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La Tribune Indépendante des Entrepreneurs de la Finance
No
75 – Hiver 2018-2019 – CHF 16.– / E 15.–
w w w.pointdemire.ch
Revue fondée en 1995, 24e
année	 ISSN 1662-6826
Cahier d'Anniversaire
De la place financière suisse à l’écosystème bancaire
helvétique : atouts traditionnels et nouveaux défis
		1
Portrait
Claude-Alain
Margelisch
CEO de Swissbanking,
l’Association suisse des
banquiers (ASB)
Bâle
(➥ suite en page 4)
©Associationsuissedesbanquiers
Claude-Alain Margelisch
Dix années de ­turbulences,
et maintenant ?
En automne 2005, à l’occasion des dix ans de Point de Mire, nous avions souligné, dans notre cahier
commémoratif, la grande effervescence de la place financière suisse. Mais, c’était alors une agitation
positive, sans le moindre soupçon d’un lendemain moins clément. Surmonter la crise, en passant par une
remise en question fondamentale, et l’invention de nouvelles approches, le tout dans un monde technolo-
gique en pleine rupture, telle a été l’obligation du secteur de la finance. En été 2015, dans le numéro 61,
qui commémorait les 20 ans de Point de Mire, Claude-Alain Margelisch, le CEO de l’Association suisse
des banquiers (ASB), a eu l’obligeance, en ouverture de ce cahier anniversaire, de nous donner quelques
réponses qui ont confirmé l’aptitude des acteurs de la finance de s’adapter à un monde en mutation.
Maintenant que le gros de la crise financière est derrière nous, et pour marquer la 75e
édition de notre
revue, le Président du Comité Exécutif et Délégué du Conseil d’Administration de Swissbanking tire un
nouveau bilan et propose ses réflexions pour l’année 2019.
Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	 3
Sommaire éditorial
Innovons !
Toujours et encore
Le 30 octobre 1995, le premier numéro de Point de
Mire sortait de presse ! Presqu’un quart de siècle
s’est écoulé depuis lors. En ce début d’hiver 2018 –
2019, vous tenez en mains, chers lecteurs, notre 75e
livraison : un numéro charnière qui me tient parti-
culièrement à cœur dans lequel vous retrouverez
la plume et les propos de quelques uns des prin-
cipaux acteurs de notre économie et de la finance
helvétique.
Ce cahier anniversaire est en effet le dernier pré-
senté sur un support papier traditionnel et publié sous ma direction. Comme
celui-ci, chaque numéro vous parvenait régulièrement par voie postale au
début de chaque saison. Dès l’an prochain, sous l’impulsion d’une direction
nouvelle c’est sur vos écrans que vous pourrez continuer à lire et à suivre
Point de Mire, spontanément, en version digitale.
Conçue et lancée à Genève en automne 1995, à mon initiative, la revue éco-
nomique Point de Mire avait choisi pour titre de son premier éditorial un
simple mot d’ordre : « Innovons ! ». Le climat économique était alors particu-
lièrement maussade. Le secteur de la banque et de la finance était encore
meurtri par une hausse brutale du loyer de l’argent suivie par un crack obli-
gataire sans précédent. Une politique monétaire particulièrement restric-
tive avait été mise en place par notre banque centrale. Simultanément, une
montée en force du chômage constituait un facteur inédit et particulière-
ment préoccupant pour la Suisse. A priori, cette période ne semblait donc
guère propice au lancement d’une nouvelle publication, à l’heure justement
où le monde de la presse écrite commençait lui aussi à se poser bien des
questions sur sa viabilité à terme et donc sur son avenir.
Il est un fait que l’innovation, en périodes difficiles, reste souvent, pour les
entreprises, en particulier celles dédiées à la finance, l’une des meilleures stra-
tégies à suivre pour faire face à des situations de crise. En période de haute
conjoncture, et ce fut le cas en Suisse au cours des quarante années qui sui-
virent la fin de la seconde Guerre Mondiale, les marchés étaient acheteurs
et les affaires se faisaient avec grande facilité, avec un minimum de coûts de
publicité et de marketing. Les banques suisses pour leur part, à cette époque
et jusqu’au milieu des années 1980, étaient tenues par des accords profession-
nels qui ne leur permettaient pas de faire de grandes campagnes publicitaires
individuelles. En revanche, elles étaient libres de rédiger et de diffuser leurs
propres publications. Ce qu’elles firent généralement massivement.
Or, pour que des produits et services novateurs soient connus et puissent se
vendre, la mise en place de stratégies efficaces de communication est un impé-
ratif. Fort de cette évidence Point de Mire, dès son départ, s’est efforcé d’être
non pas un journal de plus, relatant simplement les événements économiques
courants et un diffuseur de communiqués de presse, mais une plateforme ori-
ginale et indépendante de communication destinée aux « Entrepreneurs de la
finance », privilégiant notamment les jeunes créateurs d’entreprises financières
de Suisse romande.
Ce n’est dès lors pas un hasard si Point de Mire a su, pendant près de 25 ans,
affermir sa présence dans le paysage médiatique suisse romand et demeurer à
l’écoute de la place financière de Genève et du Bassin lémanique.
En traitant aussi bien de sujets financiers de fond que d’informations pra-
tiques d’aide à la décision au travers de plumes très professionnelles et dans
des rubriques spécialisées, Point de Mire a su conserver son esprit initial :
celui d’être avant tout une plateforme privilégiée dédiée à la communication
financière. Un rôle de précurseur qui, depuis le départ, nous a permis de nous
démarquer de l’activité journalistique traditionnelle.
Avec la nouvelle formule qui est en train de se mettre en place cette phi-
losophie ne va pas changer. Elle va simplement évoluer, passer à une étape
supérieure avec une efficacité accrue. Le mot d’ordre de Point de Mire, reste
dès lors le même : Innovons ! Toujours et encore.
Merci à tous et bon vent à l’équipe nouvelle.
Bonne lecture et avec tous mes meilleurs souhaits pour 2019 et les années à venir !
Jean-Pierre Michellod, fondateur et directeur de la publication
Editeur : Association Point de Mire Edition, Genève. Administration et correspondance jusqu’au 31.12.2018 : Point de Mire, CP 5340 – 1211 Genève 11, info@pointdemire.ch,
tél. 022 550 2945 | Abonnements E-MAGAZINE : inscription@pointdemire.ch | Directeur de la publication : Jean-Pierre Michellod (jusqu’au 31.12.2018) et
­Nathalie Praz (dès le 01.01.2019) | Rédacteur en chef : Dr Daniel Stanislaus Martel | Rédacteurs associés : Maurice Baudet, François Meylan | Ont également
participé à la rédaction de ce numéro : Norberto Birchler, Gérald Follonier, Achim Frerker, Philippe Garoflid, Stéphanie Hodara El Bez, Pierre E. Michel, Cecilia
Peregrina, Jean-Sylvain Perrig, Michael Stadelmann, Dirk Steller, Jean-Paul Stierli CIIA, Anton W. Sussland, Fabian Wallmeier, Raoul Oliver Würgler et Pasquale Zarra
| Crédit photos : Association suisse des banquiers, Daniel Hager Photography, Daniel Stanislaus Martel, Jean-Pierre Michellod, Narcisse Niclass, Nicolas Spuhler et
divers contributeurs | Publicité & marketing : info@pointdemire.ch ou n.praz@pointdemire.ch. Composition, mise en page et impression : APPI Sàrl (Denise
Gaillard) – Tél. 022 995 0252 – CH-1196 Gland | Diffusion en Suisse contrôlée par la REMP. Prix au numéro (en Suisse) CHF 16.00. Abonnement de soutien un an
CHF 250.00. deux ans CHF 400.00. © Point de Mire 2018 – 2019. Tous les droits sont réservés. Toute réimpression, copie de texte ou d’annonce, ainsi que toute utilisa-
tion sur des supports optiques ou électroniques, sont soumis à l’approbation préalable de la rédaction.
Portrait	Pages
•	 Claude-Alain Margelisch, CEO de Swissbanking,
l’Association suisse des banquiers (ASB), Bâle	 1, 4 et 5
Éditorial
•	 Innovons ! Toujours et encore	 3
Banques étrangères et place financière suisse
•	 Les banques étrangères en Suisse –
l’ouverture du pays au monde	 6 et 7
Aspects économiques et financiers
•	 Chronique financière : La politique demeure une constante	 9
Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs
•	 Sommes-nous en train ­d’assister à la formation d’une bulle technologique ?	 10 et 11
Prévoyance professionnelle : de nouveaux acteurs
•	 Prévoyance des cadres :
Comment s’y retrouver dans la soudaine abondance des plans 1e
 ?	 12
Solutions de prévoyance : une expérience étrangère
•	 Le vieillissement de la ­population au Japon, un ­cauchemar démographique	 13
Solutions de prévoyance et ingénierie patrimoniale
•	 Une gestion convergente du ­capital privé et de prévoyance
pour une meilleure performance	 14 et 15
•	 Libre propos : Plans 1e : attention à être en conformité avec la loi	 15
Aspects juridiques et réglementaires
•	 LSFin/LEFin : De nouvelles opportunités d’amélioration du Private Banking
helvétique, notamment en termes de formation	 17
•	 LSFin, LEFin, OSFin, OEFin, OSS :
les GFE et les Trustees enfin autorisés FINMA	 18 et 19
•	 LSFin / LEFin : qui surveillera les GFE à partir de 2020 ? L’ARIF lance l’OS !	 20
Allocation d’actifs et gestion immobilière
•	 La « gestion patrimoniale immobilière » : Mode ou mouvement de fond ?	 21
Gérance de fortune indépendante
•	 GSCGI – CIFA – FECIF : Les groupements privés de GFI face au nouveau droit	22, 23 et 26
•	 A propos de la LSFin et de la LEFin	 25
Ressources humaines et technologies nouvelles
•	 QUO VADIS, RH ?
Les tendances liées à la digitalisation RH à ne pas ignorer en 2019	 28 et 29
Ressources Humaines et Coaching
•	 Coaching et Mentoring 	 30
Fintech et solutions financières nouvelles
•	 SIBOS : An opportunity for Switzerland to promote Fintech innovation	 31
Forum
•	 Point de départ	 32
•	 Echo des affaires et de l’économie : Business Club Belgo-Luxembourgeois en Suisse	 32
•	 Note d’humeur : Divorce à l’italienne	 32
•	 Notes de lecture :	 34
- Pour un nouvel ordre monétaire
- La saga des Burrus
•	 Point d'arrivée	 34
4	 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	
Portrait	 (➥ suite de la page 1) Claude-Alain Margelisch, Swissbanking, Bâle
des récentes turbulences écono-
miques en Turquie. La Suisse ins-
pire confiance aux investisseurs,
qui y amènent leur argent.
PdM : Toujours par rapport à vos
réflexions antérieures, vous aviez
activement participé à la consul-
tation de la LSFin et de la LEFin.
Aujourd’hui, comment voyez-vous
les résultats de cette consultation ?
C-A.M. : Avec les autres branches
de la place financière, nous avons
soutenu d’emblée une protection
moderne et efficace des inves-
tisseurs, qui soit compatible avec
la pratique et qui s’articule sur la
responsabilité du client dans sa
décision d’investissement. C’est
bien ce qu’offrent désormais la
LSFin et la LEFin : elles regroupent
de manière synthétique les droits
des clients et accroissent la trans-
parence pour ces derniers. Elles
prévoient en outre une obligation
générale de publier un prospectus.
Et enfin, les prestataires de services
financiers bénéficient d’une sécu-
rité juridique et d’une prévisibilité
accrues. De surcroît, il était particu-
lièrement important d’assujettir les
gérants de fortune indépendants à
une surveillance appropriée. Je sou-
ligne au passage que nous avons
eu un dialogue très constructif avec
leurs associations respectives pen-
dant toute la procédure législative.
Ces nouvelles lois sont donc béné-
fiques pour tous.
PdM : Les effets potentiellement
négatifs de la réglementation
croissante de 2015 sur la Conven-
tion de diligence des banques
(CDB) ont également été évo-
qués. Comment voyez-vous cette
thématique aujourd’hui ?
C-A.M. : Ces effets potentielle-
ment négatifs sont toujours d’ac-
tualité. Nous devons les pallier,
éviter tout Swiss Finish et veiller
à ce que la réglementation soit
pragmatique et efficace. La CDB
20, qui entrera en vigueur en
2020, vient d’être adoptée. Elle
comble les premières lacunes
identifiées en 2016 par le GAFI
(Groupe d’action financière) et
met en œuvre les recommanda-
tions de ce dernier. Ce qui m’in-
cite à l’optimisme, c’est que le
Conseil fédéral et diverses autori-
tés ont l’intention de réduire les
contraintes administratives liées
à la réglementation pour amélio-
rer la compétitivité de notre place
financière, ceci bien entendu sans
diminuer l’efficacité du dispositif
réglementaire. J’en attends beau-
coup et je les prends au mot.
PdM : Vous aviez observé que
l’idée de la banque universelle
avait été mise à mal par la crise
de 2008. Maintenant, dix ans
plus tard, où en est-on ?
C-A.M. : Le système de banque uni-
verselle a survécu à la crise finan-
cière. La réduction du nombre de
banques au cours des dernières
années n’est pas due à un recul des
banques universelles. En revanche,
j’observe une tendance évidente
à la concentration sur certaines
prestations et certains segments de
clientèle. Celle-ci résulte principale-
ment de la densité réglementaire
croissante et de ses conséquences
en termes de coûts. La numérisa-
tion quant à elle conditionne la
réponse à la question du partage
des tâches, autrement dit : « que
vaut-il mieux faire moi-même » et
« quel est mon gain d’efficience si
j’achète telle prestation à autrui ou
si je coopère avec une entreprise
Fintech ? » Clairement, on a ten-
dance à penser aujourd’hui que les
banques n’ont plus à assurer toute
la création de valeur en interne.
PdM : A l’époque l’ASB s’inves-
tissait en faveur de l’accès des
acteurs suisses aux marchés euro-
péens et internationaux dans
le cadre de l’OCDE suite aux
attaques contre la Suisse ? Com-
ment interprétez-vous alors la
reconnaissance limitée à un an
des bourses suisses par l’Union
Européenne ?
C-A.M. : La reconnaissance limi-
tée de l’équivalence boursière
par la Commission européenne,
due à des considérations poli-
tiques, est incompréhensible et
elle est source d’insécurité pour
tous les acteurs du marché, que
ce soit en Suisse et au sein de
l’Union européenne (UE). L’UE
est de loin notre principal parte-
naire commercial. Tant la Suisse
que l’UE ont tout à gagner à
inscrire leurs relations dans un
cadre réglementaire fiable et
stable, afin que la voie bilatérale
puisse être poursuivie et l’accès
au marché amélioré. C’est pour-
quoi l’ASB soutient le Conseil
fédéral, qui cherche résolument
à obtenir une reconnaissance de
l’équivalence boursière sans limi-
tation dans le temps et est prêt,
au besoin, à prendre les mesures
nécessaires pour protéger l’in-
frastructure boursière suisse.
PdM : Nous vous avions égale-
ment demandé si la citation de
George Koukis, fondateur de la
société Temenos : « En Suisse, l’in-
Les années 2016, 2017 et 2018 ont
marqué un nouveau début pour
pratiquement tous les acteurs de
la finance helvétique. Dès lors,
les professionnels suisses sont
confrontés à une concurrence
particulièrement redoutable. Les
nouvelles technologies, telles
que la Blockchain et surtout
les approches novatrices, celle
notamment des Fintech, rendent
leur situation encore plus délicate.
Selon certains, c’est là une grande
menace pour la finance tradition-
nelle. Pour d’autres, l’excitation
autour des Fintech va se dissiper,
car ces technologies restent des
outils sous l’entière maîtrise des
professionnels. A l’aube d’une
année nouvelle, Point de Mire se
réjouit d’ouvrir, une fois encore,
ses colonnes à Claude-Alain Mar-
gelisch, sans doute l’observateur
le mieux positionné de la finance
helvétique. Pour la 75e
édition
de Point de Mire, il a bien voulu
nous faire part de ses réflexions à
propos de la situation actuelle et
des nouveaux défis de notre place
financière pour 2019 et à l’horizon
de ces cinq prochaines années.
Ecoutons-le !
Point de Mire : Quels sont les
principaux changements inter-
venus dans la finance helvétique
durant ces trois dernières années,
autrement dit depuis votre inter-
view dans le numéro 61 de notre
revue lequel commémorait les 20
ans de Point de Mire ?
Claude-Alain Margelisch : Depuis
2015, le secteur bancaire suisse
a connu de profonds change-
ments. Tout d’abord dans le
domaine réglementaire avec la
concrétisation de la Loi fédé-
rale sur les services financiers
(LSFin) et celle sur les établisse-
ments financiers (LEFin). Ce pro-
jet nous a fortement mobilisé
avec le reste de l’industrie finan-
cière. A l’échelon international,
je citerai la mise en œuvre de
l’échange automatique de ren-
seignements pour se mettre en
conformité avec les standards
internationaux de l’OCDE. En
outre, nous constatons qu’une
vague de protectionnisme dans
les échanges internationaux pèse
de plus en plus lourdement sur
les ­conditions d’accès au marché,
d’une importance stratégique
pour le secteur bancaire suisse.
Enfin et je pense que c’est là le
changement le plus important,
la phase d’industrialisation qui a
débuté avec la numérisation et
qui est en train de révolutionner
l’activité bancaire.
A la vue de ces défis, je note avec
satisfaction que le secteur ban-
caire suisse n’a pas diminué d’im-
portance mais qu’il a au contraire
encore progressé pendant ces
trois dernières années : avec CHF
7300 milliards d’avoirs sous ges-
tion, la Suisse reste leader mon-
dial en la matière et a retrouvé le
niveau d’avant la crise financière.
Elle a même renforcé sa position
dans le domaine de la gestion de
patrimoines internationale et se
place toujours largement devant
Singapour et Hong-Kong. C’est la
preuve que les facteurs de succès
de notre place financière restent
toujours d’actualité.
PdM : Vous aviez à l’époque
parlé des intérêts négatifs, de la
position de la Banque nationale
suisse (BNS) et vous aviez égale-
ment évoqué l’attitude du sec-
teur bancaire privé. Qu’est-ce qui
a changé depuis lors ?
C-A.M. : Comme je l’avais indiqué
en 2015, la politique en matière
de taux d’intérêt incombe à la
Banque nationale suisse. Mes pré-
dictions quant à l’impact de cette
situation sur le secteur bancaire
privé se sont révélées exactes : les
banques sont confrontées à une
érosion constante de leurs marges
dans le domaine des opérations
d’intérêts. Les paiements effec-
tués au titre des intérêts néga-
tifs ont culminé en 2017 à CHF
2 milliards. Sans ces paiements,
le secteur bancaire aurait enre-
gistré un bénéfice annuel supé-
rieur de 20%. Tout cela nourrit
la tendance à la consolidation. Le
nombre d’établissements a encore
baissé cette année. Un fait positif
mérite toutefois d’être souligné :
les banques existantes, dans leur
grande majorité, ont retrouvé le
chemin de la croissance.
PdM : Une autre inquiétude était
celle de l’appréciation du franc
suisse, liée aux intérêts néga-
tifs. Maintenant, si les intérêts
restent négatifs, notre devise
s’est affaiblie. Qu’est-ce que cela
vous inspire ?
C-A.M. : Cet affaiblissement tem-
poraire est notamment profi-
table pour le secteur d’exporta-
tion. Mais cela ne doit pas nous
faire oublier que le franc reste
fort et que la Suisse est toujours
considérée comme refuge. Cette
réputation perdure, comme le
souligne la montée en flèche de
notre monnaie nationale lors
Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	 5
Portrait
dustrie bancaire s’est montrée
complaisante et n’a pas innové »
était exacte. Vous aviez eu des
doutes. Et aujourd’hui, à l’ère des
entreprises Fintech ou Wealth-
tech, que constatez-vous ?
C-A.M. : Au cours des dernières
années et de manière progres-
sive, les banques se sont numéri-
sées dans de nombreux domaines.
Prenons par exemple le trafic des
paiements : les banques et les
entreprises Fintech collaborent
de plus en plus et exploitent les
synergies potentielles. La numéri-
sation n’est plus depuis longtemps
l’apanage de l’informatique, elle
est présente à tous les niveaux au
sein des banques – que ce soit en
matière de conseil en placement
avec le concept de robo-advisor,
en matière de compliance avec
les applications Regtech, ou pour
le stockage de données sur le
Cloud. La disruption annoncée des
banques n’a pas eu lieu. Bien au
contraire, on a vu apparaître sur
la place financière un écosystème
performant qui n’a guère d’équi-
valent.
PdM : Vous aviez même précisé les
trois initiatives au sein de votre
association pour promouvoir l’in-
novation, d’abord en Asset Mana-
gement, ensuite la création d’un
hub en Suisse pour les prestations
liées à la monnaie chinoise Ren-
minbi, et enfin la digitalisation
bancaire. Quels sont les résultats
que vous avez obtenus et com-
ment entendez-vous continuer ?
C-A.M. : Nous avons beaucoup tra-
vaillé sur le dossier de l’Asset Mana-
gement et avons fait des progrès
notoires : une nouvelle Plateforme
Asset Management a été consti-
tuée pour regrouper l’ensemble
des organisations du secteur privé
actives dans ce segment. Nous
avons par ailleurs publié pour la
première fois une étude sur l’im-
portance de cette activité dont
vous trouverez les détails dans
notre dernier baromètre bancaire1
.
Enfin, nous proposons des solu-
tions concrètes dans le domaine
de la prévoyance sociale en vue
d’améliorer la rentabilité des fonds
de pension, notamment par un
assouplissement de l’Ordonnance
sur la prévoyance professionnelle
vieillesse, survivants et invalidité.
En ce qui concerne la Chine, nous
constatons que nos efforts ont
porté leurs fruits puisque deux
banques chinoises se sont éta-
blies en Suisse. D’autres sont sur
le point de suivre. En parallèle,
nous allons organiser durant
l’automne le quatrième Chinese
Swiss Financial Roundtable qui se
tiendra à Lugano.
En matière de digitalisation ban-
caire, l’ASB a joué un rôle de pré-
curseur en ce qui concerne les
conditions-cadre et la réglementa-
tion, en particulier pour la licence
« light » à l’égard des Fintech,
l’E-ID, les Blockchains et le Cloud.
Nous avons tout récemment
publié un guide pour l’ouverture
de comptes de sociétés Blockchain.
PdM : Et maintenant, abordons
l’avenir. D’après-vous quelles
prestations ont les meilleures
chances de « booster » le secteur
financier suisse ?
