Sur les quelque 150 000 m2 de surface de plancher constructibles, 20 000 m2 seront consacrés à des bureaux et 20 000 m2 à l’artisanat ou aux infrastructures publiques.
Que rapportera l’opération aux TPF, qui ont acquis ces terrains voici plus de 100 ans pour quelques centimes? «On peut estimer le prix du terrain au centre de Bulle entre 600 et 700 francs le mètre carré».
rapporte Me Damien Piller,
Damien Piller - Changement à la direction de Migros Neuchâtel Fribourg
Damien Piller | L’opération qui changera la face de la ville
1. PATRICK PUGIN
AURÉLIE LEBREAU
Le plateau de la gare de Bulle se sera
métamorphosé d’ici à 2025. Cet im-
mense secteur de 70000 m2
– soit au-
tant que le centre historique de la
ville – se prépare à radicalement
changer de visage. Exit remises et ga-
rages. «Cette zone va perdre sa voca-
tion industrielle pour devenir plus rési-
dentielle», annonçait hier à la presse
Vincent Ducrot, directeur des Trans-
ports publics fribourgeois (TPF), pro-
priétaires des deux tiers du périmètre.
A terme, ce sont pas moins de 700 à 800
logements qui doivent y être construits.
Un potentiel de plus de 2000 habitants.
Les deux gares – ferroviaire et
routière – seront déplacées. Tout
comme les voies et les quais. Diffé-
rents éléments déclencheurs expli-
quent cette mue: «Le RER connaît un
très fort développement et conduit à
une forte fréquentation de la gare. A
terme, nous devrons passer à des
trains plus longs, pour lesquels les
quais actuels ne sont pas adaptés», in-
dique Vincent Ducrot. Et ces quais –
également plus larges – ne peuvent
pas être construits dans la courbe où
se situe actuellement la gare.
Deuxième point: la loi sur les han-
dicapés impose la mise en conformité
des installations d’accueil des clients:
«Nous devons par exemple assurer
des accès sans barrière ou créer des
quais qui soient utilisables en fauteuil
roulant», expose le directeur des TPF.
Enfin, ces évolutions permettront la
modernisation des installations de
sécurité.
Huit bureaux travaillent
Comment s’articulera le nouveau
quartier, où s’épanouiront les futures
gares? Aucune idée pour l’heure.
«Nous n’avons volontairement pas de
réponses», se plaît à relever Vincent
Ducrot. Car les propriétaires – TPF,
ville de Bulle, Fenaco, La Poste et trois
privés – ont choisi la voie du mandat
d’étude parallèle (MEP) pour les gui-
der: huit bureaux travailleront ainsi,
jusqu’en février 2013, sur le projet.
Avec une très vaste liberté. Seule
contrainte ou presque: l’impossibilité
de modifier la position des nouvelles
infrastructures ferroviaires (voies et
quais). «Cette procédure nous per-
mettra de recueillir un maximum
d’idées», apprécie le directeur des
TPF. Trois bureaux seront ensuite rete-
nus pour peaufiner les détails.
Certitude, les activités industrielles
des TPF quitteront le plateau de la gare
au fur et à mesure. «Cela n’a plus de sens
de les conserver au centre-ville», estime
Vincent Ducrot, indiquant que la plu-
part d’entre elles migreront vers la zone
industrielle de Planchy.
Egalement des emplois
Mais l’habitat n’est pas tout. Sur les
quelque 150000 m2
de surface de
plancher constructibles, 20000 m2
seront consacrés à des bureaux et
20000 m2
à l’artisanat ou aux infra-
structures publiques. Que rapportera
l’opération aux TPF, qui ont acquis ces
terrains voici plus de 100 ans pour
quelques centimes? «On peut estimer
le prix du terrain au centre de Bulle
entre 600 et 700 francs le mètre carré»,
rapporte Me
Damien Piller, représen-
tant de Fenaco et des propriétaires
privés. «Mais il convient de retrancher
de ce montant les frais de démantèle-
ment des infrastructures», nuance
Vincent Ducrot. Qui souligne qu’une
dépollution sera sans doute néces-
saire. «Ce qui grèvera également la va-
leur du terrain. Reste que le potentiel
est énorme.»
Et le directeur des TPF d’envisager
un futur quartier «très urbain», où s’ins-
talleront des usagers des transports
publics… Ou, en une sentence: le trans-
porteur fribourgeois construit des im-
meubles pour remplir ses trains. I
LALIBERTÉ JEUDI 4 OCTOBRE 2012
RÉGIONS
JEUDILa place de la Gare
sera réaménagée
11
12 ÉGLISE Votation populaire reportée
14 PRO FRIBOURG Le boulevard de Pérolles au XXe
siècle
15 TAVEL Le musée renouvelle son exposition
15 LAC-NOIR Le réveil du dragon!
17 RIAZ La vente du terrain pour le CO est acceptée
18 PAYERNE Une nouvelle identité visuelle à la ville
PlacedesAlpes
Avenue de la Gare
RueNicolas-Glasson
Place de la Gare
PlacedelaGare
Chemin des Préalpes
RoutedelaPâla
RuedelaLécheretta
Chemin des Crêts
LANDI
GARE
ACTUELLE
LA POSTE
REMISE DES
VOIES ÉTROITES
Propriété des TPF
3 propriétaires privés
et la Fenaco
Surface totale = 70387 m2
AB-Source:TPF
BULLE – PÉRIMÈTRE DU FUTUR QUARTIER DE LA GARE
L’opérationquichangeralafacedelaville
BULLE • Le plateau de la gare du chef-lieu gruérien – 70000 mètres carrés – va perdre sa vocation industrielle
pour se muer en quartier résidentiel de plus de 2000 habitants. Les gares routière et ferroviaire seront déplacées.
