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Fox Channel Les Annees 90
- 1. Les années 90 s’ouvrent
sur une bonne nouvelle
dès le 11 février 1990, avec la fin
de l’apartheid en Afrique du Sud
et la libération de Nelson Man-
dela. Elle fait suite à l’une des
grandes dates historiques de la
fin du siècle avec la chute du mur
de Berlin, le 10 novembre 1989.
Mais les années 90 s’inaugurent
aussi par la Guerre du Golfe, pre-
mier conflit armé d’un genre
nouveau dit chirurgical. Pour
François Cusset*
, historien des
idées et professeur de civilisation
américaineàl’UniversitédeParis
Ouest, « les années 90 sont un
prolongementdesgrandesmuta-
tions des années 80 que l’on nous
présente souvent comme la pé-
riode des grandes transitions :
l’arrivée prochaine du nouveau
millénaire, le retour de la démo-
cratie triomphant dans les ex-
pays communistes, l’émergence
de l’internet, le nouvel avenir
radieux. Mais tout cela est atté-
nué par la réalité des guerres et
des crises économiques majeures
qui s’enchaînent. Et du capita-
lisme financier à l’islamophobie,
c’est dans cette période-là que
prennent naissance nos pro-
blèmes d’aujourd’hui. »
Cette décennie est marquée par
la propagation de la victoire idéo-
logique du néolibéralisme, de la
globalisation financière et de la
mondialisation. « Pendant la pre-
mière moitié de cette décennie,
c’est un rouleau compresseur
néolibéral qui s’impose dans les
institutions internationales, à la
tête des Etats et chez les acteurs
économiques, explique François
Cusset. La deuxième partie voit
surgir les premières résistances
majeures depuis 25 ans, avec des
formes de contestation sociales
nouvelles. On se souvient des
grèves de 1995, mais aussi de
l’insurrection zapatiste au Chia-
pas, fin 1994. Et l’émergence
de l’altermondialisme à la fin
de la décennie. Ces formes de
contestation perdurent encore
aujourd’hui. »
Les années 2000, comme
une parenthèse
La décennie 90 est aussi domi-
née par la pensée de l’effondre-
ment où le mur de Berlin ouvre
la période et où celui des tours
jumelles du World Trade Center
la termine. « La décennie est
obsédée par la fin, à la fois
l’échéance du siècle et le compte-
à-rebours du nouveau millé-
naire, poursuit François Cusset.
C’est aussi l’apparition d’internet
qui ouvre les débats sur le post-
humain. En fin de compte,
comme le montre la production
intellectuelle de la période,
elle est marquée à la fois par
de nouveaux conservatismes, et
en face une critique sociale d’un
genre nouveau. »
Que reste t-il des années 90 ?
Que reste-t-il
des
RETRO.Coincéesentreles«annéesfric»etl’an2000,lesannées90
représentent une époque charnière et la décennie de toutes les transitions.
Huit rendez-vous
à la télé
La série documentaire « 90’s la décennie
des connexions » sera diffusée à partir
du 1er
novembre tous les samedis
et dimanches à 20h40 sur National
Geographic Channel*
. En huit épisodes
de 52 minutes, la chaîne vous propose
de revivre les grands moments des années
90 qui ont façonné le monde actuel.
Racontée par Patrick Poivre d’Arvor,
cette série événement met à l’honneur
les personnalités, innovations et grandes
décisions de la décennie en s’appuyant
sur des images d’archives impressionnantes.
Enintroductiondechacundesdocumentaires,
des personnalités françaises prennent la
parolepourtémoignersurlessujetsabordés:
Lilian Thuram revient sur la Coupe du monde
98, le réalisateur Jean-Pierre Jeunet évoque
le succès cinématographique de Toy Story,
Bernard Kouchner se souvient notamment
de la tempête médiatique provoquée par
la Guerre du Golfe. Une série qui informe
et questionne… était-ce 10 ans d’exubérance
assumée ou d’avertissements ignorés ?
90
années
?