C-A.M. : Les activités bancaires sont
actuellement très diversifiées et
il est difficile aujourd’hui de dire
laquelle émergera ces prochaines
années. Quand j’ai commencé à
l’ASB, les activités d’émission consti-
tuaient un segment « phare » des
banques en Suisse. Il a fortement
diminué depuis. Le conseil person-
nalisé à la clientèle – en dehors des
domaines standardisés – restera à
mon avis toujours un pôle d’attrac-
tion des banques suisses. Globale-
ment, la création de nouvelles pres-
tations pour les clients se fait à un
rythme de plus en plus rapide. Cela
donne naissance à de nouveaux
modèles d’affaires. Pour réussir à
l’avenir, il faudra être innovant tout
en maîtrisant les coûts. Je pense
que la plus grande disruption vien-
dra à moyen terme non pas des
start-up Fintech, mais des réalités
économiques. A cet égard, le sec-
teur bancaire n’est pas différent
des secteurs industriels, qui ont
connu une mutation comparable il
y a plusieurs décennies.
PdM : Les premières entreprises Fin-
tech s’imposent. Comment voyez-
vous l’impact réel de ces technolo-
gies sur les prestations financières,
plus particulièrement les gérants
de fortune indépendants (GFI) ?
C-A.M. : Le Big Data et l’intelli-
gence artificielle jouent un rôle
important dans ce domaine. On
peut prendre en compte et conso-
lider des analyses de données non
structurées, qui peuvent servir de
source d’information en vue de
décisions de placement. Actuelle-
ment, la plupart des sources sont
rétrospectives. Le Big Data permet
de travailler en temps réel. J’ima-
gine sans peine que les banques
et les gérants de fortune vont
s’intéresser à de nouvelles caté-
gories de placement. Et pour pro-
mouvoir les placements durables,
on s’appuiera bien davantage sur
la technologie. Cela dit, je reste
personnellement persuadé que le
conseil à la clientèle ne pourra pas
être totalement remplacé par des
machines.
PdM : Enfin, pour conclure une
question plus personnelle. Com-
ment voyez-vous la place et le
rôle de l’Association suisse des
banquiers dans les prochaines
cinq années dans la transforma-
tion continue du secteur de la
finance en Suisse ?
C-A.M. : En tant qu’association
faîtière de toutes les banques en
Suisse, l’ASB défend les intérêts
de la branche dans son ensemble.
Dans le contexte actuel, où les
incertitudes vont de pair avec
une profonde mutation, il faut
plus que jamais une voix forte
capable de contribuer à créer
des conditions-cadres adéquates
pour la branche et, plus généra-
lement, pour l’écosystème finan-
cier. C’est précisément pour cette
raison que l’on a et que l’on aura
besoin d’une Association suisse
des banquiers orientée vers l’ave-
nir et qui réfléchit aujourd’hui
aux défis de demain.
Merci, Monsieur Margelisch, et
félicitations pour votre engage-
ment en faveur de la place finan-
cière suisse.
Interview réalisée en exclusivité pour
Point de Mire par Daniel S. Martel,
Rédacteur en Chef
Note :
1
https://www.swissbanking.org/fr/medias/positions-et-communiques-de-presse/
barometre-bancaire-2018-les-defis-a-relever-n2019empechent-pas-la-croissance
Rien n’a prédestiné Claude-Alain Margelisch, un Valaisan né en
1963, originaire de Betten/Bettmeralp, à devenir l’Ambassadeur de
la finance helvétique. Après sa maturité classique il obtient à l’Uni-
versité de Berne sa licence en droit qu’il complète rapidement par
les brevets d’avocat et de notaire. Stimulé par la pratique de la juris-
prudence, Claude-Alain Margelisch entame sa vie professionnelle par
une activité de greffier au Tribunal cantonal du Valais, avant de pra-
tiquer le métier d’avocat. Une carrière militaire, menée en parallèle
et couronnée par le grade de Colonel EMG, lui a permis de rejoindre
l’Etat-major général du Chef de l’Armée suisse.
Ses connaissances et expériences ont encouragé l’Association suisse
des banquiers - l’ASB, communément appelée aujourd’hui Swiss-
banking - à confier à Claude-Alain Margelisch, en 1993, la double
mission de responsable du département « Marché financiers interna-
tionaux » et de Vice-président de son Comité exécutif. En septembre
2010, il est élu Président du Comité exécutif et Délégué du Conseil
d’Administration de l’ASB. Ses nominations au Comité des directeurs
de la Fédération de l’Union bancaire européenne, au Comité des
directeurs d’economiesuisse et à la présidence de l’Association Suisse
pour le Droit Européen ont permis à Claude-Alain Margelisch d’élar-
gir son influence bien au-delà de celle de porte-parole de la commu-
nauté bancaire helvétique.
Sa notoriété, discrète, nourrie de son savoir-faire, Claude-Alain Margelisch l’a bâtie sur son approche
diplomatique qui privilégie le compromis. Dans un monde toujours plus compétitif celle-ci s’ap-
puie toutefois sur une volonté ferme d’atteindre ses objectifs et de défendre ses positions.
Son temps libre, Claude-Alain Margelisch le dédie à la musique classique et à l’opéra, des passions qui l’ins-
pirent à jouer lui-même du piano, et à pratiquer des sports comme le tennis et le vélo, le ski et la montagne.
©Associationsuissedesbanquiers
6	 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	
Banques étrangères et place financière suisse
Ce ne sont plus les services de
gestion de l’épargne privée
qui sont au centre de l’atten-
tion mais une offre plus com-
plexe. Elle comprend l’ingénie-
rie financière et la gestion de
projets d’investissement com-
plexes. Les acteurs sont ainsi
soit des spécialistes dans une
certaine niche, soit des grands
groupes internationaux actifs
dans le contexte transfronta-
lier et dans les différents seg-
ments.
Cette structure ne fait pas que
le bonheur des clients privés
internationaux, elle réjouit
tout autant les entreprises
suisses actives sur le plan inter-
national avec des succursales
dans des pays émergents où
les banques suisses ne sont pas
présentes. Désormais ces entre-
prises peuvent gérer leur tréso-
rerie avec le spécialiste suisse
de la banque internationale
et coordonner les transactions
dans un cadre juridique connu.
Elles seront exécutées par les
spécialistes de la banque pré-
sents dans le monde entier.
Ceci est la piste de la diversifi-
cation de l’offre pour renforcer
la présence – une autre suivie
notamment par des acteurs
avec présence encore petite,
est celle de l’acquisition d’ac-
teurs locaux. Ainsi, un grand
groupe étranger décide, pour
renforcer sa compétence dans
la gestion privée, d’acquérir
une banque suisse de taille
moyenne. Un autre acteur
de niche, banque de gestion,
Les banques étrangères
en Suisse – l’ouverture du
pays au monde
n Raoul Oliver Würgler, Secrétaire général adjoint, Association des banques étrangères en Suisse
Depuis longtemps les banques étrangères constituent un acteur de poids sur
la place financière suisse. Elles apportent la diversité à la place et assurent
son ouverture vers le monde – accompagnant ainsi les entreprises suisses dans
leur développement sur le plan international. Ce texte propose un aperçu de
la présence des banques étrangères et de leurs activités en Suisse. Il analyse, en
un second temps, les défis que la place financière suisse et les banques étran-
gères sont amenées à relever.
La présence des banques étran-
gères en Suisse est en constante
évolution. Leur nombre a dimi-
nué au courant de la décennie
passée – évolution qui a frappé
tous les groupes bancaires.
Elle est le résultat de la crise
des marchés financiers – qui a
conduit à une restructuration
de beaucoup de groupes ban-
caires – et de la charge régle-
mentaire croissante par la suite
– qui a rendu de plus en plus
difficile la survie notamment
des banques de taille petite et
moyenne.
Le calme étant revenu, le
groupe des banques étrangères
en Suisse est, lui aussi, en phase
de stabilisation. Contre les pré-
sages de nombreux « experts »
il s’avère que la présence helvé-
tique reste pour beaucoup de
groupes bancaires internatio-
naux un pilier important dans
leur réseau global.
Les banques étrangères en
Suisse développent des offres
nouvelles – répondant aux
attentes des clients vivant dans
un monde fiscalement transpa-
rent et souhaitant réaliser des
projets financiers complexes,
parfois sur plusieurs juridictions
et enjambant plusieurs généra-
tions. A la gestion patrimoniale
s’ajoutent d’autres activités,
dont le financement d’entre-
prises ou la banque d’investis-
sement. Le réseau international
auquel les banques étrangères
en Suisse donnent accès permet
au mieux de répondre à cette
demande.
reprend un gestionnaire suisse
afin d’élargir son portefeuille
de services à la gestion institu-
tionnelle.
Nouveaux défis
Les quelques exemples confir-
ment le dynamisme qui règne
parmi les banques étrangères
en Suisse. Malgré la forte pres-
sion internationale que la place
financière suisse a subie dans le
passé récent elle continue à atti-
rer des clients. La transparence
fiscale avec le régime FATCA
des USA et l’échange automa-
tique des renseignements par
l’OCDE aurait, d’après certains,
sonné le glas de la gestion des
fortunes privées en Suisse. Rien
de tel – les volumes sous gestion
ne cessent d’augmenter comme
le démontrent les statistiques
de la Banque nationale suisse :
le total des stocks de titres a lar-
gement dépassé le pic d’avant
crise des marchés financiers
pour atteindre CHF 6,255 mil-
liards à fin 2017.
Pour la Suisse, qui n’est pas
membre de l’Union Européenne
(UE) – où les clients bancaires
Nouveaux acteurs et
renouveau d’acteurs
Quoique peu d’établissements
nouveaux se soient installés
ces dernières années, il est tout
de même possible de consta-
ter la présence d’acteurs aux
horizons très divers. Désormais
deux banques chinoises sont
au service des entreprises en
Suisse assurant leurs liens avec
la Chine, dont des échanges
directs entre le CHF et le Ren-
minbi, ce qui, dans le passé,
n’était possible que par un tran-
sit à Hong Kong et un change
en USD. La présence de ces
établissements est le fruit de
la convention de libre échange
conclue entre la Chine et la
Suisse en 2014 et du dialogue
financier. Il serait bénéfique
à la place économique si des
banques d’autres économies
émergentes s’implantaient en
Suisse afin de créer des liens
directs que les banques suisses
ne sont pas en mesure d’as-
surer. Au-delà des banques
commerciales, certains acteurs
de niche se sont établis dans
notre pays et plusieurs groupes
internationaux développent
de nouveaux types de services,
notamment dans le domaine
de la nouvelle technologie.
Ainsi, un groupe de banques
de financement de négoce
a transféré la gestion de la
chaîne de transaction entière
du traitement papier sur une
plateforme internet et prépare
le passage au Blockchain pour
accroître encore la fiabilité et
la sécurité.
Raoul Oliver Würgler, Secré-
taire général adjoint de l'As-
sociation des banques étran-
gères en Suisse, travaille pour
cette organisation depuis
2000. L'Association réunit
environ 110 établissements
financiers en mains étran-
gères. Elle les accompagne
dans leur travail de mise en
œuvre des réglementations
suisses des marchés financiers
et assure les contacts avec
d'autres associations faîtières
suisses et étrangères ainsi que
les représentants de l'admi-
nistration fédérale. Avant de
rejoindre l'Association, Raoul
Würgler a travaillé pour une
grande banque suisse.
Photo©DanielHagerPhotography
Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	 7
Banques étrangères et place financière suisse
résident pour la plupart – la ques-
tion de l’accès au marché reste
primordiale. Les relations bila-
térales avec l’UE ne permettent
pas de s’attendre à une résolu-
tion rapide bien que des ouver-
tures ponctuelles émergent.
Ainsi, grâce à un accord bilatéral
avec l’Allemagne, les banques en
Suisse peuvent entrer en relation
avec leurs clients. Les négocia-
tions en cours avec d’autres pays
visent des solutions semblables –
hors accord global avec l’UE.
En même temps, les groupes
bancaires internationaux tâchent
de s’adapter à la situation afin
de suivre leurs clients et de leur
offrir les services recherchés.
C’est dans ce contexte que la
prestation de services internatio-
naux par le biais du réseau glo-
bal du groupe bancaire prend
toute son importance. Il ne s’agit
plus exclusivement de la rela-
tion entre le client à l’étranger
et la banque en Suisse, mais de
la coordination des transactions
au sein du groupe bancaire qui
se passe au niveau international.
Ainsi les groupes bancaires
internationaux élargissent la
gamme de leurs services en
Suisse pour y inclure des presta-
tions de banque d’entreprise et
d’investissement par exemple.
Ce n’est pas l’exécution de la
transaction toute entière qui a
lieu en Suisse, mais son initia-
tion, parce que le client entre-
tient la relation avec la banque
dans notre pays. C’est la banque
à son tour qui assure l’exécu-
tion sur le plan international et
en ayant recours à son réseau
global. Cette procédure facilite
l’interaction au client et évite
d'éventuelles restrictions d’ac-
cès au marché car l’entité ban-
caire dûment autorisée s’active
dans la juridiction où la presta-
tion a lieu.
Cette organisation de groupe
ne convient pas exclusivement
aux clients de gestion privée,
mais tout autant aux entre-
prises – suisses avec voilure
internationale ou internatio-
nales avec présence helvétique
– car elles sont accompagnées
pour leur trésorerie par des
spécialistes qui se trouvent en
Suisse, connaissent le cadre juri-
dique, parlent la langue et sont
proches géographiquement.
Ces spécialistes assurent à leur
tour l’exécution des transac-
tions dans le respect des règles
locales. Grâce à ce réseau une
entreprise suisse avec des sites
de production dans le monde
entier peut coordonner à partir
de la Suisse le financement d’in-
vestissements sur ses implan-
tations à l'étranger ou gérer
la trésorerie de ses différents
sites à partir d'un seul centre
financier. Les postes de travail
à haute valeur ajoutée peuvent
rester proches du siège, du
centre décisionnel, en Suisse.
Il va de soi que cette structure
organisationnelle n’est pas à
la portée de tous et ne résout
pas tous les défis dans la pres-
tation de services financiers.
Toutefois, la prestation trans-
frontalière sans établissement
stable dans le pays de destina-
tion est sujette à toujours plus
de contraintes. Les accords de
libre prestation de services ne
se matérialisent que difficile-
ment, voire pas du tout. Les
règles d’accès diffèrent de pays
en pays et sont accompagnées
d’exigences de transparence et
d’information particulièrement
complexes. Pour répondre à ces
difficultés la Suisse a continuel-
lement aligné sa réglementa-
tion aux standards européens
– dans l’espoir d’une reconnais-
sance d’équivalence et un éven-
tuel droit d’accès au marché.
En parallèle la Suisse exploite
la voie de la négociation d’ac-
cords bilatéraux ou des dialo-
gues financiers avec des pays
émergents comme la Chine,
l’Inde ou le Brésil. Elle souhaite
par ce biais établir des relations
privilégiées avec ces économies
vis-à-vis desquelles elle pourra
jouer son rôle d’intermédiaire
en tant que partenaire.
Relever les défis à
l’intérieur
Au-delà des nombreux défis
extérieurs, la Suisse est en train
d’adopter des mesures en son
propre sein pour améliorer les
conditions cadre et pour atti-
rer des acteurs de l’étranger.
Notamment lorsqu’il s’agit des
secteurs de niche, des services
bancaires novateurs, la Suisse
a de bonnes cartes à jouer. La
FINMA et le gouvernement sont
en train d’ouvrir cette piste en
poursuivant différentes initia-
tives.
Une révision de l’Ordonnance
sur les banques redéfinit le
régime de la récolte d’argent
du public et a défini des excep-
tions dans le cas où la récolte
est faite par une entreprise
start-up pour son propre
compte et au vu d’un but d’in-
vestissement clairement défini
auparavant. La révision vise à
créer un cadre favorable à l’in-
novation et contribuera à gar-
der en Suisse des start-up ou
spin-offs des Technoparks uni-
versitaires en Suisse.
En même temps la FINMA défi-
nit ses exigences vis-à-vis des
Initial Coin Offerings (ICOs) :
elle privilégie une approche
cas-par-cas ce qui lui permet
d’offrir le maximum de flexi-
bilité et de laisser une ample
marge à l’innovation. L’évalua-
tion individuelle de chaque cas
et la décision de son assujettis-
sement ou non à la surveillance
prudentielle doit contribuer à
un environnement dans lequel
l’innovation a de la place et
à l’émergence d’un centre de
compétences en la matière.
La révision de la Circulaire sur
l’identification en ligne va, elle
aussi, dans la direction de la
facilitation et la modernisation
des procédures – désormais la
procédure d’identification du
cocontractant est accélérée et
possible sans contact. Aussi le
versement initial sur le compte
peut venir d’un compte ban-
caire tenu à l'étranger. Deux
mesures qui rendent plus acces-
sible le service à la clientèle
internationale.
La FINMA accompagne très
attentivement les nouveaux
acteurs sur les marchés finan-
ciers. Elle veut donner la liberté
à l’innovation tout en sauve-
gardant la stabilité et en assu-
rant l’entière protection des
investisseurs. Plutôt que de
réglementer dans les moindres
détails de l’activité des start-up
et sociétés Fintech, elle propose
une approche concentrée sur la
finalité de leur activité.
La Suisse reste une place inté-
ressante pour la présence de
banques et autres sociétés finan-
cières avec des activités inter-
nationales. Il va de soi que la
stabilité et la sécurité juridique
sont des atouts indéniables,
tout comme l’indépendance, le
poids économique et le réseau
étendu de conventions contre
la double imposition. Le suc-
cès du secteur financier réside
dans sa diversité – la gestion de
fortunes privées, au centre de
l’attention pendant de longues
années, ne constitue qu’une
parmi plusieurs activités et ce
n’est que l’ensemble de toutes
ces activités, qui englobent les
services aux entreprises interna-
tionales, aux gestionnaires de
fortune tout comme aux clients
fortunés, qui rend la place aussi
unique qu’elle ne l’est. Le succès
repose ainsi sur une diversité de
facteurs qui ne déploient leurs
effets que par un effort com-
mun.
La place financière suisse reste fidèle à sa tradition : depuis plu-
sieurs siècles elle accueille des établissements financiers qui pour-
suivent les activités les plus variées. Ainsi les Médicis furent les pre-
miers banquiers à s’installer en Suisse – à Genève en 1405 – pour
être présents sur une des places de marché les plus importantes
en Europe. Dans la continuité des banques françaises s’établirent
en Suisse dès le XIXe
siècle, toujours pour l’activité de finance-
ment et plus tard, suivies de banques allemandes et japonaises,
pour l’activité d’émission d’emprunts, à Zurich cette fois-ci. Ce
n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale que l’activité de la
gestion de fortunes privées prit l’essor que nous lui connaissons
aujourd’hui – au cœur de l’Europe en pleine croissance la Suisse
offrit un havre de paix et de stabilité pendant toute la période
de la guerre froide. Stabilité politique et sociale certes, mais sta-
bilité financière aussi. C’est pendant ce temps que les activités de
financement du négoce en matières premières et de gestion des
liquidités pour sociétés multinationales se développèrent – l’une
suite à l’émergence d’un cluster dans la région lémanique, l’autre
en réponse à une forte demande de la part de sociétés multi-
nationales de plus en plus nombreuses à installer leurs centres
financiers dans notre pays.
1816 | G E N È V E . Z Ü R I C H . L A U S A N N E . PA R I S . LY O N . A N N E C Y. D U B A Ï . H O N G K O N G | B C G E . C H
UNE BANQUE
QUI SE BAT POUR
LES ENTREPRISES.
Aux côtés des entrepreneurs,
avec constance, technicité et créativité.
• Financement de l’investissement
• Gestion de la trésorerie et des changes
• Global commodity finance
• Fusions et acquisitions
• Private equity
Rouge = C: 0 - M: 100 - J: 90 - N: 0
BCGE The Swiss Bank of Geneva_positif.eps
Noir = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 100
Blanc = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 0
Gris = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 50
CI/LUT/CH/F/090217|ALTERNATIVE.CH
Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	 9
aspects économiques et financiers
tendance à dire que c’est la base.
Pourtant, encore aujourd’hui,
aucune école n’apprend réelle-
ment ni le métier de chargé de
relations ni de conseiller finan-
cier. À la technicité il est temps
d’ajouter plus d’humanité. Pour
ce changement de paradigme,
c’est l’organisation de la struc-
ture et l’adoption du bon outil
informatique qui seront détermi-
nants.
Positionner placements
sur tendances lourdes
La transition énergétique reste
la panacée. Même si l’impro-
bable rechute du prix du pétrole
qui s’est produite depuis l’été,
contre toutes attentes, n’est pas
là pour encourager le passage
aux énergies propres. Comme
toujours, l’or noir est mani-
pulé et son cours dépend aussi
beaucoup de la géopolitique.
Les bruits de bottes aux portes
de l’Ukraine font penser qu’un
prix du pétrole, à nouveau, au
plancher ne fait pas l’affaire du
grand extracteur qu’est la Russie
impérialiste de Poutine. L’indus-
trie du solaire en est particuliè-
rement une victime collatérale.
Ceci après avoir déjà particuliè-
rement souffert des taxes pro-
tectionnistes sur l’acier et du
dumping chinois. Pour autant,
la tendance reste d’avenir, tout
comme l’approvisionnement de
l’eau et son traitement. Derniè-
rement, le professeur et auteur
français Nicolas Klein, spécia-
liste de l’Espagne, nous appre-
nait que ce pays perdait chaque
année 25% de son eau potable
en raison du manque d’investis-
sement dans ses infrastructures.
Le français Suez Environnement
est notre préféré du secteur.
D’autre part, nous identifions
deux autres trends sur lesquels
il s’agit de se positionner. En
premier lieu, il est question des
services et des financements
liés à l’accompagnement et au
maintien à domicile des gens du
troisième et du quatrième âge.
Ensuite, tout l’environnement du
travail à distance qui ne va ces-
ser de se développer. Exemples,
les espaces comme les bureaux
partagés mais aussi toute la
bureautique et l’informatique
embarqués. L’entreprise suisse
Logitech est intéressante sur ce
plan, bien que chère en bourse
actuellement. C’est un constat,
le monde du travail mute et le
travail à domicile ou en exté-
rieur augmente. La mobilité et la
réduction des coûts l’expliquent.
Dans le secteur du cryptage
et de la sécurité des données,
l’autre suisse, Kudelski, semble
être un achat. Ceci d’autant plus
après les déconvenues coûteuses
en réorganisation et délocalisa-
tion vécues cette année. On le
voit, les opportunités d’investis-
sements en 2019 ne manqueront
pas.
