
sont en défaut de payement
de leurs prêts hypothécaires.
Mais ceci n’est pas forcément
un signe de bonne santé éco-
nomique. Pour certains proprié-
taires, la dette hypothécaire est
une priorité absolue, les autres
dettes peuvent bien attendre !
Pour d’autres, acculés par leurs
diverses dettes, la revente de leur
bienimmobilierestlaseuleissue. Et
dans un marché où, pour l’instant,
les taux des prêts hypothécaires
sont bas et la valeur immobilière
en hausse, il se trouve toujours
de nouveaux acheteurs prêts à
entrer à leur tour dans la spirale
de l’endettement. Pour mémoire,
un taux de défaillance hypo-
thécaire particulièrement bas
(4.5%) s’est produit en pleine
bulle de 2005, trois ans avant que
le marché immobilier américain
ne s’effondre totalement…
Conclusion
Actuellement, de nombreux finan-
ciers, politiciens ou journalistes
vantentlabonnesantééconomique
des Etats-Unis : taux de chômage
historiquement bas, augmenta-
tion des salaires, etc. Mais si l’on
consulte www.usdebtclock.org,
le site où tourne le compteur des
dettes américaines, cet optimisme
est pris en défaut. Cette ques-
tion de la dette personnelle des
citoyens américains devrait nous
interpeler et nous inquiéter, ceci
d’autant plus que le changement
de politique monétaire annoncé
par J. Powell, le Président de la
Réserve Fédérale, se fera encore
plus ressentir par des millions de
personnes déjà tant endettées.
Finalement, si l’on se souvient des
conséquences mondiales de la
crise de 2008, dont l’origine était
américaine, il ne faut pas avoir la
prétention de penser que la Suisse
sera à l’abri des répercussions pos-
sibles d’un tel processus. En effet,
comme le dit le proverbe, quand
les Etats-Unis toussent, le reste du
monde s’enrhume !
L’endettement des ménages
aux Etats-Unis… catalyseur
méconnu de la prochaine crise ?
n Philippe Garoflid, conseiller financier, Meylan Finance Sàrl, Lausanne
Alors que la question de la dette nationale américaine est bien connue, il existe
une autre dette qui menace le pays : celle des consommateurs. Elle vaut à ce jour
USD 18 trillions contre 21 trillions pour la dette nationale, ce qui représente
une dette personnelle de USD 60’000 par habitant. Après la dette hypothécaire
(USD 15 trillions) vient celle des étudiants (USD 1,5 trillions) suivie par celle
des cartes de crédit et celle des prêts automobiles (USD 1 trillion chacune).
En stage chez Meylan Finance,
Philippe Garoflid est titulaire
d’un « Bachelor of Science in
Business Administration » avec
spécialisation en finance et
économie obtenu aux Etats-
Unis à l’Université de Miami.
Pour la suite, son objectif est
de poursuivre sa carrière dans
le domaine de l’énergie, un
sujet qui, selon lui, ouvre d’im-
menses opportunités, tout en
étant à l’avant-garde du pro-
grès technologique.
11. Numéro 73 – Eté 2018 – 11
Aspects économiques et financiers
restons investis en euros et ne
conservons du dollar américain
que comme valeur refuge en
cas de sérieuse baisse boursière.
C’est une assurance portefeuille
et non une devise de placement.
Pour finir, une autre nouvelle
nous invite à faire comme les
philosophes René Descartes et
Baruch Spinoza : cultiver le doute
et regarder les choses telles
qu’elles sont vraiment. Facebook
vient d’annoncer avoir supprimé
ces trois derniers mois - sous la
pression des autorités tant amé-
ricaines qu’européennes - 583
millions de faux comptes ! Rien
que ça… Là aussi, des ques-
tions se posent : quelle est la
vraie valeur d’une publicité sur
le réseau social ou encore quel
est le réel niveau de sécurité
qu’il assure à ses utilisateurs ? À
suivre, en vous souhaitant un bel
été à toutes et à tous.
Meylan Finance
Rue du Simplon 37
1006 Lausanne
populisme - avec un programme
économique non viable - a re-
bondi sur la même probléma-
tique qui avait amplifié le oui
au Brexit à savoir la crise des
migrants. Là aussi, les élites ont
refusé de prendre en compte les
inquiétudes d’une population
certes silencieuse mais bouil-
lonnante. On parle de surprise
italienne.
Mais avec le Brexit et l’élec-
tion de Donald Trump, les sur-
prises deviennent nombreuses.
