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Parties prenantes
Le compte-rendu de ce séminaire
s’inscrit dans un mouvement de
réflexion et d’échanges sur l’impli-
cation des villes et agglomérations
en soutien à l’Enseignement Supé-
rieur et la Recherche (ESR) entre
l’AdCF, l’ACUF, l’AMGVF, la FNAU et
l’AVUF, le partenaire historique de
notre publication.
Cette démarche commune a été ini-
tiée lors du débat sur la Loi « Fioraso »,
relative à l’enseignement supérieur
et à la recherche, du 22 juillet 2013.
Une étude conjointe visait à identifier
de manière précise l’implication des
collectivités dans les politiques locales
sur le volet ESR (part du financement
des agglomérations, rôle dans les
CPER, etc). À présent, ce travail collec-
tif se poursuit sous forme d’animation
d’un réseau national des Collectivités
ESR.
A l’ouverture du séminaire, après avoir
remercié CCI France pour son accueil
et son implication, David Constans-
Martigny, chargé de mission éducation
et culture de l’AMGVF, a présenté le
programme du réseau des collectivités
ESR.
Sur l’année 2014-2015, quatre séminaires
techniques seront organisés, complétés
par deux séminaires plus institutionnels.
A chaque fois, la matinée sera consa-
crée aux échanges entre collectivités et
l’après-midi laissera place à des retours
d’expériences. Le compte-rendu sera
publié dans Universités & Territoires. Un
relevé de conclusions sera rédigé à l’issue
de chaque séminaire pour aboutir à « un
inventaire de pratiques ou une charte »,
qui sera également publié sur un site
internet dédié.
L’objectif de ce premier séminaire
consiste à mener un « travail d’inflexion
politique » sur le thème « des dyna-
miques d’innovation ». Actuellement, les
discussions sur les postures que les col-
lectivités peuvent ou doivent tenir dans
leurs contextes locaux sont nombreuses.
La volonté des organisateurs est aussi
de « montrer comment l’implication de
l’ensemble des acteurs promeut le déve-
loppement économique et de l’emploi
dans les territoires » et de contribuer « à
créer les conditions d’une amélioration
de la culture-métier chez les profes-
sionnels du développement territorial
comme de l’Enseignement Supérieur et
de la Recherche. » n
Dynamiques de l’innovation
Par Nicolas Delesque Directeur de la publication
Éditorial
p 2 - Les enjeux de l’innovation.
p 3 à 6 - Retours d’expérience
des parties prenantes : Caisse
des Dépôts, Chambres de
commerce et d’industrie, Région
Nord-­Pas-­de-­Calais, Conférence
des présidents d’université et
Ministère de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche.
p 6 à 10 - Expériences mises en
oeuvre dans les agglomérations.
p 11 et 12 - Une synthèse qui
ouvre des portes.
Universités & Territoires publiera les
compte-rendus des séminaires du
Bloc local. Ce réseau national des
collectivistés ESR regroupe :
- AdCF : Assemblée des
Communautés de France
- ACUF : Association des
Communautés urbaines de France
- AMGVF : Association des maires
de grandes villes de France
- FNAU : Fédération Nationale des
Agences d’Urbanisme
- AVUF : Association des Villes
Universitaires de France
avec le soutien de la Caisse des
Dépôts et en partenariat avec la
CPU et CCI France.
Partenaires
N°101 - spécial
1°SéminaireduBloclocal
L’interface recherche – innovation, quelle
plus-value des écosystèmes locaux
15/10/2014 - Paris - CCI France.
Sommaire
n°101 page 2
H
istoriquement, notre modèle
est organisé autour de grandes
avancées technologiques et de
grands projets, pour lesquels l’État joue
un rôle déterminant « en symbiose avec
les grandes entreprises françaises de
technologie ».
Comment caractériser le nouveau mo-
dèle  d’innovation ? Aujourd’hui, nous
reconnaissons le caractère collectif de
la performance et de l’innovation. Et
cette performance met en jeu dans une
gamme ouverte une multitude d’ac-
teurs  : grands groupes, start-ups, PME,
universités, organismes de recherche...
« Ce changement de paradigme est un
processus d’expérimentation perma-
nente, qui réintroduit une dimension
locale extrêmement forte (...) Nous
avons pris conscience que   ce qui a
bien marché dans un certain nombre de
domaines ne fonctionne pas forcément
dans d’autres (comme l’informatique, la
biologie ou la santé) ».
La capacité d’innovation des grandes
entreprises françaises a globalement
baissé, et s’oriente désormais vers « un
modèle d’innovation ouvert afin de cap-
ter l’intelligence de leurs environne-
ments. » Les évolutions actuelles font
passer l’ESR «  d’un système en silos à
un système plus décloisonné  », par la
construction de convergences autour
de l’Université française, sur le modèle
dominant à l’international.
« Nous devons arrêter de
considérer l’aménagement du
territoire comme une simple
redistribution, il s’agit d’une
vraie création de richesses. »
Pierre Veltz, PDG de Paris-Saclay.
La baisse de capacité d’innovation des
grandes entreprises ne va peut-être pas
être totalement compensée par d’autres
acteurs. En France, nous faisons face à
de nombreux freins aux changements
car nous sommes trop attachés au passé
et « avons une capacité extraordinaire à
changer sans changer.  » Pourtant, les
grands établissements de recherche et
d’innovation à l’international sont relati-
vement décentralisés.
Alors doit-on polariser ou différencier
l’ESR français  ? Pierre Veltz considère
qu’il faudrait accepter « des universités
dont le rôle principal serait la formation
et d’autres, en nombre limité, qui ne fe-
raient que de la recherche. »
Les enjeux du développement de l’in-
novation sont considérables. Les nou-
veaux écosystèmes doivent avoir pour
mission de devenir des ensembles qui
fixent les éléments stratégiques des
chaînes de valeurs, dans un contexte où
le ratio des emplois sédentaires sur les
emplois nomades est en baisse. Afin de
fixer des emplois sur les territoires, les
acteurs de l’ESR devraient pouvoir pra-
tiquer une fiscalité attractive, ou encore
trouver des moyens de rentrer au capital
des sociétés. « Les écosystèmes adhé-
sifs  de l’innovation seront ceux où les
entreprises trouveront des avantages
à rester.  » De leur côté, les politiques
publiques doivent demander des garan-
ties aux acteurs de l’innovation quant à
leur volontarisme et la création effective
d’emplois sur les territoires. n
En débat...
Wladimir Boric (Métropole Nice Côté
d’Azur) demande « comment faire
converger le développement de l’inno-
vation avec la commande publique ? »
La santé, le vieillissement, les transports
ou encore le logement sont par exemple
des domaines où les chercheurs et
l’acteur public peuvent trouver des sy-
nergies. Il est pourtant difficile pour une
collectivité de « trancher entre le soutien
à la formation ou à la recherche »,
comme le souligne Marion Glatron de
Rennes Métropole. Pierre Veltz appelle
au pragmatisme des collectivités en
expliquant que « tout le monde ne peut
pas tout faire et que le saupoudrage
n’est pas une solution ». Michel Heibel
(Communauté urbaine de Strasbourg)
s’interroge quant à lui sur la propriété
intellectuelle : est-ce un frein ou un
accélérateur pour l’innovation ? Sur ce
point, le directeur de Paris-Saclay insiste
sur la nécessité de « renforcer la culture
des brevets en France » n
Pierre Veltz Président Directeur Général de l’Établissement public
Paris-Saclay, a ouvert le séminaire en précisant que l’ESR fran-
çais se trouve « dans une forme de transition inachevée où l’on se
cherche encore (...) : Nous sommes en train de passer d’un modèle
français de l’innovation à un modèle écosystémique. »
Les enjeux de l’innovation
n°101 page 3
Ludovic Valadier, responsable du
département Économie de la connais-
sance à la Caisse des Dépôts, a fait
part d’une volonté de « construire des
écosystèmes coopératifs basés sur la
confiance. »
Son institution s’évertue à « abaisser les
frontières entre acteurs pour qu’ils soient
en capacité de parler avec leurs voisins. »
La Caisse a essayé d’accompagner au
mieux les écosystèmes, notamment via
ses « plate-formes d’innovation » en fi-
nançant « des ressources mutualisées de
recherche et développement ouvertes
notamment aux PME. » Son deuxième
grand chantier : accélérer le transfert des
technologies et des connaissances, à tra-
vers la propriété intellectuelle. Le brevet
reste en effet le meilleur outil pour « se
défendre face à la concurrence », et deux
filiales de la Caisse s’y intéressent de très
près (CDC Propriété Intellectuelle et
France Brevets).
La Caisse des dépôts accompagne aussi
« le changement de culture vis-à-vis de
l’entrepreneuriat. » Pour cela, elle co-fi-
nance les 29 Pôles étudiants pour l’inno-
vation, le transfert et l’entrepreneuriat
(PEPITE) du territoire français. L’enjeu est
ici de développer la création d’entreprises
à l’Université alors que « la voie entre-
preneuriale n’est pas privilégiée par les
établissements, les responsables de di-
plômes ou les familles des jeunes diplô-
més. » En parallèle de ces trois actions, la
Caisse des Dépôts considère qu’il est né-
cessaire d’investir dans les infrastructures
d’accueil (maison des chercheurs, des
entreprises, etc.), d’ancrer la recherche
dans une vraie « culture du territoire » et
de décentraliser les financements à l’in-
novation. n
Réactions...
Michel Heibel (CUS) a attiré l’attention
des acteurs présents sur l’intérêt que
représentent les réseaux d’anciens étu-
diants dans le rayonnement et l’attrac-
tivité des établissements d’ESR, qui sont
également une source de rayonnement
et d’attractivité pour les agglomérations.
Véronique Stéphan, de Nantes Métro-
poles, a indiqué que les collectivités ne
doivent pas seulement être vues comme
de « simples finançeurs de murs »,
même si elles jouent un rôle majeur
dans le Programme d’Investissements
d’Avenir (PIA) ou encore l’initiative
French Tech.
Cette table-ronde animée, par Damien Denizot, chargé de mission
« politique urbaines » de l’AdCF, a permis à Ludovic Valadier, respon-
sable du département Économie de la connaissance à la Caisse
des Dépôts,Alain Khemili, responsable du pôle Innovation intelli-
gence économique de CCI France,Yannick Giry, directeur délégué
à la stratégie régionale innovation de la Région Nord--Pas--de--
Calais,Alain Storck, président de l’Université de Technologie de
Compiègne, représentant la Conférence des présidents d’uni-
versité (CPU), et Alain Abecassis, chef du service de la coordina-
tion stratégique et des territoires (MESR), d’exposer leur stratégie
d’innovation et d’expliquer comment les collectivités locales ont un
rôle à jouer au sein de leurs dispositifs.
