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Cahier des
entrepreneurs 2023
6ème édition
Brice Johner
Aurélien Onimus
©
Olympe
Chabert
Ariane
Varale
©
Charles Pfister Thibaut Chary
ENTREPRENEURS CAHIER 2023
MERCI À ELLES ET EUX D’INVENTER
L’ENTREPRISE DE DEMAIN !
©
Alice
Tourlonias
Paul
Lebas
Grace
Mehrabe
Frédéric
Baumann
Pascal Rybak
Benoît
Raphael
Thomas
Deneux
AD
Pixel Art
Une remise des prix à l’issue d’un débat organisé avec des acteurs
du financement des startup le 29 juin 18h30-19h30
VOTER POUR L’ENTREPRENEURIAT
3 PRIX REMIS PAR LE CLUB 2023
Mathieu
de la
Rochefoucauld
Managing Partner
Louis-Alexandre
Louvet
Directeur associé
Votez pour votre
entrepreneur préféré
jusqu’au 29 juin à 12H00
JE VOTE
Learning Robots
Learning Robots présente AlphAI, son robot
conçu pour enseigner l’IA
Seein-apps
La plateforme gamifiante de visualisation de
vos investissements en cryptomonnaie
SAMI
Sami démocratise l’engagement climat des
entreprises
20
Yespark
Yespark : une solution de stationnement en
milieu urbain
LA PLANETE
6
SmartBack
SmartBack : une solution de la gestion
responsable de vos retours
Sitadel
Une solution de gestion opérationnelle de
patrimoine immobilier
Outmind
le moteur de recherche interne dédié aux
entreprises
Corymbus
Le CRM des TPE et indépendants
AIDEZ VOTRE ENTREPRISE
11
QUE SONT-ILS DEVENUS ?
LA TECH À VOTRE SERVICE
18
FLINT
La plateforme pour la veille d’information
grâce à l’intelligence artificielle
40
AGreenCulture
Acteur de l’écologie agricole
Assoconnect
La transformation digitale des associations
Nannybag
Consigne à bagages sécurisée
SNOOC Ski
Sport d’hiver
NOCNOC
Avec NOCNOC, Alice Tourlonias dépoussière
la location d’appartements de grande taille
pour courte durée
Atometrics
La data ultra-locale
Choukran Club
La restauration marocaine
Youzd
Site d’achat revente mobilier et
électroménager
Medaviz
Éditeur de solutions numériques pour les
acteurs de la santé
Maela
Solution de suivi patient connectée
Tilkal
Plateforme de traçabilité et transparence
des supply chains
Iktos
Les chargeurs ne sont que du vintage !
Deep Pixel Art
Deep Pixel Art : comment allier l’art et les maths
Brice Johner
Sami démocratise l’engagement
climat des entreprises
Brice Johner, responsable marketing & communication chez SAMI | Propos recueillis Noémie Aznar, Mars 2022
Peux-tu pitcher Sami ?
Sami c’est LA solution pour permettre à chaque
entreprise de faire sa part pour le climat. Notre
but : démocratiser l’engagement climat des
entreprises.
Sami, c’est une solution sur mesure tout-en-un :
• mesurer l’impact d’une entreprise sur
l’environnement en choisissant l’outil le plus
adapté à sa situation (empreinte carbone par
produit, globale…)
• réduire l’impact carbone en se basant sur cet
état des lieux, ce qui permet de s’attaquer en
priorité aux plus gros postes d’émission de gaz
à effet de serre
• contribuer à la neutralité carbone planétaire
par le financement des projets de contribution
carbone. En effet, pour atteindre la neutralité
carbone d’ici 2050, 2 leviers existent. D’abord, il
faut réduire les émissions carbones d’environ
60%. Ensuite, il faut augmenter les puits de
carbone, c’est à dire les mécanismes qui
permettent de séquestrer le carbone présent
dans l’atmosphère (ex. les arbres séquestrent
du carbone dans les sols)
• communiquer sur la démarche de l’entreprise
pour renforcer l’engagement de l’entreprise sur
ces sujets et pour inspirer son écosystème
(clients, prospects, fournisseurs…) à passer à
l’action
5
La planète dit oui
Dans le cadre de nos rencontres avec des
entrepreneurs, nous avons eu la chance de
rencontrer Brice Johner, responsable marketing
et communication et salarié de la première
heure chez Sami. Brice partage pour ISLEAN le
parcours de Sami et son expérience.
Comment Sami arrive-t-il à démocratiser
tout ce processus ?
Notre expertise passe par la vulgarisation de
toutes les méthodologies qui existent en termes
de mesure et réduction d’impact.
On a aussi voulu démocratiser le coût de la
solution. Pour ce faire, Sami a opté pour une
approche tech : une plateforme Saas qui permet
d’automatiser une grande partie du travail et de
faire le suivi dans le temps. En effet, mesurer
l’impact carbone d’une entreprise implique de
collecter toutes les données relatives à l’activité
de l’entreprise pour les convertir en quantités de
gaz à effet de serre émis. Avant cela se faisait à la
main dans des tableurs Excel et ça prenait
beaucoup de temps. Nous l’avons donc
automatisé en partie pour pouvoir baisser les
prix.
On essaye également de rendre accessibles les
outils qu’on utilise. Par exemple, la
méthodologie de mesure d’empreinte carbone
la plus connue et utilisée en France est le bilan
carbone. C’est une marque déposée, gérée par
une association qui dépend du gouvernement. Il
existe un guide méthodologique pour le réaliser,
mais il n’est pas toujours assez précis. Il en
résulte que des bilans carbones réalisés par 2
entreprises différentes ne sont pas comparables.
Périmètres de mesure et résultats diffèrent ce
qui pose problème pour fixer des objectifs. C’est
pourquoi Sami travaille à démocratiser,
vulgariser et diffuser son expertise en comblant
ces vides méthodologiques et en mettant à
disposition de tous savoir-faire et expertise.
D’où est venue l’idée de créer Sami ?
On développe une solution qui marche pour
toutes les entreprises, et surtout pour chaque
entreprise. Il faut savoir que les outils de mesure
d’empreinte carbone sont différents en fonction
des besoins de l’entreprise. Sami accompagne
donc l’entreprise pour choisir l’outil le plus adapté
à ses besoins.
Sami a été lancé en mars 2020 par Tanguy
Robert et Nicolas Crestin, 2 amis qui se
connaissent depuis le collège. Tanguy travaillait
pour LegalStart, une startup qui propose une
plateforme juridique en ligne pour
entrepreneurs permettant de faciliter les
démarches administratives liées à leur activité.
Nicolas était chez PUR Projet, un cabinet de
conseil environnement et climat.
Leur préoccupation commune pour les
problèmes climatiques les a rassemblés, et Sami
est né suite aux constats suivants :
Sami démocratise l’engagement climat
des entreprises
Brice Johner, responsable marketing & communication chez SAMI | Propos recueillis Noémie Aznar, Mars 2022
le problème climatique est urgent et important,
• tout le monde doit être impliqué pour avoir une
chance d’atténuer le réchauffement climatique
et atteindre les objectifs relatifs au
développement durable. Cela est vrai pour les
citoyens, les Etats, mais aussi pour le secteur
privé,
• les grands groupes sont déjà impliqués dans la
réduction de leur impact, ce qui n’est pas le cas
pour les petites et moyennes entreprises qui
n’ont pas les mêmes moyens.
Le développement de Sami s’est ensuite renforcé
avec l’arrivée des premiers clients en juillet 2020,
puis des 2 premiers salariés dont je faisais partie
en janvier 2021. Je me souviens des débuts où
nous étions 4 dans un bureau chez Nicolas.
Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine dans
plusieurs bureaux en France !
Quelles sont vos ambitions futures ?
Sami propose aussi un accompagnement pour
définir un plan d’action et l’implémenter. Pour
prendre un exemple concret, une entreprise qui
veut mettre en place un tri des déchets doit
trouver un prestataire pour le faire. Une entreprise
qui veut favoriser le télétravail doit mettre en
place un accord… Les entreprises peuvent
également être accompagnées sur le volet
communication : quoi communiquer ? Comment
communiquer ?
Vu de Sami, où en est-on concernant les
préoccupations environnementales ?
Le sujet est de plus en plus connu. Cependant, le
problème n’est pas encore pris en main dans
toutes les entreprises même si cela commence à
se généraliser. Nous avons récemment fait un état
des lieux des démarches environnementales des
entreprises françaises. Nous sommes passés par
un institut de sondage pour interroger 350
entreprises et identifier les pratiques les plus
communes, les motivations des entreprises à
s’engager dans ces démarches et ce qu’il reste à
faire.
Cela nous a révélé qu’1 entreprise sur 10 a déjà fait
un bilan carbone complet dans les 2 dernières
années, ce qui est à la fois bien et très peu.
Plusieurs choses peuvent pousser les entreprises à
agir : la sensibilité des salariés et dirigeants
d’entreprises à ces questions, la volonté des clients
de l’entreprise (les grands groupes ont des
obligations sur ces sujets qu’ils vont en partie
imposer à leurs fournisseurs et prestataires, pour
décarboner leur propre chaîne de valeur) et
l’évolution des réglementations.
Aujourd’hui, plus de 200 entreprises utilisent Sami.
Notre objectif est de passer la barre des 1000 d’ici
la fin de l’année 2022 et de doubler nos effectifs.
D’abord, nous nous concentrerons sur le marché
français. A terme, nous souhaitons nous étendre
aux pays européens car les besoins des entreprises
sont les mêmes, et le changement climatique est
un problème mondial.
Nous avons également des objectifs d’impact :
suivre le nombre de tonnes de CO2 équivalent
mesurées et la quantité que l’on permet à nos
clients de réduire. A date, nous avons mesuré 1
million de tonnes de CO2 et nous souhaitons
réduire les émissions de 100 000 tonnes de CO2
d’ici la fin de l’année.
Comment se décline votre offre ?
D’abord, l’entreprise est accompagnée par un
coach carbone Sami, pour réaliser la mesure de
l’empreinte carbone directement sur la
plateforme. Plus tard, l’entreprise a accès à la
plateforme pour la partie réduire, contribuer et
communiquer. A partir de ça, elle peut ensuite
d’elle-même lancer des actions sur ces sujets.
Brice Johner
6
La planète dit oui
Il faut avoir la traction nécessaire pour le faire,
donc avoir suffisamment de demandes pour
pouvoir mener son activité et croître. Chez Sami,
c’était le cas. Ce qui marche aussi bien c’est la
complémentarité entre Tanguy et Nicolas. Ils
avaient bien défini leurs périmètres respectifs ce
qui leur permettait d’avoir un bon niveau
d’autonomie. Cette autonomie fait d’autant plus
partie de l’identité de Sami du fait de la position
géographique des fondateurs : Nicolas est à Paris
alors que Tanguy est à Lisbonne. Cela a permis à
Sami de développer cette possibilité de travailler
de n’importe où, et de miser sur l’autonomie des
membres de son équipe.
Une autre clé pour réussir son passage à l’échelle
est de s’entourer de personnes meilleures que soi
sur les différents domaines d’expertise.
7
La planète dit oui
Pourquoi avoir choisi Sami ? Quelle est ton
expérience au sein de Sami ?
A la base, je faisais de la finance d’entreprise, du
conseil en levée de fonds pour des startups et du
conseil en fusion-acquisitions d’entreprises. A mes
yeux, ça manquait de sens. J’avais aussi des
convictions écologiques de plus en plus difficiles à
ignorer et c’est ce qui m’a poussé à rejoindre Sami.
Pour moi, ce qu’on fait a du sens car il faut se
préoccuper de ces sujets climatiques pour
pérenniser le futur autant que possible.
L’autre élément qui me motive chez Sami, c’est un
apprentissage permanent et continu. Quand je
suis arrivé, j’ai appris le métier de commercial, puis
j’ai été affecté au marketing et à la
communication. Maintenant je suis chargé du
marketing et de la communication et je manage
ma propre équipe. On m’a donné les moyens
d’apprendre, de me former et de faire mon travail.
Liberté, autonomie, confiance et apprentissage
sont les maîtres mots chez Sami !
D’après toi, quelles sont les clés pour
réussir son passage à l’échelle ?
Sami démocratise l’engagement climat
des entreprises
Brice Johner, responsable marketing & communication chez SAMI | Propos recueillis Noémie Aznar, Mars 2022
Brice Johner
Un mot de la fin ?
On peut tous, à notre échelle, changer les choses.
Ce n’est pas réservé aux dirigeants d’entreprise,
chacun peut contribuer.
Le problème climatique est identifié, comme le
répète le rapport du GIEC paru le 28 février 2022
(disponible en anglais ici), mais les solutions le
sont aussi. Il ne reste qu’à les mettre en place. Et
ça, tout le monde peut le faire, et on a besoin de
tout le monde.
Thibault Chary
Yespark : une solution de
stationnement en milieu urbain
Thibault Chary, co-fondateur de YesPark | Propos recueillis par Armel Gilibert, Novembre 2022
Dans le cadre de nos rencontres avec des
entrepreneurs, nous avons eu la chance de
rencontrer Thibaut Chary, co-fondateur de la
plateforme Yespark. Thibaut partage pour
ISLEAN le parcours de l’aventure
entrepreneuriale et son expérience.
L’aventure Yespark a démarré il y a 8 ans, peu de
temps après ma rencontre avec mon associé
Charles Pfister. Tous deux ingénieurs de formation,
nous partagions cette envie de contribuer à
répondre à des enjeux simples du quotidien tout
en valorisant ce qui existe déjà.
Nous nous sommes donc lancés en 2014. Notre
première action a été de définir notre modèle
d’affaires. Nous sommes partis à la rencontre de
propriétaires d’immeubles pour leur proposer de
louer leurs places de stationnement. Ce pouvait
être aussi bien des propriétaires de logements
sociaux, que de parkings publics ou encore de
bureaux. Forts de ces rencontres, nous avons alors
fait deux choix. Le premier a été de nous
concentrer sur les propriétaires de logements
sociaux, car c’est là que le besoin était le plus fort.
Puis, pour des enjeux de pérennité, nous avons fait
le choix de proposer un usage mensuel des
espaces de stationnement. Le modèle d’affaires
que nous avons choisi à l’époque est resté le même
pour les 8 années qui suivirent.
8
La planète dit oui
Yespark répond à un constat simple : il y a des
parkings sans voitures et des voitures sans
parking. Il existe aujourd’hui un paradoxe entre les
automobilistes qui cherchent des places de
stationnement, les propriétaires d’immeubles qui
ont des places de disponibles et les villes qui
limitent le nombre de places disponibles en voirie.
Yespark répond à cet enjeu en mettant en relation
l’offre, les propriétaires d’immeubles, et la
demande, les particuliers et entreprises, sur un
modèle de plateforme. Sur le plus long terme,
Yespark s’inscrit dans les évolutions sociétales
liées aux politiques publiques de verdissement
des centres urbains et d’urbanisme responsable.
Quand on imagine la ville de demain, on pense à
une ville plus verte, plus silencieuse, moins
encombrée. La question est donc de savoir
comment nous pouvons nous adapter à ces
nouvelles contraintes. Comment libérer de
l’espace avec le stationnement ?
A quelles problématiques répond Yespark ?
Comment avez-vous lancé le projet ?
Par exemple, la
démocratisation à
venir de la voiture
électrique pose un
enjeu
d’infrastructure
pour la recharge de
ces véhicules. L’idée
n’est pas de
réinventer la roue,
mais de faire avec
ce qui existe déjà.
Les parkings
souterrains
représentent un
levier stratégique
pour faire place à la
ville de demain
surtout quand on
constate
qu’aujourd’hui, ⅓
des parkings
souterrains restent
vacants.
Où en est Yespark aujourd’hui ?
Yespark aujourd’hui, c’est 62 000 places de
parking dans plus de 500 communes. Nous
comptons un peu plus de 80 dans nos bureaux à
Paris.
Yespark : une solution de
stationnement en milieu urbain
Thibault Chary, co-fondateur de YesPark | Propos recueillis par Armel Gilibert, Novembre 2022
En 2022, nous voulions répondre à l’accélération
de la part de l’électrique dans le parc automobile
actif. Nous nous sommes attaqués à l’enjeu
critique des infrastructures de charge pour les
véhicules électriques. En ville, pour un particulier
dont l’immeuble n’a pas de parking, il n’existe pas
de solutions simples sur le marché. En bref, pas de
garage, pas de charge. C’est près de 1000 bornes
que nous mettons à disposition de nos clients
aujourd’hui.
D’autre part, nous initions depuis peu un
développement à l’international notamment aux
Pays Bas et en Italie. Les Pays Bas ont un marché
plus semblable à la France dans lequel nous
retrouvons notre segment historique des
logements sociaux contrairement à l’Italie.
Intrinsèquement, nous sommes dans le métier de
la plateforme. Notre force réside donc dans notre
capacité à agréger l’offre et la demande. Pour
conquérir ces nouveaux marchés, nous devons
aujourd’hui faire évoluer l’organisation ainsi que
notre offre pour être en mesure de proposer une
solution appropriée au contexte local. Il faut nous
ouvrir à d’autres segments ce qui représente un
challenge.
Cette ambition nous pousse à croître plus
rapidement que le rythme maîtrisé auquel nous
étions habitués depuis notre lancement. C’est un
moment historique pour nous, car c’est la
première fois que nous levons des fonds pour
accompagner notre croissance.
9
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir
entrepreneur ?
J’aurais trois conseils pour un jeune
entrepreneur :
1.Apprendre à déléguer. C’est un enjeu de taille
quand on a l’habitude de tout faire par soi-
même. Je pense que donner à l’équipe l’espace
dont elle a besoin est un élément clé pour
accompagner et maîtriser la croissance de son
entreprise.
2.On ne sera jamais prêt à 100%. L’enjeu est de
mesurer le risque et la vitesse d’exécution.
Après, il faut se lancer et gérer les problèmes au
fur et à mesure.
3.Bien s’entourer pour être plus lucide. Il y a un
réel risque à s’enfermer dans sa bulle d’un
point de vue personnel. Il faut trouver le bon
accompagnement. Nous n’en serions pas là
sans le soutien de Réseau Entreprendre qui
nous a permis de rencontrer des gens
bienveillants et brillants avec plus d’expérience
que nous. L’union fait la force !
D’un point de vue plus rationnel, je sortais d’école
après un parcours dans une filière entrepreneuriale.
Je me suis lancé à un moment où les conditions
étaient favorables pour moi. D’autre part, je pense
que l’entrepreneuriat colle bien avec ma
personnalité. J’aime aller au bout des choses, faire
les choses à ma manière avec les mains libres.
Ensuite, il y a le plaisir lié à l’exercice intellectuel du
fait d’avancer un sujet, de mettre en place une
machine efficace et bien huilée.
La planète dit oui
Quels enseignements avez-vous tirés de
cette expérience ?
Quelques conseils pour ceux qui voudraient
se lancer ?
Thibault Chary
Le choix de l’entrepreneuriat me paraissait naturel
pour plusieurs raisons. Je pense qu’il y a une part
irrationnelle qui vient de mon histoire personnelle.
Mon oncle était entrepreneur. Mon père a racheté
une entreprise. J’avais quelques repères.
Si je devais réduire à quelques enseignements mon
parcours entrepreneurial, je dirais que :
1.C’est un bon moyen de se développer soit même.
J’en retire des compétences générales et des
connaissances sur la vie et moi-même qui me
servent dans ma vie personnelle ;
2.C’est un métier exigeant, mais qui évolue. Il y a
beaucoup de travail au début, mais au fur et à
mesure que l’équipe s’étoffe, ce sont les
responsabilités qui deviennent plus importantes.
Ariane Varale
SmartBack : une solution de la gestion
responsable de vos retours
Ariane Varale, cofondatrice de 1Smartback | Propos recueillis par Armel Gilibert, Décembre 2022
Quel problème tente de résoudre
SmartBack ?
Le problème que l’on cherche à résoudre est celui
des retours e-commerce et plus particulièrement
le retour de mobilier. En effet, la gestion des
retours représente un coût économique très
important pour les vendeurs, notamment à cause
de la logistique. Pour un canapé par exemple, il
faut mobiliser des transporteurs (souvent deux)
pour le collecter, des ressources pour gérer le
produit une fois arrivé à l’entrepôt et du stockage
sans garantie d’être revalorisé derrière. Les retours
ne représentant souvent que 5% des produits
expédiés, internaliser cette gestion ne vaut
souvent pas le coup.
D’un point de vue écologique, l’addition n’est pas
négligeable. Les coûts induits par le transport de
mobilier sont conséquents et leurs valorisations
peu évidentes. En plus du transport, les produits
dorment en entrepôt et dans le meilleur des cas
sont donnés à des associations, mais ils finissent le
plus souvent à la benne.
Pour répondre à ces enjeux, nous nous
positionnons donc dans la gestion globale et clé
en main des retours pour les vendeurs de
meubles. Aujourd’hui, ces acteurs ont le choix
entre des Saas pour tracer les retours produits ou
bien des solutions pour vider les entrepôts. Nous
cherchons à éviter la case entrepôt. Nous prenons
en charge l’aspect logistique, en optimisant les
flux du fait de la mutualisation des retours pour
différentes marques et surtout, nous garantissons
une seconde vie pour chaque meuble en local.
On s’est retrouvé à faire beaucoup de terrain pour
se familiariser avec les enjeux actuels des
entreprises en matière d’environnement. Nous
avons déroulé une pelote et de fil en aiguille, nous
sommes arrivés sur la gestion des retours et la lutte
contre le gaspillage. Nous sommes ensuite partis à
la rencontre des vendeurs pour creuser le besoin et
en apprendre plus sur la gestion des retours. Après
6 mois de préparation, nous avons lancé
SmartBack en octobre 2021. Depuis notre
lancement, l’accompagnement a été clé. Nous
avons tout de suite été bien entourées grâce au
master entrepreneuriat X HEC. Ce premier
encadrement nous a permis de nous confronter à
des investisseurs et de nous habituer à pitcher
notre projet. Nous sommes ensuite entrées
dans L’incubateur HEC à Station F pour passer à la
vitesse supérieure. Nous avons pu rencontrer des
experts de chaque branche (produit, marketing…)
pour commencer à structurer le projet. Une fois la
base bien posée, nous avons bénéficié de
l’expérience des entrepreneurs de l’accélérateur 50
partenaires impact pour traiter des points plus
stratégiques et plus ciblés sur notre problématique
logistique et environnementale.
Quelles ont été les grandes étapes du
lancement de SmartBack ?
L’idée est avant tout partie de ma rencontre avec
Olympe Chabert dans le master entrepreneuriat X
HEC. Nous voulions toutes les deux nous attaquer
à un problème environnemental et le résoudre.
Où en est SmartBack aujourd’hui et quelles
sont ses perspectives ?
Notre solution aujourd’hui, consiste à gérer
localement le retour en faisant un diagnostic du
produit retourné pour ensuite le réorienter. Nous
revalorisons des centaines de retours par mois.
Nous nous appuyons sur un écosystème de 300
partenaires pour réparer, revendre, donner les
meubles qui nous sont confiés. Le choix a été fait
de ne pas nous positionner sur le segment B2C et
la revente de produits aux particuliers.
10
Aidez votre entreprise
Dans le cadre de nos rencontres avec des
entrepreneurs, nous avons eu la chance de
rencontrer Ariane Varale, cofondatrice de
l’entreprise Smartback. Ariane partage pour
ISLEAN le parcours de son aventure
entrepreneuriale et son expérience.