On veut nous rassurer comme
quoi ce n’est pas une crise éco-
nomique mais une crise poli-
tique. On est tenté de répondre
que la première peut être pro-
voquée par la seconde. Les
conséquences ne se sont pas
fait attendre. Baisse de l’euro,
fébrilité boursière et décro-
chage de la dette obligataire
subordonnée. Toutefois, nous
nous inquiétons pas plus que
cela pour la troisième écono-
mie de l’Union européenne
(UE). Soixante-cinq pour cent
de la dette du pays est déte-
nue par les ménages. Et même
si la croissance est à la peine, la
nation transalpine s’érige sur un
important patrimoine.
Pour sa part, la Banque cen-
trale européenne (BCE) devrait
rester accommodante jusqu’au
premier trimestre 2019, sans
pour autant sur réagir au choc
politique italien. Le seul fait de
son existence en termes de der-
nier recours rassure les marchés.
Aux États-Unis, les cadeaux fis-
caux de Trump accordés l’an
dernier sont déjà rognés par la
dernière hausse du pétrole. La
consommation devrait fléchir au
cours du second semestre et le
pétrole poursuivre sa trajectoire
haussière de long terme. Nous
restons globalement neutres
sur les actions. C’est une année
au cours de laquelle consolider
les gains obtenus en 2017 en
fera déjà un bel exercice. Nous
Chronique financière
La confiance et le devoir de
rendre compte
n François MEYLAN, Conseiller financier et Directeur, Meylan Finance Sàrl, Lausanne
Récemment, le spécialiste
américain en sécurité informa-
tique Symantec a dégringolé
en bourse d’une trentaine de
pourcent, en une seule séance.
La raison en est l’annonce d’une
mystérieuse enquête interne
ayant des impacts financiers
encore non quantifiables. Le
moindre que l’on puisse dire est
que l’annonce fut très lacunaire.
Wall-Street n’a pas aimé. Il en
est de même, quelques jours
plus tôt, pour l’équipementier
automobile Tesla dont le patron
Elon Musk s’est permis un saut
d’humeur en boudant les ana-
lystes financiers lors d’une
présentation des résultats. Là
aussi, la bourse a sanctionné. Et
l’Agence France Presse (AFP) de
rappeler dans une communica-
tion que les analystes ont hor-
reur qu’on laisse leurs questions
sans réponse. « La seule chose
qu’un investisseur averti peut
croire, ce sont les chiffres qu’on
lui montre. Si les dirigeants
d’une société ne peuvent plus
les montrer ou ne veulent
pas répondre à des questions
simples et légitimes, alors il n’y
a plus de confiance », estime
Gregori Volokhine, président de
Meeschaert Financial Services.
Et d’ajouter que la seule mon-
naie qui importe à Wall-Street
c’est la confiance. Plus près de
nous, à Thoune, en Suisse, c’est
le rapport sur la rémunération
de la gouvernance de l’équipe-
mentier solaire Meyer Burger
qui a été refusé lors de l’assem-
blée générale. Certes, ce vote
inhabituel n’a encore qu’une
valeur consultative. Mais le sym-
bole est fort : « Messieurs, vous
nous avez pas rendu compte en
temps voulu que les frais de res-
tructuration allaient dépasser
pareillement le montant prévu.
Notre confiance est ébranlée ! »
Dans un autre domaine, celui
de la politique, aussi une his-
toire de confiance, c’est l’affaire
du fastueux voyage aux Émirats
arabes unis du magistrat gene-
vois Pierre Maudet qui noircis-
sait les pages de nos canards.
Là aussi il n’y a probablement
pas eu crime mais la confiance
est altérée. Le devoir de rendre
compte n’a pas été observé.
Une incroyable imprudence sur
laquelle n’ont pas manqué de se
précipiter les « vautours » tous
azimuts.
Les gens aiment être
respectés
Que l’on fasse des affaires ou
de la politique, la donne est
la même. On n’est pas seul
au monde. On existe avec les
autres, et même parfois de leurs
argents ou de leurs votes. On
évolue grâce à notre environne-
ment. On fait de la politique ou
du business avec son prochain.
La contrepartie minimum est
de renseigner. Et d’informer
juste. À ce propos, la législation
topique l’a prévu. L’article 2 du
Code civil suisse stipule : « Cha-
cun est tenu de se comporter
sur le principe de la bonne foi. »
Et au Code des obligations de
consacrer des dizaines d’articles
sur les devoirs de rendre compte
et de renseigner.