Chronique financière
La politique demeure une
constante
n François MEYLAN, Conseiller financier et Directeur, Meylan Finance Sàrl, Lausanne
Cet exercice qui s’écoule nous le rappelle, avec une certaine violence, on
aurait tort d’omettre quelques paramètres politiques. Tant le vote surprise
de droite extrême en Italie ce printemps que la guerre commerciale voulue
par le président Trump, en passant par la crise des gilets jaunes en France le
démontrent : les préoccupations premières de la population sont la sécurité
et le pouvoir d’achat. C’est incontournable. Chaque fois que le politique ne
l’entend pas ou que la perception évolue négativement, on part électoralement
dans les extrêmes. Et ce n’est pas le « Black Friday » - autre fête commerciale,
avec Halloween, elle aussi importée des États-Unis - qui fera passer la pilule.
Pour sa part, tout détestable qu’il
est, Donald Trump remplit son
mandat vis-à-vis de ses électeurs
qui voulaient plus de sécurité et
plus d’emplois. À mi-mandat, on
peut, sans risque, évoquer une
réélection. Par ailleurs, le monde
a fini par s’accommoder de sa
conduite des affaires par le biais
de Twitter. Le grand vainqueur
de l’ère Trump est sans conteste
le complexe militaro-industriel.
Le perdant étant, malheureuse-
ment, la diplomatie.
Europe : les démons
nationalistes reviennent
Retour sur le Vieux Continent, la
résurgence du nationalisme est
inquiétante. Bien plus grave que
les relents à la hongroise, la crise
catalane s’est détériorée tout au
long de l’année et fait resurgir en
Europe le suprémacisme, la mani-
pulation des masses, l’établis-
sement de listes d’opposants à
l’indépendance, une police poli-
tique et des groupes de citoyens
auto-proclamés Comités de
défense de la République (CDR)
qui n’hésitent pas à se mettre
hors la loi. Le continent aurait
tort de regarder ailleurs.
Dans cette constellation, j’ai tout
récemment été reçu par la dépu-
tée européenne basque espa-
gnole Maite Pagazaurtunda, qui a
vécu pendant 13 ans sous escorte
policière, menacée de mort par le
groupe séparatiste basque ETA et
dont le frère a été assassiné.
De son rapport présenté au
Parlement, à Bruxelles, il res-
sort que tant l’ETA, Daesh ou
l’appareil séparatiste catalan
se construisent de la même
manière : 1) Falsification gros-
sière de l’histoire ; 2) Établisse-
ment de la communauté en tant
que victime historique parfaite ;
3) Revendiquer une seule iden-
tité communautaire considérée
comme naturelle et essentielle ;
4) Un seul discours sur la natio-
nalité est accepté ; 5) Le langage
politique devient instrumenta-
lisé. Si ces cinq conditions sont
remplies, intervient alors l’usage
de la violence et l’agresseur
apparaît comme victime. La vraie
victime, quant-à-elle, est stigma-
tisée. Nous voici prévenus.
Une place financière
toujours mise au défi
Force est de constater qu’après
une quinzaine d’années de régu-
lations exponentielles, notre
place financière a troqué son
exotisme contre le protocole et
des lourdeurs administratives à
n’en plus finir. Plus que jamais,
ses acteurs doivent déceler des
synergies, la simplicité d’action et
déceler de nouveaux besoins. On
pensera notamment aux presta-
tions de conseils au profit d’une
clientèle vieillissante - ce que
certains appellent la Silver éco-
nomie. La personnalisation de la
relation clientèle et une qualité
de service constante démarque-
ront ainsi les meilleurs. On aurait
Meylan Finance Sàrl, société
de conseil patrimonial et de
gestion de fortune, établie
à Lausanne, a été fondée en
2011 par François Meylan qui
est actif dans la promotion
d’un libéralisme humaniste.
Meylan Finance Sàrl qui four-
nit une large palette de pres-
tations allant du placement de
capitaux à l’exécution testa-
mentaire, se spécialise dans la
finance durable et dans l’acti-
visme actionnarial en partici-
pant aux assemblées générales
d’actionnaires, entre autres.
10	 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	
Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs
Contrairement à
l’époque de la bulle
Internet, les bénéfices
restent cohérents avec
les cours boursiers
Lors du boom technologique
de la fin des années 1990 qui a
atteint son apogée début 2000,
les cours boursiers des sociétés
du web ont dépassé leur poten-
tiel bénéficiaire, si bien que les
valorisations se sont retrouvées à
des niveaux intenables. Ce n’est
pas le cas cette fois-ci. Bien que
certaines sociétés comme Face-
book et Amazon affichent une
certaine prudence dans leurs der-
nières prévisions de résultats, les
bénéfices des sociétés technolo-
giques sont globalement plus en
ligne avec leurs cours boursiers.
Certains géants technologiques
ont tiré les leçons des erreurs
commises par de grosses socié-
tés durant la bulle Internet.
Aujourd’hui, ils consacrent infi-
niment plus d’énergie à pérenni-
ser leurs technologies, mais aussi
leurs modèles économiques.
Sommes-nous en train
­d’assister à la formation
d’une bulle technologique ?
n Fabian WALL MEIER, Directeur Institutionnel, Suisse, et Michael STADELMANN, Directeur associé Institutionnel, Suisse
Alors que les valeurs technologiques ont récemment fait vaciller les marchés,
rappelant la bulle Internet au début des années 2000, nous estimons que le
boom technologique actuel n’a rien à voir avec cette dernière. Pour répondre
d’emblée à l’interrogation en titre et qui préoccupe depuis quelques semaines
beaucoup d’investisseurs, nous comparons les deux périodes et identifions cer-
taines caractéristiques qui nous incitent à porter un regard optimiste sur ce
secteur à long terme.
Note :
1. Au 30 septembre 2018. Les sociétés de Capital Group gèrent des actions par le biais de trois groupes d’investissement qui décident en toute indépendance de leurs investissements
et de leurs votes. Les professionnels de l’investissement obligataire assurent la recherche et la gestion d’actifs obligataires par le biais de Capital Group. Pour ce qui concerne les
titres apparentés à des titres de participation, ils agissent uniquement pour le compte de l’un des trois groupes d’investissement en actions. Source: Capital Group.
Capital Group a été créé en
1931 aux États-Unis, et a
ouvert son premier bureau
hors du territoire américain à
Genève, en 1962. Depuis plus
de 50 ans, nos collaborateurs
de ce siège œuvrent pour la
solidité et la stabilité de notre
activité en Suisse.
Depuis 1986, nous gérons
des actifs pour nos clients
institutionnels suisses. Et
aujourd’hui, nous gérons
plus de 1'800 milliards USD1
d’actifs dans le cadre de nos
solutions de gestion active
pour le compte d’une clien-
tèle mondiale. Nous comptons
150 collaborateurs1
en Suisse,
et avons ouvert une antenne
commerciale à Zurich en 2013.
–5
0
5
10
15
20
25
30
35 %
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Tech en % des bénéfices
des sociétés du S&P 500
Tech en % de la cap. boursière
des sociétés du S&P 500
Récessions
Contrairement à l’époque de la bulle Internet,
les bénéfices restent cohérents avec les cours
Les performances passées ne présagent pas des résultats futurs.
Sources : FactSet, Standard & Poor’s, au 30/09/18. Bénéfices basés sur des chiffres en USD.
À titre d’illustration uniquement.
Sources : FactSet, Standard & Poor’s. Résultats prospectifs à 12 mois au 31/10/18, fournis par FactSet. PER basé sur des chiffres en USD.
15,3x 15,4x 18,1x
22,4x 22,7x
60,0x
72,5x
S&P 500 Apple Facebook Microsoft Alphabet Amazon Netflix
PER prospectif
Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	 11
Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs
Les valorisations de
nombreuses sociétés
technologiques ne
semblent pas excessives
Contrairement à la bulle du
début de ce siècle, les valeurs
technologiques n’affichent pas
toutes des valorisations très éle-
vées. Le cours de l’action Face-
book et Apple représente ainsi
entre 10 et 20 fois leurs bénéfices
(le fameux PER prévisionnel), et
moins de 23 fois pour Microsoft
et Alphabet. Ce sont certes des
valorisations supérieures à celles
du reste du marché, mais étant
donné le potentiel de croissance
de ces sociétés, elles sont aussi
plus justifiées. Le PER du géant
Amazon figure parmi les plus
élevés du secteur technologique,
mais comme il investit massive-
ment dans son activité, son béné-
fice est plus limité.
Les valorisations actuelles nous
paraissent raisonnables, compte
tenu du potentiel de croissance
supérieure de ces entreprises.
Durant la bulle Internet, les
sociétés technologiques de haut
vol ont atteint des valorisations
extrêmes inédites, sans pouvoir
bénéficier de l’appui de résul-
tats solides. À l’inverse, celles
d’aujourd’hui se négocient à des
primes assez peu élevées par rap-
port aux niveaux observés dans
le reste du marché. Leurs valori-
sations sont raisonnables sachant
qu’elles ont des fondamentaux
solides et offrent des perspec-
tives de croissance excellentes ces
prochaines années.
Amazon, un exemple
concret de l’investis-
sement en période de
volatilité
La plupart des valeurs technolo-
giques de haut vol sont rompues
aux corrections boursières mar-
quées. Depuis la crise financière de
2008 par exemple, l’action Ama-
zon a perdu au moins 15 % de sa
valeur à dix occasions différentes,
et plus de 30 % à trois occasions.
Mais après chacune de ces chutes,
elle est remontée à de nouveaux
plus hauts. Les investisseurs en
mesure d’encaisser la volatilité à
court terme ont enregistré des
gains considérables, tandis que
ceux qui ont revendu l’action au
cours de l’une de ces corrections
sont passés à côté. À notre sens,
Amazon a les moyens de demeu-
rer l’une des grandes entreprises
les plus compétitives au monde.
Conclusion
Bien qu’il faille s’attendre
à ce que certaines valeurs
technologiques traversent
une période de faiblesse et
de volatilité, nous sommes
convaincus que le boom tech-
nologique actuel n’a rien à
voir avec la bulle Internet du
début de ce siècle. Les leaders
d’aujourd’hui affichent des
bénéfices solides, des flux de
trésorerie abondants, d’impor-
tantes parts de marché et des
barrières à l’entrée élevée.
Les perspectives à long terme
de nombreuses sociétés tech-
nologiques restent positives,
soutenues par des modèles
économiques solides, un posi-
tionnement dominant et de
nouveaux gisements de crois-
sance.
Fabian Wallmeier est Direc-
teur général, Institution-
nels, Suisse chez Capital
Group. Possédant 25 ans
d’expérience dans le sec-
teur suisse des caisses de
pension, il a rejoint Capi-
tal Group il y a quatre ans,
après avoir dirigé les activi-
tés de relations clientèle ins-
titutionnelle chez Fidelity
et DB Advisors (Deutsche
Bank) en Suisse. Fabian
est diplômé en droit suisse
des assurances sociales de
l’Université des Sciences
Appliquées de Berne. Il est
membre de l’Association
suisse des institutions de
prévoyance (ASIP). Fabian
est basé à Zurich.
Michael Stadelmann est Direc-
teur associé, Institutionnels,
Suisse chez Capital Group. Pos-
sédant sept ans d’expérience
dans le secteur de l’investisse-
ment, il a rejoint Capital Group
il y a trois ans. Avant cela, il a
occupé les fonctions d’ana-
lyste spécialiste des obligations
convertibles chez Schroders
Investment Management,
Michael possède un master en
banque et finance de l’Univer-
sité de Zurich et a participé à
un programme d’échange avec
l’école d’économie de l’Univer-
sité de Fudan, à Shanghai. Il est
également Chartered Alterna-
tive Investment Analyst™ et
Chartered Financial Analyst®
.
Michael est basé à Zurich.
Recul d’au moins 15 %
entre point haut
et point bas
Résultat cumulé
depuis 2009 :
+2,542 %
50
100
200
400
800
1 600 $
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Point haut Pointbas Recul
Juil. 2009 Sept. 2009 –17 %
Déc. 2009 Fév. 2010 –18 %
Avr. 2010 Juin 2010 –28 %
Janv. 2011 Mars 2011 –16 %
Juil. 2011 Août 2011 –21 %
Oct. 2011 Déc. 2011 –30 %
Sept. 2012 Nov. 2012 –16 %
Janv. 2014 Janv. 2015 –30 %
Déc. 2015 Fév. 2016 –31 %
Sept. 2018 Oct. 2018 –25 %
Amazon : 10 corrections brutales et une action en hausse de 2,542 %
Cours par action AMZN
Source : RIMES. Au 31/10/18. Cours par action basé sur des chiffres en USD.
Document réservé aux investisseurs qualifiés
Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. La valeur des parts et le revenu qu’elles génèrent ne sont pas constants dans le temps, et les
investisseurs ne sont pas assurés de récupérer l’intégralité de leur mise initiale.
Les présentes informations sont fournies uniquement à titre d’information et ne constituent pas une offre, une sollicitation d’offre ou encore une recomman-
dation portant sur l’achat ou la vente des titres ou instruments cités.
Le présent document est publié par Capital International Sàrl (société agréée et régie par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA),
filiale de Capital Group Companies, Inc. (Capital Group). La société Capital Group s’efforce d’obtenir des informations de sources réputées fiables, mais ne
peut en garantir l’exactitude, la fiabilité ou encore le caractère exhaustif. Le présent document n’a pas vocation à être complet ni à fournir un conseil d’inves-
tissement, fiscal ou autre. © 2018 Capital Group. Tous droits réservés.
12	 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	
Prévoyance professionnelle : de nouveaux acteurs
conformité avec la loi. En effet, alors
que la loi limite le nombre de stra-
tégies de placement à dix, les offres
« multibanques » engendrent à la
fois complexité et confusion : à long
terme, l’assuré a-t-il la certitude que
ses stratégies respecteront toujours
le cadre légal ?
PdM : Cette approche personna-
lisée est-elle adaptée en cas de
mauvaise conjoncture ?
P.Z. : Elle est non seulement adap-
tée, mais c’est, nous en sommes
convaincus, la meilleure solution
pour faire face non seulement aux
aléas de l’économie, mais aussi à la
pression démographique. On le voit
d’ailleurs : les caisses de pension col-
lectives classiques réduisent entre
autres le taux de conversion de la
partie surobligatoire. Et celui de la
prévoyance obligatoire est en sursis
politique. En fin de compte, l’en-
semble des assurés doit assumer les
choix collectifs du conseil de fonda-
tion, ainsi que les choix politiques.
Dans un système de prévoyance
personnalisée, tel que les plans Bel-
Etage et 1e
, chaque assuré assume
seul ses choix, ses stratégies, et en
récolte les fruits. Nous dirons qu’à la
différence de la concurrence, notre
réactivité, notre approche person-
nalisée et notre grande expérience
permettront plus aisément à l’assuré
de prendre les décisions qui lui cor-
respondent. En particulier lorsque le
contexte est délicat, comme c’est le
cas aujourd’hui.
Propos recueillis par Jean-Pierre
Michellod, Directeur de la publication
Prévoyance des cadres :
Comment s’y retrouver dans la
soudaine abondance des plans 1e
 ?
Depuis plus d’un an, le marché des plans de prévoyance pour cadres dits « 1e
 »
connaît un véritable essor. En cause, les récents changements législatifs (notamment
l’article 17 LFLP), qui renforcent la responsabilité individuelle dans la prévoyance
surobligatoire. Concrètement, étant donné que les assurés toucheront la totalité de
la plus-value lors de leur départ de la caisse de pension, ils doivent de ce fait assumer
aussi les pertes liées à leurs investissements. A l’origine, les plans 1e
sont nés d'insti-
tutions spécialisées pionnières telles que PensExpert SA, aujourd’hui leader sur le
marché suisse des solutions de prévoyance individualisées.
valeur ajoutée d’un accompagne-
ment humain et personnalisé ? Si
le 1e
est porteur aujourd’hui pour
les grands groupes (banques, assu-
rances) pour les raisons que nous
avons évoquées, qu’en sera-t-il
demain, lorsque le contexte aura
changé et qu’une autre solution
aura fait son apparition ?
PdM : Vous évoquez le conseil :
quelle est donc la valeur ajoutée
de PensExpert ?
P.Z. : Le conseil sur mesure est pour
nous primordial à tous les échelons
delaplanificationdelaretraite,dèsla
première rencontre. La préparation
delafindecarrièreestunedémarche
préoccupante et fondamentale, qui
demande une relation de confiance
à long terme, un suivi de proximité
et une grande réactivité. Nous pre-
nons alors le temps de connaître la
situation professionnelle, familiale et
financière de chaque personne que
nous rencontrons. Une fois un bilan
établi, nous explorons avec le client
les différentes options. Ai-je suffi-
samment cotisé dans mon 2e
pilier ?
Dois-je effectuer un rachat ? Com-
ment mettre en place une retraite
partielle ? En tant que propriétaire
de ma maison, existe-t-il des solu-
tions adaptées pour ma prévoyance ?
Enfin, la situation et la propension
au risque détermineront les straté-
gies d’investissement à mettre en
place. Pour cela, nous nous entou-
rons depuis toujours de partenaires
bancaires triés sur le volet et qui
partagent nos valeurs. L’assuré qui le
souhaite a l’opportunité de rencon-
trer les représentants de nos parte-
naires afin d’évaluer celui avec qui il
s’engagera.
J’ajoute que cette manière de pro-
céder est non seulement transpa-
rente, mais garantit, qui plus est, la
C’est à ce thème, justement, que
la Direction lausannoise de cette
société lucernoise, qui a fait sa
réputation sur la qualité de son
conseil et de ses offres, a consacré
une grande partie de sa tradition-
nelle « Conférence annuelle sur la
prévoyance » qui s’est déroulée
dans la capitale vaudoise, à l’hô-
tel Lausanne-Palace, le 4 octobre
dernier.
En marge de cette manifesta-
tion et pour en savoir plus, nous
sommes allés à la rencontre de
Pasquale Zarra, Directeur pour
la Suisse romande de PensExpert
SA. Ce fut l’occasion aussi de reve-
nir sur le développement de cette
société pionnière dans le monde
de la prévoyance surobligatoire et
de sa stratégie pour faire face aux
aléas conjoncturels et aux incer-
titudes liées à l’avenir de la pré-
voyance en Suisse.
Ecoutons-le !
Point de Mire : Que pensez-vous
de l’arrivée de nouveaux acteurs
sur le marché de la prévoyance
surobligatoire ?
Pasquale Zarra : Je suis convaincu
que la concurrence est bénéfique
pour les assurés et, dans ce sens,
j’apprécie l’arrivée de nouveaux
intervenants sur ce marché. Mais
évidemment, qui dit concurrence,
dit augmentation de l’offre et donc
des difficultés à cerner le bon grain
de l’ivraie. Aujourd’hui, nous obser-
vons une arrivée significative sur ce
marché d’établissements bancaires
traditionnels, qui proposent des
solutions à des coûts défiant toute
concurrence. Cette pression sur les
prix n’est pas néfaste en soi. Mais
elle devrait inciter le consommateur
à se poser la bonne question : « Quel
service va-t-on me proposer au prix
affiché ? »
PdM : Pourquoi assiste-t-on à
un tel engouement des acteurs
financiers pour ces plans 1e
 ?
P.Z. : L’assouplissement de la loi, en
octobre 2017, a évidemment été
un déclencheur. Les banques, en
particulier celles qui proposent des
services de Private Banking, visent
une clientèle à haut revenu, qui
apprécie de gérer sa fortune de
manière individuelle. C’est égale-
ment le profil de nos clients. Mais à
la différence d’une société comme
PensExpert qui a bâti depuis près
de vingt ans toute sa stratégie et
son identité dans la prévoyance
surobligatoire, ces établissements
bancaires n’ont pas encore d’expé-
rience dans ce secteur. Leur cœur
de métier réside dans la gestion de
patrimoine, le crédit hypothécaire,
etc. Concrètement, pour ces der-
niers, les plans 1e
ont de l’intérêt
surtout en tant que produits d’ap-
pel, de porte d’entrée vers leurs
services traditionnels. Ce n’est pas
problématique en soi, mais l’as-
suré pour qui le conseil prime sur
le coût doit être conscient que le
« prix le plus bas », quel que soit le
secteur, se fait généralement au
détriment de la qualité du service.
PdM : Cette situation est-elle
pérenne ?
P.Z. : Nous sommes dans une phase
de transition entre un marché
de niche et une industrialisation.
L’avenir nous le dira. Mais à terme,
il faudra faire des choix. Vou-
lons-nous investir nos économies
de retraites en faisant confiance à
des algorithmes ou des graphiques
ou croyons-nous encore en la
Pasquale Zarra, associé de
PensExpert SA, est le Direc-
teur de la succursale lausan-
noise depuis 2010. Il a débuté
son activité auprès du siège
de PensExpert SA à Lucerne
en 2006. Responsable du
développement du marché
Romand, titulaire du Diplôme
fédéral de gérant de caisse de
pension, il bénéficie d’une très
longue expérience auprès de
différents assureurs nationaux
et caisses de pension en Suisse.
Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	 13
Solutions de prévoyance : une expérience étrangère
d’offres de services de soins est
compensé par des solutions tech-
nologiques, avec notamment des
robots qui sont capables d’avoir
de vraies conversations avec les
humains.
Situation en Suisse
Alors que la Suisse connaît aussi
un faible taux de fécondité, 1,56
en 2017, et une espérance de vie
élevée, 83 ans, le vieillissement
de la population n’est pas aussi
problématique qu’au Japon prin-
cipalement en raison d’une poli-
tique historiquement ouverte à
l’immigration : Plus de 2,1 millions
d’étrangers vivent en Suisse, envi-
ron 25% de la population totale,
et le nombre de personnes qui
immigrent est le double du nombre
de personnes qui émigrent chaque
année. Néanmoins, la Suisse est
également confrontée au problème
du financement des retraites et
pourrait trouver une source d’ins-
piration dans la situation du Japon.
Le vieillissement de la
­population au Japon, un
­cauchemar démographique
n Philippe Garoflid, conseiller financier, Meylan Finance Sàrl, Lausanne
« Au Japon, il y a trois fois plus de Pampers vendus aux personnes âgées qu’aux
bébés »… Alors que cette statistique est l’une des anecdotes les plus intrigantes
sur les conséquences du vieillissement de la population, le gouvernement nip-
pon est confronté à de sérieuses inquiétudes sur la solvabilité de son régime de
retraite et la perte de recettes fiscales due à la réduction de la main-d’œuvre.
Cependant, la société japonaise s’adapte à cette nouvelle réalité qui pourrait
bientôt apparaître dans de nombreux pays occidentaux.
que les travailleurs étrangers dans
les industries manquant de person-
nel puissent facilement immigrer
et contribuer à l’économie.
Changements sociétaux
L’évolution de la démographie
affecte fortement l’économie japo-
naise avec une demande croissante
deservicespourlespersonnesâgées
et une pénurie de travailleurs. Afin
de s’adapter à ces conditions, de
nombreuses villes de campagne
s’organisent autour des besoins
des personnes âgées dans le but
qu’elles restent indépendantes. A
Toyama, une ville de 420’000 âmes,
située à 260 km de Tokyo, 88% des
habitants vivent à moins de deux
kilomètres d’un centre social. Des
camions font office de supermar-
chés mobiles et de nombreuses acti-
vités sont proposées par la munici-
palité aux personnes âgées afin que
leur vie reste active et divertissante.