*
Disponible pour les abonnés à Canalsat,
Numericable, Free et Orange.
« Tout ! Les années 2000 auront
été une sorte de parenthèse :
c’est comme si l’on reprenait
aujourd’hui le fil de la décennie
90 », conclut François Cusset.
Matthieu Marcos
*L’ouvrage collectif dirigé par
François Cusset, « Une histoire
(critique) des années 90 » (La
Découverte/Centre Pompidou-Metz)
© Thinkstock/iStock - DR
©Thinkstock/iStock-DR
- 2. Les années 90 s’ouvrent
sur une bonne nouvelle
dès le 11 février 1990, avec la fin
de l’apartheid en Afrique du Sud
et la libération de Nelson Man-
dela. Elle fait suite à l’une des
grandes dates historiques de la
fin du siècle avec la chute du mur
de Berlin, le 10 novembre 1989.
Mais les années 90 s’inaugurent
aussi par la Guerre du Golfe, pre-
mier conflit armé d’un genre
nouveau dit chirurgical. Pour
François Cusset*
, historien des
idées et professeur de civilisation
américaineàl’UniversitédeParis
Ouest, « les années 90 sont un
prolongementdesgrandesmuta-
tions des années 80 que l’on nous
présente souvent comme la pé-
riode des grandes transitions :
l’arrivée prochaine du nouveau
millénaire, le retour de la démo-
cratie triomphant dans les ex-
pays communistes, l’émergence
de l’internet, le nouvel avenir
radieux. Mais tout cela est atté-
nué par la réalité des guerres et
des crises économiques majeures
qui s’enchaînent. Et du capita-
lisme financier à l’islamophobie,
c’est dans cette période-là que
prennent naissance nos pro-
blèmes d’aujourd’hui. »
Cette décennie est marquée par
la propagation de la victoire idéo-
logique du néolibéralisme, de la
globalisation financière et de la
mondialisation. « Pendant la pre-
mière moitié de cette décennie,
c’est un rouleau compresseur
néolibéral qui s’impose dans les
institutions internationales, à la
tête des Etats et chez les acteurs
économiques, explique François
Cusset. La deuxième partie voit
surgir les premières résistances
majeures depuis 25 ans, avec des
formes de contestation sociales
nouvelles. On se souvient des
grèves de 1995, mais aussi de
l’insurrection zapatiste au Chia-
pas, fin 1994. Et l’émergence
de l’altermondialisme à la fin
de la décennie. Ces formes de
contestation perdurent encore
aujourd’hui. »
Les années 2000, comme
une parenthèse
La décennie 90 est aussi domi-
née par la pensée de l’effondre-
ment où le mur de Berlin ouvre
la période et où celui des tours
jumelles du World Trade Center
la termine. « La décennie est
obsédée par la fin, à la fois
l’échéance du siècle et le compte-
à-rebours du nouveau millé-
naire, poursuit François Cusset.
C’est aussi l’apparition d’internet
qui ouvre les débats sur le post-
humain. En fin de compte,
comme le montre la production
intellectuelle de la période,
elle est marquée à la fois par
de nouveaux conservatismes, et
en face une critique sociale d’un
genre nouveau. »
Que reste t-il des années 90 ?
Que reste-t-il
des
RETRO.Coincéesentreles«annéesfric»etl’an2000,lesannées90
représentent une époque charnière et la décennie de toutes les transitions.
Huit rendez-vous
à la télé
La série documentaire « 90’s la décennie
des connexions » sera diffusée à partir
du 1er
novembre tous les samedis
et dimanches à 20h40 sur National
Geographic Channel*
. En huit épisodes
de 52 minutes, la chaîne vous propose
de revivre les grands moments des années
90 qui ont façonné le monde actuel.
Racontée par Patrick Poivre d’Arvor,
cette série événement met à l’honneur
les personnalités, innovations et grandes
décisions de la décennie en s’appuyant
sur des images d’archives impressionnantes.