SmartBack solutionne la gestion
responsable de vos retours
Ariane Varale, cofondatrice de SmartBack | Propos recueillis par Armel Gilibert, Décembre 2022
Ariane Varale
Pour ma part, je pense que c’est d’abord une
question de personnalité. J’ai toujours aimé créer
des choses de toute pièce pour ensuite
embarquer des gens dans mes aventures. C’est ce
qui m’anime depuis toujours et j’ai pu mettre
cette facette de ma personnalité à contribution
dans le secteur des énergies renouvelables dans
lequel j’ai occupé plusieurs postes. J’ai ainsi
découvert différents métiers comme la R&D, le
conseil, la gestion de projet au sein de grands
groupes comme de start-up. C’est la gestion de
projet en start-up qui m’a tapé dans l’œil. J’étais le
chef d’orchestre de plein d’acteurs, sur le terrain à
faire le lien pour mener un bien un projet concret,
avec une pression marchée (budget, client) ce qui
manquait en recherche. A mon sens, c’est ce que
l’on retrouve dans l’expérience entrepreneuriale.
Finalement, la rencontre avec Olympe a aussi été
déterminante. Nous étions alignées sur nos
objectifs et nos motivations, ce qui m’a poussé à
me lancer dans ce projet.
Les données sont traitées par un
algorithme propriétaire déclenchant
un parcours de changement de
comportement alimentaire
Quelques conseils à donner pour un nouvel
entrepreneur ?
Le maître mot est la résilience :
1. La première chose, c’est de bien prendre le
temps de choisir avec qui on entreprend (si on
n’est pas tout seul bien évidement). Il faut
prendre le temps de se poser des questions et
comprendre les motivations de l’autre, ses
aspirations. Il faut être aligné et aller dans la
même direction, partager les mêmes valeurs.
2. Je pense aussi qu’il est indispensable de
prendre le temps d’explorer et d’analyser le
problème en se rendant sur le terrain. Bien
identifier les besoins du marché sans quoi tu
risques de mobiliser beaucoup de ressources et
d’énergie sur un problème qui n’en est pas un.
Cette étape est aussi importante, car tu sors
convaincu du fait que ton projet à un sens et
que ton travail va payer.
3. Il faut accepter le fait que gagner en légitimité,
se faire une place, signer des grands comptes
B2B, comprendre l’écosystème prennent du
temps. Quand on baigne dans un modèle
unique d’hyper croissance, il faut savoir prendre
du recul et se caler sur son propre rythme.
Nous vendons exclusivement en B2B à des
partenaires qui le revendent ensuite aux
consommateurs. Pour grandir, nous avons dû
nous entourer et chacune nous “spécialiser”.
Olympe gère le côté commercial et
communication. Quant à moi, je suis responsable
de l’aspect opérationnel et de la gestion des
retours au quotidien. Nous avons recruté deux
autres personnes pour nous épauler. Notre
premier objectif est d’augmenter le nombre de
retours que l’on revalorise sur notre modèle
générique. Notre objectif d’ici un an est
d’atteindre 1000 retours revalorisés par mois avec
un réseau de 500 partenaires. Nous explorons
également d’autres modèles logistiques, toujours
dans l’objectif de donner la meilleure seconde vie
à chaque meuble, en local. Dans une perspective
plus long terme, nous souhaiterions aller plus loin
dans le réemploi et la réparation des produits pour
maximiser la revalorisation des biens retournés.
De manière générale, il reste beaucoup de choses
à faire dans le secteur du mobilier.
D’où vient ta fibre entrepreneuriale ?
11
Aidez votre entreprise
Chloé Mehrabe
Outmind : le moteur de recherche
interne dédié aux entreprises
Grace Mehrabe, cofondatrice et CEO chez Outmind | Propos recueillis par Noémie Aznar, Novembre 2022
Quel est le problème à résoudre qui a lancé
Outmind ?
J’ai d’abord travaillé pendant plusieurs années sur
le sujet de l’adoption des logiciels en lançant
Lemon Learning, en 2014, avec Pierre Leroux.
Lemon Learning commercialise des guides pas à
pas pour former les collaborateurs à leurs outils
internes (Salesforce, Microsoft 365). Dans ce cadre,
j’ai observé qu’en moyenne tous les 6 mois, un
nouvel outil était déployé auprès des équipes
(observation sur des grands groupes). Deux enjeux
en découlent : se former au nouvel outil, mais
aussi créer une passerelle vers l’information qui s’y
trouve, pour que l’utilisateur sache où aller pour
retrouver ce qui l’intéresse. Or, on constate que la
majorité des collaborateurs ont aujourd’hui au
moins 3 outils différents par type de données (par
exemple, les données client, projet,
contractuelles…).
Pour cela, Outmind met à disposition un moteur
de recherche interne qui va aider le collaborateur
à identifier la bonne information, et si besoin, la
personne la mieux placée pour l’aider sur le sujet
recherché (via la prise en compte des
contributions de chacun). Les collaborateurs
peuvent instantanément identifier l’information
dont ils ont besoin à un moment donné, pour se
concentrer sur des tâches à haute valeur ajoutée.
Dans le cadre de nos rencontres avec des
entrepreneurs, nous avons eu la chance de
rencontrer Grace Mehrabe, co-fondatrice et CEO
chez Outmind. Grace partage pour ISLEAN le
parcours de Outmind et son expérience.
Comment fonctionne la solution proposée ?
Concrètement, on vient se connecter aux différents
outils du collaborateur. On dispose d’un ensemble
de connecteurs sur étagère qui viennent se
brancher à Office 365, au serveur de fichiers, aux
outils métiers comme le CRM… On propose à
l’utilisateur une fenêtre de recherche qui intègre
les principales sources de données, l’intégralité des
résultats, et des fonctionnalités permettant de
classifier l’information. Par exemple, si on identifie
des contenus en particulier on peut les labelliser
pour les rendre plus facilement identifiables pour
les autres.
Le cœur du sujet, c’est la recherche. Outmind va
retrouver tout type d’information grâce au titre et
au contenu des éléments. Cela ne se limite pas à
une recherche exacte : la solution intègre
également des algorithmes de recherche
sémantique et de Machine Learning qui
permettent de comprendre le sens des mots et
d’identifier des documents qui vont avoir des
nomenclatures proches. Par exemple : en tapant
“NDA” je vais pouvoir retrouver un “accord de
confidentialité” ou encore un “contrat de non-
divulgation” car le contenu des documents sont
très proches – même si la langue n’est pas la
même, qu’on a un acronyme face à un nom
complet, ou encore que le mot clé est différent
mais synonyme. Nombreux sont les utilisateurs qui
en ont besoin, car il y a souvent plusieurs façons de
nommer un même sujet ou document !
Le but avec Outmind, c’est d’unifier
l’expérience d’accès à l’information
pour le collaborateur, pour lui faire
gagner du temps, et lui éviter des
erreurs parfois très coûteuses.
Comment se positionne Outmind sur le
marché de l’Enterprise Search ?
Outmind évolue dans le secteur de l’Entreprise
Search : celui-ci existe depuis 15-20 ans. La plupart
des acteurs du marché déploient des plateformes
avec beaucoup de fonctionnalités spécifiques,
fournissant généralement un mélange de
produits et de services.
Le problème, c’est que ces solutions complexes
sont longues à mettre en place et souvent très
coûteuses. Ces ventes nécessitent souvent
l’intervention de cabinets externes, en charge de
l’intégration.
A contrario, Outmind fournit son service de
manière complètement “Plug & Play” pour que le
client puisse synchroniser en quelques clics ses
sources et commencer à utiliser la solution
rapidement, sans faire appel à un intégrateur. Nous
ne couvrons pas toutes les demandes du marché,
mais pour des acteurs de taille intermédiaire, ou
des équipes qui veulent rapidement bénéficier de
ce type de service, c’est parfait : le temps de
déploiement est accéléré, les coûts sont réduits, le
tout sans impacter la qualité. Nos algorithmes de
pertinence sont parmi les plus efficaces du marché,
dans la mesure où nous utilisons des technologies
très récentes, voire à l’état de l’art.
12
Aidez votre entreprise
Outmind : le moteur de recherche interne
dédié aux entreprises
Quel accompagnement proposez-vous à
vos utilisateurs ? Comment mesurez-vous
l’efficacité de votre solution ?
Lors de l’acquisition du produit, nous proposons
une visioconférence d’onboarding pour ceux qui
veulent plus d’accompagnement. Les utilisateurs
vont alors prendre en main l’outil en étant guidés
par notre équipe. Et par la suite, on fournit un
support en continu sur la plateforme : les
utilisateurs ont accès à une fenêtre de chat dans
laquelle ils peuvent poser leurs questions.
Concernant la pertinence des résultats, nous
l’évaluons grâce à une métrique de gain de temps
à partir du nombre de clics sur les résultats.
Concrètement, lorsqu’un utilisateur clique sur un
résultat proposé par Outmind, on considère qu’il a
gagné un peu de temps parce que:
• 8 fois sur 10 il a évité de faire plusieurs
recherches (plusieurs minutes perdues),
• 1 fois sur 10 il a évité de solliciter une personne
dans l’entreprise (5 à 30 minutes)
• 1 fois sur 10 il a évité de recréer de la
documentation qui existe déjà (30mn à 2h)
La satisfaction des utilisateurs se mesure
également à travers les parcours de recherche : par
exemple, chez TNP Consultants, le taux d’abandon
des recherchés est passé de 65% (données de
recherche sur Office 365) à seulement 10% sur
Outmind, grâce à une meilleure pertinence et une
meilleure exhaustivité.
Comment se présente Outmind ?
Chloé Mehrabe
Grace Mehrabe, cofondatrice et CEO chez Outmind | Propos recueillis par Noémie Aznar, Novembre 2022
Une fois installé, pour lancer Outmind, il suffit
d’appuyer sur les touches “ctrl+espace” de votre
clavier. Cela lance la fenêtre de recherche en
surcouche de tous ses écrans (un peu comme
Finder sur Mac, mais qui se limite à ce qui se trouve
sur votre poste). En quelques secondes, on peut
retrouver ce que l’on cherche, dans tous ses outils
en cloud ou en local. L’idée est de ne pas bousculer
les habitudes des utilisateurs, alors que l’on sait
que l’acculturation à la technologie est variable au
sein de chaque entreprise. On veut permettre à
tout un chacun de se concentrer sur ce qui
l’intéresse, sans avoir besoin de comprendre le
fonctionnement en détail des différentes
applications métiers – car concrètement, cela
freine énormément leur usage.
Notre application sur le poste de travail est
particulièrement plébiscitée par nos utilisateurs,
mais l’application est également disponible sur
n’importe quel navigateur web, et elle peut
également être intégrée dans les interfaces
internes de nos clients.
Comment collectez-vous les usages chez
les clients ?
Les personnes qui ont le plus besoin de nous sont
celles qui ont soit un très gros volume
documentaire, soit un besoin fort de réactivité – ou
les deux ! Quand on commence à déployer, on
cherche donc à cibler en priorité ces utilisateurs-là.
Notre tarif dégressif aide ensuite à passer à
l’échelle. Suite à l’onboarding, nous réalisons
régulièrement des interviews utilisateurs, pour
améliorer en continu notre compréhension de
leurs attentes, et donc nos fonctionnalités. Les
enquêtes qualitatives sont très riches en
informations. Certains de nos utilisateurs nous
disent gagner plus de 3h par semaine grâce à
Outmind. Enfin, on récolte également des
métriques d’usage anonymisées, que l’on partage à
nos clients. Par exemple, le taux de consultation
des résultats permet d’estimer le ROI, puisque pour
une solution comme Outmind, c’est l’usage qui fait
la valeur.
13
Aidez votre entreprise
J’ai enchainé avec un master spécialisé à l’ESCP
avec une spécialisation en gestion de projet
internationaux, car on commençait à mener des
projets dans plusieurs pays d’Europe avec ma
première boîte. C’est après mon départ et après
avoir tenté 6 mois de salariat, que je me suis rendu
compte que l’entrepreneuriat était davantage fait
pour moi : je m’y épanouis tout simplement plus.
L’investissement est plus fort, mais la récompense
peut l’être aussi.
J’ai lancé Outmind avec mon associé et CTO,
Arthur Caillaud, au sein de l’accélérateur de l’école
Polytechnique il y a 3 ans. Nous avons réalisé nos
premières ventes début 2020, qui ont permis
d’obtenir un premier financement à hauteur de
500 000 €. Cela nous a permis d’embaucher les
premiers salariés – qui sont d’ailleurs toujours chez
Outmind aujourd’hui ! Nous avons ensuite pu
améliorer le produit et aller chercher davantage
de clients (dont par exemple BPI France, Mazars,
KPMG, Crédit Agricole…). Nous avons bouclé une
seconde levée de fonds de 2M€ en septembre
2022. Aujourd’hui, notre challenge est de réussir le
stade de l’industrialisation, avec de
premiers passages à l’échelle chez nos clients.
Je voulais donc changer de métier,
retrouver du sens, arrêter de
ronronner, la quarantaine
approchant,… scénario classique !
Comment s’est développé Outmind ?
Et demain ? Quelles sont les suites du
projet ?
Notre premier enjeu est de devenir un leader
européen sur le Search, et de viser plus
généralement une échelle internationale
rapidement. D’ailleurs, notre produit est déjà
disponible en français et en anglais, et nous avons
commencé à accompagner des clients au-delà de
la France. Notre second enjeu est autour du
produit : augmenter la satisfaction utilisateur pour
les accompagner davantage. Généralement, on
commence par une première équipe chez nos
clients ; puis, l’usage prend dans cette population
et se déploie progressivement dans la structure.
Notre objectif est de faire d’Outmind un réflexe
pour les utilisateurs, pour rendre l’accès à
l’information toujours plus simple, plus rapide et
plus efficace pour eux.
Pourquoi l’entrepreneuriat plutôt que le
salariat ?
Ma première expérience entrepreneuriale m’a
d’abord permis de voir beaucoup plus
concrètement l’utilité de mes cours de
management, finance et comptabilité ! Mais
surtout, je me suis rendu compte que je
m’épanouissais là-dedans. Mes journées ne se
ressemblaient pas, j’avais une sorte de stress
positif qui me poussait à apprendre vite, et qui
m’animait. J’ai d’abord fait ça pendant 3 ans en
parallèle de mes études.
Quels conseils pour quelqu’un qui voudrait
se lancer ?
Voici 2 conseils clés qui peuvent vous aider à vous
lancer :
• Parler le plus vite possible à ses clients et les
écouter. Il est important de valider avec eux que
notre perception du problème et de la solution
sont les bonnes. On s’est également concentré
sur un cœur de cible très précis, pour ensuite se
développer : en l’occurrence, d’abord auprès
d’entreprises de conseil, avant d’intégrer
d’autres industries. Quand on veut servir trop de
gens, le risque est de ne pas réussir à servir assez
bien chacun d’entre eux.
• Bien s’entourer. Car c’est une aventure qui est
longue, complexe et avec des remises en
question fréquentes. Avoir un bon entourage
professionnel et personnel ouvre des portes et
fait gagner énormément de temps.
Grace Mehrabe, cofondatrice et CEO chez Outmind | Propos recueillis par Noémie Aznar, Novembre 2022
Outmind : le moteur de recherche interne
dédié aux entreprises
Chloé Mehrabe
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Aidez votre entreprise
Fréderic Baumann
Corymbus : le CRM des TPE et
indépendants
Frédéric Baumann, fondateur de Corymbus | Propos recueillis par Armel Gilibert, Juillet 2022
Comment avez-vous lancé ce projet ?
Je développe des logiciels depuis que j’ai 12 ans,
c’est vraiment une passion. Et j’ai toujours eu
envie de créer un produit, et d’avoir mon
entreprise pour le développer. Après une
formation d’ingénieur, j’ai commencé à travailler
comme développeur, puis j’ai évolué vers des
fonctions commerciales. Devant utiliser des CRM,
j’ai été sidéré par la complexité de ces outils,
même pour des tâches simples : relances clients,
chiffre d’affaires prévisionnel, campagnes email.
Puis, étant chargé de satisfaction client, j’ai
entendu pendant 8 ans les commentaires de
centaines d’utilisateurs sur la simplicité de ces
outils, je me suis dit qu’il y avait vraiment quelque
chose à faire ! J’ai donc associé ces expériences et
ma passion, pour concrétiser ma vision et
développer mon propre outil : Corymbus. Il n’y
avait pas de réelles solutions pour les TPE et
indépendants : les outils du marché étaient, à mon
avis, soit chers et lourds, soit gratuits, mais
insuffisants. Cela m’a décidé à cibler ce segment
d’utilisateurs en particulier. . Nous avons ouvert
nos bureaux en janvier 2021.
Fondateur d’une solution de CRM (Customer
Relationship Management), Corymbus. Frédéric
partage pour ISLEAN le parcours de l’aventure
entrepreneuriale et son expérience.
Etre en capacité de faire évoluer son outil
régulièrement est clé pour garder un avantage
concurrentiel. Parce que le Corymbus est en Saas, il
est en mesure de proposer à ses clients une
nouvelle version environ toutes les deux semaines.
Le produit est en évolution continue en fonction du
retour des utilisateurs. Corymbus propose des
comptes d’essai gratuits pour manipuler l’outil
avant de l’acheter, ainsi que des démonstrations en
ligne en « 1 to 1 ». Ces mécanismes d’avant-vente
sont très enrichissants pour comprendre les
besoins particuliers de chaque utilisateur. L’outil
intègre aussi une fonctionnalité pour inciter les
utilisateurs à suggérer des améliorations.
15
Aidez votre entreprise
Avez-vous reçu de l’aide au démarrage de
votre projet ?
J’ai développé l’outil pendant mon temps libre. Le
risque quand on travaille de façon déconnectée
des utilisateurs est de s’éterniser dans des
développements qui en fin de compte n’auront
peut-être aucune valeur ajoutée pour le client.
Grâce à Philippe Kalousdian, associé du cabinet
ISLEAN, j’ai pu organiser des webinaires de recueil
de besoins : j’ai pu présenter un MVP (Minimum
Viable Product) à des utilisateurs potentiels. Les
avis étaient très constructifs et cet exercice fut
extrêmement bénéfique pour la suite des
développements. Le principal atout de Corymbus
qui ressortit de ces entretiens était sa simplicité
d’utilisation, ce qui était très encourageant
puisque c’était justement la raison d’être du
projet.
Corymbus aujourd’hui ?
J’ai également sollicité beaucoup d’amis et de
conseillers, que je remercie bien
sincèrement, pour m’épauler sur le
développement commercial et la recherche de
nouveaux prospects. Mes expériences
professionnelles passées m’ont beaucoup appris
sur les forces et faiblesses des outils du marché,
ainsi que sur les attentes des utilisateurs de CRM.
Toutefois, je côtoyais principalement des grands
groupes. J’ai donc dû chercher de l’aide pour
conquérir mes nouvelles cibles que sont les TPE et
les indépendants.
Fonctionnalité de prévision et de suivi
des ventes
Corymbus : le CRM des TPE et
indépendants
Frédéric Baumann, fondateur de Corymbus | Propos recueillis par Armel Gilibert, Juillet 2022
Dès le début, j’avais recensé dans une roadmap
toutes les fonctionnalités que Corymbus devrait
proposer afin d’être un CRM complet, et je
choisissais celles qu’il fallait développer en priorité.
En fin de compte, il n’y a eu que peu de besoins
qui n’avaient pas été envisagés initialement,
l’essentiel des évolutions consiste donc
aujourd’hui à développer les éléments de la
roadmap les uns après les autres, en ajustant les
priorités selon le nombre d’utilisateurs qui en ont
besoin. Dès le début, j’ai visé les TPE et
indépendants avec un but
philanthropique : proposer un produit simple,
complet pour un petit budget. Concernant le
développement commercial, je m’appuie sur
divers partenaires, par exemple : des consultants
et coaches qui prescrivent Corymbus à leurs
clients, des incubateurs ou encore des
associations qui accompagnent les
entrepreneurs.
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Quels enseignements tirez-vous de cette
aventure ?
Aidez votre entreprise
Fréderic Baumann
Pipeline personnalisable pour le suivi des
opportunités
Les suites du développement ?
Je cherche en particulier à développer les
marchés internationaux comme les Etats Unis.
Avec d’autres logiciels que j’ai développés par le
passé, dans le domaine du traitement vidéo, je
me suis rendu compte que 99% des clients de ces
logiciels n’étaient pas Français, et pour 80%
Américains. Corymbus existe déjà en anglais et
compte aujourd’hui plusieurs clients dans des
pays non francophones. En règle générale, pour
vendre aux US, il faut être sur place, mais quand
on fait de la vente en ligne cette contrainte
s’estompe.
La vocation de Corymbus n’est pas de vendre des
services, toutefois cela se produit
occasionnellement, par exemple, pour la mise en
place de formulaires web et de workflows
d’automatisation. La stratégie consiste plutôt,
d’une part, à automatiser au maximum
l’accompagnement : il y a des tutoriels intégrés à
l’outil avec des pop-ups qui permettent
d’apprendre pas-à-pas, par la pratique. Et d’autre
part, pour les besoins d’accompagnement trop
spécifiques pour être automatisés, des
indépendants en charge de l’informatique de
leurs clients, ont la possibilité de paramétrer
Corymbus pour l’adapter à leurs besoins propres.
Le premier apprentissage est d’ordre technique, et
concerne le développement de l’architecture
logicielle de Corymbus. Pour fiabiliser le
fonctionnement de l’outil, j’ai mis en place une
infrastructure technique pour fiabiliser et fluidifier
le déploiement de nouvelles versions, par des
suites de tests automatiques et l’utilisation
de conteneurs, suivant les méthodes d’intégration
continue. Cela permet de proposer plus
rapidement de nouvelles fonctionnalités, tout en
réduisant les risques de régression et les coûts.
La deuxième leçon est que le client doit être mis
au centre de toute réflexion, notamment pour
faire évoluer le produit, avec parfois quelques
pièges ! Il m’est arrivé de mettre en place des
fonctionnalités à la demande de certains
utilisateurs, qui finalement ne sont pas utilisées
par les demandeurs, mais par d’autres clients.
Inversement, en poussant la réflexion, avec les
utilisateurs, sur les causes profondes d’une
demande d’évolution, on arrive à la généraliser et
à la rendre utile à un plus grand nombre
d’utilisateurs. Pour éviter de faire fausse route
dans la mise en place de nouveautés, il me semble
fondamental de confronter le produit le plus vite
possible au regard des clients. Dans ce registre, le
livre « Lean Startup » de Eric Ries a été une
révélation pour moi. Je le recommande vivement
à tous ceux qui voudraient se lancer un jour, tout
comme Philippe Kalousdian l’a fait pour moi. Un
grand merci à lui !
Avec NOCNOC, Alice Tourlonias
dépoussière la location
d’appartements de grande taille
Alice Tourlonias, cofondatrice et CEO de NOCNOC | Propos recueillis Antoine Matta, Mars 2022
Quel est le problème d’origine à résoudre
que vous avez identifié et qui a lancé le
projet ?
L’idée vient de mon expérience personnelle. Au
départ, en 2014 j’étais en stage à Paris. J’étais
payée 700 € par mois et mon loyer était de 800 €.