Quant à celles qui sont placées dans
des maisons de retraite, le manque
Koreikashakai, la traduction pour
« population vieillissante », est un
phénomène sociétal et une crise
fortement observée et ressentie
au Japon puisque le pays compte
la plus forte proportion de per-
sonnes âgées au monde : en 2014,
un tiers de la population avait
plus de 60 ans. Cette transforma-
tion de démographie a débuté en
1979 lorsque le taux de fécondité
du pays est tombé sous le seuil de
remplacement de 2,1 enfants par
femme, et il a continué de baisser
jusqu’à 1,41 en 2017. Quant à l’es-
pérance de vie d’un citoyen japo-
nais moyen, 85 ans, c’est la plus
élevée au monde et par consé-
quent un facteur important du
vieillissement de la population.
Déséquilibre immigra-
tion – émigration
Le pays perd également une par-
tie de ses effectifs en raison du
déséquilibre entre l’émigration
qui est plus élevée que l’immi-
gration. L’insécurité économique
joue un rôle important en raison
du manque d’emplois réguliers :
environ 40% de la population
active est non régulière, et ce type
d’employés gagnent en moyenne
53% de moins que les employés
réguliers. De plus, la culture d’en-
treprise au Japon est connue pour
être intense et il y a de nombreux
cas de personnes qui travaillent
jusqu’à leur mort par épuisement.
Pour ces raisons, les étrangers
ne trouvent pas les opportunités
attrayantes et de nombreux japo-
nais partent dans l’espoir d’obte-
nir une meilleure qualité de vie
ailleurs. Le pays est aussi histori-
quement opposé à l’immigration
et les lois rendent l’obtention de
la citoyenneté difficile : seulement
2% de la population est composée
d’étrangers. Finalement, le Japon
est extrêmement strict sur l’accep-
tation des réfugiés : seulement 20
des 19’628 demandeurs d’asile ont
été acceptés en 2017.
En raison de la population vieillis-
sante et de l’émigration plus impor-
tante que l’immigration, il y a une
réduction du nombre des jeunes
et de travailleurs qui supportent la
partie de la population plus âgée,
qui, elle, est en croissante supério-
rité numérique. Le taux de dépen-
dance des personnes âgées, le
ratio de la population âgée dépen-
dante par rapport à la proportion
active, est actuellement à 40% et
devrait atteindre 80% en 2060. De
plus, la pression financière exercée
par le nombre croissant de retrai-
tés ainsi que la baisse des reve-
nus fiscaux due à la réduction de
la main-d’œuvre taxée ont pour
conséquence d’augmenter la dette
publique du Japon, qui est déjà là
plus élevé au monde (246,14% de
dette comparé au PIB).
Le gouvernement japonais se bat
contre ces problèmes de plusieurs
façons. Afin d’augmenter le taux
de fécondité, la formation de
famille est encouragée avec des
congés maternités plus long ou des
avantages fiscaux pour les parents.
Visant à augmenter la main-
d’œuvre, le gouvernement a fait
passer l’âge de la retraite de 60 à 65
ans et récompense les personnes
âgées qui continuent à travailler.
En 2015, les lois sur l'immigration
sont devenues plus flexibles afin
Conseiller chez Meylan Finance
Sàrl, Philippe Garoflid est titu-
laire d’un « Bachelor of Science
in Business Administration »
avec spécialisation en finance
et économie obtenu aux Etats-
Unis à l’Université de Miami.
Source : Japan National Institute of Population and Social-Security Research
Japon : population par tranche d’âge
■ Inférieur à 15  ■ 15-64  ■ Supérieur à 65
Historique  Projeté
14	 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	
Solutions de prévoyance et ingénierie patrimoniale
bale s’impose. Il faut, d’une part,
évaluer les liquidités disponibles
de l’entreprise et, d’autre part,
passer à la loupe la situation per-
sonnelle de l’entrepreneur. Trop
d’entrepreneurs n’exploitent pas
suffisamment les possibilités
of­fertes par leur prévoyance,
alors qu’elle offre des avan-
tages considérables. Une gestion
convergente des avoirs privés et
de prévoyance, accompagnée
d’une véritable expertise en
matière d’investissement, permet
d’accroître sa performance et de
consolider son patrimoine à l’ap-
proche de la retraite. D’où l’im-
portance d’un accompagnement
global par un banquier privé.
Ce dernier, avec sa vision consoli-
dée de la gestion du portefeuille
personnel et celle du compte
de prévoyance, va procéder aux
arbitrages pour obtenir le meil-
leur rendement global après
impôt.
Cette stratégie de placement
composée de différentes « poches
d’investissement » permettra d’al-
louer les produits en fonction de
leurs dividendes ou de leur gain
en capital avec pour objectif final,
une ventilation efficiente des
avoirs, selon leurs caractéristiques
fiscales. L’analyse de chaque silo,
fortune mobilière, immobilière
et prévoyance, permettra de les
optimiser individuellement pour
in fine, harmoniser l’ensemble du
patrimoine.
Pour ce faire, votre banquier doit
pouvoir s’appuyer sur une plate-
Une gestion convergente du
­capital privé et de prévoyance
pour une meilleure performance
n Jean-Paul Stierli CIIA, Banquier Senior, Banque Lombard Odier & Cie SA, Genève
Les entrepreneurs ont l’habitude de prendre des décisions importantes pour
leur société. Leurs responsabilités les amènent à penser en premier lieu à leurs
clients et collaborateurs lorsqu’ils tranchent. Or l’expérience montre que cela
se fait régulièrement au détriment de leur patrimoine privé, et en particulier
de leur propre prévoyance. Les solutions permettant d’accroître leur patri-
moine en perspective de la retraite sont trop souvent négligées.
toute transparence dès lors que
l’entreprise a opté pour une telle
solution, du reste de plus en plus
prisée. La quote-part d’actions
maximale est de 50%, le reste
pouvant être investi en obliga-
tions, placements alternatifs et
immobiliers. Cette solution per-
met de percevoir l’intégralité
du rendement réalisé, mais fait
également porter toute la res-
ponsabilité à l’assuré en cas de
fluctuations du capital. D’ordi-
naire, l’introduction d’une telle
solution implique un potentiel
de rachat très élevé compte tenu
des années de cotisations man-
quantes pour le salaire assuré en
sus. Le rachat de ces lacunes de
prévoyance peut être déduit inté-
gralement du revenu imposable.
Si, au lieu des dividendes, l’entre-
preneur opte pour un salaire plus
élevé qui est assuré par exemple
dans le domaine surobligatoire
LPP, dans le cadre d’un plan 1e,
il peut prévoir des rachats simul-
tanés des lacunes de cotisations
sans incidence fiscale. Contrai-
rement à l’imposition partielle
des dividendes, le versement des
liquidités inutiles à l’exploitation
de l’entreprise n’est de facto pas
soumis à l’impôt. En cas d’avoirs
de libre passage disponible, il
convient de prendre en considé-
ration les possibilités de planifica-
tion en lien avec une éventuelle
cessation d’activité anticipée ou
un départ à l’étranger.
Conseil global
Pour pouvoir évaluer au cas par
cas dans quelle mesure l’optimi-
sation susmentionnée peut être
mise en œuvre, une analyse glo-
Liquidités excédentaires
au bilan
Quand les affaires sont floris-
santes, un excès de liquidités peut
se former dans la fortune commer-
ciale au fil du temps et ce d’autant
plusquel’entrepreneuratendance
à éviter de se rémunérer en divi-
dendes, qui génèrent de la fisca-
lité. Or, ces liquidités excédentaires
compliquent une future cession.
Cette problématique bien connue
dans l’univers des PME a conduit à
l’introduction en 2009 de l’imposi-
tion partielle des dividendes, dans
le cadre de la Réforme de l’impo-
sition des entreprises II. Si cette
mesure a constitué un pas dans la
bonne direction, l’attractivité de
l’imposition partielle varie forte-
ment selon les cantons. D’autant
plus que le prochain Projet Fiscal
17 semble prévoir un rétropéda-
lage sur ce point.
Salaire ou dividendes ?
Chaque entrepreneur se retrouve
confronté face à l’équation
suivante : comment bénéficier
pleinement des revenus que
l’entreprise peut offrir tout en
maîtrisant sa fiscalité privée, et
se constituer un patrimoine qui
assure le maintien de son niveau
de vie à la retraite ?
Les entrepreneurs doivent mûre-
ment réfléchir aux modalités de
versement de leur rémunéra-
tion : salaire, bonus, dividendes,
voire les trois. Ce choix est d’au-
tant plus important que l’impact
fiscal sur le revenu varie suivant
l’option retenue. Les gérants
de fortune constatent réguliè-
rement que les entrepreneurs
n’exploitent pas tout le potentiel
que leur offre leur entreprise.
Conséquence : beaucoup de so­
ciétés détiennent trop de liqui-
dités dans leur bilan, des liqui-
dités inutiles à l’exploitation. En
cas de cession, les répercussions
sur la valorisation de la société
peuvent être négatives. Ainsi,
10 millions de francs de liquidi-
tés au bilan de l’entreprise ne
peuvent être valorisés qu’à hau-
teur de 7 millions de francs si une
évaluation est effectuée dans le
cadre d’une cession (en raison de
la charge fiscale différée). Focali-
sés sur la réussite de leurs affaires,
certains entrepreneurs n’ont pas
conscience que ces fonds inu-
tiles pour l’exploitation peuvent
entraîner une perte de valeur.
Bien que les versements de divi-
dendes bénéficient en principe
d’un allégement fiscal grâce à
l’imposition partielle, ils restent
imposables. On peut donc se
demander si le salaire n’est pas
la meilleure solution pour alléger
les liquidités de l’entreprise.
La prévoyance, un outil
pour accroître son
­patrimoine
La prévoyance professionnelle (2e
pilier) est une solution qui offre
des possibilités de valorisation du
patrimoine considérables, aussi
bien dans la partie surobligatoire
que dans le domaine du libre
passage.
Par exemple, dans le cadre d’un
plan de prévoyance 1e
(revenus
annuels supérieurs à 126'900
francs), la stratégie d’investis-
sement pour les avoirs de pré-
voyance peut être choisie en
Jean-Paul Stierli CIIA, Senior
Vice President, est chargé de
relations pour les résidents
suisses auprès de Lombard
Odier à Genève. Sur ce mar-
ché Suisse, il développe une
approche de gestion consolidée
alliant capital de prévoyance et
fortune privée. Mathématicien
de formation, il a démarré sa
carrière en tant que trader sur
produits dérivés avant de gérer
une équipe sur le marché des
produits structurés.
Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	 15
Solutions de prévoyance et ingénierie patrimoniale
forme technologique éprouvée
afin de mettre en œuvre une poli-
tiqued’investissementconvergente
entre les différentes poches.
Performance nette
après impôt
Il est évident que le cas de
chaque entrepreneur est unique.
Dès lors, il est important d’établir
une planification financière glo-
bale afin d’identifier différents
scénarios, avec leurs avantages
et inconvénients, et de poser les
bons jalons en vue du départ en
retraite. La stratégie d’investis-
sement globale répondant aux
besoins personnels est ensuite
choisie sur cette base. Par ail-
leurs, le but est d’atteindre un
rendement net après impôt aussi
élevé que possible.
Vu la complexité de ce thème,
il est clair que seul un conseiller
expérimenté, qui se consacre au
patrimoine de la clientèle dans
sa globalité et sait à quel point
il est important de coordonner
les différents instruments de pla-
cement, est capable de définir
des solutions sur mesure pour les
actifs et le capital de prévoyance.
Plans 1e
 :
attention à être en conformité avec la loi
Les modifications de l’ordonnance (OPP2) du 1er
octobre 2017 entérinaient notamment
la limitation à 10 stratégies de placement dans le cadre des plans 1e
destinés aux assu-
rés dont les revenus dépassent les 126’900 francs. Selon une approche que nous revendiquons, les ins-
titutions de prévoyance qui offrent ce type de solutions s’attachent les services de banques partenaires
spécialisées dans la gestion de fortune et triées sur le volet. En fin de compte, les investissements de
l’assuré sont gérés sur mesure par un seul partenaire. Cela lui confère une vision globale sur son porte-
feuille et une plus grande réactivité en cas de changement (conjoncture, marchés financiers, situation
personnelle, etc.). Ce modèle a de plus l’avantage de la clarté et respecte le plafond légal de dix stra-
tégies de placement par assuré.
Depuis quelque temps, le marché des solutions 1e
explose. Si une saine concurrence est évidem-
ment bénéfique pour les assurés, certains nouveaux acteurs offrent toutefois des stratégies « mul-
tibanques ». Concrètement, l’assuré a la possibilité de définir ses stratégies de placement auprès de
plusieurs partenaires. Attirante au premier abord, cette approche engendre à la foi complexité –
manque de visibilité globale, que faire en cas de changement de situation ? – et, surtout, flou légal :
en multipliant les stratégies et les partenaires, est-on sûr que la limite des dix stratégies sera respec-
tée à terme ?
Le boom que nous vivons aujourd’hui dans le marché des solutions 1e
illustre plus que jamais le réel
besoin dans notre société de flexibilité, de liberté et d’individualisation dans la gestion des avoirs
de retraite. Mais attention : cette liberté a des limites, la loi demeure très stricte. Pour une retraite
sereine, mieux vaut donc s’assurer que son institution de prévoyance y est conforme aujourd’hui.
Pour éviter de devoir repenser l’ensemble de ses stratégies demain, nous prônons un conseil person-
nalisé.
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par Pasquale Zarra, Directeur, PensExpert SA, Lausanne
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Aspects juridiques et réglementaires
de qualité, comme on le fait pour
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contrôlée. La loi devient ainsi une
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nisation, de réduire les risques
juridiques et opérationnels et
de dégager du temps que l’on
mettra au service des clients. La
société Premyss SA s’inscrit dans
ce processus de modernisation
de notre place financière.
LSFin/LEFin :
De nouvelles opportunités d’amélioration du Private
Banking helvétique, notamment en termes de formation
n Jean-Sylvain Perrig, Président de l’Association suisse des analystes financiers (SFAA) et fondateur & CEO de Premyss SA
tation. Les activités de gestion
et de conseil en investissement
devront être systématiquement
documentées. La société Pre-
myss SA assiste les intermédiaires
financiers à installer leur gou-
vernance dans une optique de
long terme. Son objectif est de se
tenir éloignée de l’obsession du
court terme, qui est souvent une
approche préjudiciable, coûteuse
et dangereuse.
Pour déployer des activités de
gestion de portefeuille et de
conseil, il ne suffit pas de faire
simplement signer un profil de
risque, ce qui n’est que le début
d’un processus : la philosophie
d’investissement, le domaine
d’expertise, la politique d’in-
vestissement, l’univers d’inves-
tissement, les règles d’implé-
mentation, les documents de
communication, la gestion des
risques doivent y être clairement
décrits. Ainsi sont posées les
bases d’un service de haute fac-
ture, en relation avec les moyens
de chaque institution et en toute
transparence. Il est par la suite
nécessaire d’avoir la discipline de
respecter ce qui a été défini.
Mettre en place une gouvernance
revient à l’écriture d’une charte
Une nouvelle légis-
lation, de nouvelles
opportunités
La loi sur les services financiers
et celle sur les établissements
financiers (LSFin/LEFin) vont
enfin devenir réalité, après des
années de négociations. Elles
entreront en vigueur le 1er
jan-
vier 2020 ; les ordonnances d’ap-
plication ont été récemment
publiées et sont en consultation
jusqu’à mi-février 2019. Toute
nouvelle obligation est contrai-
gnante ; cependant, il convient
de voir cette évolution comme
une opportunité d’améliorer la
qualité des prestations de notre
place financière et de maintenir
la Suisse comme un hub du Pri-
vate Banking. Mais pour y parve-
nir il convient de faire évoluer le
modèle d’affaires.
Formation
En tant que président de la SFAA,
il faut commencer par aborder la
formation, car si la loi n’impose
pas de minimum, elle stipule que
chaque établissement doit s’assu-
rer que le personnel en contact
avec la clientèle doit être formé.
Il n’y a donc pas de normes. Les
brevets fédéraux délivrés par
le centre de formation AZEK
de la SFAA, pour les Associate
Wealth Managers, représentent
un moyen sûr d’avoir les connais-
sances de base. Il est ensuite
possible de poursuivre sa forma-
tion avec le diplôme fédéral de
Wealth Manager (Certified Inter-
national Wealth Manager). Bre-
vet et diplôme sont des certifi-
cations à vie. Conformément à la
loi, il faut par la suite parfaire ses
connaissances par la formation
continue, ce que l’AZEK propose
au travers de ses AZEK Campus.
Nouvelles obligations
La nouvelle législation apporte
des évolutions importantes dans
l’organisation et la surveillance
des intermédiaires financiers,
avec notamment la mise en place
d’organes de contrôle sous la sur-
veillance de la FINMA ainsi que
des organes de médiation dont
la tâche sera de statuer sur les
différends entre clients et leurs
gérants.
Il y aura de nouvelles exigences
en termes d’adéquation et du
caractère approprié des services
financiers et de leur documen-
Jean-Sylvain Perrig est le Pré-
sident de l’Association Suisse
des Analystes Financiers (SFAA,
www.sfaa.ch). ll est le fonda-
teur de la société Premyss SA
(www.premyss.ch), société de
conseil pour les intermédiaires
financiers et family offices.
Auparavant il a été Respon-
sable des Investissements à
la Banque Privée Edmond de
Rothschild et à l’Union Ban-
caire Privée (UBP).
La plateforme de communication privilégiée
des acteurs de la finance
et de la prévoyance professionnelle
www.pointdemire.ch - CP 5340 – 1211 Genève 11 - info@pointdemire.ch
Toute l’équipe de Point de Mire
remercie chaleureusement ses partenaires
et ses lecteurs pour leur fidélité et leur souhaite
de joyeuses fêtes et une excellente année 2019!
…depuis 1995 au service de la place financière suisse
La Tribune Indépendante des Entrepreneurs de la Finance
PdM_pub_PdM75_merci.indd 1 27.11.18 16:29
18	 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 	
Aspects juridiques et réglementaires
au nombre de leurs clients et au
montant des valeurs patrimo-
niales administrées.
S’agissant de leur direction, elle
sera en principe composée d’au
moins deux dirigeants qualifiés
qui devront justifier d’une expé-
rience professionnelle de 5 ans
dans la gestion de fortune ou
dans le cadre de trusts et d’une
formation adéquate dans le
domaine correspondant.
En outre, tant les GFE que les
Trustees devront disposer d’une
gestion des risques et d’un
contrôle interne (qui inclut la
fonction de compliance). Les
personnes en charge de ces
tâches ne seront en principe pas
en droit de prendre part aux
activités qu’elles surveillent. Le
P-OEFin indique pourtant que
si le modèle d’affaires présente
peu de risques et si certains
seuils ne sont pas dépassés (5
employés au maximum et pro-
duit brut annuel inférieur à
CHF 1.5 million), « ces tâches
ne doivent pas obligatoirement
être indépendantes des activi-
tés génératrices de revenus ».
Ces termes utilisés dans le
P-OEFin sont peu explicites et
l’exemple cité dans le rapport
explicatif ne permet malheu-
reusement pas de comprendre
de manière claire ce que cela
signifie en pratique pour les
GFE, de sorte que des préci-
sions sur ce point sont à espé-
rer dans le cadre de la consul-
tation. En tout état de cause, le
P-OEFin confirme la possibilité
d’externaliser la fonction de
Compliance.
Enfin, le P-OEFin prévoit des
exigences supplémentaires en
termes d’organisation pour les
plus grandes structures (notam-
ment si leur produit annuel brut
dépasse certains seuils), comme
celle d’avoir une révision interne
indépendante de la direction ou
un conseil d’administration dont
la majorité des membres ne font
pas partie de l’organe respon-
sable de la gestion.
Garanties financières
Le capital minimum des GFE et
des Trustees doit être de CHF
100’000.-, entièrement libéré et
maintenu en permanence.
S’agissant des fonds propres,
ils devront s’élever constam-
LSFin, LEFin, OSFin, OEFin,
OSS : les GFE et les Trustees
enfin autorisés FINMA
n Me Stéphanie HODARA EL BEZ, avocate, associée ALTENBURGER LTD legal + tax, Genève
n Me Cecilia Peregrina, avocate, collaboratrice Senior, ALTENBURGER LTD legal + tax, Genève
Le Conseil fédéral a enfin ouvert fin octobre la procédure de consultation
concernant les ordonnances d’application de la LSFin (P-OSFin) et de la
LEFin (P-OEFin). Elle prendra fin le 6 février 2019.
L’un des grands changements amenés par ces lois concerne les gestionnaires
de fortune externes (GFE) et les Trustees, lesquels devront dorénavant être
autorisés par la FINMA et seront surveillés par un organisme de surveillance
(« OS »). La FINMA autorisera et surveillera les OS qui pourront requérir
une autorisation dès l’entrée en vigueur des lois, étant précisé que plusieurs
organismes d’autorégulation (OAR) se sont déjà manifestés pour annoncer la
création d’entités qui déposeront une telle requête (Chapitre I).
De plus, la LSFin prévoit de nouvelles obligations en termes de comportement
et d’organisation qui touchent notamment les GFE (Chapitre II).
registre des conseillers à la clien-
tèle, sachant que ce registre est
encore à créer.
Il faut noter par ailleurs que
contrairement aux GFE soumis à
autorisation FINMA, les conseil-
lers à la clientèle, inscrit à ce
nouveau registre, ne feront pas
l’objet d’une surveillance pru-
dentielle, bien qu’ils aient l’obli-
gation de respecter les règles de
comportement prévues par la
LSFin (voir 2. Obligations de la
LSFin ci-dessous).
1.3. Conditions d’autorisation
FINMA pour GFE et Trustees
S’agissant des conditions d’auto-
risation FINMA pour GFE et Trus-
tees, la LEFin les définissait déjà
dans les grandes lignes, à savoir
principalement une organisation
adéquate, des garanties finan-
cières, la garantie d’une activité
irréprochable et l’affiliation à un
organe de médiation. Le P-OEFin
apporte certains éclaircissements
s’agissant de ces exigences.
Organisation adéquate
Les GFE et les Trustees devront
s’organiser de manière à pouvoir
remplir leurs obligations légales.