Retours d’expérience des parties prenantes
n°101 page 4
Alain Khemili, responsable du pôle
Innovation intelligence économique
de CCI France, a rappelé la mission
initiale des Chambres de Commerce
et d’Industrie (CCI) : développer
l’économie et renforcer l’attractivité
des territoires.
Elles jouent donc un rôle dans les proces-
sus de l’innovation, et pas uniquement sur
la seule R&D. Le cœur de métiers de ces
chambres consulaires se concentre sur
les TPE et PME/PMI. La spécificité du ré-
seau des CCI réside dans « son approche
de l’innovation, conçue comme une stra-
tégie globale au profit des entreprises », à
travers la maîtrise des risques, la perfor-
mance interne, le management de l’inno-
vation et le développement commercial.
Le réseau des CCI mobilise ainsi près de
250 conseillers innovation sur le terri-
toire français. « Les CCI n’interviennent
jamais seules », signent des partenariats
et maillent des réseaux pour stimuler, dé-
tecter et accompagner l’innovation. Leurs
interlocuteurs publics et privilégiés sont
plutôt les régions et l’Association des Ré-
gions de France (ARF). Les CCI souhaitent
que les zones de travail se complètent
plutôt qu’elles s’annulent, prônant « la
coopération plutôt que la redondance
pour l’innovation. » Le programme de
l’État baptisé « Dites-le nous une fois »
est cité en exemple et va dans ce sens :
il contribue à la réduction de la charge
administrative en réduisant la redon-
dance des informations demandées aux
entreprises. « L’innovation est l’exploita-
tion réussie d’une idée nouvelle, ce n’est
pas un processus linéaire », précise Alain
Khemili. n
« L’innovation est l’exploitation
réussie d’une idée nouvelle,
ce n’est pas un processus
linéaire »
Alain Khemili, CCI France.
Yannick Giry, directeur délégué à
la stratégie régionale innovation
du Nord-Pas-de-Calais a exposé la
« spécialisation intelligente » de sa
région, 4ème PIB de la France.
À travers 6 domaines d’activités straté-
giques et 7 pistes de spécialisation, la
collectivité régionale assoit son rôle de
chef de file de l’innovation. Depuis 2004
et la mise en place de son Schéma ré-
gional de développement économique
(SRDE), elle a souhaité « placer l’Homme
au cœur de toutes les ambitions. » Pour
sa mise en œuvre, la Région joue un rôle
de « coordinateur de l’action publique. »
Elle s’appuie sur un bureau, une confé-
rence permanente et une conférence
annuelle travaillant sur 8 enjeux  : la
création et la transmission d’activités, les
pôles d’excellence économique, l’inno-
vation, l’anticipation, l’international, les
outils financiers, les TIC et l’équilibre ter-
ritorial.
Les collectivités locales tiennent une
place importante dans la gouvernance
du SRDE et dans sa mise en œuvre opé-
rationnelle. La Région se charge de la
coordination, de l’animation du dispositif
et s’appuie sur 4 grands territoires infra-
régionaux (la région métropolitaine de
Lille, le Bassin Minier, la Côte d’Opale et
le Hainaut-Cambrésis) pour « co-piloter
des stratégies régionales. » Les collecti-
vités sont quant à elles en charge du fon-
cier et de l’animation foncière. La logique
consite ici à dire que « tout ce qui relève
de la proximité (artisanat, commerce) est
de l’ordre de la commune ou de l’agglo-
mération. » S’il est question d’innovation
ou de recherche, c’est alors le Conseil
Régional qui est compétent à travers
ses 4 territoires. La force et l’unicité de
l’innovation dans le Nord-Pas-de-Calais
tient également aux échanges continus
avec les régions françaises limitrophes
(la Picardie notamment), ainsi qu’avec les
pays transfrontaliers et l’international. n
« Nous voulons faire évoluer
les pratiques régionales vers
plus d’entrepreneuriat et de
prise d’initiative »
Yannick Giry, directeur délégué SRI du
Nord-Pas-de-Calais.
n°101 page 5
Alain Storck représentait la Confé-
rence des Présidents d’Université, et
a témoigné de la « logique territo-
riale des universités françaises. »
Le Président de l’Université de Tech-
nologie de Compiègne (UTC) voit dans
l’innovation une troisième mission
forte de l’Université, aux côtés de la
formation et de la recherche scienti-
fique. Son établissement est lui-même
singulier : il cumule les atouts d’une
université publique avec ceux d’une
grande école d’ingénieurs. Personne
n’est mieux placé qu’Alain Storck pour
affirmer « la nécessite d’une approche
multi-dimensionnelle de l’Université »
pour transformer les connaissances et
les travaux de recherche en innovations.
En 15 ans, l’ESR a muté avec les RTRA,
les PRES, deux lois, récemment les CO-
MUE... qui ont engagé les universités
dans un rôle toujours plus politique et
territorial. Cette complexité est-elle une
source de richesses ? Il y’a une grande
diversité des modèles de l’innovation
mais les dispositifs doivent surtout être
« adaptés aux richesses d’un territoire ».
La Picardie, territoire de l’UTC, a véri-
tablement pris en compte le fait que
« l’innovation pouvait être un facteur
de développement et d’attractivité de la
Région ». Elle a donc fait des choix sur
ses champs d’excellence quant à la mise
en place de Picardie Technopole : des
services sur mesure, un réseau dédié et
de proximité pour les investisseurs et les
porteurs de projets. Il s’agit d’un espace
partenarial avec l’université, les entre-
prises et les territoires. Cette démarche,
pilotée par la Région, s’exprime dans un
certain nombre d’espaces métropoli-
tains et implique près de 200 personnes
(en cours de mobilisation ou participant
aux réunions de l’écosystème).
L’UTC y occupe une place de choix, et
oriente son développement vers une
« Université Européenne de Techno-
logie, élément moteur d’un écosys-
tème local ». Face aux initiatives des
grandes métropoles internationales,
l’établissement entend apporter « une
réponse innovante et créative  » en
intégrant 4 volets (industriel, urbain et
territorial, social et culturel, de forma-
tion et recherche). L’UTC va renforcer
et co-construire son écosystème en
s’appuyant sur son « Centre d’Innova-
tion ». Ce « lieu ouvert de contamina-
tion créative sera destiné à favoriser
les rencontres improbables, réunir des
compétences différentes, matérialiser
des idées et développer des projets. » n
« Le défi actuel des
universités est dans
leur contribution au
développement économique
des territoires dans une
dimension internationale »
Alain Storck, président de l’UTC.
Réactions...
Alain Storck a été questionné sur les
« attentes de l’UTC par rapport au bloc
local. » La Région et l’agglomération
ont répondu présent pour créer les
conditions optimales pour l’accueil
des étudiants et contribuer à doter les
manques régionaux de l’ESR (en relo-
calisant des écoles ou en créant des
antennes délocalisées à Compiègne
par exemple). Michel Heibel (CUS) a
réagi en affirmant que le CPER est un
instrument d’excellence parmi d’autres
(PIA, Plan Campus), permettant de
« placer correctement le curseur entre
la dispersion et la concentration de
l’innovation. »
n°101 page 6
Alain Abecassis, chef du service de
la Coordination stratégique et des
Territoires au MESR (Ministère de
l’enseignement supérieur et de la
recherche) a clos les retours d’expé-
riences en mettant en perspective les
témoignages des précédents interve-
nants.
Il a d’abord réaffirmé que la loi Fioraso
« ne dédouane pas l’État de sa respon-
sabilité globale vis-à-vis de l’ESR ni ne
remet pas en cause la répartition des
compétences. » Puis il a rappelé que les
CPER avaient « une double vocation de
rattrapage ou d’élément d’équité de ré-
partition pour les territoires. »
Le Ministère voit bien que le paysage
national est actuellement mouvementé
,et prépare un vade-mecum pour don-
ner aux acteurs des repères concernant
des dispositifs prévus pour le dévelop-
pement de l’ESR. Et ils sont nombreux :
la carte des formations supérieures et
de la recherche, les Schémas régio-
naux de l’enseignement supérieur, de
la recherche et de l’innovation (SRESRI),
les contrats pluriannuels d’établisse-
ments devenant des contrats ou pro-
jets de sites, le Document d’orientation
unique (DOU), la stratégie nationale
d’enseignement supérieur, la stratégie
nationale de la recherche et les compé-
tences des régions sur la culture scien-
tifique et technique.
Tous ces dispositifs « ne valent pas par
eux-mêmes mais en complémentarité
des autres. » L’État a la volonté d’encou-
rager les dynamiques locales en les do-
tant de boîtes à outils, et en dépassant
la simple juxtaposition. Il faut y ajouter
les points d’appui que sont les CPER, les
S3, les Plans Campus, les SATT, les Pôles
de Compétitivité et les PIA. Ils ont une
importance cruciale en tant que leviers
supplémentaires pour la loi Fioraso. La
dynamique enclenchée pour l’ESR n’est
pas seulement institutionnelle ! n
« L’excellence de chaque site
participe du rayonnement
national,
sans opposition entre la
politique d’État et celle des
acteurs locaux »
Alain Abecassis, MESR.
Réactions...
A l’issue de la présentation d’Alain
Abecassis, les organisateurs de la
journée ont interpellé le ministère
sur le « service après-vote » de la
loi « Fioraso », notamment dans son
déploiement territorial. Le chef du
service de la coordination stratégique
et des territoires a ainsi pu informer
l’assistance de travaux en cours pour
l’élaboration d’un « vade-mecum »,
sorte de cadre méthodologique
poursuivant précisément ces objectifs
(accompagnement de la mise en place
des Comue, contrats de site, etc.).
Les villes et agglomérations présentes
ont tenu à souligner l’opportunité
que représente l’élaboration de ce
document cadre pour renforcer le
dialogue entre les territoires urbains et
les regroupements universitaires.