En 2014 Airbnb était en plein boom en France
donc j’ai surfé sur la vague des possibilités qu’ils
avaient créées. J’ai commencé à louer mon
appartement en home sharing, le concept de base
d’Airbnb.
C’était super sympa. J’avais un coloc la semaine et
le weekend je rentrais chez moi à Lyon pour voir
mon copain, l’appartement était encore loué. Je
touchais un revenu qui me permettait de tenir le
coup pour ne pas subir la hausse des loyers et le
coût des études. A l’époque, mon propriétaire
habitait dans le même immeuble que moi. J’ai
voulu trouver une solution pour ne pas l’effrayer et
ne pas me retrouver dehors en lui prouvant que
j’étais professionnelle.
A l’époque, l’idée de NOCNOC était de légaliser le
home sharing en allant démarcher les
propriétaires et en leur faisant ajouter une clause
autorisant les sous-locations à leurs baux avec les
étudiants contre une petite rémunération.
En général, les propriétaires étaient partants mais
le business plan n’était pas viable il aurait fallu
réaliser un volume très important pour que
l’entreprise soit rentable. Il aurait donc fallu que je
développe une application et que je lève des fonds
immédiatement pour recruter une équipe et faire
de la communication. Mais je n’avais ni l’argent, ni
la motivation pour me lancer dans ce genre de
projet.
Je voulais commencer tout de suite sans passer
par une levée de fond. Le concept de home
sharing me passionnait et c’était très rentable.
Dans le cadre de nos entretiens entrepreneurs,
je vous propose de rencontrer aujourd’hui Alice
Tourlonias, cofondatrice et CEO de NOCNOC.
L’entreprise basée à Lyon a développé la
location d’appartements de grande taille pour
courte durée.
Quelle est la solution que vous proposez
pour y répondre ?
Dans la continuité de ces premières expériences,
tout s’est fait assez logiquement. J’en vivais avant
même que les statuts ne soient déposés.
De 2015 à 2016, j’ai pris un an pour mettre à plat
tout ce que j’avais en tête : travail sur la création
de l’image de marque et ADN de NOCNOC. Cette
même année, je m’occupais de la comptabilité
chez mon père 2 jours semaine. En même temps,
j’avais mon appartement qui tournait sur Airbnb à
côté pour vivre.
Début janvier 2016, je posais les statuts et je
mettais ma première annonce sur le chat des
hôtes Airbnb lyonnais pour leur proposer de gérer
leur bien dans la foulée. 3 mois plus tard j’avais
déjà 25 mandats et j’étais sous l’eau. Accueil,
communication, ménage, lavage des draps, je
faisais tout de A à Z toute seule. Je me suis donc
associée avec un ami, Paul Lebas, avec qui je
parlais régulièrement du projet et qui aimait la
gestion alors que moi j’étais plus dans
l’opérationnel et la création.
On s’est rapidement concentrés sur la location
d’appartements de grande taille, parce que c’était
une niche, personne n’avait cette cible. De
plus, cela collait avec notre idée du partage et de
la convivialité, la demande était présente et la
rentabilité était 5 fois plus élevée que sur les petits
appartements.
Au départ, le business model était basé sur un
pourcentage de loyer. Ensuite on s’est mis à
proposer uniquement des loyers fixes au
propriétaires grâce à une idée de Paul. A ce
moment-là, la rentabilité a vraiment explosé.
Comment avez-vous lancé le projet ?
Comment avez-vous été accompagné pour
la création de votre entreprise ?
Je me suis lancée relativement seule mais j’ai été
accompagnée sur les conseils stratégiques d’abord
par mon entourage, et ensuite l’arrivée de mon
associé Paul a fait la différence. Il venait de Kedge,
l’incubateur de l’école nous a donné des conseils.
On a aussi eu la chance de rencontrer 3 business
angel entrepreneurs lillois dans le nettoyage
industriel. Ils sont devenus des investisseurs dans
l’entreprise en 2018.
Alice Tourlonias
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Avec NOCNOC, Alice Tourlonias
dépoussière la location d’appartements
de grande taille
Alice Tourlonias, cofondatrice et CEO de NOCNOC | Propos recueillis Antoine Matta, Mars 2022
Sur l’opérationnel pur, j’ai été accompagnée par
les équipes d’autoentrepreneurs qui m’aidaient
pour le ménage, l’accueil et les problèmes dans les
appartements (fuite d’eau…). Au début, je n’avais
pas du tout les moyens de salarier du personnel.
De plus, la relation avec des autoentrepreneurs
me convenait mieux. C’est plus simple à gérer et
amène davantage de proximité que le statut
patron/employé que je vis aujourd’hui.
Quel est l’avancement de l’entreprise
aujourd’hui ?
On vient d’acheter notre premier immeuble, un
hôtel de 22 chambres à Montpellier qu’on
transforme en 6 grands appartements, c’est une
belle récompense après 6 ans d’existence. A
présent, nous proposons des appartements
dans 8 villes françaises : Lyon, Marseille, Lille,
Toulouse, Montpellier, Nantes, Bordeaux et
Grenoble. Nous exploitons 5 Immeubles NOCNOC
(3 à Lille, 1 à Lyon et donc 1 à Montpellier dont
nous sommes propriétaires). Au total, on a 82
appartements pour 350 chambres dans notre
catalogue et on continue d’en rentrer. On est 22
salariés avec plus de 70 collaborateurs.
Au départ, 80% de location venait de Airbnb, 15%
booking, 5% arrivait directement par notre
plateforme NOCNOC. A présent 40% des
locations proviennent directement de
NOCNOC, ce qui veut dire autant de commissions
online travel agence en moins.
On a réalisé un chiffre d’affaires de 3,3 millions d’€
en 2021. Le Covid nous avait fait perdre la moitié
de notre CA en 2020. Cette année, on devrait faire
6 millions d’€.
Aujourd’hui on fonctionne essentiellement en
termes d’immeubles c’est plus facile pour nous à
exploiter c’est mieux pour notre image de marque
et c’est plus intéressant pour les investisseurs. On
leur propose de plus grosses rentabilités que sur
un mini appartement.
On va ouvrir Nice et Paris et on vise également
une capitale européenne.
C’est ce que font les hôtels au final on n’a rien
inventé mais on a un peu dépoussiéré le
modèle. Pour moi, c’est super important que les
jeunes générations s’approprient le monde dans
lequel elles vivent en venant questionner l’ordre
établi.
Les prochaines étapes envisagées ?
Pour plusieurs raisons : la liberté, la diversité des
missions, les défis au quotidien, le fait de toujours
chercher comment s’améliorer, comment
s’entourer, à qui demander le bon conseil pour
faire grandir la boîte. C’est une vraie passion.
Je n’avais jamais bossé dans des startups peut être
que ça m’aurait plu mais l’univers de l’entreprise
classique ultra hiérarchisée qui demande de faire
du présentéisme et d’être expert en un domaine
et surtout de se taire sur les autres sujets est
devenu une hantise ultra rapidement. J’ai senti le
besoin irrépressible de sauver ma peau.
Il y a aussi un truc mégalo dans l’entrepreneuriat
je dois avouer. J’avais le sentiment que je ne serais
jamais rémunérée à la hauteur de mes
compétences, difficile de valoriser des softs skills
quand tu es une femme et que tu n’as pas fait
HEC ou médecine.
Pourquoi êtes-vous entrepreneur, et pas
salarié ?
Alice Tourlonias
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J’ai appris que rien n’est jamais figé, rien n’est
acquis, il faut toujours garder un plan b. Il faut
aussi savoir saisir les opportunités quand elles se
présentent, j’aurai pu laisser mon appartement sur
Airbnb et en rester là. J’aurai pu tomber sur un
mauvais associé, j’aurai pu ne jamais trouver de
propriétaires ni d’investisseurs si j’avais regardé au
mauvais endroit.
Je dirais qu’il est super important de toujours
garder une vision 360 des problèmes pour
prendre du recul. Être chef d’entreprise, c’est
toujours gérer des problèmes donc il faut prendre
de la hauteur. Je pense aussi qu’il n’y a pas de
problème sans solution. En outre, il est primordial
de mettre son ego de côté au service du collectif si
on veut que ça fonctionne et ça c’est très dur
quand on est jeune. L’entreprenariat est une leçon
de philosophie permanente.
Quels conseils donnez-vous à ceux qui ont
envie de se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Go go go !
“On ne perd jamais, soit on gagne soit on
apprend”, c’est de Nelson Mandela pas de moi et
c’est une pensée que l’on se répète tous les jours
dans l’équipe. On reprend aussi la citation de Doui
dans Malcolm : “Sois gentil, pas méchant ce n’est
pas gentil d’être méchant.”
Quel apport personnel tirez-vous de cette
expérience ?
Avec NOCNOC, Alice Tourlonias
dépoussière la location d’appartements
de grande taille
Alice Tourlonias, cofondatrice et CEO de NOCNOC | Propos recueillis Antoine Matta, Mars 2022
Alice Tourlonias
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Aurélien Onimus
Seein-apps : une agrégation ludique
de vos investissements en
cryptomonnaie
Aurélien Onimus, fondateur de Seein-apps | Propos recueillis par Maxime Gaulhet, Décembre 2022
Qui êtes-vous et quel est le problème que
votre entreprise a résolu ?
Je m’appelle Aurélien Onimus. Cela fait
maintenant 5 ans que je travaille dans l’industrie
cryptomonnaie/blockchain. J’enseigne
également à la Sorbonne sur ce sujet depuis
l’année dernière. Je suis l’auteur de 4 livres sur
ces sujets, dont les deux derniers sont édités
chez Eyrolles. Mon dernier ouvrage
s’intitule Guide pratique de la blockchain en
entreprise et est paru il y a quelques mois. J’ai
travaillé à mon compte 3 ans dans le conseil en
lancement de produit Tech et blockchain en
startup, ce qui m’a amené à lancer le projet dont
on parle aujourd’hui.
Celui-ci trouve sa source dans un sondage que
l’on a effectué. On a interrogé environ 200
personnes sur du quantitatif et du qualitatif, ce
qui nous a permis de déterminer un profil type
d’investisseur en cryptomonnaie : Romain, âgé
d’un peu moins d’une trentaine d’années, qui
investit via plusieurs plateformes. Rapidement, il
devient compliqué pour lui de gérer et de suivre
tous ses investissements en même temps. Pour
se réassurer et suivre les projets, il rejoint des
communautés d’influenceurs ou de projets.
Malheureusement, il ne dispose d’aucune
garantie de la sincérité, de l’authenticité et de la
transparence de ces projets ni de la fiabilité des
influenceurs (ont-ils pris des risques, sont-ils
payés pour parler de ce projet etc.). Enfin, il a le
sentiment que le marché est réservé aux initiés
que sont les analystes et les geeks.
Basé sur ce profil-type, et le besoin d’une
expérience complète d’investissement, Seein-
apps vient agréger tous les investissements en
cryptomonnaie sur une seule plateforme qui se
modélise en forme de ville, avec pour chaque
cryptomonnaie, un bâtiment différent. La
plateforme permet ainsi de fidéliser, de créer des
interactions et du jeu et enfin de garantir la
sincérité des utilisateurs et de la performance de
leur investissement.
Aurélien Onimus, fondateur d’une
plateforme gamifiante de visualisation de vos
investissements en cryptomonnaie, Seein-
apps. Il partage pour ISLEAN son parcours
entrepreneurial dans un écosystème encore
fluctuant, notamment après la chute de l’un
de ses géants, FTX.
Le lancement d’un produit
reste un vaste débat,
notamment dans le
monde start-up. Dans
l’idéal commun : on sort un
produit une fois qu’il est
parfait, qu’il va buzzer et se
suivent de multiples
campagnes marketing.
Dans la réalité, c’est tout
autre. On s’est débrouillés
seuls, au jour le jour, en
faisant ce qu’on appelle du
«bootstrapping», en
somme, on a fait avec les
moyens du bord. On a suivi
Qui êtes-vous et quel est le problème que
votre entreprise a résolu ?
une des règles du Y Combinator (fonds de financement
de startup internationale) : « sortez un produit dont vous
avez honte ». C’est ce qu’on a fait afin d’arriver au plus
tôt sur le marché et de pouvoir itérer grâce aux retours
des utilisateurs. J’ai à l’origine commencé seul mais
nous sommes aujourd’hui 2 associés, avec quelques
prestataires externes. Nous avons une philosophie très
économe, notamment en vue du contexte. On essaye
d’être précis. Nous restons très focus sur chaque
hypothèse : pourquoi on le fait, dans quel but etc.. On a
la chance d’avoir déjà une petite communauté active,
nous permettant d’itérer à fond.
Quant à mon cofondateur, Pierre Moradei, il a rejoint
l’aventure en juillet 2022. Avant, je faisais tout ça seul en
plus de mon activité de conseil et de la rédaction de
mon livre. Le point de bascule est de savoir à quel
moment tu switches à plein temps sur le projet, sinon
ça ne décolle jamais. Depuis que j’y suis à temps plein,
ça a vraiment accéléré.
Jusqu’à juillet 2022, donc, j’étais tout seul avec mon
bâton de pèlerin et un développeur junior. C’était fou
mais j’étais super content. Pour mon tout premier pitch
public, j’ai levé 40 000 euros avec seulement 400e de
traiteur.
J’avais rencontré mon associé sur un projet de conseil
blockchain immobilier il y a quelques années. Quand je
cherchais un associé, je cherchais un CTO, car je suis
moi plutôt un profil stratégique/business. Je me suis
même demandé si je pouvais développer moi-même,
avant de réaliser que l’on est toujours plus efficace avec
quelqu’un de complémentaire.
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Seein-apps : une agrégation ludique
de vos investissements en
cryptomonnaie
Je cherchais donc un CTO axé Web3. Tous
avaient soit des prétentions extraordinaires,
malgré la jeunesse de l’écosystème, soit ils
étaient déjà sur un projet. Je n’avais pas du tout
pensé à Pierre car il n’était pas axé web3. Je me
suis ensuite rappelé de notre ancienne
collaboration, de sa disponibilité, et surtout de
son état d’esprit entrepreneurial. Et là je me suis
dit : Eureka ! mais c’est lui qu’il me faut. Je lui en
ai parlé. Il avait déjà dix ans d’expérience en
développement, notamment dans le software, et
particulièrement dans le secteur hôtelier. Il a
grimpé comme ça dans le salariat. J’ai réussi à le
convaincre et il a quitté cette belle place pour
rejoindre l’aventure. Aujourd’hui, le langage
Web3 est très proche des langages Web2. Donc
un bon développeur s’en sortira toujours.
Comme je le dis toujours, ce n’est pas avec une
formation de 3 mois qu’on devient développeur
et encore moins un développeur spécialisé
Web3.
D’où le fait que le profil soit parfait et hyper
complémentaire avec le mien, tout en étant
bon pitcher. Maintenant on pitch même à deux,
alors que ce n’est pas ce que je cherchais à
l’origine. J’ai compris que le mindset c‘est plus
important, encore plus que les hardskills, pour le
bon fonctionnement d’une équipe. On a tout de
suite opté pour une optique communautaire. On
obtient des retours grâce à nos followers, nos
réseaux et nos amis. Ça peut prendre la forme
d’un simple retour par messages jusqu’à des
appels de ¾ d’heure qui donnent des retours très
détaillés, une vraie mine d’info. L’objectif est
d’être au plus près des gens. Il est assez rapide de
s’enfermer ou de rester coincé dans le tunnel
d’une roadmap. On se donne une simple règle :
une nouvelle fonctionnalité par semaine, et sur
cette livraison, on donne notre maximum pour
avoir des retours. On utilise évidemment
beaucoup Discord, canal très populaire pour
l’écosystème Web3. On poste des messages sur
notre serveur, mais la taille de notre
communauté fait que l’on peut parfois se
retrouver sans retour. On opte alors pour des
messages privés et en général, on obtient
toujours des réponses.
On entend beaucoup que ce genre d’interactions
est propre au Web3, une nouvelle façon de voir
internet. En réalité, non. Dans le Web2, on apprend
toujours à avoir un retour utilisateur. C’est juste
que cet écosystème a ses propres codes (on sera
plus sur discord et twitter par exemple). Nous on
fait du B2C en mass market, donc forcément, on a
besoin des retours de « M. ou MME. tout le
monde », mais ce n’est pas propre au marché.
On peut d’ores et déjà modéliser son portefeuille
d’investissement en cryptomonnaie sur notre
plateforme. On est principalement sur une
innovation d’usage. Il est donc fondamental pour
nous de prouver que notre innovation vaut pour
tout type d’investissement, pas seulement pour le
Web3. Pour l’instant, notre base c’est de rendre
l’interaction individuelle pertinente, récurrente et
amusante. On a encore beaucoup de boulot.
Le but à termes, notre vraie valeur ajoutée selon
nous, c’est de créer des communautés
d’investisseurs. Chacune pourra voir la ville des
autres communautés, les comparer et interagir.
C’est aussi un moyen de suivre les performances
des investisseurs et des communautés. Chacun
des buldings, dont la taille varie en fonction du
montant détenue de ladite cryptomonnaie, a au-
dessus de son sommet, le logo de la
cryptomonnaie.
Où en est votre entreprise aujourd’hui ? Les
suites du développement ?
Aurélien Onimus, fondateur de Seein-apps | Propos recueillis par Maxime Gaulhet, Décembre 2022
On travaille également,
à court terme, sur un
système de couleur qui
permet de rendre
compte de la
performance de
l’investissement, en
suivant les codes du jeu
vidéo avec des ligues
bronze, argent, or etc.
Ainsi, en plus du
montant détenu, on
pourra également
évaluer la performance
d’un investissement et
pas se faire avoir par un
gros montant aux
mauvaises
performances.
Aurélien Onimus
21
Comme ces profils sont publics, les utilisateurs
peuvent renseigner des pseudos d’autres
personnes. Nous, nous devons pouvoir assurer que
l’utilisateur est bien propriétaire du porte-monnaie
qu’ils souhaitent modéliser sur notre plateforme.
Notre solution est donc la suivante : lors de la
première connexion, l’utilisateur lie son wallet,
autorise la lecture du solde, et grâce à l’adresse
publique on actualise (toutes les deux minutes)
l’affichage de donner avec l’adresse publique.
Ensuite, plus besoin de rouvrir le wallet, et donc
plus de risque utilisateur.
Autre point majeur : on est focus sur
les milléniales et la génération Z, en se basant sur
des sondages intéressants, datant d’il y a quelques
années. Par exemple, on sait qu’un
joueur millénial sur 2 aurait de la cryptomonnaie.
Ça en dit long. Ils commencent par le gaming,
puis rentre dans cet écosystème par du Roblox par
exemple. A ce sujet, on n’a pas tellement de
contraintes légales : on ne permet pas d’acheter et
revendre des cryptomonnaies. On a une grosse
contrainte légale en France à ce sujet : la loi
PACTE. Elle régule surtout la conservation, l’achat
et la revente. Nous on fait juste de la lecture de
données, c’est un choix stratégique. On ne pousse
pas à l’investissement, on vise à éduquer à
l’investissement. En théorie, si cette loi est
respectée, un mineur n’a pas de compte crypto et
donc ne peut pas utiliser notre plateforme. Ça
reste un risque mais, on a décidé de d’abord
foncer sur le marché, ensuite on bloquera si
besoin. Peut-être qu’un jour, notre plateforme
aura sa propre cryptomonnaie et permettra
d’acheter et revendre des cryptomonnaies mais ce
n’est pas notre proposition aujourd’hui.
Pour le moment, ce qui est effectif c’est de pouvoir
connecter avec son échange centralisé Coinbase,
ainsi qu’avec les wallets Metamask et Phantom. A
termes, on vise plus largement le Web2 centralisé
type Binance (qu’on veut intégrer pour début
2023) puis l’intégration du hardware, type Ledger.
L’idée reste de seulement lire l’information.
Il n’y a pas particulièrement de problème de droit.
Le plus gros enjeu est sur le centralisé. Dès qu’il
existe une API, il n’y a pas de souci. Notre flux
d’utilisateurs est encore assez faible pour être
géré. On verra plus tard. Sinon ce ne sont que des
accords utilisateurs et on utilise de l’open source.
On ne « hack » rien.
On a quand même eu, sur le plan technique,
quelques problèmes d’actualisation. Une des
règles des wallets Web3 est que l’on ouvre
un wallet qu’en cas d’action utilisateur. Sinon la
plateforme ne peut pas l’ouvrir. Notre enjeu
majeur est de certifier les personnes sur l’app.
Mais le Web3 repose sur la pseudonymisation.
Forcément, certains nous ont un peu pris pour des
fous à se lancer dans cet écosystème, notamment
après FTX, mais d’expérience, c’est quand on
entend ça, que ça va prendre.
Il n’y a pas de sujet de crise pour nous, et même
après la chute de FTX qui en a rajouté une couche.
On est sur un marché baissier, un bear market, et
une récession. C’est aussi un nettoyage de
l’opportunisme ambiant. Toutes les personnes qui
créent un produit, dans un marché haussier, ça
peut exploser à tout moment.
Nous ça ne nous a pas tellement impacté. C’est
aussi l’un de nos choix qui nous différencie de
nombreux acteurs de l’écosystème : nous n’avons
pas créé de cryptomonnaie, pas de ICO (levée de
fonds en crypto).
Quel impact de la situation du Web3 sur
votre projet ?
Aurélien Onimus, fondateur de Seein-apps | Propos recueillis par Maxime Gaulhet, Décembre 2022
Aurélien Onimus
Seein-apps : une agrégation ludique
de vos investissements en
cryptomonnaie
22
En termes de software, c’est le premier que je
lance. Avant, j’avais une société de conseil. On
n’est pas sur la même chose. Je ne fais pas ici de
hiérarchie qualitative malhonnête, je constate
juste une différence. Dans le conseil, mon but
c’était de vendre une prestation et mon expertise.
Là, dans la partie software : il faut maîtriser tous
les versants, mais ça reste idéaliste. Tu essayes, à
l’instant T de prendre la moins pire des décisions. Il
faut accepter qu’on puisse se tromper et perdre 15
jours de vie.
L’apprentissage majeure, c’est ce que je
mentionnais : sortir un produit dont on a honte.
C’est contre-intuitif mais c’est puissant.
Beaucoup de projets Web3 confondent créer de la
valeur autour d’un écosystème financier (en
créant des cryptomonnaies ou des NFT) avec la
création de valeur d’un produit. 99% des ICO qui
concernent la première catégorie, en témoigne
STEPN dont tout le monde parlait, chutent au
bout de quelque mois par absence de bon
produit.
Notre sujet c’est de créer un produit que les gens
veulent, c’est notre seul focus et ensuite peut-être
que cette petite communauté nous demandera
que nous créions une cryptomonnaie. Si cette
demande est vraiment poussée, on y songera et
on cherchera à lever plus de fonds. Aujourd’hui, on
est sur des fonds d’investisseurs privée,
du préseed, sous format BSA Air avec donc des
formats plutôt classiques du Web2.
Les levées faussent l’analyse de la rétention et du
marché. Beaucoup de projets Web3 ont levé
énormément mais ça ne prouve aucunement
l’existence d’une traction. La rétention ne s’analyse
pas sur six mois. Nous on vise petit et dès qu’il y a
de la rétention, nous grossissons. Donc
l’écosystème qui bouge, ça ne change rien. On
lance certes une petite collection de NFT mais en
restant cohérent avec notre projet, notamment
sur la quantité. Le marché devient rationnel, et
quand on a une traction, on accélère.
