2. Résumé du livre précédent.
Alors qu’Aristide Adhémar Prasigarett, président de la
plus grosse multinationale mondiale, était sur la piste de ses
ancêtres, l’objet réel de ses recherches avait été porté à la
connaissance des autorités de l’Empire du Levant…
Depuis plusieurs mois, son équipe et lui-même résidaient
sur le haut du sommet du mont Laoshan, la demeure des
immortels…
Arrivé à un instant crucial du projet, il avait été obligé
d’annoncer comment allait se dérouler la suite de ses
investigations. La moitié des cadres présents sur le site avait
refusé de le suivre dans cet étrange vaisseau nommé Atlantis
qui s’était incrusté profondément dans la terre… quelques 62
millions d’années plus tôt. A l’extrémité de ce vaisseau, plus
de 50 kms sous terre, avait été construit l’Atlantide, berceau
de ses ancêtres.
Le reste de l’équipe du président avait par la suite abouti
au but de leur quête…
Cette découverte, en haut du mont Laoshan, était
fondamentale pour sa recherche. Grâce à l’aide de « 6
chevaliers » et d’un cerveau biochimique nommé
Cervoclonis, il avait trouvé la source de la vie…
*
3. 7
Des informations sur les agissements du président,
rapportées au QG des forces de défense d’Empires par l’un
ou plusieurs de ses collaborateurs, avaient été jugées d’une
extrême gravité.
Elles venaient de justifier, à l’instant même de
l’aboutissement de ses recherches, l’enclenchement d’une
opération militaire d’envergure des armées d’Empires contre
ce site, « mettant en cause le système néo-individualiste en
vigueur en 2080 dans les 3 grands Empires ».
Au moment de l’action militaire l’équipe du président, est
constituée :
- des 6 chevaliers (Adam le singulier l’immortel, James
Dawsinger le volcanologue, Childéric Reyna le fils du
président, Luan Shing Peï l’archéologue, Takamaki le savant
capable de recréer le monde à sa manière, et lui-même,
Aristide Adhémar Prasigarett dit le président).
Ils sont localisés au sein du mont Laoshan dans la zone
Atlantide (cette zone est à découvrir, mais il y a : la grande
salle du conseil où résident les chevaliers, le labyrinthe qui
conduit au piédestal où repose la balise céleste, la fontaine
commune où coule la source de jouvence) à plus de 50 kms
de profondeur sous le site du Taiqing Palace où se trouvait
toute la logistique principale de l’opération du président.
- de l’équipe (constituée d’Ali Khoury le psychiatre, John
Artus l’expert en astronomie, John Aliwan l’archéologue
spécialiste en égyptologie) située à la base-vie, à environ 40
kms de profondeur sous le site du Taiqing Palace où se
trouve la base-vie (à 20 kms à pied de la zone Atlantide). Se
trouvent également à ce niveau la navette royale, arrivée
4. 8
directement de la 2ème plateforme, l’accès pédestre vers
Atlantide, et devant la navette un ensemble d’éboulis
bloquant sa progression vers l’entrée normale.
- de l’équipe (constituée par John Malicorn, directeur
technique de la société du président, et Gérard le cuisinier du
site du Taiqing Palace, seuls rescapés de l’attaque des armées
d’Empire.) localisée sur la 2ème plateforme où s’était établie
la logistique prévue juste avant l’odyssée du président… Se
trouvent 2 navettes à ce niveau.
Ces 3 équipes, tenant compte de l’agression de l’Empire,
sont bloquées dans leur zone respective à la recherche des
meilleures solutions pour se rejoindre…
*
En 2040 la quasi-totalité du monde s’était trouvé partagée
en 3 Empires englobant tous les pays économiquement
viables dans deux systèmes monétaires majeurs gouvernés
par deux monnaies fortes : le dollar (Empire d’Amérique et
Empire du Moyen-Orient) et le yuan (Empire du levant)
Les autres pays, soit enclavés en Amérique du sud, en
Afrique, au Moyen Orient, en Europe soit sur des îles sans
grand intérêt économique, se trouvaient les parents pauvres
de ces immenses conglomérats financio-industriels…
Leurs dettes avaient été effacées lors des accords de 2040
des 3 Grands, et leur autonomie et leur destinée laissées entre
leurs mains.
Le monde était alors découpé en 2 catégories :
5. 9
- les pays économiquement faibles, vulgairement appelés
pauvres, pillés par des groupes d’exploitations industriels et
des systèmes financiers tentaculaires.
- les pays riches, organisés, se combattant entre eux
financièrement et économiquement…promulguant des
décrets, des lois, limitant de plus en plus la dimension de
l’homme par rapport au système, et selon les dix
commandements de Chomsky, adoptés comme règles de
management de ce système…
Au sein de ces systèmes, des lobbies ultra puissants
gouvernaient depuis longtemps dans l’ombre, les destinées :
- des groupes financiers…
- des fluides vitaux (eau, traitement d’eau, oxygène,
hydrogène, lait, électricité, gaz, réseaux informatiques),
- des besoins vitaux (semences, engrais, protéines, lipides,
glucides… groupes alimentaires, logements, transports,
infrastructures, hygiène, propreté)
- des matières premières (pétrole, cuivre, or, celles
destinées aux hautes technologies)
- des matières biologiques vitalisées. (matière de
Cervoclonis)
- des besoins importants annexes nécessaires au bien-être
du corps (et au contrôle des masses), (groupes
pharmaceutiques, centre de santé, cosmétiques, luxe, hôtels,
lieux de jeux et d’amusements de toutes sortes) et à la
distraction des classes moyennes (domotique, robotique,
médiathèques)…
6. 10
- des traitements liés à l’hygiène (ordures, nettoyage,
dépollution des rivières, des rues, des locaux).
- des moyens de contrôles des masses (presse, télévision,
police, armée…milices…).
S’ajoutaient à ces lobbies, des puissances occultes et
perturbatrices, en provenance :
- des groupes de pression par sociétés secrètes et
confréries de tout genre, clubs de toutes sortes…
- des groupes volontaires, inféodés à la défense des lois,
des règles d’hygiènes, d’éthique du système néo
individualiste, lequel (système) donnait à l’homme
l’indépendance acquise par sa volonté d’autonomie par
rapport aux autres… ses serviteurs et assistants robotisés…
ses assistants de quotidien…
- des groupes intellectuels définissant les idéologies du
système…
Ce monde « idéal » ne pouvait continuer sans fractures,
sans contestations, sans oppositions, mais n’était-ce pas là les
structures bien réelles d’une dictature dans laquelle restait à
chacun, un fragment de conscience personnelle et de liberté ?
7. Chapitre 1 Destruction…
Au sommet du mont Laoshan sur le site du Taiqing
Palace, John Malicorn regarde avec appréhension se dissiper
la fumée qui s’étale sur l’étendue du site. Il découvre peu à
peu des dizaines de silhouettes, équipées de masques, en
train d’enfoncer brutalement avec leurs armes les portes
démantelées par les déflagrations. Un silence malsain enrobe
ces heurtements métalliques. Les arbres ont projeté au loin
leurs bras congelés par un froid intense. Ils gisent désormais
sur un sol noirci, brûlants, calcinés…
John songe à son équipe de protection et imagine leurs
derniers instants d’agonies… Des corps étendus à quelques
mètres de lui paraissent sans vie.
Il attend quelques secondes, lorsqu’il croit deviner,
rampant sur le sol jonché de débris, une masse vivante
couverte de cendres. Il attend encore quelques secondes pour
juger globalement la situation du site.
Encore protégée par des blocs de béton disséminés, cette
masse s’anime.
Pas d’uniforme apparent… John sort de l’escalier en
colimaçon au péril de sa vie, muni de son arme de service. Il
se précipite au secours de ce corps quasi-inerte.
Se baissant, il en soulève la tête, mais ne peut éviter un
uppercut inattendu...
8. 12
. Complotseden
Groggy l’espace d’un instant, dans son inconscience, il
entend une voix familière qui s’excuse :
« Boudiou ! Mais vous m’avez tordu le cerveau ! Désolé,
mais avec tout ce tintouin je pouvais pas deviner que c’était
vous… M Malicorn… Qu’est ce qui s’est passé, j’ai
l’impression que le ciel m’est tombé sur la tête ? ».
John en relevant la tête s’aperçoit de la présence… du
cuisinier de la base-vie !
Il se relève en vacillant, frottant de sa main droite son
menton endolori.
« Rien n’est perdu, on réglera ça plus tard, vite suivezmoi, bon sang… mais où avez-vous appris à boxer comme
ça ? Tout va bien ! Suivez-moi… vite… là… Oui… ».
Gérard le cuisinier hésite, se retourne et constatant l’état
apocalyptique du site se précipite derrière John dans
l’escalier en forme de vrille, qu’il découvre malgré lui…
« Boudiou, c’est là que vous jouiez tous à cache-cache…
» crie-t’il essoufflé, s’appuyant sur la paroi…
John lui fait signe de le suivre par des gestes d’impatience.
« Plus tard, bon sang, allons… venez ! Gérard, nous
sommes sûrement les seuls survivants, si vous n’arrivez pas à
la vitesse grand V, nous allons être les suivants…Venez, ne
me posez plus de questions… Gardez votre souffle, suivezmoi… nous allons peut-être nous en sortir ! ».
Gérard ne bouge plus, hypnotisé par la vision de la grande
salle du QG technique.
John revient sur ses pas et l’attrape violemment par la
manche.
« Nom de D… allez, venez, arrêtez de réfléchir… ».
9. 13
. Complotseden
Ils franchissent la porte de la salle de la caverne, et
descendent quatre à quatre les marches de l’immense escalier
conduisant à la bibliothèque pré-sumérienne.
Hébété, Gérard arrive sur le palier de la première
plateforme. Il n’a pas le temps de livrer ses sentiments : John
le pousse brutalement à l’intérieur de la bibliothèque.
A partir de cet instant il suit les directives d’Adam le
Singulier l’immortel (voir préambule). Ils pénètrent dans
l’escalier de jonction vers la deuxième plateforme…
découvre en commun un immense espace où sont parqués…
deux immenses « véhicules » étranges aux allures
antédiluviennes…
*
John et Gérard reprennent leur souffle en contemplant ce
lieu qu’ils voient pour la première fois. Gérard, le cuisinier
toujours volubile, s’exclame ébahi :
« Boudiou, c’est quoi ces bidules là-bas, on dirait des gros
lézards. On fait quoi John ? Ce truc-là ne me donne pas
confiance ! ».
John le rassure, tout en n’étant pas sûr de la suite des
événements…
« Les soldats de l’Empire ne sont pas prêts de nous
trouver. On a bien 2 mois devant nous avant qu’ils sachent
comment entrer et arriver jusqu’ici ! ».
Le cuisinier fait une moue affichant un doute non
dissimulé :
« Je demande qu’à vous croire. Au fait ça sert à quoi la
perruque que vous avez sur la tête ? ».
10. 14
. Complotseden
John fait un sourire en lui montrant ce qu’il a récupéré
pendant le temps de surprise un peu prolongé de Gérard.
« A votre tour, prenez cette perruque et écoutez ce que je
vais vous dire… Cet objet… est la chose la plus élaborée de
ces 30 dernières années, un cerveau biochimique de dernière
génération, baptisé Cervoclonis par le président responsable
de ce site ! ».
En le disant, John positionne la machine sur la tête du
cuisinier…
« Je vais ressembler à Louis XIV, moi qui suis chauve
comme le cul d’un macaque… J’espère que ce bidule a des
recettes de cuisine ! ».
John ne peut s’empêcher de sourire aux remarques
saugrenues de Gérard.
« Gérard, je vois que vous savez considérer les choses
avec un humour que j’apprécie. Nous avons besoin de vous
comme cuisinier… mais si en plus vous nous faites oublier
par votre franc-parler les situations dramatiques que nous
vivons, cela sera parfait !!!
Hélas ! L’étendue de notre problème actuel se résume en
3 mots : plus… de… nourriture ! ».
Comme s’il avait d’un seul coup identifié un gros souci,
Gérard se tâte la panse et émet, avec une conviction
profonde, une phrase incongrue :
« Plutôt mourir, vous auriez dû me laisser là-haut… Mais
M Malicorn… la bouffe c’est le nerf de la guerre !…
Napoléon avait des cantinières, elles ne faisaient que la
tambouille et n’avaient que ça à faire… Les victuailles
étaient fournies tous les jours. Et vous me dites ça,
11. 15
. Complotseden
maintenant que je me suis fait mal aux jambes pour
descendre. Tout ça pour mourir à petits feux !!! A la fin…
qui va manger l’autre ?».
