Point de Mire was established in 1995 in Geneva as an independent financial print media targeted at the decision makers within the Swiss and international financial sector. Under my leadership as the editor in chief it expanded into new fields such as Blockchain, Crowdfunding, Fintech, and Smart Contracts.
4. 4 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 –
Portrait (➥ suite de la page 1) Claude-Alain Margelisch, Swissbanking, Bâle
des récentes turbulences écono-
miques en Turquie. La Suisse ins-
pire confiance aux investisseurs,
qui y amènent leur argent.
PdM : Toujours par rapport à vos
réflexions antérieures, vous aviez
activement participé à la consul-
tation de la LSFin et de la LEFin.
Aujourd’hui, comment voyez-vous
les résultats de cette consultation ?
C-A.M. : Avec les autres branches
de la place financière, nous avons
soutenu d’emblée une protection
moderne et efficace des inves-
tisseurs, qui soit compatible avec
la pratique et qui s’articule sur la
responsabilité du client dans sa
décision d’investissement. C’est
bien ce qu’offrent désormais la
LSFin et la LEFin : elles regroupent
de manière synthétique les droits
des clients et accroissent la trans-
parence pour ces derniers. Elles
prévoient en outre une obligation
générale de publier un prospectus.
Et enfin, les prestataires de services
financiers bénéficient d’une sécu-
rité juridique et d’une prévisibilité
accrues. De surcroît, il était particu-
lièrement important d’assujettir les
gérants de fortune indépendants à
une surveillance appropriée. Je sou-
ligne au passage que nous avons
eu un dialogue très constructif avec
leurs associations respectives pen-
dant toute la procédure législative.
Ces nouvelles lois sont donc béné-
fiques pour tous.
PdM : Les effets potentiellement
négatifs de la réglementation
croissante de 2015 sur la Conven-
tion de diligence des banques
(CDB) ont également été évo-
qués. Comment voyez-vous cette
thématique aujourd’hui ?
C-A.M. : Ces effets potentielle-
ment négatifs sont toujours d’ac-
tualité. Nous devons les pallier,
éviter tout Swiss Finish et veiller
à ce que la réglementation soit
pragmatique et efficace. La CDB
20, qui entrera en vigueur en
2020, vient d’être adoptée. Elle
comble les premières lacunes
identifiées en 2016 par le GAFI
(Groupe d’action financière) et
met en œuvre les recommanda-
tions de ce dernier. Ce qui m’in-
cite à l’optimisme, c’est que le
Conseil fédéral et diverses autori-
tés ont l’intention de réduire les
contraintes administratives liées
à la réglementation pour amélio-
rer la compétitivité de notre place
financière, ceci bien entendu sans
diminuer l’efficacité du dispositif
réglementaire. J’en attends beau-
coup et je les prends au mot.
PdM : Vous aviez observé que
l’idée de la banque universelle
avait été mise à mal par la crise
de 2008. Maintenant, dix ans
plus tard, où en est-on ?
C-A.M. : Le système de banque uni-
verselle a survécu à la crise finan-
cière. La réduction du nombre de
banques au cours des dernières
années n’est pas due à un recul des
banques universelles. En revanche,
j’observe une tendance évidente
à la concentration sur certaines
prestations et certains segments de
clientèle. Celle-ci résulte principale-
ment de la densité réglementaire
croissante et de ses conséquences
en termes de coûts. La numérisa-
tion quant à elle conditionne la
réponse à la question du partage
des tâches, autrement dit : « que
vaut-il mieux faire moi-même » et
« quel est mon gain d’efficience si
j’achète telle prestation à autrui ou
si je coopère avec une entreprise
Fintech ? » Clairement, on a ten-
dance à penser aujourd’hui que les
banques n’ont plus à assurer toute
la création de valeur en interne.
PdM : A l’époque l’ASB s’inves-
tissait en faveur de l’accès des
acteurs suisses aux marchés euro-
péens et internationaux dans
le cadre de l’OCDE suite aux
attaques contre la Suisse ? Com-
ment interprétez-vous alors la
reconnaissance limitée à un an
des bourses suisses par l’Union
Européenne ?
C-A.M. : La reconnaissance limi-
tée de l’équivalence boursière
par la Commission européenne,
due à des considérations poli-
tiques, est incompréhensible et
elle est source d’insécurité pour
tous les acteurs du marché, que
ce soit en Suisse et au sein de
l’Union européenne (UE). L’UE
est de loin notre principal parte-
naire commercial. Tant la Suisse
que l’UE ont tout à gagner à
inscrire leurs relations dans un
cadre réglementaire fiable et
stable, afin que la voie bilatérale
puisse être poursuivie et l’accès
au marché amélioré. C’est pour-
quoi l’ASB soutient le Conseil
fédéral, qui cherche résolument
à obtenir une reconnaissance de
l’équivalence boursière sans limi-
tation dans le temps et est prêt,
au besoin, à prendre les mesures
nécessaires pour protéger l’in-
frastructure boursière suisse.
PdM : Nous vous avions égale-
ment demandé si la citation de
George Koukis, fondateur de la
société Temenos : « En Suisse, l’in-
Les années 2016, 2017 et 2018 ont
marqué un nouveau début pour
pratiquement tous les acteurs de
la finance helvétique. Dès lors,
les professionnels suisses sont
confrontés à une concurrence
particulièrement redoutable. Les
nouvelles technologies, telles
que la Blockchain et surtout
les approches novatrices, celle
notamment des Fintech, rendent
leur situation encore plus délicate.
Selon certains, c’est là une grande
menace pour la finance tradition-
nelle. Pour d’autres, l’excitation
autour des Fintech va se dissiper,
car ces technologies restent des
outils sous l’entière maîtrise des
professionnels. A l’aube d’une
année nouvelle, Point de Mire se
réjouit d’ouvrir, une fois encore,
ses colonnes à Claude-Alain Mar-
gelisch, sans doute l’observateur
le mieux positionné de la finance
helvétique. Pour la 75e
édition
de Point de Mire, il a bien voulu
nous faire part de ses réflexions à
propos de la situation actuelle et
des nouveaux défis de notre place
financière pour 2019 et à l’horizon
de ces cinq prochaines années.
Ecoutons-le !
Point de Mire : Quels sont les
principaux changements inter-
venus dans la finance helvétique
durant ces trois dernières années,
autrement dit depuis votre inter-
view dans le numéro 61 de notre
revue lequel commémorait les 20
ans de Point de Mire ?
Claude-Alain Margelisch : Depuis
2015, le secteur bancaire suisse
a connu de profonds change-
ments. Tout d’abord dans le
domaine réglementaire avec la
concrétisation de la Loi fédé-
rale sur les services financiers
(LSFin) et celle sur les établisse-
ments financiers (LEFin). Ce pro-
jet nous a fortement mobilisé
avec le reste de l’industrie finan-
cière. A l’échelon international,
je citerai la mise en œuvre de
l’échange automatique de ren-
seignements pour se mettre en
conformité avec les standards
internationaux de l’OCDE. En
outre, nous constatons qu’une
vague de protectionnisme dans
les échanges internationaux pèse
de plus en plus lourdement sur
les conditions d’accès au marché,
d’une importance stratégique
pour le secteur bancaire suisse.
Enfin et je pense que c’est là le
changement le plus important,
la phase d’industrialisation qui a
débuté avec la numérisation et
qui est en train de révolutionner
l’activité bancaire.
A la vue de ces défis, je note avec
satisfaction que le secteur ban-
caire suisse n’a pas diminué d’im-
portance mais qu’il a au contraire
encore progressé pendant ces
trois dernières années : avec CHF
7300 milliards d’avoirs sous ges-
tion, la Suisse reste leader mon-
dial en la matière et a retrouvé le
niveau d’avant la crise financière.
Elle a même renforcé sa position
dans le domaine de la gestion de
patrimoines internationale et se
place toujours largement devant
Singapour et Hong-Kong. C’est la
preuve que les facteurs de succès
de notre place financière restent
toujours d’actualité.