Aurélien Onimus
Je ne pensais pas que ça m’apprendrait autant.
Car même si c’est négatif, on a des retours, le
produit existe, on génère quelque chose. Si je
pousse à fond cette logique, je pourrais même
dire que même un bad buzz, ça fait parler. Avant
je voulais lever 5 millions, et foncer. Après
quelques échanges, j’ai compris que ça ne
marchait pas comme ça. Maintenant, on vise petit.
Nous discutons avec pas mal d’experts, de
fondateurs de licornes, de personnes qui sorte de
l’accélérateur Y Combinator et ils sont unanimes :
ils nous poussent à continuer ce projet à deux.
Nous pouvons ainsi rester agiles et au moment
venu, nous grossirons. Ce n’est pas du bullshit : il
s’agit de faire comprendre la plus-value, quitte à
laisser le reste de côté (UX, design etc.), mais nous
itérons grâce aux utilisateurs avant de faire des
formulaires pour lever plein d’argent, missionner
un designer pendant plusieurs mois etc. Là nous
connaissons notre produit sur le bout des doigts
et chaque retour que nous avons pu avoir. Dans le
Web3, beaucoup d’ICO avec des montants très
élevés ne sortent rien pendant des années. Avec
ça, la tentation est grande de partir avec la caisse.
En termes mécanique, une boite n’est jamais
prête à recevoir autant si tôt. Notre base c’est ça :
on avance à tâtons.
Quels enseignements pour vous ?
Quelques conseils pour ceux qui voudraient
se lancer ?
J’en ai deux.
Sur l’entrepreneuriat en général, ne pas agir c’est
déjà une décision, c’est choisir de ne rien faire.
C’est très simple mais c’est vrai. Faites quelque
chose, agissez et arrêtez de réfléchir des années.
C’est l’état d’esprit, faites un post, faites réagir et
ça commence déjà là. Passez à l’action. Si vous ne
le faites pas, posez-vous des questions : est-ce que
j’ai vraiment envie d’entreprendre ? Le seul moyen
de savoir si ça marche c’est d’essayer. J’ai parlé à
des entrepreneurs qui ont vingt ans d’expérience
avec des énormes succès et même eux ne sont
pas sûrs d’être bons.
Quant à l’entrepreneuriat dans le Web3 à
proprement parlé : soyez dans les codes.
Rejoignez des communautés, parlez aux gens,
allez au contact sur Twitter, Discord, ou des
Forums. Ça arrive très vite de s’isoler de son public
et on s’éloigne de ce qu’il se passe, de ceux que
l’on pense viser.
Aurélien Onimus, fondateur de Seein-apps | Propos recueillis par Maxime Gaulhet, Décembre 2022
Seein-apps : une agrégation ludique
de vos investissements en
cryptomonnaie
23
Sitadel : la solution centralisée de
gestion opérationnelle de patrimoine
immobilier
Pascal Rybak, co-fondateur de Sitadel | Propos recueillis par Madeleine Adrien, Novembre 2022
Comment avez-vous lancé Sitadel ?
Historiquement, je travaillais dans le conseil. J’ai
deux TPE, une qui s’appelle ACIEM, qui fait du
conseil en organisation sur des projets plutôt
techniques, et une autre qui s’appelle TD SYSTEM
et qui fait du développement informatique. Un
ami avait développé son propre produit pour
réaliser des états des lieux immobiliers. En parlant
avec un de ses locataires, il s’est rendu compte
que son logiciel était également intéressant pour
réaliser des audits de fin de garantie d’éoliennes.
Ils ont donc créé ensemble un autre produit pour
répondre à ce besoin, projet pour lequel il m’a
demandé de l’aide.
En regardant, nous nous sommes rendu compte
qu’entre l’audit de fin de garantie d’éolienne et les
états des lieux immobiliers, il n’y avait aucune
différence des points de vue organisation et
développement informatique. Et cela allait plus
loin : nous avons réalisé que dans ces marchés là,
tout le monde avait les mêmes problématiques en
termes de gestion opérationnelle :
• Le ticketing, ou comment capter l’information
de l’existence du problème, que ce soit
manuellement ou automatiquement grâce à
des objets connectés
• Les réparations, c’est-à-dire s’assurer que les
désordres étaient bien résolus, que ce soit par
des équipes internes ou des prestataires
externes
• La problématique réglementaire, par exemple
sur des contrôles, des entretiens, et même du
pilotage de contrats
• Les audits, que ce soit un état des lieux locatif,
un PV de livraison d’un programme ou un audit
de fin de garantie d’une éolienne
Adrien Rambaud est co-fondateur de Morio,
projet visant à développer l’usage du vélo grâce
à la sécurisation des flottes et ainsi favoriser la
mobilité durable.
Il suffit seulement de considérer le modèle
descriptif approprié à l’objet concerné. En faisant
cela, que ce soit pour un paquebot, des bureaux,
un avion, ou de l’immobilier, on peut créer
exactement le même outil. J’avais toujours eu
envie de créer puis de développer un produit
logiciel, et nous avons décidé de nous lancer dans
l’aventure.
De quels accompagnements avez-vous
profité au démarrage du projet ?
Nous avons rapidement rejoint l’incubateur «
Télécom ParisTech entrepreneur ». Nous avons
ainsi pu bénéficier d’un réseau et de formations
spécifiques de très bonne qualité. Grâce à eux,
nous avons été éligibles à une subvention de la BPi
et de la ville de Paris. Cela nous a aidés à démarrer.
Ensuite, nous avons obtenu la labellisation «
Startup innovante » auprès de Finance Innovation,
un pôle de compétitivité mondiale dédié à la
finance, l’assurance et l’immobilier et basé dans le
centre de Paris. Cela nous a permis d’ouvrir notre
réseau et d’obtenir une seconde subvention «
Innovup » de la BPI et de la région. Surtout, le label
« Startup innovante » nous permet de proposer aux
clients soumis au code des marchés publics de
passer par le processus « Achat Innovants »,
beaucoup plus facile et rapide puisqu’en gré à gré
total. En complément de ces subventions
publiques, nous avons réalisé une levée de fond de
type Love money qui nous a permis de passer le
cap délicat du Covid.
Pascal Rybak
24
Sitadel : la solution centralisée de
gestion opérationnelle de patrimoine
immobilier
Sitadel aujourd’hui ?
Nos clients-cibles sont les property managers, qui
gèrent plusieurs sites. La problématique pour eux
est d’avoir une vue d’ensemble sur des sites qui ne
sont pas forcément gérés par les mêmes
fournisseurs et pour lesquels il faut utiliser des
outils différents. Beaucoup de startups se sont
lancées dans ce domaine, mais elles ne traitent
chacune qu’un petit bout de la problématique de
gestion opérationnelle. Sitadel permet de
centraliser toutes les problématiques liées à
l’ensemble des actifs gérés par un property
manager.
Par ailleurs, le fait que l’outil ne soit pas une
application facilite la maintenance et garantit la
compatibilité native avec les systèmes
iPhone/Android. Sitadel est un site web, accessible
depuis un PC, une tablette ou un Smartphone.
Nos clients ne s’occupent de rien et changent de
matériel comme ils le souhaitent. Nous sommes
par ailleurs très prudents en ce qui concerne le
stockage et la sauvegarde des données des
utilisateurs afin d’éviter la perte de ces dernières.
Par exemple, l’incendie des serveurs OVH à
Strasbourg a entraîné une interruption de service
de 1h le jour où l’incident s’est produit, ce qui a
prouvé que notre architecture était solide.
Ceci étant, il faut garder en tête que le meilleur
apport de trésorerie reste le chiffre d’affaires, plus
que la levée de fonds. Cette dernière est une
manière de se donner les moyens d’avancer plus
vite, mais n’est pas un but en soi. En plus, elle n’est
pas sans risque. Le chiffre d’affaires est quant à lui
une manière beaucoup plus stable d’augmenter
sa trésorerie, puisqu’il est aussi signe du succès de
l’entreprise et de son idée, de l’expérience et de la
base de clients acquise. Et puis le chiffre d’affaires
n’a pas à être remboursé et ne dilue pas
l’actionnariat !
Aujourd’hui, Sitadel est une solution Saas full web
qui assure le responsable patrimoine que son parc
est 100% conforme et fonctionnel, et qui
fonctionne sur un système d’abonnement annuel.
Chaque acteur y possède un compte (les property
managers, les prestataires internes ou externes,
les demandeurs (locataires ou collaborateurs)) et
en fonction de son rôle, il aura accès à des
fonctionnalités différentes.
Pascal Rybak, co-fondateur de Sitadel | Propos recueillis par Madeleine Adrien, Novembre 2022
Fonctionnement de l’outil : liste des interventions
planifiées
Fonctionnement de l’outil : historique des tickets
Pascal Rybak
25
Les suites du développement ?
Un point très important est l’implication des
premiers clients. En effet, ce sont probablement
eux qui vont faire évoluer le produit dans la «
bonne » direction . Généralement, ces clients
comprennent que le coût adapté d’une telle
intégration s’accompagne de la nécessité de
travailler « en mode startup », c’est-à-dire de la co-
construction et l’acceptation des anomalies « de
naissance ».
Les fondateurs doivent être présents sur le terrain
pour accompagner les évolutions nécessaires,
faire preuve d’agilité et proposer un service Client
hors pair. Par ailleurs, il est critique que les clients
soient prêts à défendre la startup auprès de leurs
autres prestataires afin d’encourager les
partenariats nécessaires.
Un second point capital est de développer
conjointement le produit et sa commercialisation.
Lorsqu’on signe avec un client, il ne faut pas
accepter n’importe quelle demande. Il est
important que les développements réalisés sur le
produit pour le client servent à tous les autres.
Dernier point, il est essentiel de cultiver son réseau
pour tester ses idées, sans oublier d’être résilient,
car le succès ne vient pas nécessairement tout de
suite !
Aujourd’hui, nous avons réussi à monter un
produit et à fidéliser des clients. Nous voyons le
développement de Sitadel selon 4 pistes.
La première piste concerne les évolutions
régulières demandées par nos clients et que nous
co-construisons avec eux. Sitadel évolue
rapidement pour s’adapter aux besoins de chacun,
tout en gardant à l’esprit la « simplicité ».
La seconde piste concerne l’internationalisation
de Sitadel, car certains de nos clients aimeraient
également pouvoir gérer le patrimoine qu’ils
possèdent à l’international sur Sitadel. Ce besoin
nécessitera de développer le logiciel dans une
version anglaise.
Dans la même veine de l’international, nous
sommes très sollicités par des entreprises situées
en Belgique, et qui sont confrontées aux 4
problématiques clés citées précédemment, ce qui
nous conforte dans la conviction que le problème
que nous traitons est le même quel que soit le
pays.
Pascal Rybak, co-fondateur de Sitadel | Propos recueillis par Madeleine Adrien, Novembre 2022
Fonctionnement de l’outil : conformité
règlementaire
Sitadel : la solution centralisée de
gestion opérationnelle de patrimoine
immobilier
Pascal Rybak
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Thomas Deneux
Learning Robots présente AlphAI,
son robot conçu pour enseigner l’IA
Thomas Deneux, fondateur de Learning Robots | Propos recueillis par Noémie Aznar, Mai 2022
Peux-tu pitcher Learning Robots ?
J’ai créé l’entreprise Learning Robots en mai 2020,
dans le but de commercialiser le robot AlphAI. Je
l’ai initialement développé dans le cadre d’un
projet de recherche au CNRS visant à comparer
l’apprentissage d’une IA et l’apprentissage du
cerveau humain/animal. Ce robot est idéal pour
enseigner l’Intelligence Artificielle dès le plus
jeune âge. Il permet entre autres de visualiser des
réseaux de neurones, et de comprendre comment
ils fonctionnent. Il présente 3 modes
d’apprentissage :
Programmation classique où le robot reçoit
directement les informations par l’interface
graphique ou en Python,
Apprentissage supervisé où l’utilisateur téléguide
le robot avant de le laisser en autonomie,
Apprentissage par renforcement où le robot
apprend en expérimentant. Il reçoit des
récompenses positives ou négatives en fonction
des décisions prises ce qui lui permet de
progresser.
D’abord, nous avons commencé par le présenter
dans des écoles. C’est tombé en phase avec un
besoin d’apprentissage de l’IA exprimé par
l’Education Nationale, ce qui a été un
encouragement fort et nous a permis de nous
lancer.
Nous avons eu la chance de rencontrer Thomas
Deneux, fondateur de Learning Robots. Thomas
partage pour ISLEAN le parcours de Learning
Robots et son expérience entrepreneuriale.
27
La Tech à votre service
D’ailleurs, aujourd’hui AlphAI consiste à mettre l’IA
à la portée de tous, en l’étudiant. Mais à l’avenir il
sera naturel de lui trouver de nouvelles
applications où les principes de base seront faciles
à utiliser et que l’on comprenne ce qu’il se passe à
l’intérieur.
Notre lancement s’est bien déroulé. En effet, le
robot prototype avait déjà été montré à des salons
d’éducation. Cela nous a permis de décrocher des
contrats de distribution dans les premiers mois.
Nous avons également obtenu 2 subventions :
• Edu-up proposé par l’Education Nationale et
• Innov’up Expérimentation « IA et Education »
proposé par Cap Digital, BPI France et la
Région IDF
Plus que de l’argent, concourir à ces subventions
nous a permis d’entrer dans le réseau de
l’Éducation Nationale. Du reste, nous avons vendu
400 robots à 130 établissements dans les 18
premiers mois de vente. Les clés de notre
démarrage réussi :
• Nos contacts directs avec l’Education Nationale,
• Avoir été positionnés dans les catalogues des
distributeurs.
Comment le projet a-t-il été lancé ?
Au départ, en 2018-2019, nous avions dans l’idée de
faire un jouet. AlphAI aurait été une sorte de robot
compagnon s’adaptant à l’enfant. En présentant
un prototype à des enfants et des enseignants,
nous avons constaté que le robot éveillait leur
intérêt. En parallèle, j’ai suivi une formation à
l’entreprenariat avec Deeptech Founders. Faire
cette formation m’a fait réaliser qu’un jouet ne
peut pas coûter plus de 100€. Or, le robot aurait
coûté beaucoup plus sauf à produire des volumes
de l’ordre du million.
Aujourd’hui, où en est Learning Robots ?
L’entreprise doit continuer de grandir. La priorité
est d’augmenter les ventes. Pendant ces 2
premières années d’existence, nous avons
fonctionné de manière agile. En d’autres termes,
nous avons récupéré les retours des utilisateurs,
pour rendre la solution de plus en plus maniable.
Notre plus gros levier de croissance aujourd’hui,
c’est l’international. On a d’ailleurs été au salon de
l’éducation mondial BET à Londres en mars
dernier. Et, même si l’IA y était présente, aucun de
nos concurrents ne cherche à expliquer comment
cela fonctionne, à ouvrir la boîte noire.
Je suis persuadé qu’on est dérouté par la vitesse à
laquelle les systèmes apprenants progressent
notamment via les smartphones, GPS,… La
machine saura bientôt quelles sont nos meilleures
options. Cependant, cela n’empêche pas que
comprendre comment ça marche permet d’avoir
un regard critique et de toujours mieux l’utiliser.
C’est même une nécessité !
Learning Robots présente AlphAI, son
robot conçu pour enseigner l’IA
Thomas Deneux, fondateur de Learning Robots | Propos recueillis par Noémie Aznar, Mai 2022
Nous avons réalisé 85 000 € de CA sur l’année, ce
qui est très bien pour un début. Mais il faut
absolument l’augmenter. Nous avons deux pistes
pour cela :
• D’abord augmenter notre présence
géographiquement,
• Mais aussi beaucoup d’expansion sectorielle.
Nous avons prévu de nous y attaquer cette
année. Nous pensons à l’éducation supérieure
(universités, écoles d’ingénieurs…) qui sont bien
sûr sensibles à ces sujets. Mais, nous
expérimentons aussi vers les âges les plus
jeunes (écoles élémentaires) pour voir si notre
solution peut convenir. AlphAI peut en effet
aider les élèves à comprendre l’IA et la
robotique mais également l’apprentissage de
manière générale. Le robot marque les élèves
et leur permet de comprendre que l’erreur aide
à progresser dans leurs apprentissages,
• Nous avons également commencé à réfléchir à
une expansion sectorielle vers la formation
professionnelle.
Quelles sont les suites du développement
de Learning Robots ?
Comment fonctionne AlphAI ? En quoi
consiste-t-il ?
Avec AlphAI, on a voulu développer 2 volets :
permettre de manipuler les apprentissages et
expliquer les algorithmes à l’intérieur. Notre offre
se différencie par le choix d’avoir un robot
physique plutôt qu’une interface web. Nous avons
une activité phare avec AlphAI : la course de robot.
On construit une arène au sol avec des planches,
puis les élèves entraînent le robot en fournissant
des données. Plusieurs modes d’utilisation
existent :
Après l’entraînement, on place les robots sur la
ligne de départ et on lance le robot en autonomie.
A ce moment, l’IA pilote les robots et la course a
lieu. Ensuite, on fait le bilan avec les enfants car
pour avoir un robot performant, il faut des
données qualitatives, quantitatives et exhaustives.
Par exemple, les robots des enfants qui
confondaient la droite et la gauche pendant
l’entraînement vont refléter ça dans leur
comportement, et risquent de ne pas gagner la
course…
Apprentissage supervisé
Dans ce mode d’apprentissage, les élèves
commencent par entraîner le robot. Ils pilotent le
robot dans l’arène. L’IA va mémoriser les images
capturées par la caméra associées avec la décision
prise (tourner à gauche, aller tout droit, faire demi-
tour…). Le robot va ainsi être capable de copier ce
qu’il a déjà fait et de généraliser à des situations
légèrement différentes pour se diriger lui-même.
Dans ce cas, on ne donne plus d’exemple, on met
en place un score et le robot apprend par lui-
même en expérimentant de manière autonome.
Le score correspond à la vitesse du robot : plus elle
est forte, plus il reçoit de récompenses. Si le robot
s’arrête, il reçoit une punition. Au fil du temps, le
robot progresse. De la même manière, on peut lui
apprendre à taper dans un ballon de baudruche.
Pour ce faire, on programme une récompense qui
l’encourage à chercher à avoir la couleur du ballon
dans son champ de vision.
On peut également prendre le contrôle du robot
pour accélérer son apprentissage ou encore faire
une activité où on fait prendre des décisions au
robot une par une ce qui permet de voir l’impact
des décisions prises sur les connexions au niveau
du réseau de neurones.
Apprentissage par renforcement
Thomas Deneux
28
La Tech à votre service
Learning Robots présente AlphAI, son
robot conçu pour enseigner l’IA
Thomas Deneux, fondateur de Learning Robots | Propos recueillis par Noémie Aznar, Mai 2022
Nous avons aussi développé d’autres activités. On
peut par exemple se passer de la caméra pour
utiliser de l’ultrason. Cela permet d’évoluer dans
un environnement plus simple et de pouvoir
interagir avec un réseau de neurones beaucoup
plus petit pour commencer. Le but de ces activités
est de comprendre les réseaux de neurones et les
connexions qui les lient.
Prenons l’exemple d’un réseau de neurones avec 2
neurones en entrée : si le robot est bloqué le
premier neurone s’allume, s’il ne l’est pas c’est
l’autre qui s’allume. Par l’expérimentation
manuelle, les enfants vont se rendre compte que
pour que le robot ne reste pas bloqué, alors le
neurone associé à “est bloqué” doit avoir une
connexion forte avec l’action “se retourner” et que
le neurone associé à “n’est pas bloqué” doit avoir
une forte connexion avec l’action “aller tout droit”.
Nous passons ensuite avec les enfants à la
visualisation de l’apprentissage automatique :
nous voyons comment, pour minimiser l’erreur, le
programme d’apprentissage modifie les
connexions jusqu’à retrouver celles qu’on avait
trouvées dans l’activité précédente manuelle.
Quand on met ensuite des couches
intermédiaires, c’est le même principe : le
programme d’apprentissage renforce ou diminue
des chemins complets.
On parle aussi d’autres algorithmes. Par exemple,
on aborde l’algorithme des k plus proches voisins
(au programme du lycée). Dans ce cas, on cherche
à trouver les k images les plus proches de celle
pour laquelle on doit prendre une nouvelle
décision (k est un nombre entier). Cela consiste à
prendre une décision sur une image, en la
comparant avec des images de la base de
données et en sélectionnant les k images les plus
proches.
Comment accompagnez-vous vos
clients après une vente ?
L’accompagnement est très important. Surtout
que les professeurs qui achètent la solution
découvrent eux-mêmes ce qu’est l’IA, et peuvent
pour cela avoir des difficultés à utiliser le logiciel.
Nous avons donc mis en place une séance d’1h30
de visioconférence après achat d’un robot pour
pouvoir lancer les utilisateurs. Cela nous permet
aussi d’avoir plus de feedback de la part des
enseignants, donc de mieux développer notre
solution. Nous réfléchissons également à créer
une sorte d’académie de partage et d’échange
autour de notre solution. Nous proposons aussi
une hotline gratuite pour les clients.
Aujourd’hui, notre business model tourne
majoritairement autour du robot. A terme, nous
souhaitons nous tourner vers notre logiciel et les
services associés en mettant en valeur le logiciel
sous la forme d’un abonnement lié aux mises à
jour de ce dernier. Une autre diversification que
nous visons est de vendre le logiciel seul car il va
pouvoir analyser des jeux de données, ou parce
qu’on pourrait piloter d’autres robots (Thymio par
exemple).
Autres applications
Quels conseils donneriez-vous à
quelqu’un qui voudrait se lancer dans
l’entrepreneuriat ?
D’abord, il faut savoir que c’est très différent du
statut de salarié, car je mène mon propre projet. Il
faut donc avoir une vision à court et moyen-long
terme. C’est passionnant mais risqué et donc cela
peut aussi être usant. La réussite tient beaucoup à
avoir la bonne idée et avoir la fibre pour la mener à
bout, ce qui veut dire que pour aboutir il ne faut
rien lâcher. Par exemple, début janvier, nous
avions anticipé 20 000 € de commande et nous
avons réalisé 1 000 ou 2 000 €. Ça fait un trou dans
le prévisionnel mais il faut continuer d’y croire, et
de fait cela repart bien depuis que nous sommes
sortis du Covid. C’est aussi très important de bien
s’entourer, de savoir déléguer et de trouver les
bons talents. Nous venons par exemple de
rejoindre le Réseau Entreprendre qui va nous
apporter un accompagnement de qualité.
Thomas Deneux
29
La Tech à votre service
La veille d’information de qualité et
diversifiée grâce à l’intelligence
artificielle de FLINT
Benoît Raphael, cofondateur de FLINT | Propos recueillis Andres Villarreal, Avril 2022
Quel est le problème à résoudre qui a lancé
le projet ?
Le but principal de FLINT est de permettre aux
utilisateurs de s’informer de façon équilibrée.
Aujourd’hui, il y a tellement de sources
d’information qu’il est très difficile de suivre tous
les fronts. On appelle cela l’infobésité, la
surconsommation et saturation d’information. On
parle même de FOMO (Fear Of Missing Out), un
syndrome qui décrit la peur de rater quelque
chose FOMO, et qui nous amène à nous
surinformer, tout en stressant de ne pas assez le
faire, ou en ayant le sentiment d’être
paradoxalement moins bien informé.