*
John, souriant, écoute pensivement en observant le
balancement de l’énorme ventre en besace de son
compagnon d’infortune… jusqu’à sa dernière phrase étrange,
révélatrice de son « anthropophagie » latente…
John le regarde droit dans les yeux. Jamais il n’avait pris
le temps de savoir les antécédents de cet homme jugé jovial
par tous…
« Alors vous êtes cannibale, M le cuisinier ? », dit John
avec un sourire forcé.
Gérard regarde fixement John quelques instants, ne relève
pas la phrase et se rend vers les étranges véhicules. John le
suit de quelques pas, se demandant de quel personnage il a
hérité…
*
Depuis l’attaque des forces de l’Empire, John avait eu
l’occasion d’avoir plusieurs fois des giclées d’adrénaline. Il
avait franchi avec l’aide d’Adam le singulier alias An Tehhai des obstacles qui lui paraissaient insurmontables... Sur
cette plateforme perdue sous la terre, John le bras droit du
président, se trouvait maintenant face à un drôle d’individu et
ne savait pas « sur quel pied danser ».
Le cuisinier et lui venaient de subir des chocs
émotionnels qui pouvaient les avoir perturbés, bien plus que
de petites peurs au quotidien !
*
12. 16
. Complotseden
Oubliant cette amorce de conflit, John contemple la masse
incroyable de la navette la plus proche de la sortie. Il se pose
les mêmes questions que James Dawsinger (l’un des 6
« chevaliers »), s’était posé quelques jours avant : comment y
pénétrer, comment faire ensuite… pour la conduire…
*
Heureusement, sur le site d’Atlantide, les 5 chevaliers
représentant tout le staff rapproché du président étaient
concentrés sur le challenge de John Malicorn et Gérard.
Le rapatriement paraissait difficile sans l’aide de James
Dawsinger, le conducteur de navettes. Il était actuellement
comme tous les autres chevaliers à 50 ou 100 kilomètres de
la 2ème plateforme, quelque part en dessous… sous la terre.
James Dawsinger possédait seul le pouvoir de mettre en
service et conduire les véhicules que John et le cuisinier
avaient en face d’eux. Il fallait que James sorte de la zone
d’Atlantide.
*
Pour regagner la navette royale stationnée sur le quai de la
base-vie proche de l’entrée des cent escaliers, il se passerait
au moins 4 jours de marche… plus le temps de retour vers la
2ème plateforme… solution à priori trop longue pour John et
le cuisinier, après un tel choc psychologique…
John Malicorn et Gérard devraient patienter sans eau et
sans nourriture avec le risque de conflit toujours présent. Une
seule solution semblait possible pour les libérer plus vite :
faire exploser les rocs empêchant le passage de la navette
royale
vers
Atlantide.
13.
14.
15. Chapitre 2 La route est dégagée !
Après une réunion animée entre les chevaliers, Aristide
Adhémar Prasigarett avait accepté la destruction des éboulis
de rocs qui avaient bloqué la navette royale stationnée sur le
quai de la base-vie.
La découverte d’une issue proche, quelques jours plus tôt,
avait conduit les 6 chevaliers à l’immense salle du conseil
(proche du socle de la balise et de la fontaine commune)…
Une salle féérique située sous la mer, dans le monde
d’Atlantide, ce lieu dont le président avait rêvé et où il avait
rejoint ses ancêtres d’une manière plus qu’originale…
Adam le Singulier l’immortel, devenu désormais le maître
de ces lieux, connaissait parfaitement l’agencement du
vaisseau qui l’avait transporté 62 millions d’années plus tôt,
ainsi que les aménagements de la zone Atlantide.
*
Alors que John Malicorn sur la seconde plateforme
cherchait des solutions pour conduire la 2ème navette, la
décision venait d’être prise de détruire l’éboulement qui
empêchait la navette de regagner vraisemblablement l’accès
direct à l’Atlantide… où se trouvaient les 6 chevaliers…
*
16. 20
. Complotseden
John Aliwan, Ali Khoury, John Artus, restés à la base-vie
du bas du vaisseau Atlantis, viennent de recevoir les
instructions de destruction des éboulis.
Aliwan s’empare avec précaution des charges d’explosif
et commence la pose en trois endroits équidistants. Tenant
compte de la proximité de la navette, Artus et Ali Khoury
positionnent des écrans de matière souple capables d’amortir
les projectiles de rocs.
Tout doit être fait sous 2 jours, gravats évacués, l’objectif
étant de parvenir sur la 2ème plateforme où se trouve
prisonnier John et le cuisinier le troisième jour au plus tard.
Aliwan positionne ses charges dans certaines alvéoles qui
lui paraissent appropriées…
Il revient calmement en réfléchissant aux trajectoires
possibles des divers débris dont il pense avoir guidé
l’essentiel vers la carcasse de la navette. Il rejoint ses
collègues effrayés à l’intérieur de l’étrange engin.
Un échange bref avec ses compagnons d’infortune, et il
positionne la télécommande en direction des charges.
*
Trois lueurs éblouissantes, suivies d’un bruit incroyable,
précédant un souffle chaud ; des impacts de matières
résonnent et rebondissent faisant gicler des myriades
d’étincelles fugaces. Un impressionnant nuage de poussière
se diffuse dans l’immense caverne, s’incrustant sur les faces
de la navette, rendant l’intérieur complétement opaque...
Des odeurs soufrées se répandent ensuite, prenant le
cheminement du nez de chacun après que les vibrations aient
assourdi leur conduit auditif.
17. 21
. Complotseden
Un silence impressionnant vient de suivre ce feu
d’artifice, les poussières viennent d’être avalées par
l’immense conduit quasi-vertical qui rejoint la deuxième
plateforme.
*
Ils se regardent hébétés, et se dirigent vers la sortie de la
navette… Un immense travail les attend.
*
Avant toute chose John Aliwan doit observer l’autre côté
du chambardement. Ali et John Artus l’ont précédé et ont
sauté sur les blocs épars, franchissant lestement la zone
éboulée.
Un tunnel aux dimensions démesurées, de structure
identique aux conduits déjà parcourus, se présente à leurs
yeux incrédules.
Aliwan analyse les risques présentés par la voûte dont
d’innombrables fissures parcourent la surface.
Les faisceaux de leurs lampes s’incrustent dans l’espace
supérieur du chamboulement et découvrent la présence de
l’immense fracture apparue lors du séisme. Les lèvres des
fissures semblent s’être ressoudées, sûrement par le poids des
milliards de mètre-cubes de rocs dans lesquels le vaisseau au
cours de son impact avait frayé son chemin.
*
Ali Khoury observe le tunnel, regarde ses compagnons, se
posant sûrement la question de sa présence ici. Il se réserve
pour le fondement de son métier ; guérir les maux de l’esprit.
Il le fera lors de sa future rencontre avec Malicorn et le
cuisinier.
18. 22
. Complotseden
Il ne peut s’empêcher de poser la question qui lui brûle les
lèvres :
« Tenant compte de ce que vous avez vu, dans combien de
temps allons-nous récupérer nos deux amis sur la plateforme,
sachant que les armées qui occupent le site doivent être déjà
dans la caverne du QG… et projeter des actions dont nous
n’avons aucune idée de la teneur et de l’intensité ? ».
Ali reprend inquiet :
« Je vous vois perplexes et interrogatifs, que se passe-til ? ».
Le premier, Aliwan, précise que les travaux de
déblaiement seront possibles dans les délais impartis, mais le
problème réside dans la distance que la navette devra
franchir sans rails… Il enchaine aussitôt :
« Une chose est certaine : nous allons avoir à couper,
souder et dessouder les rails… et il est probable que quelques
centimètres manquent. ».
John Artus complémente les explications d’Aliwan et dit
avec un brin d’inquiétude :
« Aliwan vient de faire un broadcasting vers le fond
d’Atlantide, mais An Teh hai ne porte plus Cervoclonis ! ».
*
Ali Khoury, ni d’ailleurs Artus et Aliwan, n’avaient vécu
la prise de pouvoir d’Adam le Singulier alias An Teh-hai
l’immortel, devenu lui-même un géant. Tenant compte de sa
nouvelle condition il n’avait plus de machine biochimique ;
plus besoin de Cervoclonis !
John Artus continue :
« J’ai peur que nous ne puissions l’atteindre. ».
19. 23
. Complotseden
*
Non seulement An Teh-hai l’immortel recevait les
messages, mais il allait leur apporter une solution
rapidement !
*
Artus et Aliwan ainsi qu’Ali viennent de capter le
message d’An Teh-hai quasi-simultanément à leur
questionnement.
D’une voix impersonnelle il s’exprime, protecteur et
condescendant :
« N’ayez plus peur, créatures imparfaites, croyez-vous que
nous ayons franchi toutes ces étapes, pour que vous périssiez
ainsi ? ».
Un silence lourd et craintif s’établit aussitôt. An Teh-hai
reprend :
« Les réparations de toutes les machines se faisaient dans
un atelier situé 200 mètres après la zone d’incident… Tout
doit être en état ! A vous de travailler et de revenir chercher
James Dawsinger lorsque le passage sera libre. Je vous
guiderai en temps utile. ».
*
Aliwan et Artus parcourent les premiers mètres du tunnel
découverts à la suite des 3 explosions, et trouvent, juste après
une légère courbe, le lieu dont a parlé An Teh-hai. Un
nouveau problème apparaît alors. Comment pénétrer à
l’intérieur ? Où sont les clés… qui y a accès ?
L’équipe du président une fois de plus se trouve
confrontée à la résolution de problèmes qui les dépassent.
Pour aller chercher John et le cuisinier sur la 2ème
20. 24
. Complotseden
plateforme il faut notamment : accéder à l’atelier, évacuer les
gravats, réparer les rails de guidage, manœuvrer la première
navette (impossible) … ensuite aller chercher Eon
(impossible sans la navette)…
Les 3 rescapés de la base-vie, en plus des problèmes
identifiés, se devaient d’approvisionner au plus vite en eau le
groupe aqua-synthétique de la base-vie…
Il avait été question, lors de la dernière réunion
d’information du président, de se nourrir de substances
d’origine aquatique…
*
Deux petits détails d’une extrême importance avaient
modifié tout le système bien élaboré d’Aristide Adhémar
Prasigarett : l’abandon de la moitié de son équipe et
l’intervention punitive brutale des armées d’Empires !
*
Sans informer les chevaliers des raisons de son départ,
Adam le Singulier alias An Teh-hai vient de disparaître dans
le labyrinthe conduisant à la fontaine commune, accompagné
de James Dawsinger.
James n’avait jamais franchi ces lieux sinon au travers des
géants recréés par Takamaki et des machines (Cervoclonis)
installées sur ces derniers… La reprise de contact à travers la
balise vers le Grand Organisateur s’était terminée par… la
destruction de 5 géants « n’appartenant pas à sa
création !!! ».
*
James et le géant Adam le Singulier, venaient de se
positionner auprès de la balise céleste reposant sur son
21. 25
. Complotseden
piédestal… Très proche, la fontaine commune où murmurait
une source d’eau vive, bruissait dans un silence religieux.
Adam touche la balise… Un éclair en jaillit et une voix
sourde rompt le silence… Adam fait une génuflexion pour
montrer sa soumission, James surprit en fait autant.
« Qu’il se baigne dans la source… et qu’il jure toute sa vie
de vous obéir, Adam le Singulier… Cet être s’appelle
maintenant : « Eon le Grand », le conducteur de mes
navettes…
Ce monde qui s’appelle Terre vient de franchir une étape
vers sa rédemption… ».
*
James venait de franchir l’étape que seul An Teh-hai avait
passée pour devenir Adam le Singulier, ce géant magnanime
avec les petites créatures humaines.
James Dawsinger en devenant Eon le grand ne savait pas
que cette étape qui le rendait fort et très performant ne
durerait que le temps de franchir les cent escaliers, conduire
la navette, sauver John et le cuisinier, revenir et accéder à
l’entrée normale d’Atlantide.
Seul Adam était géant et immortel, et le resterait.
