1. 1
les conditions de travail partie01
Les recherches ergonomiques tendent à diminuer les contraintes physiques et
psychiques du travail, à accroître la sécurité et en définitive à donner au personnel les
conditions de travail les plus satisfaisantes. Leurs résultats se concrétisent par des mesures
préventives ou correctives, qui portent aussi bien sur l'aménagement de postes individuels de
travail que sur la conception d'installations d'usage collectif ou sur l'organisation même de
l'activité professionnelle, et qui concourent finalement à l'amélioration de la production.
.I. Cadre conceptuel et revue de littérature :
a-Définitions des concepts
Afin de mieux cerner les conditions de travail de personnel médical, il importe de
définir certains concepts en lien avec la problématique. En science sociale, le terme `Travail'
reçoit des définitions variées dépendant de la conception de l'homme et de son rapport à la
nature. Elles recouvrent des types de travaux différents, travail intellectuel, manuel etc. les
conditions de travail sont l’ensemble des règles qui permettent une entente entre les attentes
des patrons et les possibilités des employés.
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme évoque les conditions de travail :
Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions
équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. 21
La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne adoptée en 2000, définit
les conditions de travail :
« Tout travailleur a droit à des conditions de travail qui respectent sa santé, sa sécurité
et sa dignité. Tout travailleur a droit à une limitation de la durée maximale du travail et à des
périodes de repos journalier et hebdomadaire, ainsi qu’à une période annuelle de congés
payés.22
A. Laville et C. Teiger, ergonomes, soulèvent le problème de l’aspect composite des
conditions de travail en 1981 en liant le contenu qui leur est donné et le positionnement du
locuteur. Ils écrivent :
- le terme conditions de travail ; les éléments qu’il recouvre sont très divers, il peut
s’agir des conditions matérielles d’exécution du travail : espace de travail, charges physiques,
21
Assemblée générale des Nations Unies, Déclaration universelle des droits de l’homme, Paris, 10 décembre
1948.
22
« Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne », Journal officiel des Communautés européennes,
Luxembourg, 18 décembre 2000, C 364/1, p 15.
2. 2
mentales imposées, ambiance physique (bruit, chaleur ou froid, toxiques, poussières…) ; il
peut s’agir des conditions temporelles dans lesquelles le travail doit être exécuté (cadence,
durée et horaires de travail) ; mais on peut aussi y inclure certaines conditions de la vie hors
travail : temps et moyens de transports, logement ; on peut aussi étendre les conditions de
travail aux éléments faisant partie des relations professionnelles, aux qualifications, aux
salaires… Suivant la discipline qui étudie les conditions de travail (ergonomie, sociologie,
économie du travail), suivant la classe sociale et la fonction dans l’entreprise (direction, cadre,
maîtrise, ouvriers), suivant l’intérêt qu’on défend (patronat, syndicat) le terme conditions de
travail peut recouvrir des éléments différents.23
Plus que leur définition, très ergonomique en ce qu’elle prend en compte l’ensemble
des composantes du milieu qui peuvent faire condition pour le sujet, nous soulignons leur
manière d’aborder le terme par l’usage. Cette question de l’usage du concept de « conditions
de travail » rejoint ce que nous avions postulé en début d’introduction avec l’exemple d’une
série de définitions empiriques. L’analyse de l’activité ergonomique vise à définir les
conditions de travail le plus « objectivement » possible mais il y a une influence du
positionnement social et des caractéristiques personnelles sur la définition des conditions de
travail. Ils ajoutent à ces influences celle de la discipline académique qui tente de les définir et
celle politique qui reflète l’emprise des rapports de pouvoirs à l’œuvre dans la société.
Lakhar s. cité par Rolle (1989 :85), définit le travail comme une façon d'être créatif et
responsable, le vécu personnel le plus significatif dans la vie, une valeur en soi considère
comme un moyen de croyance de dépassement. D'après Rolle (1989 :90) le travail est par
excellence le rapport de l'homme à la nature, la liaison locale entre ces deux instances partant
ailleurs indépendante et la seule force à priori qui soit à la fois nécessaire du point d'une
social. Le rôle de travail ne se borne cependant pas à assurer l'existence et le développement
de l'homme, il n'est pas que la source de sa force et de sa riche. Selon Savechenko (1984 :4)
« le travail est une activité rationnelle de l'homme grâce à la quelle il adapte les objets de la
nature à ses besoins ». Au cours du travail l'homme dépense son énergie physique, nerveuse et
intellectuelle. En agissant par son travail sur le milieu ambiant l'homme modifie en même
temps sa propre nature, assure le progrès de la culture matérielle et spirituelle, développe ses
capacités physiques et intellectuelles. Le travail diffère de la profession qui est définie comme
23
Antoine LAVILLE, Catherine TEIGER, « Ergonomie et économie du travail. Questions de méthode», Cahiers
Irep/développement, Grenoble, 1982, n° 3, pp 40-41.