Enintroductiondechacundesdocumentaires,
des personnalités françaises prennent la
parolepourtémoignersurlessujetsabordés:
Lilian Thuram revient sur la Coupe du monde
98, le réalisateur Jean-Pierre Jeunet évoque
le succès cinématographique de Toy Story,
Bernard Kouchner se souvient notamment
de la tempête médiatique provoquée par
la Guerre du Golfe. Une série qui informe
et questionne… était-ce 10 ans d’exubérance
assumée ou d’avertissements ignorés ?
90
années
?
*
Disponible pour les abonnés à Canalsat,
Numericable, Free et Orange.
« Tout ! Les années 2000 auront
été une sorte de parenthèse :
c’est comme si l’on reprenait
aujourd’hui le fil de la décennie
90 », conclut François Cusset.
Matthieu Marcos
*L’ouvrage collectif dirigé par
François Cusset, « Une histoire
(critique) des années 90 » (La
Découverte/Centre Pompidou-Metz)
© Thinkstock/iStock - DR
©Thinkstock/iStock-DR
- 3. B Octobre 2014
cahier spécial cahier spécial COctobre 2014
La décennie
des révolutionszoom. Evolutions sociales, politiques, culturelles, sportives…
La dernière décennie du XXe
siècle est placée sous le signe
de la transition permanente.
Le 26 décembre 1991 marque la dissolution de l’URSS et sa dislocation
qui reconnaît l’indépendance des républiques baltes (Lettonie, Lituanie et
Estonie). La Guerre Froide est terminée. Un monde multipolaire voit ainsi
le jour où le communisme est tombé alors que le capitalisme est resté
debout. Ce tournant est aussi marqué par la montée du danger islamiste.
Après huit ans de guerre en Afghanistan, les Russes battent en retraite
en 1989. Cet épisode sera décisif dans la vie de Ben Laden qui a mis
sa fortune et sa légion de volontaires arabes au service de la guerre contre
la coalition antitaliban. En 1996, les talibans prendront Kaboul et instau-
reront un régime islamiste, dirigé par le mollah Omar. Lors de sa première
interview télévisée sur la chaîne américaine CNN en mars 1997, Oussama
Ben Laden annonce sa principale cible : l’Amérique. Il devient
l’ennemi public N°1 du monde. On connaît la suite : le 11 septembre 2001…
515,3 km/h… Le 18 mai 1990 le TGV devient
le train le plus rapide du monde sur la Ligne à
Grande Vitesse (LGV) Atlantique. Mis en service
en 1981, le fleuron de l’industrie ferroviaire est
devenu depuis une vitrine du savoir-faire fran-
çais en matière d’innovation, comme l’expliquait
Jacques Chirac en 2007, en parlant de la nouvelle
ligne Est : « Le TGV-Est, c’est une réussite industrielle
majeure. C’est une admirable démonstration des capacités de la France en matière
de recherche, de développement et d’innovation ». Les années 90 ont également été
marquées, au niveau ferroviaire, par l’ouverture du Tunnel sous la manche reliant
par des TGV spécialement conçus pour s’adapter aux gabarits des lignes françaises
et britanniques le sud de l’Angleterre et le nord de la France.
Le monde des transports allait également connaître une mini-révolution avec la mise
en service du GPS. Initialement conçu pour un usage militaire, le GPS a évolué bien
au-delà de ses objectifs initiaux pour devenir une ressource dont on ne peut plus se
passer. Des industries du transport et des services aux concurrents des grandes courses
au large. Des vacances en voiture détendues au moyen le plus facile et le plus écono-
mique en carburant pour arriver à destination.
En février 1997, les journaux et télés du monde entier font
leur Une sur Dolly, une jeune agnelle née 7 mois plus tôt,
en juillet 1996, dans les locaux de l’institut Roslin,
en Ecosse. Et pour cause : l’animal n’est pas le fruit de
l’accouplement d’une brebis et d’un mouton, elle n’a pas
de père et est la copie génétique de sa mère, autrement
dit son clone !