*
De retour dans l’immense salle sous-marine du conseil
d’Atlantide, James, devenus Eon le Grand s’empare de son
barda, salue les 4 chevaliers et part en courant vers la basevie où John Artus, John Aliwan, et Ali Khoury cherchent à
résoudre leurs problèmes.
*
22. 26
. Complotseden
Sans nouvelles du président, Ali avait établi de son propre
chef, des relations avec la seconde plateforme…Il avait
calmé le cuisinier par l’intermédiaire de Cervoclonis.
La santé mentale du collaborateur principal du président,
John Malicorn, lui était apparue satisfaisante ; il avait
récupéré de ses émotions…
La notion du temps n’était précisée que par les indications
des montres de chacun. Nuits et jours de l’extérieur n’avaient
plus de signification, mais Ali Khoury le psychiatre
s’occupait de gérer le sommeil de ses compagnons à des
heures bien établies, les équipiers de la seconde plateforme
compris…
*
24 heures venaient de s’écouler depuis les explosions… Il
restait deux jours pour résoudre les équations posées, dont la
récupération des équipiers de la seconde plateforme.
Une présumée nuit venait de s’écouler pour les
compagnons de la base-vie.
*
Ali, le premier debout, regarde en se frottant les yeux
l’étendue des travaux à accomplir. Aucune nouvelle piste
pour résoudre les problèmes jugés impossible à démêler ! Il
les énumère mentalement à nouveau.
*
Alors qu’Ali retourne les problèmes dans tous les sens, il
aperçoit de l’autre côté de la navette une ombre démesurée
qui s’affiche en provenance du labyrinthe emprunté pour
rejoindre la salle sous-marine…
23. 27
. Complotseden
Impossible, encore une fois « impossible », ce mot
commençait à l’agacer !
L’ombre gigantesque précède l’apparition d’un corps
immense… Sa première pensée est pour le géant qui réside
encore dans un des containers… et qui se serait échappé…
Impossible, encore ce terme ! Il regarde à nouveau, mais
la chose apparue est déjà à quelques mètres de lui…
Impossible ! Ce géant n’est pas celui du container… Ali, pris
de panique, fait un geste puéril pour se protéger…
Artus et Aliwan sortent à leur tour à l’instant où la
créature s’adresse à Ali :
« Mon nom est Eon le Grand, je suis chargé de conduire la
navette royale et revenir chercher deux passagers de petite
taille sur la plateforme où se trouvent, en « léthargie », les
deux autres navettes… ».
Ali venait d’imaginer que ce géant, selon les informations
du président, devait être James Dawsinger…
Peu probable, peu imaginable, mais le but recherché
semblait résolu par ce colosse... Le président avait tout
raconté aux chevaliers, mais avait négligé ses proches
collaborateurs, ceux qui ne l’avaient pas abandonné. Les
événements devaient dépasser un entendement normal…
24. Chapitre 3 Souvenirs.
Eon le Grand ressent à nouveau l’excitation de la reprise
en main de cette étrange navette. Les images défilent dans
son esprit. Le grand chambardement venait de se produire
enfermant au sein d’Atlantide un peuple entier décimé
principalement par la déflagration ahurissante produite par
un séisme d’amplitude jamais atteinte. Le domicile du roi
était dans une zone protégée de même que tous les notables
du royaume.
Lui, Eon le Grand, en tant que conducteur de navette
royale, résidait dans cette aire. Le dernier roi d’Atlantide,
Gastrula le Preux, avait jugé l’événement suffisamment
important pour s’emparer de la balise céleste et ainsi la
préserver...
Eon se rappelait du dernier message transcrit avant de se
lancer, avec les quelques personnalités indemnes, dans cette
aventure que le roi qualifiait « d’humaine ».
« Qui que vous soyez, lorsque vous verrez ou entendrez ce
texte, l’univers aura engendré plus de matière qu’il n’en
existait à la période d’où nous nous adressons à vous.
Un immense et dernier tremblement de l’écorce terrestre a
mis à bas la source de notre puissante organisation.
Combien de rotations autour de son étoile laisseront
apparaître encore sur cette planète les ferments que nous
avons essaimés pour l’avenir ?
25. 29
. Complotseden
Tous nos savants et notre lignée complète sont prisonniers
au fond de cette terre ingrate.
Leur esprit et leur corps, privés du lien et de la fontaine
commune, s’étioleront peu à peu comme meurent les fleurs.
Plus jamais peut-être, ils ne reverront ces êtres humains
qu’ils ont engendrés.
Je me nomme Gastrula le Preux, roi de la dernière
génération d’Atlantis, le vaisseau enchâssé dans l’écrin de
cette terre inhospitalière, et voici ma bien aimée, Alinée la
Bienheureuse.
S’il est encore temps, délivrez mon peuple.
Mais, hélas, personne ne nous découvrira vivants, car le
chambardement a modifié la structure de cette immense
planète.
Nous pensions qu’elle était propice à nous recevoir, le
temps de réaliser le dessein du Grand Organisateur. Nous
nous étions trompés !
Nous avons bâti ailleurs de grands royaumes ! Autre part
que sur cette planète, sur d’autres galaxies, près d’autres
étoiles.
Jamais nous n’avions rompu notre liaison céleste !
Mon épouse et moi-même, ainsi que deux assesseurs,
avons été désignés pour laisser ce message et enseigner le
chemin pour rétablir la liaison avec le Grand Organisateur.
Nous avons été choisis pour continuer d’éduquer cette
terre et en cultiver le ferment sacré.
Redevenus mortels, faits de chair et d’esprit, nous devrons
perpétuer notre mémoire.
26. 30
. Complotseden
Nous engendrerons des enfants. Nous conduirons des
tribus, nous transmettrons la mémoire de notre peuple ; des
messagers porteront notre parole.
Un jour, ceux que nous aurons fécondés reviendront en ce
lieu.
Notre mode de communication se réalise normalement par
la pensée, ce message ne s’adresse plus à notre peuple, mais
à cette horde humaine. Nous utilisons pour votre
compréhension les ressources de notre apparence terrestre :
la voix et l’écriture.
Ce message lorsque vous le lirez utilise les moyens de
communication entre notre langage, des écritures simplifiées,
la mémoire céleste de ce vaisseau et des ondes émises qui,
sans fin, parcourent l’univers et… éternellement reviennent
en ce lieu.
Les pendules du temps tournant lentement, notre tâche
sera longue et ardue.
Un manuscrit, soigneusement préparé par nos deux
assesseurs, établira le lien initial.
Un long processus attirera en ces lieux ceux qui seront
désignés : le secret ne sera délivré qu’à eux et à leurs
serviteurs lorsque les temps seront venus…
6 chevaliers de fontaine commune, casqués, munis du
céleste sésame, s’enfonceront sous la voûte ; ils seront
accompagnés d’autant de serviteurs.
Le temps alors, suspendra son cours ; pour retrouver sa
source, il inversera sa spirale.
Ils découvriront le manuscrit, la balise céleste et le secret
des clés.
27. 31
. Complotseden
Ils parcourront les cent escaliers !
Des messages évanescents jalonneront leur parcours.
A la fin de leur voyage, ils devront replacer la balise sur
son siège sacré…
Alors, tous ne seront plus qu’un, car c’est de l’amalgame
divin que jaillira la Vérité.
92 clés ouvriront alors 92 issues pour l’éternité. ».
*
Eon essaie de se souvenir de son séjour sur cette Terre,
mais ses souvenirs sont perdus infiniment loin dans le
passé… il sait que tout peut revenir au fil des jours à venir.
Il avait abandonné ses proches au fond d’Atlantide pour
secourir la famille royale. Il s’en souvient alors qu’il remet
en route l’étrange engin qui fait de nouveau ressentir la
puissance de ses compresseurs magnétiques… Ses souvenirs,
renaissant lentement, lui font essuyer une larme.
*
Du haut de son immense siège il fait signe à Ali Khoury
de venir à l’intérieur par la partie arrière de la navette.
En passant près d’Eon, Ali ne peut imaginer à quoi sont
occupées ses pensées, mais à travers son expression de
désespoir il a compris le brin d’humanité qui habitait cette
montagne de muscles.
Alors qu’à son tour, une somme de regrets et une partie de
désespoir prennent possession de son esprit, il s’apprête à
supporter la poussée de montée jamais encore subie…
28. Chapitre 4 Sauvetage.
Lors de l’arrivée de la navette, effrayé par les
grondements venant du sous-sol, Gérard le cuisinier avait
couru vers l’escalier de jonction à la bibliothèque et
commencé une fuite déraisonnée. Complétement affolé, il
s’était retourné un instant pour dire à John de le suivre. Ce
dernier ne bougeant pas de la zone des navettes, le cuisinier
s’était arrêté, la moitié du corps engagé vers l’entrée de
l’escalier.
John, lui, avait gardé Cervoclonis, et était donc au courant
de l’arrivée de ses collègues. Personne n’avait osé lui dire
que James Dawsinger était devenu Eon le Grand à part
entière.
*
Le nez de la navette, émergeant brutalement des 16 parties
de plateformes pointées verticalement vers un ciel qu’il ne
pensait plus voir, avait paralysé les mouvements du cuisinier.
L’apparition complète de la navette, s’élevant
majestueusement sur ses ergots magnétiques, achevait de
s’ajouter à ses émotions.
*
Une déflagration sourde, à peine perçue, puis une seconde,
plus forte, venaient de la zone de l’escalier où il se tenait.
Childéric et Luan avaient pénétré dans la nécropole des rois
29. 33
. Complotseden
d’Atlantide par une entrée proche de cet escalier ! Ce bruit
ahurissant avait poussé Gérard à revenir sur ses pas.
En revenant hâtivement vers la navette royale, pointant
fixement son index vers l’escalier qu’il venait de quitter, il
bute dans un sac laissé sur le sol et tombe brutalement en
criant :
« Boudiou ça chauffe dehors ils sont sous l’escalier…
putain... ça explose dans tous les coins… M Malicorn, ils
arrivent, il faut se tirer d’ici ! Fissa… Vingt dieux ça
canarde… ».
Se relevant, une plaie saignant abondamment il arrive en
clopinant, pathétique, les mains se frappant le front :
« John, par pitié, dites au Bon Dieu que j’ai rien fait
d’autre que d’être un bon cuisinier… c’est quoi tout ce qu’il
nous arrive ? ».
Arrivé finalement à l’aire des navettes, il lève les yeux, et,
voyant Ali Khoury le psychiatre, lui dit :
« Ça y est… je suis fou, vous venez pour m’interner ?
J’espère que vous avez amené de quoi boire et manger ? ».
Ali ne l’écoute pas, il lui pose une question sans rapport
avec son souci :
« Que criiez-vous en venant vers nous, vous vous êtes
écroulé … nous n’avons rien compris ? ».
Gérard le cuisinier ne pensait qu’à manger et il avait
oublié l’objet de sa panique…
« S’il vous plaît M Khoury ? De l’eau et une bonne
tranche de jambon sur du pain tout chaud et finalement après
tout ce qu’on a vécu… avec un petit coup de rouquin, s’il
vous plaît… après je vous répondrai. ».
30. 34
. Complotseden
Son regard suppliant se transforme, et à nouveau la peur
qui venait à peine de le quitter se réinstalle !
« Là, là… ». La sueur se met à couler sur son visage ingrat
et bouffi.
« Derrière vous ! Ils sont déjà là… d’où je viens, ils y sont
aussi, mais pas aussi près ! Pourvu qu’ils ne soient pas tous
comme celui-ci ! ».
Ali se retourne et comprend la panique du cuisinier :
« C’est James Dawsinger, ne craignez rien ! Par contre de
qui parliez-vous en arrivant de l’escalier ? ».
Gérard ne comprend plus rien et s’écroule. John se
précipite et lui applique plusieurs claques brutales en pensant
à l’uppercut reçu…
« Il ne manquait plus que ça ! », s’exclame t’il.
Ali alerté par les derniers propos du cuisinier se dirige
vers l’escalier qui conduit à la bibliothèque. Des chocs et des
bruits de marteaux piqueurs viennent de cet endroit…
Il décide d’appeler le président pour savoir à quoi
correspond cette zone.