Le P-OEFin précise néanmoins
que leur organisation pourra et
devra être adaptée notamment
1. Autorisation FINMA
pour GFE et Trustees
1.1. Acteurs concernés par la
nouvelle autorisation FINMA
pour GFE et Trustees prévue par
la LEFin
En premier lieu, ce sont les GFE
qui sont concernés par cette
nouvelle autorisation FINMA. La
LEFin n’utilise pas les termes GFE,
ni d’ailleurs GFI, mais les nomme
« Gestionnaire de Fortune »1
et
les qualifie de la façon suivante :
« Est réputé Gestionnaire de For-
tune quiconque peut, sur la base
d’un mandat, disposer à titre
professionnel, au nom et pour
le compte de clients, de leurs
valeurs patrimoniales »2
.
Ainsi, si un GFE dispose d’un
pouvoir de disposition sur les
valeurs patrimoniales de ses
clients, la LEFin lui est appli-
cable. A contrario, par exemple,
la société qui fait du conseil en
placement mais qui ne peut pas
disposer des valeurs patrimo-
niales de ses clients, notamment
si elle ne bénéficie pas d’un pou-
voir sur les comptes bancaires de
ces derniers, ne devrait en prin-
cipe pas être soumise à autorisa-
tion de la FINMA. Si cette société
se limite ainsi à du pur conseil
en placement, elle devra néan-
moins respecter les règles de
comportement de la LSFin dont
notamment l’obligation d’obte-
nir l’inscription de ses conseil-
lers (personnes physiques) au
registre des conseillers à la
clientèle (voir 1.2. Registre des
conseillers à la clientèle ci-des-
sous).
En deuxième lieu, les Trustees
devront obtenir une autorisation
FINMA. Ils sont définis comme
suit : « quiconque gère, sur la
base de l’acte constitutif d’un
trust, à titre professionnel, un
patrimoine distinct ou en dis-
pose en faveur d’un bénéficiaire
ou dans un but déterminé ».
1.2. Registre des conseillers à la
clientèle
S’agissant des sociétés qui four-
nissent des services financiers ou
des instruments financiers, mais
qui ne sont pas soumises à autori-
sation de la FINMA selon la LEFin,
elles auront tout de même l’obli-
gation de respecter les règles de
la LSFin. Il s’agit par exemple des
conseillers en placement ou des
distributeurs de produits finan-
ciers, comme notamment les
actuels distributeurs de place-
ments collectifs.
Ces sociétés devront par exemple
obtenir l’inscription de leurs
conseillers à la clientèle3
au
Point de Mire, Special issue 75, Winter 2018
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Point de Mire, Special issue 75, Winter 2018

  • 1. La Tribune Indépendante des Entrepreneurs de la Finance No 75 – Hiver 2018-2019 – CHF 16.– / E 15.– w w w.pointdemire.ch Revue fondée en 1995, 24e année ISSN 1662-6826 Cahier d'Anniversaire De la place financière suisse à l’écosystème bancaire helvétique : atouts traditionnels et nouveaux défis 1 Portrait Claude-Alain Margelisch CEO de Swissbanking, l’Association suisse des banquiers (ASB) Bâle (➥ suite en page 4) ©Associationsuissedesbanquiers Claude-Alain Margelisch Dix années de ­turbulences, et maintenant ? En automne 2005, à l’occasion des dix ans de Point de Mire, nous avions souligné, dans notre cahier commémoratif, la grande effervescence de la place financière suisse. Mais, c’était alors une agitation positive, sans le moindre soupçon d’un lendemain moins clément. Surmonter la crise, en passant par une remise en question fondamentale, et l’invention de nouvelles approches, le tout dans un monde technolo- gique en pleine rupture, telle a été l’obligation du secteur de la finance. En été 2015, dans le numéro 61, qui commémorait les 20 ans de Point de Mire, Claude-Alain Margelisch, le CEO de l’Association suisse des banquiers (ASB), a eu l’obligeance, en ouverture de ce cahier anniversaire, de nous donner quelques réponses qui ont confirmé l’aptitude des acteurs de la finance de s’adapter à un monde en mutation. Maintenant que le gros de la crise financière est derrière nous, et pour marquer la 75e édition de notre revue, le Président du Comité Exécutif et Délégué du Conseil d’Administration de Swissbanking tire un nouveau bilan et propose ses réflexions pour l’année 2019.
  • 2.
  • 3. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 3 Sommaire éditorial Innovons ! Toujours et encore Le 30 octobre 1995, le premier numéro de Point de Mire sortait de presse ! Presqu’un quart de siècle s’est écoulé depuis lors. En ce début d’hiver 2018 – 2019, vous tenez en mains, chers lecteurs, notre 75e livraison : un numéro charnière qui me tient parti- culièrement à cœur dans lequel vous retrouverez la plume et les propos de quelques uns des prin- cipaux acteurs de notre économie et de la finance helvétique. Ce cahier anniversaire est en effet le dernier pré- senté sur un support papier traditionnel et publié sous ma direction. Comme celui-ci, chaque numéro vous parvenait régulièrement par voie postale au début de chaque saison. Dès l’an prochain, sous l’impulsion d’une direction nouvelle c’est sur vos écrans que vous pourrez continuer à lire et à suivre Point de Mire, spontanément, en version digitale. Conçue et lancée à Genève en automne 1995, à mon initiative, la revue éco- nomique Point de Mire avait choisi pour titre de son premier éditorial un simple mot d’ordre : « Innovons ! ». Le climat économique était alors particu- lièrement maussade. Le secteur de la banque et de la finance était encore meurtri par une hausse brutale du loyer de l’argent suivie par un crack obli- gataire sans précédent. Une politique monétaire particulièrement restric- tive avait été mise en place par notre banque centrale. Simultanément, une montée en force du chômage constituait un facteur inédit et particulière- ment préoccupant pour la Suisse. A priori, cette période ne semblait donc guère propice au lancement d’une nouvelle publication, à l’heure justement où le monde de la presse écrite commençait lui aussi à se poser bien des questions sur sa viabilité à terme et donc sur son avenir. Il est un fait que l’innovation, en périodes difficiles, reste souvent, pour les entreprises, en particulier celles dédiées à la finance, l’une des meilleures stra- tégies à suivre pour faire face à des situations de crise. En période de haute conjoncture, et ce fut le cas en Suisse au cours des quarante années qui sui- virent la fin de la seconde Guerre Mondiale, les marchés étaient acheteurs et les affaires se faisaient avec grande facilité, avec un minimum de coûts de publicité et de marketing. Les banques suisses pour leur part, à cette époque et jusqu’au milieu des années 1980, étaient tenues par des accords profession- nels qui ne leur permettaient pas de faire de grandes campagnes publicitaires individuelles. En revanche, elles étaient libres de rédiger et de diffuser leurs propres publications. Ce qu’elles firent généralement massivement. Or, pour que des produits et services novateurs soient connus et puissent se vendre, la mise en place de stratégies efficaces de communication est un impé- ratif. Fort de cette évidence Point de Mire, dès son départ, s’est efforcé d’être non pas un journal de plus, relatant simplement les événements économiques courants et un diffuseur de communiqués de presse, mais une plateforme ori- ginale et indépendante de communication destinée aux « Entrepreneurs de la finance », privilégiant notamment les jeunes créateurs d’entreprises financières de Suisse romande. Ce n’est dès lors pas un hasard si Point de Mire a su, pendant près de 25 ans, affermir sa présence dans le paysage médiatique suisse romand et demeurer à l’écoute de la place financière de Genève et du Bassin lémanique. En traitant aussi bien de sujets financiers de fond que d’informations pra- tiques d’aide à la décision au travers de plumes très professionnelles et dans des rubriques spécialisées, Point de Mire a su conserver son esprit initial : celui d’être avant tout une plateforme privilégiée dédiée à la communication financière. Un rôle de précurseur qui, depuis le départ, nous a permis de nous démarquer de l’activité journalistique traditionnelle. Avec la nouvelle formule qui est en train de se mettre en place cette phi- losophie ne va pas changer. Elle va simplement évoluer, passer à une étape supérieure avec une efficacité accrue. Le mot d’ordre de Point de Mire, reste dès lors le même : Innovons ! Toujours et encore. Merci à tous et bon vent à l’équipe nouvelle. Bonne lecture et avec tous mes meilleurs souhaits pour 2019 et les années à venir ! Jean-Pierre Michellod, fondateur et directeur de la publication Editeur : Association Point de Mire Edition, Genève. Administration et correspondance jusqu’au 31.12.2018 : Point de Mire, CP 5340 – 1211 Genève 11, info@pointdemire.ch, tél. 022 550 2945 | Abonnements E-MAGAZINE : inscription@pointdemire.ch | Directeur de la publication : Jean-Pierre Michellod (jusqu’au 31.12.2018) et ­Nathalie Praz (dès le 01.01.2019) | Rédacteur en chef : Dr Daniel Stanislaus Martel | Rédacteurs associés : Maurice Baudet, François Meylan | Ont également participé à la rédaction de ce numéro : Norberto Birchler, Gérald Follonier, Achim Frerker, Philippe Garoflid, Stéphanie Hodara El Bez, Pierre E. Michel, Cecilia Peregrina, Jean-Sylvain Perrig, Michael Stadelmann, Dirk Steller, Jean-Paul Stierli CIIA, Anton W. Sussland, Fabian Wallmeier, Raoul Oliver Würgler et Pasquale Zarra | Crédit photos : Association suisse des banquiers, Daniel Hager Photography, Daniel Stanislaus Martel, Jean-Pierre Michellod, Narcisse Niclass, Nicolas Spuhler et divers contributeurs | Publicité & marketing : info@pointdemire.ch ou n.praz@pointdemire.ch. Composition, mise en page et impression : APPI Sàrl (Denise Gaillard) – Tél. 022 995 0252 – CH-1196 Gland | Diffusion en Suisse contrôlée par la REMP. Prix au numéro (en Suisse) CHF 16.00. Abonnement de soutien un an CHF 250.00. deux ans CHF 400.00. © Point de Mire 2018 – 2019. Tous les droits sont réservés. Toute réimpression, copie de texte ou d’annonce, ainsi que toute utilisa- tion sur des supports optiques ou électroniques, sont soumis à l’approbation préalable de la rédaction. Portrait Pages • Claude-Alain Margelisch, CEO de Swissbanking, l’Association suisse des banquiers (ASB), Bâle 1, 4 et 5 Éditorial • Innovons ! Toujours et encore 3 Banques étrangères et place financière suisse • Les banques étrangères en Suisse – l’ouverture du pays au monde 6 et 7 Aspects économiques et financiers • Chronique financière : La politique demeure une constante 9 Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs • Sommes-nous en train ­d’assister à la formation d’une bulle technologique ? 10 et 11 Prévoyance professionnelle : de nouveaux acteurs • Prévoyance des cadres : Comment s’y retrouver dans la soudaine abondance des plans 1e  ? 12 Solutions de prévoyance : une expérience étrangère • Le vieillissement de la ­population au Japon, un ­cauchemar démographique 13 Solutions de prévoyance et ingénierie patrimoniale • Une gestion convergente du ­capital privé et de prévoyance pour une meilleure performance 14 et 15 • Libre propos : Plans 1e : attention à être en conformité avec la loi 15 Aspects juridiques et réglementaires • LSFin/LEFin : De nouvelles opportunités d’amélioration du Private Banking helvétique, notamment en termes de formation 17 • LSFin, LEFin, OSFin, OEFin, OSS : les GFE et les Trustees enfin autorisés FINMA 18 et 19 • LSFin / LEFin : qui surveillera les GFE à partir de 2020 ? L’ARIF lance l’OS ! 20 Allocation d’actifs et gestion immobilière • La « gestion patrimoniale immobilière » : Mode ou mouvement de fond ? 21 Gérance de fortune indépendante • GSCGI – CIFA – FECIF : Les groupements privés de GFI face au nouveau droit 22, 23 et 26 • A propos de la LSFin et de la LEFin 25 Ressources humaines et technologies nouvelles • QUO VADIS, RH ? Les tendances liées à la digitalisation RH à ne pas ignorer en 2019 28 et 29 Ressources Humaines et Coaching • Coaching et Mentoring 30 Fintech et solutions financières nouvelles • SIBOS : An opportunity for Switzerland to promote Fintech innovation 31 Forum • Point de départ 32 • Echo des affaires et de l’économie : Business Club Belgo-Luxembourgeois en Suisse 32 • Note d’humeur : Divorce à l’italienne 32 • Notes de lecture : 34 - Pour un nouvel ordre monétaire - La saga des Burrus • Point d'arrivée 34
  • 4. 4 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – Portrait (➥ suite de la page 1) Claude-Alain Margelisch, Swissbanking, Bâle des récentes turbulences écono- miques en Turquie. La Suisse ins- pire confiance aux investisseurs, qui y amènent leur argent. PdM : Toujours par rapport à vos réflexions antérieures, vous aviez activement participé à la consul- tation de la LSFin et de la LEFin. Aujourd’hui, comment voyez-vous les résultats de cette consultation ? C-A.M. : Avec les autres branches de la place financière, nous avons soutenu d’emblée une protection moderne et efficace des inves- tisseurs, qui soit compatible avec la pratique et qui s’articule sur la responsabilité du client dans sa décision d’investissement. C’est bien ce qu’offrent désormais la LSFin et la LEFin : elles regroupent de manière synthétique les droits des clients et accroissent la trans- parence pour ces derniers. Elles prévoient en outre une obligation générale de publier un prospectus. Et enfin, les prestataires de services financiers bénéficient d’une sécu- rité juridique et d’une prévisibilité accrues. De surcroît, il était particu- lièrement important d’assujettir les gérants de fortune indépendants à une surveillance appropriée. Je sou- ligne au passage que nous avons eu un dialogue très constructif avec leurs associations respectives pen- dant toute la procédure législative. Ces nouvelles lois sont donc béné- fiques pour tous. PdM : Les effets potentiellement négatifs de la réglementation croissante de 2015 sur la Conven- tion de diligence des banques (CDB) ont également été évo- qués. Comment voyez-vous cette thématique aujourd’hui ? C-A.M. : Ces effets potentielle- ment négatifs sont toujours d’ac- tualité. Nous devons les pallier, éviter tout Swiss Finish et veiller à ce que la réglementation soit pragmatique et efficace. La CDB 20, qui entrera en vigueur en 2020, vient d’être adoptée. Elle comble les premières lacunes identifiées en 2016 par le GAFI (Groupe d’action financière) et met en œuvre les recommanda- tions de ce dernier. Ce qui m’in- cite à l’optimisme, c’est que le Conseil fédéral et diverses autori- tés ont l’intention de réduire les contraintes administratives liées à la réglementation pour amélio- rer la compétitivité de notre place financière, ceci bien entendu sans diminuer l’efficacité du dispositif réglementaire. J’en attends beau- coup et je les prends au mot. PdM : Vous aviez observé que l’idée de la banque universelle avait été mise à mal par la crise de 2008. Maintenant, dix ans plus tard, où en est-on ? C-A.M. : Le système de banque uni- verselle a survécu à la crise finan- cière. La réduction du nombre de banques au cours des dernières années n’est pas due à un recul des banques universelles. En revanche, j’observe une tendance évidente à la concentration sur certaines prestations et certains segments de clientèle. Celle-ci résulte principale- ment de la densité réglementaire croissante et de ses conséquences en termes de coûts. La numérisa- tion quant à elle conditionne la réponse à la question du partage des tâches, autrement dit : « que vaut-il mieux faire moi-même » et « quel est mon gain d’efficience si j’achète telle prestation à autrui ou si je coopère avec une entreprise Fintech ? » Clairement, on a ten- dance à penser aujourd’hui que les banques n’ont plus à assurer toute la création de valeur en interne. PdM : A l’époque l’ASB s’inves- tissait en faveur de l’accès des acteurs suisses aux marchés euro- péens et internationaux dans le cadre de l’OCDE suite aux attaques contre la Suisse ? Com- ment interprétez-vous alors la reconnaissance limitée à un an des bourses suisses par l’Union Européenne ? C-A.M. : La reconnaissance limi- tée de l’équivalence boursière par la Commission européenne, due à des considérations poli- tiques, est incompréhensible et elle est source d’insécurité pour tous les acteurs du marché, que ce soit en Suisse et au sein de l’Union européenne (UE). L’UE est de loin notre principal parte- naire commercial. Tant la Suisse que l’UE ont tout à gagner à inscrire leurs relations dans un cadre réglementaire fiable et stable, afin que la voie bilatérale puisse être poursuivie et l’accès au marché amélioré. C’est pour- quoi l’ASB soutient le Conseil fédéral, qui cherche résolument à obtenir une reconnaissance de l’équivalence boursière sans limi- tation dans le temps et est prêt, au besoin, à prendre les mesures nécessaires pour protéger l’in- frastructure boursière suisse. PdM : Nous vous avions égale- ment demandé si la citation de George Koukis, fondateur de la société Temenos : « En Suisse, l’in- Les années 2016, 2017 et 2018 ont marqué un nouveau début pour pratiquement tous les acteurs de la finance helvétique. Dès lors, les professionnels suisses sont confrontés à une concurrence particulièrement redoutable. Les nouvelles technologies, telles que la Blockchain et surtout les approches novatrices, celle notamment des Fintech, rendent leur situation encore plus délicate. Selon certains, c’est là une grande menace pour la finance tradition- nelle. Pour d’autres, l’excitation autour des Fintech va se dissiper, car ces technologies restent des outils sous l’entière maîtrise des professionnels. A l’aube d’une année nouvelle, Point de Mire se réjouit d’ouvrir, une fois encore, ses colonnes à Claude-Alain Mar- gelisch, sans doute l’observateur le mieux positionné de la finance helvétique. Pour la 75e édition de Point de Mire, il a bien voulu nous faire part de ses réflexions à propos de la situation actuelle et des nouveaux défis de notre place financière pour 2019 et à l’horizon de ces cinq prochaines années. Ecoutons-le ! Point de Mire : Quels sont les principaux changements inter- venus dans la finance helvétique durant ces trois dernières années, autrement dit depuis votre inter- view dans le numéro 61 de notre revue lequel commémorait les 20 ans de Point de Mire ? Claude-Alain Margelisch : Depuis 2015, le secteur bancaire suisse a connu de profonds change- ments. Tout d’abord dans le domaine réglementaire avec la concrétisation de la Loi fédé- rale sur les services financiers (LSFin) et celle sur les établisse- ments financiers (LEFin). Ce pro- jet nous a fortement mobilisé avec le reste de l’industrie finan- cière. A l’échelon international, je citerai la mise en œuvre de l’échange automatique de ren- seignements pour se mettre en conformité avec les standards internationaux de l’OCDE. En outre, nous constatons qu’une vague de protectionnisme dans les échanges internationaux pèse de plus en plus lourdement sur les ­conditions d’accès au marché, d’une importance stratégique pour le secteur bancaire suisse. Enfin et je pense que c’est là le changement le plus important, la phase d’industrialisation qui a débuté avec la numérisation et qui est en train de révolutionner l’activité bancaire. A la vue de ces défis, je note avec satisfaction que le secteur ban- caire suisse n’a pas diminué d’im- portance mais qu’il a au contraire encore progressé pendant ces trois dernières années : avec CHF 7300 milliards d’avoirs sous ges- tion, la Suisse reste leader mon- dial en la matière et a retrouvé le niveau d’avant la crise financière. Elle a même renforcé sa position dans le domaine de la gestion de patrimoines internationale et se place toujours largement devant Singapour et Hong-Kong. C’est la preuve que les facteurs de succès de notre place financière restent toujours d’actualité. PdM : Vous aviez à l’époque parlé des intérêts négatifs, de la position de la Banque nationale suisse (BNS) et vous aviez égale- ment évoqué l’attitude du sec- teur bancaire privé. Qu’est-ce qui a changé depuis lors ? C-A.M. : Comme je l’avais indiqué en 2015, la politique en matière de taux d’intérêt incombe à la Banque nationale suisse. Mes pré- dictions quant à l’impact de cette situation sur le secteur bancaire privé se sont révélées exactes : les banques sont confrontées à une érosion constante de leurs marges dans le domaine des opérations d’intérêts. Les paiements effec- tués au titre des intérêts néga- tifs ont culminé en 2017 à CHF 2 milliards. Sans ces paiements, le secteur bancaire aurait enre- gistré un bénéfice annuel supé- rieur de 20%. Tout cela nourrit la tendance à la consolidation. Le nombre d’établissements a encore baissé cette année. Un fait positif mérite toutefois d’être souligné : les banques existantes, dans leur grande majorité, ont retrouvé le chemin de la croissance. PdM : Une autre inquiétude était celle de l’appréciation du franc suisse, liée aux intérêts néga- tifs. Maintenant, si les intérêts restent négatifs, notre devise s’est affaiblie. Qu’est-ce que cela vous inspire ? C-A.M. : Cet affaiblissement tem- poraire est notamment profi- table pour le secteur d’exporta- tion. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que le franc reste fort et que la Suisse est toujours considérée comme refuge. Cette réputation perdure, comme le souligne la montée en flèche de notre monnaie nationale lors
  • 5. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 5 Portrait dustrie bancaire s’est montrée complaisante et n’a pas innové » était exacte. Vous aviez eu des doutes. Et aujourd’hui, à l’ère des entreprises Fintech ou Wealth- tech, que constatez-vous ? C-A.M. : Au cours des dernières années et de manière progres- sive, les banques se sont numéri- sées dans de nombreux domaines. Prenons par exemple le trafic des paiements : les banques et les entreprises Fintech collaborent de plus en plus et exploitent les synergies potentielles. La numéri- sation n’est plus depuis longtemps l’apanage de l’informatique, elle est présente à tous les niveaux au sein des banques – que ce soit en matière de conseil en placement avec le concept de robo-advisor, en matière de compliance avec les applications Regtech, ou pour le stockage de données sur le Cloud. La disruption annoncée des banques n’a pas eu lieu. Bien au contraire, on a vu apparaître sur la place financière un écosystème performant qui n’a guère d’équi- valent. PdM : Vous aviez même précisé les trois initiatives au sein de votre association pour promouvoir l’in- novation, d’abord en Asset Mana- gement, ensuite la création d’un hub en Suisse pour les prestations liées à la monnaie chinoise Ren- minbi, et enfin la digitalisation bancaire. Quels sont les résultats que vous avez obtenus et com- ment entendez-vous continuer ? C-A.M. : Nous avons beaucoup tra- vaillé sur le dossier de l’Asset Mana- gement et avons fait des progrès notoires : une nouvelle Plateforme Asset Management a été consti- tuée pour regrouper l’ensemble des organisations du secteur privé actives dans ce segment. Nous avons par ailleurs publié pour la première fois une étude sur l’im- portance de cette activité dont vous trouverez les détails dans notre dernier baromètre bancaire1 . Enfin, nous proposons des solu- tions concrètes dans le domaine de la prévoyance sociale en vue d’améliorer la rentabilité des fonds de pension, notamment par un assouplissement de l’Ordonnance sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité. En ce qui concerne la Chine, nous constatons que nos efforts ont porté leurs fruits puisque deux banques chinoises se sont éta- blies en Suisse. D’autres sont sur le point de suivre. En parallèle, nous allons organiser durant l’automne le quatrième Chinese Swiss Financial Roundtable qui se tiendra à Lugano. En matière de digitalisation ban- caire, l’ASB a joué un rôle de pré- curseur en ce qui concerne les conditions-cadre et la réglementa- tion, en particulier pour la licence « light » à l’égard des Fintech, l’E-ID, les Blockchains et le Cloud. Nous avons tout récemment publié un guide pour l’ouverture de comptes de sociétés Blockchain. PdM : Et maintenant, abordons l’avenir. D’après-vous quelles prestations ont les meilleures chances de « booster » le secteur financier suisse ? C-A.M. : Les activités bancaires sont actuellement très diversifiées et il est difficile aujourd’hui de dire laquelle émergera ces prochaines années. Quand j’ai commencé à l’ASB, les activités d’émission consti- tuaient un segment « phare » des banques en Suisse. Il a fortement diminué depuis. Le conseil person- nalisé à la clientèle – en dehors des domaines standardisés – restera à mon avis toujours un pôle d’attrac- tion des banques suisses. Globale- ment, la création de nouvelles pres- tations pour les clients se fait à un rythme de plus en plus rapide. Cela donne naissance à de nouveaux modèles d’affaires. Pour réussir à l’avenir, il faudra être innovant tout en maîtrisant les coûts. Je pense que la plus grande disruption vien- dra à moyen terme non pas des start-up Fintech, mais des réalités économiques. A cet égard, le sec- teur bancaire n’est pas différent des secteurs industriels, qui ont connu une mutation comparable il y a plusieurs décennies. PdM : Les premières entreprises Fin- tech s’imposent. Comment voyez- vous l’impact réel de ces technolo- gies sur les prestations financières, plus particulièrement les gérants de fortune indépendants (GFI) ? C-A.M. : Le Big Data et l’intelli- gence artificielle jouent un rôle important dans ce domaine. On peut prendre en compte et conso- lider des analyses de données non structurées, qui peuvent servir de source d’information en vue de décisions de placement. Actuelle- ment, la plupart des sources sont rétrospectives. Le Big Data permet de travailler en temps réel. J’ima- gine sans peine que les banques et les gérants de fortune vont s’intéresser à de nouvelles caté- gories de placement. Et pour pro- mouvoir les placements durables, on s’appuiera bien davantage sur la technologie. Cela dit, je reste personnellement persuadé que le conseil à la clientèle ne pourra pas être totalement remplacé par des machines. PdM : Enfin, pour conclure une question plus personnelle. Com- ment voyez-vous la place et le rôle de l’Association suisse des banquiers dans les prochaines cinq années dans la transforma- tion continue du secteur de la finance en Suisse ? C-A.M. : En tant qu’association faîtière de toutes les banques en Suisse, l’ASB défend les intérêts de la branche dans son ensemble. Dans le contexte actuel, où les incertitudes vont de pair avec une profonde mutation, il faut plus que jamais une voix forte capable de contribuer à créer des conditions-cadres adéquates pour la branche et, plus généra- lement, pour l’écosystème finan- cier. C’est précisément pour cette raison que l’on a et que l’on aura besoin d’une Association suisse des banquiers orientée vers l’ave- nir et qui réfléchit aujourd’hui aux défis de demain. Merci, Monsieur Margelisch, et félicitations pour votre engage- ment en faveur de la place finan- cière suisse. Interview réalisée en exclusivité pour Point de Mire par Daniel S. Martel, Rédacteur en Chef Note : 1 https://www.swissbanking.org/fr/medias/positions-et-communiques-de-presse/ barometre-bancaire-2018-les-defis-a-relever-n2019empechent-pas-la-croissance Rien n’a prédestiné Claude-Alain Margelisch, un Valaisan né en 1963, originaire de Betten/Bettmeralp, à devenir l’Ambassadeur de la finance helvétique. Après sa maturité classique il obtient à l’Uni- versité de Berne sa licence en droit qu’il complète rapidement par les brevets d’avocat et de notaire. Stimulé par la pratique de la juris- prudence, Claude-Alain Margelisch entame sa vie professionnelle par une activité de greffier au Tribunal cantonal du Valais, avant de pra- tiquer le métier d’avocat. Une carrière militaire, menée en parallèle et couronnée par le grade de Colonel EMG, lui a permis de rejoindre l’Etat-major général du Chef de l’Armée suisse. Ses connaissances et expériences ont encouragé l’Association suisse des banquiers - l’ASB, communément appelée aujourd’hui Swiss- banking - à confier à Claude-Alain Margelisch, en 1993, la double mission de responsable du département « Marché financiers interna- tionaux » et de Vice-président de son Comité exécutif. En septembre 2010, il est élu Président du Comité exécutif et Délégué du Conseil d’Administration de l’ASB. Ses nominations au Comité des directeurs de la Fédération de l’Union bancaire européenne, au Comité des directeurs d’economiesuisse et à la présidence de l’Association Suisse pour le Droit Européen ont permis à Claude-Alain Margelisch d’élar- gir son influence bien au-delà de celle de porte-parole de la commu- nauté bancaire helvétique. Sa notoriété, discrète, nourrie de son savoir-faire, Claude-Alain Margelisch l’a bâtie sur son approche diplomatique qui privilégie le compromis. Dans un monde toujours plus compétitif celle-ci s’ap- puie toutefois sur une volonté ferme d’atteindre ses objectifs et de défendre ses positions. Son temps libre, Claude-Alain Margelisch le dédie à la musique classique et à l’opéra, des passions qui l’ins- pirent à jouer lui-même du piano, et à pratiquer des sports comme le tennis et le vélo, le ski et la montagne. ©Associationsuissedesbanquiers