L’étude co-produite par les associations
du bloc local montre en effet que les
agglomérations (parfois en réseau
au sein de pôles métropolitains)
poursuivent des démarches
d’élaboration de schémas locaux visant
à planifier leurs actions de soutien
à la recherche et à l’enseignement
supérieur selon leurs priorités urbaines,
démographiques, sociales, etc. L’étude
révèle en outre que la dynamique
d’élaboration de ces schémas ou
stratégies locales est généralement
bien articulée avec les stratégies des
établissements d’ESR. Alain Abécassis
s’est engagé à porter à la connaissance
du réseau des collectivités ESR le vadé-
mecum en cours d’élaboration par le
Ministère. Affaire à suivre !
n°101 page 7
A l’issue du déjeuner, l’animateur
Philippe Angotti pour l’ACUF
propose de « resserrer la focale »
par rapport aux débats de la
matinée, en s’intéressant « plus
directement aux territoires » et aux
initiatives concrètes. En premier
lieu, deux intervenants viennent
présenter l’étude exploratoire menée
conjointement en régions Rhône-
Alpes et PACA, sur les écosystèmes
locaux en matière d’innovation.
Pour commencer, le responsable du
développement économique et de la
stratégie pour l’agence d’urbanisme
de l’agglomération marseillaise,
Patrick Tanguy, présente brièvement
la Fédération nationale des agences
d’urbanisme (FNAU) et sa « cinquantaine
d’agences en France », et avec Angelique
Tholoniat-Frachisse, de l’agence
d’urbanisme de la région stéphanoise,
situelagenèsedecetteétudeexploratoire
dans des travaux de la DATAR, appelant
notamment à interroger « la robustesse
des systèmes urbains dans le champ de
l’innovation. »
Huit agences d’urbanisme ont travaillé
sur les deux régions partenaires pour
cette étude conduite avec le CGET et en
partenariat avec Eurolio ( Observatoire
européen des données localisées de
l’innovation), avec pour objectifs d’une
part la mesure des productions et de
l’appétence des territoires à publier et à
breveter, la mise en évidence des spé-
cialisations, et l’appréhension des coo-
pérations d’innovation entre potentiels
scientifique et technologique ceci afin
de dresser une typologie des territoires.
D’autre part, il s’agissait de cerner l’éven-
tail des coopérations, selon une ap-
proche territoriale, d’identifier les acteurs
majeurs dans cette construction des
coopérations, afin cette fois de décrire
les systèmes urbains de l’innovation, puis
de les rapprocher de ceux caractérisés
par la DATAR.
Pour l’étude, 12 domaines d’activité ont
été définis, avec Eurolio, de la santé
aux TIC en passant par exemple par le
BTP ou la chimie-matériaux, et étudiés
sur les différentes zones d’emploi de
Rhône-Alpes et PACA. Pour les publica-
tions, Lyon, Grenoble et Marseille se dis-
tinguent, tandis que Grenoble en premier
lieu puis Lyon concentrent un très grand
nombre de dépôts de brevets technolo-
giques, tous domaines confondus.
Se dessinent des typologies de territoires
qui peuvent ainsi être caractérisés en
«  innovation technologique et scienti-
fique », « innovation plutôt scientifique »
(Marseille), «  plutôt technologique  »
(Grenoble, Lyon), voire de faible innova-
tion.
Concernant les coopérations, au cœur
de l’étude, cette dernière indique que
les copublications sont assez inter-ré-
gionales - Lyon, Grenoble, Marseille et
Nice collaborant intensément -, tandis
que les co-brevets demeurent plutôt
infra-régionaux. Concernant les do-
maines d’activité, la santé se taille la
part du lion, suivie par la chimie-ma-
tériaux, les TIC, et l’instrumentation.
Il apparaît aussi que pour les publica-
tions, les coopérations s’effectuent en
premier lieu entre organismes publics,
avec seulement 2 coopérations mixtes
se classant parmi les 15 principales.
Concernant les brevets, les entreprises
coopèrent (surtout en «  interne  » des
groupes) tandis que les organismes pu-
blics s’associent avec d’autres entités
plutôt à l’échelon local .
Si les volumes de production de bre-
vets comme de publications émanent
majoritairement des grandes zones
d’emploi, la croissance des volumes de
production s’accompagne d’un élar-
gissement des réseaux de coopéra-
tions. En outre, les intensités à publier
ou à breveter ne sont pas le seul apa-
nage des plus grandes zones d’emploi :
Saint-Etienne ou Nice pour les publi-
cations, Ambérieu ou Vienne pour les
brevets font également preuve d’une
forte activité. n
Expériences mises en oeuvre
dans les agglomérations
Une étude
exploratoire
associant
deux régions
n°101 page 8
Pour parler de ce projet d’envergure,
réunissant la Bretagne et les Pays de
la Loire, le président de l’Université
Nantes Angers Le Mans Jacques Gi-
rardeau était accompagné par Véro-
nique Stephan, directrice recherche,
innovation et enseignement supérieur
de Nantes Métropole. Cas pratique.
«  Territoire pertinent d’un point de vue
technologique et industriel  », comme
l’introduit Jacques Girardeau - puisque
chercheurs et entreprises de la zone
travaillent sur les mêmes domaines -,
le projet de communauté d’universités
et d’établissements Université Bretagne
Loire (UBL) est né d’une longue histoire
de coopération entre les deux régions.
Avec 7 universités membres (sur les 6
sites principaux et 12 secondaires), 14
écoles (sur 43), 4 CHU et 2 à 6 orga-
nismes de recherche associés (sur 12),
le territoire concentre 160 000 étudiants
(dont 100 000 sur Nantes et Rennes), et
120 000 personnels de recherche distri-
bués sur 250 laboratoires.
Si un partage des bonnes pratiques exis-
tait dès 2000 (dans le cadre du Réseau
universitaire Ouest-Atlantique), avec
par exemple des délégations CNRS et
INSERM communes ou deux grandes
écoles bi-régionales, les coopérations
se sont intensifiées depuis 2009, autour
notamment de 10 pôles de compétitivi-
té, de spécialisations intelligentes et de
nombreux objets du Plan d’Investisse-
ment d’Avenir (dont une SATT) partagés.
Ainsi, le lancement de l’UBL au 1er jan-
vier 2016 doit permettre un accroisse-
ment tant de la visibilité que du posi-
tionnement international du territoire,
une amplification de la puissance en
termes de recherche, formation et in-
novation/relation avec les entreprises,
et une organisation fédérale, en réseau,
« permettant aux établissements de tra-
vailler en coopération  » plutôt qu’en
compétition.
(Suite page 9)
L’Université Bretagne-Loire, objectif 2016 !
Réactions...
Cette étude vise à mobiliser en premier
lieu les acteurs de l’innovation eux-
mêmes, puis les collectivités territoriales
à tous niveaux. A l’issue des questions
de la salle, il apparaît par exemple que
scinder la zone azuréenne en deux entités
n’est plus pertinent aujourd’hui, que cette
étude quantitative doit nécessairement
être renforcée par une étude qualitative,
et qu’en termes de partenariats, la
proximité géographique joue désormais
moins massivement qu’auparavant : à
Bordeaux par exemple, les échanges
entre la ville et Lyon ou l’Allemagne
peuvent être plus massifs que ceux, qu’on
pourrait considérer comme évidents, avec
Toulouse ou l’Espagne. n
A la fiche !
Angélique Tholoniat-Frachisse, de l’agence d’urbanisme de la région stéphanoise, a
présenté deux fiches issues de l’étude.
La première, consacrée au domaine technologique de l’instrumentation, caractérise trois
principales zones d’emploi dans ce domaine - Lyon, Grenoble puis Marseille-Aubagne -, ces
trois zones ayant consolidé leur place dans le classement des co-publications et co-brevets.
Enfin, Cannes-Antibes, Saint-Etienne et Nice pour les co-publications, le Genevois français et
Annecy pour les co-brevets, tirent également leur épingle du jeu (Aix-en-Provence s’illustrant
même dans les deux domaines).
Au même titre, la fiche territoriale « Marseille-Aubagne » dessinait les contours d’un bassin
d’emploi « très actif en matière de production scientifique » (sur 2009-2011, 22% de l’en-
semble des publications de la zone étudiée, avec une très importante progression en 10 ans)
et « en voie de rattrapage dans la production technologique » (8,3% des brevets de la zone sur
2008-2010, et +66% sur dix ans !) n
n°101 page 9
Stéphane Meuric est directeur de
Transalley, « cluster des mobilités
innovantes et durables » situé à
Valenciennes, dans le Nord Pas-de-
Calais, et en pleine activité depuis
trois ans. Il est venu au séminaire afin
de présenter cette institution exem-
plaire à plus d’un titre.
Né d’une triple volonté – celles du ter-
ritoire, du monde ESR, des acteurs éco-
nomiques -, Transalley est une « aven-
ture humaine » portée par Valenciennes
Métropole, dans une région se situant au
1er rang pour l’industrie ferroviaire et au
2ème pour l’industrie automobile. Son
directeur a souligné dès l’introduction
la nécessité, pointée le matin même par
Yannick Giry, de mettre en cohérence les
objectifs régionaux et de chaque métro-
pole ou communauté d’agglomération,
sur un territoire ici déjà organisé en pôle
de compétitivité - I Trans - positionné
sur les transports depuis 2005, avec un
IRT ferroviaire Railenium depuis 2012.
Stéphane Meuric s’est également atta-
ché à rappeler la définition d’un tech-
nopôle : il s’agit à la fois de stimuler et
gérer le transfert des connaissances et
technologies entre les différents acteurs,
de faciliter la naissance ou le dévelop-
pement des entreprises concernées, et
d’offrir d’autres services à forte valeur
ajoutée.
(suite page 10)
Transalley, technopôle à
la pointe
En direct d’une agglo
En lien avec l’intervention précédente, pour simplifier la gouvernance de l’UBL, (que
Véronique Stephan, directrice recherche, innovation, enseignement supérieur de Nantes
métropole, qualifie avec humour de « très grosse dame »), un pôle métropolitain Loire-Bre-
tagne, qui chevauchent les deux régions, regroupera plusieurs agglomérations de l’Ouest,
et permettra de désigner un seul représentant pour les sept agglomérations.
Concernant le schéma de développement de l’ESR de Nantes métropole à proprement parler,
Véronique Stephan est revenue sur la méthodologie employée et la réelle volonté de simplifier
au maximum les relations, afin de les fluidifier. Nantes Métropole vise en effet à se positionner de
manière importante sur l’innovation et la transdisciplinarité, et a donc dû peaufiner son schéma de
développement de l’ESR communautaire et construire une stratégie lisible, partagée et organisée
autour d’un projet fédérateur associant l’ensemble des acteurs (démarche de co-construction).