Trop d’information tue l’information et freine la
prise de décision ou nous amène à faire des
erreurs de jugement. Le sentiment de saturation
(qui touche plus de 7 Français sur 10 selon une
étude Flint/IFOP de 2021) pousse notre cerveau à
déclencher des mécanismes mentaux, pour se
décharger, ce qui favorise les biais de
confirmation, l’enfermement dans les bulles
d’information, et le développement des fake news.
Au risque de passer à côté d’une vraie richesse
d’information, noyée par le bruit informationnel
organisé par les moteurs de recherche et les
réseaux sociaux.
Grâce à l’intelligence artificielle, les abonnés
peuvent créer en quelques minutes à peine des
newsletters intelligentes alimentées
automatiquement par les robots, avec une
sélection des meilleurs contenus d’information
diffusés sur Internet.
L’algorithme permet de gagner du temps, entre 1
et 4 heures de veille par semaine, tout en mettant
l’accent sur la diversité des sources d’information
pour élargir notre vision et détecter les signaux
faibles dans le bruit et les tendances, tout en nous
protégeant des fausses nouvelles.
Dans le cadre de nos rencontres avec des
entrepreneurs, nous avons eu la chance de
rencontrer Benoît RAPHAEL, cofondateur de la
plateforme pour la veille d’information grâce à
l’intelligence artificielle, FLINT.
Comment FLINT propose de s’informer
de manière équilibrée ?
Ces sources sont sélectionnées grâce à l’analyse
de la valeur nutritionnelle (la valeur scientifique, la
valeur d’innovation et le biais d’opinion) des
contenus. On obtient ce score par l’analyse du
comportement de plus de 22.000 experts avec
plusieurs millions de contenus.
FLINT est en constante évolution et mène ainsi
des ateliers collaboratifs avec ses clients pour
enrichir les sources d’informations et améliorer
leur produit.
Cela permet à FLINT de garantir non pas
l’exhaustivité de l’information mais plutôt la
qualité et la diversité. Cela permet aux abonnés de
ne pas tomber dans le biais de confirmation, de
s’inspirer et de s’ouvrir l’esprit, en même temps
qu’ils ne se noient pas dans trop de sources.
L’information collectée est envoyée via une
newsletter personnalisée, quotidienne,
hebdomadaire ou mensuelle. C’est ainsi une
newsletter intelligente qui fournit les informations
riches en sources, contrastes et fiabilité.
Comment FLINT a-t-il été lancé ?
Journaliste de profession, Benoît voulait
permettre aux personnes d’entendre le plus de
voix possibles tout en évitant l’intoxication
informative. Cela est notamment difficile car les
algorithmes des réseaux sociaux ne favorisent
pas la qualité des informations mais plutôt
l’addiction via l’émotion.
Benoît Raphael
30
La Tech à votre service
Cahier 2023
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Cahier 2023

  • 2. Brice Johner Aurélien Onimus © Olympe Chabert Ariane Varale © Charles Pfister Thibaut Chary ENTREPRENEURS CAHIER 2023 MERCI À ELLES ET EUX D’INVENTER L’ENTREPRISE DE DEMAIN ! © Alice Tourlonias Paul Lebas Grace Mehrabe Frédéric Baumann Pascal Rybak Benoît Raphael Thomas Deneux AD Pixel Art
  • 3. Une remise des prix à l’issue d’un débat organisé avec des acteurs du financement des startup le 29 juin 18h30-19h30 VOTER POUR L’ENTREPRENEURIAT 3 PRIX REMIS PAR LE CLUB 2023 Mathieu de la Rochefoucauld Managing Partner Louis-Alexandre Louvet Directeur associé Votez pour votre entrepreneur préféré jusqu’au 29 juin à 12H00 JE VOTE
  • 4. Learning Robots Learning Robots présente AlphAI, son robot conçu pour enseigner l’IA Seein-apps La plateforme gamifiante de visualisation de vos investissements en cryptomonnaie SAMI Sami démocratise l’engagement climat des entreprises 20 Yespark Yespark : une solution de stationnement en milieu urbain LA PLANETE 6 SmartBack SmartBack : une solution de la gestion responsable de vos retours Sitadel Une solution de gestion opérationnelle de patrimoine immobilier Outmind le moteur de recherche interne dédié aux entreprises Corymbus Le CRM des TPE et indépendants AIDEZ VOTRE ENTREPRISE 11 QUE SONT-ILS DEVENUS ? LA TECH À VOTRE SERVICE 18 FLINT La plateforme pour la veille d’information grâce à l’intelligence artificielle 40 AGreenCulture Acteur de l’écologie agricole Assoconnect La transformation digitale des associations Nannybag Consigne à bagages sécurisée SNOOC Ski Sport d’hiver NOCNOC Avec NOCNOC, Alice Tourlonias dépoussière la location d’appartements de grande taille pour courte durée Atometrics La data ultra-locale Choukran Club La restauration marocaine Youzd Site d’achat revente mobilier et électroménager Medaviz Éditeur de solutions numériques pour les acteurs de la santé Maela Solution de suivi patient connectée Tilkal Plateforme de traçabilité et transparence des supply chains Iktos Les chargeurs ne sont que du vintage ! Deep Pixel Art Deep Pixel Art : comment allier l’art et les maths
  • 5. Brice Johner Sami démocratise l’engagement climat des entreprises Brice Johner, responsable marketing & communication chez SAMI | Propos recueillis Noémie Aznar, Mars 2022 Peux-tu pitcher Sami ? Sami c’est LA solution pour permettre à chaque entreprise de faire sa part pour le climat. Notre but : démocratiser l’engagement climat des entreprises. Sami, c’est une solution sur mesure tout-en-un : • mesurer l’impact d’une entreprise sur l’environnement en choisissant l’outil le plus adapté à sa situation (empreinte carbone par produit, globale…) • réduire l’impact carbone en se basant sur cet état des lieux, ce qui permet de s’attaquer en priorité aux plus gros postes d’émission de gaz à effet de serre • contribuer à la neutralité carbone planétaire par le financement des projets de contribution carbone. En effet, pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, 2 leviers existent. D’abord, il faut réduire les émissions carbones d’environ 60%. Ensuite, il faut augmenter les puits de carbone, c’est à dire les mécanismes qui permettent de séquestrer le carbone présent dans l’atmosphère (ex. les arbres séquestrent du carbone dans les sols) • communiquer sur la démarche de l’entreprise pour renforcer l’engagement de l’entreprise sur ces sujets et pour inspirer son écosystème (clients, prospects, fournisseurs…) à passer à l’action 5 La planète dit oui Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Brice Johner, responsable marketing et communication et salarié de la première heure chez Sami. Brice partage pour ISLEAN le parcours de Sami et son expérience. Comment Sami arrive-t-il à démocratiser tout ce processus ? Notre expertise passe par la vulgarisation de toutes les méthodologies qui existent en termes de mesure et réduction d’impact. On a aussi voulu démocratiser le coût de la solution. Pour ce faire, Sami a opté pour une approche tech : une plateforme Saas qui permet d’automatiser une grande partie du travail et de faire le suivi dans le temps. En effet, mesurer l’impact carbone d’une entreprise implique de collecter toutes les données relatives à l’activité de l’entreprise pour les convertir en quantités de gaz à effet de serre émis. Avant cela se faisait à la main dans des tableurs Excel et ça prenait beaucoup de temps. Nous l’avons donc automatisé en partie pour pouvoir baisser les prix. On essaye également de rendre accessibles les outils qu’on utilise. Par exemple, la méthodologie de mesure d’empreinte carbone la plus connue et utilisée en France est le bilan carbone. C’est une marque déposée, gérée par une association qui dépend du gouvernement. Il existe un guide méthodologique pour le réaliser, mais il n’est pas toujours assez précis. Il en résulte que des bilans carbones réalisés par 2 entreprises différentes ne sont pas comparables. Périmètres de mesure et résultats diffèrent ce qui pose problème pour fixer des objectifs. C’est pourquoi Sami travaille à démocratiser, vulgariser et diffuser son expertise en comblant ces vides méthodologiques et en mettant à disposition de tous savoir-faire et expertise. D’où est venue l’idée de créer Sami ? On développe une solution qui marche pour toutes les entreprises, et surtout pour chaque entreprise. Il faut savoir que les outils de mesure d’empreinte carbone sont différents en fonction des besoins de l’entreprise. Sami accompagne donc l’entreprise pour choisir l’outil le plus adapté à ses besoins. Sami a été lancé en mars 2020 par Tanguy Robert et Nicolas Crestin, 2 amis qui se connaissent depuis le collège. Tanguy travaillait pour LegalStart, une startup qui propose une plateforme juridique en ligne pour entrepreneurs permettant de faciliter les démarches administratives liées à leur activité. Nicolas était chez PUR Projet, un cabinet de conseil environnement et climat. Leur préoccupation commune pour les problèmes climatiques les a rassemblés, et Sami est né suite aux constats suivants :
  • 6. Sami démocratise l’engagement climat des entreprises Brice Johner, responsable marketing & communication chez SAMI | Propos recueillis Noémie Aznar, Mars 2022 le problème climatique est urgent et important, • tout le monde doit être impliqué pour avoir une chance d’atténuer le réchauffement climatique et atteindre les objectifs relatifs au développement durable. Cela est vrai pour les citoyens, les Etats, mais aussi pour le secteur privé, • les grands groupes sont déjà impliqués dans la réduction de leur impact, ce qui n’est pas le cas pour les petites et moyennes entreprises qui n’ont pas les mêmes moyens. Le développement de Sami s’est ensuite renforcé avec l’arrivée des premiers clients en juillet 2020, puis des 2 premiers salariés dont je faisais partie en janvier 2021. Je me souviens des débuts où nous étions 4 dans un bureau chez Nicolas. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine dans plusieurs bureaux en France ! Quelles sont vos ambitions futures ? Sami propose aussi un accompagnement pour définir un plan d’action et l’implémenter. Pour prendre un exemple concret, une entreprise qui veut mettre en place un tri des déchets doit trouver un prestataire pour le faire. Une entreprise qui veut favoriser le télétravail doit mettre en place un accord… Les entreprises peuvent également être accompagnées sur le volet communication : quoi communiquer ? Comment communiquer ? Vu de Sami, où en est-on concernant les préoccupations environnementales ? Le sujet est de plus en plus connu. Cependant, le problème n’est pas encore pris en main dans toutes les entreprises même si cela commence à se généraliser. Nous avons récemment fait un état des lieux des démarches environnementales des entreprises françaises. Nous sommes passés par un institut de sondage pour interroger 350 entreprises et identifier les pratiques les plus communes, les motivations des entreprises à s’engager dans ces démarches et ce qu’il reste à faire. Cela nous a révélé qu’1 entreprise sur 10 a déjà fait un bilan carbone complet dans les 2 dernières années, ce qui est à la fois bien et très peu. Plusieurs choses peuvent pousser les entreprises à agir : la sensibilité des salariés et dirigeants d’entreprises à ces questions, la volonté des clients de l’entreprise (les grands groupes ont des obligations sur ces sujets qu’ils vont en partie imposer à leurs fournisseurs et prestataires, pour décarboner leur propre chaîne de valeur) et l’évolution des réglementations. Aujourd’hui, plus de 200 entreprises utilisent Sami. Notre objectif est de passer la barre des 1000 d’ici la fin de l’année 2022 et de doubler nos effectifs. D’abord, nous nous concentrerons sur le marché français. A terme, nous souhaitons nous étendre aux pays européens car les besoins des entreprises sont les mêmes, et le changement climatique est un problème mondial. Nous avons également des objectifs d’impact : suivre le nombre de tonnes de CO2 équivalent mesurées et la quantité que l’on permet à nos clients de réduire. A date, nous avons mesuré 1 million de tonnes de CO2 et nous souhaitons réduire les émissions de 100 000 tonnes de CO2 d’ici la fin de l’année. Comment se décline votre offre ? D’abord, l’entreprise est accompagnée par un coach carbone Sami, pour réaliser la mesure de l’empreinte carbone directement sur la plateforme. Plus tard, l’entreprise a accès à la plateforme pour la partie réduire, contribuer et communiquer. A partir de ça, elle peut ensuite d’elle-même lancer des actions sur ces sujets. Brice Johner 6 La planète dit oui
  • 7. Il faut avoir la traction nécessaire pour le faire, donc avoir suffisamment de demandes pour pouvoir mener son activité et croître. Chez Sami, c’était le cas. Ce qui marche aussi bien c’est la complémentarité entre Tanguy et Nicolas. Ils avaient bien défini leurs périmètres respectifs ce qui leur permettait d’avoir un bon niveau d’autonomie. Cette autonomie fait d’autant plus partie de l’identité de Sami du fait de la position géographique des fondateurs : Nicolas est à Paris alors que Tanguy est à Lisbonne. Cela a permis à Sami de développer cette possibilité de travailler de n’importe où, et de miser sur l’autonomie des membres de son équipe. Une autre clé pour réussir son passage à l’échelle est de s’entourer de personnes meilleures que soi sur les différents domaines d’expertise. 7 La planète dit oui Pourquoi avoir choisi Sami ? Quelle est ton expérience au sein de Sami ? A la base, je faisais de la finance d’entreprise, du conseil en levée de fonds pour des startups et du conseil en fusion-acquisitions d’entreprises. A mes yeux, ça manquait de sens. J’avais aussi des convictions écologiques de plus en plus difficiles à ignorer et c’est ce qui m’a poussé à rejoindre Sami. Pour moi, ce qu’on fait a du sens car il faut se préoccuper de ces sujets climatiques pour pérenniser le futur autant que possible. L’autre élément qui me motive chez Sami, c’est un apprentissage permanent et continu. Quand je suis arrivé, j’ai appris le métier de commercial, puis j’ai été affecté au marketing et à la communication. Maintenant je suis chargé du marketing et de la communication et je manage ma propre équipe. On m’a donné les moyens d’apprendre, de me former et de faire mon travail. Liberté, autonomie, confiance et apprentissage sont les maîtres mots chez Sami ! D’après toi, quelles sont les clés pour réussir son passage à l’échelle ? Sami démocratise l’engagement climat des entreprises Brice Johner, responsable marketing & communication chez SAMI | Propos recueillis Noémie Aznar, Mars 2022 Brice Johner Un mot de la fin ? On peut tous, à notre échelle, changer les choses. Ce n’est pas réservé aux dirigeants d’entreprise, chacun peut contribuer. Le problème climatique est identifié, comme le répète le rapport du GIEC paru le 28 février 2022 (disponible en anglais ici), mais les solutions le sont aussi. Il ne reste qu’à les mettre en place. Et ça, tout le monde peut le faire, et on a besoin de tout le monde.
  • 8. Thibault Chary Yespark : une solution de stationnement en milieu urbain Thibault Chary, co-fondateur de YesPark | Propos recueillis par Armel Gilibert, Novembre 2022 Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Thibaut Chary, co-fondateur de la plateforme Yespark. Thibaut partage pour ISLEAN le parcours de l’aventure entrepreneuriale et son expérience. L’aventure Yespark a démarré il y a 8 ans, peu de temps après ma rencontre avec mon associé Charles Pfister. Tous deux ingénieurs de formation, nous partagions cette envie de contribuer à répondre à des enjeux simples du quotidien tout en valorisant ce qui existe déjà. Nous nous sommes donc lancés en 2014. Notre première action a été de définir notre modèle d’affaires. Nous sommes partis à la rencontre de propriétaires d’immeubles pour leur proposer de louer leurs places de stationnement. Ce pouvait être aussi bien des propriétaires de logements sociaux, que de parkings publics ou encore de bureaux. Forts de ces rencontres, nous avons alors fait deux choix. Le premier a été de nous concentrer sur les propriétaires de logements sociaux, car c’est là que le besoin était le plus fort. Puis, pour des enjeux de pérennité, nous avons fait le choix de proposer un usage mensuel des espaces de stationnement. Le modèle d’affaires que nous avons choisi à l’époque est resté le même pour les 8 années qui suivirent. 8 La planète dit oui Yespark répond à un constat simple : il y a des parkings sans voitures et des voitures sans parking. Il existe aujourd’hui un paradoxe entre les automobilistes qui cherchent des places de stationnement, les propriétaires d’immeubles qui ont des places de disponibles et les villes qui limitent le nombre de places disponibles en voirie. Yespark répond à cet enjeu en mettant en relation l’offre, les propriétaires d’immeubles, et la demande, les particuliers et entreprises, sur un modèle de plateforme. Sur le plus long terme, Yespark s’inscrit dans les évolutions sociétales liées aux politiques publiques de verdissement des centres urbains et d’urbanisme responsable. Quand on imagine la ville de demain, on pense à une ville plus verte, plus silencieuse, moins encombrée. La question est donc de savoir comment nous pouvons nous adapter à ces nouvelles contraintes. Comment libérer de l’espace avec le stationnement ? A quelles problématiques répond Yespark ? Comment avez-vous lancé le projet ? Par exemple, la démocratisation à venir de la voiture électrique pose un enjeu d’infrastructure pour la recharge de ces véhicules. L’idée n’est pas de réinventer la roue, mais de faire avec ce qui existe déjà. Les parkings souterrains représentent un levier stratégique pour faire place à la ville de demain surtout quand on constate qu’aujourd’hui, ⅓ des parkings souterrains restent vacants. Où en est Yespark aujourd’hui ? Yespark aujourd’hui, c’est 62 000 places de parking dans plus de 500 communes. Nous comptons un peu plus de 80 dans nos bureaux à Paris.
  • 9. Yespark : une solution de stationnement en milieu urbain Thibault Chary, co-fondateur de YesPark | Propos recueillis par Armel Gilibert, Novembre 2022 En 2022, nous voulions répondre à l’accélération de la part de l’électrique dans le parc automobile actif. Nous nous sommes attaqués à l’enjeu critique des infrastructures de charge pour les véhicules électriques. En ville, pour un particulier dont l’immeuble n’a pas de parking, il n’existe pas de solutions simples sur le marché. En bref, pas de garage, pas de charge. C’est près de 1000 bornes que nous mettons à disposition de nos clients aujourd’hui. D’autre part, nous initions depuis peu un développement à l’international notamment aux Pays Bas et en Italie. Les Pays Bas ont un marché plus semblable à la France dans lequel nous retrouvons notre segment historique des logements sociaux contrairement à l’Italie. Intrinsèquement, nous sommes dans le métier de la plateforme. Notre force réside donc dans notre capacité à agréger l’offre et la demande. Pour conquérir ces nouveaux marchés, nous devons aujourd’hui faire évoluer l’organisation ainsi que notre offre pour être en mesure de proposer une solution appropriée au contexte local. Il faut nous ouvrir à d’autres segments ce qui représente un challenge. Cette ambition nous pousse à croître plus rapidement que le rythme maîtrisé auquel nous étions habitués depuis notre lancement. C’est un moment historique pour nous, car c’est la première fois que nous levons des fonds pour accompagner notre croissance. 9 Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir entrepreneur ? J’aurais trois conseils pour un jeune entrepreneur : 1.Apprendre à déléguer. C’est un enjeu de taille quand on a l’habitude de tout faire par soi- même. Je pense que donner à l’équipe l’espace dont elle a besoin est un élément clé pour accompagner et maîtriser la croissance de son entreprise. 2.On ne sera jamais prêt à 100%. L’enjeu est de mesurer le risque et la vitesse d’exécution. Après, il faut se lancer et gérer les problèmes au fur et à mesure. 3.Bien s’entourer pour être plus lucide. Il y a un réel risque à s’enfermer dans sa bulle d’un point de vue personnel. Il faut trouver le bon accompagnement. Nous n’en serions pas là sans le soutien de Réseau Entreprendre qui nous a permis de rencontrer des gens bienveillants et brillants avec plus d’expérience que nous. L’union fait la force ! D’un point de vue plus rationnel, je sortais d’école après un parcours dans une filière entrepreneuriale. Je me suis lancé à un moment où les conditions étaient favorables pour moi. D’autre part, je pense que l’entrepreneuriat colle bien avec ma personnalité. J’aime aller au bout des choses, faire les choses à ma manière avec les mains libres. Ensuite, il y a le plaisir lié à l’exercice intellectuel du fait d’avancer un sujet, de mettre en place une machine efficace et bien huilée. La planète dit oui Quels enseignements avez-vous tirés de cette expérience ? Quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer ? Thibault Chary Le choix de l’entrepreneuriat me paraissait naturel pour plusieurs raisons. Je pense qu’il y a une part irrationnelle qui vient de mon histoire personnelle. Mon oncle était entrepreneur. Mon père a racheté une entreprise. J’avais quelques repères. Si je devais réduire à quelques enseignements mon parcours entrepreneurial, je dirais que : 1.C’est un bon moyen de se développer soit même. J’en retire des compétences générales et des connaissances sur la vie et moi-même qui me servent dans ma vie personnelle ; 2.C’est un métier exigeant, mais qui évolue. Il y a beaucoup de travail au début, mais au fur et à mesure que l’équipe s’étoffe, ce sont les responsabilités qui deviennent plus importantes.
  • 10. Ariane Varale SmartBack : une solution de la gestion responsable de vos retours Ariane Varale, cofondatrice de 1Smartback | Propos recueillis par Armel Gilibert, Décembre 2022 Quel problème tente de résoudre SmartBack ? Le problème que l’on cherche à résoudre est celui des retours e-commerce et plus particulièrement le retour de mobilier. En effet, la gestion des retours représente un coût économique très important pour les vendeurs, notamment à cause de la logistique. Pour un canapé par exemple, il faut mobiliser des transporteurs (souvent deux) pour le collecter, des ressources pour gérer le produit une fois arrivé à l’entrepôt et du stockage sans garantie d’être revalorisé derrière. Les retours ne représentant souvent que 5% des produits expédiés, internaliser cette gestion ne vaut souvent pas le coup. D’un point de vue écologique, l’addition n’est pas négligeable. Les coûts induits par le transport de mobilier sont conséquents et leurs valorisations peu évidentes. En plus du transport, les produits dorment en entrepôt et dans le meilleur des cas sont donnés à des associations, mais ils finissent le plus souvent à la benne. Pour répondre à ces enjeux, nous nous positionnons donc dans la gestion globale et clé en main des retours pour les vendeurs de meubles. Aujourd’hui, ces acteurs ont le choix entre des Saas pour tracer les retours produits ou bien des solutions pour vider les entrepôts. Nous cherchons à éviter la case entrepôt. Nous prenons en charge l’aspect logistique, en optimisant les flux du fait de la mutualisation des retours pour différentes marques et surtout, nous garantissons une seconde vie pour chaque meuble en local. On s’est retrouvé à faire beaucoup de terrain pour se familiariser avec les enjeux actuels des entreprises en matière d’environnement. Nous avons déroulé une pelote et de fil en aiguille, nous sommes arrivés sur la gestion des retours et la lutte contre le gaspillage. Nous sommes ensuite partis à la rencontre des vendeurs pour creuser le besoin et en apprendre plus sur la gestion des retours. Après 6 mois de préparation, nous avons lancé SmartBack en octobre 2021. Depuis notre lancement, l’accompagnement a été clé. Nous avons tout de suite été bien entourées grâce au master entrepreneuriat X HEC. Ce premier encadrement nous a permis de nous confronter à des investisseurs et de nous habituer à pitcher notre projet. Nous sommes ensuite entrées dans L’incubateur HEC à Station F pour passer à la vitesse supérieure. Nous avons pu rencontrer des experts de chaque branche (produit, marketing…) pour commencer à structurer le projet. Une fois la base bien posée, nous avons bénéficié de l’expérience des entrepreneurs de l’accélérateur 50 partenaires impact pour traiter des points plus stratégiques et plus ciblés sur notre problématique logistique et environnementale. Quelles ont été les grandes étapes du lancement de SmartBack ? L’idée est avant tout partie de ma rencontre avec Olympe Chabert dans le master entrepreneuriat X HEC. Nous voulions toutes les deux nous attaquer à un problème environnemental et le résoudre. Où en est SmartBack aujourd’hui et quelles sont ses perspectives ? Notre solution aujourd’hui, consiste à gérer localement le retour en faisant un diagnostic du produit retourné pour ensuite le réorienter. Nous revalorisons des centaines de retours par mois. Nous nous appuyons sur un écosystème de 300 partenaires pour réparer, revendre, donner les meubles qui nous sont confiés. Le choix a été fait de ne pas nous positionner sur le segment B2C et la revente de produits aux particuliers. 10 Aidez votre entreprise Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Ariane Varale, cofondatrice de l’entreprise Smartback. Ariane partage pour ISLEAN le parcours de son aventure entrepreneuriale et son expérience.