Ce que l’on pensait impossible quelques années aupara-
vant est maintenant concret et l’annonce de l’événement
déclenche une vague de polémiques se concentrant sur le
clonage humain présenté comme imminent. Scienti-
fiques, philosophes, politiques… tout le monde prend
position jusqu’à ce que les comités d’éthique en France,
en Angleterre, aux États-Unis, ainsi que ceux du Conseil
de l’Europe, de l’Unesco et de l’ONU se prononcent pour
l’interdiction, au moins provisoire, de toute recherche
sur le clonage humain. Dolly sera euthanasiée en 2003
après avoir donné naissance à quatre brebis, preuve
qu’un animal cloné n’est pas stérile. Depuis, une dou-
zaine d’espèces ont été clonées, et le clonage humain
n’est toujours pas une réalité, la recherche se concentrant
sur le clonage thérapeutiques de cellules souches desti-
nées à soigner des maladies graves.
Le décès de la rock star Freddy Mercury, chanteur
du groupe Queen, a un retentissement planétaire,
l’opinion publique s’inquiète et de nombreuses asso-
ciations voient le jour et se réunissent lors d’une grande
soirée télévisuelle : c’est le début du Sidaction.
Pour quelques générations, le préservatif se banalise, la
prévention se structure et les consciences se réveillent.
En 1996, le bilan est lourd. Le sida a déjà tué plus
de 30 000 personnes en France. 20 ans après la maladie
recule, les progrès médicaux sont importants avec la
généralisation des trithérapies mais le Sida tue encore,
avec 1,6 millions de morts dans le monde en 2012.
Mais les années 90 ne sont pas toujours inquiétantes…
La découverte accidentelle du Viagra va révolutionner
les rapports sexuels de nombreux patients atteints
de disfonctionnements érectiles. Initialement conçu
pour lutter contre l’angine de poitrine, ce médicament
va se démarquer par des effets secondaires spectacu-
laires avec une amélioration considérable de la fonc-
tion érectile. Dès son autorisation de Mise sur le Marché
(AMM) en 1999, les ventes ont explosé, et la petite pilule
bleue est aujourd’hui un des médicaments les plus
rentables et les plus contrefaits au monde.
L’Afghanistan au centre
de tous les enjeux
Dolly, un mouton
pas comme les autres
TGV, GPS : aller
vite et partout
Le foot change
de galaxie
Sida, Viagra…
l’amour en question
En 1995, le cinéma connaît un saut technologique qui aura
une influence considérable sur le 7e
art pour la décennie à
venir. Toy Story propulse le cinéma dans un monde où les
ordinateurs vont occuper une place prépondérante. Ce film
d’animation raconte l’histoire d’Andy, un jeune garçon dont
les jouets se mettent à vivre leur propre vie… Une aventure
menée tambour battant par Woody le cow-boy et Buzz
l’éclair, intrépide aventurier de l’espace dont l’arrivée
va semer la zizanie dans ce petit monde. Porté par deux
ambassadeurs vocaux prestigieux (Tom Hanks et Tim Allen),
ce premier long métrage entièrement généré par ordinateur
va rencontrer un succès mondial extraordinaire avec plus de
360 millions de dollars de recettes. Les grands succès
des années à venir (Matrix, Avatar…) s’inspireront largement
des technologies développées par le studio Pixar car il y
a désormais un avant et un après Toy Story dans l’industrie
du cinéma.
Toy Story : le cinéma
vers l’infini et au-delà
La scène musicale française prend de plein fouet l’émergence des raves
parties électroniques venues d’Angleterre. En quelques années, une
nouvelle génération de DJs aux influences très variées s’approprie cette
musique et s’impose peu à peu dans les soirées branchées des clubs de
la capitale. En 1995, l’album « Boulevard » de St Germain, puis en 1996
« Homework » de Daft Punk, rencontrent un succès international et font
souffler sur la musique électronique un vent de fraîcheur revigorant.
