Comme pour l’ensemble de nos spécialités, la Santé Publique est concernée par la réforme du 3e cycle des études médicales. Pour contribuer au débat, le Collège de Liaison des Internes de Santé Publique (CLISP) a souhaité vous exposer les principaux enjeux de cette réforme pour notre spécialité, déjà filiarisée de longue date, et vous présenter quelques particularités de notre formation et de notre exercice qui servent de fil conducteur à une réflexion sur l'avenir de notre spécialité.
Le DES de Santé publique et médecine sociale date de 1984. La maquette de l’internat n’a subi aucune modification depuis sa création. Parallèlement à une expansion de l'offre de formation universitaire en Santé Publique extérieure au DES, la formation théorique du DES s'est trouvée progressivement déstructurée et amoindrie. Notre association a entamé des discussions avec les collèges d'enseignants de notre spécialité depuis deux ans pour une réforme de la maquette et une amélioration de notre formation.
Ayant appris la préparation de la réforme du 3e cycle des études médicales au cours du mois d’avril 2010, nous avons tenté de formaliser nos idées et propositions et d’échanger avec nos universitaires afin de porter une vision commune de notre spécialité.
Tout d’abord, il nous a fallu prendre conscience de la réalité de notre DES qui, du fait de son extraordinaire diversité, est difficile à saisir pour les internes d’autres spécialités, mais également pour beaucoup d’entre nous.
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La réforme du 3e cycle vue par les internes de santé publique le clisp
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Le DES de Santé publique et médecine sociale date
de 1984. La maquette de l’internat n’a subi aucune
modification depuis sa création. Parallèlement à une
expansion de l'offre de formation universitaire en Santé
Publique extérieure au DES, la formation théorique
du DES s'est trouvée progressivement déstructurée et
amoindrie. Notre association a entamé des discussions
avec les collèges d'enseignants de notre spécialité
depuis deux ans pour une réforme de la maquette et une
amélioration de notre formation.
Ayant appris la préparation de la réforme du 3e
cycle
des études médicales au cours du mois d’avril 2010,
nous avons tenté de formaliser nos idées et propositions
et d’échanger avec nos universitaires afin de porter une
vision commune de notre spécialité.
Tout d’abord, il nous a fallu prendre conscience de la
réalité de notre DES qui, du fait de son extraordinaire
diversité, est difficile à saisir pour les internes d’autres
spécialités, mais également pour beaucoup d’entre nous.
- Nous sommes une des seules spécialités médicales
dédiées à la santé des populations. Ainsi, la médecine du
travail,quipartagecetteapproche,gardeunecomposante
clinique importante.
- Nous sommes la seule formation de Santé Publique qui
permet d'obtenir 4ans d’expériences professionnelles
dans les divers domaines de la discipline. Ceci garantit
l’excellence des professionnels issus du DES et
confirme leur vocation à diriger des équipes dans tous
les domaines de la discipline.
- Nous acquérons par l’intermédiaire des masters 1 et
2, suivis par la plupart des internes, les connaissances
théoriques les plus solides en Santé Publique.
- Nous restons bien évidemment médecins, à travers
notre parcours médical. Nombreux sont les internes
réalisant un stage hors filière pour conforter ce caractère
clinique qui les différencie des autres professionnels de
Santé Publique.
Un médecin spécialiste de Santé Publique est avant
tout médecin, spécialiste de la santé à l’échelle de
la population, à l’interface entre les cliniciens et les
autres professionnels de l’organisation, de la gestion
ou de la recherche en santé. Afin d'assurer ce rôle, le
médecin spécialiste de Santé Publique a acquis outre
ses compétences médicales, des compétences dans
les disciplines associées à la santé : politique, gestion,
économie, épidémiologie, biostatistiques, sciences de
l’information, sociologie...
Cette pluridisciplinarité se retrouve dans les carrières
des anciens internes de Santé Publique. À l’instar de
nos confrères, aucun interne n’a de difficultés à trouver
un poste à la suite de ses études. Beaucoup obtiennent des
postes à haute responsabilité dans les divers domaines de
la discipline : universitaire, responsable de l’information
médicale de grands groupes hospitaliers publics ou
privés, chercheurs des agences nationales de recherche,
directeurs d’instituts publics (IRDES, EHESP…),
Comme pour l’ensemble de nos spécialités, la Santé Publique est concernée par la réforme du 3e cycle des
études médicales. Pour contribuer au débat, le Collège de Liaison des Internes de Santé Publique (CLISP)
a souhaité vous exposer les principaux enjeux de cette réforme pour notre spécialité, déjà filiarisée de
longue date, et vous présenter quelques particularités de notre formation et de notre exercice qui servent
de fil conducteur à une réflexion sur l'avenir de notre spécialité.