PdM : Vous aviez à l’époque
parlé des intérêts négatifs, de la
position de la Banque nationale
suisse (BNS) et vous aviez égale-
ment évoqué l’attitude du sec-
teur bancaire privé. Qu’est-ce qui
a changé depuis lors ?
C-A.M. : Comme je l’avais indiqué
en 2015, la politique en matière
de taux d’intérêt incombe à la
Banque nationale suisse. Mes pré-
dictions quant à l’impact de cette
situation sur le secteur bancaire
privé se sont révélées exactes : les
banques sont confrontées à une
érosion constante de leurs marges
dans le domaine des opérations
d’intérêts. Les paiements effec-
tués au titre des intérêts néga-
tifs ont culminé en 2017 à CHF
2 milliards. Sans ces paiements,
le secteur bancaire aurait enre-
gistré un bénéfice annuel supé-
rieur de 20%. Tout cela nourrit
la tendance à la consolidation. Le
nombre d’établissements a encore
baissé cette année. Un fait positif
mérite toutefois d’être souligné :
les banques existantes, dans leur
grande majorité, ont retrouvé le
chemin de la croissance.
PdM : Une autre inquiétude était
celle de l’appréciation du franc
suisse, liée aux intérêts néga-
tifs. Maintenant, si les intérêts
restent négatifs, notre devise
s’est affaiblie. Qu’est-ce que cela
vous inspire ?
C-A.M. : Cet affaiblissement tem-
poraire est notamment profi-
table pour le secteur d’exporta-
tion. Mais cela ne doit pas nous
faire oublier que le franc reste
fort et que la Suisse est toujours
considérée comme refuge. Cette
réputation perdure, comme le
souligne la montée en flèche de
notre monnaie nationale lors
7. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 7
Banques étrangères et place financière suisse
résident pour la plupart – la ques-
tion de l’accès au marché reste
primordiale. Les relations bila-
térales avec l’UE ne permettent
pas de s’attendre à une résolu-
tion rapide bien que des ouver-
tures ponctuelles émergent.
Ainsi, grâce à un accord bilatéral
avec l’Allemagne, les banques en
Suisse peuvent entrer en relation
avec leurs clients. Les négocia-
tions en cours avec d’autres pays
visent des solutions semblables –
hors accord global avec l’UE.
En même temps, les groupes
bancaires internationaux tâchent
de s’adapter à la situation afin
de suivre leurs clients et de leur
offrir les services recherchés.
C’est dans ce contexte que la
prestation de services internatio-
naux par le biais du réseau glo-
bal du groupe bancaire prend
toute son importance. Il ne s’agit
plus exclusivement de la rela-
tion entre le client à l’étranger
et la banque en Suisse, mais de
la coordination des transactions
au sein du groupe bancaire qui
se passe au niveau international.
Ainsi les groupes bancaires
internationaux élargissent la
gamme de leurs services en
Suisse pour y inclure des presta-
tions de banque d’entreprise et
d’investissement par exemple.
Ce n’est pas l’exécution de la
transaction toute entière qui a
lieu en Suisse, mais son initia-
tion, parce que le client entre-
tient la relation avec la banque
dans notre pays. C’est la banque
à son tour qui assure l’exécu-
tion sur le plan international et
en ayant recours à son réseau
global. Cette procédure facilite
l’interaction au client et évite
d'éventuelles restrictions d’ac-
cès au marché car l’entité ban-
caire dûment autorisée s’active
dans la juridiction où la presta-
tion a lieu.
Cette organisation de groupe
ne convient pas exclusivement
aux clients de gestion privée,
mais tout autant aux entre-
prises – suisses avec voilure
internationale ou internatio-
nales avec présence helvétique
– car elles sont accompagnées
pour leur trésorerie par des
spécialistes qui se trouvent en
Suisse, connaissent le cadre juri-
dique, parlent la langue et sont
proches géographiquement.
Ces spécialistes assurent à leur
tour l’exécution des transac-
tions dans le respect des règles
locales. Grâce à ce réseau une
entreprise suisse avec des sites
de production dans le monde
entier peut coordonner à partir
de la Suisse le financement d’in-
vestissements sur ses implan-
tations à l'étranger ou gérer
la trésorerie de ses différents
sites à partir d'un seul centre
financier. Les postes de travail
à haute valeur ajoutée peuvent
rester proches du siège, du
centre décisionnel, en Suisse.
Il va de soi que cette structure
organisationnelle n’est pas à
la portée de tous et ne résout
pas tous les défis dans la pres-
tation de services financiers.
Toutefois, la prestation trans-
frontalière sans établissement
stable dans le pays de destina-
tion est sujette à toujours plus
de contraintes. Les accords de
libre prestation de services ne
se matérialisent que difficile-
ment, voire pas du tout. Les
règles d’accès diffèrent de pays
en pays et sont accompagnées
d’exigences de transparence et
d’information particulièrement
complexes. Pour répondre à ces
difficultés la Suisse a continuel-
lement aligné sa réglementa-
tion aux standards européens
– dans l’espoir d’une reconnais-
sance d’équivalence et un éven-
tuel droit d’accès au marché.
En parallèle la Suisse exploite
la voie de la négociation d’ac-
cords bilatéraux ou des dialo-
gues financiers avec des pays
émergents comme la Chine,
l’Inde ou le Brésil. Elle souhaite
par ce biais établir des relations
privilégiées avec ces économies
vis-à-vis desquelles elle pourra
jouer son rôle d’intermédiaire
en tant que partenaire.
Relever les défis à
l’intérieur
Au-delà des nombreux défis
extérieurs, la Suisse est en train
d’adopter des mesures en son
propre sein pour améliorer les
conditions cadre et pour atti-
rer des acteurs de l’étranger.
Notamment lorsqu’il s’agit des
secteurs de niche, des services
bancaires novateurs, la Suisse
a de bonnes cartes à jouer. La
FINMA et le gouvernement sont
en train d’ouvrir cette piste en
poursuivant différentes initia-
tives.
Une révision de l’Ordonnance
sur les banques redéfinit le
régime de la récolte d’argent
du public et a défini des excep-
tions dans le cas où la récolte
est faite par une entreprise
start-up pour son propre
compte et au vu d’un but d’in-
vestissement clairement défini
auparavant. La révision vise à
créer un cadre favorable à l’in-
novation et contribuera à gar-
der en Suisse des start-up ou
spin-offs des Technoparks uni-
versitaires en Suisse.
En même temps la FINMA défi-
nit ses exigences vis-à-vis des
Initial Coin Offerings (ICOs) :
elle privilégie une approche
cas-par-cas ce qui lui permet
d’offrir le maximum de flexi-
bilité et de laisser une ample
marge à l’innovation. L’évalua-
tion individuelle de chaque cas
et la décision de son assujettis-
sement ou non à la surveillance
prudentielle doit contribuer à
un environnement dans lequel
l’innovation a de la place et
à l’émergence d’un centre de
compétences en la matière.
La révision de la Circulaire sur
l’identification en ligne va, elle
aussi, dans la direction de la
facilitation et la modernisation
des procédures – désormais la
procédure d’identification du
cocontractant est accélérée et
possible sans contact. Aussi le
versement initial sur le compte
peut venir d’un compte ban-
caire tenu à l'étranger. Deux
mesures qui rendent plus acces-
sible le service à la clientèle
internationale.
La FINMA accompagne très
attentivement les nouveaux
acteurs sur les marchés finan-
ciers. Elle veut donner la liberté
à l’innovation tout en sauve-
gardant la stabilité et en assu-
rant l’entière protection des
investisseurs. Plutôt que de
réglementer dans les moindres
détails de l’activité des start-up
et sociétés Fintech, elle propose
une approche concentrée sur la
finalité de leur activité.
La Suisse reste une place inté-
ressante pour la présence de
banques et autres sociétés finan-
cières avec des activités inter-
nationales. Il va de soi que la
stabilité et la sécurité juridique
sont des atouts indéniables,
tout comme l’indépendance, le
poids économique et le réseau
étendu de conventions contre
la double imposition. Le suc-
cès du secteur financier réside
dans sa diversité – la gestion de
fortunes privées, au centre de
l’attention pendant de longues
années, ne constitue qu’une
parmi plusieurs activités et ce
n’est que l’ensemble de toutes
ces activités, qui englobent les
services aux entreprises interna-
tionales, aux gestionnaires de
fortune tout comme aux clients
fortunés, qui rend la place aussi
unique qu’elle ne l’est. Le succès
repose ainsi sur une diversité de
facteurs qui ne déploient leurs
effets que par un effort com-
mun.