Ainsi, Campus Nantes repose à la fois sur une offre de formation diversifiée, de qualité, et sur
une politique de site à l’heure actuelle insuffisamment structurée, un accès à l’enseignement
supérieur insuffisant par rapport au niveau national, et la faiblesse des relations entre ce dernier
et les entreprises. Il s’agit donc de renforcer l’attractivité, mais aussi de dynamiser la contribution
de l’ESR au développement économique métropolitain, de faire émerger une stratégie et une
politique d’aménagement universitaire tout en soutenant la vie étudiante. A ces différents
titres, Véronique Stephan a insisté sur l’importance des formations trans-filières et des projets
interdisciplinaires.
Aujourd’hui, la gouvernance de Campus Nantes repose donc sur une conférence métropolitaine
(réunissant tous les acteurs au moins une fois par an), un bureau, des commissions de site (afin
de caler une feuille de route par site pour une meilleure insertion dans le tissu urbain) et des
commissions thématiques (vie étudiante, déplacements, logements...). Sur toutes ces questions,
enfin, le développement d’outils numériques à l’usage des acteurs est particulièrement
favorisé. n
(Suite de la page 8)
Dans ce but ont été mis en place un
comité de pilotage d’une cinquantaine
de personnes, un comité de coordination
en charge des décisions et onze groupes
de travail sur les domaines concernés,
dont un intitulé «  Développement
économique, innovation et relation
entreprises  » - réunissant chercheurs,
responsables d’entreprises comme de
pôles de compétitivité. Des réunions sont
égalementorganiséesaveclespartenaires :
Etat, régions, et bientôt métropoles.
De fait, le système de gouvernance inclut
à la fois les instances obligatoires des
communes et deux instances qui seront
mises en place, chacune liée à l’une des
deux régions. Le tout étant bien entendu
coordonné par les collectivités. Une
dernière instance devra regrouper les
acteurs du monde socio-économique,
qui interviendra aux côtés du Conseil
d’administration. . n
Réactions...
Lors de l’échange avec la salle, la question
des difficultés restant à résoudre pour
faciliter les relations entre établissements,
territoires et tissu socio-économique
a été soulevée à plusieurs reprises. Les
intervenants ont confirmé son impor-
tance comme sa nécessité stratégique.
De fait, l’établissement des schémas de
gouvernance motive pour le moment les
discussions et échanges principaux entre
acteurs.
n°101 page 10
(suite de la page 9)
Ainsi, une multitude d’acteurs se
sont rassemblés dès 2009 autour
de l’Association technopole du
Valenciennois, afin de créer un
lieu d’excellence, de recherche,
de formation et d’innovation dédié
aux transports durables et à la
mobilité, avec une réelle ambition
internationale. Si l’Université de
Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis
(UVHC), labellisée « Campus innovant
transports durables  », constitue le
moteur principal du technopôle, elle
collabore depuis des années avec les
industriels des transports terrestres,
qui la connaissent donc parfaitement.
Concrètement, le technopôle s’étend
sur 34,3 hectares, avec une très forte
orientation Développement durable, et
regroupe un pôle de recherche (le CI-
SIT), un Centre technologique mobilité
durable, l’Institut de recherche Raile-
nium, un hôtel d’entreprises avec une
fonction pépinière/incubateur et un
Institut Transport & Mobilité durables
visant à la promotion des formations,
laboratoires et innovations (avec un
show-room extérieur).
Ainsi, en intégrant «  l’écosystème
Transalley  », les entreprises se voient
proposer une logique « all inclusive »,
un accès facilité aux dispositifs et aux
ressources, la possibilité de se créer,
de s’implanter, de recruter pour se
développer ou créer une filiale, et
d’accéder à l’innovation, la conception
et les tests dans une logique R&D. n
Réactions...
A l’occasion des échanges avec la
salle, Stéphane Meuric a pu préciser
qu’un technopôle tel que le sien « pri-
vilégiait la qualité sur la quantité »,
avec une accentuation du nombre de
partenaires privés dès l’an prochain, et
que les IRT représentaient d’évidents
accélérateurs. Laurent Biasetti, quant
à lui (voir ci-contre), a fait part de
l’hésitation de l’Agglomération de
Montpellier quant à sa participation au
CA de la SATT, ainsi que des difficultés
rencontrées dans la mise en œuvre
des projets liés à la santé. n
SATT et BIC à
Montpellier
Pour la dernière intervention, c’est
Laurent Biasetti, chargé de mission
Grands projets stratégiques à
Montpellier Agglomération, qui est
venu présenter le fonds de maturation
de la Société d’accélération de transfert
technologique (SATT) de Languedoc
Roussillon.
Deux ans après l’appel à projets lancé
par l’Agence nationale de la recherche,
l’agglomération montpelliéraine, avec le
soutien de la Région, créait la SATT AxLR,
« afin de financer les projets de maturation
des établissements de recherche
en vue d’un transfert technologique
vers l’entreprise. » Société de droit
privé impliquant douze actionnaires
(Etablissements EST, Instituts de recherche,
CDC et Direccte), elle est dotée de 45
millions d’euros sur 10 ans, via le Fonds
national de valorisation.
Ses missions sont la détection des projets
d’inventions, le financement des travaux de
recherche supplémentaire et l’accélération,
le développement du transfert des brevets
et savoir-faire des laboratoires vers les
entreprises (via des créations d’entreprises
ou des partenariats). Pour ce faire, la SATT
lance des appels à projets trimestriels au
sein des établissements actionnaires, et
œuvre au financement conjoint des propo-
sitions retenues, voire à l’accompagnement
de ces dernières par le Business Incubation
Center (BIC), une offre de services pro-
posée par l’Agglomération. Exemples :
projets FAST-TB (test de diagnostic rapide
de la tuberculose), PHOST’IN (composés
synthétiques anti-tumoraux), « Matrices Bio
Compatibles » (pour traiter les blessures de
la peau).
Ici, l’agglomération joue donc un rôle de
facilitateur entre la SATT et le BIC, qui
a déjà accompagné, depuis 1987, 550
entreprises innovantes à fort potentiel de
croissance – dont 88% ont franchi « le cap
critique des 3 ans » -, et se trouve être le
seul incubateur français figurant dans le
Top 10 Mondial de l’UBI. n
n°101 page 11
En conclusion d’un journée riche
en débats, Loïc Laroche, chef du
service Recherche et Innovation de
Lille Métropole, a accepté de livrer à
l’assistance, « sur le vif », une éclai-
rante synthèse des débats.
En qualifiant de «  riche  » ce premier
séminaire « Innovation, transfert, éco-
systèmes  », Loïc Laroche semble dès
l’introduction avoir résumé le senti-
ment des nombreux participants. Il s’est
ensuite attaché à revenir sur cinq idées
principales soulevées au cours de la
journée. Parmi celles-ci, un indéniable
changement de paradigme dans le dé-
veloppement économique des collec-
tivités ESR. S’inspirant ici de l’interven-
tion matinale de Pierre Velz, Président
Directeur général de l’établissement
public Paris-Saclay, il a lancé  : «  Le
modèle français colbertiste, centralisé,
descendant, fermé, qui nous a beau-
coup apporté, appartient désormais au
passé. Nous passons des grands projets
à un écosystème de développement.
C’est la fin du travail en « silo », la fin
aussi de l’État omnipotent. On passe de
la décentralisation à la déconcentra-
tion. Non seulement le droit à l’échec
est reconnu, mais il est constitutif de
l’apprentissage ou de l’évolution d’un
projet. Enfin bien que conservatrice,
la France bouge et semble bel et bien
entrer dans cette nouvelle phase de
développement. »
Il a ensuite rappelé que « la particularité
de ce nouveau paradigme est qu’il n’y
a plus de recette applicable uniformé-
ment par tous », soutenant néanmoins
qu’il est possible de « fixer l’innovation
sur un lieu », à condition de le faire au
moyens d’actions adaptées à chaque
territoire, citant les exemples de Com-
piègne-UTC ou de Valenciennes-Tran-
salley présentés par certains de ses
prédécesseurs au pupitre. « Dans tous
les cas, a-t-il poursuivi, on retrouve sur
un lieu, présentant une offre foncière,
immobilière, des services et surtout
une animation mettant en relation les
différents partenaires, entreprises, éta-
blissements d’Enseignement Supérieur
et Recherche (ESR) et institutionnels. »
Un ensemble d’acteurs, donc, au sein
duquel le dialogue doit s’intensifier.
En termes de caractérisation des ac-
teurs, précisément, il a regretté que
« la place des villes et agglomérations
[n’était] pas claire du tout  », ce qui
«  demandera assurément, à l’aide des
associations du bloc local, un travail de
définition et de lobbying pour obtenir
une reconnaissance nationale.  » De
fait, les différents partenaires attendent
des villes et agglomérations une meil-
leure prise en charge de l’accueil des
chercheurs et des étudiants, ainsi que
de l’aménagement des campus en gé-
néral. Or, pour ce faire, il s’agit aussi
de les faire apparaître plus distincte-
ment dans l’énonciation de la stratégie
comme de la gouvernance.
(suite page 12)
Une synthèse qui ouvre
des portes
n°101 page 12
Universités & Territoires est une
publication éditée en partenariat avec
l’Afev, l’AVUF, l’ADELE et la CPU
ISSN 2263-8431
Directeur de la publication : Nicolas Delesque
Gérant : Philippe Campinchi (PCC)
Rédaction : Philippe Campinchi, Nicolas
Delesque, François Perrin, Bruno Martin
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Tarifs d’abonnements : Individuel : 100 euros HT
Institutionnel : 500 euros HT
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Remerciements :
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Philippe Angotti, David Constant-Martigny,
Frédéricke Lonchambon
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Oberkampf 75011 Paris Tél : 0684606274
E-mail : rédaction@universites-territoires.fr
Universités & Territoires est une
publication en particpation.
Merci aux partenaires traditionnels
d’Universités & Territoires
(suite de la page 11)
Autre idée-force de la journée, il apparaît
clairement, « de même que le mode de
développement change, que le métier
de développeur, chargé de mission ou
responsable ESR d’une collectivité, évo-
lue. » En particulier dans le sens d’une
part croissante accordée à l’animation
(«  à mesure que la visibilité remplace
l’attractivité, que l’exogène fait place à
l’endogène, les aides directes aux aides
indirectes  »), là où les seules compé-
tences de gestionnaire ou d’adminis-
trateur étaient auparavant sollicitées. En
outre, le travail de ces développeurs de-
vient jour après jour moins solitaire, plus
transversal, ce qui motive d’une part une
évolution du recrutement en direction
des universitaires, d’autre part la possibi-
lité, pour des chargés de mission ESR au
sein de collectivités, de poursuivre leur
carrière dans des établissements d’ESR.