  • 11. SmartBack solutionne la gestion responsable de vos retours Ariane Varale, cofondatrice de SmartBack | Propos recueillis par Armel Gilibert, Décembre 2022 Ariane Varale Pour ma part, je pense que c’est d’abord une question de personnalité. J’ai toujours aimé créer des choses de toute pièce pour ensuite embarquer des gens dans mes aventures. C’est ce qui m’anime depuis toujours et j’ai pu mettre cette facette de ma personnalité à contribution dans le secteur des énergies renouvelables dans lequel j’ai occupé plusieurs postes. J’ai ainsi découvert différents métiers comme la R&D, le conseil, la gestion de projet au sein de grands groupes comme de start-up. C’est la gestion de projet en start-up qui m’a tapé dans l’œil. J’étais le chef d’orchestre de plein d’acteurs, sur le terrain à faire le lien pour mener un bien un projet concret, avec une pression marchée (budget, client) ce qui manquait en recherche. A mon sens, c’est ce que l’on retrouve dans l’expérience entrepreneuriale. Finalement, la rencontre avec Olympe a aussi été déterminante. Nous étions alignées sur nos objectifs et nos motivations, ce qui m’a poussé à me lancer dans ce projet. Les données sont traitées par un algorithme propriétaire déclenchant un parcours de changement de comportement alimentaire Quelques conseils à donner pour un nouvel entrepreneur ? Le maître mot est la résilience : 1. La première chose, c’est de bien prendre le temps de choisir avec qui on entreprend (si on n’est pas tout seul bien évidement). Il faut prendre le temps de se poser des questions et comprendre les motivations de l’autre, ses aspirations. Il faut être aligné et aller dans la même direction, partager les mêmes valeurs. 2. Je pense aussi qu’il est indispensable de prendre le temps d’explorer et d’analyser le problème en se rendant sur le terrain. Bien identifier les besoins du marché sans quoi tu risques de mobiliser beaucoup de ressources et d’énergie sur un problème qui n’en est pas un. Cette étape est aussi importante, car tu sors convaincu du fait que ton projet à un sens et que ton travail va payer. 3. Il faut accepter le fait que gagner en légitimité, se faire une place, signer des grands comptes B2B, comprendre l’écosystème prennent du temps. Quand on baigne dans un modèle unique d’hyper croissance, il faut savoir prendre du recul et se caler sur son propre rythme. Nous vendons exclusivement en B2B à des partenaires qui le revendent ensuite aux consommateurs. Pour grandir, nous avons dû nous entourer et chacune nous “spécialiser”. Olympe gère le côté commercial et communication. Quant à moi, je suis responsable de l’aspect opérationnel et de la gestion des retours au quotidien. Nous avons recruté deux autres personnes pour nous épauler. Notre premier objectif est d’augmenter le nombre de retours que l’on revalorise sur notre modèle générique. Notre objectif d’ici un an est d’atteindre 1000 retours revalorisés par mois avec un réseau de 500 partenaires. Nous explorons également d’autres modèles logistiques, toujours dans l’objectif de donner la meilleure seconde vie à chaque meuble, en local. Dans une perspective plus long terme, nous souhaiterions aller plus loin dans le réemploi et la réparation des produits pour maximiser la revalorisation des biens retournés. De manière générale, il reste beaucoup de choses à faire dans le secteur du mobilier. D’où vient ta fibre entrepreneuriale ? 11 Aidez votre entreprise
  • 12. Chloé Mehrabe Outmind : le moteur de recherche interne dédié aux entreprises Grace Mehrabe, cofondatrice et CEO chez Outmind | Propos recueillis par Noémie Aznar, Novembre 2022 Quel est le problème à résoudre qui a lancé Outmind ? J’ai d’abord travaillé pendant plusieurs années sur le sujet de l’adoption des logiciels en lançant Lemon Learning, en 2014, avec Pierre Leroux. Lemon Learning commercialise des guides pas à pas pour former les collaborateurs à leurs outils internes (Salesforce, Microsoft 365). Dans ce cadre, j’ai observé qu’en moyenne tous les 6 mois, un nouvel outil était déployé auprès des équipes (observation sur des grands groupes). Deux enjeux en découlent : se former au nouvel outil, mais aussi créer une passerelle vers l’information qui s’y trouve, pour que l’utilisateur sache où aller pour retrouver ce qui l’intéresse. Or, on constate que la majorité des collaborateurs ont aujourd’hui au moins 3 outils différents par type de données (par exemple, les données client, projet, contractuelles…). Pour cela, Outmind met à disposition un moteur de recherche interne qui va aider le collaborateur à identifier la bonne information, et si besoin, la personne la mieux placée pour l’aider sur le sujet recherché (via la prise en compte des contributions de chacun). Les collaborateurs peuvent instantanément identifier l’information dont ils ont besoin à un moment donné, pour se concentrer sur des tâches à haute valeur ajoutée. Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Grace Mehrabe, co-fondatrice et CEO chez Outmind. Grace partage pour ISLEAN le parcours de Outmind et son expérience. Comment fonctionne la solution proposée ? Concrètement, on vient se connecter aux différents outils du collaborateur. On dispose d’un ensemble de connecteurs sur étagère qui viennent se brancher à Office 365, au serveur de fichiers, aux outils métiers comme le CRM… On propose à l’utilisateur une fenêtre de recherche qui intègre les principales sources de données, l’intégralité des résultats, et des fonctionnalités permettant de classifier l’information. Par exemple, si on identifie des contenus en particulier on peut les labelliser pour les rendre plus facilement identifiables pour les autres. Le cœur du sujet, c’est la recherche. Outmind va retrouver tout type d’information grâce au titre et au contenu des éléments. Cela ne se limite pas à une recherche exacte : la solution intègre également des algorithmes de recherche sémantique et de Machine Learning qui permettent de comprendre le sens des mots et d’identifier des documents qui vont avoir des nomenclatures proches. Par exemple : en tapant “NDA” je vais pouvoir retrouver un “accord de confidentialité” ou encore un “contrat de non- divulgation” car le contenu des documents sont très proches – même si la langue n’est pas la même, qu’on a un acronyme face à un nom complet, ou encore que le mot clé est différent mais synonyme. Nombreux sont les utilisateurs qui en ont besoin, car il y a souvent plusieurs façons de nommer un même sujet ou document ! Le but avec Outmind, c’est d’unifier l’expérience d’accès à l’information pour le collaborateur, pour lui faire gagner du temps, et lui éviter des erreurs parfois très coûteuses. Comment se positionne Outmind sur le marché de l’Enterprise Search ? Outmind évolue dans le secteur de l’Entreprise Search : celui-ci existe depuis 15-20 ans. La plupart des acteurs du marché déploient des plateformes avec beaucoup de fonctionnalités spécifiques, fournissant généralement un mélange de produits et de services. Le problème, c’est que ces solutions complexes sont longues à mettre en place et souvent très coûteuses. Ces ventes nécessitent souvent l’intervention de cabinets externes, en charge de l’intégration. A contrario, Outmind fournit son service de manière complètement “Plug & Play” pour que le client puisse synchroniser en quelques clics ses sources et commencer à utiliser la solution rapidement, sans faire appel à un intégrateur. Nous ne couvrons pas toutes les demandes du marché, mais pour des acteurs de taille intermédiaire, ou des équipes qui veulent rapidement bénéficier de ce type de service, c’est parfait : le temps de déploiement est accéléré, les coûts sont réduits, le tout sans impacter la qualité. Nos algorithmes de pertinence sont parmi les plus efficaces du marché, dans la mesure où nous utilisons des technologies très récentes, voire à l’état de l’art. 12 Aidez votre entreprise
  • 13. Outmind : le moteur de recherche interne dédié aux entreprises Quel accompagnement proposez-vous à vos utilisateurs ? Comment mesurez-vous l’efficacité de votre solution ? Lors de l’acquisition du produit, nous proposons une visioconférence d’onboarding pour ceux qui veulent plus d’accompagnement. Les utilisateurs vont alors prendre en main l’outil en étant guidés par notre équipe. Et par la suite, on fournit un support en continu sur la plateforme : les utilisateurs ont accès à une fenêtre de chat dans laquelle ils peuvent poser leurs questions. Concernant la pertinence des résultats, nous l’évaluons grâce à une métrique de gain de temps à partir du nombre de clics sur les résultats. Concrètement, lorsqu’un utilisateur clique sur un résultat proposé par Outmind, on considère qu’il a gagné un peu de temps parce que: • 8 fois sur 10 il a évité de faire plusieurs recherches (plusieurs minutes perdues), • 1 fois sur 10 il a évité de solliciter une personne dans l’entreprise (5 à 30 minutes) • 1 fois sur 10 il a évité de recréer de la documentation qui existe déjà (30mn à 2h) La satisfaction des utilisateurs se mesure également à travers les parcours de recherche : par exemple, chez TNP Consultants, le taux d’abandon des recherchés est passé de 65% (données de recherche sur Office 365) à seulement 10% sur Outmind, grâce à une meilleure pertinence et une meilleure exhaustivité. Comment se présente Outmind ? Chloé Mehrabe Grace Mehrabe, cofondatrice et CEO chez Outmind | Propos recueillis par Noémie Aznar, Novembre 2022 Une fois installé, pour lancer Outmind, il suffit d’appuyer sur les touches “ctrl+espace” de votre clavier. Cela lance la fenêtre de recherche en surcouche de tous ses écrans (un peu comme Finder sur Mac, mais qui se limite à ce qui se trouve sur votre poste). En quelques secondes, on peut retrouver ce que l’on cherche, dans tous ses outils en cloud ou en local. L’idée est de ne pas bousculer les habitudes des utilisateurs, alors que l’on sait que l’acculturation à la technologie est variable au sein de chaque entreprise. On veut permettre à tout un chacun de se concentrer sur ce qui l’intéresse, sans avoir besoin de comprendre le fonctionnement en détail des différentes applications métiers – car concrètement, cela freine énormément leur usage. Notre application sur le poste de travail est particulièrement plébiscitée par nos utilisateurs, mais l’application est également disponible sur n’importe quel navigateur web, et elle peut également être intégrée dans les interfaces internes de nos clients. Comment collectez-vous les usages chez les clients ? Les personnes qui ont le plus besoin de nous sont celles qui ont soit un très gros volume documentaire, soit un besoin fort de réactivité – ou les deux ! Quand on commence à déployer, on cherche donc à cibler en priorité ces utilisateurs-là. Notre tarif dégressif aide ensuite à passer à l’échelle. Suite à l’onboarding, nous réalisons régulièrement des interviews utilisateurs, pour améliorer en continu notre compréhension de leurs attentes, et donc nos fonctionnalités. Les enquêtes qualitatives sont très riches en informations. Certains de nos utilisateurs nous disent gagner plus de 3h par semaine grâce à Outmind. Enfin, on récolte également des métriques d’usage anonymisées, que l’on partage à nos clients. Par exemple, le taux de consultation des résultats permet d’estimer le ROI, puisque pour une solution comme Outmind, c’est l’usage qui fait la valeur. 13 Aidez votre entreprise
  • 14. J’ai enchainé avec un master spécialisé à l’ESCP avec une spécialisation en gestion de projet internationaux, car on commençait à mener des projets dans plusieurs pays d’Europe avec ma première boîte. C’est après mon départ et après avoir tenté 6 mois de salariat, que je me suis rendu compte que l’entrepreneuriat était davantage fait pour moi : je m’y épanouis tout simplement plus. L’investissement est plus fort, mais la récompense peut l’être aussi. J’ai lancé Outmind avec mon associé et CTO, Arthur Caillaud, au sein de l’accélérateur de l’école Polytechnique il y a 3 ans. Nous avons réalisé nos premières ventes début 2020, qui ont permis d’obtenir un premier financement à hauteur de 500 000 €. Cela nous a permis d’embaucher les premiers salariés – qui sont d’ailleurs toujours chez Outmind aujourd’hui ! Nous avons ensuite pu améliorer le produit et aller chercher davantage de clients (dont par exemple BPI France, Mazars, KPMG, Crédit Agricole…). Nous avons bouclé une seconde levée de fonds de 2M€ en septembre 2022. Aujourd’hui, notre challenge est de réussir le stade de l’industrialisation, avec de premiers passages à l’échelle chez nos clients. Je voulais donc changer de métier, retrouver du sens, arrêter de ronronner, la quarantaine approchant,… scénario classique ! Comment s’est développé Outmind ? Et demain ? Quelles sont les suites du projet ? Notre premier enjeu est de devenir un leader européen sur le Search, et de viser plus généralement une échelle internationale rapidement. D’ailleurs, notre produit est déjà disponible en français et en anglais, et nous avons commencé à accompagner des clients au-delà de la France. Notre second enjeu est autour du produit : augmenter la satisfaction utilisateur pour les accompagner davantage. Généralement, on commence par une première équipe chez nos clients ; puis, l’usage prend dans cette population et se déploie progressivement dans la structure. Notre objectif est de faire d’Outmind un réflexe pour les utilisateurs, pour rendre l’accès à l’information toujours plus simple, plus rapide et plus efficace pour eux. Pourquoi l’entrepreneuriat plutôt que le salariat ? Ma première expérience entrepreneuriale m’a d’abord permis de voir beaucoup plus concrètement l’utilité de mes cours de management, finance et comptabilité ! Mais surtout, je me suis rendu compte que je m’épanouissais là-dedans. Mes journées ne se ressemblaient pas, j’avais une sorte de stress positif qui me poussait à apprendre vite, et qui m’animait. J’ai d’abord fait ça pendant 3 ans en parallèle de mes études. Quels conseils pour quelqu’un qui voudrait se lancer ? Voici 2 conseils clés qui peuvent vous aider à vous lancer : • Parler le plus vite possible à ses clients et les écouter. Il est important de valider avec eux que notre perception du problème et de la solution sont les bonnes. On s’est également concentré sur un cœur de cible très précis, pour ensuite se développer : en l’occurrence, d’abord auprès d’entreprises de conseil, avant d’intégrer d’autres industries. Quand on veut servir trop de gens, le risque est de ne pas réussir à servir assez bien chacun d’entre eux. • Bien s’entourer. Car c’est une aventure qui est longue, complexe et avec des remises en question fréquentes. Avoir un bon entourage professionnel et personnel ouvre des portes et fait gagner énormément de temps. Grace Mehrabe, cofondatrice et CEO chez Outmind | Propos recueillis par Noémie Aznar, Novembre 2022 Outmind : le moteur de recherche interne dédié aux entreprises Chloé Mehrabe 14 Aidez votre entreprise
  • 15. Fréderic Baumann Corymbus : le CRM des TPE et indépendants Frédéric Baumann, fondateur de Corymbus | Propos recueillis par Armel Gilibert, Juillet 2022 Comment avez-vous lancé ce projet ? Je développe des logiciels depuis que j’ai 12 ans, c’est vraiment une passion. Et j’ai toujours eu envie de créer un produit, et d’avoir mon entreprise pour le développer. Après une formation d’ingénieur, j’ai commencé à travailler comme développeur, puis j’ai évolué vers des fonctions commerciales. Devant utiliser des CRM, j’ai été sidéré par la complexité de ces outils, même pour des tâches simples : relances clients, chiffre d’affaires prévisionnel, campagnes email. Puis, étant chargé de satisfaction client, j’ai entendu pendant 8 ans les commentaires de centaines d’utilisateurs sur la simplicité de ces outils, je me suis dit qu’il y avait vraiment quelque chose à faire ! J’ai donc associé ces expériences et ma passion, pour concrétiser ma vision et développer mon propre outil : Corymbus. Il n’y avait pas de réelles solutions pour les TPE et indépendants : les outils du marché étaient, à mon avis, soit chers et lourds, soit gratuits, mais insuffisants. Cela m’a décidé à cibler ce segment d’utilisateurs en particulier. . Nous avons ouvert nos bureaux en janvier 2021. Fondateur d’une solution de CRM (Customer Relationship Management), Corymbus. Frédéric partage pour ISLEAN le parcours de l’aventure entrepreneuriale et son expérience. Etre en capacité de faire évoluer son outil régulièrement est clé pour garder un avantage concurrentiel. Parce que le Corymbus est en Saas, il est en mesure de proposer à ses clients une nouvelle version environ toutes les deux semaines. Le produit est en évolution continue en fonction du retour des utilisateurs. Corymbus propose des comptes d’essai gratuits pour manipuler l’outil avant de l’acheter, ainsi que des démonstrations en ligne en « 1 to 1 ». Ces mécanismes d’avant-vente sont très enrichissants pour comprendre les besoins particuliers de chaque utilisateur. L’outil intègre aussi une fonctionnalité pour inciter les utilisateurs à suggérer des améliorations. 15 Aidez votre entreprise Avez-vous reçu de l’aide au démarrage de votre projet ? J’ai développé l’outil pendant mon temps libre. Le risque quand on travaille de façon déconnectée des utilisateurs est de s’éterniser dans des développements qui en fin de compte n’auront peut-être aucune valeur ajoutée pour le client. Grâce à Philippe Kalousdian, associé du cabinet ISLEAN, j’ai pu organiser des webinaires de recueil de besoins : j’ai pu présenter un MVP (Minimum Viable Product) à des utilisateurs potentiels. Les avis étaient très constructifs et cet exercice fut extrêmement bénéfique pour la suite des développements. Le principal atout de Corymbus qui ressortit de ces entretiens était sa simplicité d’utilisation, ce qui était très encourageant puisque c’était justement la raison d’être du projet. Corymbus aujourd’hui ? J’ai également sollicité beaucoup d’amis et de conseillers, que je remercie bien sincèrement, pour m’épauler sur le développement commercial et la recherche de nouveaux prospects. Mes expériences professionnelles passées m’ont beaucoup appris sur les forces et faiblesses des outils du marché, ainsi que sur les attentes des utilisateurs de CRM. Toutefois, je côtoyais principalement des grands groupes. J’ai donc dû chercher de l’aide pour conquérir mes nouvelles cibles que sont les TPE et les indépendants. Fonctionnalité de prévision et de suivi des ventes
  • 16. Corymbus : le CRM des TPE et indépendants Frédéric Baumann, fondateur de Corymbus | Propos recueillis par Armel Gilibert, Juillet 2022 Dès le début, j’avais recensé dans une roadmap toutes les fonctionnalités que Corymbus devrait proposer afin d’être un CRM complet, et je choisissais celles qu’il fallait développer en priorité. En fin de compte, il n’y a eu que peu de besoins qui n’avaient pas été envisagés initialement, l’essentiel des évolutions consiste donc aujourd’hui à développer les éléments de la roadmap les uns après les autres, en ajustant les priorités selon le nombre d’utilisateurs qui en ont besoin. Dès le début, j’ai visé les TPE et indépendants avec un but philanthropique : proposer un produit simple, complet pour un petit budget. Concernant le développement commercial, je m’appuie sur divers partenaires, par exemple : des consultants et coaches qui prescrivent Corymbus à leurs clients, des incubateurs ou encore des associations qui accompagnent les entrepreneurs. 16 Quels enseignements tirez-vous de cette aventure ? Aidez votre entreprise Fréderic Baumann Pipeline personnalisable pour le suivi des opportunités Les suites du développement ? Je cherche en particulier à développer les marchés internationaux comme les Etats Unis. Avec d’autres logiciels que j’ai développés par le passé, dans le domaine du traitement vidéo, je me suis rendu compte que 99% des clients de ces logiciels n’étaient pas Français, et pour 80% Américains. Corymbus existe déjà en anglais et compte aujourd’hui plusieurs clients dans des pays non francophones. En règle générale, pour vendre aux US, il faut être sur place, mais quand on fait de la vente en ligne cette contrainte s’estompe. La vocation de Corymbus n’est pas de vendre des services, toutefois cela se produit occasionnellement, par exemple, pour la mise en place de formulaires web et de workflows d’automatisation. La stratégie consiste plutôt, d’une part, à automatiser au maximum l’accompagnement : il y a des tutoriels intégrés à l’outil avec des pop-ups qui permettent d’apprendre pas-à-pas, par la pratique. Et d’autre part, pour les besoins d’accompagnement trop spécifiques pour être automatisés, des indépendants en charge de l’informatique de leurs clients, ont la possibilité de paramétrer Corymbus pour l’adapter à leurs besoins propres. Le premier apprentissage est d’ordre technique, et concerne le développement de l’architecture logicielle de Corymbus. Pour fiabiliser le fonctionnement de l’outil, j’ai mis en place une infrastructure technique pour fiabiliser et fluidifier le déploiement de nouvelles versions, par des suites de tests automatiques et l’utilisation de conteneurs, suivant les méthodes d’intégration continue. Cela permet de proposer plus rapidement de nouvelles fonctionnalités, tout en réduisant les risques de régression et les coûts. La deuxième leçon est que le client doit être mis au centre de toute réflexion, notamment pour faire évoluer le produit, avec parfois quelques pièges ! Il m’est arrivé de mettre en place des fonctionnalités à la demande de certains utilisateurs, qui finalement ne sont pas utilisées par les demandeurs, mais par d’autres clients. Inversement, en poussant la réflexion, avec les utilisateurs, sur les causes profondes d’une demande d’évolution, on arrive à la généraliser et à la rendre utile à un plus grand nombre d’utilisateurs. Pour éviter de faire fausse route dans la mise en place de nouveautés, il me semble fondamental de confronter le produit le plus vite possible au regard des clients. Dans ce registre, le livre « Lean Startup » de Eric Ries a été une révélation pour moi. Je le recommande vivement à tous ceux qui voudraient se lancer un jour, tout comme Philippe Kalousdian l’a fait pour moi. Un grand merci à lui !