Il reçoit une réponse angoissée immédiate…
« Ils ont trouvé le point faible ! En 4 jours… Nous avons
été trahis par l’entreprise qui a travaillé sur le percement vers
la nécropole… Croyez-moi déguerpissez au plus vite, ils
vont entrer d’un instant à l’autre… Fuyez, si vous avez
récupéré John et le cuisinier, laissez les deux navettes et
piégez-les tant qu’Eon le Grand est ici. C’est la pire des
catastrophes, ils vont nous retrouver ! ».
*
31. 35
. Complotseden
Jamais Ali Khoury n’avait vu le président prendre des
décisions aussi hâtives. Le danger existait sûrement et Ali
découvrait instant après instant ce que certains connaissaient
déjà. Mais cinq des chevaliers étaient en Atlantide… Près de
leurs rêves, proches de leurs ancêtres, prêts à relancer la
pendule du temps dans un monde en folie où l’homme
n’avait plus conscience de son passé et vivait un présent où
l’amour avait été galvaudé, oublié, où les êtres étaient
devenus égoïstes, la famille disloquée…
*
Ce que le président lui avait dit l’avait anéanti l’espace de
quelques minutes. Imaginer que tout ce que le président avait
échafaudé, bâti, découvert, rêvé pouvait s’écrouler là en
quelques instants…
*
De son côté le cuisinier essaie de réaliser ce qu’il arrive,
mais il ne connaît rien d’autre que la faim et la soif qui
vrillent ses entrailles. Sa pensée ne peut franchir cette
muraille.
Lorsqu’il découvrira que les nourritures stockées dans le
centre de vie du bas du vaisseau ne sont que des magmas
protéinés, glucidés, sans saveur… quelle sera sa réaction ?
John lui aussi a faim et soif, mais sa vie dans ce monde
néo-individualiste l’a habitué à de la nourriture insipide…
Lorsqu’il s’aperçoit du retour à la conscience de son
compagnon d’infortune, il l’invite sur une table improvisée…
Gérard s’approche de John et s’assoit, regarde d’un œil
désabusé ce qui lui est proposé et d’une petite voix dit
« merci ».
32. 36
. Complotseden
Ali qui observe ses deux collègues constate que Gérard est
au bout de ses forces. Poursuivre une aventure, largement
modifiée par des évènements incroyables, avec des personnes
à bout de souffle, paraissait dangereux pour le reste de
l’équipe…
Il n’aurait sûrement pas le temps de s’occuper de Gérard
comme de Luan ou du président. Comment le cuisinier allaitil se comporter à la découverte de l’autre géant du container,
de la base-vie et ses nourritures insipides ? Comment allait-il
supporter les jours de « disette », puis la prise de conscience
aux abords d’Atlantide des futures aventures et découvertes
permettant l’accès aux cinq chevaliers enfermés dans la salle
sous-marine ?
*
Profitant d’un instant où John est près du géant, fort de ces
informations dramatiques à court terme, Ali les informe de ce
qu’il vient d’apprendre du président : à savoir la profanation
de la nécropole.
En apprenant cette nouvelle, Eon contenant une douleur
insupportable s’éloigne comme un fou vers la zone de
l’escalier. Une souffrance indicible, empreinte sur son visage
normalement impénétrable, lui fait lâcher un cri de toute la
force de ses tripes gigantesques. En courant il se retourne et
lâche cet anathème :
« Personne ne peut profaner les lieux où sont enterrés mes
ancêtres, une telle action ne peut avoir que la mort comme
punition !!! Protégez-vous dans la navette, je reviens, je ne
serais pas longtemps absent, sauf si je dois me sacrifier pour
que la Terre ait une renaissance. ».
33. 37
. Complotseden
*
Le cuisinier énervé ne comprend plus rien et prononce une
phrase totalement décalée…
« On dirait Zorro en plus gros… si il meurt… on est
encore plus dans la merde. On y est déjà… mais il faudrait
qu’il se bouge les fesses. ? Parce que moi j’en ai marre de
bouffer du chimique ! ».
John et Ali haussent les épaules, débutant un semblant de
rictus amusé, mais très vite ils comprennent la pertinence de
la phrase de Gérard. Que voulait faire Eon, qu’allait-il
accomplir ?
Alors qu’ils se posaient la question de savoir comment
s’en tirer sans Eon, dans la pire des hypothèses, un immense
tremblement ébranle les parois du vaisseau Atlantis.
Il réalise le sens de la phrase du géant Eon :
«Protégez-vous dans la navette !!! ».
Ils s’y précipitent et viennent à peine d’y pénétrer, qu’un
bruit apocalyptique les secoue pendant au moins 10
secondes. Tous sont devenus sourds, mais ils sont loin
d’imaginer ce qui s’est passé.
*
Adam le Singulier, sous la coupole d’Atlantide, était au
courant seconde après seconde de la situation. En apprenant
la profanation de la nécropole, il avait précisé à Eon ce qu’il
devait faire… Jamais depuis les décès de Gastrula le Preux et
Alinée la Bienheureuse, personne n’avait imaginé
l’utilisation de la puissance du Grand Organisateur. Cette
idée était impossible à mettre en œuvre sans l’aide de la
34. 38
. Complotseden
balise céleste. Le sésame était désormais revenu à son lieu
d’origine, près de la fontaine commune.
*
Rien n’aurait été possible si le président n’avait mis en
œuvre ce plan démentiel avec Cervoclonis et le dôme
gigantesque de recréation des vies inventé par Takamaki
alias Esus, et les autres chevaliers.
Eon avait appelé cette force qui avait créée l’univers. Au
travers d’Adam le Singulier l’immortel, le céleste sésame
avait canalisé sa vengeance sur les envahisseurs du site du
mont Laoshan.
Comme pour Sodome et Gomorrhe, les feux du ciel
étaient venus frapper chaque assaillant, et en premier, ceux
qui avaient profané les dépouilles mortelles des bâtisseurs de
la Terre.
35. Chapitre 5 Epuration !
L’explosion avait fait trembler le vaisseau Atlantis, ainsi
que les navettes…
Un silence impressionnant venait de s’installer après que
la Terre ait secoué le vaisseau Atlantis et les navettes de la
2ème plateforme.
Eon le Grand avait rempli sa mission, mais seuls les cinq
autres chevaliers le savaient. A son retour, son pas calme et
son regard apaisé avaient surpris les 3 membres de l’équipe
du président présents sur la plateforme !
*
Sans aucun commentaire il s’installe aux commandes de
la navette royale. Il est heureux d’avoir accompli le plan
d’Adam le Singulier. De nouveaux voyages seront possibles
désormais, peut-être jusqu’à la 1ère plateforme, laquelle
avait été abandonnée suite au chambardement.
Cet événement démentiel avait détruit tout le ferment de
l’Atlantide, et à cause de ce cataclysme ceux qui avaient été
sauvés n’avaient eu d’autre choix que de développer leur
présence sur la Terre… Mais la majeure partie de leurs
pouvoirs avait été perdue par l’abandon de la fontaine
commune et l’éloignement de la balise.
Depuis l’arrivée de l’accident du chambardement leur
esprit et leur corps s’étaient étiolés… Ils étaient devenus, au
36. 40
. Complotseden
fur et à mesure du passage des mois, des années, des
décennies, des centaines d’années, des millénaires, peu à peu
de la taille de ceux qu’ils avaient éduqués…
Seul, Adam le Singulier l’immortel, avait gardé les traces
de l’esprit depuis l’origine d’Atlantide, jusqu’à l’arrivée
fortuite du président et son équipe au sommet du mont
Laoshan... Le destin, le hasard et la science, s’étaient enfin
rencontrés, près de 62 millions d’années plus tard...
*
Eon, alias James Dawsinger, constate que ses souvenirs
reviennent lentement, il a oublié qu’il vit en 2080 ; ses
pensées sont celles de son ancêtre. Il appuie résolument sur
le manche qui déclenche la puissance de son compresseur
magnétique. Un voyage de plus dans lequel son intervention
aura été fondamentale !
La navette suit le cheminement de ses 2 rails et plus que
d’habitude, il s’inquiète des tunnels latéraux dont il ne se
servait que rarement.
Il les avait utilisés pour que certains prêtres d’Atlantide
apparaissent mystérieusement et sortent en des lieux où, plus
tard les croyances les vénèreraient : 9 palais, 8 temples et 72
couvents taoïstes, qui se sont retrouvés comme par hasard sur
les flancs du mont Laoshan, le mont où résidaient les
immortels…
*
Eon allume les phares de la navette royale à l’approche de
la base-vie, puis s’arrête devant la zone où Aliwan a
déclenché les explosions libératrices…
37. 41
. Complotseden
Alerté par les faisceaux des projecteurs, Aliwan et Artus
abandonnent les travaux de déblaiement en cours et viennent
accueillir Ali Khoury, John Malicorn, et finalement Gérard le
cuisinier, descendant avec difficulté,
Eon arrête le compresseur magnétique, et saute sur le quai.
La deuxième partie de sa mission vient d’être accomplie.
*
En quittant le site, le président et ses chevaliers s’étaient
munis des fameuses 92 clés dont l’usage se dévoilait avec le
déroulement des besoins et des événements.
Des utilisations avaient été liées de manière indissociable
avec la balise et son porteur : l’entrée du grand escalier en
sortie de l’immense caverne du QG technique, l’entrée de la
bibliothèque pré-sumérienne, l’entrée de l’escalier de liaison
vers la deuxième plateforme, l’entrée de l’accès vers la
« cathédrale » après l’arrivée sur le quai de la base-vie
actuelle, la clé nécessaire à l’entrée des cent escaliers…
87 autres clés restaient donc, dont l’usage se faisait
seulement par la qualification de la personne qui en avait
acquis l’autorisation.
Eon le Grand, en tant que pilote de la navette royale, avait
le droit d'utilisation de l’atelier de réparation des navettes.
*
A peine arrivé sur le quai, il se dirige naturellement vers
ce lieu. En se faufilant parmi les débris encore épars, il fait
signe à Artus et Aliwan de l’accompagner.
*
38. 42
. Complotseden
Trois jours après le retour de la 2ème plateforme, Eon et
l’équipe du président se préparent à pénétrer dans la navette
royale. Les rails ont été réparés, les gravats entassés…
*
La discussion qui vient d’être établie avec Adam le
Singulier ne résout pas les problèmes d’Eon le Grand.
Plusieurs de ses souvenirs semblent absents pour se lancer
sans danger dans l'équipée suivante : rejoindre les cinq
chevaliers sous la coupole d’Atlantide, dans la salle du
conseil…
La durée du déblaiement ne s’était pas passée selon la
planification…
Pourtant il s’était baigné dans la source de la fontaine
commune. Comme Adam le Singulier, James Dawsinger
avait franchi les barrières du temps et était devenu Eon le
Grand, le géant.
Adam, lui, était immortel, il tirait sa force de la balise, ce
qui n’était pas le cas d’Eon… de plus Adam était dans la
zone Atlantide, proche du sésame…
*
Ali Khoury observait et devinait à leurs mimiques les
échanges mentaux qui devaient se faire entre les deux
chevaliers. Une évidence venait de lui sauter aux yeux :
pourquoi Eon, alias James Dawsinger n’avait-il pas amené
Cervoclonis, sa machine ?
Devant cette certitude, saisissant sa propre machine il
établit la liaison avec le président. Sûr de son analyse Ali
Khoury assaille instantanément le président :
39. 43
. Complotseden
« Si Eon le Grand est bien James Dawsinger, et vous êtes
le seul à le savoir, président… pourquoi l’avez-vous laissé
partir sans sa machine ?».
Ali ressent à travers le silence d’Aristide Adhémar
Prasigarett que la réponse est gênante…
Ce calme se poursuit, laissant à leurs deux machines le
temps de faire un travail qui les dépasse. Adam l’immortel
ou le président auraient-ils pris leur désir pour des réalités ?
Peu probable… La notion de la durée entre la période
d’Adam et celle actuelle était-elle différente ?
Ali attend, le concept du temps en Orient est différent…
Celui d’Allah n’a pas d’importance…
Mais le président, celui qui a déplacé des montagnes en
permanence pour faire aboutir son projet, ne sait plus quoi
dire, sauf une pensée puérile sans consistance qu’il lâche,
impuissant.
« Vous le savez, le maître des lieux c’est Adam…Ici, dans
Atlantide, je ne suis qu’un des six chevaliers…
Je suis d’accord, il aurait dû penser à la machine… ».