La place financière suisse reste fidèle à sa tradition : depuis plu-
sieurs siècles elle accueille des établissements financiers qui pour-
suivent les activités les plus variées. Ainsi les Médicis furent les pre-
miers banquiers à s’installer en Suisse – à Genève en 1405 – pour
être présents sur une des places de marché les plus importantes
en Europe. Dans la continuité des banques françaises s’établirent
en Suisse dès le XIXe
siècle, toujours pour l’activité de finance-
ment et plus tard, suivies de banques allemandes et japonaises,
pour l’activité d’émission d’emprunts, à Zurich cette fois-ci. Ce
n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale que l’activité de la
gestion de fortunes privées prit l’essor que nous lui connaissons
aujourd’hui – au cœur de l’Europe en pleine croissance la Suisse
offrit un havre de paix et de stabilité pendant toute la période
de la guerre froide. Stabilité politique et sociale certes, mais sta-
bilité financière aussi. C’est pendant ce temps que les activités de
financement du négoce en matières premières et de gestion des
liquidités pour sociétés multinationales se développèrent – l’une
suite à l’émergence d’un cluster dans la région lémanique, l’autre
en réponse à une forte demande de la part de sociétés multi-
nationales de plus en plus nombreuses à installer leurs centres
financiers dans notre pays.
8. 1816 | G E N È V E . Z Ü R I C H . L A U S A N N E . PA R I S . LY O N . A N N E C Y. D U B A Ï . H O N G K O N G | B C G E . C H
UNE BANQUE
QUI SE BAT POUR
LES ENTREPRISES.
Aux côtés des entrepreneurs,
avec constance, technicité et créativité.
• Financement de l’investissement
• Gestion de la trésorerie et des changes
• Global commodity finance
• Fusions et acquisitions
• Private equity
Rouge = C: 0 - M: 100 - J: 90 - N: 0
BCGE The Swiss Bank of Geneva_positif.eps
Noir = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 100
Blanc = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 0
Gris = C: 0 - M: 0 - J: 0 - N: 50
CI/LUT/CH/F/090217|ALTERNATIVE.CH
9. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 9
aspects économiques et financiers
tendance à dire que c’est la base.
Pourtant, encore aujourd’hui,
aucune école n’apprend réelle-
ment ni le métier de chargé de
relations ni de conseiller finan-
cier. À la technicité il est temps
d’ajouter plus d’humanité. Pour
ce changement de paradigme,
c’est l’organisation de la struc-
ture et l’adoption du bon outil
informatique qui seront détermi-
nants.
Positionner placements
sur tendances lourdes
La transition énergétique reste
la panacée. Même si l’impro-
bable rechute du prix du pétrole
qui s’est produite depuis l’été,
contre toutes attentes, n’est pas
là pour encourager le passage
aux énergies propres. Comme
toujours, l’or noir est mani-
pulé et son cours dépend aussi
beaucoup de la géopolitique.
Les bruits de bottes aux portes
de l’Ukraine font penser qu’un
prix du pétrole, à nouveau, au
plancher ne fait pas l’affaire du
grand extracteur qu’est la Russie
impérialiste de Poutine. L’indus-
trie du solaire en est particuliè-
rement une victime collatérale.
Ceci après avoir déjà particuliè-
rement souffert des taxes pro-
tectionnistes sur l’acier et du
dumping chinois. Pour autant,
la tendance reste d’avenir, tout
comme l’approvisionnement de
l’eau et son traitement. Derniè-
rement, le professeur et auteur
français Nicolas Klein, spécia-
liste de l’Espagne, nous appre-
nait que ce pays perdait chaque
année 25% de son eau potable
en raison du manque d’investis-
sement dans ses infrastructures.
Le français Suez Environnement
est notre préféré du secteur.
D’autre part, nous identifions
deux autres trends sur lesquels
il s’agit de se positionner. En
premier lieu, il est question des
services et des financements
liés à l’accompagnement et au
maintien à domicile des gens du
troisième et du quatrième âge.
Ensuite, tout l’environnement du
travail à distance qui ne va ces-
ser de se développer. Exemples,
les espaces comme les bureaux
partagés mais aussi toute la
bureautique et l’informatique
embarqués. L’entreprise suisse
Logitech est intéressante sur ce
plan, bien que chère en bourse
actuellement. C’est un constat,
le monde du travail mute et le
travail à domicile ou en exté-
rieur augmente. La mobilité et la
réduction des coûts l’expliquent.
Dans le secteur du cryptage
et de la sécurité des données,
l’autre suisse, Kudelski, semble
être un achat. Ceci d’autant plus
après les déconvenues coûteuses
en réorganisation et délocalisa-
tion vécues cette année. On le
voit, les opportunités d’investis-
sements en 2019 ne manqueront
pas.
Chronique financière
La politique demeure une
constante
n François MEYLAN, Conseiller financier et Directeur, Meylan Finance Sàrl, Lausanne
Cet exercice qui s’écoule nous le rappelle, avec une certaine violence, on
aurait tort d’omettre quelques paramètres politiques. Tant le vote surprise
de droite extrême en Italie ce printemps que la guerre commerciale voulue
par le président Trump, en passant par la crise des gilets jaunes en France le
démontrent : les préoccupations premières de la population sont la sécurité
et le pouvoir d’achat. C’est incontournable. Chaque fois que le politique ne
l’entend pas ou que la perception évolue négativement, on part électoralement
dans les extrêmes. Et ce n’est pas le « Black Friday » - autre fête commerciale,
avec Halloween, elle aussi importée des États-Unis - qui fera passer la pilule.
Pour sa part, tout détestable qu’il
est, Donald Trump remplit son
mandat vis-à-vis de ses électeurs
qui voulaient plus de sécurité et
plus d’emplois. À mi-mandat, on
peut, sans risque, évoquer une
réélection. Par ailleurs, le monde
a fini par s’accommoder de sa
conduite des affaires par le biais
de Twitter. Le grand vainqueur
de l’ère Trump est sans conteste
le complexe militaro-industriel.
Le perdant étant, malheureuse-
ment, la diplomatie.
Europe : les démons
nationalistes reviennent
Retour sur le Vieux Continent, la
résurgence du nationalisme est
inquiétante. Bien plus grave que
les relents à la hongroise, la crise
catalane s’est détériorée tout au
long de l’année et fait resurgir en
Europe le suprémacisme, la mani-
pulation des masses, l’établis-
sement de listes d’opposants à
l’indépendance, une police poli-
tique et des groupes de citoyens
auto-proclamés Comités de
défense de la République (CDR)
qui n’hésitent pas à se mettre
hors la loi. Le continent aurait
tort de regarder ailleurs.
Dans cette constellation, j’ai tout
récemment été reçu par la dépu-
tée européenne basque espa-
gnole Maite Pagazaurtunda, qui a
vécu pendant 13 ans sous escorte
policière, menacée de mort par le
groupe séparatiste basque ETA et
dont le frère a été assassiné.
De son rapport présenté au
Parlement, à Bruxelles, il res-
sort que tant l’ETA, Daesh ou
l’appareil séparatiste catalan
se construisent de la même
manière : 1) Falsification gros-
sière de l’histoire ; 2) Établisse-
ment de la communauté en tant
que victime historique parfaite ;
3) Revendiquer une seule iden-
tité communautaire considérée
comme naturelle et essentielle ;
4) Un seul discours sur la natio-
nalité est accepté ; 5) Le langage
politique devient instrumenta-
lisé. Si ces cinq conditions sont
remplies, intervient alors l’usage
de la violence et l’agresseur
apparaît comme victime. La vraie
victime, quant-à-elle, est stigma-
tisée. Nous voici prévenus.