  • 17. Avec NOCNOC, Alice Tourlonias dépoussière la location d’appartements de grande taille Alice Tourlonias, cofondatrice et CEO de NOCNOC | Propos recueillis Antoine Matta, Mars 2022 Quel est le problème d’origine à résoudre que vous avez identifié et qui a lancé le projet ? L’idée vient de mon expérience personnelle. Au départ, en 2014 j’étais en stage à Paris. J’étais payée 700 € par mois et mon loyer était de 800 €. En 2014 Airbnb était en plein boom en France donc j’ai surfé sur la vague des possibilités qu’ils avaient créées. J’ai commencé à louer mon appartement en home sharing, le concept de base d’Airbnb. C’était super sympa. J’avais un coloc la semaine et le weekend je rentrais chez moi à Lyon pour voir mon copain, l’appartement était encore loué. Je touchais un revenu qui me permettait de tenir le coup pour ne pas subir la hausse des loyers et le coût des études. A l’époque, mon propriétaire habitait dans le même immeuble que moi. J’ai voulu trouver une solution pour ne pas l’effrayer et ne pas me retrouver dehors en lui prouvant que j’étais professionnelle. A l’époque, l’idée de NOCNOC était de légaliser le home sharing en allant démarcher les propriétaires et en leur faisant ajouter une clause autorisant les sous-locations à leurs baux avec les étudiants contre une petite rémunération. En général, les propriétaires étaient partants mais le business plan n’était pas viable il aurait fallu réaliser un volume très important pour que l’entreprise soit rentable. Il aurait donc fallu que je développe une application et que je lève des fonds immédiatement pour recruter une équipe et faire de la communication. Mais je n’avais ni l’argent, ni la motivation pour me lancer dans ce genre de projet. Je voulais commencer tout de suite sans passer par une levée de fond. Le concept de home sharing me passionnait et c’était très rentable. Dans le cadre de nos entretiens entrepreneurs, je vous propose de rencontrer aujourd’hui Alice Tourlonias, cofondatrice et CEO de NOCNOC. L’entreprise basée à Lyon a développé la location d’appartements de grande taille pour courte durée. Quelle est la solution que vous proposez pour y répondre ? Dans la continuité de ces premières expériences, tout s’est fait assez logiquement. J’en vivais avant même que les statuts ne soient déposés. De 2015 à 2016, j’ai pris un an pour mettre à plat tout ce que j’avais en tête : travail sur la création de l’image de marque et ADN de NOCNOC. Cette même année, je m’occupais de la comptabilité chez mon père 2 jours semaine. En même temps, j’avais mon appartement qui tournait sur Airbnb à côté pour vivre. Début janvier 2016, je posais les statuts et je mettais ma première annonce sur le chat des hôtes Airbnb lyonnais pour leur proposer de gérer leur bien dans la foulée. 3 mois plus tard j’avais déjà 25 mandats et j’étais sous l’eau. Accueil, communication, ménage, lavage des draps, je faisais tout de A à Z toute seule. Je me suis donc associée avec un ami, Paul Lebas, avec qui je parlais régulièrement du projet et qui aimait la gestion alors que moi j’étais plus dans l’opérationnel et la création. On s’est rapidement concentrés sur la location d’appartements de grande taille, parce que c’était une niche, personne n’avait cette cible. De plus, cela collait avec notre idée du partage et de la convivialité, la demande était présente et la rentabilité était 5 fois plus élevée que sur les petits appartements. Au départ, le business model était basé sur un pourcentage de loyer. Ensuite on s’est mis à proposer uniquement des loyers fixes au propriétaires grâce à une idée de Paul. A ce moment-là, la rentabilité a vraiment explosé. Comment avez-vous lancé le projet ? Comment avez-vous été accompagné pour la création de votre entreprise ? Je me suis lancée relativement seule mais j’ai été accompagnée sur les conseils stratégiques d’abord par mon entourage, et ensuite l’arrivée de mon associé Paul a fait la différence. Il venait de Kedge, l’incubateur de l’école nous a donné des conseils. On a aussi eu la chance de rencontrer 3 business angel entrepreneurs lillois dans le nettoyage industriel. Ils sont devenus des investisseurs dans l’entreprise en 2018. Alice Tourlonias 17
  • 18. Avec NOCNOC, Alice Tourlonias dépoussière la location d’appartements de grande taille Alice Tourlonias, cofondatrice et CEO de NOCNOC | Propos recueillis Antoine Matta, Mars 2022 Sur l’opérationnel pur, j’ai été accompagnée par les équipes d’autoentrepreneurs qui m’aidaient pour le ménage, l’accueil et les problèmes dans les appartements (fuite d’eau…). Au début, je n’avais pas du tout les moyens de salarier du personnel. De plus, la relation avec des autoentrepreneurs me convenait mieux. C’est plus simple à gérer et amène davantage de proximité que le statut patron/employé que je vis aujourd’hui. Quel est l’avancement de l’entreprise aujourd’hui ? On vient d’acheter notre premier immeuble, un hôtel de 22 chambres à Montpellier qu’on transforme en 6 grands appartements, c’est une belle récompense après 6 ans d’existence. A présent, nous proposons des appartements dans 8 villes françaises : Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Montpellier, Nantes, Bordeaux et Grenoble. Nous exploitons 5 Immeubles NOCNOC (3 à Lille, 1 à Lyon et donc 1 à Montpellier dont nous sommes propriétaires). Au total, on a 82 appartements pour 350 chambres dans notre catalogue et on continue d’en rentrer. On est 22 salariés avec plus de 70 collaborateurs. Au départ, 80% de location venait de Airbnb, 15% booking, 5% arrivait directement par notre plateforme NOCNOC. A présent 40% des locations proviennent directement de NOCNOC, ce qui veut dire autant de commissions online travel agence en moins. On a réalisé un chiffre d’affaires de 3,3 millions d’€ en 2021. Le Covid nous avait fait perdre la moitié de notre CA en 2020. Cette année, on devrait faire 6 millions d’€. Aujourd’hui on fonctionne essentiellement en termes d’immeubles c’est plus facile pour nous à exploiter c’est mieux pour notre image de marque et c’est plus intéressant pour les investisseurs. On leur propose de plus grosses rentabilités que sur un mini appartement. On va ouvrir Nice et Paris et on vise également une capitale européenne. C’est ce que font les hôtels au final on n’a rien inventé mais on a un peu dépoussiéré le modèle. Pour moi, c’est super important que les jeunes générations s’approprient le monde dans lequel elles vivent en venant questionner l’ordre établi. Les prochaines étapes envisagées ? Pour plusieurs raisons : la liberté, la diversité des missions, les défis au quotidien, le fait de toujours chercher comment s’améliorer, comment s’entourer, à qui demander le bon conseil pour faire grandir la boîte. C’est une vraie passion. Je n’avais jamais bossé dans des startups peut être que ça m’aurait plu mais l’univers de l’entreprise classique ultra hiérarchisée qui demande de faire du présentéisme et d’être expert en un domaine et surtout de se taire sur les autres sujets est devenu une hantise ultra rapidement. J’ai senti le besoin irrépressible de sauver ma peau. Il y a aussi un truc mégalo dans l’entrepreneuriat je dois avouer. J’avais le sentiment que je ne serais jamais rémunérée à la hauteur de mes compétences, difficile de valoriser des softs skills quand tu es une femme et que tu n’as pas fait HEC ou médecine. Pourquoi êtes-vous entrepreneur, et pas salarié ? Alice Tourlonias 18
  • 19. J’ai appris que rien n’est jamais figé, rien n’est acquis, il faut toujours garder un plan b. Il faut aussi savoir saisir les opportunités quand elles se présentent, j’aurai pu laisser mon appartement sur Airbnb et en rester là. J’aurai pu tomber sur un mauvais associé, j’aurai pu ne jamais trouver de propriétaires ni d’investisseurs si j’avais regardé au mauvais endroit. Je dirais qu’il est super important de toujours garder une vision 360 des problèmes pour prendre du recul. Être chef d’entreprise, c’est toujours gérer des problèmes donc il faut prendre de la hauteur. Je pense aussi qu’il n’y a pas de problème sans solution. En outre, il est primordial de mettre son ego de côté au service du collectif si on veut que ça fonctionne et ça c’est très dur quand on est jeune. L’entreprenariat est une leçon de philosophie permanente. Quels conseils donnez-vous à ceux qui ont envie de se lancer dans l’entrepreneuriat ? Go go go ! “On ne perd jamais, soit on gagne soit on apprend”, c’est de Nelson Mandela pas de moi et c’est une pensée que l’on se répète tous les jours dans l’équipe. On reprend aussi la citation de Doui dans Malcolm : “Sois gentil, pas méchant ce n’est pas gentil d’être méchant.” Quel apport personnel tirez-vous de cette expérience ? Avec NOCNOC, Alice Tourlonias dépoussière la location d’appartements de grande taille Alice Tourlonias, cofondatrice et CEO de NOCNOC | Propos recueillis Antoine Matta, Mars 2022 Alice Tourlonias 19
  • 20. Aurélien Onimus Seein-apps : une agrégation ludique de vos investissements en cryptomonnaie Aurélien Onimus, fondateur de Seein-apps | Propos recueillis par Maxime Gaulhet, Décembre 2022 Qui êtes-vous et quel est le problème que votre entreprise a résolu ? Je m’appelle Aurélien Onimus. Cela fait maintenant 5 ans que je travaille dans l’industrie cryptomonnaie/blockchain. J’enseigne également à la Sorbonne sur ce sujet depuis l’année dernière. Je suis l’auteur de 4 livres sur ces sujets, dont les deux derniers sont édités chez Eyrolles. Mon dernier ouvrage s’intitule Guide pratique de la blockchain en entreprise et est paru il y a quelques mois. J’ai travaillé à mon compte 3 ans dans le conseil en lancement de produit Tech et blockchain en startup, ce qui m’a amené à lancer le projet dont on parle aujourd’hui. Celui-ci trouve sa source dans un sondage que l’on a effectué. On a interrogé environ 200 personnes sur du quantitatif et du qualitatif, ce qui nous a permis de déterminer un profil type d’investisseur en cryptomonnaie : Romain, âgé d’un peu moins d’une trentaine d’années, qui investit via plusieurs plateformes. Rapidement, il devient compliqué pour lui de gérer et de suivre tous ses investissements en même temps. Pour se réassurer et suivre les projets, il rejoint des communautés d’influenceurs ou de projets. Malheureusement, il ne dispose d’aucune garantie de la sincérité, de l’authenticité et de la transparence de ces projets ni de la fiabilité des influenceurs (ont-ils pris des risques, sont-ils payés pour parler de ce projet etc.). Enfin, il a le sentiment que le marché est réservé aux initiés que sont les analystes et les geeks. Basé sur ce profil-type, et le besoin d’une expérience complète d’investissement, Seein- apps vient agréger tous les investissements en cryptomonnaie sur une seule plateforme qui se modélise en forme de ville, avec pour chaque cryptomonnaie, un bâtiment différent. La plateforme permet ainsi de fidéliser, de créer des interactions et du jeu et enfin de garantir la sincérité des utilisateurs et de la performance de leur investissement. Aurélien Onimus, fondateur d’une plateforme gamifiante de visualisation de vos investissements en cryptomonnaie, Seein- apps. Il partage pour ISLEAN son parcours entrepreneurial dans un écosystème encore fluctuant, notamment après la chute de l’un de ses géants, FTX. Le lancement d’un produit reste un vaste débat, notamment dans le monde start-up. Dans l’idéal commun : on sort un produit une fois qu’il est parfait, qu’il va buzzer et se suivent de multiples campagnes marketing. Dans la réalité, c’est tout autre. On s’est débrouillés seuls, au jour le jour, en faisant ce qu’on appelle du «bootstrapping», en somme, on a fait avec les moyens du bord. On a suivi Qui êtes-vous et quel est le problème que votre entreprise a résolu ? une des règles du Y Combinator (fonds de financement de startup internationale) : « sortez un produit dont vous avez honte ». C’est ce qu’on a fait afin d’arriver au plus tôt sur le marché et de pouvoir itérer grâce aux retours des utilisateurs. J’ai à l’origine commencé seul mais nous sommes aujourd’hui 2 associés, avec quelques prestataires externes. Nous avons une philosophie très économe, notamment en vue du contexte. On essaye d’être précis. Nous restons très focus sur chaque hypothèse : pourquoi on le fait, dans quel but etc.. On a la chance d’avoir déjà une petite communauté active, nous permettant d’itérer à fond. Quant à mon cofondateur, Pierre Moradei, il a rejoint l’aventure en juillet 2022. Avant, je faisais tout ça seul en plus de mon activité de conseil et de la rédaction de mon livre. Le point de bascule est de savoir à quel moment tu switches à plein temps sur le projet, sinon ça ne décolle jamais. Depuis que j’y suis à temps plein, ça a vraiment accéléré. Jusqu’à juillet 2022, donc, j’étais tout seul avec mon bâton de pèlerin et un développeur junior. C’était fou mais j’étais super content. Pour mon tout premier pitch public, j’ai levé 40 000 euros avec seulement 400e de traiteur. J’avais rencontré mon associé sur un projet de conseil blockchain immobilier il y a quelques années. Quand je cherchais un associé, je cherchais un CTO, car je suis moi plutôt un profil stratégique/business. Je me suis même demandé si je pouvais développer moi-même, avant de réaliser que l’on est toujours plus efficace avec quelqu’un de complémentaire. 20
  • 21. Seein-apps : une agrégation ludique de vos investissements en cryptomonnaie Je cherchais donc un CTO axé Web3. Tous avaient soit des prétentions extraordinaires, malgré la jeunesse de l’écosystème, soit ils étaient déjà sur un projet. Je n’avais pas du tout pensé à Pierre car il n’était pas axé web3. Je me suis ensuite rappelé de notre ancienne collaboration, de sa disponibilité, et surtout de son état d’esprit entrepreneurial. Et là je me suis dit : Eureka ! mais c’est lui qu’il me faut. Je lui en ai parlé. Il avait déjà dix ans d’expérience en développement, notamment dans le software, et particulièrement dans le secteur hôtelier. Il a grimpé comme ça dans le salariat. J’ai réussi à le convaincre et il a quitté cette belle place pour rejoindre l’aventure. Aujourd’hui, le langage Web3 est très proche des langages Web2. Donc un bon développeur s’en sortira toujours. Comme je le dis toujours, ce n’est pas avec une formation de 3 mois qu’on devient développeur et encore moins un développeur spécialisé Web3. D’où le fait que le profil soit parfait et hyper complémentaire avec le mien, tout en étant bon pitcher. Maintenant on pitch même à deux, alors que ce n’est pas ce que je cherchais à l’origine. J’ai compris que le mindset c‘est plus important, encore plus que les hardskills, pour le bon fonctionnement d’une équipe. On a tout de suite opté pour une optique communautaire. On obtient des retours grâce à nos followers, nos réseaux et nos amis. Ça peut prendre la forme d’un simple retour par messages jusqu’à des appels de ¾ d’heure qui donnent des retours très détaillés, une vraie mine d’info. L’objectif est d’être au plus près des gens. Il est assez rapide de s’enfermer ou de rester coincé dans le tunnel d’une roadmap. On se donne une simple règle : une nouvelle fonctionnalité par semaine, et sur cette livraison, on donne notre maximum pour avoir des retours. On utilise évidemment beaucoup Discord, canal très populaire pour l’écosystème Web3. On poste des messages sur notre serveur, mais la taille de notre communauté fait que l’on peut parfois se retrouver sans retour. On opte alors pour des messages privés et en général, on obtient toujours des réponses. On entend beaucoup que ce genre d’interactions est propre au Web3, une nouvelle façon de voir internet. En réalité, non. Dans le Web2, on apprend toujours à avoir un retour utilisateur. C’est juste que cet écosystème a ses propres codes (on sera plus sur discord et twitter par exemple). Nous on fait du B2C en mass market, donc forcément, on a besoin des retours de « M. ou MME. tout le monde », mais ce n’est pas propre au marché. On peut d’ores et déjà modéliser son portefeuille d’investissement en cryptomonnaie sur notre plateforme. On est principalement sur une innovation d’usage. Il est donc fondamental pour nous de prouver que notre innovation vaut pour tout type d’investissement, pas seulement pour le Web3. Pour l’instant, notre base c’est de rendre l’interaction individuelle pertinente, récurrente et amusante. On a encore beaucoup de boulot. Le but à termes, notre vraie valeur ajoutée selon nous, c’est de créer des communautés d’investisseurs. Chacune pourra voir la ville des autres communautés, les comparer et interagir. C’est aussi un moyen de suivre les performances des investisseurs et des communautés. Chacun des buldings, dont la taille varie en fonction du montant détenue de ladite cryptomonnaie, a au- dessus de son sommet, le logo de la cryptomonnaie. Où en est votre entreprise aujourd’hui ? Les suites du développement ? Aurélien Onimus, fondateur de Seein-apps | Propos recueillis par Maxime Gaulhet, Décembre 2022 On travaille également, à court terme, sur un système de couleur qui permet de rendre compte de la performance de l’investissement, en suivant les codes du jeu vidéo avec des ligues bronze, argent, or etc. Ainsi, en plus du montant détenu, on pourra également évaluer la performance d’un investissement et pas se faire avoir par un gros montant aux mauvaises performances. Aurélien Onimus 21
  • 22. Comme ces profils sont publics, les utilisateurs peuvent renseigner des pseudos d’autres personnes. Nous, nous devons pouvoir assurer que l’utilisateur est bien propriétaire du porte-monnaie qu’ils souhaitent modéliser sur notre plateforme. Notre solution est donc la suivante : lors de la première connexion, l’utilisateur lie son wallet, autorise la lecture du solde, et grâce à l’adresse publique on actualise (toutes les deux minutes) l’affichage de donner avec l’adresse publique. Ensuite, plus besoin de rouvrir le wallet, et donc plus de risque utilisateur. Autre point majeur : on est focus sur les milléniales et la génération Z, en se basant sur des sondages intéressants, datant d’il y a quelques années. Par exemple, on sait qu’un joueur millénial sur 2 aurait de la cryptomonnaie. Ça en dit long. Ils commencent par le gaming, puis rentre dans cet écosystème par du Roblox par exemple. A ce sujet, on n’a pas tellement de contraintes légales : on ne permet pas d’acheter et revendre des cryptomonnaies. On a une grosse contrainte légale en France à ce sujet : la loi PACTE. Elle régule surtout la conservation, l’achat et la revente. Nous on fait juste de la lecture de données, c’est un choix stratégique. On ne pousse pas à l’investissement, on vise à éduquer à l’investissement. En théorie, si cette loi est respectée, un mineur n’a pas de compte crypto et donc ne peut pas utiliser notre plateforme. Ça reste un risque mais, on a décidé de d’abord foncer sur le marché, ensuite on bloquera si besoin. Peut-être qu’un jour, notre plateforme aura sa propre cryptomonnaie et permettra d’acheter et revendre des cryptomonnaies mais ce n’est pas notre proposition aujourd’hui. Pour le moment, ce qui est effectif c’est de pouvoir connecter avec son échange centralisé Coinbase, ainsi qu’avec les wallets Metamask et Phantom. A termes, on vise plus largement le Web2 centralisé type Binance (qu’on veut intégrer pour début 2023) puis l’intégration du hardware, type Ledger. L’idée reste de seulement lire l’information. Il n’y a pas particulièrement de problème de droit. Le plus gros enjeu est sur le centralisé. Dès qu’il existe une API, il n’y a pas de souci. Notre flux d’utilisateurs est encore assez faible pour être géré. On verra plus tard. Sinon ce ne sont que des accords utilisateurs et on utilise de l’open source. On ne « hack » rien. On a quand même eu, sur le plan technique, quelques problèmes d’actualisation. Une des règles des wallets Web3 est que l’on ouvre un wallet qu’en cas d’action utilisateur. Sinon la plateforme ne peut pas l’ouvrir. Notre enjeu majeur est de certifier les personnes sur l’app. Mais le Web3 repose sur la pseudonymisation. Forcément, certains nous ont un peu pris pour des fous à se lancer dans cet écosystème, notamment après FTX, mais d’expérience, c’est quand on entend ça, que ça va prendre. Il n’y a pas de sujet de crise pour nous, et même après la chute de FTX qui en a rajouté une couche. On est sur un marché baissier, un bear market, et une récession. C’est aussi un nettoyage de l’opportunisme ambiant. Toutes les personnes qui créent un produit, dans un marché haussier, ça peut exploser à tout moment. Nous ça ne nous a pas tellement impacté. C’est aussi l’un de nos choix qui nous différencie de nombreux acteurs de l’écosystème : nous n’avons pas créé de cryptomonnaie, pas de ICO (levée de fonds en crypto). Quel impact de la situation du Web3 sur votre projet ? Aurélien Onimus, fondateur de Seein-apps | Propos recueillis par Maxime Gaulhet, Décembre 2022 Aurélien Onimus Seein-apps : une agrégation ludique de vos investissements en cryptomonnaie 22
  • 23. En termes de software, c’est le premier que je lance. Avant, j’avais une société de conseil. On n’est pas sur la même chose. Je ne fais pas ici de hiérarchie qualitative malhonnête, je constate juste une différence. Dans le conseil, mon but c’était de vendre une prestation et mon expertise. Là, dans la partie software : il faut maîtriser tous les versants, mais ça reste idéaliste. Tu essayes, à l’instant T de prendre la moins pire des décisions. Il faut accepter qu’on puisse se tromper et perdre 15 jours de vie. L’apprentissage majeure, c’est ce que je mentionnais : sortir un produit dont on a honte. C’est contre-intuitif mais c’est puissant. Beaucoup de projets Web3 confondent créer de la valeur autour d’un écosystème financier (en créant des cryptomonnaies ou des NFT) avec la création de valeur d’un produit. 99% des ICO qui concernent la première catégorie, en témoigne STEPN dont tout le monde parlait, chutent au bout de quelque mois par absence de bon produit. Notre sujet c’est de créer un produit que les gens veulent, c’est notre seul focus et ensuite peut-être que cette petite communauté nous demandera que nous créions une cryptomonnaie. Si cette demande est vraiment poussée, on y songera et on cherchera à lever plus de fonds. Aujourd’hui, on est sur des fonds d’investisseurs privée, du préseed, sous format BSA Air avec donc des formats plutôt classiques du Web2. Les levées faussent l’analyse de la rétention et du marché. Beaucoup de projets Web3 ont levé énormément mais ça ne prouve aucunement l’existence d’une traction. La rétention ne s’analyse pas sur six mois. Nous on vise petit et dès qu’il y a de la rétention, nous grossissons. Donc l’écosystème qui bouge, ça ne change rien. On lance certes une petite collection de NFT mais en restant cohérent avec notre projet, notamment sur la quantité. Le marché devient rationnel, et quand on a une traction, on accélère. Aurélien Onimus Je ne pensais pas que ça m’apprendrait autant. Car même si c’est négatif, on a des retours, le produit existe, on génère quelque chose. Si je pousse à fond cette logique, je pourrais même dire que même un bad buzz, ça fait parler. Avant je voulais lever 5 millions, et foncer. Après quelques échanges, j’ai compris que ça ne marchait pas comme ça. Maintenant, on vise petit. Nous discutons avec pas mal d’experts, de fondateurs de licornes, de personnes qui sorte de l’accélérateur Y Combinator et ils sont unanimes : ils nous poussent à continuer ce projet à deux. Nous pouvons ainsi rester agiles et au moment venu, nous grossirons. Ce n’est pas du bullshit : il s’agit de faire comprendre la plus-value, quitte à laisser le reste de côté (UX, design etc.), mais nous itérons grâce aux utilisateurs avant de faire des formulaires pour lever plein d’argent, missionner un designer pendant plusieurs mois etc. Là nous connaissons notre produit sur le bout des doigts et chaque retour que nous avons pu avoir. Dans le Web3, beaucoup d’ICO avec des montants très élevés ne sortent rien pendant des années. Avec ça, la tentation est grande de partir avec la caisse. En termes mécanique, une boite n’est jamais prête à recevoir autant si tôt. Notre base c’est ça : on avance à tâtons. Quels enseignements pour vous ? Quelques conseils pour ceux qui voudraient se lancer ? J’en ai deux. Sur l’entrepreneuriat en général, ne pas agir c’est déjà une décision, c’est choisir de ne rien faire. C’est très simple mais c’est vrai. Faites quelque chose, agissez et arrêtez de réfléchir des années. C’est l’état d’esprit, faites un post, faites réagir et ça commence déjà là. Passez à l’action. Si vous ne le faites pas, posez-vous des questions : est-ce que j’ai vraiment envie d’entreprendre ? Le seul moyen de savoir si ça marche c’est d’essayer. J’ai parlé à des entrepreneurs qui ont vingt ans d’expérience avec des énormes succès et même eux ne sont pas sûrs d’être bons. Quant à l’entrepreneuriat dans le Web3 à proprement parlé : soyez dans les codes. Rejoignez des communautés, parlez aux gens, allez au contact sur Twitter, Discord, ou des Forums. Ça arrive très vite de s’isoler de son public et on s’éloigne de ce qu’il se passe, de ceux que l’on pense viser. Aurélien Onimus, fondateur de Seein-apps | Propos recueillis par Maxime Gaulhet, Décembre 2022 Seein-apps : une agrégation ludique de vos investissements en cryptomonnaie 23
