2. Auguste Lacaussade
A l’inverse des autres poètes de l’île, Lacaussade, lui, n’est pas
d’origine plus ou moins bourgeoise, mais réellement d’une filiation « batarde
» comme il le décrira lui-même. Il naitra en 1815 d’un père blanc et d’une
mère noire.
Il grandira à Champ-Borne, et gardera une certaine rancœur de
n’avoir pu fréquenter le collège à cause de ses origines. Heureusement pour
lui, ses grands frères sont plus aisés que leurs parents, et ils l’enverront dès
l’âge de 10 ans en France, dans la même pension nantaise que Leconte de
Lisle fréquenta quelques années plus tôt. Il revient en 1834 sur l’île, à la fin
de ses études secondaires, et commencera à travailler comme clerc de
notaire. C’est à cette même époque qu’il fera une rencontre qui changera du
tout au tout son existence, surtout littéraire. Il rencontre un ingénieur à la
retraire nommé Gaudin qui l’initiera à la poésie. Une vocation naît alors. Il
décide donc de retourner à Paris en 1836 pour s’essayer à la carrière littéraire.
Ce sont ses frères qui subsistent à ses besoins, et il peut ainsi s’adonner à la
poésie, et même publier quelques poèmes dénonçant l’esclavage .
En 1839, après s’être marié, il publie son premier recueil « les salaziennes ». L’ouvrage, qui décrit
par la mélancolie son enfance, passe inaperçu, et lorsque Lacaussade commencera à être reconnu, c’est alors
que l’ouvrage le sera également. Mais Lacaussade le supprimera des nouvelles éditions, car pour lui, il
renferme une gêne, celle de ses origines. En 1852, après s’être essayé plutôt mal à la politique, il publiera «
Poèmes et paysages » qui décrit l’île Bourbon. Cet ouvrage est un succès, et obtient le prix de l’Académie,
ainsi qu’une pension annuelle de 2000 francs par le Conseil Colonial. En 1861 son nouveau recueil « les épaves
» est également un succès. En 1872, comme Leconte de Lisle avant lui, il deviendra bibliothécaire au Sénat. Il
meut en 1897, quelque peu oublié.
3. Juliette Dodu
Véritable héroïne française de la guerre
contre la Prusse en 1870, l’action de cette femme
d’origine réunionnaise sauva la vie à 40 000 soldats.
C’est en 1848 que la ville de Saint Denis
accueille une nouvelle naissance, celle de Juliette
Dodu, fille d’un chirurgien métropolitain et d’une
femme créole nommée Desaiffre de Pellegrin. Deux
ans plus tard, le père de Juliette Dodu meurt, et
alors sa mère se remarie, mais de nouveau cet
époux décède après lui avoir fait deux nouveaux
enfants, une fille et un fils malade. En 1864, elle
décide de quitter l’île pour la métropole, laissant
son fils malade à son frère.
Sa mère trouve un emploi dans la poste de la petite commune de Pithiviers, où Juliette viendra
l’aider. Mais au bout de quelques mois seulement, la guerre entre la France et la Prusse éclate, et
cette petite commune se verra alors doter d’un poste télégraphique pour informer la Défense
Nationale des mouvements de l’armée adverse. Aussi, lorsque le 20 septembre 1870 Pithiviers est
envahi par les prussiens, Juliette Dodu envoie un télégramme indiquant cette annexion. Juste avant
que les prussiens ne débarquent dans le bureau de poste, Juliette dissimula l’appareil
télégraphique sous son manteau et alla le cacher chez l’inspecteur primaire. Quatre jours plus tard,
les prussiens repartent de la commune et Juliette rétablit alors les communications télégraphiques.
Trois jours plus tard, le 27, ce sont les hussards prussiens qui entrent dans la commune, Juliette
informe aussitôt la Défense Nationale de leur arrivée.
4. Elle réussit donc à brancher l’appareil sur ce réseau, et ainsi informer l’armée française des faits et
gestes des hussards dans Pithiviers.
Le 6 octobre, les prussiens quittent de nouveau Pithiviers, l’armée française reprend possession des
lieux le 20. Mais un mois plus tard, l’armée prussienne la reprend. Juliette à tout juste le temps de
cacher le matériel télégraphique, que les allemands, connaissant cette fois la bravoure de la jeune
apprentie télégraphe, l’enferment , elle et sa mère au premier étage de la poste. Mais Juliette dodu
réussit à subtiliser , aux allemands qui commencent à installer leur propre matériel télégraphique
,deux rouleaux de fils, ce qui retarde les communications allemandes de 24 heures.
Le 28 novembre débute la bataille décisive de Beaune-la-Rolande. Juliette comprend l’importance
des communications ennemies qui se font juste en dessous d’elle. Elle arrive à rassembler ses
appareils cachés, et la nuit, enfermée dans sa pièce à l’étage du bureau de poste, en ouvrant
discrètement la fenêtre elle jette deux fils télégraphiques volants sur le réseau prussien, et
intercepte alors les messages ennemis. Ensuite, elle faisait de même avec le réseau français et
renvoyait les dépêches ainsi interceptées. Ce petit manège dura pendant 23 nuits, et permit de
sauver la vie de prêt de 40 000 soldats qui ne tombèrent donc pas dans de terribles embuscades.
Le 5 janvier, lors d’une dispute avec sa gouvernante, cette dernière lâche haut et fort les actions
auxquelles se livre Juliette toutes les nuits. Le garde allemand en poste devant la chambre de Juliette,
comprend malheureusement le français, et va donc informer ses supérieurs de ce qu’il vient
d’entendre. Le lendemain, on annonce à Juliette et a sa mère qu’elles seront fusillées. Au bout de
huit jours, on propose à Juliette un poste au télégraphe allemand ,qu’elle refuse. On lui annonce
alors qu’elle se tienne prête pour son exécution. Mais fort heureusement, deux jours plus tard ,
l’armistice est signé, la jeune femme de 20 ans et sa mère sont libérées du joug des prussiens.
Elle devient alors un symbole de la résistance française, et obtient en 1877 la médaille militaire, et en
1878 la croix de la Légion d’Honneur.
Même les journaux allemands ne peuvent s’empêcher d’admirer cette jeune héroïne française.
Elle s’éteindra en Suisse, à Clarens, en 1909.
5. Marius et Ary Leblond
Ce cache derrière ce double pseudonyme deux cousins écrivains Georges Athénas et Aimé
Merlo, l’un né à Saint Denis, l’autre à Saint-Pierre. Ils écriront donc à quatre mains des œuvres très reconnus
comme « En France » qui obtint le prix Goncourt en 1909.
Ils occupèrent des postes publics, Georges comme secrétaire du maréchal Gallieni de 1914 à
1916, Ary (Aimé) comme conservateur du musée de la France outre-mer , à Paris. On leur doit à ce titre la
création (le 25 août 1911) du musée qui porte le nom de Léon Dierx à Saint-Denis de La Réunion, le musée
Léon-Dierx.
6. Raymond Vergès
Père de Jacques et Paul Vergès, ce médecin de carrière deviendra l’un des plus grands
hommes politiques du XXème siècle. Il fondera le journal communiste « Témoignages » en
1944, avant de devenir maire de Saint Denis en 1945, puis Député jusqu’en 1955.
7. Roland Garros
D’abord champion de France de vélo en 1906, ce pilote aérien hors pair réussit le
premier la traversée de la méditerranée en avion en près de 8h00. Aujourd’hui, l’aéroport de
Saint Denis porte son nom.