Une place financière
toujours mise au défi
Force est de constater qu’après
une quinzaine d’années de régu-
lations exponentielles, notre
place financière a troqué son
exotisme contre le protocole et
des lourdeurs administratives à
n’en plus finir. Plus que jamais,
ses acteurs doivent déceler des
synergies, la simplicité d’action et
déceler de nouveaux besoins. On
pensera notamment aux presta-
tions de conseils au profit d’une
clientèle vieillissante - ce que
certains appellent la Silver éco-
nomie. La personnalisation de la
relation clientèle et une qualité
de service constante démarque-
ront ainsi les meilleurs. On aurait
Meylan Finance Sàrl, société
de conseil patrimonial et de
gestion de fortune, établie
à Lausanne, a été fondée en
2011 par François Meylan qui
est actif dans la promotion
d’un libéralisme humaniste.
Meylan Finance Sàrl qui four-
nit une large palette de pres-
tations allant du placement de
capitaux à l’exécution testa-
mentaire, se spécialise dans la
finance durable et dans l’acti-
visme actionnarial en partici-
pant aux assemblées générales
d’actionnaires, entre autres.
10. 10 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 –
Ingénierie patrimoniale et gestion d’actifs
Contrairement à
l’époque de la bulle
Internet, les bénéfices
restent cohérents avec
les cours boursiers
Lors du boom technologique
de la fin des années 1990 qui a
atteint son apogée début 2000,
les cours boursiers des sociétés
du web ont dépassé leur poten-
tiel bénéficiaire, si bien que les
valorisations se sont retrouvées à
des niveaux intenables. Ce n’est
pas le cas cette fois-ci. Bien que
certaines sociétés comme Face-
book et Amazon affichent une
certaine prudence dans leurs der-
nières prévisions de résultats, les
bénéfices des sociétés technolo-
giques sont globalement plus en
ligne avec leurs cours boursiers.
Certains géants technologiques
ont tiré les leçons des erreurs
commises par de grosses socié-
tés durant la bulle Internet.
Aujourd’hui, ils consacrent infi-
niment plus d’énergie à pérenni-
ser leurs technologies, mais aussi
leurs modèles économiques.
Sommes-nous en train
d’assister à la formation
d’une bulle technologique ?
n Fabian WALL MEIER, Directeur Institutionnel, Suisse, et Michael STADELMANN, Directeur associé Institutionnel, Suisse
Alors que les valeurs technologiques ont récemment fait vaciller les marchés,
rappelant la bulle Internet au début des années 2000, nous estimons que le
boom technologique actuel n’a rien à voir avec cette dernière. Pour répondre
d’emblée à l’interrogation en titre et qui préoccupe depuis quelques semaines
beaucoup d’investisseurs, nous comparons les deux périodes et identifions cer-
taines caractéristiques qui nous incitent à porter un regard optimiste sur ce
secteur à long terme.
Note :
1. Au 30 septembre 2018. Les sociétés de Capital Group gèrent des actions par le biais de trois groupes d’investissement qui décident en toute indépendance de leurs investissements
et de leurs votes. Les professionnels de l’investissement obligataire assurent la recherche et la gestion d’actifs obligataires par le biais de Capital Group. Pour ce qui concerne les
titres apparentés à des titres de participation, ils agissent uniquement pour le compte de l’un des trois groupes d’investissement en actions. Source: Capital Group.
Capital Group a été créé en
1931 aux États-Unis, et a
ouvert son premier bureau
hors du territoire américain à
Genève, en 1962. Depuis plus
de 50 ans, nos collaborateurs
de ce siège œuvrent pour la
solidité et la stabilité de notre
activité en Suisse.
Depuis 1986, nous gérons
des actifs pour nos clients
institutionnels suisses. Et
aujourd’hui, nous gérons
plus de 1'800 milliards USD1
d’actifs dans le cadre de nos
solutions de gestion active
pour le compte d’une clien-
tèle mondiale. Nous comptons
150 collaborateurs1
en Suisse,
et avons ouvert une antenne
commerciale à Zurich en 2013.
–5
0
5
10
15
20
25
30
35 %
1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Tech en % des bénéfices
des sociétés du S&P 500
Tech en % de la cap. boursière
des sociétés du S&P 500
Récessions
Contrairement à l’époque de la bulle Internet,
les bénéfices restent cohérents avec les cours
Les performances passées ne présagent pas des résultats futurs.
Sources : FactSet, Standard & Poor’s, au 30/09/18. Bénéfices basés sur des chiffres en USD.
À titre d’illustration uniquement.
Sources : FactSet, Standard & Poor’s. Résultats prospectifs à 12 mois au 31/10/18, fournis par FactSet. PER basé sur des chiffres en USD.
15,3x 15,4x 18,1x
22,4x 22,7x
60,0x
72,5x
S&P 500 Apple Facebook Microsoft Alphabet Amazon Netflix
PER prospectif
12. 12 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 –
Prévoyance professionnelle : de nouveaux acteurs
conformité avec la loi. En effet, alors
que la loi limite le nombre de stra-
tégies de placement à dix, les offres
« multibanques » engendrent à la
fois complexité et confusion : à long
terme, l’assuré a-t-il la certitude que
ses stratégies respecteront toujours
le cadre légal ?
PdM : Cette approche personna-
lisée est-elle adaptée en cas de
mauvaise conjoncture ?
P.Z. : Elle est non seulement adap-
tée, mais c’est, nous en sommes
convaincus, la meilleure solution
pour faire face non seulement aux
aléas de l’économie, mais aussi à la
pression démographique. On le voit
d’ailleurs : les caisses de pension col-
lectives classiques réduisent entre
autres le taux de conversion de la
partie surobligatoire. Et celui de la
prévoyance obligatoire est en sursis
politique. En fin de compte, l’en-
semble des assurés doit assumer les
choix collectifs du conseil de fonda-
tion, ainsi que les choix politiques.
Dans un système de prévoyance
personnalisée, tel que les plans Bel-
Etage et 1e
, chaque assuré assume
seul ses choix, ses stratégies, et en
récolte les fruits. Nous dirons qu’à la
différence de la concurrence, notre
réactivité, notre approche person-
nalisée et notre grande expérience
permettront plus aisément à l’assuré
de prendre les décisions qui lui cor-
respondent. En particulier lorsque le
contexte est délicat, comme c’est le
cas aujourd’hui.
Propos recueillis par Jean-Pierre
Michellod, Directeur de la publication
Prévoyance des cadres :
Comment s’y retrouver dans la
soudaine abondance des plans 1e
?
Depuis plus d’un an, le marché des plans de prévoyance pour cadres dits « 1e
»
connaît un véritable essor. En cause, les récents changements législatifs (notamment
l’article 17 LFLP), qui renforcent la responsabilité individuelle dans la prévoyance
surobligatoire. Concrètement, étant donné que les assurés toucheront la totalité de
la plus-value lors de leur départ de la caisse de pension, ils doivent de ce fait assumer
aussi les pertes liées à leurs investissements. A l’origine, les plans 1e
sont nés d'insti-
tutions spécialisées pionnières telles que PensExpert SA, aujourd’hui leader sur le
marché suisse des solutions de prévoyance individualisées.
valeur ajoutée d’un accompagne-
ment humain et personnalisé ? Si
le 1e
est porteur aujourd’hui pour
les grands groupes (banques, assu-
rances) pour les raisons que nous
avons évoquées, qu’en sera-t-il
demain, lorsque le contexte aura
changé et qu’une autre solution
aura fait son apparition ?
PdM : Vous évoquez le conseil :
quelle est donc la valeur ajoutée
de PensExpert ?
P.Z. : Le conseil sur mesure est pour
nous primordial à tous les échelons
delaplanificationdelaretraite,dèsla
première rencontre. La préparation
delafindecarrièreestunedémarche
préoccupante et fondamentale, qui
demande une relation de confiance
à long terme, un suivi de proximité
et une grande réactivité. Nous pre-
nons alors le temps de connaître la
situation professionnelle, familiale et
financière de chaque personne que
nous rencontrons. Une fois un bilan
établi, nous explorons avec le client
les différentes options. Ai-je suffi-
samment cotisé dans mon 2e
pilier ?
