1. Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France
Madame la Ministre,
Je vous remercie de considérer avec attention les conséquences pour l'enseignement et
l'apprentissage de l'allemand de la réforme du collège dont vous prévoyez l'entrée en vigueur à la
rentrée 2016.
Je regrette toutefois que vous ne preniez en compte qu'une partie des données concernant
l'allemand, aboutissant ainsi à des conclusions erronées.
Non, Madame la Ministre, l'allemand ne sera pas conforté mais au contraire sérieusement menacé
par les mesures envisagées pour les langues vivantes.
Les classes bi-langues que vous mettez en avant, institutionnalisées par votre projet de réforme, ne
concerneront qu'une minorité d'élèves germanistes. Aujourd’hui, la plupart des élèves de ces classes
ne poursuivent pas mais commencent l'apprentissage de l'allemand en 6ème. C'est justement cette
évolution des classes bi-langues qui a permis de stopper la diminution puis de stabiliser les effectifs
d'élèves germanistes. Leur fermeture les fera à nouveau chuter.
Dans le cadre de l'expérimentation du début de l'apprentissage de la deuxième langue vivante en
classe de 5ème, les académies de Toulouse et de Clermont-Ferrand ont d'ailleurs préservé les
sections bi-langues associant anglais et allemand pour respecter les objectifs du Plan de relance pour
l'allemand. Je m’étonne que vous n’ayez pas eu le même souci.
Vous vous appuyez sur des chiffres –contestés- de l’expérimentation dans les académies de Toulouse
et de Rennes. Pourquoi pas sur ceux de Clermont-Ferrand où les résultats sont inverses ?
Vous voulez développer l’apprentissage de l’allemand dans le primaire. Mais outre que le nombre de
postes fléchés pour l'allemand ne sera jamais à la hauteur de l’implantation des classes bi-langues
(3580 à la rentrée 2013) réparties sur l’ensemble du territoire, y compris en REP+), les parents
n'attendront pas la classe de 5ème (ni 2020 pour les élèves entrant au CP en 2016) pour que leur
enfant débute l'apprentissage de l'anglais. Par ailleurs, l’expérience sur le terrain montre la difficulté
de la mise en place de l’allemand à l’école primaire. La langue commencée en CP se fera au bénéfice
de l'anglais (déjà enseigné à 93% des élèves de CM2) et donc au détriment de la diversité
linguistique dans le premier degré, puis dans la suite du cursus.
Non, Madame la Ministre, le niveau de compétence en allemand ne sera pas amélioré par votre
réforme.
En tout cas pas pour tous les élèves (au moins 40 000 par an) qui auraient pu commencer l’allemand
en 6ème bi-langue et bénéficier en moyenne de 12 heures de pratique de la langue sur la totalité des
années collège, au lieu de 7h30 désormais, voire 16 heures pour ceux qui auraient poursuivi en classe
européenne où ils bénéficiaient d’un renforcement linguistique, la DNL ne pouvant être que
marginale à ce niveau.
2. Pour ceux qui débuteraient l’apprentissage de la LV2 en 5ème au lieu de la 4ème (40 000 élèves par
an), la prudence s’impose quant aux effets attendus. Des progrès significatifs des élèves ont-ils été
constatés dans le cadre de l’expérimentation avant sa généralisation ? Trois heures hebdomadaires
sont un minimum pour commencer avec succès l’apprentissage d’une langue vivante.
Quant à la situation des enseignants d’allemand je vous invite à lire sur notre site les simulations
portant sur différents collèges. La perte d’heures est massive, généralement de plus de 50%.
Comment pourront-ils conserver leur poste ?
Madame la Ministre, je ne doute pas que vous ayez le souci de respecter les engagements bilatéraux
de promotion de la langue de notre principal partenaire économique, culturel et sociétal. Demandez
à vos services de faire une projection chiffrée de la situation de l'allemand à la rentrée 2016. Vous
aurez ainsi la mesure de la catastrophe qui s’annonce.
Madame la Ministre, vos propos se veulent rassurants alors que les menaces sont hélas bien réelles
et ne manqueront pas d’affecter à terme les relations franco-allemandes que vous souhaitez
pourtant préserver et développer.
J’espère que vous donnerez suite à ma demande d’entrevue et que je vous pourrai vous exposer de
vive voix les raisons de notre profonde inquiétude.
Veuillez croire, Madame la Ministre en mon engagement pour le développement de l’enseignement
de l’allemand en France au service de la réussite des élèves ainsi qu’en l’assurance de ma haute
considération.
Thérèse Clerc
Présidente de l’ADEAF (Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en
France)
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