Dernier point, enfin, dont Loïc Laroche
précise qu’il « n’a pas été évoqué direc-
tement, même s’il y a été souvent fait
allusion » : l’excellence et la place de la
capitale face aux autres territoires dans
le développement futur de la France.
« Le changement de paradigme auquel
nous assistons, conclue-t-il, met un
terme à l’aménagement du territoire
fondé sur la redistribution. » Il demeure
ainsi probable que « de nouvelles formes
de coopérations inter-territoriales ou in-
ter-clusters vont naître, qui ne suivront
pas nécessairement la hiérarchie de l’or-
ganisation territoriale » ... et permettront
de sortir de l’opposition Paris/Régions. n
Nobel oblige !
A l’issue de sa synthèse, Loïc Laroche
a rebondi sur la récente attribution du
Prix Nobel d’économie à l’ingénieur
français Jean Tirole, pour préciser
que « son histoire est un cas d’école
d’écosystème d’innovation réussi »,
avec la Toulouse School of Economics,
qui est une fondation d’ESR mettant
en synergie l’Université, le CNRS et des
entreprises. Selon lui, un « modèle qui
peut inspirer l’action des collectivités à
l’avenir. » n
22 janvier 2014 – Paris
2ème séminaire du Reseau des
collectivites ESR sur l’aménagement
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Patrimoine, transition énergétique
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Compte-rendu du séminaire "Dynamique de l'innovation dans les territoires"

  • 1. Parties prenantes Le compte-rendu de ce séminaire s’inscrit dans un mouvement de réflexion et d’échanges sur l’impli- cation des villes et agglomérations en soutien à l’Enseignement Supé- rieur et la Recherche (ESR) entre l’AdCF, l’ACUF, l’AMGVF, la FNAU et l’AVUF, le partenaire historique de notre publication. Cette démarche commune a été ini- tiée lors du débat sur la Loi « Fioraso », relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, du 22 juillet 2013. Une étude conjointe visait à identifier de manière précise l’implication des collectivités dans les politiques locales sur le volet ESR (part du financement des agglomérations, rôle dans les CPER, etc). À présent, ce travail collec- tif se poursuit sous forme d’animation d’un réseau national des Collectivités ESR. A l’ouverture du séminaire, après avoir remercié CCI France pour son accueil et son implication, David Constans- Martigny, chargé de mission éducation et culture de l’AMGVF, a présenté le programme du réseau des collectivités ESR. Sur l’année 2014-2015, quatre séminaires techniques seront organisés, complétés par deux séminaires plus institutionnels. A chaque fois, la matinée sera consa- crée aux échanges entre collectivités et l’après-midi laissera place à des retours d’expériences. Le compte-rendu sera publié dans Universités & Territoires. Un relevé de conclusions sera rédigé à l’issue de chaque séminaire pour aboutir à « un inventaire de pratiques ou une charte », qui sera également publié sur un site internet dédié. L’objectif de ce premier séminaire consiste à mener un « travail d’inflexion politique » sur le thème « des dyna- miques d’innovation ». Actuellement, les discussions sur les postures que les col- lectivités peuvent ou doivent tenir dans leurs contextes locaux sont nombreuses. La volonté des organisateurs est aussi de « montrer comment l’implication de l’ensemble des acteurs promeut le déve- loppement économique et de l’emploi dans les territoires » et de contribuer « à créer les conditions d’une amélioration de la culture-métier chez les profes- sionnels du développement territorial comme de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. » n Dynamiques de l’innovation Par Nicolas Delesque Directeur de la publication Éditorial p 2 - Les enjeux de l’innovation. p 3 à 6 - Retours d’expérience des parties prenantes : Caisse des Dépôts, Chambres de commerce et d’industrie, Région Nord-­Pas-­de-­Calais, Conférence des présidents d’université et Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. p 6 à 10 - Expériences mises en oeuvre dans les agglomérations. p 11 et 12 - Une synthèse qui ouvre des portes. Universités & Territoires publiera les compte-rendus des séminaires du Bloc local. Ce réseau national des collectivistés ESR regroupe : - AdCF : Assemblée des Communautés de France - ACUF : Association des Communautés urbaines de France - AMGVF : Association des maires de grandes villes de France - FNAU : Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme - AVUF : Association des Villes Universitaires de France avec le soutien de la Caisse des Dépôts et en partenariat avec la CPU et CCI France. Partenaires N°101 - spécial 1°SéminaireduBloclocal L’interface recherche – innovation, quelle plus-value des écosystèmes locaux 15/10/2014 - Paris - CCI France. Sommaire
  • 2. n°101 page 2 H istoriquement, notre modèle est organisé autour de grandes avancées technologiques et de grands projets, pour lesquels l’État joue un rôle déterminant « en symbiose avec les grandes entreprises françaises de technologie ». Comment caractériser le nouveau mo- dèle  d’innovation ? Aujourd’hui, nous reconnaissons le caractère collectif de la performance et de l’innovation. Et cette performance met en jeu dans une gamme ouverte une multitude d’ac- teurs  : grands groupes, start-ups, PME, universités, organismes de recherche... « Ce changement de paradigme est un processus d’expérimentation perma- nente, qui réintroduit une dimension locale extrêmement forte (...) Nous avons pris conscience que   ce qui a bien marché dans un certain nombre de domaines ne fonctionne pas forcément dans d’autres (comme l’informatique, la biologie ou la santé) ». La capacité d’innovation des grandes entreprises françaises a globalement baissé, et s’oriente désormais vers « un modèle d’innovation ouvert afin de cap- ter l’intelligence de leurs environne- ments. » Les évolutions actuelles font passer l’ESR «  d’un système en silos à un système plus décloisonné  », par la construction de convergences autour de l’Université française, sur le modèle dominant à l’international. « Nous devons arrêter de considérer l’aménagement du territoire comme une simple redistribution, il s’agit d’une vraie création de richesses. » Pierre Veltz, PDG de Paris-Saclay. La baisse de capacité d’innovation des grandes entreprises ne va peut-être pas être totalement compensée par d’autres acteurs. En France, nous faisons face à de nombreux freins aux changements car nous sommes trop attachés au passé et « avons une capacité extraordinaire à changer sans changer.  » Pourtant, les grands établissements de recherche et d’innovation à l’international sont relati- vement décentralisés. Alors doit-on polariser ou différencier l’ESR français  ? Pierre Veltz considère qu’il faudrait accepter « des universités dont le rôle principal serait la formation et d’autres, en nombre limité, qui ne fe- raient que de la recherche. » Les enjeux du développement de l’in- novation sont considérables. Les nou- veaux écosystèmes doivent avoir pour mission de devenir des ensembles qui fixent les éléments stratégiques des chaînes de valeurs, dans un contexte où le ratio des emplois sédentaires sur les emplois nomades est en baisse. Afin de fixer des emplois sur les territoires, les acteurs de l’ESR devraient pouvoir pra- tiquer une fiscalité attractive, ou encore trouver des moyens de rentrer au capital des sociétés. « Les écosystèmes adhé- sifs  de l’innovation seront ceux où les entreprises trouveront des avantages à rester.  » De leur côté, les politiques publiques doivent demander des garan- ties aux acteurs de l’innovation quant à leur volontarisme et la création effective d’emplois sur les territoires. n En débat... Wladimir Boric (Métropole Nice Côté d’Azur) demande « comment faire converger le développement de l’inno- vation avec la commande publique ? » La santé, le vieillissement, les transports ou encore le logement sont par exemple des domaines où les chercheurs et l’acteur public peuvent trouver des sy- nergies. Il est pourtant difficile pour une collectivité de « trancher entre le soutien à la formation ou à la recherche », comme le souligne Marion Glatron de Rennes Métropole. Pierre Veltz appelle au pragmatisme des collectivités en expliquant que « tout le monde ne peut pas tout faire et que le saupoudrage n’est pas une solution ». Michel Heibel (Communauté urbaine de Strasbourg) s’interroge quant à lui sur la propriété intellectuelle : est-ce un frein ou un accélérateur pour l’innovation ? Sur ce point, le directeur de Paris-Saclay insiste sur la nécessité de « renforcer la culture des brevets en France » n Pierre Veltz Président Directeur Général de l’Établissement public Paris-Saclay, a ouvert le séminaire en précisant que l’ESR fran- çais se trouve « dans une forme de transition inachevée où l’on se cherche encore (...) : Nous sommes en train de passer d’un modèle français de l’innovation à un modèle écosystémique. » Les enjeux de l’innovation
  • 3. n°101 page 3 Ludovic Valadier, responsable du département Économie de la connais- sance à la Caisse des Dépôts, a fait part d’une volonté de « construire des écosystèmes coopératifs basés sur la confiance. » Son institution s’évertue à « abaisser les frontières entre acteurs pour qu’ils soient en capacité de parler avec leurs voisins. » La Caisse a essayé d’accompagner au mieux les écosystèmes, notamment via ses « plate-formes d’innovation » en fi- nançant « des ressources mutualisées de recherche et développement ouvertes notamment aux PME. » Son deuxième grand chantier : accélérer le transfert des technologies et des connaissances, à tra- vers la propriété intellectuelle. Le brevet reste en effet le meilleur outil pour « se défendre face à la concurrence », et deux filiales de la Caisse s’y intéressent de très près (CDC Propriété Intellectuelle et France Brevets). La Caisse des dépôts accompagne aussi « le changement de culture vis-à-vis de l’entrepreneuriat. » Pour cela, elle co-fi- nance les 29 Pôles étudiants pour l’inno- vation, le transfert et l’entrepreneuriat (PEPITE) du territoire français. L’enjeu est ici de développer la création d’entreprises à l’Université alors que « la voie entre- preneuriale n’est pas privilégiée par les établissements, les responsables de di- plômes ou les familles des jeunes diplô- més. » En parallèle de ces trois actions, la Caisse des Dépôts considère qu’il est né- cessaire d’investir dans les infrastructures d’accueil (maison des chercheurs, des entreprises, etc.), d’ancrer la recherche dans une vraie « culture du territoire » et de décentraliser les financements à l’in- novation. n Réactions... Michel Heibel (CUS) a attiré l’attention des acteurs présents sur l’intérêt que représentent les réseaux d’anciens étu- diants dans le rayonnement et l’attrac- tivité des établissements d’ESR, qui sont également une source de rayonnement et d’attractivité pour les agglomérations. Véronique Stéphan, de Nantes Métro- poles, a indiqué que les collectivités ne doivent pas seulement être vues comme de « simples finançeurs de murs », même si elles jouent un rôle majeur dans le Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) ou encore l’initiative French Tech. Cette table-ronde animée, par Damien Denizot, chargé de mission « politique urbaines » de l’AdCF, a permis à Ludovic Valadier, respon- sable du département Économie de la connaissance à la Caisse des Dépôts,Alain Khemili, responsable du pôle Innovation intelli- gence économique de CCI France,Yannick Giry, directeur délégué à la stratégie régionale innovation de la Région Nord--Pas--de-- Calais,Alain Storck, président de l’Université de Technologie de Compiègne, représentant la Conférence des présidents d’uni- versité (CPU), et Alain Abecassis, chef du service de la coordina- tion stratégique et des territoires (MESR), d’exposer leur stratégie d’innovation et d’expliquer comment les collectivités locales ont un rôle à jouer au sein de leurs dispositifs. Retours d’expérience des parties prenantes