Dois-je effectuer un rachat ? Com-
ment mettre en place une retraite
partielle ? En tant que propriétaire
de ma maison, existe-t-il des solu-
tions adaptées pour ma prévoyance ?
Enfin, la situation et la propension
au risque détermineront les straté-
gies d’investissement à mettre en
place. Pour cela, nous nous entou-
rons depuis toujours de partenaires
bancaires triés sur le volet et qui
partagent nos valeurs. L’assuré qui le
souhaite a l’opportunité de rencon-
trer les représentants de nos parte-
naires afin d’évaluer celui avec qui il
s’engagera.
J’ajoute que cette manière de pro-
céder est non seulement transpa-
rente, mais garantit, qui plus est, la
C’est à ce thème, justement, que
la Direction lausannoise de cette
société lucernoise, qui a fait sa
réputation sur la qualité de son
conseil et de ses offres, a consacré
une grande partie de sa tradition-
nelle « Conférence annuelle sur la
prévoyance » qui s’est déroulée
dans la capitale vaudoise, à l’hô-
tel Lausanne-Palace, le 4 octobre
dernier.
En marge de cette manifesta-
tion et pour en savoir plus, nous
sommes allés à la rencontre de
Pasquale Zarra, Directeur pour
la Suisse romande de PensExpert
SA. Ce fut l’occasion aussi de reve-
nir sur le développement de cette
société pionnière dans le monde
de la prévoyance surobligatoire et
de sa stratégie pour faire face aux
aléas conjoncturels et aux incer-
titudes liées à l’avenir de la pré-
voyance en Suisse.
Ecoutons-le !
Point de Mire : Que pensez-vous
de l’arrivée de nouveaux acteurs
sur le marché de la prévoyance
surobligatoire ?
Pasquale Zarra : Je suis convaincu
que la concurrence est bénéfique
pour les assurés et, dans ce sens,
j’apprécie l’arrivée de nouveaux
intervenants sur ce marché. Mais
évidemment, qui dit concurrence,
dit augmentation de l’offre et donc
des difficultés à cerner le bon grain
de l’ivraie. Aujourd’hui, nous obser-
vons une arrivée significative sur ce
marché d’établissements bancaires
traditionnels, qui proposent des
solutions à des coûts défiant toute
concurrence. Cette pression sur les
prix n’est pas néfaste en soi. Mais
elle devrait inciter le consommateur
à se poser la bonne question : « Quel
service va-t-on me proposer au prix
affiché ? »
PdM : Pourquoi assiste-t-on à
un tel engouement des acteurs
financiers pour ces plans 1e
?
P.Z. : L’assouplissement de la loi, en
octobre 2017, a évidemment été
un déclencheur. Les banques, en
particulier celles qui proposent des
services de Private Banking, visent
une clientèle à haut revenu, qui
apprécie de gérer sa fortune de
manière individuelle. C’est égale-
ment le profil de nos clients. Mais à
la différence d’une société comme
PensExpert qui a bâti depuis près
de vingt ans toute sa stratégie et
son identité dans la prévoyance
surobligatoire, ces établissements
bancaires n’ont pas encore d’expé-
rience dans ce secteur. Leur cœur
de métier réside dans la gestion de
patrimoine, le crédit hypothécaire,
etc. Concrètement, pour ces der-
niers, les plans 1e
ont de l’intérêt
surtout en tant que produits d’ap-
pel, de porte d’entrée vers leurs
services traditionnels. Ce n’est pas
problématique en soi, mais l’as-
suré pour qui le conseil prime sur
le coût doit être conscient que le
« prix le plus bas », quel que soit le
secteur, se fait généralement au
détriment de la qualité du service.
PdM : Cette situation est-elle
pérenne ?
P.Z. : Nous sommes dans une phase
de transition entre un marché
de niche et une industrialisation.
L’avenir nous le dira. Mais à terme,
il faudra faire des choix. Vou-
lons-nous investir nos économies
de retraites en faisant confiance à
des algorithmes ou des graphiques
ou croyons-nous encore en la
Pasquale Zarra, associé de
PensExpert SA, est le Direc-
teur de la succursale lausan-
noise depuis 2010. Il a débuté
son activité auprès du siège
de PensExpert SA à Lucerne
en 2006. Responsable du
développement du marché
Romand, titulaire du Diplôme
fédéral de gérant de caisse de
pension, il bénéficie d’une très
longue expérience auprès de
différents assureurs nationaux
et caisses de pension en Suisse.
13. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 13
Solutions de prévoyance : une expérience étrangère
d’offres de services de soins est
compensé par des solutions tech-
nologiques, avec notamment des
robots qui sont capables d’avoir
de vraies conversations avec les
humains.
Situation en Suisse
Alors que la Suisse connaît aussi
un faible taux de fécondité, 1,56
en 2017, et une espérance de vie
élevée, 83 ans, le vieillissement
de la population n’est pas aussi
problématique qu’au Japon prin-
cipalement en raison d’une poli-
tique historiquement ouverte à
l’immigration : Plus de 2,1 millions
d’étrangers vivent en Suisse, envi-
ron 25% de la population totale,
et le nombre de personnes qui
immigrent est le double du nombre
de personnes qui émigrent chaque
année. Néanmoins, la Suisse est
également confrontée au problème
du financement des retraites et
pourrait trouver une source d’ins-
piration dans la situation du Japon.
Le vieillissement de la
population au Japon, un
cauchemar démographique
n Philippe Garoflid, conseiller financier, Meylan Finance Sàrl, Lausanne
« Au Japon, il y a trois fois plus de Pampers vendus aux personnes âgées qu’aux
bébés »… Alors que cette statistique est l’une des anecdotes les plus intrigantes
sur les conséquences du vieillissement de la population, le gouvernement nip-
pon est confronté à de sérieuses inquiétudes sur la solvabilité de son régime de
retraite et la perte de recettes fiscales due à la réduction de la main-d’œuvre.
Cependant, la société japonaise s’adapte à cette nouvelle réalité qui pourrait
bientôt apparaître dans de nombreux pays occidentaux.
que les travailleurs étrangers dans
les industries manquant de person-
nel puissent facilement immigrer
et contribuer à l’économie.
Changements sociétaux
L’évolution de la démographie
affecte fortement l’économie japo-
naise avec une demande croissante
deservicespourlespersonnesâgées
et une pénurie de travailleurs. Afin
de s’adapter à ces conditions, de
nombreuses villes de campagne
s’organisent autour des besoins
des personnes âgées dans le but
qu’elles restent indépendantes. A
Toyama, une ville de 420’000 âmes,
située à 260 km de Tokyo, 88% des
habitants vivent à moins de deux
kilomètres d’un centre social. Des
camions font office de supermar-
chés mobiles et de nombreuses acti-
vités sont proposées par la munici-
palité aux personnes âgées afin que
leur vie reste active et divertissante.
Quant à celles qui sont placées dans
des maisons de retraite, le manque
Koreikashakai, la traduction pour
« population vieillissante », est un
phénomène sociétal et une crise
fortement observée et ressentie
au Japon puisque le pays compte
la plus forte proportion de per-
sonnes âgées au monde : en 2014,
un tiers de la population avait
plus de 60 ans. Cette transforma-
tion de démographie a débuté en
1979 lorsque le taux de fécondité
du pays est tombé sous le seuil de
remplacement de 2,1 enfants par
femme, et il a continué de baisser
jusqu’à 1,41 en 2017. Quant à l’es-
pérance de vie d’un citoyen japo-
nais moyen, 85 ans, c’est la plus
élevée au monde et par consé-
quent un facteur important du
vieillissement de la population.
Déséquilibre immigra-
tion – émigration
Le pays perd également une par-
tie de ses effectifs en raison du
déséquilibre entre l’émigration
qui est plus élevée que l’immi-
gration. L’insécurité économique
joue un rôle important en raison
du manque d’emplois réguliers :
environ 40% de la population
active est non régulière, et ce type
d’employés gagnent en moyenne
53% de moins que les employés
réguliers. De plus, la culture d’en-
treprise au Japon est connue pour
être intense et il y a de nombreux
cas de personnes qui travaillent
jusqu’à leur mort par épuisement.