  • 6. 6 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – Banques étrangères et place financière suisse Ce ne sont plus les services de gestion de l’épargne privée qui sont au centre de l’atten- tion mais une offre plus com- plexe. Elle comprend l’ingénie- rie financière et la gestion de projets d’investissement com- plexes. Les acteurs sont ainsi soit des spécialistes dans une certaine niche, soit des grands groupes internationaux actifs dans le contexte transfronta- lier et dans les différents seg- ments. Cette structure ne fait pas que le bonheur des clients privés internationaux, elle réjouit tout autant les entreprises suisses actives sur le plan inter- national avec des succursales dans des pays émergents où les banques suisses ne sont pas présentes. Désormais ces entre- prises peuvent gérer leur tréso- rerie avec le spécialiste suisse de la banque internationale et coordonner les transactions dans un cadre juridique connu. Elles seront exécutées par les spécialistes de la banque pré- sents dans le monde entier. Ceci est la piste de la diversifi- cation de l’offre pour renforcer la présence – une autre suivie notamment par des acteurs avec présence encore petite, est celle de l’acquisition d’ac- teurs locaux. Ainsi, un grand groupe étranger décide, pour renforcer sa compétence dans la gestion privée, d’acquérir une banque suisse de taille moyenne. Un autre acteur de niche, banque de gestion, Les banques étrangères en Suisse – l’ouverture du pays au monde n Raoul Oliver Würgler, Secrétaire général adjoint, Association des banques étrangères en Suisse Depuis longtemps les banques étrangères constituent un acteur de poids sur la place financière suisse. Elles apportent la diversité à la place et assurent son ouverture vers le monde – accompagnant ainsi les entreprises suisses dans leur développement sur le plan international. Ce texte propose un aperçu de la présence des banques étrangères et de leurs activités en Suisse. Il analyse, en un second temps, les défis que la place financière suisse et les banques étran- gères sont amenées à relever. La présence des banques étran- gères en Suisse est en constante évolution. Leur nombre a dimi- nué au courant de la décennie passée – évolution qui a frappé tous les groupes bancaires. Elle est le résultat de la crise des marchés financiers – qui a conduit à une restructuration de beaucoup de groupes ban- caires – et de la charge régle- mentaire croissante par la suite – qui a rendu de plus en plus difficile la survie notamment des banques de taille petite et moyenne. Le calme étant revenu, le groupe des banques étrangères en Suisse est, lui aussi, en phase de stabilisation. Contre les pré- sages de nombreux « experts » il s’avère que la présence helvé- tique reste pour beaucoup de groupes bancaires internatio- naux un pilier important dans leur réseau global. Les banques étrangères en Suisse développent des offres nouvelles – répondant aux attentes des clients vivant dans un monde fiscalement transpa- rent et souhaitant réaliser des projets financiers complexes, parfois sur plusieurs juridictions et enjambant plusieurs généra- tions. A la gestion patrimoniale s’ajoutent d’autres activités, dont le financement d’entre- prises ou la banque d’investis- sement. Le réseau international auquel les banques étrangères en Suisse donnent accès permet au mieux de répondre à cette demande. reprend un gestionnaire suisse afin d’élargir son portefeuille de services à la gestion institu- tionnelle. Nouveaux défis Les quelques exemples confir- ment le dynamisme qui règne parmi les banques étrangères en Suisse. Malgré la forte pres- sion internationale que la place financière suisse a subie dans le passé récent elle continue à atti- rer des clients. La transparence fiscale avec le régime FATCA des USA et l’échange automa- tique des renseignements par l’OCDE aurait, d’après certains, sonné le glas de la gestion des fortunes privées en Suisse. Rien de tel – les volumes sous gestion ne cessent d’augmenter comme le démontrent les statistiques de la Banque nationale suisse : le total des stocks de titres a lar- gement dépassé le pic d’avant crise des marchés financiers pour atteindre CHF 6,255 mil- liards à fin 2017. Pour la Suisse, qui n’est pas membre de l’Union Européenne (UE) – où les clients bancaires Nouveaux acteurs et renouveau d’acteurs Quoique peu d’établissements nouveaux se soient installés ces dernières années, il est tout de même possible de consta- ter la présence d’acteurs aux horizons très divers. Désormais deux banques chinoises sont au service des entreprises en Suisse assurant leurs liens avec la Chine, dont des échanges directs entre le CHF et le Ren- minbi, ce qui, dans le passé, n’était possible que par un tran- sit à Hong Kong et un change en USD. La présence de ces établissements est le fruit de la convention de libre échange conclue entre la Chine et la Suisse en 2014 et du dialogue financier. Il serait bénéfique à la place économique si des banques d’autres économies émergentes s’implantaient en Suisse afin de créer des liens directs que les banques suisses ne sont pas en mesure d’as- surer. Au-delà des banques commerciales, certains acteurs de niche se sont établis dans notre pays et plusieurs groupes internationaux développent de nouveaux types de services, notamment dans le domaine de la nouvelle technologie. Ainsi, un groupe de banques de financement de négoce a transféré la gestion de la chaîne de transaction entière du traitement papier sur une plateforme internet et prépare le passage au Blockchain pour accroître encore la fiabilité et la sécurité. Raoul Oliver Würgler, Secré- taire général adjoint de l'As- sociation des banques étran- gères en Suisse, travaille pour cette organisation depuis 2000. L'Association réunit environ 110 établissements financiers en mains étran- gères. Elle les accompagne dans leur travail de mise en œuvre des réglementations suisses des marchés financiers et assure les contacts avec d'autres associations faîtières suisses et étrangères ainsi que les représentants de l'admi- nistration fédérale. Avant de rejoindre l'Association, Raoul Würgler a travaillé pour une grande banque suisse. Photo©DanielHagerPhotography
  • 7. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 7 Banques étrangères et place financière suisse résident pour la plupart – la ques- tion de l’accès au marché reste primordiale. Les relations bila- térales avec l’UE ne permettent pas de s’attendre à une résolu- tion rapide bien que des ouver- tures ponctuelles émergent. Ainsi, grâce à un accord bilatéral avec l’Allemagne, les banques en Suisse peuvent entrer en relation avec leurs clients. Les négocia- tions en cours avec d’autres pays visent des solutions semblables – hors accord global avec l’UE. En même temps, les groupes bancaires internationaux tâchent de s’adapter à la situation afin de suivre leurs clients et de leur offrir les services recherchés. C’est dans ce contexte que la prestation de services internatio- naux par le biais du réseau glo- bal du groupe bancaire prend toute son importance. Il ne s’agit plus exclusivement de la rela- tion entre le client à l’étranger et la banque en Suisse, mais de la coordination des transactions au sein du groupe bancaire qui se passe au niveau international. Ainsi les groupes bancaires internationaux élargissent la gamme de leurs services en Suisse pour y inclure des presta- tions de banque d’entreprise et d’investissement par exemple. Ce n’est pas l’exécution de la transaction toute entière qui a lieu en Suisse, mais son initia- tion, parce que le client entre- tient la relation avec la banque dans notre pays. C’est la banque à son tour qui assure l’exécu- tion sur le plan international et en ayant recours à son réseau global. Cette procédure facilite l’interaction au client et évite d'éventuelles restrictions d’ac- cès au marché car l’entité ban- caire dûment autorisée s’active dans la juridiction où la presta- tion a lieu. Cette organisation de groupe ne convient pas exclusivement aux clients de gestion privée, mais tout autant aux entre- prises – suisses avec voilure internationale ou internatio- nales avec présence helvétique – car elles sont accompagnées pour leur trésorerie par des spécialistes qui se trouvent en Suisse, connaissent le cadre juri- dique, parlent la langue et sont proches géographiquement. Ces spécialistes assurent à leur tour l’exécution des transac- tions dans le respect des règles locales. Grâce à ce réseau une entreprise suisse avec des sites de production dans le monde entier peut coordonner à partir de la Suisse le financement d’in- vestissements sur ses implan- tations à l'étranger ou gérer la trésorerie de ses différents sites à partir d'un seul centre financier. Les postes de travail à haute valeur ajoutée peuvent rester proches du siège, du centre décisionnel, en Suisse. Il va de soi que cette structure organisationnelle n’est pas à la portée de tous et ne résout pas tous les défis dans la pres- tation de services financiers. Toutefois, la prestation trans- frontalière sans établissement stable dans le pays de destina- tion est sujette à toujours plus de contraintes. Les accords de libre prestation de services ne se matérialisent que difficile- ment, voire pas du tout. Les règles d’accès diffèrent de pays en pays et sont accompagnées d’exigences de transparence et d’information particulièrement complexes. Pour répondre à ces difficultés la Suisse a continuel- lement aligné sa réglementa- tion aux standards européens – dans l’espoir d’une reconnais- sance d’équivalence et un éven- tuel droit d’accès au marché. En parallèle la Suisse exploite la voie de la négociation d’ac- cords bilatéraux ou des dialo- gues financiers avec des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Elle souhaite par ce biais établir des relations privilégiées avec ces économies vis-à-vis desquelles elle pourra jouer son rôle d’intermédiaire en tant que partenaire. Relever les défis à l’intérieur Au-delà des nombreux défis extérieurs, la Suisse est en train d’adopter des mesures en son propre sein pour améliorer les conditions cadre et pour atti- rer des acteurs de l’étranger. Notamment lorsqu’il s’agit des secteurs de niche, des services bancaires novateurs, la Suisse a de bonnes cartes à jouer. La FINMA et le gouvernement sont en train d’ouvrir cette piste en poursuivant différentes initia- tives. Une révision de l’Ordonnance sur les banques redéfinit le régime de la récolte d’argent du public et a défini des excep- tions dans le cas où la récolte est faite par une entreprise start-up pour son propre compte et au vu d’un but d’in- vestissement clairement défini auparavant. La révision vise à créer un cadre favorable à l’in- novation et contribuera à gar- der en Suisse des start-up ou spin-offs des Technoparks uni- versitaires en Suisse. En même temps la FINMA défi- nit ses exigences vis-à-vis des Initial Coin Offerings (ICOs) : elle privilégie une approche cas-par-cas ce qui lui permet d’offrir le maximum de flexi- bilité et de laisser une ample marge à l’innovation. L’évalua- tion individuelle de chaque cas et la décision de son assujettis- sement ou non à la surveillance prudentielle doit contribuer à un environnement dans lequel l’innovation a de la place et à l’émergence d’un centre de compétences en la matière. La révision de la Circulaire sur l’identification en ligne va, elle aussi, dans la direction de la facilitation et la modernisation des procédures – désormais la procédure d’identification du cocontractant est accélérée et possible sans contact. Aussi le versement initial sur le compte peut venir d’un compte ban- caire tenu à l'étranger. Deux mesures qui rendent plus acces- sible le service à la clientèle internationale. La FINMA accompagne très attentivement les nouveaux acteurs sur les marchés finan- ciers. Elle veut donner la liberté à l’innovation tout en sauve- gardant la stabilité et en assu- rant l’entière protection des investisseurs. Plutôt que de réglementer dans les moindres détails de l’activité des start-up et sociétés Fintech, elle propose une approche concentrée sur la finalité de leur activité. La Suisse reste une place inté- ressante pour la présence de banques et autres sociétés finan- cières avec des activités inter- nationales. Il va de soi que la stabilité et la sécurité juridique sont des atouts indéniables, tout comme l’indépendance, le poids économique et le réseau étendu de conventions contre la double imposition. Le suc- cès du secteur financier réside dans sa diversité – la gestion de fortunes privées, au centre de l’attention pendant de longues années, ne constitue qu’une parmi plusieurs activités et ce n’est que l’ensemble de toutes ces activités, qui englobent les services aux entreprises interna- tionales, aux gestionnaires de fortune tout comme aux clients fortunés, qui rend la place aussi unique qu’elle ne l’est. Le succès repose ainsi sur une diversité de facteurs qui ne déploient leurs effets que par un effort com- mun. La place financière suisse reste fidèle à sa tradition : depuis plu- sieurs siècles elle accueille des établissements financiers qui pour- suivent les activités les plus variées. Ainsi les Médicis furent les pre- miers banquiers à s’installer en Suisse – à Genève en 1405 – pour être présents sur une des places de marché les plus importantes en Europe. Dans la continuité des banques françaises s’établirent en Suisse dès le XIXe siècle, toujours pour l’activité de finance- ment et plus tard, suivies de banques allemandes et japonaises, pour l’activité d’émission d’emprunts, à Zurich cette fois-ci. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale que l’activité de la gestion de fortunes privées prit l’essor que nous lui connaissons aujourd’hui – au cœur de l’Europe en pleine croissance la Suisse offrit un havre de paix et de stabilité pendant toute la période de la guerre froide. Stabilité politique et sociale certes, mais sta- bilité financière aussi. C’est pendant ce temps que les activités de financement du négoce en matières premières et de gestion des liquidités pour sociétés multinationales se développèrent – l’une suite à l’émergence d’un cluster dans la région lémanique, l’autre en réponse à une forte demande de la part de sociétés multi- nationales de plus en plus nombreuses à installer leurs centres financiers dans notre pays.
  • 8. 1816 | G E N È V E . Z Ü R I C H . L A U S A N N E . PA R I S . LY O N . A N N E C Y. D U B A Ï . H O N G K O N G | B C G E . C H UNE BANQUE QUI SE BAT POUR LES ENTREPRISES. Aux côtés des entrepreneurs, avec constance, technicité et créativité. • Financement de l’investissement • Gestion de la trésorerie et des changes • Global commodity finance • Fusions et acquisitions • Private equity Rouge = C: 0 - M: 100 - J: 90 - N: 0 BCGE The Swiss Bank of Geneva_positif.eps Noir = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 100 Blanc = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 0 Gris = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 50 CI/LUT/CH/F/090217|ALTERNATIVE.CH
  • 9. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 9 aspects économiques et financiers tendance à dire que c’est la base. Pourtant, encore aujourd’hui, aucune école n’apprend réelle- ment ni le métier de chargé de relations ni de conseiller finan- cier. À la technicité il est temps d’ajouter plus d’humanité. Pour ce changement de paradigme, c’est l’organisation de la struc- ture et l’adoption du bon outil informatique qui seront détermi- nants. Positionner placements sur tendances lourdes La transition énergétique reste la panacée. Même si l’impro- bable rechute du prix du pétrole qui s’est produite depuis l’été, contre toutes attentes, n’est pas là pour encourager le passage aux énergies propres. Comme toujours, l’or noir est mani- pulé et son cours dépend aussi beaucoup de la géopolitique. Les bruits de bottes aux portes de l’Ukraine font penser qu’un prix du pétrole, à nouveau, au plancher ne fait pas l’affaire du grand extracteur qu’est la Russie impérialiste de Poutine. L’indus- trie du solaire en est particuliè- rement une victime collatérale. Ceci après avoir déjà particuliè- rement souffert des taxes pro- tectionnistes sur l’acier et du dumping chinois. Pour autant, la tendance reste d’avenir, tout comme l’approvisionnement de l’eau et son traitement. Derniè- rement, le professeur et auteur français Nicolas Klein, spécia- liste de l’Espagne, nous appre- nait que ce pays perdait chaque année 25% de son eau potable en raison du manque d’investis- sement dans ses infrastructures. Le français Suez Environnement est notre préféré du secteur. D’autre part, nous identifions deux autres trends sur lesquels il s’agit de se positionner. En premier lieu, il est question des services et des financements liés à l’accompagnement et au maintien à domicile des gens du troisième et du quatrième âge. Ensuite, tout l’environnement du travail à distance qui ne va ces- ser de se développer. Exemples, les espaces comme les bureaux partagés mais aussi toute la bureautique et l’informatique embarqués. L’entreprise suisse Logitech est intéressante sur ce plan, bien que chère en bourse actuellement. C’est un constat, le monde du travail mute et le travail à domicile ou en exté- rieur augmente. La mobilité et la réduction des coûts l’expliquent. Dans le secteur du cryptage et de la sécurité des données, l’autre suisse, Kudelski, semble être un achat. Ceci d’autant plus après les déconvenues coûteuses en réorganisation et délocalisa- tion vécues cette année. On le voit, les opportunités d’investis- sements en 2019 ne manqueront pas. Chronique financière La politique demeure une constante n François MEYLAN, Conseiller financier et Directeur, Meylan Finance Sàrl, Lausanne Cet exercice qui s’écoule nous le rappelle, avec une certaine violence, on aurait tort d’omettre quelques paramètres politiques. Tant le vote surprise de droite extrême en Italie ce printemps que la guerre commerciale voulue par le président Trump, en passant par la crise des gilets jaunes en France le démontrent : les préoccupations premières de la population sont la sécurité et le pouvoir d’achat. C’est incontournable. Chaque fois que le politique ne l’entend pas ou que la perception évolue négativement, on part électoralement dans les extrêmes. Et ce n’est pas le « Black Friday » - autre fête commerciale, avec Halloween, elle aussi importée des États-Unis - qui fera passer la pilule. Pour sa part, tout détestable qu’il est, Donald Trump remplit son mandat vis-à-vis de ses électeurs qui voulaient plus de sécurité et plus d’emplois. À mi-mandat, on peut, sans risque, évoquer une réélection. Par ailleurs, le monde a fini par s’accommoder de sa conduite des affaires par le biais de Twitter. Le grand vainqueur de l’ère Trump est sans conteste le complexe militaro-industriel. Le perdant étant, malheureuse- ment, la diplomatie. Europe : les démons nationalistes reviennent Retour sur le Vieux Continent, la résurgence du nationalisme est inquiétante. Bien plus grave que les relents à la hongroise, la crise catalane s’est détériorée tout au long de l’année et fait resurgir en Europe le suprémacisme, la mani- pulation des masses, l’établis- sement de listes d’opposants à l’indépendance, une police poli- tique et des groupes de citoyens auto-proclamés Comités de défense de la République (CDR) qui n’hésitent pas à se mettre hors la loi. Le continent aurait tort de regarder ailleurs. Dans cette constellation, j’ai tout récemment été reçu par la dépu- tée européenne basque espa- gnole Maite Pagazaurtunda, qui a vécu pendant 13 ans sous escorte policière, menacée de mort par le groupe séparatiste basque ETA et dont le frère a été assassiné. De son rapport présenté au Parlement, à Bruxelles, il res- sort que tant l’ETA, Daesh ou l’appareil séparatiste catalan se construisent de la même manière : 1) Falsification gros- sière de l’histoire ; 2) Établisse- ment de la communauté en tant que victime historique parfaite ; 3) Revendiquer une seule iden- tité communautaire considérée comme naturelle et essentielle ; 4) Un seul discours sur la natio- nalité est accepté ; 5) Le langage politique devient instrumenta- lisé. Si ces cinq conditions sont remplies, intervient alors l’usage de la violence et l’agresseur apparaît comme victime. La vraie victime, quant-à-elle, est stigma- tisée. Nous voici prévenus. Une place financière toujours mise au défi Force est de constater qu’après une quinzaine d’années de régu- lations exponentielles, notre place financière a troqué son exotisme contre le protocole et des lourdeurs administratives à n’en plus finir. Plus que jamais, ses acteurs doivent déceler des synergies, la simplicité d’action et déceler de nouveaux besoins. On pensera notamment aux presta- tions de conseils au profit d’une clientèle vieillissante - ce que certains appellent la Silver éco- nomie. La personnalisation de la relation clientèle et une qualité de service constante démarque- ront ainsi les meilleurs. On aurait Meylan Finance Sàrl, société de conseil patrimonial et de gestion de fortune, établie à Lausanne, a été fondée en 2011 par François Meylan qui est actif dans la promotion d’un libéralisme humaniste. Meylan Finance Sàrl qui four- nit une large palette de pres- tations allant du placement de capitaux à l’exécution testa- mentaire, se spécialise dans la finance durable et dans l’acti- visme actionnarial en partici- pant aux assemblées générales d’actionnaires, entre autres.