Abasourdi par cette réponse, Ali ne peut que répondre en
baissant les bras devant cette surprenante vérité :
« Mais que fait-on alors ? ».
Reprenant sur lui, le président ne voit qu’une solution :
aller à la source, solliciter la balise, se baigner dans la source
de la fontaine commune, re-parcourir les 100 escaliers…
*
« Que de temps perdu en tergiversations ! », pensent
anxieusement les équipiers du président…
40. 44
. Complotseden
Mais de quel temps est-il question ? Celui qui règle
l’estomac de Gérard le cuisinier, qui apparaît toujours aussi
inconsistant et perdu devant ce qu’il découvre ? Celui
d’Adam, face à son éternité ? Celui d’Aliwan et Ali, réglé
par Allah ? Celui de Childéric et Luan, éperdus d’amour ?
Celui d’Eon, qui semble déjà compté ? Celui, actuel, du
président et de son bras droit John Malicorn qui ne contrôlent
plus rien ? Celui de Takamaki, qui sait le faire renaître dans
son laboratoire de Kyoto ? Celui d’Artus l’expert en
astronomie, qui devait prévoir celui des étoiles ?
*
Avec les heures et les jours qui s’égrènent le cuisinier
recommence ses gémissements… Ali l’observe à
nouveau…Depuis la veille il s’est installé sur un grabat près
de la navette royale dans l’attente de quoi ? Le regard est
vide… comme son ventre rebondi ; des bruits continus de
gargouillements stomacaux perturbent le silence. Il semble
dormir, blême…
Des grommellements ont précédé les geignements, des
grognements animaux, proches de feulements de lion
viennent à l’instant de faire vibrer l’air...
John Malicorn, déjà confronté depuis plusieurs jours au
cuisinier, pense à la réflexion de ce dernier :
« A la fin, alors qui va manger l’autre !!! ».
Malgré lui il frémit…
Bien sûr il n’est plus seul, mais des exemples de situations
extrêmes comme celles-ci avaient conduit à du
cannibalisme…
41. 45
. Complotseden
Le cuisinier présentait au fur et à mesure, des signes
inquiétants, comme s’il remontait le temps et se retrouvait à
l’époque des hommes des cavernes.
La présence en ces lieux préhistoriques, lui qui était
fragile, ne lui faisait-elle pas accomplir un retour dans un
passé lointain par le biais de Cervoclonis ? Cette idée
traverse l’esprit d’Ali… il s’approche de Gérard et lui retire
la machine…
*
Sur certains esprits simples, dans cette zone perdue au
fond de la Terre, la machine ne présentait-t’elle pas un
dysfonctionnement ?
Ali soumet immédiatement cette idée farfelue au
président. Sans attendre, ce dernier lui apporte une réponse
inattendue…
« Ali, Cervoclonis devient trop humain. Vous le savez,
Childéric et Luan ont pu le constater, la fameuse fonction
d’autocréation peut conduire à des analyses conduisant à la
prise en compte de l’amour, de la compassion, de la peur…
Cervoclonis, en s’implantant dans chacun de nous, je le
pense maintenant, peut en intégrer le pire : nos cauchemars,
nos pulsions, et ressortir des émotions ou des envies dans les
pires des registres : sexuels, besoin de tuer, cannibalisme…
Ceci pourrait expliquer le comportement surprenant du
cuisinier.
Vous avez bien réagi en lui supprimant la machine.
Oui… Ali, je le pense vraiment, Cervoclonis peut agir
comme ça ; je crois aussi qu’Adam en a conscience…
42. 46
. Complotseden
Nous allons avoir à faire des choix pertinents à chaque
nouvelle situation… ».
Ali réalise que la gestion du temps, celui des hommes
mais aussi des machines, va être fondamentale dans la suite
des événements.
« Imaginez-vous… vraiment, dans vos raisonnements, ce
que vous venez de me dire !!! », dit Ali le psychiatre, en
repensant aux schémas mentaux affectés à la machine au
moment des études… Il en avait été le chef de projet.
Le président lui répond sans hésitation, légèrement
excédé : « Evidemment, je suis tout de même le concepteur,
l’auriez-vous oublié M Khoury, il ne s’agit pas d’un défaut
de « hardware » mais bien un défaut qui a trait au
comportement de la « programmation » de la matière
biochimique, donc de votre boulot ! ».
*
Ali Khoury s’aperçoit qu’il a atteint Aristide Adhémar
Prasigarett au plus profond de son puissant égo… Il pense
qu’en restant en retrait, la colère montante du président va
s’arrêter toute seule. Ali a conscience que plusieurs fois déjà,
il a été obligé de modifier les protocoles de la machine dans
des situations particulièrement stratégiques : lors du réveil du
géant Eon dans le container au début de l’aventure, lors de la
perte de conscience de Luan, lors de la tentative de suicide
du président…
3
dysfonctionnements
majeurs
sont
arrivés
incontestablement dans des conditions dangereuses…
43. 47
. Complotseden
La critique du président est aisée, mais Ali a envie de lui
rappeler qu’il a découvert tardivement le but final de sa
mission et qu’il a été écarté des chevaliers.
Vexé à son tour au plus profond de lui-même, Ali perd sa
retenue habituelle. Il lance hargneusement au président cette
remarque directe, sans sous-entendu :
« M Aristide Adhémar Prasigarett vous êtes le concepteur
d’un projet dont la finalité n’était connue que de vous… Pour
l’extension neuronale vous m’en avez confié les études, mais
sur un cahier des charges rédigé par vous-même !!! J’ai suivi
pas à pas vos directives… Désolé mais vous êtes le premier
coupable d’avoir fait concevoir des « programmations pour
des jeux » alors que votre but avait trait à un type d’études et
de conceptions
de niveau « fiabilité médicale » !!!
Débrouillez-vous avec Adam pour résoudre vos problèmes
métaphysiques… Vous nous avez tous mis dans la merde ! ».
Jamais Ali n’avait franchi ces limites avec quiconque. A
cet instant, il se moquait de la portée de ses propos… Il en
avait marre de supporter les autres, de les soigner, de les
guérir… Pourquoi s’encombrer d’un cuisinier débile ?
*
Le niveau de discussion âpre entre Ali et le président
devait se résoudre… Le président devait s’occuper avant tout
du problème de la sauvegarde de l’ensemble de l’équipe…
*
Adam interrompt brutalement sa relation avec Eon,
bloque la colère d’Ali en rompant la liaison cervoclonique
pour partir avec le président dans le labyrinthe conduisant à
la balise…
44. 48
. Complotseden
Le président devait se baigner dans la source et recevoir
l’assentiment du Grand Organisateur, puis devenir le corps et
l’esprit d’Alexus, et transporter sa machine (Cervoclonis) et
celle d’Eon à la base-vie, où ses équipiers vivaient des
situations impossibles…
45. Chapitre 6 L’Empire contre-attaque !
« Bon sang mais où sont passées les troupes que nous
avons envoyées sur le mont Laoshan, elles ne peuvent pas
avoir été pulvérisées… Je suis entouré d’une bande
d’incapables… ».
Stephen Richer, général 5 étoiles, coordinateur des actions
militaires des Empires, venait, en présence de son équipe de
crise de vérifier plusieurs fois les images satellites de la zone
où avaient pris pied 3 brigades de 20 hommes aguerris,
spécialisés dans les tâches relatives aux actions terroristes.
Toute action était jugée terroriste si des atteintes étaient
perpétrées contre les règles du monde néo-individualiste :
- entrées de semences illicites hors standard,
- fraude sur la nourriture,
- grèves imprévues mettant en cause les règles
déontologiques clairement exprimées,
- conspirations en vue de rétablir des sectes religieuses…
La liste était longue, de plus en plus mystérieuse…
*
Les visages rouges, les yeux fatigués de ses
collaborateurs, reflétaient les émotions et surtout
l’incompréhension qui habitaient chacun d’eux.
Jamais une telle chose ne s’était produite.
46. 50
. Complotseden
Jetant sa casquette sur la table de réunion, il s’éponge le
visage en tremblant et regarde à nouveau les photos du
champ de bataille. Il n’avait pas imaginé qu’une telle
catastrophe puisse se produire sous son commandement…
Recherchant d’autres responsabilités que la sienne, il
foudroie du regard son collaborateur direct dans le rang
inférieur, et demande sans conviction mais d’une voix forte
qui résonne dans l’immense salle de débriefing…
« Colonel, rappelez-moi à nouveau pour quelles raisons
nous avons reçu cet ordre de cette mission… Qui a signé le
document ? Où se trouve ce document ? ».
Un instant déstabilisé par la perspective de la mort
probable de 60 de ses meilleurs experts, son bras droit
cherche la définition de l’ordre de mission… Il le ressort et le
brandit devant son supérieur et se lance dans sa lecture…
Il est clairement notifié :
« Lors d’une mission dans l’est de l’Empire du Levant,
3 avions de dernière génération ont identifié des travaux
étranges exécutés dans une des régions laissée il y a 40 ans
entre les mains de rebelles taoïstes… (après plus de 5 ans de
combats, un ordre venant de nos autorités avait arrêté les
hostilités et laissé le champ libre à cette zone au sommet du
mont Laoshan).
Parallèlement à cette mission, 2 dénonciations de
personnes ayant travaillé sur ce site récemment ont précisé
qu’une nécropole avait été mise à jour, et que de lourds
travaux de terrassement mystérieux avaient été accomplis…
47. 51
. Complotseden
De même, des transporteurs ayant monopolisé les plus
grosses de nos navettes ont signalé des containers hors
gabarits…
Des ingénieurs ayant travaillé sur ce site ont fait part de
présence de « géants »…, de nourritures interdites en
importation illicite…
Le président de la plus grosse multinationale ERT a
investi des capitaux énormes sur ce site sans raisons
plausibles ou connues.
En conséquence ces actes sont considérés comme une
recherche délibérée de déstabilisation de notre système de
valeurs.
Tenant compte de ces faits, 3 brigades investiront ce site
avec pour 1er ordre sans sommation, la destruction totale par
bombardement et assainissement par la suite, par les
troupes. ».
*
La dernière phrase rebondit dans l’esprit du général, qui,
sans conviction, vient de trouver une faille sur l’ordre de
mission. Il grommelle faisant une mimique de dédain :
« Encore un de ces petits gratte-papiers qui savent
tout… Cet ordre aurait dû vous interpeller, officier, la
stratégie et les moyens c’est nous qui les définissons, pas les
ronds-de-cuir… ».
*
Avec une mauvaise foi évidente, il se conforte dans son
analyse en regardant les autres officiers présents, qui opinant
de la tête, confirment ainsi son propos, à l’exception de l’un
d’entre eux.
48. 52
. Complotseden
Stephen Richer s’adresse avec autorité à son adjoint :
« Colonel, vous avez commis une erreur monumentale en
ne demandant pas plus d’informations… En tant que votre
supérieur je suis obligé de vous couvrir et d’endosser une
partie de la responsabilité, car vous le remarquerez le
document est notamment signé… par moi !!! ».
De rage, il jette le papier en beuglant :
« Vous êtes tous des incapables, que vous faut-il de plus
que des armes de dernière génération ? Vous rendez vous
compte que l’union des 3 Empires n’a plus d’ennemis
militaires… à part des pays sans aucune richesses, sinon
celles que nos multinationales exploitent chez eux : plus de
guerres depuis 2040 date à laquelle nos forces d’Empires ont
signés des pactes de non-agression financière et militaire
avec des dizaines de sous pays sans avenir, dirigés par des
fantoches… ».
Il continue observant les réactions de ses officiers…
« Vous êtes tous des soldats de pacotille, vous ne savez
pas ce que c’est… une vrai bataille avec de véritables
ennemis… ».
Courroucé au plus haut point par ces accusations graves et
offensantes, l’un des officiers se lève, prend la parole sans la
demander.
« Mon général, vos paroles me paraissent déplacées, nous
venons de perdre 60 de nos meilleurs militaires, et tout ce
que vous trouvez à dire, c’est des critiques sur tout le monde.
Vous êtes-vous rendu sur le site ? Qu’attendez-vous,
qu’avez-vous fait, au lieu de chercher des responsables ? ».
49. 53
. Complotseden
Interloqué par cette intervention véhémente, déstabilisé un
instant le général cherche un support dans la salle.
Il fait signe à un auxiliaire de sécurité et crie :
« Débarrassez-moi de… de… ».
