1. Analyse des marchés
SOLDES…SOLDES…SOLDES…
par Matthieu Rolin,
gérant actions US & Européennes
Matthieu Rolin
Gérant des fonds PRIGEST US
Gérant des fonds PRIGEST US
et PRIGEST Europe
Le Black Friday est la journée qui suit Thanksgiving, férié, aux Etats‐Unis et qui marque le début de la saison
des achats de Noël ; c’est un indicateur redoutable pour prendre le pouls de l’économie en fin d’année.
Malgré un environnement qui aurait pu en refroidir plus d’un, les ventes ont dépassé toutes les attentes. Les
consommateurs se sont une fois de plus frénétiquement précipités dans leurs shopping‐malls, attirés par les
remises, rabais ou autres ristournes proposés par les grandes enseignes commerciales.
Dans ces conditions si le consommateur ne peut pas résister aux bonnes affaires proposées dans les
conditions,
boutiques, pourquoi l’investisseur reste‐t‐il si réfractaire à l’idée de revenir sur les marchés d’actions ? Dans
un cas, comme dans l’autre, les soldes ont commencé !
Bien sûr, la situation en Europe fait peur… mais les choses commencent (enfin !) à se mettre en place. Le
couple Merkel‐Sarkozy (Merkozy pour les intimes) semble avoir pris la mesure de la tâche à accomplir.
Certes, la chancelière n’est pas prête à tout accepter ; mais au fonds, ne fait‐elle pas ça pour le bien de
l’Europe ? Parce qu’il faut être clair, les allemands ont besoin de la monnaie unique. Comment penser qu’ils
auraient pu réaliser ce « miracle » de développement sans l’aide de la zone Euro. Vendre massivement des
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produits manufacturés à des pays (plus faibles économiquement) appartenant à la même zone monétaire,
c’est jouir d’une monnaie dévaluée de fait, ou en tout cas qui ne s’apprécie pas outrageusement comme cela
aurait été le cas si le mark avait toujours eu cours. Alors oui, la chancelière veut conserver la zone Euro, mais
deux éléments fondamentaux sont à prendre en considération pour comprendre la stratégie allemande :
Le premier est historique : depuis les années d’hyper‐inflation sous la république de Weimar,
l’Allemagne est un pays traumatisé par l’inflation. Tout au long du processus de construction de la
zone Euro, elle n’a eu de cesse de mettre des garde‐fous pour éviter tout dérapage des prix, même si
cela doit se faire au détriment de la croissance. Avec sa position ultra‐dominante dans les débats
actuels (pour mémoire, l’Allemagne vient de décider des baisses d’impôts grâce à une économie d’une
insolente vivacité, alors que l’ensemble de ses voisins européens serrent les boulons d’économies qui
prennent l’eau de toutes parts), l’Allemagne dicte sa loi à la Banque Centrale Européenne (BCE), qui
apparaît de plus en plus réticente à enfiler son costume de prêteur en dernier ressort. Mais les lignes
commencent à bouger…
Le second est culturel : l’Allemagne a fait preuve d’une rigueur sans faille dans la gestion de son
économie et de ses comptes publics et elle attend de ses voisins qu’ils en fassent autant Dans l’esprit
publics, qu ils autant. l esprit
de la chancelière, il serait contre‐productif d’autoriser la BCE à racheter massivement de la dette
souveraine, et de se substituer de fait au marché ; les mauvais élèves de la zone euro en profiteraient
immédiatement pour reprendre leurs mauvaises habitudes, mettant ainsi fin à la nouvelle dynamique
de réformes qui, tout le monde en convient maintenant, est plus que nécessaire.
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2. Analyse des marchés
SOLDES…SOLDES…SOLDES…
par Matthieu Rolin,
gérant actions US & Européennes
De nouveaux éléments montrent clairement que les lignes commencent à bouger.
1. Le gouvernement italien, sous la direction du nouveau Président du Conseil Mario Monti, conduit son
pays sur la route des réformes, à marche forcée. L’Italie est le pays le plus endetté de la zone euro ; un
défaut sur sa dette, et là, c’est certain, la zone euro est cuite… al dente ! Il est d’ailleurs encouragé en
cela par les marchés de taux ; l’annonce de son arrivée (et le départ de Silvio Berlusconi) a d’ailleurs
fait baisser le taux italien à 10 ans de plus de 7% à 6.6% en l’espace de quelques jours. A noter que
pendant ce temps là, le gouvernement français promet des augmentations de salaire à ses
instituteurs… et s’étonne que l agences d notation menacent d dé d son AAA !
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2. Les émissions de dettes des moutons noirs de la zone euro se passent de mieux en mieux ; la dernière
adjudication italienne en date a été sursouscrite, alors que l’allemande n’a pas rencontré le succès
escompté. Certes l’Italie emprunte toujours à un niveau historiquement élevé, mais la demande est de
retour ; l’appétit pour les emprunts d’Etat italiens montre que la confiance revient, même
timidement, de l’autre côté des Alpes.
3.
3 La BCE commence à lâcher du lest : sous la pression de ses consœurs américaine anglaise suisse
américaine, anglaise, suisse,
japonaise et canadienne, la banque européenne a décidé de rejoindre le front uni des banques
centrales pour fournir toute la liquidité nécessaire aux banques européennes, dans toutes les devises
(principalement en dollar dans les faits). Parce qu’il faut bien garder à l’esprit que la crise de la zone
Euro est devenue une préoccupation mondiale sur un terrain de jeu où tout le monde se tient par la
barbichette. Mais pour obtenir de la BCE qu’elle joue son rôle de prêteur en dernier ressort, il faut que
les leaders politiques européens s’engagent dans un processus de convergence accrue ; les choses
évoluent, les discours s’infléchissent, et une plus grande intégration fiscale, par exemple, est
a t c pée
anticipée.
Pendant ce temps, sur les marchés, la volatilité persiste. Il est intéressant d’observer que lorsque l’incertitude
qui entoure les problèmes de dette s’estompe, les fondamentaux reprennent le dessus et les investisseurs
retrouvent de l’appétit pour le risque. L’intervention des banques centrales à la fin du mois en est le parfait
exemple, puisqu’elle a permis aux principaux indices actions de terminer le mois en fanfare.
En effet, au milieu de ce marasme politico‐économique, les sociétés rencontrées par les équipes de PRIGEST
ne vont pas aussi mal que peuvent le laisser croire leurs cours de bourse… au contraire !
Depuis 2008, elles ont appris à faire face. En Europe, les entreprises ont des bilans sains, des stocks plutôt
faibles et des niveaux de rentabilité qui restent élevés ; le cycle des profits des entreprises n’a pas encore
abdiqué. Aux Etats‐Unis, la croissance démontre une belle résistance, la consommation est surprenante par
sa vigueur et même la perte du fameux AAA par l’oncle Sam n’a pas vaincu l’optimisme des chefs
d’entreprises. La Chine s’est lancée dans un programme d’assouplissement monétaire pour contrer le
« ralentissement » de son économie ; et le Japon, qui panse encore les plaies de Fukushima, est devenu le
marché Value par excellence, tant les valorisations des actions ont atteint des niveaux ridiculement bas.
‐10%, ‐20%, ‐30%, ‐40%... quelle que soit la décote, il ne faut pas rater le coche car il n’y en aura pas pour
tout le monde !
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