1. N° et Date de parution : 100620 - 20/06/2010
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Pharmacie: la recherche et développement en pleine révolution (PAPIER D'ANGLE)
PARIS, 20 juin 2010 (AFP) - Le secteur pharmaceutique est engagé depuis plusieurs mois déjà dans
une profonde évolution de sa recherche, multipliant notamment les partenariats avec le secteur
académique ou avec des "biotechs" pour faire face à ses difficultés à trouver de nouveaux
médicaments.
"On ne peut plus faire de recherche comme dans le passé", résume simplement Dominique Amory,
patron de l'Américain Eli Lilly en France et président des Laboratoires internationaux de recherche
(LIR), qui regroupe les filiales françaises de 15 groupes pharmaceutiques étrangers.
"La probabilité de générer une vraie innovation est de plus en plus restreinte", analyse Vincent
Genet, directeur de l'activité santé du cabinet de conseil Alcimed.
"Une des raisons de cet essoufflement, à défaut de panne, est effectivement la nécessité de trouver
de nouveaux modèles de recherche. Et ceux-ci passent par la collaboration public-privé", avance
Christian Lajoux, président des Entreprises du médicament (Leem), l'organisation professionnelle qui
représente le secteur en France.
Face à des autorités de santé de plus en plus exigeantes, à la concurrence des génériques et aux
difficultés croissantes pour trouver et développer de nouvelles molécules dans un environnement
scientifique complexifié, beaucoup des grands du secteur empruntent donc plus ou moins les mêmes
recettes pour redynamiser leur recherche et développement (R&D).
Multiplication des accords avec le secteur académique dans la recherche fondamentale, partenariats
avec des "biotechs" pour le développement de traitements, modification des structures: toutes les
solutions sont bonnes. Avec un point commun: une ouverture accrue sur l'extérieur, là où souvent
on ne jurait que par la recherche interne.
Devant les difficultés croissantes à faire homologuer de nouveaux médicaments et la concurrence
toujours féroce des génériques, l'enjeu est également de partager les coûts et les risques, résume
Marc Livinec, de l'assureur-crédit Euler Hermes SFAC.
"Les risques sont jugés tellement importants que les laboratoires préfèrent mutualiser les coûts de
R&D d'un médicament", avance-t-il. "On voit aujourd'hui le démarrage de ce mouvement, mais cela
va encore s'amplifier", prédit-il.
L'investissement pour le développement d'un médicament s'étale souvent sur une douzaine
d'années et représente près d'un milliard de dollars, rappelle M. Livinec.
"Beaucoup d'espoirs ont été mis dans la biotechnologie pour combler la décroissance de l'innovation
dans le modèle chimique" il y a déjà plusieurs années, souligne de son côté Vincent Genet, directeur
de l'activité santé du cabinet de conseil Alcimed.
"Force est de constater aujourd'hui que les +biotech+ ne peuvent pas y contribuer suffisamment",
avance-t-il: "Aujourd'hui, ça implique notamment un nouveau mode de fonctionnement, peut-être
beaucoup moins tourné vers la recherche interne et beaucoup plus tourné vers la co-recherche".
Dans ce cadre, les laboratoires réorganisent également physiquement leurs centres de recherche.
"Les laboratoires les plus pionniers ont rapidement compris que le modèle consistant à aligner des
chercheurs en masse autour d'une plateforme technologique montrait ses limites", rappelle M.
Genet.
Beaucoup cherchent donc aujourd'hui à recréer des structures de recherche beaucoup plus petites,
orientées vers des objectifs précis, ou même des campus regroupant leur recherche, des antennes
de centres académiques et des start-ups.
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Alcimed