3. 3
un métier, une activité ou un emploi dont l'exige des connaissances spécialisées et une
formation scolaire qui parfois longue et, intensive (Petit Larousse, 2004 : 827).
Pour Eric Vatteville, il est difficile de cerner le thème des conditions de travail en
raison de l’extrême diversité des situations des travailleurs. Cependant, il confirme que ce
terme recouvre les domaines suivants :
• L’environnement physique et le cadre de travail.
• L’hygiène et la sécurité.
• L’amélioration du poste de travail et le contenu répétitif des tâches.
• Les communications et la dépendance hiérarchique.
Ces différents domaines pour E. Vatteville constituent l’ensemble des facteurs
ergonomique et physiologique qui présentent le coût humain du travail.
Selon Hazem Ben Aissa : « les conditions de travail sont décomposées en trois
niveaux :
-Variables indirect (en premier niveau) : salaire, durée de travail, œuvre sociales, etc.
ces variables influencent indirectement les conditions de travail. En effet, un bon salaire
donne une satisfaction à l’ouvrier et lui permet une compensation des conditions de travail.
De même la réduction de la pénibilité peut résulter d’un temps de travail moindre. Egalement,
les œuvres sociales jouent en matière d’intégration des ouvriers dans l’entreprise donc en
terme de contournement de la question des conditions de travail.
-Environnement du travail (deuxième niveau) : sécurité, hygiène, pollution, risques au
travail, etc. l’environnement du travail est une variable importante au niveau des conditions de
travail mais elle ne rentre pas dans la définition du poste de travail.
-les conditions de travail au poste (troisième niveau) : nous différencions de sous
niveaux : celui de la pénibilité physiques et cognitive au travail et celui du contenu du
travail. »24
II- Les Conditions de travail et mode de diagnostic :
La production fait appel à trois sources de moyens : financier, techniques et humains.
L'Organisation se doit d'étudier l'homme à son travail, de façon à le soulager des contraintes
qui pèsent sur lui, et lui procurer la légitime satisfaction de trouver dans l'œuvre accomplie le
bien-être matériel et moral auquel il a droit.
24 Hazem Ben Aissa :« Histoires des conditions detravail dans lemonde industriel en France : 1848-2000.».
ed. L’harmattan. 2005.P.14.
4. 4
a- les conditions de travail :
Pour J.LEPLAT (1997) les conditions de travail sont l'ensemble des facteurs à
l'exclusion des caractéristiques individuelles des travailleurs, qui peuvent influencer les
conduites au travail. Ces facteurs représentent l'ensemble des caractéristiques internes et
externes dans lesquelles s'inscrit le travail. Il est tout autant difficile de mettre en lumière ce
qui constitue de bonnes conditions de travail (absence de souffrances ne signifie pas
l'existence de bonnes conditions du travail). Ces bonnes conditions peuvent être exprimées
comme telle : « ce sont celles qui donnent au travailleur la liberté de travail favorable à sa
santé (Volkoff : 2007 :5)».
Les conditions de travail est l'environnement dans lequel les employés vivent sur leur
lieu de travail.
Le problème des conditions de travail revêt:
**- les conditions techniques et humaines intrinsèques au travail ;
La condition du travailleur, manuel ou intellectuel, et son adaptation au milieu. Le
premier aspect est seul du ressort de l'organisation du travail, le second n'y participe qu'au
regard de l'ambiance psychosociologique dans l'entreprise et de son incidence sur la
production. Les points essentiels sur lesquels les améliorations sont souhaitables, et souvent
applicables sans entacher la productivité sont :
- la prévention et le contrôle de la sécurité ;
- les séquences de travail et la suppression de la monotonie ;
- la qualification et la part de responsabilité du travailleur ;
- l'assouplissement des horaires ;
- l'encouragement à l'œuvre collective ;
- l'adaptation des structures aux réalités ;
- l'information et l'expression des salariés.
Déjà certaines industries sont sur la voie de réalisations concrètes, avec des résultats
plus ou moins démonstratifs. Ces expériences doivent être poursuivies, de façon à distinguer
les facteurs de progrès nettement positifs dont l'adoption pourra se généraliser pour le bien du
monde du travail.
** Physiologie du travail - La fatigue
Le but et le problème de la physiologie du travail, c'est d'adapter le travail à l'homme,
de montrer la voie qui conduit à ménager ses forces, d'éviter l'effort et la fatigue inutiles, et
d'obtenir ainsi des méthodes de travail rationnelles et satisfaisantes du point de vue
5. 5
économique. La fatigue est l'abaissement réversible de la capacité fonctionnelle d'un organe
ou d'un organisme à la suite d'une activité. La réversibilité est essentielle, car autrement
l'individu serait conduit à l'épuisement. On y distingue des classes générales, déduites des
causes de fatigue, et justiciables de remèdes appropriés (voir tableau suivan).