  • 10. 10 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs Contrairement à l’époque de la bulle Internet, les bénéfices restent cohérents avec les cours boursiers Lors du boom technologique de la fin des années 1990 qui a atteint son apogée début 2000, les cours boursiers des sociétés du web ont dépassé leur poten- tiel bénéficiaire, si bien que les valorisations se sont retrouvées à des niveaux intenables. Ce n’est pas le cas cette fois-ci. Bien que certaines sociétés comme Face- book et Amazon affichent une certaine prudence dans leurs der- nières prévisions de résultats, les bénéfices des sociétés technolo- giques sont globalement plus en ligne avec leurs cours boursiers. Certains géants technologiques ont tiré les leçons des erreurs commises par de grosses socié- tés durant la bulle Internet. Aujourd’hui, ils consacrent infi- niment plus d’énergie à pérenni- ser leurs technologies, mais aussi leurs modèles économiques. Sommes-nous en train ­d’assister à la formation d’une bulle technologique ? n Fabian WALL MEIER, Directeur Institutionnel, Suisse, et Michael STADELMANN, Directeur associé Institutionnel, Suisse Alors que les valeurs technologiques ont récemment fait vaciller les marchés, rappelant la bulle Internet au début des années 2000, nous estimons que le boom technologique actuel n’a rien à voir avec cette dernière. Pour répondre d’emblée à l’interrogation en titre et qui préoccupe depuis quelques semaines beaucoup d’investisseurs, nous comparons les deux périodes et identifions cer- taines caractéristiques qui nous incitent à porter un regard optimiste sur ce secteur à long terme. Note : 1. Au 30 septembre 2018. Les sociétés de Capital Group gèrent des actions par le biais de trois groupes d’investissement qui décident en toute indépendance de leurs investissements et de leurs votes. Les professionnels de l’investissement obligataire assurent la recherche et la gestion d’actifs obligataires par le biais de Capital Group. Pour ce qui concerne les titres apparentés à des titres de participation, ils agissent uniquement pour le compte de l’un des trois groupes d’investissement en actions. Source: Capital Group. Capital Group a été créé en 1931 aux États-Unis, et a ouvert son premier bureau hors du territoire américain à Genève, en 1962. Depuis plus de 50 ans, nos collaborateurs de ce siège œuvrent pour la solidité et la stabilité de notre activité en Suisse. Depuis 1986, nous gérons des actifs pour nos clients institutionnels suisses. Et aujourd’hui, nous gérons plus de 1'800 milliards USD1 d’actifs dans le cadre de nos solutions de gestion active pour le compte d’une clien- tèle mondiale. Nous comptons 150 collaborateurs1 en Suisse, et avons ouvert une antenne commerciale à Zurich en 2013. –5 0 5 10 15 20 25 30 35 % 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 Tech en % des bénéfices des sociétés du S&P 500 Tech en % de la cap. boursière des sociétés du S&P 500 Récessions Contrairement à l’époque de la bulle Internet, les bénéfices restent cohérents avec les cours Les performances passées ne présagent pas des résultats futurs. Sources : FactSet, Standard & Poor’s, au 30/09/18. Bénéfices basés sur des chiffres en USD. À titre d’illustration uniquement. Sources : FactSet, Standard & Poor’s. Résultats prospectifs à 12 mois au 31/10/18, fournis par FactSet. PER basé sur des chiffres en USD. 15,3x 15,4x 18,1x 22,4x 22,7x 60,0x 72,5x S&P 500 Apple Facebook Microsoft Alphabet Amazon Netflix PER prospectif
  • 11. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 11 Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs Les valorisations de nombreuses sociétés technologiques ne semblent pas excessives Contrairement à la bulle du début de ce siècle, les valeurs technologiques n’affichent pas toutes des valorisations très éle- vées. Le cours de l’action Face- book et Apple représente ainsi entre 10 et 20 fois leurs bénéfices (le fameux PER prévisionnel), et moins de 23 fois pour Microsoft et Alphabet. Ce sont certes des valorisations supérieures à celles du reste du marché, mais étant donné le potentiel de croissance de ces sociétés, elles sont aussi plus justifiées. Le PER du géant Amazon figure parmi les plus élevés du secteur technologique, mais comme il investit massive- ment dans son activité, son béné- fice est plus limité. Les valorisations actuelles nous paraissent raisonnables, compte tenu du potentiel de croissance supérieure de ces entreprises. Durant la bulle Internet, les sociétés technologiques de haut vol ont atteint des valorisations extrêmes inédites, sans pouvoir bénéficier de l’appui de résul- tats solides. À l’inverse, celles d’aujourd’hui se négocient à des primes assez peu élevées par rap- port aux niveaux observés dans le reste du marché. Leurs valori- sations sont raisonnables sachant qu’elles ont des fondamentaux solides et offrent des perspec- tives de croissance excellentes ces prochaines années. Amazon, un exemple concret de l’investis- sement en période de volatilité La plupart des valeurs technolo- giques de haut vol sont rompues aux corrections boursières mar- quées. Depuis la crise financière de 2008 par exemple, l’action Ama- zon a perdu au moins 15 % de sa valeur à dix occasions différentes, et plus de 30 % à trois occasions. Mais après chacune de ces chutes, elle est remontée à de nouveaux plus hauts. Les investisseurs en mesure d’encaisser la volatilité à court terme ont enregistré des gains considérables, tandis que ceux qui ont revendu l’action au cours de l’une de ces corrections sont passés à côté. À notre sens, Amazon a les moyens de demeu- rer l’une des grandes entreprises les plus compétitives au monde. Conclusion Bien qu’il faille s’attendre à ce que certaines valeurs technologiques traversent une période de faiblesse et de volatilité, nous sommes convaincus que le boom tech- nologique actuel n’a rien à voir avec la bulle Internet du début de ce siècle. Les leaders d’aujourd’hui affichent des bénéfices solides, des flux de trésorerie abondants, d’impor- tantes parts de marché et des barrières à l’entrée élevée. Les perspectives à long terme de nombreuses sociétés tech- nologiques restent positives, soutenues par des modèles économiques solides, un posi- tionnement dominant et de nouveaux gisements de crois- sance. Fabian Wallmeier est Direc- teur général, Institution- nels, Suisse chez Capital Group. Possédant 25 ans d’expérience dans le sec- teur suisse des caisses de pension, il a rejoint Capi- tal Group il y a quatre ans, après avoir dirigé les activi- tés de relations clientèle ins- titutionnelle chez Fidelity et DB Advisors (Deutsche Bank) en Suisse. Fabian est diplômé en droit suisse des assurances sociales de l’Université des Sciences Appliquées de Berne. Il est membre de l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP). Fabian est basé à Zurich. Michael Stadelmann est Direc- teur associé, Institutionnels, Suisse chez Capital Group. Pos- sédant sept ans d’expérience dans le secteur de l’investisse- ment, il a rejoint Capital Group il y a trois ans. Avant cela, il a occupé les fonctions d’ana- lyste spécialiste des obligations convertibles chez Schroders Investment Management, Michael possède un master en banque et finance de l’Univer- sité de Zurich et a participé à un programme d’échange avec l’école d’économie de l’Univer- sité de Fudan, à Shanghai. Il est également Chartered Alterna- tive Investment Analyst™ et Chartered Financial Analyst® . Michael est basé à Zurich. Recul d’au moins 15 % entre point haut et point bas Résultat cumulé depuis 2009 : +2,542 % 50 100 200 400 800 1 600 $ 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Point haut Pointbas Recul Juil. 2009 Sept. 2009 –17 % Déc. 2009 Fév. 2010 –18 % Avr. 2010 Juin 2010 –28 % Janv. 2011 Mars 2011 –16 % Juil. 2011 Août 2011 –21 % Oct. 2011 Déc. 2011 –30 % Sept. 2012 Nov. 2012 –16 % Janv. 2014 Janv. 2015 –30 % Déc. 2015 Fév. 2016 –31 % Sept. 2018 Oct. 2018 –25 % Amazon : 10 corrections brutales et une action en hausse de 2,542 % Cours par action AMZN Source : RIMES. Au 31/10/18. Cours par action basé sur des chiffres en USD. Document réservé aux investisseurs qualifiés Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. La valeur des parts et le revenu qu’elles génèrent ne sont pas constants dans le temps, et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer l’intégralité de leur mise initiale. Les présentes informations sont fournies uniquement à titre d’information et ne constituent pas une offre, une sollicitation d’offre ou encore une recomman- dation portant sur l’achat ou la vente des titres ou instruments cités. Le présent document est publié par Capital International Sàrl (société agréée et régie par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA), filiale de Capital Group Companies, Inc. (Capital Group). La société Capital Group s’efforce d’obtenir des informations de sources réputées fiables, mais ne peut en garantir l’exactitude, la fiabilité ou encore le caractère exhaustif. Le présent document n’a pas vocation à être complet ni à fournir un conseil d’inves- tissement, fiscal ou autre. © 2018 Capital Group. Tous droits réservés.
  • 12. 12 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – Prévoyance professionnelle : de nouveaux acteurs conformité avec la loi. En effet, alors que la loi limite le nombre de stra- tégies de placement à dix, les offres « multibanques » engendrent à la fois complexité et confusion : à long terme, l’assuré a-t-il la certitude que ses stratégies respecteront toujours le cadre légal ? PdM : Cette approche personna- lisée est-elle adaptée en cas de mauvaise conjoncture ? P.Z. : Elle est non seulement adap- tée, mais c’est, nous en sommes convaincus, la meilleure solution pour faire face non seulement aux aléas de l’économie, mais aussi à la pression démographique. On le voit d’ailleurs : les caisses de pension col- lectives classiques réduisent entre autres le taux de conversion de la partie surobligatoire. Et celui de la prévoyance obligatoire est en sursis politique. En fin de compte, l’en- semble des assurés doit assumer les choix collectifs du conseil de fonda- tion, ainsi que les choix politiques. Dans un système de prévoyance personnalisée, tel que les plans Bel- Etage et 1e , chaque assuré assume seul ses choix, ses stratégies, et en récolte les fruits. Nous dirons qu’à la différence de la concurrence, notre réactivité, notre approche person- nalisée et notre grande expérience permettront plus aisément à l’assuré de prendre les décisions qui lui cor- respondent. En particulier lorsque le contexte est délicat, comme c’est le cas aujourd’hui. Propos recueillis par Jean-Pierre Michellod, Directeur de la publication Prévoyance des cadres : Comment s’y retrouver dans la soudaine abondance des plans 1e  ? Depuis plus d’un an, le marché des plans de prévoyance pour cadres dits « 1e  » connaît un véritable essor. En cause, les récents changements législatifs (notamment l’article 17 LFLP), qui renforcent la responsabilité individuelle dans la prévoyance surobligatoire. Concrètement, étant donné que les assurés toucheront la totalité de la plus-value lors de leur départ de la caisse de pension, ils doivent de ce fait assumer aussi les pertes liées à leurs investissements. A l’origine, les plans 1e sont nés d'insti- tutions spécialisées pionnières telles que PensExpert SA, aujourd’hui leader sur le marché suisse des solutions de prévoyance individualisées. valeur ajoutée d’un accompagne- ment humain et personnalisé ? Si le 1e est porteur aujourd’hui pour les grands groupes (banques, assu- rances) pour les raisons que nous avons évoquées, qu’en sera-t-il demain, lorsque le contexte aura changé et qu’une autre solution aura fait son apparition ? PdM : Vous évoquez le conseil : quelle est donc la valeur ajoutée de PensExpert ? P.Z. : Le conseil sur mesure est pour nous primordial à tous les échelons delaplanificationdelaretraite,dèsla première rencontre. La préparation delafindecarrièreestunedémarche préoccupante et fondamentale, qui demande une relation de confiance à long terme, un suivi de proximité et une grande réactivité. Nous pre- nons alors le temps de connaître la situation professionnelle, familiale et financière de chaque personne que nous rencontrons. Une fois un bilan établi, nous explorons avec le client les différentes options. Ai-je suffi- samment cotisé dans mon 2e pilier ? Dois-je effectuer un rachat ? Com- ment mettre en place une retraite partielle ? En tant que propriétaire de ma maison, existe-t-il des solu- tions adaptées pour ma prévoyance ? Enfin, la situation et la propension au risque détermineront les straté- gies d’investissement à mettre en place. Pour cela, nous nous entou- rons depuis toujours de partenaires bancaires triés sur le volet et qui partagent nos valeurs. L’assuré qui le souhaite a l’opportunité de rencon- trer les représentants de nos parte- naires afin d’évaluer celui avec qui il s’engagera. J’ajoute que cette manière de pro- céder est non seulement transpa- rente, mais garantit, qui plus est, la C’est à ce thème, justement, que la Direction lausannoise de cette société lucernoise, qui a fait sa réputation sur la qualité de son conseil et de ses offres, a consacré une grande partie de sa tradition- nelle « Conférence annuelle sur la prévoyance » qui s’est déroulée dans la capitale vaudoise, à l’hô- tel Lausanne-Palace, le 4 octobre dernier. En marge de cette manifesta- tion et pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de Pasquale Zarra, Directeur pour la Suisse romande de PensExpert SA. Ce fut l’occasion aussi de reve- nir sur le développement de cette société pionnière dans le monde de la prévoyance surobligatoire et de sa stratégie pour faire face aux aléas conjoncturels et aux incer- titudes liées à l’avenir de la pré- voyance en Suisse. Ecoutons-le ! Point de Mire : Que pensez-vous de l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché de la prévoyance surobligatoire ? Pasquale Zarra : Je suis convaincu que la concurrence est bénéfique pour les assurés et, dans ce sens, j’apprécie l’arrivée de nouveaux intervenants sur ce marché. Mais évidemment, qui dit concurrence, dit augmentation de l’offre et donc des difficultés à cerner le bon grain de l’ivraie. Aujourd’hui, nous obser- vons une arrivée significative sur ce marché d’établissements bancaires traditionnels, qui proposent des solutions à des coûts défiant toute concurrence. Cette pression sur les prix n’est pas néfaste en soi. Mais elle devrait inciter le consommateur à se poser la bonne question : « Quel service va-t-on me proposer au prix affiché ? » PdM : Pourquoi assiste-t-on à un tel engouement des acteurs financiers pour ces plans 1e  ? P.Z. : L’assouplissement de la loi, en octobre 2017, a évidemment été un déclencheur. Les banques, en particulier celles qui proposent des services de Private Banking, visent une clientèle à haut revenu, qui apprécie de gérer sa fortune de manière individuelle. C’est égale- ment le profil de nos clients. Mais à la différence d’une société comme PensExpert qui a bâti depuis près de vingt ans toute sa stratégie et son identité dans la prévoyance surobligatoire, ces établissements bancaires n’ont pas encore d’expé- rience dans ce secteur. Leur cœur de métier réside dans la gestion de patrimoine, le crédit hypothécaire, etc. Concrètement, pour ces der- niers, les plans 1e ont de l’intérêt surtout en tant que produits d’ap- pel, de porte d’entrée vers leurs services traditionnels. Ce n’est pas problématique en soi, mais l’as- suré pour qui le conseil prime sur le coût doit être conscient que le « prix le plus bas », quel que soit le secteur, se fait généralement au détriment de la qualité du service. PdM : Cette situation est-elle pérenne ? P.Z. : Nous sommes dans une phase de transition entre un marché de niche et une industrialisation. L’avenir nous le dira. Mais à terme, il faudra faire des choix. Vou- lons-nous investir nos économies de retraites en faisant confiance à des algorithmes ou des graphiques ou croyons-nous encore en la Pasquale Zarra, associé de PensExpert SA, est le Direc- teur de la succursale lausan- noise depuis 2010. Il a débuté son activité auprès du siège de PensExpert SA à Lucerne en 2006. Responsable du développement du marché Romand, titulaire du Diplôme fédéral de gérant de caisse de pension, il bénéficie d’une très longue expérience auprès de différents assureurs nationaux et caisses de pension en Suisse.