Pour ces raisons, les étrangers
ne trouvent pas les opportunités
attrayantes et de nombreux japo-
nais partent dans l’espoir d’obte-
nir une meilleure qualité de vie
ailleurs. Le pays est aussi histori-
quement opposé à l’immigration
et les lois rendent l’obtention de
la citoyenneté difficile : seulement
2% de la population est composée
d’étrangers. Finalement, le Japon
est extrêmement strict sur l’accep-
tation des réfugiés : seulement 20
des 19’628 demandeurs d’asile ont
été acceptés en 2017.
En raison de la population vieillis-
sante et de l’émigration plus impor-
tante que l’immigration, il y a une
réduction du nombre des jeunes
et de travailleurs qui supportent la
partie de la population plus âgée,
qui, elle, est en croissante supério-
rité numérique. Le taux de dépen-
dance des personnes âgées, le
ratio de la population âgée dépen-
dante par rapport à la proportion
active, est actuellement à 40% et
devrait atteindre 80% en 2060. De
plus, la pression financière exercée
par le nombre croissant de retrai-
tés ainsi que la baisse des reve-
nus fiscaux due à la réduction de
la main-d’œuvre taxée ont pour
conséquence d’augmenter la dette
publique du Japon, qui est déjà là
plus élevé au monde (246,14% de
dette comparé au PIB).
Le gouvernement japonais se bat
contre ces problèmes de plusieurs
façons. Afin d’augmenter le taux
de fécondité, la formation de
famille est encouragée avec des
congés maternités plus long ou des
avantages fiscaux pour les parents.
Visant à augmenter la main-
d’œuvre, le gouvernement a fait
passer l’âge de la retraite de 60 à 65
ans et récompense les personnes
âgées qui continuent à travailler.
En 2015, les lois sur l'immigration
sont devenues plus flexibles afin
Conseiller chez Meylan Finance
Sàrl, Philippe Garoflid est titu-
laire d’un « Bachelor of Science
in Business Administration »
avec spécialisation en finance
et économie obtenu aux Etats-
Unis à l’Université de Miami.
Source : Japan National Institute of Population and Social-Security Research
Japon : population par tranche d’âge
■ Inférieur à 15 ■ 15-64 ■ Supérieur à 65
Historique Projeté
14. 14 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 –
Solutions de prévoyance et ingénierie patrimoniale
bale s’impose. Il faut, d’une part,
évaluer les liquidités disponibles
de l’entreprise et, d’autre part,
passer à la loupe la situation per-
sonnelle de l’entrepreneur. Trop
d’entrepreneurs n’exploitent pas
suffisamment les possibilités
offertes par leur prévoyance,
alors qu’elle offre des avan-
tages considérables. Une gestion
convergente des avoirs privés et
de prévoyance, accompagnée
d’une véritable expertise en
matière d’investissement, permet
d’accroître sa performance et de
consolider son patrimoine à l’ap-
proche de la retraite. D’où l’im-
portance d’un accompagnement
global par un banquier privé.
Ce dernier, avec sa vision consoli-
dée de la gestion du portefeuille
personnel et celle du compte
de prévoyance, va procéder aux
arbitrages pour obtenir le meil-
leur rendement global après
impôt.
Cette stratégie de placement
composée de différentes « poches
d’investissement » permettra d’al-
louer les produits en fonction de
leurs dividendes ou de leur gain
en capital avec pour objectif final,
une ventilation efficiente des
avoirs, selon leurs caractéristiques
fiscales. L’analyse de chaque silo,
fortune mobilière, immobilière
et prévoyance, permettra de les
optimiser individuellement pour
in fine, harmoniser l’ensemble du
patrimoine.
Pour ce faire, votre banquier doit
pouvoir s’appuyer sur une plate-
Une gestion convergente du
capital privé et de prévoyance
pour une meilleure performance
n Jean-Paul Stierli CIIA, Banquier Senior, Banque Lombard Odier & Cie SA, Genève
Les entrepreneurs ont l’habitude de prendre des décisions importantes pour
leur société. Leurs responsabilités les amènent à penser en premier lieu à leurs
clients et collaborateurs lorsqu’ils tranchent. Or l’expérience montre que cela
se fait régulièrement au détriment de leur patrimoine privé, et en particulier
de leur propre prévoyance. Les solutions permettant d’accroître leur patri-
moine en perspective de la retraite sont trop souvent négligées.
toute transparence dès lors que
l’entreprise a opté pour une telle
solution, du reste de plus en plus
prisée. La quote-part d’actions
maximale est de 50%, le reste
pouvant être investi en obliga-
tions, placements alternatifs et
immobiliers. Cette solution per-
met de percevoir l’intégralité
du rendement réalisé, mais fait
également porter toute la res-
ponsabilité à l’assuré en cas de
fluctuations du capital. D’ordi-
naire, l’introduction d’une telle
solution implique un potentiel
de rachat très élevé compte tenu
des années de cotisations man-
quantes pour le salaire assuré en
sus. Le rachat de ces lacunes de
prévoyance peut être déduit inté-
gralement du revenu imposable.
Si, au lieu des dividendes, l’entre-
preneur opte pour un salaire plus
élevé qui est assuré par exemple
dans le domaine surobligatoire
LPP, dans le cadre d’un plan 1e,
il peut prévoir des rachats simul-
tanés des lacunes de cotisations
sans incidence fiscale. Contrai-
rement à l’imposition partielle
des dividendes, le versement des
liquidités inutiles à l’exploitation
de l’entreprise n’est de facto pas
soumis à l’impôt. En cas d’avoirs
de libre passage disponible, il
convient de prendre en considé-
ration les possibilités de planifica-
tion en lien avec une éventuelle
cessation d’activité anticipée ou
un départ à l’étranger.
Conseil global
Pour pouvoir évaluer au cas par
cas dans quelle mesure l’optimi-
sation susmentionnée peut être
mise en œuvre, une analyse glo-
Liquidités excédentaires
au bilan
Quand les affaires sont floris-
santes, un excès de liquidités peut
se former dans la fortune commer-
ciale au fil du temps et ce d’autant
plusquel’entrepreneuratendance
à éviter de se rémunérer en divi-
dendes, qui génèrent de la fisca-
lité. Or, ces liquidités excédentaires
compliquent une future cession.
Cette problématique bien connue
dans l’univers des PME a conduit à
l’introduction en 2009 de l’imposi-
tion partielle des dividendes, dans
le cadre de la Réforme de l’impo-
sition des entreprises II. Si cette
mesure a constitué un pas dans la
bonne direction, l’attractivité de
l’imposition partielle varie forte-
ment selon les cantons. D’autant
plus que le prochain Projet Fiscal
17 semble prévoir un rétropéda-
lage sur ce point.
Salaire ou dividendes ?
Chaque entrepreneur se retrouve
confronté face à l’équation
suivante : comment bénéficier
pleinement des revenus que
l’entreprise peut offrir tout en
maîtrisant sa fiscalité privée, et
se constituer un patrimoine qui
assure le maintien de son niveau
de vie à la retraite ?
Les entrepreneurs doivent mûre-
ment réfléchir aux modalités de
versement de leur rémunéra-
tion : salaire, bonus, dividendes,
voire les trois. Ce choix est d’au-
tant plus important que l’impact
fiscal sur le revenu varie suivant
l’option retenue. Les gérants
de fortune constatent réguliè-
rement que les entrepreneurs
n’exploitent pas tout le potentiel
que leur offre leur entreprise.
Conséquence : beaucoup de so
ciétés détiennent trop de liqui-
dités dans leur bilan, des liqui-
dités inutiles à l’exploitation. En
cas de cession, les répercussions
sur la valorisation de la société
peuvent être négatives. Ainsi,
10 millions de francs de liquidi-
tés au bilan de l’entreprise ne
peuvent être valorisés qu’à hau-
teur de 7 millions de francs si une
évaluation est effectuée dans le
cadre d’une cession (en raison de
la charge fiscale différée). Focali-
sés sur la réussite de leurs affaires,
certains entrepreneurs n’ont pas
conscience que ces fonds inu-
tiles pour l’exploitation peuvent
entraîner une perte de valeur.