Tableau : différentes sortes de fatigue
Les moyens pour connaître et combattre les effets de la fatigue sont essentiellement :
- l'analyse du travail,
- l'économie des mouvements (fatigue musculaire),
- l'amélioration de l'ambiance (fatigue nerveuse et mentale),
- le contrôle du délassement.
L'utilisation de ces moyens aura dans une certaine mesure pour résultat un
soulagement humain, la réduction des risques de maladies et d'accidents du travail,
l'amélioration du rendement.
**.1 Fatigue musculaire
Elle peut être intense mais n'est pas dangereuse, sauf quand elle provoque une
altération des mouvements. Elle se récupère, en général totalement, par le repos, et n'est
coupable, à longue échéance, que de déformations physiques sans graves conséquences.
** Fatigue statique
La fatigue statique provient de l'immobilité dans une posture insuffisamment
confortable, maintenant une compression de certains muscles qui consomment des calories
sans travail effectif. Exemple : la position rigide du « garde-à-vous » impose une
consommation d'oxygène supérieure de 20% à celle du « repos ».
Dans bien des cas, on pourra assurer une posture confortable : l'alternance de la
position assise (avec repose-pieds) et debout, avec même niveau de l'aire de travail, est
recommandée. On doit également proscrire les positions de travail pénibles. Les positions
constamment debout sont une source de fatigue supplémentaire.
** Prévention de la fatigue musculaire
Elle s'exerce dans quatre domaines :
6. 6
1- La qualification rationnelle des tâches, qui permet de sélectionner les individus
selon leur capacité physique pour un travail déterminé ;
2- L'aménagement du poste de travail qui, tant pour réduire la fatigue de position que
pour simplifier les mouvements, peut procurer de notables soulagements.
3- Le délassement, qui doit être proportionné à l'intensité du travail et aux conditions
d'ambiance. Des périodes d’arrêt sont ménagées dans le temps de travail.
4- L'alimentation : c'est elle qui maintient la capacité de travail musculaire par un
apport de calories au moins équivalent à l'énergie dépensée. La sous-alimentation réduit
considérablement cette capacité ; les bonnes réserves énergétiques évitent la fatigue et
stimulent la volonté de travail.
** Fatigue neurosensorielle
Elle apparaît lorsqu'il y a utilisation intensive d'un sens (vue, ouïe), ou tension
nerveuse soutenue. Ce mode de fatigue est moins évident que la fatigue musculaire, il est plus
pernicieux et susceptible de provoquer des tares irrémédiables telles que la cécité ou la surdité
partielles ou totales.
La prévention contre cette fatigue consiste surtout à soustraire le travailleur aux
mauvaises conditions d'éclairage, aux bruits, vibrations et rythmes anormaux des lieux de
travail. Ce sont de bonnes conditions d'ambiance physiologiques et aussi psychologiques qui
donneront les meilleurs résultats.
** Fatigue mentale (ou cérébrale)
Les facultés intellectuelles se fatiguent à la suite d'un effort ininterrompu de réflexion
et d'attention pour mener à bien le travail. La fatigue mentale se constate qualitativement,
mais se mesure difficilement, car les méthodes d'introspection dans le domaine cérébral sont
encore peu évoluées et risquent de ne pouvoir se répandre beaucoup en raison du nécessaire
respect de la personnalité individuelle.
** L'entraînement
C'est, en quelque sorte, une adaptation de l'homme au travail. On verra plus loin qu'il
est préférable de s'efforcer à réaliser l'inverse : adapter le travail à l'homme de façon que ce
dernier n'ait pas à trop contraindre son comportement.
L'entraînement, obtenu par répétition raisonnée de la tâche, influe sur la capacité de
travail et le rendement de l'exécution.
Physiquement, l'entraînement découle de deux manifestations :
7. 7
a- une amélioration de la coordination des mouvements. L'efficience de ces
mouvements étant meilleure, le travail musculaire est dans l'ensemble réduit, et la
consommation d'énergie moindre, ce qui évite la fatigue ;
b- une modification de la structure musculaire et des échanges énergétiques. On vérifie
aisément qu'un muscle dont on ne s'est pas servi un certain temps devient douloureux le
lendemain d'une utilisation intense.
** L'accoutumance
Plus complexe que l'entraînement physique, le phénomène d'accoutumance est une
combinaison de la routine, de l'amélioration de l'organisation du travail, du perfectionnement
des moyens de travail, etc.
Dans l'analyse, il faut distinguer deux causes de diminution des temps :
1- Celle due à l'habitude seule, même lorsque les conditions de travail demeurent
inchangées ;
2- Celle résultant de méthodes d'exécution graduellement améliorées en cours
d'exécution de la série.
Il convient de tenir compte de cette décroissance, qui peut être importante, de façon à éviter
des erreurs notables dans l'évaluation des délais, les prévisions d'ordonnancement, et
l'allocation des temps de main-d’œuvre