Bruna ALVES DE REZENDE,
Présidente du CLISP
José GUERRA,
Vice-président du CLISP
conseillers ministériels, cadres techniques ou chercheurs
dans l’industrie pharmaceutique, chefs d’entreprises,
responsables dans des organisations internationales…
L'investissement personnel des internes permet de tels
parcours individuels grâce à l'accomplissement d'une
formation riche et diversifiée. Cet investissement est
important du fait de dysfonctionnements du DES :
- Il n'existe aucun enseignement spécifique au DES
dans presque la moitié des villes d’internat, pour 30%
de celles en dispensant il consiste en moins de 8 demi-
journées par an1
.
- L’offre de choix de stages est totalement hétérogène
et déséquilibrée selon les villes d’internat.
- L’absence de définition nationale d’objectifs de
stages fait que certains d’entre eux n’apportent que
peu ou pas de compétences techniques nouvelles aux
internes.
- Les internes compensent eux-mêmes ces lacunes
par la validation des masters 1 et 2, par la réalisation
de stages en inter-CHU… Ils acquièrent ainsi les
compétences indispensables à leur exercice, il nous
semble malgré tout qu'une formation homogène avec
des objectifs communs est la garante d'une identité
de médecin spécialiste de Santé Publique et d'une
formation d'excellence pour tous.
Cette réforme est l’occasion de renforcer nos liens avec
nos universitaires, qui, comme nous, souhaitent se saisir
de l’occasion pour améliorer le niveau d’expertise des
médecins spécialistes de Santé Publique. Pour ce faire,
différentes propositions sont en cours d’élaboration :
- Pour répondre aux demandes de la CNIPI, les
référentiels métiers et compétences sont réalisés
par un groupe de travail composé des deux collèges
d’enseignants et de représentants du CLISP. La
proposition des internes est basée sur des propositions
recueillies auprès de représentants des internes de
toutes les villes d’internat.
- Ce référentiel de compétences servira à redéfinir la
maquette et orienter la formation au cours des stages
d’internat.
- Des formations théoriques spécifiques pour les
internes du DES au niveau local, interrégional et
national doivent être mises en place.
- Il est nécessaire de permettre à tous les internes
d’avoir accès à des stages dans les différents domaines
1 Source : enquête « Formation des internes de Santé Publique », volet
« offre de formation ». CLISP 2008 – 2009.
de la discipline.
- Il est important de maintenir l’intégrité de notre
DES et de refuser la création de DESC dans des sous-
domaines de la spécialité qui en ne se focalisant que
sur un domaine ne permettraient pas l’acquisition
des connaissances (théoriques, pratiques, culturelles)
des différents domaines nécessaires à tout médecin
spécialiste de Santé Publique.
- De même, le maintien d’un DES en 4 ans sans post
internat obligatoire orienté dans un des domaines de la
spécialité est nécessaire à la qualité de notre formation.
Un des grands atouts des médecins de Santé Publique est
la transversalité de leur exercice et de leurs compétences,
qui leur garantit la possibilité de réorienter leur exercice
à tout moment en dehors des filières universitaires. Un
post internat obligatoire orienté dans un domaine créerait
des profils de monospécialistes qui ne conviennent pas à
l’exercice de notre spécialité.
-Conserverlapossibilitédefaireunpostinternathospitalo-
universitaire à l’issue de nos 4 ans de spécialisation est
crucial. Le médecin de Santé Publique est par définition
un méthodologiste et une partie importante de ses
fonctions hospitalières, outre l’information médicale, est
centrée sur l’aide méthodologique à la recherche clinique
et l’évaluation des pratiques, actions et politiques de
santé, disciplines dans lesquelles la recherche est en
pleine expansion.
- La création de postes de CCA détachés dans les
administrationsdelasanté(collectivitésterritoriales,ARS,
agences sanitaires nationales, ministères) permettrait par
ailleurs de développer la recherche appliquée à la décision
en santé dans des domaines tels la gestion, l’économie, les
sciences humaines. Ceci pourrait permettre une meilleure
prise en compte des principes de la Santé Publique dans
la planification en santé et permettrait de replacer la
France comme un producteur de connaissances dans ces
domaines.
Si les enjeux et les réflexions apportés par la
réforme sont similaires entre le DES de Santé
Publique et les autres DES, la diversité très
importante de notre spécialité est une spécificité
à prendre en compte pour l’avenir de notre
formation et des futurs médecins spécialistes
de Santé Publique.
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