  • 4. n°101 page 4 Alain Khemili, responsable du pôle Innovation intelligence économique de CCI France, a rappelé la mission initiale des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) : développer l’économie et renforcer l’attractivité des territoires. Elles jouent donc un rôle dans les proces- sus de l’innovation, et pas uniquement sur la seule R&D. Le cœur de métiers de ces chambres consulaires se concentre sur les TPE et PME/PMI. La spécificité du ré- seau des CCI réside dans « son approche de l’innovation, conçue comme une stra- tégie globale au profit des entreprises », à travers la maîtrise des risques, la perfor- mance interne, le management de l’inno- vation et le développement commercial. Le réseau des CCI mobilise ainsi près de 250 conseillers innovation sur le terri- toire français. « Les CCI n’interviennent jamais seules », signent des partenariats et maillent des réseaux pour stimuler, dé- tecter et accompagner l’innovation. Leurs interlocuteurs publics et privilégiés sont plutôt les régions et l’Association des Ré- gions de France (ARF). Les CCI souhaitent que les zones de travail se complètent plutôt qu’elles s’annulent, prônant « la coopération plutôt que la redondance pour l’innovation. » Le programme de l’État baptisé « Dites-le nous une fois » est cité en exemple et va dans ce sens : il contribue à la réduction de la charge administrative en réduisant la redon- dance des informations demandées aux entreprises. « L’innovation est l’exploita- tion réussie d’une idée nouvelle, ce n’est pas un processus linéaire », précise Alain Khemili. n « L’innovation est l’exploitation réussie d’une idée nouvelle, ce n’est pas un processus linéaire » Alain Khemili, CCI France. Yannick Giry, directeur délégué à la stratégie régionale innovation du Nord-Pas-de-Calais a exposé la « spécialisation intelligente » de sa région, 4ème PIB de la France. À travers 6 domaines d’activités straté- giques et 7 pistes de spécialisation, la collectivité régionale assoit son rôle de chef de file de l’innovation. Depuis 2004 et la mise en place de son Schéma ré- gional de développement économique (SRDE), elle a souhaité « placer l’Homme au cœur de toutes les ambitions. » Pour sa mise en œuvre, la Région joue un rôle de « coordinateur de l’action publique. » Elle s’appuie sur un bureau, une confé- rence permanente et une conférence annuelle travaillant sur 8 enjeux  : la création et la transmission d’activités, les pôles d’excellence économique, l’inno- vation, l’anticipation, l’international, les outils financiers, les TIC et l’équilibre ter- ritorial. Les collectivités locales tiennent une place importante dans la gouvernance du SRDE et dans sa mise en œuvre opé- rationnelle. La Région se charge de la coordination, de l’animation du dispositif et s’appuie sur 4 grands territoires infra- régionaux (la région métropolitaine de Lille, le Bassin Minier, la Côte d’Opale et le Hainaut-Cambrésis) pour « co-piloter des stratégies régionales. » Les collecti- vités sont quant à elles en charge du fon- cier et de l’animation foncière. La logique consite ici à dire que « tout ce qui relève de la proximité (artisanat, commerce) est de l’ordre de la commune ou de l’agglo- mération. » S’il est question d’innovation ou de recherche, c’est alors le Conseil Régional qui est compétent à travers ses 4 territoires. La force et l’unicité de l’innovation dans le Nord-Pas-de-Calais tient également aux échanges continus avec les régions françaises limitrophes (la Picardie notamment), ainsi qu’avec les pays transfrontaliers et l’international. n « Nous voulons faire évoluer les pratiques régionales vers plus d’entrepreneuriat et de prise d’initiative » Yannick Giry, directeur délégué SRI du Nord-Pas-de-Calais.
  • 5. n°101 page 5 Alain Storck représentait la Confé- rence des Présidents d’Université, et a témoigné de la « logique territo- riale des universités françaises. » Le Président de l’Université de Tech- nologie de Compiègne (UTC) voit dans l’innovation une troisième mission forte de l’Université, aux côtés de la formation et de la recherche scienti- fique. Son établissement est lui-même singulier : il cumule les atouts d’une université publique avec ceux d’une grande école d’ingénieurs. Personne n’est mieux placé qu’Alain Storck pour affirmer « la nécessite d’une approche multi-dimensionnelle de l’Université » pour transformer les connaissances et les travaux de recherche en innovations. En 15 ans, l’ESR a muté avec les RTRA, les PRES, deux lois, récemment les CO- MUE... qui ont engagé les universités dans un rôle toujours plus politique et territorial. Cette complexité est-elle une source de richesses ? Il y’a une grande diversité des modèles de l’innovation mais les dispositifs doivent surtout être « adaptés aux richesses d’un territoire ». La Picardie, territoire de l’UTC, a véri- tablement pris en compte le fait que « l’innovation pouvait être un facteur de développement et d’attractivité de la Région ». Elle a donc fait des choix sur ses champs d’excellence quant à la mise en place de Picardie Technopole : des services sur mesure, un réseau dédié et de proximité pour les investisseurs et les porteurs de projets. Il s’agit d’un espace partenarial avec l’université, les entre- prises et les territoires. Cette démarche, pilotée par la Région, s’exprime dans un certain nombre d’espaces métropoli- tains et implique près de 200 personnes (en cours de mobilisation ou participant aux réunions de l’écosystème). L’UTC y occupe une place de choix, et oriente son développement vers une « Université Européenne de Techno- logie, élément moteur d’un écosys- tème local ». Face aux initiatives des grandes métropoles internationales, l’établissement entend apporter « une réponse innovante et créative  » en intégrant 4 volets (industriel, urbain et territorial, social et culturel, de forma- tion et recherche). L’UTC va renforcer et co-construire son écosystème en s’appuyant sur son « Centre d’Innova- tion ». Ce « lieu ouvert de contamina- tion créative sera destiné à favoriser les rencontres improbables, réunir des compétences différentes, matérialiser des idées et développer des projets. » n « Le défi actuel des universités est dans leur contribution au développement économique des territoires dans une dimension internationale » Alain Storck, président de l’UTC. Réactions... Alain Storck a été questionné sur les « attentes de l’UTC par rapport au bloc local. » La Région et l’agglomération ont répondu présent pour créer les conditions optimales pour l’accueil des étudiants et contribuer à doter les manques régionaux de l’ESR (en relo- calisant des écoles ou en créant des antennes délocalisées à Compiègne par exemple). Michel Heibel (CUS) a réagi en affirmant que le CPER est un instrument d’excellence parmi d’autres (PIA, Plan Campus), permettant de « placer correctement le curseur entre la dispersion et la concentration de l’innovation. »
  • 6. n°101 page 6 Alain Abecassis, chef du service de la Coordination stratégique et des Territoires au MESR (Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche) a clos les retours d’expé- riences en mettant en perspective les témoignages des précédents interve- nants. Il a d’abord réaffirmé que la loi Fioraso « ne dédouane pas l’État de sa respon- sabilité globale vis-à-vis de l’ESR ni ne remet pas en cause la répartition des compétences. » Puis il a rappelé que les CPER avaient « une double vocation de rattrapage ou d’élément d’équité de ré- partition pour les territoires. » Le Ministère voit bien que le paysage national est actuellement mouvementé ,et prépare un vade-mecum pour don- ner aux acteurs des repères concernant des dispositifs prévus pour le dévelop- pement de l’ESR. Et ils sont nombreux : la carte des formations supérieures et de la recherche, les Schémas régio- naux de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI), les contrats pluriannuels d’établisse- ments devenant des contrats ou pro- jets de sites, le Document d’orientation unique (DOU), la stratégie nationale d’enseignement supérieur, la stratégie nationale de la recherche et les compé- tences des régions sur la culture scien- tifique et technique. Tous ces dispositifs « ne valent pas par eux-mêmes mais en complémentarité des autres. » L’État a la volonté d’encou- rager les dynamiques locales en les do- tant de boîtes à outils, et en dépassant la simple juxtaposition. Il faut y ajouter les points d’appui que sont les CPER, les S3, les Plans Campus, les SATT, les Pôles de Compétitivité et les PIA. Ils ont une importance cruciale en tant que leviers supplémentaires pour la loi Fioraso. La dynamique enclenchée pour l’ESR n’est pas seulement institutionnelle ! n « L’excellence de chaque site participe du rayonnement national, sans opposition entre la politique d’État et celle des acteurs locaux » Alain Abecassis, MESR. Réactions... A l’issue de la présentation d’Alain Abecassis, les organisateurs de la journée ont interpellé le ministère sur le « service après-vote » de la loi « Fioraso », notamment dans son déploiement territorial. Le chef du service de la coordination stratégique et des territoires a ainsi pu informer l’assistance de travaux en cours pour l’élaboration d’un « vade-mecum », sorte de cadre méthodologique poursuivant précisément ces objectifs (accompagnement de la mise en place des Comue, contrats de site, etc.). Les villes et agglomérations présentes ont tenu à souligner l’opportunité que représente l’élaboration de ce document cadre pour renforcer le dialogue entre les territoires urbains et les regroupements universitaires. L’étude co-produite par les associations du bloc local montre en effet que les agglomérations (parfois en réseau au sein de pôles métropolitains) poursuivent des démarches d’élaboration de schémas locaux visant à planifier leurs actions de soutien à la recherche et à l’enseignement supérieur selon leurs priorités urbaines, démographiques, sociales, etc. L’étude révèle en outre que la dynamique d’élaboration de ces schémas ou stratégies locales est généralement bien articulée avec les stratégies des établissements d’ESR. Alain Abécassis s’est engagé à porter à la connaissance du réseau des collectivités ESR le vadé- mecum en cours d’élaboration par le Ministère. Affaire à suivre !