D’autres artistes suivent, et la très créative « patte française », nourrie
de funk, de hip-hop, de jazz et de soul éblouie la presse musicale anglo-
saxonne qui la qualifie de « French Touch ». En 1998, emblématique
du genre, le titre « Music sounds better with you » de Stardust, se vend à
plus de 2 millions d’exemplaires, avant que le début des années 2000
ne marque le déclin du genre. Et pourtant, la musique électro qui s’impo-
sera définitivement quelques années plus tard, n’en finit pas, aujourd’hui
encore, de se nourrir des influences de ce mouvement fondateur.
Daft Punk, voilà
la French Touch
Les ordinateurs qui étaient au-
paravant coûteux et réservés à
un usage professionnel vont
envahir progressivement les
foyers pour être utilisés comme
un loisir avec l’apparition de jeux et de divertissements qui
leurs sont dédiés. Mais la vraie révolution arrive en 1998 avec
la sortie de l’Imac d’Apple qui va d’emblée marquer sa diffé-
rence en proposant un ordinateur dont le design rompt avec
la sobriété de ses concurrents. Avec sa coque tout en rondeurs
et ses couleurs vibrantes, l’Imac a marqué les esprits… Par ail-
leurs, la simplicité d’usage pour les particuliers et d’accès à
Internet (une pub d’Apple expliquait que deux clics suffi-
saient pour se connecter) vont creuser un avantage considé-
rable de la marque à la pomme sur ses concurrents. 13 ans
après, en 2011, le monde comptait 2,23 milliards d’internautes
alors que 352,8 millions d’ordinateurs personnels ont été
vendus au cours de l’année… La révolution était en marche,
elle est aujourd’hui totalement intégrée à notre mode de vie.
Tous
connectés !
Dans les fast-foods, le burger s’érige en objet
culturel, la nourriture surgelée, les plats préparés
et les produits light envahissent les assiettes.
Décidemment, la décennie jette, au pays de la
gastronomie, un bien gros pavé dans la mare.
Mais si ces nouvelles pratiques se développent
à grand pas, elles commencent à susciter
en réaction à cette « malbouffe », un réel besoin
d’authenticité chez les consommateurs. D’autant
plus qu’en 1996, les premiers maïs OGM germent
sur le sol français. La même année, la maladie de
la vache folle, qui effraie les éleveurs européens
depuis quatre ans, se révèle être transmissible
à l’homme et mortelle. Trois ans plus tard, l’affaire
des poulets à la dioxine finit de jeter le doute sur
les pratiques de l’industrie agro-alimentaire.
Sonné par tant de dérives, le public réclame trans-
parence et traçabilité. La notion de sécurité
alimentaire apparait. Tous les ingrédients sont là
pour que le bio, jusque-ici à la marge, commence
son irrésistible ascension. Ce n’est pas pour
autant que les scandales cesseront.
Scandales
alimentaires
au menu
90
années
90
années
Il a donné son nom à l’une des plus grandes réformes
de l’histoire du football international. Et pourtant qui
connaît aujourd’hui Jean-Marc Bosman ? Début 1990,
cet ancien joueur professionnel belge n’hésite pas
à s’engager dans un combat judiciaire parce que
son club, Liège, exige une indemnité de transfert
l’empêchant ainsi de s’engager avec Dunkerque alors
qu’ilestenfindecontrat.Résultat?Cinqansplustard,
la Cour de justice des communautés européennes
tranche en sa faveur. Le foot moderne est né avec
la libéralisation des transferts et l’interdiction de
limiter le nombre de joueurs étrangers dans une
même équipe ! Les meilleurs joueurs français vont
évoluer sans tarder dans les meilleurs championnats
européens. Plus forts que jamais, le 12 juillet 1998,
ils remportent la Coupe du monde pour la première
fois dans l’histoire du pays. Cette victoire secoue
l’Hexagone : plus d’un million de personnes
sepressentsurlesChamps-ElyséesoùlaFranceBlack-
blanc-beur salue ses héros devenant de
véritables stars comme l’éternel Zizou. Merci qui ?
