1. Au cœur des marchés
DJ Euro: remix ?
Michel Juvet
Analyste financier et membre du comité de direction de Bordier & Cie
Lundi 17 mai 2010
euro) est inférieur à celui de l’Allemagne (25%
L e «policy mix» est à nouveau en pleine
évolution. Fin 2008, en pleine crise ban-
caire et économique, les Etats alignèrent leurs
du PIB de la zone), qui, elle, profitera large-
ment de la baisse de l’euro. Ses exportations
politiques monétaires et budgétaires. Le coût hors zone euro représentent en effet presque
de l’argent chuta, les dépenses publiques 20% de son PIB.
s’envolèrent.
Si aujourd’hui, la question du ralentissement
Mais aujourd’hui, la désynchronisation mon- économique de la zone semble donc être une
diale de ce «policy mix» est réapparue: les interrogation pour certains, celle de la disparité
pays émergents, dont la croissance est forte, future entre ses membres ne doit pas être es-
resserrent le volet monétaire, alors que la zone quivée. On imagine certaines réactions politi-
euro – qui ne bénéficie pas d’une forte crois- ques lorsque l’Allemagne aura retrouvé ses
sance pour engranger des recettes fiscales – équilibres et qu’au même moment les pays du
doit réduire ses dépenses budgétaires, afin de sud européens tenteront toujours de rembour-
garder la confiance de ses créanciers. Pour ser leurs dettes.
alléger le fardeau économique qui en résulte,
elle doit maintenir sa politique monétaire ex- On entrevoit également les futures angoisses
pansive et ses taux bas; et l’euro en pâtit. Les de la Banque centrale européenne, tiraillée
commentateurs économiques sont restés entre le besoin de ralentir les pressions infla-
concentrés sur les effets négatifs de ces freins tionnistes allemandes et de lutter contre les
budgétaires plutôt que sur ceux, bénéfiques, de pressions déflationnistes au sud de la zone
la baisse de l’euro. On estime que 10% de euro. Pour le meilleur ou pour le pire, la thé-
baisse de l’euro se traduit par un point de matique de la nation reviendra interférer dans
croissance en plus dans la zone euro. les discours politiques et les allocations des
investisseurs. Pour ces derniers, il faudra bien
Certes, les pays qui vont pratiquer le fitness choisir entre des entreprises de travaux publics
budgétaire sont aussi ceux qui ne profiteront espagnoles et des sociétés allemandes exporta-
que peu de la faiblesse de l’euro, car leurs ex- trices ou dans l’immobilier. Ce n’est en tout
portations hors zone euro sont négligeables. cas pas dans un ETF régional qu’ils trouveront
Mais leur poids économique (Espagne, Portu- leur meilleur… «investment mix».
gal, Irlande et Grèce = 18% du PIB de la zone
Article de Michel Juvet du 17.05.2010 paru dans le Temps 1/1