Envahi de colère, bredouillant, il demande :
« Oui…oui… votre nom… lieutenant, je ferais un rapport
sur votre compte, vous semblez ignorer les règlements
militaires et le respect que l’on doit à ses officiers
supérieurs !!! ».
Le lieutenant interpelé braque son regard plein d’insolence
dans les yeux du général :
« Je suis le lieutenant Bracelin Jack, détaché de l’Empire
du Moyen-Orient. Trente de nos hommes ont été envoyés,
sans appréhender les risques, sur un site délaissé par les
générations qui ont précédé l’accord militaro-économique
des 3 Empires, sans envoyer d’espions pour évaluer les
risques. Vous ne savez que montrer votre inaptitude, votre
impuissance ? Nos experts sont-ils morts, oui ou non ? ».
Puis il reprend avec une moue marquant son mépris :
« Vous faites partie des personnages dont j’ai horreur… Je
vous ai interrompu et j’en suis fier… Ne prenez pas la peine
de faire un rapport ni de faire intervenir vos sbires de
sécurité ! ».
D’un geste dédaigneux il repousse le garde et se dirige
vers la sortie en explosant de ressentiment :
« Je quitte cette réunion dans laquelle pour moi… vous
n’avez plus votre place… notre état-major attend vos
explications…Mon général vous allez être cassé…
50. 54
. Complotseden
dégradé !!! Et je serai le premier à vous détruire vous êtes
d’une incompétence rare… ».
Abasourdi, le général essuie la sueur qui coule en rigoles
sur son visage blême… Il balaie d’un regard le reste des
officiers et déclare pitoyablement :
« Qui a permis à cet olibrius de partager cette réunion ? ».
Complétement déstabilisé, il s’appuie sur le rebord du
bureau ne pouvant plus que produire des onomatopées sans
aucun sens…
*
Alors que le lieutenant s’éloigne en claquant la porte, le
général reprenant ses esprits, déclare la réunion terminée.
Il se dirige vers l’étage du QG, jette son attaché-case sur
son bureau, s’affale sur son fauteuil et se verse un verre
d’alcool.
Sa secrétaire, surprise, se dirige vers lui pour déposer les
dossiers à traiter.
« Ça ne va pas mon général ? Vous buvez de l’alcool, je
ne dirai rien, mais vous le savez c’est défendu ! ».
Il relève la tête qu’il avait projetée en arrière, et la regarde
comme s’il ne l’avait jamais vue…
« De quoi vous mêlez-vous ! », jette-t’il avec agressivité.
« Occupez-vous de votre c... ! Vous en avez un
monstrueux … », continue-t’il, déversant des années
d’amertume cumulée, puis il se calme, pathétique.
« Excusez-moi Isabelle, vous avez 20 ans et moi bientôt
75, vous savez ce que ça veut dire 75 ans, 55 ans de travail…
ça veut dire qu’elle est finie ma putain de vie… Je n’ai plus
51. 55
. Complotseden
qu’à signer le départ de cette vie, abandonner… quoi au fait ?
».
Les phrases se déversent en flots continus, il termine en se
défoulant sur le lieutenant qui l’a déshonoré :
« Et ce petit con de lieutenant de merde, Bracelin c’est
ça… qui fout en l’air ma dernière réunion en activité et me
traite d’incapable… B… il devait savoir que c’était mes
derniers instants d’activité… Je n’intéresse plus personne, je
suis fini, fini… ».
La secrétaire s’éloigne, connaissant bien les colères de son
patron… Elle attend la fin de ses plaintes.
Il réalise qu’Isabelle s’est éloignée. Une question lui trotte
à l’esprit…
« Ne partez pas… ne m’abandonnez pas ? Comme ils vont
le faire dans 10 jours… Que disent les jeunes de votre
génération ? Sur les vieux cons comme nous… ».
Isabelle est très gênée car elle fait partie des classes jugées
inférieures et le général… des classes jugées supérieures.
Lui, jusqu’à l’annonce de sa fin de vie avait bénéficié des
appartements domotisés, des aides robotisées, des voyages
interplanétaires gratuits, des stages de formation, des
vacances à la mer ou à la montagne des classes dirigeantes…
Une sorte de nomenklatura, une classe sociale liée à l'État et
bénéficiant d'importants privilèges dans un pays basiquement
capitaliste… Un communisme à l’envers mais qui conduisait
aux mêmes errements.
Elle faisait partie du petit peuple. Les 10 commandements
de la manipulation de Noam Chomsky avaient remplacé ceux
originels de Dieu et gouvernaient le peuple.
52. 56
. Complotseden
Contrairement à ses parents, elle avait lu et écouté des
reportages qui se passaient de main en main dans l’ombre et
qui montraient l’absurdité du système néo-individualiste.
Certains disaient que des complots se fomentaient… Elle
avait franchi les barrières de ses peurs pour rejoindre les
autres…
La question du général était-elle dépourvue de fiel ?
Forcément, car il était en fin de vie dans ce système coercitif
qui conduisait les gens dans des colonies à développer…
ailleurs, dans des planètes mystérieuses dont le secret était
dans les mains des dirigeants… Plus aucun contact avec la
Terre n’existait alors… une mort déguisée ?
Le général avait la hantise de franchir ce cap ultime. Il
voulait que sa secrétaire avoue ce qu’il devinait par ses
services de renseignement et avait conduit à cette action
militaire quasi incompréhensible…
« Isabelle, vous le savez, je quitte le service dans dix
jours, je ne veux pas quitter cette Terre, bien que je n’y ai
plus d’amis, seulement des contacts sociaux… ».
Pour l’inciter à se livrer, il ajoute, mentant à peine :
« Les gens des renseignements sont sur vos traces… Dans
dix jours je ne suis plus là… On dit que le président, Dieu ait
son âme, est à l’origine d’implantations suspectes dans les
pays hors des 3 Empires… ».
*
A l’annonce de ses deux informations la respiration
d’Isabelle devient plus rapide, son visage rougit. L’annonce
de la mort de celui que tous appellent le président détruit en
un instant les rêves qu’elle construisait jours après jours…
53. 57
. Complotseden
Sûr de l’effet de ces 2 informations le général reprend :
« Comprenez-moi… écoutez-moi, je suis en retraite dans
10 jours, mon intérêt majeur c’est de ne pas finir je ne sais
où… à mon âge !!! Je n’ai aucun intérêt à vous mentir, ditesmoi ce que je dois faire… comprenez que ce système me
déplaît. Je suis prêt à joindre les foules incontrôlables qui
suivent ce président. ».
Isabelle rebondit sur cette dernière phrase, emplie tout à
coup d’un nouvel espoir.
« Mais vous avez dit que le président était mort… ».
Enfin une vraie réaction pense le général.
« C’est ce que j’ai dit, mais vous savez ce système n’incite
pas à la franchise… je comprends que vous ne vouliez pas
me répondre… Nous allons faire un jeu de questionsréponses dans lequel mes questions seront sincères,
répondez-moi par des gestes significatifs ou des phrases
courtes…
Nous avons dix jours pour repousser toutes les demandes
mettant en cause ce que je vais vous annoncer. ».
Isabelle répond d’un hochement positif de la tête…
Le général commence, énigmatique…
« De nombreux éléments dissidents dont vous faites partie
ont des relations techniques et financières avec 2 ou 3 états
secondaires… ».
Isabelle est terrorisée au fond d’elle-même par cette
affirmation à laquelle la réponse est oui, mais, tétanisée elle
ne bouge pas un cil.
L’officier Stephen Richer continue son questionnement :
54. 58
. Complotseden
« Mme Isabelle Prost, toutes les questions que je vous
poserai ne peuvent avoir qu’une seule réponse : oui. Alors je
peux attendre… ».
Il laisse s’écouler quelques secondes et reprend :
« A chaque question, vous comprendrez mieux pourquoi
cette action en haut du mont Laoshan a eu lieu et pourquoi je
peux retarder un certain nombre d’actions dont j’ai la charge.
Tenant compte de ma retraite proche… je ne veux pas
les mettre en chantier. Me comprenez-vous ? ».
Isabelle tremble de peur, elle est paralysée par le ton tout à
coup autoritaire de son supérieur.
Le général Stephen Richer est sûr de récupérer des détails
qu’il ne possède pas, auprès de cette fille…
« Le président est suffisamment habile pour ne pas avoir
été piégé lors de l’attaque, nous sommes certains qu’il a bâti
d’autres usines en dehors des 3 Empires. Il y fabrique
notamment sa machine diabolique appelé « Cervoclonis. ».
Il continue :
« Plusieurs personnes identifiées ayant l’âge de 75 ans ont
disparu. Nous savons qu’elles n’ont pas été transportées dans
les cités dites « de l’espace », les Empires perdant de ce fait
un certain nombre de leurs plus éminents savants… ».
Il martèle ses mots pour mieux lui faire comprendre que
ce qu’il dit est pertinent, circonstancié :
« Les informations que je possède peuvent être confortées
dans les dix prochains jours… Je ne le veux pas… Bon sang
ne soyez pas obtuse… Nous sommes là seulement… vous et
moi… Je ne vous torture pas, je veux votre aide pour foutre
55. 59
. Complotseden
le camp d’ici et ne pas partir de cette terre qui m’a vu
naître… ».
Il devient tout à coup quasi paternel et assène ce qu’il
considère comme son atout décisif…
« J’ai des enregistrements de vous, Isabelle Prost,
photographiant des dossiers ultra sensibles… Voulez-vous
les voir ? ».
*
A partir de cet instant, malgré le ton inquisiteur du général
qui lui faisait penser qu’elle était coupable et condamnable,
la secrétaire sort de son mutisme, excédée. Le général sait à
cet instant qu’il va gagner…
« Mais que voulez-vous exactement ? Pensez-vous que je
sois un maillon important de la résistance dans ce système
pourri… Si cela était, nous fonctionnerions par cellules, et
toutes nos rencontres seraient codées. Si l’une des mailles de
notre filet cassait il serait impossible de savoir qui est avant
ou à côté, car nous-mêmes ne le saurions pas… Lorsqu’une
société se crée c’est bien comme cela que ça fonctionne mon
général ?
Nous savons une seule chose, le système va
imploser naturellement, et nous serons là pour guider nos
concitoyens ! ».
*
Isabelle le provoque délibérément, elle s’arrête un instant
pour réinsuffler en elle une partie de l’énergie que le général
avait fait dangereusement baisser par ses accusations…
Désormais quasi hystérique, à son tour, Isabelle lâche la
pression qu’elle avait accumulée.
56. 60
. Complotseden
« Qu’est devenu le beau système imaginé par le docteur
Barrates ? Un monde sans maladies… Tout ceci était valable
tout au début dans un univers où la terre n’était pas encore
polluée, où les semences existaient encore et n’étaient pas
devenues ces graines sans rapport avec le sol… ».
Elle l’accuse en pointant agressivement son index droit :
« Vous, comme les autres de votre classe dite
« supérieure », vous ne pensiez qu’à gagner du pognon,
toujours plus… pour installer des colonies dans l’espace…
Folies… Notre sol n’a plus de nutriments, tout le monde s’en
fout… On abandonne la Terre parce que ces messieurs de la
nomenklatura ne voient pas plus loin que le bout de leur
nez… ».
Elle s’arrête, la hargne et les larmes présentes sur son
visage ne lui permettent plus de voir son supérieur… Elle
réalise soudain qu’elle vient d’agresser son patron. Elle ne
savait rien de lui sinon qu’elle devait photocopier ou
photographier ses dossiers ultra-secrets… En fait elle ne
voulait rien savoir de l’homme, de sa vie de ses habitudes, où
il habitait… Rien absolument rien… Tout ignorer de ses
éventuelles qualités humaines, pour pouvoir mieux le
détruire !
Au travers de cette discussion elle comprenait qu’il
n’était plus complice du système, il avait seulement saisi trop
tard.