Bosman, bien sûr !
Repères
1990
11 février : libération de Nelson Mandela
1991
À partir du 17 janvier : début de
l’offensive Tempête du désert, qui
mènera à la neutralisation de l’armée
irakienne et à la fin de la Guerre du Golfe,
par une victoire de la coalition.
1992
7 février : signature du traité de
Maastricht également appelé traité
de l’Union européenne.
1993
26 mai : l’Olympique de Marseille devient
Champion d’Europe de football.
1994
6 avril et jours suivants : au Rwanda,
un attentat coûte la vie aux présidents
rwandais et burundais. C’est le début
du génocide des Tutsi et des Hutu modérés
par des extrémistes Hutu au Rwanda
(fin en juillet).
1995
10 au 15 janvier : les Journées mondiales
de la jeunesse 1995 ont lieu à Manille, aux
Philippines. La messe de clôture, célébrée
par Jean-Paul II, rassemble entre quatre
et cinq millions de personnes, ce qui en fait
le plus grand rassemblement humain
de toute l’histoire.
1996
26 septembre : en Afghanistan
les talibans s’emparent de Kaboul,
le nord du pays résiste encore.
1997
1er
juillet : rétrocession de Hong Kong
à la République populaire de Chine.
1er décembre : conférence des Nations
unies sur l’effet de serre à Kyōto.
160 pays décident une réduction de 5,2 %
des émissions de gaz à effet de serre
d’ici à 2012.
1998
12 juillet : la France est sacrée
Championne du monde de football
pour la 1ère
fois de son histoire.
8 octobre : ouverture d’une procédure
d’impeachment contre Bill Clinton,
dans le cadre de l’affaire Lewinski.
1999
1er
janvier : introduction de l’euro dans
11 pays de l’Union européenne pour former
l’Union Economique et Monétaire,
ou encore zone euro.
ParBenoitCharbonneau
©Thinkstock/iStock
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- 4. Supplémentencartéenoctobre2014etréalisépourLeParisienetAujourd’huienFranceparleservicesuppléments.n Éditeur:ChristineGoguet.n Rédactionenchefdessuppléments:Jean-LouisPicot.
n Fabrication:FrançoiseMalou. n Photosdespagesintérieures:DRsaufmentionsobligatoires.
« En tant que présentateur du 20h
de TF1, vous avez vécu les années
90 en première ligne. Quel regard
portez-vous sur cette décennie ?
Avec le recul, je dirais que c’était la
décenniedutoutestpossible.Onsor-
tait tout juste de l’apartheid en
Afrique du Sud avec la libération de
Nelson Mandela qui allait devenir
cetteicônemondialedelaréconcilia-
tion. A son tour, la chute du mur de
Berlin offrait la possibilité aux na-
tions de l’Est d’un autre avenir plus
démocratique. Il n’y avait plus la
peur de la confrontation nucléaire
entre les deux grands blocs. C’était la
fin du monde bipolaire et ce fut in-
contestablement une belle décennie
à commenter qui s’est achevée le
11 septembre 2001…
Y a t-il un événement qui vous a
plus particulièrement marqué ?
Je ne peux m’empêcher de penser
àl’espèced’indifférencecoupablede
la communauté internationale sur le
génocide des Tutsis au Rwanda, en
1994.Troisansplustôt,uneimmense
coalition est allée châtier Saddam
Hussein, en Irak, en y mettant les
moyens,alorsquelà,auRwanda,des
centaines de milliers de personnes
sont mortes de la haine, mais aussi
de notre indifférence.
« Mandela, un héros de notre temps »
ENTRETIEN• Patrick Poivre d’Arvor, journaliste et présentateur vedette du journal de TF1, animateur
de télévision et écrivain, raconte comment il a vécu les années 90 comme grand témoin de cette décennie.
D Octobre 2014
cahier spécial
©JulieFaucherNGC
témoignages
Quel événement retenez-vous des années 90 ?