  • 7. n°101 page 7 A l’issue du déjeuner, l’animateur Philippe Angotti pour l’ACUF propose de « resserrer la focale » par rapport aux débats de la matinée, en s’intéressant « plus directement aux territoires » et aux initiatives concrètes. En premier lieu, deux intervenants viennent présenter l’étude exploratoire menée conjointement en régions Rhône- Alpes et PACA, sur les écosystèmes locaux en matière d’innovation. Pour commencer, le responsable du développement économique et de la stratégie pour l’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise, Patrick Tanguy, présente brièvement la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU) et sa « cinquantaine d’agences en France », et avec Angelique Tholoniat-Frachisse, de l’agence d’urbanisme de la région stéphanoise, situelagenèsedecetteétudeexploratoire dans des travaux de la DATAR, appelant notamment à interroger « la robustesse des systèmes urbains dans le champ de l’innovation. » Huit agences d’urbanisme ont travaillé sur les deux régions partenaires pour cette étude conduite avec le CGET et en partenariat avec Eurolio ( Observatoire européen des données localisées de l’innovation), avec pour objectifs d’une part la mesure des productions et de l’appétence des territoires à publier et à breveter, la mise en évidence des spé- cialisations, et l’appréhension des coo- pérations d’innovation entre potentiels scientifique et technologique ceci afin de dresser une typologie des territoires. D’autre part, il s’agissait de cerner l’éven- tail des coopérations, selon une ap- proche territoriale, d’identifier les acteurs majeurs dans cette construction des coopérations, afin cette fois de décrire les systèmes urbains de l’innovation, puis de les rapprocher de ceux caractérisés par la DATAR. Pour l’étude, 12 domaines d’activité ont été définis, avec Eurolio, de la santé aux TIC en passant par exemple par le BTP ou la chimie-matériaux, et étudiés sur les différentes zones d’emploi de Rhône-Alpes et PACA. Pour les publica- tions, Lyon, Grenoble et Marseille se dis- tinguent, tandis que Grenoble en premier lieu puis Lyon concentrent un très grand nombre de dépôts de brevets technolo- giques, tous domaines confondus. Se dessinent des typologies de territoires qui peuvent ainsi être caractérisés en «  innovation technologique et scienti- fique », « innovation plutôt scientifique » (Marseille), «  plutôt technologique  » (Grenoble, Lyon), voire de faible innova- tion. Concernant les coopérations, au cœur de l’étude, cette dernière indique que les copublications sont assez inter-ré- gionales - Lyon, Grenoble, Marseille et Nice collaborant intensément -, tandis que les co-brevets demeurent plutôt infra-régionaux. Concernant les do- maines d’activité, la santé se taille la part du lion, suivie par la chimie-ma- tériaux, les TIC, et l’instrumentation. Il apparaît aussi que pour les publica- tions, les coopérations s’effectuent en premier lieu entre organismes publics, avec seulement 2 coopérations mixtes se classant parmi les 15 principales. Concernant les brevets, les entreprises coopèrent (surtout en «  interne  » des groupes) tandis que les organismes pu- blics s’associent avec d’autres entités plutôt à l’échelon local . Si les volumes de production de bre- vets comme de publications émanent majoritairement des grandes zones d’emploi, la croissance des volumes de production s’accompagne d’un élar- gissement des réseaux de coopéra- tions. En outre, les intensités à publier ou à breveter ne sont pas le seul apa- nage des plus grandes zones d’emploi : Saint-Etienne ou Nice pour les publi- cations, Ambérieu ou Vienne pour les brevets font également preuve d’une forte activité. n Expériences mises en oeuvre dans les agglomérations Une étude exploratoire associant deux régions
  • 8. n°101 page 8 Pour parler de ce projet d’envergure, réunissant la Bretagne et les Pays de la Loire, le président de l’Université Nantes Angers Le Mans Jacques Gi- rardeau était accompagné par Véro- nique Stephan, directrice recherche, innovation et enseignement supérieur de Nantes Métropole. Cas pratique. «  Territoire pertinent d’un point de vue technologique et industriel  », comme l’introduit Jacques Girardeau - puisque chercheurs et entreprises de la zone travaillent sur les mêmes domaines -, le projet de communauté d’universités et d’établissements Université Bretagne Loire (UBL) est né d’une longue histoire de coopération entre les deux régions. Avec 7 universités membres (sur les 6 sites principaux et 12 secondaires), 14 écoles (sur 43), 4 CHU et 2 à 6 orga- nismes de recherche associés (sur 12), le territoire concentre 160 000 étudiants (dont 100 000 sur Nantes et Rennes), et 120 000 personnels de recherche distri- bués sur 250 laboratoires. Si un partage des bonnes pratiques exis- tait dès 2000 (dans le cadre du Réseau universitaire Ouest-Atlantique), avec par exemple des délégations CNRS et INSERM communes ou deux grandes écoles bi-régionales, les coopérations se sont intensifiées depuis 2009, autour notamment de 10 pôles de compétitivi- té, de spécialisations intelligentes et de nombreux objets du Plan d’Investisse- ment d’Avenir (dont une SATT) partagés. Ainsi, le lancement de l’UBL au 1er jan- vier 2016 doit permettre un accroisse- ment tant de la visibilité que du posi- tionnement international du territoire, une amplification de la puissance en termes de recherche, formation et in- novation/relation avec les entreprises, et une organisation fédérale, en réseau, « permettant aux établissements de tra- vailler en coopération  » plutôt qu’en compétition. (Suite page 9) L’Université Bretagne-Loire, objectif 2016 ! Réactions... Cette étude vise à mobiliser en premier lieu les acteurs de l’innovation eux- mêmes, puis les collectivités territoriales à tous niveaux. A l’issue des questions de la salle, il apparaît par exemple que scinder la zone azuréenne en deux entités n’est plus pertinent aujourd’hui, que cette étude quantitative doit nécessairement être renforcée par une étude qualitative, et qu’en termes de partenariats, la proximité géographique joue désormais moins massivement qu’auparavant : à Bordeaux par exemple, les échanges entre la ville et Lyon ou l’Allemagne peuvent être plus massifs que ceux, qu’on pourrait considérer comme évidents, avec Toulouse ou l’Espagne. n A la fiche ! Angélique Tholoniat-Frachisse, de l’agence d’urbanisme de la région stéphanoise, a présenté deux fiches issues de l’étude. La première, consacrée au domaine technologique de l’instrumentation, caractérise trois principales zones d’emploi dans ce domaine - Lyon, Grenoble puis Marseille-Aubagne -, ces trois zones ayant consolidé leur place dans le classement des co-publications et co-brevets. Enfin, Cannes-Antibes, Saint-Etienne et Nice pour les co-publications, le Genevois français et Annecy pour les co-brevets, tirent également leur épingle du jeu (Aix-en-Provence s’illustrant même dans les deux domaines). Au même titre, la fiche territoriale « Marseille-Aubagne » dessinait les contours d’un bassin d’emploi « très actif en matière de production scientifique » (sur 2009-2011, 22% de l’en- semble des publications de la zone étudiée, avec une très importante progression en 10 ans) et « en voie de rattrapage dans la production technologique » (8,3% des brevets de la zone sur 2008-2010, et +66% sur dix ans !) n
  • 9. n°101 page 9 Stéphane Meuric est directeur de Transalley, « cluster des mobilités innovantes et durables » situé à Valenciennes, dans le Nord Pas-de- Calais, et en pleine activité depuis trois ans. Il est venu au séminaire afin de présenter cette institution exem- plaire à plus d’un titre. Né d’une triple volonté – celles du ter- ritoire, du monde ESR, des acteurs éco- nomiques -, Transalley est une « aven- ture humaine » portée par Valenciennes Métropole, dans une région se situant au 1er rang pour l’industrie ferroviaire et au 2ème pour l’industrie automobile. Son directeur a souligné dès l’introduction la nécessité, pointée le matin même par Yannick Giry, de mettre en cohérence les objectifs régionaux et de chaque métro- pole ou communauté d’agglomération, sur un territoire ici déjà organisé en pôle de compétitivité - I Trans - positionné sur les transports depuis 2005, avec un IRT ferroviaire Railenium depuis 2012. Stéphane Meuric s’est également atta- ché à rappeler la définition d’un tech- nopôle : il s’agit à la fois de stimuler et gérer le transfert des connaissances et technologies entre les différents acteurs, de faciliter la naissance ou le dévelop- pement des entreprises concernées, et d’offrir d’autres services à forte valeur ajoutée. (suite page 10) Transalley, technopôle à la pointe En direct d’une agglo En lien avec l’intervention précédente, pour simplifier la gouvernance de l’UBL, (que Véronique Stephan, directrice recherche, innovation, enseignement supérieur de Nantes métropole, qualifie avec humour de « très grosse dame »), un pôle métropolitain Loire-Bre- tagne, qui chevauchent les deux régions, regroupera plusieurs agglomérations de l’Ouest, et permettra de désigner un seul représentant pour les sept agglomérations. Concernant le schéma de développement de l’ESR de Nantes métropole à proprement parler, Véronique Stephan est revenue sur la méthodologie employée et la réelle volonté de simplifier au maximum les relations, afin de les fluidifier. Nantes Métropole vise en effet à se positionner de manière importante sur l’innovation et la transdisciplinarité, et a donc dû peaufiner son schéma de développement de l’ESR communautaire et construire une stratégie lisible, partagée et organisée autour d’un projet fédérateur associant l’ensemble des acteurs (démarche de co-construction). Ainsi, Campus Nantes repose à la fois sur une offre de formation diversifiée, de qualité, et sur une politique de site à l’heure actuelle insuffisamment structurée, un accès à l’enseignement supérieur insuffisant par rapport au niveau national, et la faiblesse des relations entre ce dernier et les entreprises. Il s’agit donc de renforcer l’attractivité, mais aussi de dynamiser la contribution de l’ESR au développement économique métropolitain, de faire émerger une stratégie et une politique d’aménagement universitaire tout en soutenant la vie étudiante. A ces différents titres, Véronique Stephan a insisté sur l’importance des formations trans-filières et des projets interdisciplinaires. Aujourd’hui, la gouvernance de Campus Nantes repose donc sur une conférence métropolitaine (réunissant tous les acteurs au moins une fois par an), un bureau, des commissions de site (afin de caler une feuille de route par site pour une meilleure insertion dans le tissu urbain) et des commissions thématiques (vie étudiante, déplacements, logements...). Sur toutes ces questions, enfin, le développement d’outils numériques à l’usage des acteurs est particulièrement favorisé. n (Suite de la page 8) Dans ce but ont été mis en place un comité de pilotage d’une cinquantaine de personnes, un comité de coordination en charge des décisions et onze groupes de travail sur les domaines concernés, dont un intitulé «  Développement économique, innovation et relation entreprises  » - réunissant chercheurs, responsables d’entreprises comme de pôles de compétitivité. Des réunions sont égalementorganiséesaveclespartenaires : Etat, régions, et bientôt métropoles. De fait, le système de gouvernance inclut à la fois les instances obligatoires des communes et deux instances qui seront mises en place, chacune liée à l’une des deux régions. Le tout étant bien entendu coordonné par les collectivités. Une dernière instance devra regrouper les acteurs du monde socio-économique, qui interviendra aux côtés du Conseil d’administration. . n Réactions... Lors de l’échange avec la salle, la question des difficultés restant à résoudre pour faciliter les relations entre établissements, territoires et tissu socio-économique a été soulevée à plusieurs reprises. Les intervenants ont confirmé son impor- tance comme sa nécessité stratégique. De fait, l’établissement des schémas de gouvernance motive pour le moment les discussions et échanges principaux entre acteurs.