Elle avait remplacé l’ancienne secrétaire partie à la retraite
deux ans plus tôt : sa beauté naturelle, sa blondeur platine et
son sourire lumineux avait charmé immédiatement le vieil
officier. Ensuite, elle avait été contactée par cette
57. 61
. Complotseden
organisation, qui telle un énorme cancer, s’infiltrait par tous
les pores de ce système sclérosant néo-individualiste…
Elle avait réalisé, en lisant des documents conservés
précieusement et mis à disposition « sous le manteau », que
la vie se devait de s’épanouir, que les 5 éléments chinois
avaient disparu ou étaient sur le point de l’être... bois, feu,
terre, métal et eau. Le monde avait épuisé la terre, extrait les
métaux, brûlé le bois sans réfléchir, par les incendies
apportés par la sécheresse, utilisé l’eau dans un processus
d’équilibre non réversible…
En agressant son patron, elle venait de se piéger ellemême, de tels actes d’insubordinations étaient punissables de
prison ; de nombreuses années… Elle répète à nouveau avec
amertume alors que la colère s’apaise en elle…
« Mais enfin… que voulez-vous de moi ? ».
Devant cette avalanche de mots et d’exaspérations, le
général, ayant atteint son but, annonce enfin ce qu’il
souhaite.
« Je veux un point de chute dans ce monde… Nous avons
dix jours pour organiser ceci… Vous me trouvez un havre de
retraite et j’oublie tout ce que vous avez dit. Je laisse les
problèmes à mon successeur, sûrement un supérieur de ce
maudit Bracelin de l’Empire du Moyen Orient… Pendant ces
dix jours nous allons falsifier toutes les informations… ça
laissera le temps à l’équipe du président de se réorganiser…
Je lui donnerai les noms de ceux qui l’ont trahi… Sommesnous d’accord ? ».
58.
59. Chapitre 7 Contacts.
Le résultat de cette conversation entre Isabelle Prost et le
général Stephen Richer s’était traduit par une transmission à
travers le maillage d’amitiés que le président avait créé.
Ce réseau s’était constitué lorsqu’Aristide Adhémar
Prasigarett avait réalisé qu’une société bâtie par l’homme ne
pouvait avoir de finalité que dans l’accomplissement d’un
certain bonheur, non dans l’exploitation coercitive des uns
par les autres !!!
Il était heureux d’avoir conçu Cervoclonis ce cerveau
biochimique vecteur de l’aboutissement de la félicité sur
terre… et non de la haine…
*
Dans l’attente du voyage de la navette royale vers le site
d’Atlantide, Cervoclonis en place sur son crâne, lui
remémore les étapes de vie qu’il a franchies avant sa
transformation récente.
3 Empires avaient développé un système et s’étaient
rapprochés les uns des autres par affinités et niveaux de
progrès…
Leurs points communs étaient la finance, la défense de
leurs frontières et un niveau de vie équivalent…
Etrangement, ils étaient arrivés à un système qu’ils
60. 64
. Complotseden
nommèrent néo-individualiste, basé principalement sur les 10
manipulations de Noam Chomsky…
Une pointe d’humanisme avait culminée en 2040, lorsque
les Empires avaient annulé les dettes des pays hors du
nouveau conglomérat.
*
Alors que ses pensées vagabondaient, l’arrivée d’un
message cervoclonique venant de l’extérieur de la zone du
mont Laoshan s’affiche.
« Point de contact 0 appelle MLA. »
La machine travaillait à décrypter le message reçu.
Quelques dixièmes de seconde séparaient les bouts de
phrases réceptionnées.
« Le général Stephen Richer commandant des armées
d’Empire demande une intégration… Les critères ne sont pas
acceptables… Il n’est pas scientifique. Mais le problème
présenté est délicat, et nécessite votre analyse. L’un des
nôtres est dans une situation telle qu’il s’agit d’un échange
donnant donnant.
Il peut bloquer toutes les données ayant abouti au
bombardement à l’endroit où vous êtes et les « biaiser »
pendant dix jours... Ce temps défini la durée qui existe avant
la fin de son exercice. Ce deal en échange de son intégration
et du respect de son rang…
Notre agent, en cours de négociation, attend la réponse…
Il semble que le marché proposé n’ait pas d’autre issue
que l’acceptation… Infos suivent en images… ».
*
61. 65
. Complotseden
Sur le point d’aller sauver 6 membres de son équipe dans
la base-vie, le président regarde avec appréhension, puis
intérêt, les éléments transférés en image…
« RMLA à RPOINT 0. D’accord après analyse,
intégration acceptée. Immédiate. La négociation est
inespérée. Sauvons l’agent et nous aviserons ultérieurement
de son utilisation dès mon retour sur terre… ».
*
Cette information donnait le temps à l’équipe complète du
président de trouver les moyens de s’échapper de cette
souricière. La présence d’Adam le singulier était
réconfortante, mais sa notion du temps et des raisonnements
actuels étaient aux limites de sa toute-puissance…
Adam l’entraîne dans le labyrinthe qui serpente parmi des
pans de murs fissurés mais revêtus de magnifiques et
étranges ornements…
Le président avait vu ce cheminement surprenant mais
quelques jours avant, alors qu’il n’était que spectateur du
géant Alexus… créé par le savant Takamaki Sone.
Il devait, cette fois, pendant une durée limitée redevenir
Alexus pour rejoindre la base-vie au plus vite.
Il allait revoir la balise et se baigner dans l’eau
merveilleuse de la fontaine commune.
*
Adam exécute le rite et obtient le pouvoir temporaire de le
faire redevenir « Alexus », un des premiers géants à vivre sur
la Terre.
*
62. 66
. Complotseden
Transformé en un instant, il endosse le personnage
d’Alexus ; en fait, il est à nouveau Alexus corps et esprit…
Le président disparaît…
Cette fois, Adam a demandé à Alexus de ne pas oublier la
machine de James Dawsinger.
*
En revenant de la fontaine, il contemple la grande salle du
conseil, observe émerveillé un instant le spectacle sous-marin
et sa lueur bleutée. Alexus salue les petites créatures
présentes : Childéric Reyna, Luan Shing Peï, Takamaki
Sone… puis s’enfonce dans les reflets marbrés des cent
escaliers, dévoilés par l’usage de sa puissante torche…
63.
64. Chapitre 8 Rien n’est simple…
Depuis quelques heures les membres de l’équipe,
rassemblés au niveau de la base-vie, commençaient à
s’impatienter.
Gérard le cuisinier continuait de grommeler, Ali de le
surveiller bien que Cervoclonis lui ait été supprimé… Les 3
John (Malicorn, Aliwan et Artus) échangeaient leurs
émotions, mais surtout s’interrogeaient sur la suite des
événements. Ils se demandaient notamment ce qu’ils
pourraient faire du dernier géant du container…
Ali, ainsi que John Aliwan, pour avoir été confrontés avec
le créateur des géants, Takamaki Sone, n’avaient pas tout
compris… La prise en compte de l’état surnaturel d’An Tehhai avait été dur à imaginer…
Le programme à vivre, plutôt à survivre, dans les jours
suivants était intense, mais ils ignoraient les dernières
informations reçues par Aristide Adhémar Prasigarett,
rassurantes d’un certain point de vue, mais inquiétantes quant
aux décisions qui seraient prises dans une dizaine de jours.
Pour occuper le temps, ils dressaient la liste des futures
actions à accomplir.
Eon le Grand sentait que son esprit redevenait de plus en
plus celui de James Dawsinger.
65. 69
. Complotseden
Les souvenirs de sa sortie d’Atlantis, 62 millions d’années
avant, s’estompaient pour devenir ceux de James… Il venait
de se voir entrer dans la navette royale sur la deuxième
plateforme, quelques jours auparavant…
Pourvu qu’il garde sa taille actuelle pour pouvoir conduire
la navette le temps de rejoindre Atlantide, peut-être la
dernière partie du voyage ! Cervoclonis avait intégré les
éléments de l’histoire passée. Il pourrait donc atteindre le
terme du voyage avec l’aide d’Adam le Singulier et la
machine.
Tout n’était pas simple, loin de là…
Alors que les derniers souvenirs de son court séjour dans
la peau d’Eon le Grand ne se bousculent plus avec ceux de
James Dawsinger, il aperçoit l’arrivée d’Alexus en
provenance de l’accès de secours d’Atlantide, de l’autre côté
du quai…
*
John Malicorn identifie également l’arrivée d’Alexus.
Comme il l’a toujours fait, il se précipite respectueusement
vers le géant, mais il est méconnaissable : aucunes
similitudes physiques avec le président…
Ali, qui se dirige vers le point de ralliement reconnaît les
traits d’un des géants des containers… Alexus. Il pense à
Takamaki et à ses échanges avec ce dernier il y a un mois
environ :
« « Très bien, voyons maintenant à quoi ressemble votre
pantin en action, position debout. On fait de très belles
choses imitant la peau et les fonctions essentielles
aujourd’hui !!! ».
66. 70
. Complotseden
Ali ne voulait toujours pas comprendre. L’idée d’avoir en
face de lui la chose était tout simplement inconcevable.
Takamaki ne relève pas ce propos caustique ; d’un
mouvement de sourcils, il incite le psychiatre à lancer la mise
en mouvement de la chose.
« Allez-y, vous allez être surpris de mon bébé en
celluloïd… ».
Takamaki, très excité, lui demande :
« Vous en pensez quoi ? Dans combien de temps va-t’on
pouvoir le « tenir en laisse » ? Ali n’apprécie pas la formule
employée par son collègue.
« Le tenir en laisse ? J’ai vu des symptômes identiques sur
des personnes dans le coma depuis six mois et qui y sont
restés encore pendant six autres.
Répondez-moi avant toute chose, aux questions
suivantes :
Quel produit avez-vous injecté ? Quand ? Combien pèse
cette chose ? ».
« Vous, vous considérez enfin, qu’il s’agit d’un être
vivant. ».
Ali, surpris de l’interprétation de ses propos, répond du tac
au tac :
« Ce n’est pas parce qu’il est vivant que ça vient de votre
site de Kyoto. ».
Takamaki blessé par cette dernière remarque fait une
grimace méprisante.
« Voulez-vous comparer l’ADN des échantillons en
provenance de la nécropole et celui de ce géant ?
67. 71
. Complotseden
« Vous voulez dire que vous êtes sûr que cette chose est,
le… le clone de l’un de ceux qui sont enterrés dans la
nécropole. Des millions d’années après !!! ».
Takamaki sent monter en lui une colère brutale :
« Vous n’avez rien compris M le psychiatre.
Il ne s’agit pas d’un clone, mais de l’original recréé.
L’ADN ne sert qu’à prouver que ce géant est celui que
nous cherchons parmi d’autres recréés à Kyoto dans notre
laboratoire, entre moins soixante-deux millions neuf cent
quatre-vingt-douze mille quatre-vingt années et trois cent
dix-neuf jours et quelques minutes, et, moins soixante-deux
millions neuf cent quatre-vingt-douze mille quatre-vingt
années et trois cent vingt jours, par rapport à la date
d’aujourd’hui 16 novembre 2080, dans une zone comme
celle-ci, à l’endroit précis de la navette ! » »
*
Ali se souvenait de cette partie de l’aventure dans laquelle
il avait douté des travaux de Takamaki Sone…
La présence actuelle des 2 géants, Eon le Grand et Alexus,
prouvait qu’il n’avait pas vécu un… rêve ou un…
cauchemar.
Comme pour les containers de la 2ème plateforme, il avait
du mal à réaliser... Mais ces containers étaient stockés ici sur
la base-vie… et il y avait encore un géant… vivant… Mais à
quoi allait servir cette masse de muscle, sinon réclamer des
quantités de nourriture invraisemblables !!! A quoi pouvaiton l’utiliser sans Cervoclonis… et sans la balise ?
*
68. 72
. Complotseden
Suite à une discussion animée entre Adam le Singulier et
Alexus, il avait été décidé de transférer sur Atlantide le
container qui contenait le double génétique d’Adam le
Singulier.
Pour se faire comprendre des équipiers du président,
Alexus le géant s’était dirigé vers le container, avait montré
la navette et exprimé par gestes l’ordre de manutention du
container vers la navette royale.
*
Les deux géants, les trois John et Ali venaient de se
diriger vers la réserve de nourriture et de boissons, après
avoir manutentionné le container, le groupe aqua synthétique
de production des énergies principales de chaleurs et
d’électricité.
*
Etendue sur son grabat devant la porte de la réserve, bien
éveillé, Gérard le cuisinier ne veut pas bouger d’un pouce…
A leur arrivée, il les empêche résolument de pénétrer à
l’intérieur :
« Il faudra me passer sur le corps, je suis prêt à mourir ;
même si ce qu’il y a à l’intérieur est insipide, c’est de la
nourriture… la nourriture c’est sacré… ».