Avez-vous fait une rencontre
inoubliable ?
MarencontreavecNelsonMandela
a été majeure. Je l’ai interviewé trois
joursaprèssasortiedeprison.J’aipu
réaliser un duplex qui a étonné tout
le monde tellement il était dans une
telle mansuétude et dans le pardon
alors qu’il avait sacrifié sa liberté
pour celle des autres. Je l’ai retrouvé
une dernière fois, le 14 juillet 1998,
alors que Jacques Chirac le recevait
àl’Elyséedeuxjoursseulementaprès
la victoire en coupe du monde de
l’équipe de France de football. La
grande leçon qu’il nous a donnée est
quel’onpeutchangerleschosessans
violence, sans être dans la revanche
ou la vengeance. C’est un véritable
héros de notre temps !
Pourquoi avez-vous accepté de
participer aux 8 films documen-
taires consacrés aux années 90
sur la chaîne National Geographic
Channel ?
Par curiosité d’abord. L’approche
est très américaine, mais, en même
temps, cela m’a intéressé de voir ce
montagetrèsnerveux,autocentrésur
leurs propres préoccupations. D’ail-
leurs,onseraitbieninspiréenFrance
de développer la même aventure sur
les années 2000…
En 2014, que pensez-vous
qu’il reste des années 90 ?
Il reste cette impression que les
gens étaient encore dans une espèce
de liesse généralisée. La décennie
s’achève dans un véritable élan pa-
triotique avec la belle victoire de
l’équipe de France de football en
1998. Tout le monde était persuadé
que l’on pouvait être les rois
du monde, mais aujourd’hui si vous
interrogez les Français, je pense
qu’ils ne vous répondraient pas la
même chose. »
ProposrecueillisparGillesGirot
Sylvie Marcos
62ans,assistantededirection
Paris(XXe
)
« Si je repense aux années 90,
ce qui me vient en premier c’est
la guerre du golfe et le conflit en
ex-Yougoslavie. Ce sont les
premièresguerresmodernesavec
des moyens sophistiqués. Pour
l’Irak, c’est ce qui a marqué le
début des conflits futurs dans les
pays d’Extrême-Orient. Et pour
l’Ex-Yougoslavie,c’estlapremière
fois que l’on assistait à des mas-
sacres de grande ampleur en
Europedepuislafindela2e
guerre
mondiale. »
Loïc Rottenfus
45ans,coach
Pontoise(95)
« Si je ne devais retenir qu’une
année de la décennie 90, ce serait
pour moi 98 et ce à double titre,
celui de champion du monde et
de père. Père pour la première
fois, c’est une victoire en soi qui
vaut tous les trophées. Et pour
notreéquipedeFrance,c’estpara-
doxalement la demi-finale contre
la Croatie, les deux seuls buts en
équipe de France de Thuram, un
moment hors du temps, avec ce
geste où il semble se demander ce
qu’il lui arrive, un peu comme
moi cette année-là finalement... »
Olivier Burbure
42ans,assistantsocial
Paris(XIIe
)
« Pour moi, les années 90 ont été
marquées par de nombreuses
innovationsmaislaprincipaleest
sûrement l’avènement de l’ADN
dans la recherche mais surtout
en matière judiciaire. L’ADN est
devenulapreuveincontestableet
permet de résoudre des affaires
comme celle de Perpignan que
l’on voit actuellement dans les
journaux. »
FranckPaquet-Durand
40ans,consultant,
Alfortville(94)
« Le concert à Wembley en hom-
mage aux 70 ans de Nelson man-
dela. Tracy Chapman, une jeune
africaine alors inconnue crève
l’écran avec Talkin’Bout a Revo-
lutionpourréclamersalibération.
Ilestrelâchéen1990,reçoitlePrix
NobeldelaPaixen1993etdevient
le premier président noir de
l’Afrique du Sud en 1994 ! C’est
ce que j’ai envie de retenir des
années 90, l’espoir que les choses
changent un jour. »
©DR
©DR
©DR
©DR