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COMITE LAÏC DEICQORDINATION
Appel du Comité Laïc de Coordination
Que personne ne dise un jour : « je ne le savais pas ... ! »
l.Le CLC a procédé, le 21 novembre à l'évaluation du processus électoral. Il a fait le
constat que la fièvre électorale est là; que l'étape de la campagne électorale est
effectivement entamée. Mais les revendications qu'il a présentées au nom de la
population, depuis ses premiers appels en décembre 2017 pour exiger la mise en œuvre des
mesures de décrispation politique prévues par l'Accord de la Saint-Sylvestre, sont restées
lettre morte :
-L'assainissement de l'environnement politique n'a pas été réalisé;
-les médias officiels demeurent confisqués au bénéfice d'une seule famille politique;
- les manifestations de l'opposition et de la société civile, en dehors de quelques cas
obtenus à l'arrachée, demeurent interdites ou sont placées sous surveillance
policière stricte ;
-la situation des exilés et prisonniers politiques et d'opinion est restée en l'état; s'y
sont ajoutées d'autres arrestations arbitraires et des répressions violentes,
particulièrement des jeunes des mouvements citoyens (Congolais Debout, Vigilance
Citoyenne, etc.), pour des raisons purement politiciennes.
2. Comme si cela ne suffisait pas, des faits nouveaux se sont ajoutés. Au propre comme au
figuré, le pays est désormais privé de ses gouvernants puisque le Premier ministre et ses
ministres, y compris le Président de l'Assemblée nationale (institution pourtant
indépendante de l'Exécutif), sont devenus de simples membres de comité de la campagne
électorale d'un candidat. L'Etat est complètement privatisé et la gouvernance du pays,
totalement à l'abandon. Pour preuve :
- l'insécurité demeure persistante dans plusieurs régions du pays, particulièrement
dans les provinces de l'lturi et du Tanganyika ainsi que celles du nord et du sud-Kivu ;
-l'épidémie d'ebola, la plus meurtrière que nous ayons connue jusqu'ici, ne cesse de
s'étendre en lturi et dans le nord-Kivu sans susciter aucune mobilisation nationale
particulière;
-le sinistre provoqué par les expulsés de l'Angola constitue un fait divers dont l'écho
n'est diffusé que par des agences étrangères et des organisations des droits de
l'homme;
-les institutions républicaines ne subsistent qu'en cas de répression ou de signature
de contrats léonins, les plus juteux possible, pour parachever la destruction·de l'Etat.
3. Quant au recours à la machine à voter et à l'usage du fichier électoral corrompu, objets de
vives tensions parmi les électeurs, ils continuent à faire l'objet des impositions autoritaires,
malgré les multiples réclamations, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, et relayées paf
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le CLC depuis des mois. A l'obstination de ne pas vouloir rechercher un consensus à cette
question dans la logique de la politique du fait accompli, a succédé une stratégie subtile de
tourner en dérision cette revendication légale et légitime en l'interprétant, de manière
cynique, comme la simple expression du refus d'aller aux élections. Qui au Congo refuserait
d'aller à ces élections qui ont coûté tant de sacrifices humains et matériels? Il est à craindre
que sans solution à cette épineuse équation du recours ou non à la machine à voter, la
crédibilité de ces scrutins soit d'avance mise en cause.
4. Le CLC a pris bonne note, dans ces élections à un seul tour, de ce que le processus de
mutualisation des partis et regroupements politiques, ait abouti à l'émergence de trois
candidats favoris à l'élection présidentielle, un de la majorité et deux de l'opposition. Le CLC
salue cet effort mais condamne fermement les insultes, les calomnies et autres dérives qui
ont accompagné ce processus de regroupement. Le CLC invite les états-majors des partis et
regroupements politiques à la retenue, pour ne pas aggraver l'état général de
l'environnement politique qui est déjà si explosif.
Que personne ne dise un jour : « je ne le savais pas... ! »
S.Vu cette situation, à la suite du message fort réconfortant de l'Assemblée Plénière
Extraordinaire de la CENCO, tenue à Kinshasa, du 20 au 22 novembre 2018, le CLC invite
toutes les parties prenantes, à un sursaut patriotique et citoyen, en vue d'aboutir à «des
élections réellement crédibles pour une véritable alternance ».
Le grand défi qui attend ce peuple congolais qui a été capable, pour la première fois en
Afrique Centrale, de faire respecter sa Constitution au niveau des mandats présidentiels, est
d'écarter les perspectives d'un chaos postélectoral. C'est pourquoi :
6. Au Président de la République, le CLC sollicite de réserver une surprise agréable au
peuple congolais, en instruisant les Forces de Police et de Sécurité à demeurer résolument
neutres conformément à la Constitution; à veiller de manière effective à la sécurité du
territoire; à assurer un traitement égal et équitable à tous les candidats, et à interdire que
les Agents et Fonctionnaires de l'Etat, de même que les infrastructures et autres moyens de
l'Etat, ne soient utilisés au profit de sa famille politique.
7. A la CENI, le CLC lance un appel patriotique afin que la Centrale électorale se préoccupe
de rechercher, toutes affaires cessantes, un consensus sur la question de la machine à voter,
notamment à partir de la proposition de la CENCO de n'utiliser ladite machine que pour
l'identification des candidats et l'impression des bulletins de vote.
Dans la gestion quotidienne des opérations électorales, le CLC demande avec insistance à
chaque membre de la CENI, homme ou femme, de s'acquitter pleinement de son devoir en
toute conscience et en toute responsabilité, en sachant résister aux menaces, aux
intimidations et aux injonctions contraires au règlement et à l'éthique, y compris à la
corruption et à la séduction des promesses fallacieuses.
8. Aux Cours et Tribunaux, le CLC les encourage fortement à gérer les contentieux
électoraux en toute impartialité et à ne dire que le droit car la justice élève une Natiof
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9. A la population, le CLC recommande d'aborder ces élections en toute liberté, consciente
en tant que souverain primaire, d'exercer son droit le plus légitime qui conditionne son
devenir immédiat et engage l'avenir de tous, y compris celui des générations futures.
Comme le recommandent les Evêques, il est impérieux d'élire des hommes et des femmes
qui sont soucieux « de défendre le pays, de promouvoir le bien commun, de garantir les
libertés fondamentales, de défendre les droits humains, de défendre la loi fondamentale
et la parole donnée; des personnes honnêtes et de bonne moralité qui ne s'approprient
pas les ressources du pays à leur propre profit. »
10. Conscient de l'importance de cet acte historique et de la gravité des enjeux du
moment, le CLC informe l'opinion tant nationale qu'internationale:
Qu'il organisera, avec ses partenaires, particulièrement des mouvements citoyens,
un réseau autonome d'observation électorale citoyenne, afin de détecter tout
manquement des parties prenantes à l'éthique électorale.
Qu'il insiste pour que la machine à voter, si elle est maintenue, ne soit utilisée
exclusivement que comme imprimante pour ce qui concerne les élections
législatives nationales et provinciales. Le CLC considère que l'élection
présidentielle, en raison de sa sensibilité extrême, mérite d'être organisée à base
de bulletins en papier qui peuvent être imprimés localement au cours de ces
semaines de campagne.
Enfin, le CLC estime que la date butoir de ce processus doit demeurer fixée au 23
décembre 2018. Au-delà de cette date, de nouveaux dirigeants doivent être à la
tête de la République. Il est à craindre que notre peuple ne puisse tolérer qu'il en
soit autrement.
Fait à Kinshasa le 30 novembre 2018.
POUR LE COMITE LAIC DE COORDINATION
Prof. Justin 0 ana
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