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Eric Delannoy l'expansion.com 02 décembre 2009
- 1. www.lexpansion.com
30/11/09
"Dubaï illustre un changement de nature de la crise"
Propos recueillis par Emilie Lévêque - 30/11/2009 17:54:00
La panique qui s'est emparée des places boursières du monde suite à l'annonce des difficultés
financières de Dubaï traduit la fébrilité et l'irrationalité qui imprègnent encore les marchés,
estime Eric Delannoy , vice-président du cabinet de conseil Weave , spécialiste du secteur
financier.
L'émirat de Dubaï est-il en faillite?
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- 2. Non, l'émirat de Dubaï n'est pas en faillite. Le conglomérat public Dubai World est certes
lourdement endetté. Mais il n'a pas demandé une restructuration de sa dette, seulement
un moratoire pour une échéance de trois milliards de dollars. La situation n'est pas si
catastrophique. D'autant que Dubaï ne peut pas être en faillite car son économie est fortement
interconnectée avec les grandes économies de la zone du Moyen-Orient. Le principal bailleur
de fonds de Dubaï est son voisin et grand frère Abou Dhabi. 90% de la dette de Dubaï est
financée par Abou Dhabi, qui possède le premier fonds souverain au monde avec plus de 650
milliards de dollars de réserves.
Pourquoi Abou Dhabi ne vient pas en aide au petit émirat de Dubaï?
La question qui se pose aujourd'hui n'est pas de savoir si les banques d'Abou Dhabi vont
venir en aide à Dubaï, mais quand et comment. Je pense qu'Abou Dhabi veut mettre Dubaï au
pied du mur pour reprendre les rênes sur son économie. Mais jamais Abou Dhabi ne laissera
son petit frère faire faillite. Ne serait-ce que parce la crédibilité de la finance islamique qui avait
particulièrement bien résisté à la crise et qui cherche aujourd'hui à étendre sa présence dans le
monde, en serait ébranlée.
Abou Dhabi veut reprendre les rênes de l'économie de Dubaï"
Quelles rênes ?
Le développement effréné de Dubaï ces dix dernières années repose essentiellement sur
l'immobilier, notamment l'immobilier touristique. Abou Dhabi veut faire basculer l'économie de
Dubaï vers les infrastructures (ports et plates-formes logistiques maritimes) et l'exploitation
d'aluminium.
Pourtant,les difficultés financières de Dubaï font plonger les Bourses des Emirats. C'est que la
situation inquiète?
Les Bourses de Dubaï et Abou Dhabi étaient fermées depuis mercredi en raison de la fête
musulmane de l'Adha. Elles ont donc fortement réagi ce lundi. Car au niveau local, il y aura des
dommages collatéraux, notamment pour le secteur du BTP et les banques locales.
Mais tous les marchés financiers, même occidentaux, semblent s'inquiéter des difficultés de
Dubaï...
Pourquoi les Bourses européennes et américaine, ainsi que les valeurs bancaires, ont-elles
chuté ? A cause du symptôme de la crise dont Dubaï est le révélateur : les marchés s'inquiètent
de ce que les banques ont peut-être encore des actifs toxiques dans leurs bilans. Les marchés
sont encore très fébriles, voire irrationnels. C'est la preuve que nous ne sommes pas encore
sortis de la crise.
Les banques européennes, notamment françaises, sont-elles exposées à la dette de Dubaï?
Non, elles sont très peu exposées. L'exposition totale des banques européennes à la dette de
Dubaï et des sociétés qui lui sont rattachées a été estimée à environ 13 milliards d'euros par
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- 3. Crédit Suisse. C'est peu. Surtout, la dette de Dubaï ne présente pas de risque systémique. Il y
a beaucoup d'argent à Dubaï. La dette de cet émirat n'est pas toxique. L'exposition de Calyon
(Crédit Agricole) à la dette de Dubaï est inférieure à 300 millions d'euros, et celle de Natixis
(Groupe BPCE) à 35 millions d'euros. Celle de BNP est moins localisée à Dubaï que dans le
reste des Emirats.
Le spectre de la faillite des Etats est un fantasme"
Quels enseignements tirer de la crise financière à Dubaï?
La crise de Dubaï concrétise à l'échelle d'un petit pays ce que l'on observe depuis le début
2009 : le passage d'un risque de marché (dépréciation d'actifs liés à l'éclatement de la bulle
financière) à un risque de défaut (difficulté de remboursement des clients, fortement en
accélération depuis fin 2008). Dubaï illustre un changement de nature de la crise financière et
économique.
Ce risque de défaut à l'échelle d'un petit pays peut-il toucher d'autres pays? Y a-t-il un risque de
faillite des Etats?
Le spectre de la faillite des états surendettés est le dernier fantasme en vogue. Chaque
situation est particulière et le cas de la Grèce par exemple n'a rien à voir avec Dubaï. Les
grands pays européens ont des ressources diversifiées qui les protègent d'un risque de
faillite pure et simple. La pression fiscale est par exemple très faible en Grèce. Par ailleurs
des mécanismes de solidarité existent à la fois au niveau international que ce soit au niveau
européen ou via des institutions ayant de puissantes capacités d'intervention comme le FMI ou
la Banque Mondiale.
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