  • 24. Sitadel : la solution centralisée de gestion opérationnelle de patrimoine immobilier Pascal Rybak, co-fondateur de Sitadel | Propos recueillis par Madeleine Adrien, Novembre 2022 Comment avez-vous lancé Sitadel ? Historiquement, je travaillais dans le conseil. J’ai deux TPE, une qui s’appelle ACIEM, qui fait du conseil en organisation sur des projets plutôt techniques, et une autre qui s’appelle TD SYSTEM et qui fait du développement informatique. Un ami avait développé son propre produit pour réaliser des états des lieux immobiliers. En parlant avec un de ses locataires, il s’est rendu compte que son logiciel était également intéressant pour réaliser des audits de fin de garantie d’éoliennes. Ils ont donc créé ensemble un autre produit pour répondre à ce besoin, projet pour lequel il m’a demandé de l’aide. En regardant, nous nous sommes rendu compte qu’entre l’audit de fin de garantie d’éolienne et les états des lieux immobiliers, il n’y avait aucune différence des points de vue organisation et développement informatique. Et cela allait plus loin : nous avons réalisé que dans ces marchés là, tout le monde avait les mêmes problématiques en termes de gestion opérationnelle : • Le ticketing, ou comment capter l’information de l’existence du problème, que ce soit manuellement ou automatiquement grâce à des objets connectés • Les réparations, c’est-à-dire s’assurer que les désordres étaient bien résolus, que ce soit par des équipes internes ou des prestataires externes • La problématique réglementaire, par exemple sur des contrôles, des entretiens, et même du pilotage de contrats • Les audits, que ce soit un état des lieux locatif, un PV de livraison d’un programme ou un audit de fin de garantie d’une éolienne Adrien Rambaud est co-fondateur de Morio, projet visant à développer l’usage du vélo grâce à la sécurisation des flottes et ainsi favoriser la mobilité durable. Il suffit seulement de considérer le modèle descriptif approprié à l’objet concerné. En faisant cela, que ce soit pour un paquebot, des bureaux, un avion, ou de l’immobilier, on peut créer exactement le même outil. J’avais toujours eu envie de créer puis de développer un produit logiciel, et nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure. De quels accompagnements avez-vous profité au démarrage du projet ? Nous avons rapidement rejoint l’incubateur « Télécom ParisTech entrepreneur ». Nous avons ainsi pu bénéficier d’un réseau et de formations spécifiques de très bonne qualité. Grâce à eux, nous avons été éligibles à une subvention de la BPi et de la ville de Paris. Cela nous a aidés à démarrer. Ensuite, nous avons obtenu la labellisation « Startup innovante » auprès de Finance Innovation, un pôle de compétitivité mondiale dédié à la finance, l’assurance et l’immobilier et basé dans le centre de Paris. Cela nous a permis d’ouvrir notre réseau et d’obtenir une seconde subvention « Innovup » de la BPI et de la région. Surtout, le label « Startup innovante » nous permet de proposer aux clients soumis au code des marchés publics de passer par le processus « Achat Innovants », beaucoup plus facile et rapide puisqu’en gré à gré total. En complément de ces subventions publiques, nous avons réalisé une levée de fond de type Love money qui nous a permis de passer le cap délicat du Covid. Pascal Rybak 24
  • 25. Sitadel : la solution centralisée de gestion opérationnelle de patrimoine immobilier Sitadel aujourd’hui ? Nos clients-cibles sont les property managers, qui gèrent plusieurs sites. La problématique pour eux est d’avoir une vue d’ensemble sur des sites qui ne sont pas forcément gérés par les mêmes fournisseurs et pour lesquels il faut utiliser des outils différents. Beaucoup de startups se sont lancées dans ce domaine, mais elles ne traitent chacune qu’un petit bout de la problématique de gestion opérationnelle. Sitadel permet de centraliser toutes les problématiques liées à l’ensemble des actifs gérés par un property manager. Par ailleurs, le fait que l’outil ne soit pas une application facilite la maintenance et garantit la compatibilité native avec les systèmes iPhone/Android. Sitadel est un site web, accessible depuis un PC, une tablette ou un Smartphone. Nos clients ne s’occupent de rien et changent de matériel comme ils le souhaitent. Nous sommes par ailleurs très prudents en ce qui concerne le stockage et la sauvegarde des données des utilisateurs afin d’éviter la perte de ces dernières. Par exemple, l’incendie des serveurs OVH à Strasbourg a entraîné une interruption de service de 1h le jour où l’incident s’est produit, ce qui a prouvé que notre architecture était solide. Ceci étant, il faut garder en tête que le meilleur apport de trésorerie reste le chiffre d’affaires, plus que la levée de fonds. Cette dernière est une manière de se donner les moyens d’avancer plus vite, mais n’est pas un but en soi. En plus, elle n’est pas sans risque. Le chiffre d’affaires est quant à lui une manière beaucoup plus stable d’augmenter sa trésorerie, puisqu’il est aussi signe du succès de l’entreprise et de son idée, de l’expérience et de la base de clients acquise. Et puis le chiffre d’affaires n’a pas à être remboursé et ne dilue pas l’actionnariat ! Aujourd’hui, Sitadel est une solution Saas full web qui assure le responsable patrimoine que son parc est 100% conforme et fonctionnel, et qui fonctionne sur un système d’abonnement annuel. Chaque acteur y possède un compte (les property managers, les prestataires internes ou externes, les demandeurs (locataires ou collaborateurs)) et en fonction de son rôle, il aura accès à des fonctionnalités différentes. Pascal Rybak, co-fondateur de Sitadel | Propos recueillis par Madeleine Adrien, Novembre 2022 Fonctionnement de l’outil : liste des interventions planifiées Fonctionnement de l’outil : historique des tickets Pascal Rybak 25
  • 26. Les suites du développement ? Un point très important est l’implication des premiers clients. En effet, ce sont probablement eux qui vont faire évoluer le produit dans la « bonne » direction . Généralement, ces clients comprennent que le coût adapté d’une telle intégration s’accompagne de la nécessité de travailler « en mode startup », c’est-à-dire de la co- construction et l’acceptation des anomalies « de naissance ». Les fondateurs doivent être présents sur le terrain pour accompagner les évolutions nécessaires, faire preuve d’agilité et proposer un service Client hors pair. Par ailleurs, il est critique que les clients soient prêts à défendre la startup auprès de leurs autres prestataires afin d’encourager les partenariats nécessaires. Un second point capital est de développer conjointement le produit et sa commercialisation. Lorsqu’on signe avec un client, il ne faut pas accepter n’importe quelle demande. Il est important que les développements réalisés sur le produit pour le client servent à tous les autres. Dernier point, il est essentiel de cultiver son réseau pour tester ses idées, sans oublier d’être résilient, car le succès ne vient pas nécessairement tout de suite ! Aujourd’hui, nous avons réussi à monter un produit et à fidéliser des clients. Nous voyons le développement de Sitadel selon 4 pistes. La première piste concerne les évolutions régulières demandées par nos clients et que nous co-construisons avec eux. Sitadel évolue rapidement pour s’adapter aux besoins de chacun, tout en gardant à l’esprit la « simplicité ». La seconde piste concerne l’internationalisation de Sitadel, car certains de nos clients aimeraient également pouvoir gérer le patrimoine qu’ils possèdent à l’international sur Sitadel. Ce besoin nécessitera de développer le logiciel dans une version anglaise. Dans la même veine de l’international, nous sommes très sollicités par des entreprises situées en Belgique, et qui sont confrontées aux 4 problématiques clés citées précédemment, ce qui nous conforte dans la conviction que le problème que nous traitons est le même quel que soit le pays. Pascal Rybak, co-fondateur de Sitadel | Propos recueillis par Madeleine Adrien, Novembre 2022 Fonctionnement de l’outil : conformité règlementaire Sitadel : la solution centralisée de gestion opérationnelle de patrimoine immobilier Pascal Rybak 26
  • 27. Thomas Deneux Learning Robots présente AlphAI, son robot conçu pour enseigner l’IA Thomas Deneux, fondateur de Learning Robots | Propos recueillis par Noémie Aznar, Mai 2022 Peux-tu pitcher Learning Robots ? J’ai créé l’entreprise Learning Robots en mai 2020, dans le but de commercialiser le robot AlphAI. Je l’ai initialement développé dans le cadre d’un projet de recherche au CNRS visant à comparer l’apprentissage d’une IA et l’apprentissage du cerveau humain/animal. Ce robot est idéal pour enseigner l’Intelligence Artificielle dès le plus jeune âge. Il permet entre autres de visualiser des réseaux de neurones, et de comprendre comment ils fonctionnent. Il présente 3 modes d’apprentissage : Programmation classique où le robot reçoit directement les informations par l’interface graphique ou en Python, Apprentissage supervisé où l’utilisateur téléguide le robot avant de le laisser en autonomie, Apprentissage par renforcement où le robot apprend en expérimentant. Il reçoit des récompenses positives ou négatives en fonction des décisions prises ce qui lui permet de progresser. D’abord, nous avons commencé par le présenter dans des écoles. C’est tombé en phase avec un besoin d’apprentissage de l’IA exprimé par l’Education Nationale, ce qui a été un encouragement fort et nous a permis de nous lancer. Nous avons eu la chance de rencontrer Thomas Deneux, fondateur de Learning Robots. Thomas partage pour ISLEAN le parcours de Learning Robots et son expérience entrepreneuriale. 27 La Tech à votre service D’ailleurs, aujourd’hui AlphAI consiste à mettre l’IA à la portée de tous, en l’étudiant. Mais à l’avenir il sera naturel de lui trouver de nouvelles applications où les principes de base seront faciles à utiliser et que l’on comprenne ce qu’il se passe à l’intérieur. Notre lancement s’est bien déroulé. En effet, le robot prototype avait déjà été montré à des salons d’éducation. Cela nous a permis de décrocher des contrats de distribution dans les premiers mois. Nous avons également obtenu 2 subventions : • Edu-up proposé par l’Education Nationale et • Innov’up Expérimentation « IA et Education » proposé par Cap Digital, BPI France et la Région IDF Plus que de l’argent, concourir à ces subventions nous a permis d’entrer dans le réseau de l’Éducation Nationale. Du reste, nous avons vendu 400 robots à 130 établissements dans les 18 premiers mois de vente. Les clés de notre démarrage réussi : • Nos contacts directs avec l’Education Nationale, • Avoir été positionnés dans les catalogues des distributeurs. Comment le projet a-t-il été lancé ? Au départ, en 2018-2019, nous avions dans l’idée de faire un jouet. AlphAI aurait été une sorte de robot compagnon s’adaptant à l’enfant. En présentant un prototype à des enfants et des enseignants, nous avons constaté que le robot éveillait leur intérêt. En parallèle, j’ai suivi une formation à l’entreprenariat avec Deeptech Founders. Faire cette formation m’a fait réaliser qu’un jouet ne peut pas coûter plus de 100€. Or, le robot aurait coûté beaucoup plus sauf à produire des volumes de l’ordre du million. Aujourd’hui, où en est Learning Robots ? L’entreprise doit continuer de grandir. La priorité est d’augmenter les ventes. Pendant ces 2 premières années d’existence, nous avons fonctionné de manière agile. En d’autres termes, nous avons récupéré les retours des utilisateurs, pour rendre la solution de plus en plus maniable. Notre plus gros levier de croissance aujourd’hui, c’est l’international. On a d’ailleurs été au salon de l’éducation mondial BET à Londres en mars dernier. Et, même si l’IA y était présente, aucun de nos concurrents ne cherche à expliquer comment cela fonctionne, à ouvrir la boîte noire. Je suis persuadé qu’on est dérouté par la vitesse à laquelle les systèmes apprenants progressent notamment via les smartphones, GPS,… La machine saura bientôt quelles sont nos meilleures options. Cependant, cela n’empêche pas que comprendre comment ça marche permet d’avoir un regard critique et de toujours mieux l’utiliser. C’est même une nécessité !
  • 28. Learning Robots présente AlphAI, son robot conçu pour enseigner l’IA Thomas Deneux, fondateur de Learning Robots | Propos recueillis par Noémie Aznar, Mai 2022 Nous avons réalisé 85 000 € de CA sur l’année, ce qui est très bien pour un début. Mais il faut absolument l’augmenter. Nous avons deux pistes pour cela : • D’abord augmenter notre présence géographiquement, • Mais aussi beaucoup d’expansion sectorielle. Nous avons prévu de nous y attaquer cette année. Nous pensons à l’éducation supérieure (universités, écoles d’ingénieurs…) qui sont bien sûr sensibles à ces sujets. Mais, nous expérimentons aussi vers les âges les plus jeunes (écoles élémentaires) pour voir si notre solution peut convenir. AlphAI peut en effet aider les élèves à comprendre l’IA et la robotique mais également l’apprentissage de manière générale. Le robot marque les élèves et leur permet de comprendre que l’erreur aide à progresser dans leurs apprentissages, • Nous avons également commencé à réfléchir à une expansion sectorielle vers la formation professionnelle. Quelles sont les suites du développement de Learning Robots ? Comment fonctionne AlphAI ? En quoi consiste-t-il ? Avec AlphAI, on a voulu développer 2 volets : permettre de manipuler les apprentissages et expliquer les algorithmes à l’intérieur. Notre offre se différencie par le choix d’avoir un robot physique plutôt qu’une interface web. Nous avons une activité phare avec AlphAI : la course de robot. On construit une arène au sol avec des planches, puis les élèves entraînent le robot en fournissant des données. Plusieurs modes d’utilisation existent : Après l’entraînement, on place les robots sur la ligne de départ et on lance le robot en autonomie. A ce moment, l’IA pilote les robots et la course a lieu. Ensuite, on fait le bilan avec les enfants car pour avoir un robot performant, il faut des données qualitatives, quantitatives et exhaustives. Par exemple, les robots des enfants qui confondaient la droite et la gauche pendant l’entraînement vont refléter ça dans leur comportement, et risquent de ne pas gagner la course… Apprentissage supervisé Dans ce mode d’apprentissage, les élèves commencent par entraîner le robot. Ils pilotent le robot dans l’arène. L’IA va mémoriser les images capturées par la caméra associées avec la décision prise (tourner à gauche, aller tout droit, faire demi- tour…). Le robot va ainsi être capable de copier ce qu’il a déjà fait et de généraliser à des situations légèrement différentes pour se diriger lui-même. Dans ce cas, on ne donne plus d’exemple, on met en place un score et le robot apprend par lui- même en expérimentant de manière autonome. Le score correspond à la vitesse du robot : plus elle est forte, plus il reçoit de récompenses. Si le robot s’arrête, il reçoit une punition. Au fil du temps, le robot progresse. De la même manière, on peut lui apprendre à taper dans un ballon de baudruche. Pour ce faire, on programme une récompense qui l’encourage à chercher à avoir la couleur du ballon dans son champ de vision. On peut également prendre le contrôle du robot pour accélérer son apprentissage ou encore faire une activité où on fait prendre des décisions au robot une par une ce qui permet de voir l’impact des décisions prises sur les connexions au niveau du réseau de neurones. Apprentissage par renforcement Thomas Deneux 28 La Tech à votre service
  • 29. Learning Robots présente AlphAI, son robot conçu pour enseigner l’IA Thomas Deneux, fondateur de Learning Robots | Propos recueillis par Noémie Aznar, Mai 2022 Nous avons aussi développé d’autres activités. On peut par exemple se passer de la caméra pour utiliser de l’ultrason. Cela permet d’évoluer dans un environnement plus simple et de pouvoir interagir avec un réseau de neurones beaucoup plus petit pour commencer. Le but de ces activités est de comprendre les réseaux de neurones et les connexions qui les lient. Prenons l’exemple d’un réseau de neurones avec 2 neurones en entrée : si le robot est bloqué le premier neurone s’allume, s’il ne l’est pas c’est l’autre qui s’allume. Par l’expérimentation manuelle, les enfants vont se rendre compte que pour que le robot ne reste pas bloqué, alors le neurone associé à “est bloqué” doit avoir une connexion forte avec l’action “se retourner” et que le neurone associé à “n’est pas bloqué” doit avoir une forte connexion avec l’action “aller tout droit”. Nous passons ensuite avec les enfants à la visualisation de l’apprentissage automatique : nous voyons comment, pour minimiser l’erreur, le programme d’apprentissage modifie les connexions jusqu’à retrouver celles qu’on avait trouvées dans l’activité précédente manuelle. Quand on met ensuite des couches intermédiaires, c’est le même principe : le programme d’apprentissage renforce ou diminue des chemins complets. On parle aussi d’autres algorithmes. Par exemple, on aborde l’algorithme des k plus proches voisins (au programme du lycée). Dans ce cas, on cherche à trouver les k images les plus proches de celle pour laquelle on doit prendre une nouvelle décision (k est un nombre entier). Cela consiste à prendre une décision sur une image, en la comparant avec des images de la base de données et en sélectionnant les k images les plus proches. Comment accompagnez-vous vos clients après une vente ? L’accompagnement est très important. Surtout que les professeurs qui achètent la solution découvrent eux-mêmes ce qu’est l’IA, et peuvent pour cela avoir des difficultés à utiliser le logiciel. Nous avons donc mis en place une séance d’1h30 de visioconférence après achat d’un robot pour pouvoir lancer les utilisateurs. Cela nous permet aussi d’avoir plus de feedback de la part des enseignants, donc de mieux développer notre solution. Nous réfléchissons également à créer une sorte d’académie de partage et d’échange autour de notre solution. Nous proposons aussi une hotline gratuite pour les clients. Aujourd’hui, notre business model tourne majoritairement autour du robot. A terme, nous souhaitons nous tourner vers notre logiciel et les services associés en mettant en valeur le logiciel sous la forme d’un abonnement lié aux mises à jour de ce dernier. Une autre diversification que nous visons est de vendre le logiciel seul car il va pouvoir analyser des jeux de données, ou parce qu’on pourrait piloter d’autres robots (Thymio par exemple). Autres applications Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’entrepreneuriat ? D’abord, il faut savoir que c’est très différent du statut de salarié, car je mène mon propre projet. Il faut donc avoir une vision à court et moyen-long terme. C’est passionnant mais risqué et donc cela peut aussi être usant. La réussite tient beaucoup à avoir la bonne idée et avoir la fibre pour la mener à bout, ce qui veut dire que pour aboutir il ne faut rien lâcher. Par exemple, début janvier, nous avions anticipé 20 000 € de commande et nous avons réalisé 1 000 ou 2 000 €. Ça fait un trou dans le prévisionnel mais il faut continuer d’y croire, et de fait cela repart bien depuis que nous sommes sortis du Covid. C’est aussi très important de bien s’entourer, de savoir déléguer et de trouver les bons talents. Nous venons par exemple de rejoindre le Réseau Entreprendre qui va nous apporter un accompagnement de qualité. Thomas Deneux 29 La Tech à votre service
  • 30. La veille d’information de qualité et diversifiée grâce à l’intelligence artificielle de FLINT Benoît Raphael, cofondateur de FLINT | Propos recueillis Andres Villarreal, Avril 2022 Quel est le problème à résoudre qui a lancé le projet ? Le but principal de FLINT est de permettre aux utilisateurs de s’informer de façon équilibrée. Aujourd’hui, il y a tellement de sources d’information qu’il est très difficile de suivre tous les fronts. On appelle cela l’infobésité, la surconsommation et saturation d’information. On parle même de FOMO (Fear Of Missing Out), un syndrome qui décrit la peur de rater quelque chose FOMO, et qui nous amène à nous surinformer, tout en stressant de ne pas assez le faire, ou en ayant le sentiment d’être paradoxalement moins bien informé. Trop d’information tue l’information et freine la prise de décision ou nous amène à faire des erreurs de jugement. Le sentiment de saturation (qui touche plus de 7 Français sur 10 selon une étude Flint/IFOP de 2021) pousse notre cerveau à déclencher des mécanismes mentaux, pour se décharger, ce qui favorise les biais de confirmation, l’enfermement dans les bulles d’information, et le développement des fake news. Au risque de passer à côté d’une vraie richesse d’information, noyée par le bruit informationnel organisé par les moteurs de recherche et les réseaux sociaux. Grâce à l’intelligence artificielle, les abonnés peuvent créer en quelques minutes à peine des newsletters intelligentes alimentées automatiquement par les robots, avec une sélection des meilleurs contenus d’information diffusés sur Internet. L’algorithme permet de gagner du temps, entre 1 et 4 heures de veille par semaine, tout en mettant l’accent sur la diversité des sources d’information pour élargir notre vision et détecter les signaux faibles dans le bruit et les tendances, tout en nous protégeant des fausses nouvelles. Dans le cadre de nos rencontres avec des entrepreneurs, nous avons eu la chance de rencontrer Benoît RAPHAEL, cofondateur de la plateforme pour la veille d’information grâce à l’intelligence artificielle, FLINT. Comment FLINT propose de s’informer de manière équilibrée ? Ces sources sont sélectionnées grâce à l’analyse de la valeur nutritionnelle (la valeur scientifique, la valeur d’innovation et le biais d’opinion) des contenus. On obtient ce score par l’analyse du comportement de plus de 22.000 experts avec plusieurs millions de contenus. FLINT est en constante évolution et mène ainsi des ateliers collaboratifs avec ses clients pour enrichir les sources d’informations et améliorer leur produit. Cela permet à FLINT de garantir non pas l’exhaustivité de l’information mais plutôt la qualité et la diversité. Cela permet aux abonnés de ne pas tomber dans le biais de confirmation, de s’inspirer et de s’ouvrir l’esprit, en même temps qu’ils ne se noient pas dans trop de sources. L’information collectée est envoyée via une newsletter personnalisée, quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle. C’est ainsi une newsletter intelligente qui fournit les informations riches en sources, contrastes et fiabilité. Comment FLINT a-t-il été lancé ? Journaliste de profession, Benoît voulait permettre aux personnes d’entendre le plus de voix possibles tout en évitant l’intoxication informative. Cela est notamment difficile car les algorithmes des réseaux sociaux ne favorisent pas la qualité des informations mais plutôt l’addiction via l’émotion. Benoît Raphael 30 La Tech à votre service