Fins du monde, catastrophes et genre post-apocalyptique (présentation en 1re Bac pro, objet d'études L'homme face aux avancées scientifiques et techniques).
1. Nagasaki, 6 semaines après la bombe. DOD"War and Conflict"
image collection
Apocalypse(s) et
genre post-apocalyptique
2. Chaque religion a soulevé cette question, chaque grande catastrophe
historique a nourri les peurs humaines… et l’art a toujours traduit ces
inquiétudes, jusqu’au genre communément appelé post-apocalyptique
aujourd’hui.
Essai nucléaire, 1962, désert du Nevada (United States
Department of Energy )
L’humanité n’a pas attendu les crises économiques ou le
réchauffement climatique pour penser à la fin du monde…
3. Les peurs ont évolué avec l’apparition de
la technique, et l’homme apparaît
aujourd’hui également comme l’auteur
possible de sa propre destruction… (cf
votre objet d’études L’homme face aux
avancées scientifiques et techniques)
Voici un court aperçu des visions
d’apocalypse qui hantent l’humanité,
dévoilant les peurs habituelles de l’homme
devant les catastrophes, les maladies, les
guerres, tout ce qui lui rappelle sa fragilité
et sa possible fin… quitte à sombrer dans
la terreur irrationnelle !
Affiche de The Day the world ended (1955)
de Roger Corman. Source : IMDB movie
database.
4. 1. Apocalypses, religions et mythes
La fin des temps dans les textes sacrés et les légendes
2. Cataclysmes à travers l’histoire
Tremblements de terre, peste et peur atomique
3. Le genre post-apocalyptique
La fin du monde dans la littérature et le cinéma
5. 1. Apocalypses, religions et mythes
La fin des temps dans les textes sacrés et les légendes
Le Déluge – Michel-Ange – Fresque de la création, Chapelle Sixtine.
6. Déluges
Il existe environ 250 récits de déluge
-Le déluge biblique nous est le plus
connu (Genèse, VI, 5 à IX, 17)
- Il s’inspire du déluge de l’épopée
mésopotamienne de Gilgamesh (vers
1750 av. J.-C.).
Noé lâche la colombe qui doit assurer le
retrait des eaux
Détail d’une Mosaïque de Saint-Marc à
Venise.
7. La fin du monde n’est donc ici
que la fin d’un temps, avant un
nouveau départ…
Les quatre âges de l’hindouisme. Nous
sommes dans le dernier âge, le Kali
Yuga, l’âge du vice.
L’hindouisme présente un temps
cyclique : il existe quatre âges (or,
argent, acier et fer), qui vont en se
dégradant, devenant de plus en
plus immoraux.
A la fin de l’âge de fer (Kali yuga),
un nouvel âge d’or s’annonce
grâce à un avatar de Vishnou.
Hindouisme
8. Mythologie scandinave : le Ragnarök
- C’est la bataille finale entre les
dieux, aidés des morts glorieux, et les
géants de glace menés par Loki.
- On retrouve ici l’idée de renaissance :
la fin des temps dans la mythologie
nordique est comme ailleurs l’occasion
d’un recommencement, dans un monde
en quelque sorte purifié.
Loki, dieu de la ruse et de la tromperie,
parfois associé au feu. Dans le Ragnarök, on
peut y voir un équivalent de Lucifer.
Manuscrit islandais du XVIIIe siècle.
9. les trois grandes
religions
monothéistes :
Dans la tradition judéo-chrétienne, la fin du
monde est à la fois destruction et
renaissance.
- Pour les Juifs, la fin des temps est marquée
par le retour du Messie, le jugement des
hommes et le triomphe de Dieu.
- Pour les Chrétiens, la fin des temps signifie
le retour du Christ, la résurrection des morts,
le jugement dernier et la vie éternelle dans la
Jérusalem céleste.
- Dans la tradition musulmane, de
nombreux signes (majeurs et mineurs)
annoncent l’heure finale. On y retrouve la
venue de l’Antéchrist et l’avènement du
Mahdi. Dieu finit néanmoins par détruire la
Terre après que tous les musulmans aient
été marqués par une lumière divine sur le
front.
Saint Michel tenant la balance. Détail du retable du
Jugement dernier de Rogier Van Der Weyden.
(1445-49)
10. L’Apocalypse selon Saint Jean est le
dernier texte du Nouveau Testament. Il
serait l’œuvre d’un disciple de Saint Jean
l’évangéliste et aurait été rédigé vers 90.
Les visions de Saint Jean y sont
nombreuses et célèbres : les sept
sceaux, les quatre cavaliers, le combat
des Anges contre la Bête de l’Apocalypse
à 7 têtes, la Jérusalem céleste…
Contrairement au sens du mot
apocalypse aujourd’hui, ce texte est un
message d’espoir : il évoque le Jugement
dernier pour tous les hommes et le
« dévoilement » (sens du mot grec
apocalypse) d’un nouveau monde. Ici
encore, l’apparition de la Jérusalem
céleste est le signe d’une renaissance
après la destruction.