C’est à ces aspects qu’il fau-
dra être particulièrement vigi-
lant pour le second semestre.
Le gourou de la finance War-
ren Buffett l’affirme en ces
termes : « C’est quand la mer se
retire qu’on voit les gens qui se
baignent tout nu. » Ceci pour
dire qu’après des années de
perfusion monétaire à hautes
doses, après la période de
l’argent gratuit, après le gon-
flement de la bulle, les marchés
financiers ne manqueront pas
de marquer au fer rouge celles
et ceux qui ont manqué à leurs
devoirs de respecter les autres
et de rendre compte.
Tout récemment, c’est en Italie
que la sanction est tombée. Le
Meylan Finance Sàrl, société
de conseil patrimonial et de
gestion de fortune, établie
à Lausanne, a été fondée en
2011 par François Meylan qui
est actif dans la promotion
d’un libéralisme humaniste.
Meylan Finance Sàrl qui four-
nit une large palette de pres-
tations allant du placement
de capitaux à l’exécution tes-
tamentaire, se spécialise dans
la finance durable et dans l’ac-
tivisme actionnarial en parti-
cipant aux assemblées géné-
rales d’actionnaires, entre
autres.
12. 12 Numéro 73 – Eté 2018 –
Forum
Ratings et perspectives
conjoncturelles
La Ville de Genève garde son rating
Standard & Poor de AA-
Standard & Poor Global Ratings (S&P) a confirmé,
le 4 mai 2018, la note de référence à long terme
‘AA-’ de la Ville de Genève. La perspective asso-
ciée à cette attribution reste ‘stable’. Le barème
‘AA-’ indique la très forte aptitude de la Ville
à honorer ses obligations financières. Selon le
cabinet de classement américain, Genève restera
en mesure de limiter son endettement en 2018-
2020, et ce malgré une hausse de ses dépenses
d’investissements et la possible mise en œuvre
de la réforme de la fiscalité des entreprises après
2020.
La note reflète le cadre institutionnel très pré-
visible et équilibré des communes genevoises.
Genève bénéficie d’une économie très forte,
favorisant la progression de ses recettes et la
modération de ses besoins de financement cou-
rants après les investissements. La perspective
reste toutefois contrainte par un endettement
élevé. Combinée à des dépenses d’investisse-
ments plus importantes, la réforme de la fis-
calité des entreprises devrait conduire à une
réduction des revenus de la ville de Genève
après 2020, et à une augmentation de l’endet-
tement.
Daniel S. Martel
La Ville de Lausanne garde son rating
Standard & Poor de A+
Standard & Poor Global Ratings (S&P) a d’ailleurs
confirmé, le 11 juin dernier, également la note ‘A+’
de la Ville de Lausanne. La perspective associée à
cette classification est également ‘stable’, notam-
ment en raison de la forte aptitude de la Ville à
honorer ses obligations financières. En mettant
‘A+’, S & P anticipe que Lausanne demeurera en
mesure de conserver des performances budgé-
taires fortes d’ici 2020, et ce malgré l’entrée en
vigueur de la réforme de la fiscalité des entreprises
à compte de 2019 dans le Canton. Selon le cabinet
de classement, la dette directe de la capitale vau-
doise, toutefois élevée, restera stable.
La Ville de Lausanne sera en mesure d’absor-
ber l’impact financier de la mise en œuvre de la
réforme de l’imposition des entreprises à compter
de 2019. La note ‘A+’ reflète également le cadre
institutionnel favorable des communes vaudoises,
dont Lausanne bien-sûr, ainsi que l’économie très
forte de la ville. La gouvernance et la gestion
financières adaptées de Lausanne devraient sou-
tenir ses performances budgétaires solides, mal-
gré une flexibilité budgétaire moyenne, une dette
très élevée et une situation de liquidités peu satis-
faisante.
Daniel S. Martel
Marché du travail
Obligation d’annoncer les postes
vacants
En février 2014, le peuple suisse a accepté l’ini-
tiative « Contre l’immigration de masse ». Pour y
donner suite, le Parlement a adopté l’obligation
d’annoncer les postes vacants dans les genres de
professions sujets à un taux de chômage élevé, ceci
afin de permettre de mieux employer le potentiel
de main-d’œuvre en Suisse.
Au 1er
juillet 2018, cette nouvelle législation entre
en vigueur. Dès cette date les employeurs suisses
auront donc l’obligation d’annoncer aux offices
régionaux de placement (ORP) les postes vacants
concernant les professions où le taux de chômage
national atteint au moins 8%. A noter que cette
valeur seuil sera abaissée à 5% au 1er
janvier 2020.
