1. Département Economie et Evaluation Environnementale
Tableau de bord - Marchés pétroliers
Rédacteur : J. Sabathier
17 juin 2019
Semaine 14/6 7/6 Delta % Année -1
Brent ICE 61.6 61.8 -0.2 -0.3% 75.7
WTI Nymex 52.5 53.0 -0.5 -1.0% 66.2
Nouvelle montée des tensions géopolitiques au Moyen Orient mais le Brent est en baisse
Malgré un contexte géopolitique tendu et une nouvelle attaque de pétroliers dans le Golfe Persique, les cours du brut sont en légère baisse cette semaine. En moyenne
hebdomadaire, le prix du Brent perd -0,3 % à 61,6 $/b sur l'Intercontinental Exchange (ICE) à Londres et le WTI -1,0 % à 52,5 $/b sur le Nymex, à New York (Fig. 1). Sur les
marchés futurs, la tendance est également à la baisse, avec des positions nettes longues en recul de 4 % sur le Brent et de plus de 29 % sur le WTI (Fig. 3).
Deux forces majeures opposées animent aujourd’hui le marché mondial du pétrole : d’une part, l'affaiblissement de l'économie mondiale, qui ralentit la croissance de la
demande de pétrole et, d'autre part, la montée des tensions géopolitiques au Moyen Orient.
Jeudi dernier, deux pétroliers, un norvégien et un japonais, ont été attaqués dans le golfe d’Oman. Ces attaques interviennent un mois après le sabotage de quatre
navires, dont trois pétroliers dans le détroit d'Ormuz. Immédiatement après l’attaque, les cours du Brent ont pris, en intra journalier, plus de 4%, à 62,6 $/b, avant de
redescendre et de clôturer dans la journée à 61,3 $/b, en augmentation de 2%. L’Arabie saoudite, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont très rapidement attribué ces
attaques au régime iranien qui, de son côté, nie toute implication dans ces évènements. Les USA et la Grande-Bretagne ont depuis renforcé leur présence militaire pour
sécuriser la région. Même si les auteurs et les motivations de ces attaques ne sont pas clairs, ce dernier incident ne fait qu’aggraver les problèmes de sécurité dans la
région déjà alimentés par les attaques des rebelles Houthis au Yémen contre l'Arabie saoudite. Toutefois, l'impact sur les prix du pétrole brut reste faible, même si cela
contribue à la volatilité des marchés (Fig. 9)
Cette faible réaction des prix du brut aux tensions géopolitiques actuelles est un autre signe de l'affaiblissement de l'économie mondiale. Le dernier rapport mensuel de
l’AIE, publié cette semaine, montre en effet que les craintes concernant la demande de pétrole se concrétisent. Au cours du premier trimestre, la demande mondiale de
pétrole a augmenté de 300 kb/j, la plus faible augmentation enregistrée depuis 2011. En conséquence, l'Agence réduit de nouveau ses estimations de croissance pour
2019 de -100 kb/j à 1,2 mb/j (cf. Tableau). Pour le deuxième semestre et 2020, l'AIE s'attend toutefois à ce que la demande augmente sensiblement, avec une croissance
moyenne de +1,2 % en 2019 et de +1,4 % l'an prochain. Toutefois, ce rebond suppose une résolution du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine. Cette
remontée de la demande de pétrole, entre autre tirée par le secteur de la pétrochimie, ne devrait pas contribuer au rééquilibrage global de la balance pétrolière (Fig.
10). En effet, sur la même période, l’AIE s’attend à une forte augmentation de la production dans les pays hors OPEP (+2,3 mb/j) suite à la mise en production de
nouveaux champs au Brésil, en Norvège et bien sûr à l’accroissement de la production des shales aux USA, mais à un rythme plus lent que les années précédentes.
Face à cette situation, la position de l’OPEP se complique. Malgré une nouvelle baisse de la production OPEP en mai (Fig. 5) et un taux de conformité de 133 % à l'accord
de réduction de la production, l’OPEP semble condamnée à réduire encore sa production si elle veut maintenir l’équilibre du marché et empêcher la remontée des
stocks pétroliers. Le rapport de l’AIE fait d’ailleurs état d’une augmentation des stocks pétroliers de l'OCDE en avril, à 2 883 mb, soit 16 mb de plus que la moyenne sur
cinq ans (Fig. 11). La prochaine réunion de l’OPEP doit se tenir à la fin du mois et devrait acter une poursuite, voire un renforcement de ses engagements.
L’EIA a également abaissé ses prévisions pour la croissance de la demande mondiale de pétrole de 160 kb/j à 1,22 mb/j ce mois-ci (cf. Tableau). Les stocks américains de
pétrole brut ont augmenté de +2,2 mb cette semaine (Fig. 7), tandis que les stocks de distillats moyens sont en baisse de -1,0 mb et que la production de pétrole brut est
en très légère diminution (-100 kb/j) à 12,3 mb/j.
En Europe, les prix des produits pétroliers n’ont suivi que partiellement la tendance à la baisse des prix du pétrole brut (Fig. 4). L’essence perd 0,7% et le diesel gagne
0,2%. Avec la fin de la période de maintenance pour les raffineries aux USA et en Europe, les stocks de produits remontent fortement en zone ARA (+ 13% pour l’essence
(Fig. 8), + 9% pour le diesel), contribuant à la détente des prix à la pompe en Europe et à la baisse des marges de raffinage (la marge de raffinage européenne (Brent –
cracking) a perdu en trois semaines plus de 4 $/b à 2,7 $/b - Fig. 6).
Selon, le dernier bulletin pétrolier hebdomadaire de la commission européenne, les prix de l’essence en zone euro pour la semaine du 10/6/2019 sont en baisse de 1,9%
à 1,45 €/l et le prix du diesel routier en baisse de 2,1 % à 1,34 €/l (Fig. 12).