  • 10. n°101 page 10 (suite de la page 9) Ainsi, une multitude d’acteurs se sont rassemblés dès 2009 autour de l’Association technopole du Valenciennois, afin de créer un lieu d’excellence, de recherche, de formation et d’innovation dédié aux transports durables et à la mobilité, avec une réelle ambition internationale. Si l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis (UVHC), labellisée « Campus innovant transports durables  », constitue le moteur principal du technopôle, elle collabore depuis des années avec les industriels des transports terrestres, qui la connaissent donc parfaitement. Concrètement, le technopôle s’étend sur 34,3 hectares, avec une très forte orientation Développement durable, et regroupe un pôle de recherche (le CI- SIT), un Centre technologique mobilité durable, l’Institut de recherche Raile- nium, un hôtel d’entreprises avec une fonction pépinière/incubateur et un Institut Transport & Mobilité durables visant à la promotion des formations, laboratoires et innovations (avec un show-room extérieur). Ainsi, en intégrant «  l’écosystème Transalley  », les entreprises se voient proposer une logique « all inclusive », un accès facilité aux dispositifs et aux ressources, la possibilité de se créer, de s’implanter, de recruter pour se développer ou créer une filiale, et d’accéder à l’innovation, la conception et les tests dans une logique R&D. n Réactions... A l’occasion des échanges avec la salle, Stéphane Meuric a pu préciser qu’un technopôle tel que le sien « pri- vilégiait la qualité sur la quantité », avec une accentuation du nombre de partenaires privés dès l’an prochain, et que les IRT représentaient d’évidents accélérateurs. Laurent Biasetti, quant à lui (voir ci-contre), a fait part de l’hésitation de l’Agglomération de Montpellier quant à sa participation au CA de la SATT, ainsi que des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des projets liés à la santé. n SATT et BIC à Montpellier Pour la dernière intervention, c’est Laurent Biasetti, chargé de mission Grands projets stratégiques à Montpellier Agglomération, qui est venu présenter le fonds de maturation de la Société d’accélération de transfert technologique (SATT) de Languedoc Roussillon. Deux ans après l’appel à projets lancé par l’Agence nationale de la recherche, l’agglomération montpelliéraine, avec le soutien de la Région, créait la SATT AxLR, « afin de financer les projets de maturation des établissements de recherche en vue d’un transfert technologique vers l’entreprise. » Société de droit privé impliquant douze actionnaires (Etablissements EST, Instituts de recherche, CDC et Direccte), elle est dotée de 45 millions d’euros sur 10 ans, via le Fonds national de valorisation. Ses missions sont la détection des projets d’inventions, le financement des travaux de recherche supplémentaire et l’accélération, le développement du transfert des brevets et savoir-faire des laboratoires vers les entreprises (via des créations d’entreprises ou des partenariats). Pour ce faire, la SATT lance des appels à projets trimestriels au sein des établissements actionnaires, et œuvre au financement conjoint des propo- sitions retenues, voire à l’accompagnement de ces dernières par le Business Incubation Center (BIC), une offre de services pro- posée par l’Agglomération. Exemples : projets FAST-TB (test de diagnostic rapide de la tuberculose), PHOST’IN (composés synthétiques anti-tumoraux), « Matrices Bio Compatibles » (pour traiter les blessures de la peau). Ici, l’agglomération joue donc un rôle de facilitateur entre la SATT et le BIC, qui a déjà accompagné, depuis 1987, 550 entreprises innovantes à fort potentiel de croissance – dont 88% ont franchi « le cap critique des 3 ans » -, et se trouve être le seul incubateur français figurant dans le Top 10 Mondial de l’UBI. n
  • 11. n°101 page 11 En conclusion d’un journée riche en débats, Loïc Laroche, chef du service Recherche et Innovation de Lille Métropole, a accepté de livrer à l’assistance, « sur le vif », une éclai- rante synthèse des débats. En qualifiant de «  riche  » ce premier séminaire « Innovation, transfert, éco- systèmes  », Loïc Laroche semble dès l’introduction avoir résumé le senti- ment des nombreux participants. Il s’est ensuite attaché à revenir sur cinq idées principales soulevées au cours de la journée. Parmi celles-ci, un indéniable changement de paradigme dans le dé- veloppement économique des collec- tivités ESR. S’inspirant ici de l’interven- tion matinale de Pierre Velz, Président Directeur général de l’établissement public Paris-Saclay, il a lancé  : «  Le modèle français colbertiste, centralisé, descendant, fermé, qui nous a beau- coup apporté, appartient désormais au passé. Nous passons des grands projets à un écosystème de développement. C’est la fin du travail en « silo », la fin aussi de l’État omnipotent. On passe de la décentralisation à la déconcentra- tion. Non seulement le droit à l’échec est reconnu, mais il est constitutif de l’apprentissage ou de l’évolution d’un projet. Enfin bien que conservatrice, la France bouge et semble bel et bien entrer dans cette nouvelle phase de développement. » Il a ensuite rappelé que « la particularité de ce nouveau paradigme est qu’il n’y a plus de recette applicable uniformé- ment par tous », soutenant néanmoins qu’il est possible de « fixer l’innovation sur un lieu », à condition de le faire au moyens d’actions adaptées à chaque territoire, citant les exemples de Com- piègne-UTC ou de Valenciennes-Tran- salley présentés par certains de ses prédécesseurs au pupitre. « Dans tous les cas, a-t-il poursuivi, on retrouve sur un lieu, présentant une offre foncière, immobilière, des services et surtout une animation mettant en relation les différents partenaires, entreprises, éta- blissements d’Enseignement Supérieur et Recherche (ESR) et institutionnels. » Un ensemble d’acteurs, donc, au sein duquel le dialogue doit s’intensifier. En termes de caractérisation des ac- teurs, précisément, il a regretté que « la place des villes et agglomérations [n’était] pas claire du tout  », ce qui «  demandera assurément, à l’aide des associations du bloc local, un travail de définition et de lobbying pour obtenir une reconnaissance nationale.  » De fait, les différents partenaires attendent des villes et agglomérations une meil- leure prise en charge de l’accueil des chercheurs et des étudiants, ainsi que de l’aménagement des campus en gé- néral. Or, pour ce faire, il s’agit aussi de les faire apparaître plus distincte- ment dans l’énonciation de la stratégie comme de la gouvernance. (suite page 12) Une synthèse qui ouvre des portes
  • 12. n°101 page 12 Universités & Territoires est une publication éditée en partenariat avec l’Afev, l’AVUF, l’ADELE et la CPU ISSN 2263-8431 Directeur de la publication : Nicolas Delesque Gérant : Philippe Campinchi (PCC) Rédaction : Philippe Campinchi, Nicolas Delesque, François Perrin, Bruno Martin Crédits photos et iconographies : DR, Fotolia Tarifs d’abonnements : Individuel : 100 euros HT Institutionnel : 500 euros HT Parties prenantes : Convention particulière Remerciements : Brigitte Bariol, François Rio, Damien Denizot, Philippe Angotti, David Constant-Martigny, Frédéricke Lonchambon Universités & Territoires : Chez PCC 115 rue Oberkampf 75011 Paris Tél : 0684606274 E-mail : rédaction@universites-territoires.fr Universités & Territoires est une publication en particpation. Merci aux partenaires traditionnels d’Universités & Territoires (suite de la page 11) Autre idée-force de la journée, il apparaît clairement, « de même que le mode de développement change, que le métier de développeur, chargé de mission ou responsable ESR d’une collectivité, évo- lue. » En particulier dans le sens d’une part croissante accordée à l’animation («  à mesure que la visibilité remplace l’attractivité, que l’exogène fait place à l’endogène, les aides directes aux aides indirectes  »), là où les seules compé- tences de gestionnaire ou d’adminis- trateur étaient auparavant sollicitées. En outre, le travail de ces développeurs de- vient jour après jour moins solitaire, plus transversal, ce qui motive d’une part une évolution du recrutement en direction des universitaires, d’autre part la possibi- lité, pour des chargés de mission ESR au sein de collectivités, de poursuivre leur carrière dans des établissements d’ESR. Dernier point, enfin, dont Loïc Laroche précise qu’il « n’a pas été évoqué direc- tement, même s’il y a été souvent fait allusion » : l’excellence et la place de la capitale face aux autres territoires dans le développement futur de la France. « Le changement de paradigme auquel nous assistons, conclue-t-il, met un terme à l’aménagement du territoire fondé sur la redistribution. » Il demeure ainsi probable que « de nouvelles formes de coopérations inter-territoriales ou in- ter-clusters vont naître, qui ne suivront pas nécessairement la hiérarchie de l’or- ganisation territoriale » ... et permettront de sortir de l’opposition Paris/Régions. n Nobel oblige ! A l’issue de sa synthèse, Loïc Laroche a rebondi sur la récente attribution du Prix Nobel d’économie à l’ingénieur français Jean Tirole, pour préciser que « son histoire est un cas d’école d’écosystème d’innovation réussi », avec la Toulouse School of Economics, qui est une fondation d’ESR mettant en synergie l’Université, le CNRS et des entreprises. Selon lui, un « modèle qui peut inspirer l’action des collectivités à l’avenir. » n 22 janvier 2014 – Paris 2ème séminaire du Reseau des collectivites ESR sur l’aménagement urbain et des campus Patrimoine, transition énergétique et écologique, besoin de maîtrise d’ouvrage locale