Comme le souligne le SECO, précisons encore que
les postes concernés qui sont pourvus par des
agences de placement privées, des chasseurs de
têtes ou des entreprises de location de services
devront aussi être annoncés aux ORP.
En revanche, il n’y a pas d’obligation d’annonce
lorsque le poste vacant est pourvu par une per-
sonne travaillant depuis au moins 6 mois dans l’en-
treprise ou si ledit poste est pourvu par un membre
de la famille d’une personne autorisée à signer
pour l’entreprise ou s’il s’agit d’un emploi proposé
pour une durée très courte, moins de 15 jours.
Presqu’à la veille de cette échéance beaucoup d’en-
trepreneurs sont perplexes quant aux dispositions
à prendre et aux modalités de fonctionnement de
cette nouvelle exigence légale. Des renseignements
détaillés sur cette obligation d’annonce sont dispo-
nibles auprès des ORP ainsi que sur la plateforme
Web de l’assurance-chômage www.travail.swiss.
Jean-Pierre Michellod
Accord de libre-échange
AELE-Philippines
Si les relations bilatérales Suisse - Union Euro-
péenne battent de l’aile, en revanche, celles qui
se nouent dans le cadre de l’AELE, l’Association
européenne de libre-échange dont la Suisse est
membre aux côtés de l’Islande, du Liechtenstein et
de la Norvège, se portent très bien. Ainsi, l’accord
signé le 28 avril 2016 entre l’AELE et les Philippines
est entré en vigueur le 1er
juin 2018, les Chambres
fédérales l’ayant approuvé en mars 2017. Les expor-
tateurs suisses vont désormais bénéficier d’un accès
en franchise de droits de douane pour la quasi-to-
talité des produits industriels destinés aux Philip-
pines ainsi que sur un grand nombre de produits
agricoles suisses transformés (chocolat, fromage,
etc). De son côté la Suisse supprime tous les droits
d’entrées sur les produits industriels similaires origi-
naires des Philippines, pays qui, en 2017, figurait au
6e rang des partenaires commerciaux de la Suisse
en Asie du Sud-Est.
Jean-Pierre Michellod
Note d’humeur
par Maurice Baudet
Des millions de
banquiers centraux
Certaines initia-
tives populaires qui
nous sont servies
en rafales de plus
en plus serrées nous
incitent malheureu-
sement à douter
des réelles vertus de
la démocratie directe, ce qui n’est
pas le moindre des paradoxes. L’ini-
tiative dite « Monnaie pleine » qui a
fait l’objet de la votation du 10 juin
2018 était précisément de celles qui
laissent le citoyen pantois. Voici le
citoyen confronté à une proposition
éminemment technique, celle d’in-
terdire aux banques la création de
monnaie scripturale, ce qui implique
une modification fondamentale de
notre système monétaire. Elle a
été présentée par le comité d’ini-
tiative comme une idée simple et
quasiment évidente, et cette sim-
plification à outrance ne pouvait
qu’engendrer la méfiance, car les
fondements théoriques de l’initia-
tive étaient plus que contestables,
et que, de surcroit, cette prétendue
solution n’avait jamais été expéri-
mentée en pratique.
En fait ses auteurs, qui se présentent
comme autant d’éminents spécia-
listes des problèmes économiques,
ont tenté de mener un combat
purement politique en surfant sur la
vague de la crise bancaire de 2008,
et les auteurs des réfutations una-
nimes tant de la classe politique que
des milieux universitaires se sont
heurtés la tâche délicate de contrer,
en termes compréhensibles pour le
profane en économie, un texte aux
implications infiniment complexes
et aux conséquences quasiment
impossibles à mesurer. Inévitable-
ment cela a parfois abouti, sur-
tout du côté politique, à certaines
approximations qui n’ont pas tou-
jours éclairci le débat.
Ce qu’il faudra retenir finalement de
cette initiative, fort sagement rejetée
parlepeupleettouslescantonsetqui
voulait faire de millions de citoyens
autant de banquiers centraux, c’est
qu’il reste malheureusement possible
de présenter des textes au verdict du
peuple avec des arguments dont ni la
solidité ni l’honnêteté intellectuelle
ne sont manifestes. A la sagesse, fau-
dra-t-il ajouter la méfiance systéma-
tique pour assurer un juste exercice
de la démocratie ?