Beatus de Valladolid, f°120 La 5e trompette :
les Sauterelles
11. Les Quatre cavaliers de
l’apocalypse d’Albrecht Dürer
(1471-1528).
Ces cavaliers apparaissent
dans la Bible, au sixième
chapitre du livre de
l’Apocalypse. Ils annoncent la
fin du monde.
Leurs symboles :
la conquête (arc et couronne),
la guerre (épée), la famine et les
échanges injustes (balance) et
la mort (cadavre).
13. Dernier appel à concours? (2006). Peinture de Norbert H. Kox
14. 2. Cataclysmes à travers l’histoire
Tremblements de terre, éruptions, peste et peur atomique
15. Les fléaux qui se sont abattus sur les hommes
au cours des âges ont peuplé l’imaginaire de
visions d’apocalypse – l’imaginaire collectif et
l’imaginaire artistique.
Les catastrophes, naturelles ou
industrielles, possèdent un pouvoir de
fascination tout en suscitant la terreur.
Et de Pompéi à Katrina en passant
par Tchernobyl ou Fukushima, tous
ces noms sont désormais connus,
marqués du sceau du cataclysme.
Pompéi. Moulage en plâtre
d’un homme.
16. Les catastrophes sèment la mort et la destruction à large échelle, et marquent les esprits du
temps. Entre 1994 et 2004, elles ont touché près de 2,8 milliards de personnes, en ont tué 796
000 environ (le tsunami de 2004 ayant entraîné à lui seul 226 000 victimes).
17. Les catastrophes naturelles : tremblements de
terre, éruptions, incendies…
- Eruption du Vésuve en 79 : 16 000 morts.
- Tremblement de terre de Shaanxi (Chine) en 1556 : 800 000
morts.
- Inondations de Chine en 1931 : 2 000 000 de morts
- Cyclone de Bhola en 1970 (Bangladesh) : 362 000 morts.
- Tsunami de 2004 dans l’océan indien : 250 000 morts…
18. Les Ruines de Lisbonne, gravure allemande (1755)
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
"Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes" ?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
Extrait du Poème sur le
désastre de Lisbonne de
Voltaire (1756)
20. Les épidémies suscitent le même effroi que les catastrophes naturelles.
Les épidémies les plus marquantes dans l’histoire de l’homme sont sans doute
celles de peste et notamment la grande peste noire, qui a tué entre 30 et 50 %
de la population européenne entre 1347 et 1351.
Illustration de la peste noire
tirée de la Bible de
Toggenburg (1411). La peste
noire est une peste bubonique
: on peut voir les bubons sur
le corps des deux malades.
Epidémies, pandémies
21. Flagellants, XVème siècle. Les Flagellants se fouettaient pour expier leurs péchés,
parcourant les villages en chantant des cantiques, dans l’attente de l’apocalypse
22. Le vocabulaire garde encore
trace du passage de cette
terrible pandémie :
« empester », « fuir comme
la peste », autant
d’expressions qui montrent
l’empreinte de cette maladie
sur les esprits.
La dernière grande épidémie
de peste en France est la
peste de Marseille de 1720,
qui a tué entre 30 et 40000
personnes, soit près de 50%
de la population de la ville…
Allégorie de la peste, peinture anonyme du XVe siècle.
En 1920, une centaine de cas, dont 39 décès, sont dénombrés
en France à Paris (notamment du côté de Clichy, quartier des chiffonniers de
Saint-Ouen)
23.
24. Danse macabre de Guyot Marchand (1486). Les épidémies de peste ont inspiré aux artistes ces
« danses macabres ».
25. Enluminure extraite
de La Danse macabre
des femmes de
Martial d’Auvergne
(1491)
La Mort ne regarde ni
le rang, ni les
richesses, ni le sexe,
ni l'âge de ceux qu'elle
fait entrer dans sa
danse.
26. Danse Macabre in St. Nicholas’ Church, Tallinn, Estonia by Bernt Notke (1435-1509)
27. D’autres épidémies/pandémies se sont révélées aussi meurtrières que la peste
dans l’histoire :
- La rougeole : 200 millions de morts ces 150 dernières années.
- La variole : 300 millions de morts au XXe siècle.
- La grippe espagnole (1918/1919) : entre 50 et 100 millions de morts.
Les soldats d’un camp
militaire du Kansas, aux
États-Unis, ont été les
premiers touchés par la
vague pandémique initiale,
au printemps-été 1918.
28. La peur atomique
Les deux bombes larguées sur Hiroshima et
Nagasaki en 1945 ont marqué l’entrée dans une
nouvelle ère et ont également marqué
l’avènement d’une nouvelle peur.