Ayant dit cela, il se dresse devant l’entrée du container les
bras étendus…
« Vous vouliez me laisser… hein ! Apprenez Messieurs
que c’est le président qui m’a embauché ! Vous partiez en
me laissant ici après tout ce que j’ai fait… ».
Ils se regardent tous en pensant qu’il s’agit d’une scène de
théâtre comique… que le sérieux de ce qui se passe ne
69. 73
. Complotseden
méritait pas une telle stupidité, et que la mission dont le
temps était compté ne pouvait pas être retardée par un demifou…
Il reprend le fil de son idée :
« Ah... vous vouliez me laisser là, comme un vieux sac qui
ne sert plus à rien… Pas de nourriture !! Vous êtes privés de
nourriture… ou alors vous m’amenez avec… ».
*
Eon qui a repris l’esprit de James, profitant de sa force
encore présente, se jette sur lui, le soulève tel un fétu de
paille, et conseille aux autres de faire leur travail.
Ce faisant, il déplace le cuisinier qui gigote comiquement
les bras et les jambes, entre dans la navette et finalement le
positionne brutalement sur un siège de la navette.
Son étrange colis déposé, il revient aider les autres.
*
Après avoir déplacé le cuisinier, Eon, alias James, s’assois
sur le siège de la navette royale, ajuste son Cervoclonis,
attendant de ressentir l’effet apaisant et magique de la
reconnexion.
Le positionnement de la machine libère les tensions en
cours. Adam le Singulier donne l’ordre de départ et guide
James Dawsinger.
D’un long silence oppressant, le bruit du feulement
magnétique se fait entendre brutalement.
Juchés sur des fauteuils ils essaient de voir un paysage qui
n’est qu’une suite ininterrompue de rails…
*
70. 74
. Complotseden
Soudain, la pente du conduit se met à descendre
brutalement, les obligeant à se cramponner où ils le
peuvent…
Presque tous revivent les souvenirs de leur jeunesse,
agrippés à des barres sur des sièges dévalant à grande vitesse
des boucles de grands huit.
*
Ali pense à cette folie qui l’a conduit dans la société
ERT… Il n’imaginait pas cette folle descente, ni…
Tellement de détails reviennent…
John Malicorn revit les années passées à la conception,
aux échecs, aux avancées technologiques qui ont permis la
naissance de la version finale de la machine qu’il porte
fièrement sur son crâne…
John Aliwan vit l’aventure le cœur serré mais avec
l’espoir fou de retour dans son pays près de ses amis.
John Artus ne saisit pas tout et ne comprend pas son refus
de partir… Mais le président lui avait proposé une somme
d’argent tellement affolante qu’il n’avait pas pu refuser…
Son stress actuel n’avait d’égal que les regrets qu’il avait
d’avoir cédé au dieu dollar.
Et s’il ne revenait pas de cette aventure ?
Alexus ne comprend pas tout ce qui l’entoure, toute cette
technologie ; ces aménagements n’existaient pas, il avait
juste positionné la balise, et sa vie s’était écoulée, à bâtir,
imaginer, imaginer encore, passer de la pensée à la matière…
Il ne comprenait pas le déroulement de sa vie…Il devait être
dans un rêve. Il se souvenait de l’arrivée d’Atlantis et de
l’impact, des étranges créatures dont ils avaient utilisé le
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corps… La balise avait soudé l’esprit, immatériel, à ce
moyen de déplacement commode mais tellement lent qui
était le corps.
Sous sa nouvelle apparence peu à peu, des instincts
propres à son corps l’avaient entrainé à rencontrer des
femelles qui ne demandaient qu’à être engrossées. Esus avait
vécu les mêmes instants… et tous les envoyés du voyage de
ce vaisseau Atlantis…
Et puis Adam le Singulier avait découvert l’amour, un
tremblement surprenant… qui modifiait la pensée… Des
petits êtres en étaient nés… résultat émouvant de mélange
entre la matière et l’esprit…
Et puis plus rien, le vide jusqu’à cette nouvelle rencontre
avec Adam…
Que faisait-il dans cette étrange navette qui faisait partie
de leur premier voyage ?
*
Eon placé sur son siège de géant découvre tout à coup que
la couleur des conduits s’éclaire d’une lueur bleutée…
Il ralentit et pénètre dans une zone étonnante dans laquelle
s’agitent des milliers de poissons qui tournent autour d’eux
comme dans un aquarium géant… Le conduit, transparent,
devient de plus en plus horizontal. Alors qu’il vient de
parcourir deux ou trois kilomètres dans cet étrange boyau, il
reçoit un message d’Adam qui lui dit de regarder vers la
gauche de l’engin.
Il aperçoit, au loin, les 4 chevaliers qui font de grands
gestes pour attirer son attention.
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James Dawsinger se retourne vers ses compagnons
essayant à son tour d’attirer leur attention… Seul Alexus, qui
a la taille requise pour regarder par les fenêtres, aperçoit ses
amis…
Adam le Singulier les guide pendant les derniers cent
mètres qui conduisent à nouveau dans des conduits plus
étroits où le pilote rallume les projecteurs…
Fin du voyage… L’équipe au complet du président vient
de mettre le pied sur Atlantide, cuisinier compris...
73.
74. Chapitre 9 Un pied sur Atlantide...
Eon venait d’arrêter les compresseurs magnétiques de la
navette royale…
6 paires d’yeux effarés contemplaient le lieu de leur
arrivée.
Au-dessus d’eux et en face, un promontoire. Sur la droite
au loin, perdu dans la lueur bleutée, apparaissait un horizon
terrestre, mais avec une courbure beaucoup plus accentuée.
Couvrant l’ensemble et paraissant aussi haut que notre ciel,
se devinait une limite sur laquelle circulait… des nuages.
Lorsqu’ils sortaient de leur étonnement, et qu’ils
tournaient leurs yeux, ils les essuyaient d’un geste puéril,
comme pour s’expulser d’un rêve.
John Artus, le plus épaté de l’équipe, se dirige vers des
espèces de fjords immenses et ne peut s’empêcher de monter
sur les quais qui bordent des engins en forme de baleine.
L’apparence ressemble vraiment à ces immenses cétacés,
mais la taille en est démesurée… la même taille que les
navettes : plus de 50 mètres de long. Leur partie inférieure
est immergée dans un liquide ressemblant à de l’eau de
mer… L’eau de la mer Jaune, baignant les côtes de la Chine
dans l’Empire du Levant.
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Pour sortir de son questionnement, il touche la paroi
accessible…
Il s’agit bien de matière, encore de cette substance étrange
qui constitue les parois du vaisseau Atlantis !!
A la vue des installations présentes en ce lieu, à des
kilomètres sous la terre… la civilisation des Atlantes avait
déjà dû exister quelque part dans l’espace. Cette pensée
venait de s’imposer aux nouveaux arrivants…
En s’éloignant du quai où Eon avait stoppé la navette, en
remontant vers le promontoire, la vue sur les structures de
cette espèce de port sous-marin, s’étendait sur des...
kilomètres. La voûte, s’élevait à une hauteur d’au moins
3000 mètres et s’enfonçait dans la mer… on le devinait en
forçant le regard…
Takamaki, qui accompagnait Adam, ne disait rien mais
son cerveau de savant bouillonnait dans l’attente de plus de
données. Ce qui semblait être une coupole démesurée, lui
rappelait la sienne à Kyoto où il avait développé les cycles
générateurs de la vie.
En ce lieu l’objectif était différent, conserver une vie
extraterrestre de haut niveau… Hormis le gigantisme des
installations, son projet allait beaucoup plus loin, il pouvait
s’il le voulait remonter au Big Bang… et pouvait imaginer de
prédire le futur sur 10 000 années… (la durée d’Atlantide
avant le chambardement, depuis l’arrivée d’Alexus avec le
vaisseau Atlantis.).
Le tremblement de terre qui avait détruit Atlantide n’étaitil pas un autre Big Bang ?
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Mais cette idée de Big Bang, comme le début à tout,
n’était-elle pas… qu’un pas… qui en suivait un autre… le
2ème Big Bang ou le 3ème… pourquoi pas ?
Ce lieu l’inspirait, et il ne savait pas pourquoi, en entrant
dans ce monde d’Atlantide, cette étrange idée lui était
venue… le Big Bang serait une construction de l’esprit qui
comme toujours se donnait des limites. Les mots eux-mêmes
étaient des limites… Le mot Big Bang définissait une
frontière… à l’esprit ? Mais alors, où ? Quoi ? Comment ?
Qui était le détonateur du premier évènement ?
*
Le cuisinier ne pensait qu’à se nourrir à la vue des milliers
de poissons qu’il avait vus… Pas une seconde l’idée ne lui
était venue que les poissons ne soient pas l’essentiel de la
nourriture… Il ne pouvait pas imaginer que les substances
dont se nourrissaient les poissons, avaient été avant tout, la
cible des nutritionnistes d’Atlantide…
Son appétit permanent lui faisait rechercher la zone des
cuisines…
*
Adam le Singulier avait prié l’équipe d’Aristide Adhémar
Prasigarett de le suivre pour faire un tour des installations.
Certaines avaient déjà été remises en état ou en service par
Takamaki, Childéric, Luan, et lui-même.
Gérard ne disait plus rien, écrasé par le poids de son
ignorance… Il se sentait petit, ignare devant cet amas de
découvertes… Il suivait l’équipe à distance, ayant pour
objectif son éternel leitmotiv : la bouffe…
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Son regard furetait à droite et à gauche… le nez en
alerte…
*
Le passage sur le promontoire avait donné une idée de
l’immensité de l’accès côté mer… Adam avait montré les
baleines de mer, immenses sous-marins, plus grosses que les
navettes et prévues pour les sorties fréquentes des êtres
vivants sur Atlantide : ces géants qui apparaissaient de temps
en temps sur la Terre et qui étaient cités dans l’ancien
testament (Genèse 6) au début de la vie… avant le déluge.
Adam le Singulier les guide dans les étages supérieurs et
aboutit à la zone de traitement des nourritures aquatiques. Le
président aurait aimé avoir gardé dans son équipe Helena
MC Donagh, la spécialiste dans ce domaine, mais elle avait
été effrayée par les annonces du président…
De grands bacs circulaires assemblés par rangées
semblaient agités par des grouillements incessants : des
poissons aux couleurs d’argent faisaient rutiler leur dos
brillant lors de sauts spectaculaires… D’autres récipients
présentaient une couleur étrange mais étaient totalement
inertes sauf aux rares moments où des glougloutements
étranges apparaissaient en surface.
De surprenants bras préhenseurs, plongeaient dans chacun
des bacs et ressortaient soit des poissons frétillants, soit de
grandes feuilles brillantes et molles qu’ils déversaient, selon
le cas, dans de grandes bassines de tailles et de natures
différentes…
Arrivé à ce point, Adam précise que l’essentiel des
équipements a été remis en route, pointant de son doigt de
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géant plusieurs machines qui transformaient les algues en les
compactant… sous différentes formes… A quelques mètres
de là, de longues bandes transportaient et envoyaient
directement dans d’immenses containers, les algues qui
n’étaient pas compressées…
Ces gigantesques récipients étaient équipés d’immenses
bras qui tournaient en malaxant une matière qui dégageait
une odeur fétide, si l’on se penchait vers l’intérieur…
Adam se retourne vers les membres de l’équipe :
« Les gaz de décomposition des algues sont comprimés et
mis en stockage et approvisionnent les chaudières qui nous
alimentent en chauffage. Nos besoins en éclairage et force
électrique sont donnés par des réactions de fission froide de
n’importe quels atomes…
Toutes ces « matières premières fissiles » ont été
transportées par le vaisseau Atlantis et mises en application
sur ce site Atlantide…
Cette greffe sur la planète Terre bénéficiait évidemment
de l’aboutissement de recherches scientifiques faites sur
d’autres planètes… ».
Il reprend, avec un brin de nostalgie, son humanité résultat
de ses séjours successifs sur la Terre, transparaissant dans les
paroles qu’il égrène :
« Notre mission a été planifiée trop tôt… La Terre n’était
pas mûre… Ses soubresauts ont fait périr notre peuple…
Heureusement le ferment pouvait être reconstitué… ».
Il contrôle son émotion en observant successivement Eon
et Alexus, puis Takamaki, Childéric et Luan…