  • 13. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 13 Solutions de prévoyance : une expérience étrangère d’offres de services de soins est compensé par des solutions tech- nologiques, avec notamment des robots qui sont capables d’avoir de vraies conversations avec les humains. Situation en Suisse Alors que la Suisse connaît aussi un faible taux de fécondité, 1,56 en 2017, et une espérance de vie élevée, 83 ans, le vieillissement de la population n’est pas aussi problématique qu’au Japon prin- cipalement en raison d’une poli- tique historiquement ouverte à l’immigration : Plus de 2,1 millions d’étrangers vivent en Suisse, envi- ron 25% de la population totale, et le nombre de personnes qui immigrent est le double du nombre de personnes qui émigrent chaque année. Néanmoins, la Suisse est également confrontée au problème du financement des retraites et pourrait trouver une source d’ins- piration dans la situation du Japon. Le vieillissement de la ­population au Japon, un ­cauchemar démographique n Philippe Garoflid, conseiller financier, Meylan Finance Sàrl, Lausanne « Au Japon, il y a trois fois plus de Pampers vendus aux personnes âgées qu’aux bébés »… Alors que cette statistique est l’une des anecdotes les plus intrigantes sur les conséquences du vieillissement de la population, le gouvernement nip- pon est confronté à de sérieuses inquiétudes sur la solvabilité de son régime de retraite et la perte de recettes fiscales due à la réduction de la main-d’œuvre. Cependant, la société japonaise s’adapte à cette nouvelle réalité qui pourrait bientôt apparaître dans de nombreux pays occidentaux. que les travailleurs étrangers dans les industries manquant de person- nel puissent facilement immigrer et contribuer à l’économie. Changements sociétaux L’évolution de la démographie affecte fortement l’économie japo- naise avec une demande croissante deservicespourlespersonnesâgées et une pénurie de travailleurs. Afin de s’adapter à ces conditions, de nombreuses villes de campagne s’organisent autour des besoins des personnes âgées dans le but qu’elles restent indépendantes. A Toyama, une ville de 420’000 âmes, située à 260 km de Tokyo, 88% des habitants vivent à moins de deux kilomètres d’un centre social. Des camions font office de supermar- chés mobiles et de nombreuses acti- vités sont proposées par la munici- palité aux personnes âgées afin que leur vie reste active et divertissante. Quant à celles qui sont placées dans des maisons de retraite, le manque Koreikashakai, la traduction pour « population vieillissante », est un phénomène sociétal et une crise fortement observée et ressentie au Japon puisque le pays compte la plus forte proportion de per- sonnes âgées au monde : en 2014, un tiers de la population avait plus de 60 ans. Cette transforma- tion de démographie a débuté en 1979 lorsque le taux de fécondité du pays est tombé sous le seuil de remplacement de 2,1 enfants par femme, et il a continué de baisser jusqu’à 1,41 en 2017. Quant à l’es- pérance de vie d’un citoyen japo- nais moyen, 85 ans, c’est la plus élevée au monde et par consé- quent un facteur important du vieillissement de la population. Déséquilibre immigra- tion – émigration Le pays perd également une par- tie de ses effectifs en raison du déséquilibre entre l’émigration qui est plus élevée que l’immi- gration. L’insécurité économique joue un rôle important en raison du manque d’emplois réguliers : environ 40% de la population active est non régulière, et ce type d’employés gagnent en moyenne 53% de moins que les employés réguliers. De plus, la culture d’en- treprise au Japon est connue pour être intense et il y a de nombreux cas de personnes qui travaillent jusqu’à leur mort par épuisement. Pour ces raisons, les étrangers ne trouvent pas les opportunités attrayantes et de nombreux japo- nais partent dans l’espoir d’obte- nir une meilleure qualité de vie ailleurs. Le pays est aussi histori- quement opposé à l’immigration et les lois rendent l’obtention de la citoyenneté difficile : seulement 2% de la population est composée d’étrangers. Finalement, le Japon est extrêmement strict sur l’accep- tation des réfugiés : seulement 20 des 19’628 demandeurs d’asile ont été acceptés en 2017. En raison de la population vieillis- sante et de l’émigration plus impor- tante que l’immigration, il y a une réduction du nombre des jeunes et de travailleurs qui supportent la partie de la population plus âgée, qui, elle, est en croissante supério- rité numérique. Le taux de dépen- dance des personnes âgées, le ratio de la population âgée dépen- dante par rapport à la proportion active, est actuellement à 40% et devrait atteindre 80% en 2060. De plus, la pression financière exercée par le nombre croissant de retrai- tés ainsi que la baisse des reve- nus fiscaux due à la réduction de la main-d’œuvre taxée ont pour conséquence d’augmenter la dette publique du Japon, qui est déjà là plus élevé au monde (246,14% de dette comparé au PIB). Le gouvernement japonais se bat contre ces problèmes de plusieurs façons. Afin d’augmenter le taux de fécondité, la formation de famille est encouragée avec des congés maternités plus long ou des avantages fiscaux pour les parents. Visant à augmenter la main- d’œuvre, le gouvernement a fait passer l’âge de la retraite de 60 à 65 ans et récompense les personnes âgées qui continuent à travailler. En 2015, les lois sur l'immigration sont devenues plus flexibles afin Conseiller chez Meylan Finance Sàrl, Philippe Garoflid est titu- laire d’un « Bachelor of Science in Business Administration » avec spécialisation en finance et économie obtenu aux Etats- Unis à l’Université de Miami. Source : Japan National Institute of Population and Social-Security Research Japon : population par tranche d’âge ■ Inférieur à 15  ■ 15-64  ■ Supérieur à 65 Historique  Projeté
  • 14. 14 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – Solutions de prévoyance et ingénierie patrimoniale bale s’impose. Il faut, d’une part, évaluer les liquidités disponibles de l’entreprise et, d’autre part, passer à la loupe la situation per- sonnelle de l’entrepreneur. Trop d’entrepreneurs n’exploitent pas suffisamment les possibilités of­fertes par leur prévoyance, alors qu’elle offre des avan- tages considérables. Une gestion convergente des avoirs privés et de prévoyance, accompagnée d’une véritable expertise en matière d’investissement, permet d’accroître sa performance et de consolider son patrimoine à l’ap- proche de la retraite. D’où l’im- portance d’un accompagnement global par un banquier privé. Ce dernier, avec sa vision consoli- dée de la gestion du portefeuille personnel et celle du compte de prévoyance, va procéder aux arbitrages pour obtenir le meil- leur rendement global après impôt. Cette stratégie de placement composée de différentes « poches d’investissement » permettra d’al- louer les produits en fonction de leurs dividendes ou de leur gain en capital avec pour objectif final, une ventilation efficiente des avoirs, selon leurs caractéristiques fiscales. L’analyse de chaque silo, fortune mobilière, immobilière et prévoyance, permettra de les optimiser individuellement pour in fine, harmoniser l’ensemble du patrimoine. Pour ce faire, votre banquier doit pouvoir s’appuyer sur une plate- Une gestion convergente du ­capital privé et de prévoyance pour une meilleure performance n Jean-Paul Stierli CIIA, Banquier Senior, Banque Lombard Odier & Cie SA, Genève Les entrepreneurs ont l’habitude de prendre des décisions importantes pour leur société. Leurs responsabilités les amènent à penser en premier lieu à leurs clients et collaborateurs lorsqu’ils tranchent. Or l’expérience montre que cela se fait régulièrement au détriment de leur patrimoine privé, et en particulier de leur propre prévoyance. Les solutions permettant d’accroître leur patri- moine en perspective de la retraite sont trop souvent négligées. toute transparence dès lors que l’entreprise a opté pour une telle solution, du reste de plus en plus prisée. La quote-part d’actions maximale est de 50%, le reste pouvant être investi en obliga- tions, placements alternatifs et immobiliers. Cette solution per- met de percevoir l’intégralité du rendement réalisé, mais fait également porter toute la res- ponsabilité à l’assuré en cas de fluctuations du capital. D’ordi- naire, l’introduction d’une telle solution implique un potentiel de rachat très élevé compte tenu des années de cotisations man- quantes pour le salaire assuré en sus. Le rachat de ces lacunes de prévoyance peut être déduit inté- gralement du revenu imposable. Si, au lieu des dividendes, l’entre- preneur opte pour un salaire plus élevé qui est assuré par exemple dans le domaine surobligatoire LPP, dans le cadre d’un plan 1e, il peut prévoir des rachats simul- tanés des lacunes de cotisations sans incidence fiscale. Contrai- rement à l’imposition partielle des dividendes, le versement des liquidités inutiles à l’exploitation de l’entreprise n’est de facto pas soumis à l’impôt. En cas d’avoirs de libre passage disponible, il convient de prendre en considé- ration les possibilités de planifica- tion en lien avec une éventuelle cessation d’activité anticipée ou un départ à l’étranger. Conseil global Pour pouvoir évaluer au cas par cas dans quelle mesure l’optimi- sation susmentionnée peut être mise en œuvre, une analyse glo- Liquidités excédentaires au bilan Quand les affaires sont floris- santes, un excès de liquidités peut se former dans la fortune commer- ciale au fil du temps et ce d’autant plusquel’entrepreneuratendance à éviter de se rémunérer en divi- dendes, qui génèrent de la fisca- lité. Or, ces liquidités excédentaires compliquent une future cession. Cette problématique bien connue dans l’univers des PME a conduit à l’introduction en 2009 de l’imposi- tion partielle des dividendes, dans le cadre de la Réforme de l’impo- sition des entreprises II. Si cette mesure a constitué un pas dans la bonne direction, l’attractivité de l’imposition partielle varie forte- ment selon les cantons. D’autant plus que le prochain Projet Fiscal 17 semble prévoir un rétropéda- lage sur ce point. Salaire ou dividendes ? Chaque entrepreneur se retrouve confronté face à l’équation suivante : comment bénéficier pleinement des revenus que l’entreprise peut offrir tout en maîtrisant sa fiscalité privée, et se constituer un patrimoine qui assure le maintien de son niveau de vie à la retraite ? Les entrepreneurs doivent mûre- ment réfléchir aux modalités de versement de leur rémunéra- tion : salaire, bonus, dividendes, voire les trois. Ce choix est d’au- tant plus important que l’impact fiscal sur le revenu varie suivant l’option retenue. Les gérants de fortune constatent réguliè- rement que les entrepreneurs n’exploitent pas tout le potentiel que leur offre leur entreprise. Conséquence : beaucoup de so­ ciétés détiennent trop de liqui- dités dans leur bilan, des liqui- dités inutiles à l’exploitation. En cas de cession, les répercussions sur la valorisation de la société peuvent être négatives. Ainsi, 10 millions de francs de liquidi- tés au bilan de l’entreprise ne peuvent être valorisés qu’à hau- teur de 7 millions de francs si une évaluation est effectuée dans le cadre d’une cession (en raison de la charge fiscale différée). Focali- sés sur la réussite de leurs affaires, certains entrepreneurs n’ont pas conscience que ces fonds inu- tiles pour l’exploitation peuvent entraîner une perte de valeur. Bien que les versements de divi- dendes bénéficient en principe d’un allégement fiscal grâce à l’imposition partielle, ils restent imposables. On peut donc se demander si le salaire n’est pas la meilleure solution pour alléger les liquidités de l’entreprise. La prévoyance, un outil pour accroître son ­patrimoine La prévoyance professionnelle (2e pilier) est une solution qui offre des possibilités de valorisation du patrimoine considérables, aussi bien dans la partie surobligatoire que dans le domaine du libre passage. Par exemple, dans le cadre d’un plan de prévoyance 1e (revenus annuels supérieurs à 126'900 francs), la stratégie d’investis- sement pour les avoirs de pré- voyance peut être choisie en Jean-Paul Stierli CIIA, Senior Vice President, est chargé de relations pour les résidents suisses auprès de Lombard Odier à Genève. Sur ce mar- ché Suisse, il développe une approche de gestion consolidée alliant capital de prévoyance et fortune privée. Mathématicien de formation, il a démarré sa carrière en tant que trader sur produits dérivés avant de gérer une équipe sur le marché des produits structurés.
  • 15. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 15 Solutions de prévoyance et ingénierie patrimoniale forme technologique éprouvée afin de mettre en œuvre une poli- tiqued’investissementconvergente entre les différentes poches. Performance nette après impôt Il est évident que le cas de chaque entrepreneur est unique. Dès lors, il est important d’établir une planification financière glo- bale afin d’identifier différents scénarios, avec leurs avantages et inconvénients, et de poser les bons jalons en vue du départ en retraite. La stratégie d’investis- sement globale répondant aux besoins personnels est ensuite choisie sur cette base. Par ail- leurs, le but est d’atteindre un rendement net après impôt aussi élevé que possible. Vu la complexité de ce thème, il est clair que seul un conseiller expérimenté, qui se consacre au patrimoine de la clientèle dans sa globalité et sait à quel point il est important de coordonner les différents instruments de pla- cement, est capable de définir des solutions sur mesure pour les actifs et le capital de prévoyance. Plans 1e  : attention à être en conformité avec la loi Les modifications de l’ordonnance (OPP2) du 1er octobre 2017 entérinaient notamment la limitation à 10 stratégies de placement dans le cadre des plans 1e destinés aux assu- rés dont les revenus dépassent les 126’900 francs. Selon une approche que nous revendiquons, les ins- titutions de prévoyance qui offrent ce type de solutions s’attachent les services de banques partenaires spécialisées dans la gestion de fortune et triées sur le volet. En fin de compte, les investissements de l’assuré sont gérés sur mesure par un seul partenaire. Cela lui confère une vision globale sur son porte- feuille et une plus grande réactivité en cas de changement (conjoncture, marchés financiers, situation personnelle, etc.). Ce modèle a de plus l’avantage de la clarté et respecte le plafond légal de dix stra- tégies de placement par assuré. Depuis quelque temps, le marché des solutions 1e explose. Si une saine concurrence est évidem- ment bénéfique pour les assurés, certains nouveaux acteurs offrent toutefois des stratégies « mul- tibanques ». Concrètement, l’assuré a la possibilité de définir ses stratégies de placement auprès de plusieurs partenaires. Attirante au premier abord, cette approche engendre à la foi complexité – manque de visibilité globale, que faire en cas de changement de situation ? – et, surtout, flou légal : en multipliant les stratégies et les partenaires, est-on sûr que la limite des dix stratégies sera respec- tée à terme ? Le boom que nous vivons aujourd’hui dans le marché des solutions 1e illustre plus que jamais le réel besoin dans notre société de flexibilité, de liberté et d’individualisation dans la gestion des avoirs de retraite. Mais attention : cette liberté a des limites, la loi demeure très stricte. Pour une retraite sereine, mieux vaut donc s’assurer que son institution de prévoyance y est conforme aujourd’hui. Pour éviter de devoir repenser l’ensemble de ses stratégies demain, nous prônons un conseil person- nalisé. Libres propos par Pasquale Zarra, Directeur, PensExpert SA, Lausanne GENÈVE ZURICH LUGANO LONDRES LUXEMBOURG MALTE SINGAPOUR DUBAI ÉTATS-UNISWWW.REYL.COM WEALTH MANAGEMENT ENTREPRENEUR & FAMILY OFFICE SERVICES CORPORATE ADVISORY & STRUCTURING ASSET SERVICES ASSET MANAGEMENT 181126_Reyl_annonce journal_210x144_FR.indd 1 26.11.18 16:07
  • 16. Nous croyons que les meilleures solutions innovantes sont tout aussi individuelles et indépendantes. Notre credo : Vous comme propriétaire de votre fortune de prévoyance décidez individuellement et librement de votre stratégie de placement. PensFlex Fondation collective Kauffmannweg 16 6003 Lucerne Tél. +41 41 226 15 15 Fax +41 41 226 15 10 info@pensflex.ch www.pensflex.ch PensExpert SA Avenue de Rumine 33 CH-1005 Lausanne Tél. +41 21 331 22 11 Fax +41 21 331 22 12 info@pens-expert.ch www.pens-expert.ch/fr pens-expert-blog.ch La sécurité des rentes ? Que par l’ innovation Le succès par la responsabilité individuelle Des solutions de prévoyance avec valeur ajoutée L’ individualisation maximale dans la prévoyance professionnelle PensExpert SA Avenue de Rumine 33 CH-1005 Lausanne Tél. +41 21 331 22 11 Fax +41 21 331 22 12 info@pens-expert.ch www.pens-expert.ch/fr pens-expert-blog.ch
  • 17. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 17 Aspects juridiques et réglementaires de qualité, comme on le fait pour une AOC, Appellation d’origine contrôlée. La loi devient ainsi une opportunité de mettre en valeur les compétences de chaque orga- nisation, de réduire les risques juridiques et opérationnels et de dégager du temps que l’on mettra au service des clients. La société Premyss SA s’inscrit dans ce processus de modernisation de notre place financière. LSFin/LEFin : De nouvelles opportunités d’amélioration du Private Banking helvétique, notamment en termes de formation n Jean-Sylvain Perrig, Président de l’Association suisse des analystes financiers (SFAA) et fondateur & CEO de Premyss SA tation. Les activités de gestion et de conseil en investissement devront être systématiquement documentées. La société Pre- myss SA assiste les intermédiaires financiers à installer leur gou- vernance dans une optique de long terme. Son objectif est de se tenir éloignée de l’obsession du court terme, qui est souvent une approche préjudiciable, coûteuse et dangereuse. Pour déployer des activités de gestion de portefeuille et de conseil, il ne suffit pas de faire simplement signer un profil de risque, ce qui n’est que le début d’un processus : la philosophie d’investissement, le domaine d’expertise, la politique d’in- vestissement, l’univers d’inves- tissement, les règles d’implé- mentation, les documents de communication, la gestion des risques doivent y être clairement décrits. Ainsi sont posées les bases d’un service de haute fac- ture, en relation avec les moyens de chaque institution et en toute transparence. Il est par la suite nécessaire d’avoir la discipline de respecter ce qui a été défini. Mettre en place une gouvernance revient à l’écriture d’une charte Une nouvelle légis- lation, de nouvelles opportunités La loi sur les services financiers et celle sur les établissements financiers (LSFin/LEFin) vont enfin devenir réalité, après des années de négociations. Elles entreront en vigueur le 1er jan- vier 2020 ; les ordonnances d’ap- plication ont été récemment publiées et sont en consultation jusqu’à mi-février 2019. Toute nouvelle obligation est contrai- gnante ; cependant, il convient de voir cette évolution comme une opportunité d’améliorer la qualité des prestations de notre place financière et de maintenir la Suisse comme un hub du Pri- vate Banking. Mais pour y parve- nir il convient de faire évoluer le modèle d’affaires. Formation En tant que président de la SFAA, il faut commencer par aborder la formation, car si la loi n’impose pas de minimum, elle stipule que chaque établissement doit s’assu- rer que le personnel en contact avec la clientèle doit être formé. Il n’y a donc pas de normes. Les brevets fédéraux délivrés par le centre de formation AZEK de la SFAA, pour les Associate Wealth Managers, représentent un moyen sûr d’avoir les connais- sances de base. Il est ensuite possible de poursuivre sa forma- tion avec le diplôme fédéral de Wealth Manager (Certified Inter- national Wealth Manager). Bre- vet et diplôme sont des certifi- cations à vie. Conformément à la loi, il faut par la suite parfaire ses connaissances par la formation continue, ce que l’AZEK propose au travers de ses AZEK Campus. Nouvelles obligations La nouvelle législation apporte des évolutions importantes dans l’organisation et la surveillance des intermédiaires financiers, avec notamment la mise en place d’organes de contrôle sous la sur- veillance de la FINMA ainsi que des organes de médiation dont la tâche sera de statuer sur les différends entre clients et leurs gérants. Il y aura de nouvelles exigences en termes d’adéquation et du caractère approprié des services financiers et de leur documen- Jean-Sylvain Perrig est le Pré- sident de l’Association Suisse des Analystes Financiers (SFAA, www.sfaa.ch). ll est le fonda- teur de la société Premyss SA (www.premyss.ch), société de conseil pour les intermédiaires financiers et family offices. Auparavant il a été Respon- sable des Investissements à la Banque Privée Edmond de Rothschild et à l’Union Ban- caire Privée (UBP). La plateforme de communication privilégiée des acteurs de la finance et de la prévoyance professionnelle www.pointdemire.ch - CP 5340 – 1211 Genève 11 - info@pointdemire.ch Toute l’équipe de Point de Mire remercie chaleureusement ses partenaires et ses lecteurs pour leur fidélité et leur souhaite de joyeuses fêtes et une excellente année 2019! …depuis 1995 au service de la place financière suisse La Tribune Indépendante des Entrepreneurs de la Finance PdM_pub_PdM75_merci.indd 1 27.11.18 16:29
  • 18. 18 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – Aspects juridiques et réglementaires au nombre de leurs clients et au montant des valeurs patrimo- niales administrées. S’agissant de leur direction, elle sera en principe composée d’au moins deux dirigeants qualifiés qui devront justifier d’une expé- rience professionnelle de 5 ans dans la gestion de fortune ou dans le cadre de trusts et d’une formation adéquate dans le domaine correspondant. En outre, tant les GFE que les Trustees devront disposer d’une gestion des risques et d’un contrôle interne (qui inclut la fonction de compliance). Les personnes en charge de ces tâches ne seront en principe pas en droit de prendre part aux activités qu’elles surveillent. Le P-OEFin indique pourtant que si le modèle d’affaires présente peu de risques et si certains seuils ne sont pas dépassés (5 employés au maximum et pro- duit brut annuel inférieur à CHF 1.5 million), « ces tâches ne doivent pas obligatoirement être indépendantes des activi- tés génératrices de revenus ». Ces termes utilisés dans le P-OEFin sont peu explicites et l’exemple cité dans le rapport explicatif ne permet malheu- reusement pas de comprendre de manière claire ce que cela signifie en pratique pour les GFE, de sorte que des préci- sions sur ce point sont à espé- rer dans le cadre de la consul- tation. En tout état de cause, le P-OEFin confirme la possibilité d’externaliser la fonction de Compliance. Enfin, le P-OEFin prévoit des exigences supplémentaires en termes d’organisation pour les plus grandes structures (notam- ment si leur produit annuel brut dépasse certains seuils), comme celle d’avoir une révision interne indépendante de la direction ou un conseil d’administration dont la majorité des membres ne font pas partie de l’organe respon- sable de la gestion. Garanties financières Le capital minimum des GFE et des Trustees doit être de CHF 100’000.-, entièrement libéré et maintenu en permanence. S’agissant des fonds propres, ils devront s’élever constam- LSFin, LEFin, OSFin, OEFin, OSS : les GFE et les Trustees enfin autorisés FINMA n Me Stéphanie HODARA EL BEZ, avocate, associée ALTENBURGER LTD legal + tax, Genève n Me Cecilia Peregrina, avocate, collaboratrice Senior, ALTENBURGER LTD legal + tax, Genève Le Conseil fédéral a enfin ouvert fin octobre la procédure de consultation concernant les ordonnances d’application de la LSFin (P-OSFin) et de la LEFin (P-OEFin). Elle prendra fin le 6 février 2019. L’un des grands changements amenés par ces lois concerne les gestionnaires de fortune externes (GFE) et les Trustees, lesquels devront dorénavant être autorisés par la FINMA et seront surveillés par un organisme de surveillance (« OS »). La FINMA autorisera et surveillera les OS qui pourront requérir une autorisation dès l’entrée en vigueur des lois, étant précisé que plusieurs organismes d’autorégulation (OAR) se sont déjà manifestés pour annoncer la création d’entités qui déposeront une telle requête (Chapitre I). De plus, la LSFin prévoit de nouvelles obligations en termes de comportement et d’organisation qui touchent notamment les GFE (Chapitre II). registre des conseillers à la clien- tèle, sachant que ce registre est encore à créer. Il faut noter par ailleurs que contrairement aux GFE soumis à autorisation FINMA, les conseil- lers à la clientèle, inscrit à ce nouveau registre, ne feront pas l’objet d’une surveillance pru- dentielle, bien qu’ils aient l’obli- gation de respecter les règles de comportement prévues par la LSFin (voir 2. Obligations de la LSFin ci-dessous). 1.3. Conditions d’autorisation FINMA pour GFE et Trustees S’agissant des conditions d’auto- risation FINMA pour GFE et Trus- tees, la LEFin les définissait déjà dans les grandes lignes, à savoir principalement une organisation adéquate, des garanties finan- cières, la garantie d’une activité irréprochable et l’affiliation à un organe de médiation. Le P-OEFin apporte certains éclaircissements s’agissant de ces exigences. Organisation adéquate Les GFE et les Trustees devront s’organiser de manière à pouvoir remplir leurs obligations légales. Le P-OEFin précise néanmoins que leur organisation pourra et devra être adaptée notamment 1. Autorisation FINMA pour GFE et Trustees 1.1. Acteurs concernés par la nouvelle autorisation FINMA pour GFE et Trustees prévue par la LEFin En premier lieu, ce sont les GFE qui sont concernés par cette nouvelle autorisation FINMA. La LEFin n’utilise pas les termes GFE, ni d’ailleurs GFI, mais les nomme « Gestionnaire de Fortune »1 et les qualifie de la façon suivante : « Est réputé Gestionnaire de For- tune quiconque peut, sur la base d’un mandat, disposer à titre professionnel, au nom et pour le compte de clients, de leurs valeurs patrimoniales »2 . Ainsi, si un GFE dispose d’un pouvoir de disposition sur les valeurs patrimoniales de ses clients, la LEFin lui est appli- cable. A contrario, par exemple, la société qui fait du conseil en placement mais qui ne peut pas disposer des valeurs patrimo- niales de ses clients, notamment si elle ne bénéficie pas d’un pou- voir sur les comptes bancaires de ces derniers, ne devrait en prin- cipe pas être soumise à autorisa- tion de la FINMA. Si cette société se limite ainsi à du pur conseil en placement, elle devra néan- moins respecter les règles de comportement de la LSFin dont notamment l’obligation d’obte- nir l’inscription de ses conseil- lers (personnes physiques) au registre des conseillers à la clientèle (voir 1.2. Registre des conseillers à la clientèle ci-des- sous). En deuxième lieu, les Trustees devront obtenir une autorisation FINMA. Ils sont définis comme suit : « quiconque gère, sur la base de l’acte constitutif d’un trust, à titre professionnel, un patrimoine distinct ou en dis- pose en faveur d’un bénéficiaire ou dans un but déterminé ». 1.2. Registre des conseillers à la clientèle S’agissant des sociétés qui four- nissent des services financiers ou des instruments financiers, mais qui ne sont pas soumises à autori- sation de la FINMA selon la LEFin, elles auront tout de même l’obli- gation de respecter les règles de la LSFin. Il s’agit par exemple des conseillers en placement ou des distributeurs de produits finan- ciers, comme notamment les actuels distributeurs de place- ments collectifs. Ces sociétés devront par exemple obtenir l’inscription de leurs conseillers à la clientèle3 au