La guerre froide qui succède au deuxième conflit
mondial va maintenir cette crainte d’une fin du
monde nucléaire, crainte qui sera illustrée dans
de très nombreux films de l’époque.
Pendant les années 50 et 60, cette hantise
sera omniprésente, avec en point d’orgues
la crise de Cuba d’octobre 1962, où les
Etats-Unis et l’URSS arrivèrent à un point
extrême de tension.
Brochure de la défense civile américaine,
distribuée en 1950
29. Le gouvernement américain incite même ses
concitoyens à construire leur propre abri
antiatomique (fallout shelter) et les enfants
apprennent à l’école comment réagir lors
d’une attaque grâce à Bert la tortue.
30. « Les armes nucléaires et la
possibilité d’une telle guerre sont
des faits que l’on ne peut ignorer
aujourd’hui. Vous pouvez déjà
mettre en place beaucoup de
choses pour vous protéger, et par là
même, rendre plus forte, la nation
américaine. Je vous encourage
vivement à lire avec attention cette
édition de LIFE magazine. La
sécurité de notre pays et la paix
dans le monde sont les objectifs de
notre politique. Notre capacité et
notre volonté de survie sont
essentielles. »
[Le Président Kennedy aux
lecteurs de LIFE Magazine, 15
sept. 1961]
31.
32. 3. Le genre post-apocalyptique
La fin du monde dans la littérature et le cinéma
33. Définition du genre
Sous-genre de la science-fiction qui dépeint la vie après une catastrophe ayant
détruit la civilisation. Le genre post-apocalyptique se détache donc des fictions de
catastrophe qui décrivent la catastrophe en elle-même.
Des situations souvent similaires dans les scénarios :
- Menace du retour de la barbarie et de la loi du plus fort
- Création d’une nouvelle société chez certains survivants
- Quelles règles, quelles lois pour la nouvelle société ? (organisation de la
justice, répartition des ressources…)
- Survie dans un environnement hostile (besoins primaires)
Le genre post-apocalyptique est le miroir de notre société actuelle (de ses
peurs et de ses questionnements). Ce genre interroge le présent, comme le fait
la science-fiction.
34. Les films évoquant un cataclysme nucléaire envahissent les écrans japonais ou
américains dès les années 50 : ce filon cinématographique témoigne d’une réelle
crainte dont l’industrie du cinéma profite.
En 1959, le film The World, the flesh and the devil montre un survivant esseulé dans
un New-York vide après une explosion.
35. On peut aussi supposer qu’une apocalypse nucléaire a
frappé la terre de La Planète des singes (1967), où
Charlton Heston s’effondre devant les vestiges de la
statue de la liberté dans un final célèbre.
36. Mutant exposé à des radiations le monstre japonais Godzilla est décrit dans
l'original de 1954 comme « une bombe atomique vivante ». Le monstre laisse
des radiations empoisonnant l'environnement sur son passage et son
« souffle atomique » peut brûler une mégapole toute entière.
Il témoigne avant tout du traumatisme d’un pays frappé par deux bombes
atomiques.
37. En 1955, Akira
Kurosawa, célèbre
cinéaste japonais,
réalise le film Vivre dans
la peur, où le
personnage principal,
obsédé par la crainte
d’une menace nucléaire,
quitte tout pour fuir au
Brésil…
38. Le chef d’oeuvre de ce cinéma d’après
la bombe est sans doute Dr. Folamour
(1964), de Stanley Kubrick, où
l’humour noir remplace la crainte.
40. La peur de l’apocalypse nucléaire s’éloignant, le cinéma s’est rabattu sur d’autres
craintes plus actuelles, liées à la pollution, à une catastrophe environnementale, à
la surpopulation, à une pandémie…
https://www.youtube.com/watch?v=qq2MC1YaLns https://www.youtube.com/watch?v=9n29c-q3_8Q
42. La peur de l’intelligence artificielle : l’homme dépassé par sa
création (Terminator, Matrix…)
43.
44.
45. Apocalypse et morts-vivants
Un genre à part
Les morts sortent de leur tombe et
dévorent les vivants… L’apocalypse
des « zombies » (pour reprendre le
mot vaudou) a d’abord été
popularisée au cinéma par George A.
Romero en 1968, dans La Nuit des
morts-vivants.
Beaucoup de films, de livres ou de
bandes dessinées ont suivi, faisant
du zombie une figure classique de
l’imagerie populaire d’aujourd’hui – à
tel point qu’il est même récupéré
dans la publicité…
47. Le genre est également présent en littérature depuis longtemps : La Peste écarlate
(1912) de Jack London, Demain les chiens (1944) de C. D. Simak, Je suis une
légende (1954) de R. Matheson, Malevil (1972) de R. Merle, Le Fléau (1978) de S.
King...
Présentation de quelques livres appartenant au genre
post-apocalyptique