Bien que les versements de divi-
dendes bénéficient en principe
d’un allégement fiscal grâce à
l’imposition partielle, ils restent
imposables. On peut donc se
demander si le salaire n’est pas
la meilleure solution pour alléger
les liquidités de l’entreprise.
La prévoyance, un outil
pour accroître son
patrimoine
La prévoyance professionnelle (2e
pilier) est une solution qui offre
des possibilités de valorisation du
patrimoine considérables, aussi
bien dans la partie surobligatoire
que dans le domaine du libre
passage.
Par exemple, dans le cadre d’un
plan de prévoyance 1e
(revenus
annuels supérieurs à 126'900
francs), la stratégie d’investis-
sement pour les avoirs de pré-
voyance peut être choisie en
Jean-Paul Stierli CIIA, Senior
Vice President, est chargé de
relations pour les résidents
suisses auprès de Lombard
Odier à Genève. Sur ce mar-
ché Suisse, il développe une
approche de gestion consolidée
alliant capital de prévoyance et
fortune privée. Mathématicien
de formation, il a démarré sa
carrière en tant que trader sur
produits dérivés avant de gérer
une équipe sur le marché des
produits structurés.
15. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 15
Solutions de prévoyance et ingénierie patrimoniale
forme technologique éprouvée
afin de mettre en œuvre une poli-
tiqued’investissementconvergente
entre les différentes poches.
Performance nette
après impôt
Il est évident que le cas de
chaque entrepreneur est unique.
Dès lors, il est important d’établir
une planification financière glo-
bale afin d’identifier différents
scénarios, avec leurs avantages
et inconvénients, et de poser les
bons jalons en vue du départ en
retraite. La stratégie d’investis-
sement globale répondant aux
besoins personnels est ensuite
choisie sur cette base. Par ail-
leurs, le but est d’atteindre un
rendement net après impôt aussi
élevé que possible.
Vu la complexité de ce thème,
il est clair que seul un conseiller
expérimenté, qui se consacre au
patrimoine de la clientèle dans
sa globalité et sait à quel point
il est important de coordonner
les différents instruments de pla-
cement, est capable de définir
des solutions sur mesure pour les
actifs et le capital de prévoyance.
Plans 1e
:
attention à être en conformité avec la loi
Les modifications de l’ordonnance (OPP2) du 1er
octobre 2017 entérinaient notamment
la limitation à 10 stratégies de placement dans le cadre des plans 1e
destinés aux assu-
rés dont les revenus dépassent les 126’900 francs. Selon une approche que nous revendiquons, les ins-
titutions de prévoyance qui offrent ce type de solutions s’attachent les services de banques partenaires
spécialisées dans la gestion de fortune et triées sur le volet. En fin de compte, les investissements de
l’assuré sont gérés sur mesure par un seul partenaire. Cela lui confère une vision globale sur son porte-
feuille et une plus grande réactivité en cas de changement (conjoncture, marchés financiers, situation
personnelle, etc.). Ce modèle a de plus l’avantage de la clarté et respecte le plafond légal de dix stra-
tégies de placement par assuré.
Depuis quelque temps, le marché des solutions 1e
explose. Si une saine concurrence est évidem-
ment bénéfique pour les assurés, certains nouveaux acteurs offrent toutefois des stratégies « mul-
tibanques ». Concrètement, l’assuré a la possibilité de définir ses stratégies de placement auprès de
plusieurs partenaires. Attirante au premier abord, cette approche engendre à la foi complexité –
manque de visibilité globale, que faire en cas de changement de situation ? – et, surtout, flou légal :
en multipliant les stratégies et les partenaires, est-on sûr que la limite des dix stratégies sera respec-
tée à terme ?
Le boom que nous vivons aujourd’hui dans le marché des solutions 1e
illustre plus que jamais le réel
besoin dans notre société de flexibilité, de liberté et d’individualisation dans la gestion des avoirs
de retraite. Mais attention : cette liberté a des limites, la loi demeure très stricte. Pour une retraite
sereine, mieux vaut donc s’assurer que son institution de prévoyance y est conforme aujourd’hui.
Pour éviter de devoir repenser l’ensemble de ses stratégies demain, nous prônons un conseil person-
nalisé.
Libres propos
par Pasquale Zarra, Directeur, PensExpert SA, Lausanne
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Notre credo :
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individuellement et librement de votre stratégie de placement.
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17. Numéro 75 – Hiver 2018-2019 – 17
Aspects juridiques et réglementaires
de qualité, comme on le fait pour
une AOC, Appellation d’origine
contrôlée. La loi devient ainsi une
opportunité de mettre en valeur
les compétences de chaque orga-
nisation, de réduire les risques
juridiques et opérationnels et
de dégager du temps que l’on
mettra au service des clients. La
société Premyss SA s’inscrit dans
ce processus de modernisation
de notre place financière.
LSFin/LEFin :
De nouvelles opportunités d’amélioration du Private
Banking helvétique, notamment en termes de formation
n Jean-Sylvain Perrig, Président de l’Association suisse des analystes financiers (SFAA) et fondateur & CEO de Premyss SA
tation. Les activités de gestion
et de conseil en investissement
devront être systématiquement
documentées. La société Pre-
myss SA assiste les intermédiaires
financiers à installer leur gou-
vernance dans une optique de
long terme. Son objectif est de se
tenir éloignée de l’obsession du
court terme, qui est souvent une
approche préjudiciable, coûteuse
et dangereuse.
Pour déployer des activités de
gestion de portefeuille et de
conseil, il ne suffit pas de faire
simplement signer un profil de
risque, ce qui n’est que le début
d’un processus : la philosophie
d’investissement, le domaine
d’expertise, la politique d’in-
vestissement, l’univers d’inves-
tissement, les règles d’implé-
mentation, les documents de
communication, la gestion des
risques doivent y être clairement
décrits. Ainsi sont posées les
bases d’un service de haute fac-
ture, en relation avec les moyens
de chaque institution et en toute
transparence. Il est par la suite
nécessaire d’avoir la discipline de
respecter ce qui a été défini.
Mettre en place une gouvernance
revient à l’écriture d’une charte
Une nouvelle légis-
lation, de nouvelles
opportunités
La loi sur les services financiers
et celle sur les établissements
financiers (LSFin/LEFin) vont
enfin devenir réalité, après des
années de négociations. Elles
entreront en vigueur le 1er
jan-
vier 2020 ; les ordonnances d’ap-
plication ont été récemment
publiées et sont en consultation
jusqu’à mi-février 2019. Toute
nouvelle obligation est contrai-
gnante ; cependant, il convient
de voir cette évolution comme
une opportunité d’améliorer la
qualité des prestations de notre
place financière et de maintenir
la Suisse comme un hub du Pri-
vate Banking. Mais pour y parve-
nir il convient de faire évoluer le
modèle d’affaires.
Formation
En tant que président de la SFAA,
il faut commencer par aborder la
formation, car si la loi n’impose
pas de minimum, elle stipule que
chaque établissement doit s’assu-
rer que le personnel en contact
avec la clientèle doit être formé.
Il n’y a donc pas de normes. Les
brevets fédéraux délivrés par
le centre de formation AZEK
de la SFAA, pour les Associate
Wealth Managers, représentent
un moyen sûr d’avoir les connais-
sances de base. Il est ensuite
possible de poursuivre sa forma-
tion avec le diplôme fédéral de
Wealth Manager (Certified Inter-
national Wealth Manager). Bre-
vet et diplôme sont des certifi-
cations à vie. Conformément à la
loi, il faut par la suite parfaire ses
connaissances par la formation
continue, ce que l’AZEK propose
au travers de ses AZEK Campus.
Nouvelles obligations
La nouvelle législation apporte
des évolutions importantes dans
l’organisation et la surveillance
des intermédiaires financiers,
avec notamment la mise en place
d’organes de contrôle sous la sur-
veillance de la FINMA ainsi que
des organes de médiation dont
la tâche sera de statuer sur les
différends entre clients et leurs
gérants.