S’ENDETTER
POUR GRANDIR
«Nous n’avons pas les moyens de
freiner le développement, alors
nous nous donnons les moyens de
l’accompagner.» Syndic de Bulle,
Yves Menoud salue la procédure
retenue – le mandat d’étude paral-
lèle – pour esquisser le futur quar-
tier de la gare: «Cela nous
permettra de voir dans quelle direc-
tion nous voulons aller.»
Accueillir plus de 2000 nouveaux
habitants ne va pas de soi: «Les
infrastructures doivent suivre»,
reconnaît Yves Menoud. Et plus par-
ticulièrement les écoles. On sait que
la commune – qui achève l’agran-
dissement des sites de la Condé-
mine et de La Tour-de-Trême –
planifie déjà la construction d’un
bâtiment au Terraillet, où est appelé
à se développer un quartier de
2000 à 2500 habitants.
«Et nous planchons déjà sur un
projet à l’ouest de la ville», indique
Yves Menoud. C’est-à-dire dans
le secteur qui court de la gare
à l’arsenal.
«Evidemment il faudra les payer,
ces écoles», relève le syndic. Qui
s’interroge: «Les rentrées fiscales
supplémentaires suffiront-elles?
Pas sûr…» Du coup, Bulle devra sans
doute continuer à charger le fardeau
de sa dette (135 mio annoncés pour
2013) pour régler la note des infra-
structures nécessaires à sa poussée
démographique. Et, Yves Menoud ne
le cache pas: «A fixer des priorités.»
AL/PP
LESTPFVONTMETTRE L’ACCENTSUR L’IMMOBILIER
«Vendre une partie de ces terrains? Il n’en est pas ques-
tion! C’est un patrimoine extraordinaire qu’il ne faut pas
brader», s’exclame Vincent Ducrot. Pour le directeur des
Transports publics fribourgeois (TPF), il ne fait aucun
doute que le secteur immobilier de l’entreprise de trans-
ports va fortement se développer au cours des prochaines
années.
«Comme les CFF nous en possédons déjà un, fort de
160 bâtiments, qui pour certains n’ont pas beaucoup de
valeur. Mais il est évident que ce domaine est appelé à
prendre de l’essor, simplement parce que c’est une vo-
lonté très claire du conseil d’administration», explique
Vincent Ducrot.
Construire des immeubles au cœur des villes sur des ter-
rains qui leur appartiennent, est-ce là un moyen pour les
TPF de financer la rénovation programmée des gares, dont
le coût oscillera entre 250 et 300 millions de francs? «Les
vases communiquants sont interdits», répond Vincent Du-
crot. Il y a des comptabilités différentes et intégralement
séparées pour les trois divisions de l’entreprise qui sont le
trafic, les infrastructures et l’immobilier. «Mais si les TPF
sont dans les chiffres noirs, c’est bien grâce à l’immobi-
lier», admet-il. Car si les vases communiquants sont logi-
quement prohibés, les actionnaires, dont le canton de
Fribourg est le principal, peuvent décider de répartir les di-
videndes là où ils le souhaitent. A la rénovation des infra-
structures par exemple.
Si le site de la gare de Bulle représente la plus grande
parcelle de terrain que les TPF possèdent au cœur
d’une ville, l’entreprise de transports a encore d’autres
juteuses réalisations dans son viseur. Dont le prochain
déplacement de la gare de Châtel-Saint-Denis. «Nous y
comptons 52000 m2
de terrain», précise Vincent Du-
crot. Soit un chantier qui se révélera quasiment aussi
IMPORTAnt que celui projeté à Bulle. Le directeur
égraine encore Estavayer-le-Lac et Givisiez, dans une
moindre mesure et à plus long terme pour ce dernier
lieu.
Comment les TPF vont-ils gérer des projets aussi vastes,
pour ne pas dire pharaoniques, d’autant plus que cer-
tains – et pas les plus petits – se superposeront,
comme Bulle et Châtel-Saint-Denis? «Nous resterons une
équipe restreinte en interne car nous allons beaucoup
collaborer avec des bureaux d’architectes et d’ingénieurs
extérieurs», conclut Vincent Ducrot. Qui rappelle que les
TPF s’apprêtent à rénover 32 gares en dix ans. Tout un
programme… PP/AL
Les voies et les quais en courbe, c’est bientôt de l’histoire ancienne à Bulle. VINCENT MURITH