Il y aura de nouvelles exigences
en termes d’adéquation et du
caractère approprié des services
financiers et de leur documen-
Jean-Sylvain Perrig est le Pré-
sident de l’Association Suisse
des Analystes Financiers (SFAA,
www.sfaa.ch). ll est le fonda-
teur de la société Premyss SA
(www.premyss.ch), société de
conseil pour les intermédiaires
financiers et family offices.
Auparavant il a été Respon-
sable des Investissements à
la Banque Privée Edmond de
Rothschild et à l’Union Ban-
caire Privée (UBP).
La plateforme de communication privilégiée
des acteurs de la finance
et de la prévoyance professionnelle
www.pointdemire.ch - CP 5340 – 1211 Genève 11 - info@pointdemire.ch
Toute l’équipe de Point de Mire
remercie chaleureusement ses partenaires
et ses lecteurs pour leur fidélité et leur souhaite
de joyeuses fêtes et une excellente année 2019!
…depuis 1995 au service de la place financière suisse
La Tribune Indépendante des Entrepreneurs de la Finance
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18. 18 Numéro 75 – Hiver 2018-2019 –
Aspects juridiques et réglementaires
au nombre de leurs clients et au
montant des valeurs patrimo-
niales administrées.
S’agissant de leur direction, elle
sera en principe composée d’au
moins deux dirigeants qualifiés
qui devront justifier d’une expé-
rience professionnelle de 5 ans
dans la gestion de fortune ou
dans le cadre de trusts et d’une
formation adéquate dans le
domaine correspondant.
En outre, tant les GFE que les
Trustees devront disposer d’une
gestion des risques et d’un
contrôle interne (qui inclut la
fonction de compliance). Les
personnes en charge de ces
tâches ne seront en principe pas
en droit de prendre part aux
activités qu’elles surveillent. Le
P-OEFin indique pourtant que
si le modèle d’affaires présente
peu de risques et si certains
seuils ne sont pas dépassés (5
employés au maximum et pro-
duit brut annuel inférieur à
CHF 1.5 million), « ces tâches
ne doivent pas obligatoirement
être indépendantes des activi-
tés génératrices de revenus ».
Ces termes utilisés dans le
P-OEFin sont peu explicites et
l’exemple cité dans le rapport
explicatif ne permet malheu-
reusement pas de comprendre
de manière claire ce que cela
signifie en pratique pour les
GFE, de sorte que des préci-
sions sur ce point sont à espé-
rer dans le cadre de la consul-
tation. En tout état de cause, le
P-OEFin confirme la possibilité
d’externaliser la fonction de
Compliance.
Enfin, le P-OEFin prévoit des
exigences supplémentaires en
termes d’organisation pour les
plus grandes structures (notam-
ment si leur produit annuel brut
dépasse certains seuils), comme
celle d’avoir une révision interne
indépendante de la direction ou
un conseil d’administration dont
la majorité des membres ne font
pas partie de l’organe respon-
sable de la gestion.
Garanties financières
Le capital minimum des GFE et
des Trustees doit être de CHF
100’000.-, entièrement libéré et
maintenu en permanence.
S’agissant des fonds propres,
ils devront s’élever constam-
LSFin, LEFin, OSFin, OEFin,
OSS : les GFE et les Trustees
enfin autorisés FINMA
n Me Stéphanie HODARA EL BEZ, avocate, associée ALTENBURGER LTD legal + tax, Genève
n Me Cecilia Peregrina, avocate, collaboratrice Senior, ALTENBURGER LTD legal + tax, Genève
Le Conseil fédéral a enfin ouvert fin octobre la procédure de consultation
concernant les ordonnances d’application de la LSFin (P-OSFin) et de la
LEFin (P-OEFin). Elle prendra fin le 6 février 2019.
L’un des grands changements amenés par ces lois concerne les gestionnaires
de fortune externes (GFE) et les Trustees, lesquels devront dorénavant être
autorisés par la FINMA et seront surveillés par un organisme de surveillance
(« OS »). La FINMA autorisera et surveillera les OS qui pourront requérir
une autorisation dès l’entrée en vigueur des lois, étant précisé que plusieurs
organismes d’autorégulation (OAR) se sont déjà manifestés pour annoncer la
création d’entités qui déposeront une telle requête (Chapitre I).
De plus, la LSFin prévoit de nouvelles obligations en termes de comportement
et d’organisation qui touchent notamment les GFE (Chapitre II).
registre des conseillers à la clien-
tèle, sachant que ce registre est
encore à créer.
Il faut noter par ailleurs que
contrairement aux GFE soumis à
autorisation FINMA, les conseil-
lers à la clientèle, inscrit à ce
nouveau registre, ne feront pas
l’objet d’une surveillance pru-
dentielle, bien qu’ils aient l’obli-
gation de respecter les règles de
comportement prévues par la
LSFin (voir 2. Obligations de la
LSFin ci-dessous).
1.3. Conditions d’autorisation
FINMA pour GFE et Trustees
S’agissant des conditions d’auto-
risation FINMA pour GFE et Trus-
tees, la LEFin les définissait déjà
dans les grandes lignes, à savoir
principalement une organisation
adéquate, des garanties finan-
cières, la garantie d’une activité
irréprochable et l’affiliation à un
organe de médiation. Le P-OEFin
apporte certains éclaircissements
s’agissant de ces exigences.
Organisation adéquate
Les GFE et les Trustees devront
s’organiser de manière à pouvoir
remplir leurs obligations légales.
Le P-OEFin précise néanmoins
que leur organisation pourra et
devra être adaptée notamment
1. Autorisation FINMA
pour GFE et Trustees
1.1. Acteurs concernés par la
nouvelle autorisation FINMA
pour GFE et Trustees prévue par
la LEFin
En premier lieu, ce sont les GFE
qui sont concernés par cette
nouvelle autorisation FINMA. La
LEFin n’utilise pas les termes GFE,
ni d’ailleurs GFI, mais les nomme
« Gestionnaire de Fortune »1
et
les qualifie de la façon suivante :
« Est réputé Gestionnaire de For-
tune quiconque peut, sur la base
d’un mandat, disposer à titre
professionnel, au nom et pour
le compte de clients, de leurs
valeurs patrimoniales »2
.
Ainsi, si un GFE dispose d’un
pouvoir de disposition sur les
valeurs patrimoniales de ses
clients, la LEFin lui est appli-
cable. A contrario, par exemple,
la société qui fait du conseil en
placement mais qui ne peut pas
disposer des valeurs patrimo-
niales de ses clients, notamment
si elle ne bénéficie pas d’un pou-
voir sur les comptes bancaires de
ces derniers, ne devrait en prin-
cipe pas être soumise à autorisa-
tion de la FINMA. Si cette société
se limite ainsi à du pur conseil
en placement, elle devra néan-
moins respecter les règles de
comportement de la LSFin dont
notamment l’obligation d’obte-
nir l’inscription de ses conseil-
lers (personnes physiques) au
registre des conseillers à la
clientèle (voir 1.2. Registre des
conseillers à la clientèle ci-des-
sous).
En deuxième lieu, les Trustees
devront obtenir une autorisation
FINMA. Ils sont définis comme
suit : « quiconque gère, sur la
base de l’acte constitutif d’un
trust, à titre professionnel, un
patrimoine distinct ou en dis-
pose en faveur d’un bénéficiaire
ou dans un but déterminé ».
1.2. Registre des conseillers à la
clientèle
S’agissant des sociétés qui four-
nissent des services financiers ou
des instruments financiers, mais
qui ne sont pas soumises à autori-
sation de la FINMA selon la LEFin,
elles auront tout de même l’obli-
gation de respecter les règles de
la LSFin. Il s’agit par exemple des
conseillers en placement ou des
distributeurs de produits finan-
ciers, comme notamment les
actuels distributeurs de place-
ments collectifs.
Ces sociétés devront par exemple
obtenir l’inscription de leurs
conseillers à la clientèle3
au